BIRAMAWA MAGAZINE N° 12 Du 30 Novembre 2020 Dr Saliou NDOUR Spécialiste des politiques et industries culturelles Ashs The Best «Toute ma vie, c’est la musique.» Artiste musicien Orchestre Guneyi Moussa WAGUE Fondateur KEYZIT «J’ai commencé il y a 20 ans dans ma chambre, aujourd’hui nous sommes dans une trentaine de pays dans le monde.»
SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE ENTRETIEN EXCLUSIF Moussa WAGUE Fondateur KEYZIT "J’ai commencé il y a 20 ans dans ma chambre, aujourd’hui nous sommes dans une trentaine de pays dans le monde." P.30 P.10 P.16 ENTRETIEN PORTRAIT Ashs The Best Artiste musicien « Toute ma vie, c’est la musique. » AVIS D'EXPERT Dr Saliou NDOUR Spécialiste des politiques et industries culturelles La musique : un fait social total en mutation au Sénégal dans un contexte de mondialisation P.56 DÉCOUVERTE Orchestre Guneyi "L’orchestre Guneyi est un groupe familial qui a vu le jour en 1997 à Saint-Louis du Sénégal." Page 2-Biramawa Magazine SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE
RE RE RE - SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE P.7 ÉDITO Waly NDIAYE Fondateur de Biramawa La Musique, cette combinaison de sons et silences, aux vertus multiples ! P.8 ÉDITION SPÉCIALE Michèle BURON-MILLET Appel aux dons Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour P.26 LE COIN D'AUTRUI Ayoba FAYE Journaliste d’investigation-Rédacteur en chef Pressafrik P.38 ENVIRONNEMENT Mariane SECK Docteur en Droit de l'Environnement et de la Santé Une maladie mystérieuse atteint les pécheurs sénégalais…Ce n’est ni la première fois et ce ne sera pas la dernière fois … réveillons nous !!!! RE - SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE Biramawa Magazine-Page 3
SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE P.46 DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SÉCURITÉ SOCIALE Nafissatou NDAO Responsable Ressources Humaines Comment rendre sa candidature à un emploi efficiente? P.52 LES DROITS HUMAINS AKK AK YELEFU DOMU ADAMA YI Educateur Spécialisé au Ministère de la Justice Khadim SENE Réflexion autour de la culture de la paix pour l’instauration d’un developpement durable P.62 DIPLOVAR DiploVar ou un regard aiguisé sur l’actualité internationale P.66 LA CVTHÈQUE Boubacar NDIR Economètre Statisticien Page 4-Biramawa Magazine SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE
’ COMMENCEZ AVEC LE VOUS VOULEZ VISITER VOUS VOULEZ VISITER L’AFRIQUE? COMMENCEZ AVEC LE SENEGAL
Serigne Amar Mbacké SARR Chercheur en Droit privé Expert maritime en formation Ayoba FAYE Journaliste d’investigation Rédacteur en chef Pressafrik Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB Omar Mallé SAKHO Doctorant à l’Université Cheikh Anta Diop Laboratoire LARHISA. Thierno NGAMB Agronome Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience Guilaye TINE Designer-Digital Marketer-Telemarketer CEO IN'FINITY Djiby SADIO Photographie CEO Studio 13 Alioune FALL Juriste d’Affaires Inspecteur du travail et de la sécurité Sociale Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires Étrangères Docteur Benjamin NDOUR Médecin généraliste Khadime SENE Educateur Spécialisé au Ministère de la Justice Marianne SECK Docteur en droit de l’environnement et de la santé Ousseynou GUEYE Responsable communication chez Afric’innov et fondateur de Polaris asso Nafissatou NDAO Responsable des Ressources Humaines-FAMY SENEGAL Dr Jean Sibadioumeg DIATTA Spécialiste en communication Aïcha KASSE LAWSON Présidente & Fondatrice de l'association Dunya-Ethic contactez-nous: contact@biramawa.com Adresse postale : Île-de-France, France Éditeur : Waly NDIAYE Page 6-Biramawa Magazine L’ÉQUIPE BIRAMAWA
EDITO La Musique, cette combinaison de sons et silences, aux vertus multiples ! Chers abonnés, abonnés Pour ce numéro du 12 du magazine, nous allons aborder en partie l’industrie musicale. Pourquoi ce choix de thème ? Parce qu’elle occupe une place non-négligeable dans l’économie des pays où la musique est bien structurée. Par exemple au Nigéria, selon le Point, en 2016, les revenus générés dans le pays par la musique s'élèvent à 39 millions de dollars d'après un rapport de PricewaterhouseCoopers (PwC). Un montant qui devrait bondir à 73 millions de dollars d'ici à 2021. En sus, elle contribue considérablement à la création d’emplois et à la réussite socio-professionnelle des différents acteurs. Autres vertus, je vois en la musique un facteur de socialisation. Je garde, d’ailleurs, de très bons souvenirs des « matinées » puis des soirées dansantes que nous avions coutume d’organiser pendant les vacances scolaires quand nous étions plus jeunes. Des moments uniques de communion et de partage qui n’auraient jamais eu lieu sans Musique. N’est-ce pas chers amis d’enfance ? Plus tard la Musique fut pour moi, elle l’est toujours d’ailleurs, un tranquillisant naturel. Elle, que je considère aussi comme un diffuseur de courage, de persévérance. Combien de fois, des artistes ont su nous booster à travers leur musique, leurs parcours souvent très atypiques ? Eu égard à ce qui précède, nous avons bien voulu donner la voix à des acteurs du secteur pour, à la fois, en savoir plus sur l’industrie musicale et sensibiliser les jeunes talents qui vouent un culte à la musique. Fondateur Biramawa Magazine Waly NDIAYE Biramawa Magazine-Page 7
ÉDITION SPECIALE Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Le magazine Biramawa à travers sa rubrique " Edition spéciale "a souhaité donner la voix à la Pouponnière "Vivre Ensemble "de Mbour. Créée en 2002 la pouponnière est un "lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman ". Confrontée à des difficultés à cause de la crise sanitaire, la pouponnière fait appel à toutes les bonnes volontés. Vivre Ensemble – La Pouponnière de Mbour La Pouponnière de Mbour a vu le jour en Janvier 2002, Michèle BURON-MILLET en est la créatrice. C’est un lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman. Elle permet aux orphelins de mère ou aux enfants dont la maman ne peut pas s’occuper (pour des raisons gravissimes), de vivre protégés, leurs premières années de vie si fragile, avant de regagner leur famille au bout d’un à deux ans. Très rapidement, l’association se développe et il apparaît que tous les enfants ne peuvent rentrer chez eux (rejet de la famille ou mauvaises conditions d’accueil). En 2003, les Unités Familiales sont créées pour prendre le relais et s’occuper de ces enfants qui sortent de la Pouponnière, mais ne peuvent pas rentrer en famille. Avec le temps la Pouponnière a acquis une certaine notoriété au vu du sérieux des professionnels. Aujourd’hui la Pouponnière compte 136 salariés et 148 enfants. Vivre Ensemble c’est aussi et avant tout un séjour de rupture, crée en 2001 pour des jeunes français en difPage 8-Biramawa Magazine ficultés. Ils restent durant 9 mois et participent à des chantiers humanitaires (reconstruction, réhabilitation dans les villages ), ils sont aussi amenés à faire un stage dans la pouponnière. L’objectif étant de les remobiliser et de les valoriser à travers l’aide apporté à la population locale défavorisée. Le projet est double et complémentaire, en effet une grande partie du financement des frais de fonctionnement de la Pouponnière provient du séjour de rupture lui même. En raison de la situation sanitaire mondiale l’équipe de direction de Vivre Ensemble a dû prendre des mesures rapidement. Début mars l’association s’est vue fermer ses portes aux visiteurs, nombreux chaque jour et en provenance d’Europe. Il a fallu ensuite faire de même pour l’accueil des bénévoles, une quarantaine par mois à nous apporter leur soutien. Enfin depuis maintenant le mois de mars le confinement des enfants et du personnel c’est organisé. Notre souhait comme toujours est de préserver nos enfants, mais aussi le personnel
qui s’en occupe. Nous avons réussi à composer une équipe de volontaires pour rester confinés. Aujourd’hui 250 personnes sont au centre, dont 148 enfants. L’ensemble du personnel est mutuellement très solidaire, ils sont comme une grande famille. Et ce malgré l’inquiétude pour leur famille respective à l’extérieur. Nous nous devons maintenir les salaires. Pour les salariés sur place mais aussi tout ceux, qui de chez eux, sont au chômage technique et pour qui nous souhaiterions maintenir le salaire initial. Nous devons aussi assurer l’approvisionnement de l’association en denrées alimentaires, produits d’entretien, d’hygiène, médicaments. Cette situation engendre une augmentation considérable nos dépenses quotidiennes, pour lesquelles nous avions déjà des difficultés de prise en charge tout au long de l’année. Du fait de l’absence de visiteurs et de bénévoles, nous constatons une baisse des dons au quotidien. Nous gardons aussi en tête que les jeunes accueillis en séjour de rupture peuvent à tout moment être rapatriés en France, en fonction de l’ évolution de la situation. L’avenir de la Pouponnière en deviendrait alors très incertain. Nous sommes en permanence à la recherche de soutien pour nous aider dans la prise en charge des frais de fonctionnement et le maintien des activités de l’association. Les sources de financements : (Budget total annuel 291 332 806 FCFA) • Vivre Ensemble Madesahel, séjour de rupture : 44 % du budget total de la Pouponnière. • L’état Sénégalais 10 000 000 CFA • L’association Louly l’Ecole au Sénégal , tous les frais liés à la scolarité des enfants : 5 262 087 FCFA (année scolaire 2018-2019) • La Banque Mondiale 4 520 000 CFA en 2019 • 270 parrains pour environ 51 085 900 CFA par an • Le reste des financements dépendent des dons de particuliers et entreprises. Nous contacter : • Accueil : + 221 33 957 31 36 • E-mai : contact@lapouponnieredembour.org • Responsable communication : Arnoult Mathilde • Tel : + 221 77 881 83 60 Nous aider : • Orange Money : + 221 77 500 19 32 • Faire un don en ligne :https://www.helloasso.com/ don/associations/vivre-ensemble-la-pouponniere • Notre site internet: http://www.lapouponnieredembour.org Voici quelques chiffres : Effectif de la Pouponnière : • La Pouponnière : 91 bébés de 0 à 2 ans. • Les Unités Familiales : 37 enfants de 2 à 6 ans. • La Grande Enfance : 20 enfants de plus de 6 ans. • Enfants accueillis en ce moment : 148 • Enfants accueillis et sauvés depuis janvier 2002 : 1 260 • Employés à la Pouponnière : 136 Biramawa Magazine-Page 9 • Notre page facebook: https://www.facebook.com/ pouponnieredembour • Devenir parrain • Faire un don par virement bancaire : IBAN : FR76 4255 9100 0008 0040 4472 464 BIC : CCOPFRPPXXX Intitulé du compte : Vivre Ensemble, la Pouponnière
Ashs The Best Artiste musicien ENTRETIEN PORTRAIT
ASHS THE BEST, de son vrai nom Arfang THIARE, est un jeune artiste musicien sénégalais. A 25 ans et avec déjà 2 ALBUMS, Il fait partie des artistes très suivis par les auditeurs. D’une polyvalence évidente, l’artiste soutient, dans cette interview, évoluer dans plusieurs genres musicaux notamment le jazz, le soul, le blues, le rap, l’acoustique... Interview dans laquelle il évoque également son choix pour la musique et adresse des messages à la jeunesse. Qui est Ashs The Best? Ashs The Best est un jeune artiste, auteur compositeur de 25 ans résident dans la banlieue Dakaroise (Guédiawaye pour être précis) au Sénégal. Il a commencé à s’intéresser à la musique en 2013 et a sorti son premier single en 2016. Il a dans sa discographie deux albums, « Millions Flows » et « Millions Flows Deluxe », sortis respectivement le 15 novembre 2019 et le 28 août 2020. "Je me définis comme un artiste, musicien ... car pouvant évoluer dans plusieurs genres musicaux notamment le jazz, le soul, le blues, le rap, l’acoustique etc." D’où vient le nom d’artiste Ashs The best ? A l’état civil c’est Arfang Thiaré, et j’ai le surnom El Hadj dont le diminutif est Ass, et Ass pourrait être un gros mot dans d’autres langues. J’ai donc eu à faire cet acronyme ASHS qui donne As comme le champion, le meilleur et HS comme Hors Série donc ASHS THE BEST donne As Hors Série The Best et en résumé le meilleur. Vous vous considérez comme rappeur ou musicien ? Je suis artiste, je fais de la musique et je compose également des morceaux de musique. Je me définis comme un artiste musicien comme certains disent car pouvant évoluer dans plusieurs genres musicaux notamment le jazz, le soul, le blues, le rap, l’acoustique etc. Pouvez-vous retracer votre parcours dans la musique ? Notre maison est en face du Centre Guédiawaye Hip Hop, mes frères avaient un groupe de rap et faisaient leurs répétitions chez nous, et je faisais office de beatmaker, des face B que je téléchargeais sur Internet. En 2014 j’ai participé à des séances d’écriture avec Djily Bagdad (du 5Kiem Underground), des formations en beatmaking avec Ciré Dia de Biramawa Magazine-Page 11
Africulurban, des résidences artistiques avec Tony Blackman. J’ajoute à cela, les cyphers, les battles et la plus grande compétition de rap au Sénégal (ndlr: Flow Up) où j’ai été finaliste deux fois consécutives (2017 et 2018) qui m’ont forgé et donné le goût de la recherche pour être artistiquement au top. Je peux dire que ce sont les fruits de mes deux albums. Qui sont vos idoles et modèles ? Quel(s) artistes (s) passé(s) ou présent(s) vous inspire(ent) ? Ici ce sont les classiques sénégalaises qui m’inspirent le plus. Mes idoles sont Cheikh Ndigueul Lô, Souleymane FAYE. J’écoute beaucoup du Anderson Paak et du Kendrick Lamar également. Comment ont été vos débuts dans la musique ? Comme tout début, difficile. Ma mère ne voulait pas que je devienne artiste. Également, la raréfaction des maisons de production n’arrangeait pas les choses à tel point qu’on pouvait se décourager et renoncer à son talent. Mais l’entourage était toujours là à booster, encourager au point d’arriver là où nous sommes actuellement. Quels conseils donnerez-vous aux jeunes élèves et étudiants qui ont du talent et qui sont passionnés de musique ? D’abord qu’ils n’abandonnent pas les études pour la musique, on peut allier les deux en trouvant le juste milieu. C’est très risqué d’abandonner les études pour une passion qui, parfois, peut s’avérer saturée. Oui le marché musical est saturé et demande énormément d’efforts et de sacrifices. Une passion on peut l’allier aux études et c’est plus sûr. « Mes idoles sont Cheikh Ndigueul Lô, Souleymane Faye. » Pourquoi avoir porté votre choix sur la musique ? Je pense que c’est dû à mon entourage immédiat, mon père fut un grand bassiste, mon oncle, également guitariste, mon grand frère aussi est un excellent chanteur. Et j’ai toujours aimé la musique, j’ai failli m’inscrire à l’école nationale des beaux-arts pour devenir instrumentiste. Toute ma vie c’est la musique. Page 12-Biramawa Magazine « D’abord qu’ils n’abandonnent pas les études pour la musique, on peut allier les deux en trouvant le juste milieu. » Le magazine a pour objectif de faire une « visite guidée » des professions. Si ce n’est pas indiscret nous voudrions savoir si la musique « nourrit » son homme au Sénégal ? Oui, il y a des artistes qui s’en sortent bien que la généralité soit le contraire. Il faut juste trou
ver une bonne stratégie qui fera sortir l’artiste du lot car tout le monde est talentueux. Quelles sont vos préconisations pour une meilleure promotion des artistes au Sénégal ? La première des choses à faire en ce moment, c’est de mettre sur pied un marché dense qui peut absorber nos produits. Le Sénégal compte 15 millions de personnes et seulement 3 millions s’intéressent à la culture urbaine à mon avis bien que cette population soit majoritairement constituée de jeunes. Certes il y a des efforts constatés sur le plan artistique et au niveau des politiques publiques. Mais il reste du chemin à faire. Il faut vraiment une politique claire d’appui aux artistes et acteurs culturels. « La première des choses à faire en ce moment, c’est de mettre sur pied un marché dense qui peut absorber nos produits. » J’imagine que, pour les besoins de votre carrière, vous êtes amené à passer beaucoup de temps en studio. Comment gérez-vous cela par rapport à votre vie personnelle ? Bien évidemment. Je passe plus de temps au studio que nulle part d’ailleurs. Et c’est devenu une habitude depuis presque plus de 3 ans. On le gère tant bien que mal même si nous sommes au studio la nuit et au lit le matin. En parlant de sphère privée, d’après vous est ce qu’on peut réussir sa carrière musicale et avoir une vie personnelle épanouie ? On a l’habitude de dire que l’impossible n’existe pas. C’est très difficile de concilier les deux en même temps. Mais voilà, il faut mettre de son côté tous les atouts pour une carrière Biramawa Magazine-Page 13 musicale aboutie bien que cela s’avère difficile. Et pour moi, ma musique c’est ma vie.
Au-delà de la musique, en tant que citoyen sénégalais quelles sont les causes qui tiennent Ashs The Best à cœur ? Toutes les causes qui feront du Sénégal un pays reluisant : la bonne gouvernance, la répartition équitable des ressources du pays, les questions de jeunesse, des femmes etc. « C’est malheureux de constater que les jeunes ont repris la mer « Barca wala Bàrsaq ». Quel est votre message à l’endroit de la jeunesse sénégalaise ? C’est malheureux de constater que les jeunes ont repris la mer “Barca wala Bàrsaq” et des fois se mettant dans le moule de ces jeunes qui n’ont plus espoir dans leur pays. Il est difficile de leur dire d’arrêter de faire face à ces énormes risques. Nous exhortons les dirigeants à créer des opportunités pour ces jeunes, ne serait-ce qu’ils puissent retrouver le rêve de réussir au pays. Je ne vais pas manquer d’ailleurs de réitérer mon soutien à ces jeunes et leur dire de persévérer, de croire en eux et en leur pays. Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin ? Ce fut un plaisir de vous recevoir et de figurer dans vos colonnes. Page 14-Biramawa Magazine
94 Nord Foire Azur Dakar, Sénégal +221 77 296 47 96 contact@alyfa.co www.alyfa.co Biramawa Magazine-Page 15 Des Jouets Afro - Centrés
AVIS D’EXPERT Dr Saliou NDOUR Spécialiste des politiques et industries culturelles La musique : un fait social total en mutation au Sénégal dans un contexte de mondialisation En 2008, nous avons publié un ouvrage intitulé l’industrie musicale au Sénégal : essai d’analyse (Ndour S, 2008) dans lequel nous avions souligné avec enthousiasme le caractère dynamique de la musique qui, il faut le reconnaître, a connu son essor dans les années 90. Il s’en est suivi des conséquences importantes, engendrant des bouleversements économiques et socio – culturels dans le secteur de la musique. Page 16-Biramawa Magazine Plus de dix ans après, le secteur de la musique a fait sa mue. Flux ou reflux d’un secteur qui a suscité beaucoup d’espoir ? Le contexte de mondialisation accentué par le développement des technologies et de la communication (TIC) a eu un impact considérable sur le secteur de la culture. Quelle forme va revêtir cet impact de la mondialisation dans ces bouleversements sode l’information
cio-culturels ? Les phénomènes questions observés dans le secteur de la musique sont-ils aujourd’hui les mêmes que ceux des années 90 ? Qu’est-ce qui a changé entretemps ? Autant de auxquelles, nous tenterons de répondre. Les changements opérés dans le secteur de la musique En 2008, lorsque paraissait, donc, notre ouvrage, le secteur de la musique a connu une évolution considérable. Ainsi des changements notables sont-ils intervenus dans le secteur, se traduisant, ainsi, par le phénomène de « décastification » qui étend la pratique musicale à tous les groupes sociaux, le changement de mentalité qui fait jouir le musicien d’un prestige certain et lui confère un statut privilégié au sein de la société, la massification des groupes musicaux qui constitue un palliatif au chômage des jeunes (beaucoup d’appelés, peu d’élus), des sonorités mondialisées, les tendances et modes venus d’ailleurs, des occidentaux qui s’emparent de sonorités africaines etc. 1. La musique : un fait social total Il convient d’appréhender la musique comme un système au sein duquel interagissent de nombreux agents jouant chacun un rôle social. Aussi pouvons-nous la définir dans le sens où l’entendait Marcel Mauss comme un fait social total : L’espèce des relations qu’il cherche, commente Georges Gurvitch, à découvrir n’est jamais celle qui existe entre deux ou plusieurs éléments arbitrairement isolés de l’ensemble de la culture mais entre toutes ses composantes : c’est ce qu’il appelle des « faits sociaux totaux. (Gurvitch, 1947). Toutefois Marcel Mauss a eu une approche restrictive qui ne concerne que les sociétés globales. Ce qui ne l’a pas empêché d’avoir produit une théorie qui ouvre des perspectives nouvelles. Car, il s’agit d’une méthode de vue d’ensemble et qui lui permet de considérer les faits comme « totaux » ou « généraux » lorsqu’ils touchent « la totalité de la société et ses institutions » (Mauss, 1968). Dans cette perspective Georges Gurvitch conviera la sociologie de la musique à étudier la musique comme une réalité générale avec de multiples aspects en considérant tous les paliers en profondeur et dont toutes les couches s’interpénètrent. Il s’agit, donc, selon lui, d’une « totalité réelle en marche ». Aussi les faits musicaux sont-ils à la fois producteurs et bénéficiaires des mutations sociales. Dans ce sens, Théodor Adorno, parlant de la sociologie de la musique, énonçait l’hypothèse selon laquelle : « des transformations profondes s’élaborent dans la société à partir des différents faits culturels voire musicaux » (Green, op.cit). Un point de vue que nous partageons en considérant que la musique épouse tous les contours de la société. Dans toutes les sphères de la vie sociale en Afrique, la musique y occupe, en effet, une place importante. La femme entonne des chansons pour bercer son enfant ; chante en pillant le mil, le kadangue, le rythme que fait le pilon au contact du mortier en est une illustration fort éloquente ; les hommes dans les travaux champêtres, alignés, chantent et dansent. Camara Laye dans « l’enfant noir », éditions Plon, paru en 1953 le décrit en ces termes : Le tam-tam, qui nous avait suivis à mesure que nous pénétrions plus avant dans le champ, rythmait les voix. Nous chantions en chœur, très haut souvent, avec de grands élans, et parfois très bas, si bas qu’on nous entendait à peine ; et notre fatigue s’envolait, la chaleur s’atténuait (Camara Laye, 1953 : 62). Dans le domaine de la politique, la musique est bel et bien présente dans toutes les activités politiques, prenant des allures parfois de propagande, de sensibilisation ou d’égaiement. Plus fondamentalement, elle peut revendiquer la voix des sans voix. Une musique politiquement engagée et citoyenne est le porte-étendard d’une conscience politique et citoyenne. Le mouvement hip hop à travers un mouvement comme Y’en a marre s’est posé comme alternative citoyenne allant dans le sens d’un approfondissement de la démocratie au Sénégal. Biramawa Magazine-Page 17
Ce qui fait, donc, que la population se retrouve dans la plupart des textes de chanson lorsque celles-ci prennent en compte leurs réalités socio-culturelles. Hormis les rappeurs, les textes de Ndiaga Mbaye, Thione Seck le parolier, Souleymane Faye, Youssou Ndour, Omar Pène mais également chez les femmes Aby Ndour, Mada Bah, etc. sont très significatifs. Ils reflètent la symbolique sociale, instruisent, éduquent, rassurent, encouragent. Les tares de la modernité ainsi que les inepties de l’histoire sont dénoncés. Les musiciens sont des pourvoyeurs de messages. A travers leur musique, ils parlent à leur société. Certains ont vu les rappeurs jouer un rôle important dans les changements socio-politiques intervenus dans notre pays. Analysant cette dimension essentielle dans l’avènement de l’alternance politique du 19 mars 2000 Mamadou Abdoulaye Ndiaye et Alpha Amadou Sy ont formulé cette remarque : La lecture des textes musicaux de ce courant artistique révèle sa prégnance idéologique et politique et son engagement dans la lutte pour le renouveau démocratique. Partant, le courant rap est doublement significatif : il est, d’une part, un mouvement artistique et, d’autre part, il constitue un maillon important du mouvement de jeunesse. Cette doublure leur confère un statut privilégié sur l’échiquier politique où il constitue des forces du changement (Ndiaye & Sy, 2003. En fait, on peut les considérer comme des sentinelles de la démocratie. L’alternance, à laquelle ils ont grandement contribué, n’a pas atténué leurs critiques. Ils ont continué à être les porte-voix d’une jeunesse dont les espoirs ont été trahis. Donc, en appréhendant la musique comme un fait social total, on peut dire qu’elle est porteuse de changements au sein de la société en ce sens qu’elle contribue à la conscientisation, à l’intégration de nouvelles valeurs en symbiose avec les valeurs authentiques. VIP : very important personality C’est tout le sens du qualificatif de « courtiers culturels » que donne Richard Ssewakiryanga aux jeunes des villes africaines eu égard à leur propension pour la musique américaine. Aujourd’hui, une autre dimension s’ajoute à la musique pour qu’elle soit complète en tant que fait social total. Il s’agit de l’économie car la musique est créatrice de richesses et d’emplois. Elle apporte une forte valeur ajoutée à l’économie et contribue à conférer une autre image aux musiciens : de marginaux, ils sont devenus des VIPadulés et respectés et présents sur toutes les scènes mondiales. Ce qui a engendré une musique mondialisée, un mélange de rythmes africains avec des sonorités occidentales. 2. Une musique mondialisée Elle a une histoire. Elle est apparue dans les années 90 au plan international sous les allures d’une musique mondialisée appelée world music et qui a eu tendance à homogénéiser les rythmes et les sonorités. Sous ce rapport, cette musique mondialisée aurait pu apparaître comme l’expression d’une diversité culturelle dans le champ de la musique, mais elle devient suspecte dès lors que la logique économique l’emporte sur la finalité artistique. Au plan local, il convient de remarquer qu’au contact de la modernité, la musique tradiPage 18-Biramawa Magazine
tionnelle est sur le point de changer de registre au risque de perdre totalement son substrat. Pour désigner cet avatar, certains n’ont pas hésité pas à parler de tradi-moderne et à mettre en garde contre la possible disparition de la musique traditionnelle si des actions vigoureuses ne sont pas entreprises allant dans le sens de sa revalorisation. En effet, le mbalax trône de toute sa stature sur la scène musicale du Sénégal. En véritable seigneur, ce genre musical a marqué et continue de marquer de son empreinte indélébile, la musique sénégalaise. Toutefois, il constitue l’écran de fumée qui empêche l’expression d’autres sonorités tout aussi riches que diverses. Mû par une logique commerciale, le mbalax prend les contours de l’« informalité » tant au niveau de sa création, de sa production que de sa distribution. Ce fait est désigné sous le vocable de sandaganéisation ou de son baol-baol de la musique tant la recherche effrénée du gain l’emporte sur la qualité artistique des œuvres. Avec l’aide de la technologie musicale (studios d’enregistrement, usines de duplication de cassettes, supports de diffusion : radios, télévision culturelle, Internet, etc.), des produits sont réalisés à la va-vite et commercialisés sur le marché en ne se souciant pas de la qualité. Pourtant, la musique sénégalaise, à travers ses têtes de file tels Youssou Ndour, Baba Maal, Ismaéla Lô, Thione Seck, s’est choisie pour l’international une musique mondialisée. Il s’agit de s’insérer dans les canaux de la world music. Ce sont des croisements musicaux qui ont toujours existé mais que la médiatisation et la technologisation de la musique ont accéléré et généralisé à l’échelle planétaire. Le « métissage musical » a été toujours perçu sous l’angle ethnocentriste faisant de la civilisation européenne la productrice de la musique la plus évoluée tandis que les musiques des autres peuples sont considérées comme des ébauches moins élaborées et plus primitives. Est-ce la raison pour laquelle la plupart de nos musiciens réa22 Denis Laborde, cité en note de bas de page par Jean Luc Bonniol, op.cit, p. 334. 33 La catégorie world music a été introduite dans les Grammy Awards en 1991. 44 Jean Luc Bonniol, op.cit., p.335. Biramawa Magazine-Page 19 lisent, pour être en phase avec le showbiz mondial, une musique à deux vitesses : un mbalax pur et dur pour le local et des sonorités métissées pour l’international ? Une telle question a été posée à Youssou Ndour l’artiste planétaire qui a reconnu sans ambages sa musique « bicéphale » A ce propos Denis Laborde explique : Les réalisations musicales qui pouvaient être polyrythmiques, riches de décalage et de syncope, doivent pour entrer dans le nouvel éden musical se plier à l’installation d’une pulsation binaire en continu. Aussi Youssou Ndour en arrive-t-il à produire deux types de réalisations musicales, selon qu’il vise le public occidental ou le public sénégalais.22 D’ailleurs Baba Maal, Ismaéla Lô ont été nominés dans la catégorie « world music »33 des Grammy Awards ainsi que Youssou Ndour qui finira par remporter le prix en 2005 avec son album Sant dans lequel il est accompagné d’un orchestre égyptien. La world music se veut, en fait, une modernisation des musiques traditionnelles en se servant de nouveaux instruments et en adoptant de nouvelles technologies. Elle vise un public planétaire. Mélange de différentes sonorités, la world music n’en revendique pas moins un fondement authentique « qui apparaît souvent vécue comme primordialité, connectée à l’intemporel, au primal, au chtonien, s’opposant là à l’éphémère, à l’artificiel et au corrompu, caractéristiques de la civilisation occidentale » (Jean- Luc Boniol, op.cit : 335)44 . Force est de constater que ce phénomène persiste toujours. Pour plaire à deux types de public (local et occidental), les artistes continuent de faire une musique différenciée. Entretemps, la musique numérisée a eu raison de cette situation. L’industrie du disque n’a plus sa force
d’antan : les téléchargements ont relégué au rang d’antiquité les disques vinyl, CD, Cassettes audio, lecteurs etc. La génération « facebook » ou GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) a accès facilement à tous les sites musicaux collaboratifs qui, grâce à des outils informatiques adaptés au partage et à l’échange d’informations constituant des réseaux sociaux pour les musiciens et groupes de musique. 3. La mobilité sociale dans le secteur de la musique Il s’agit d’une forme de changement social qui se pose en termes de déplacement des individus dans la hiérarchie sociale et qu’on appelle la mobilité sociale. Il y a deux manières de l’aborder : sous l’angle individuel (le fait de ne pas exercer la même profession du début à la fin de sa vie) et sous l’angle générationnel (profession occupée par opposition à celle du père). Cependant, il faudra également y ajouter cette volonté qu’a l’individu de changer sa situation pour se hisser à un niveau supérieur de l’échelle sociale. Il existe, certes dans le paysage musical sénégalais de nombreuses familles de musiciens55 mais également, on remarque une certaine mobilité sociale, dans la mesure où la profession du fils (musicien) sera différente de celle de son père. Au cours de nos enquêtes, il nous a été révélé sur un échantillon de 100 personnes que seulement 02 % des enquêtés ont un père musicien contre 94 % dont le père n’en est pas un. En outre, cette volonté d’ascension sociale fait que beaucoup de jeunes pensent aujourd’hui trouver une situation de rente à travers la musique. Toutefois, le monde du showbiz reste très difficile à pénétrer. Il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. Toujours est-il que la quasi-totalité des musiciens sont d’origine très modeste. A travers la musique, ils ont trouvé une ascension fulgurante : Youssou Ndour est musicien et administrateur de sociétés. Il possède un groupe de presse au point que « certains pensent même qu’il fait partie du cercle restreint des milliardaires sénégalais depuis longtemps » (Thiam S., 1999 : 7)66 . Ils sont considérés comme ceux qui ont réussi l’heureux passage d’une classe sociale défavorisée à la classe des possédants. 4. La décastification de la musique Il existe une autre forme de mobilité sociale c’est le phénomène de la « décastification » qu’il faut saisir en relation avec la notion de caste. La profession de musicien a été, traditionnellement, réservée aux griots et ceux qui s’occupaient parmi eux de chansons, on les appelait des Sabb-Lekk (Diop A.B. ; 1981) . La « décastification » est le fait que la caste des Géer supposée supérieure, embrasse la carrière de musicien. Nous pouvons, donc, y voir une forme de mobilité sociale descendante. Il faut dire que traditionnellement, chez les wolof, les Géer (caste supérieure), qui voulaient embrasser la carrière de musicien subissaient la réprobation du groupe social. Il est même interdit au géer d’être en contact avec la peau du tambour. Aujourd’hui avec le développement de l’industrie musicale, la profession de musicien n’est plus la chasse-gardée des griots. De nombreux géer investissent le créneau ; nous pouvons en citer : Ismaela Lô, Baba Maal, Pape Fall, Moussa Traoré et Wasis Diop. Ce dernier témoigne : A l’insu de mes parents, j’allais squatter les griots qui accompagnaient les séances de m’bappat (lutte). N’étant 55 Parmi celle-ci, nous pouvons, sans être exhaustif, citer les Touré Kunda (Ismaёla, Cheikh,Tidiane, Ousmane, etc), les familles Faye (Vieux Mac, Tapha, Lamine, Habib, Adama, Mahanta), Ndour (Youssou, Aby) Seck (Thione, Ousmane, Mapenda, Mor Dior , Assane Ndiaye), L’autre Famille Seck (Laye Bamba le père, Fatou Mbaye, Coumba Gawlo Seck, Les Seck Sisters), Faye (Vieux Sang Sing Faye, Mbaye Dièye Faye, El Hadji Faye, Alieu Faye, Aziz Faye), Guissé (Djiby, Cheikh et Alioune), Kassé (Alioune, Omar, Djoudjou, Pape, Ndéye), Boye (Pape et Armand), la famille de Doudou Ndiaye Rose, La famille de Soundioulou Sissokho., Diagne (Lappa, Bassirou). 66 Cf Thiof Nouvelle série n° 3 du 15 mars au 01 avril 1999, p. 7. Page 20-Biramawa Magazine
pas géwél [griot], je m’abstenais de chanter en public, chanter étant considéré comme efféminé, sauf pour les griots. Dans mon quartier de Gueule Tapée, je n’ai jamais raté un seul tamtam de Doudou Ndiaye Rose [… ] (Leymarie, 1999). Et souvent les difficultés ne manquent pas de se poser sur le chemin des géer qui veulent trouver leur voie dans la musique. D’autant qu’ils ont des origines aristocratiques. A ce propos, le cas du chanteur Salif Keїta, descendant d’une famille princière du Mali, est bien connu mais l’est moins celui d’Omar Ndiaye « Xosluman », fils de nobles descendants du Bourba Alboury Ndiaye Roi du Djolof. Lors d’un entretien7, il nous a relaté les écueils desquels il a dû triompher pour faire accepter à ses parents la pratique de la musique. Mais l’enseignement qu’on peut tirer de son histoire se situe ailleurs : l’attitude du griot attitré de la famille qui a accepté difficilement son statut de musicien. Il lui a dit qu’il « qu’il ne l’accepterait jamais ! Qu’il ne le comprendrait jamais ! » . Il ne peut plus le voir, comme s’il avait honte de lui. En effet, il accepte mal que son roi soit musicien, chacun doit garder sa place sur l’échiquier social. Il reste que ce phénomène de « décastification » est beaucoup plus marquant en ville qu’en zone rurale. Lors de nos enquêtes, nous avons dénombré sur un échantillon de 100 personnes : 52 % de géer, (caste supérieure) 22 % de gewél (griots), 4 % de teug (forgerons et bijoutiers) et un taux de pourcentage relativement élevé de non-réponse (22%) que nous interprétons comme la délicatesse relative à une telle question pour ceux qui refusent de s’assumer mais également la non-existence de ce phénomène de caste chez certaines ethnies du Sud comme les Diolas. Ce que corrobore cette étude88 de Yann N. Diarra (Op cit. : 251) faite à Dakar sur la musique sénégalaise et qui fait remarquer que : « Même si une part importante des mu7 L’entretien a eu lieu le jeudi 14 /09/2000 sur la plage de Ngor village siciens reste issue de cette caste, la plupart d’entre eux (69,5 %) ne le sont pas ». Il en fournit la lecture suivante : il s’agit là d’une évolution sociale et culturelle des métiers de la musique et que l’urbanisation et les nouvelles structures sociales qu’elle impose - passage d’une société de castes à une société de classes – ont redonné sa place et son rôle aux musiciens dans la société. Aussi séduisante que puisse être une telle analyse, nous ne partageons pas cette interprétation pour la simple raison que, selon nous, l’urbanisation et la nouvelle structuration sociale n’ont pas eu raison du système des castes. Même si la base matérielle qui sous-tend ce phénomène a disparu, il reste que l’idéologie qui le fonde est toujours vivace dans les esprits. En conséquence, nous considérons que l’évolution sociale et culturelle des métiers de la musique s’explique par la mise en place d’une industrie musicale au Sénégal et que beaucoup de musiciens pensent y trouver un créneau porteur. Toutefois, nous sommes d’accord avec son hypothèse qui consiste à dire que la pratique de la musique en milieu rural reste fortement liée à l’appartenance sociale pour deux raisons, selon nous, que voici : le conservatisme inhérent aux sociétés rurales et l’absence d’infrastructures musicales. Autres aspects révélés par l’étude de Yann N. Diarra : la pratique traditionnelle de la musique (percussions, formes de chants et de danses) est dévolue à la caste des griots alors que la plupart des géer font de la musique moderne. 5. Le Changement de mentalité Avec la mobilité sociale, la décastification, un changement de mentalité a été opéré en ce qui concerne la société. Une révolution dans le secteur de la musique qui engendre des mutations sociales. Du coup, le visage de la musique et l’image des musiciens se trouvent changés. Il fut, en effet, un temps où la musique était considérée comme une activité frivole et le musicien Biramawa Magazine-Page 21
un marginal, un troubadour. L’on se rappelle enfant de cette blague qu’on se servait pour se moquer des musiciens : un jeune homme vient sérieusement s’ouvrir à son père pour lui dire : « Baay ! Baayi na caxaan damay riti » (Père ! J’ai cessé de m’amuser ; maintenant je joue du riti (le violon peulh). Ce qui nous faisait beaucoup rire car, nous considérions la pratique de la musique comme une activité peu sérieuse. Les préjugés, qui entouraient la musique, étaient partagés, à l’époque, par tous les secteurs de la vie sénégalaise. Ce que corrobore l’ex manager d’Omar Pène, Pape Bondé Diop qui nous racontait au cours d’une interview9 ce qui arriva à son poulain : parti à la police se faire confectionner une pièce d’identité, le policier qui s’en chargeait lui demanda sa profession : il répondit, fièrement : « musicien », le policier lui rétorqua : « Musicien ! » ; « Chômeur ! Oui ! ». Aujourd’hui, grâce à la technologie, le secd’arteur de la musique est un créneau porteur qui attire beaucoup de producteurs, tistes, de distributeurs et de vendeurs de cassettes qui espèrent y trouver leur voie. Aussi convient-il de remarquer que l’industrie musicale est en train de révolutionner les mentalités ; l’image du musicien a positivement évolué ; il est perçu comme quelqu’un de riche, pouvant satisfaire les besoins des gens. Au cours d’une enquête relative à la perception du musicien par les gens ; sur une population de 100 sujets enquêtés, 72 % déclarent être l’objet de sollicitation pour de l’aide contre 18 %. Ce qui indique qu’ils sont considérés comme des privilégiés capables de satisfaire les besoins des gens confrontés aux difficultés de la vie. Les sollicitations dont les musiciens font l’objet de la part des populations apparaissent dans cette confession de la chanteuse Ndèye Fatou Tine dite « Titi » qui révèle dans le journal Le […] En venant, vous avez vous-même rencontré des gens devant la maison. Il y a toujours du monde et il n’est pas dit qu’on peut recevoir tout le monde. Ils croient que je suis riche, que je suis capable de leur venir en aide. C’est vrai ça ne fait pas longtemps que je suis dans le métier et si j’avais des millions, c’est sûr que je leur viendrais en aide, surtout aux plus démunis […]. Je veux tout juste que les gens sachent que je ne suis pas si riche qu’ils le pensent.1010 Donc, la réalité est autre car 29 % seulement des enquêtés déclarent vivre correctement de leur art contre 39 % de réponse négative. Ce qui révèle, donc, que les musiciens bénéficient de préjugés favorables dans une société fortement marquée par la pauvreté. Nous pensons trouver les raisons de ce regard positif que les gens posent sur les musiciens. Elles découlent pour l’essentiel de l’aura dont bénéficient les « ténors » de la musique sénégalaise que sont : Youssou Ndour, Baba Maal, Ismaéla Lô, Coumba Gawlo Seck, Thione Seck, Oumar Pène, Viviane Ndour, etc. mais également de la forte médiatisation dont ils sont l’objet. Comme l’écrit Yann N. Diarra : Dans un environnement urbain où la pauvreté s’installe, la réussite sociale et économique, parfois fulgurante, de certains musiciens est devenue un modèle pour les enfants et les jeunes. La musique est également pour eux le média le plus accessible pour exprimer leurs visions, leurs attentes, leur espoir (Diarra, Y. N., op.cit :252) Quotidien : Les analyses de deux observateurs de la scène musicale sénégalaise corroborent cette mutation. D’abord celles de Rama Sy Diop qui rappelle : Jadis confiné dans l’arrière-boutique de la société, le musicien de nos jours 99 L’interview a eu lieu le 18 septembre 2000 au siège de Médiator. 1010 Interview parue dans Le Quotidien et reprise par l’hebdomadaire Révélation n° 198 du 07 avril au 14 avril 2006, p.8. 1212 Télé Mag n° 85 février 2000, p. 14. Page 22-Biramawa Magazine
est devenu « un véritable quelqu’un » […] figurant parmi « les diverses personnalités reçues par le chef de l’Etat », le musicien est désormais une VIP (Very Important Person) surtout depuis que le Sénégal connaît une avalanche de distinctions musicales. Tout le mérite en revient aux illustres précurseurs qui ont fait de l’activité une véritable profession, du secteur une industrie participant à la résorption notable du chômage1111. Ensuite à Ass Dia de renchérir : En l’espace de quelques années, les artistes sont passés chez nous du statut de marginaux à celui de modèles sociaux. Grâce à la magie des supports de production et de diffusion, un musicien de quartier peut se voir en peu de temps propulser sur la scène internationale.1212 Ainsi, donc, les mutations sociales dans le secteur de la musique se sont faites à partir de ruptures opérées par des acteurs musicaux mais également par le fait d’une révolution technologique achevant de faire de notre monde un « village planétaire ». 6. Tendances et modes Les musiciens sont devenus des icônes ; des références pour une jeunesse en quête d’un mieux-être, tenaillée entre le mal-vivre, le chômage et la pauvreté ; une jeunesse qui emprunte les océans dans des embarcations de fortune et qui voit l’Europe comme l’Eldorado. Ce qui a comme conséquence : leurs comportements sont imités, leurs moindres gestes épiés et leurs paroles amplifiées. Dans le milieu du showbiz, ils font ce qu’on appelle le buzz. Iconoclastes, leurs tenues, comportements et déclarations pourraient choquer. Ainsi un jeune chanteur du nom de Wally Seck 1212 Télé Mag n° 85 février 2000, p. 14. a choqué par le port d’un tee-shirt aux couleurs arc-en-ciel à quelques heures de la gay parade en Europe. Les télévisions, les radios et autres réseaux en ont fait la une de leurs journaux. Il s’en est suivi des plaintes, contreplaintes, conférences de presse etc. Entre accusations et dénégations, cet événement a occupé l’espace public pendant des semaines. Déjà, il avait été l’objet d’un matraquage médiatique à travers un sac à main jugé très féminin. Un autre artiste, moins talentueux et moins célèbre, Ouzin Keita lui a emboité le pas, en portant les mêmes couleurs LBTS et en se présentant à son concert avec un grand boubou de femme. Ces jeunes artistes ont-ils vu à travers la provocation un moyen de communication, de faire la publicité, le buzz autour de leur personne ? Ou agissent-ils par méconnaissance ? Force est de constater qu’ils sont très branchés sur l’occident et que toutes les tendances venant de là-bas sont aussitôt reprises. Il s’agit là d’un mimétisme qui leur fait vivre au rythme des banlieues parisiennes, londoniennes ou new-yorkaises. Dans un contexte de mondialisation débridée, les moyens de communication font de notre monde un village planétaire pour reprendre la célèbre expression de Mac Luhan. Il est à remarquer que la société sénégalaise est foncièrement homophobe. Aucune tolérance n’est acceptée et toute relation contre-nature est condamnée et punie par la loi. La société sénégalaise est fortement croyante (plus de 95%) de la population sénégalaise. L’islam comme le christianisme rejette l’homosexualité. Aux yeux d’une large frange de la population, ce qu’elle considère comme une dérive de l’occident, ne saurait être accepté. Leur artiste adulé et aimé des fans se doivent de démentir toute accusation les assimilant à des homosexuels. Cette dénégation leur redonnera crédibilité aux yeux du public. Wally a été obligé de déchirer le sac incriminé publiquement. Sur certaines questions de société, les mentalités ne sont prêtes de changer. Le Sénégalais est ancré dans sa religion et ne tolère aucune remise en question des fondamentaux de la religion. Biramawa Magazine-Page 23
Est-ce pour cette raison qu’on voit apparaître sur la scène musicale des chanteurs religieux qui sont sur le point de maîtriser les arcanes du showbiz. Longtemps confinés dans les tentes servant de lieu d’exhibition des artistes religieux, ils sont en paix d’occuper les scènes de spectacles au même titre que leurs homologues laïques. Les Ndiogou Afia, Omaro, Sadibou Samb, Babacar Samb, le duo tafsir Abdourahmane Gaye et Mamina Aidara investissent les plateaux de télévisions, les scènes de spectacles et jouissent d’un succès retentissant auprès du public. C’est d’ailleurs, souvent, le même public qu’on retrouve dans les soirées de Waly Seck, Youssou Ndour, Momo Dieng ou Viviane Chidid et autres. Un changement de mentalité est en train de s’opérer au niveau de la musique religieuse qui commence à comprendre que pour se faire adopter par le public essentiellement constitué de jeunes, une démarche plus proactive et moderne est nécessaire. Cette mutation dans la musique religieuse n’est-elle pas aussi guidée par des raisons d’ordre économique ? Un autre aspect, non moins important, qu’il convient de souligner est : le secteur de la musique a subi une fulgurante évolution dans les années 90. Dans un contexte mondialisation, à l’instar de la musique africaine dans sa globalité, elle était pleine de promesses, suscité beaucoup d’engouement. On pensait que son dynamisme allait avoir un impact considérable dans l’économie de la culture. Ce qui aurait pu avoir pour conséquence des bouleversements socio-culturels dans le secteur de la culture. Mais les fruits n’ont pas tenu leurs promesses. L’irruption des technologies de l’information a complétement bouleversé la donne. L’industrie du disque dans ce contexte mondialisée a connu un net recul. L’Afrique, le Sénégal n’a pas été en reste. Du fait de la faiblesse des moyens, elle n’a pu résister au piratage numérique. D’autres palliatifs ont été trouvé pour limiter les dégâts : le spectacle vivant a été le nouveau mode de production mais plongeant ses racines dans les traditions profondes de l’Afrique. Il prend la forme d’un diakarlo (littéralement face-face avec le public, avec d’autres musiPage 24-Biramawa Magazine ciens) ; de parrainage mettant en exergue les hauts faits et gestes de familles, de nouveaux riches qui ont besoin de reconnaissance. En retour, les artistes organisateurs seront rétribués sous forme de dons, de cadeaux. Il s’agit d’une forme de mécénat à l’Africaine. Ainsi la musique est-elle en panne ; les artistes pour continuer à vivre se livrent à d’autres activités plus lucratives. Peu arrive à s’en sortir ! Ne s’agit-il pas d’un retour à la tradition ; en Afrique comme partout ailleurs s’est développée la musique dans la cour des rois. Le premier rapport qu’elle avait et continue d’avoir avec le don, l’argent. Le mécénat est né dans la cour des rois ! Conclusion La musique est un phénomène social total, elle occupe une place importante au sein de la société malgré le mépris dont ses acteurs ont longtemps fait l’objet. Les mutations socio-culturelles ont pour soubassement l’économie. Le secteur marchand de la culture a, en effet, introduit des bouleversements qui ont pour objet : mobilité sociale, changement de mentalité, musique mondialisée, tendances et modes. De la parution de notre ouvrage en 2008 à nos jours, les mutations qui existaient déjà se sont accrues considérablement. L’irruption du numérique a accentué les changements, on ne peut plus exclure l’économie et la technologie de la musique. Pour qu’elle puisse continuer à être alerte et vigoureuse, il faut s’invente, qu’elle continue toujours à surprendre.
LE COIN D’AUTRUI
Bonzzzooouuurrr Warahmatullah chers lecteurs et lectrices de Biramawa. Je viens avec une nouvelle chronique tirée des « Drames d’Autrui ». Pour ce numéro, je plonge dans la vie d’une jeune étudiante, Lara. Son histoire n’est pas ordinaire. Je m'appelle Lara et j'ai 28 ans. Depuis cinq années maintenant, je vis une relation extraordinaire avec Papis, un jeune cadre dans une grande entreprise de la capitale sénégalaise. Beau garçon, intelligent, le physique assez imposant, je n’ai pas eu beaucoup de mal à m'enticher de cet homme au charisme et au charme irrésistible. Nous nous sommes rencontrés Papis et moi un soir après les examens du premier semestre de ma Première année à l'Université de Dakar. Mes copines et moi voulions décompresser après d'intenses semaines de cours et de révisions et nous sommes allés dans l'un des endroits les plus fréquentés de Dakar, le Just For U, qui se situe en face du campus universitaire. Nous sortions d'une semaine très chargée et les sonorités acoustiques de ce charmant lieu nous aidaient un peu à oublier, le temps d'une virée nocturne, la probabilité de réussir ou non, notre entrée en matière, dans le grand bain des études supérieures. Ce soir-là, il y avait également un groupe d'amis venus fêter la promotion d'un des leurs à un poste de responsabilité dans une grande entreprise de la place. C'est en allant chercher des rafraîchissements que l'une de mes copines a été interceptée par un membre dudit groupe. Les deux ont discuté pendant une bonne minute. Et au retour, Adja m'a passé un petit mot inscrit sur un petit bout de papier : "Je n'arrêterai jamais de te regarder..." Quand j'ai soulevé la tête, j'ai senti la force de ce regard qui traversait trois tables pour se poser sur mon visage. Un sourire atténuait le poids de ces deux yeux posés sur mon front. Et je ne pouvais que rendre ce sourire. C'est seulement après que le jeune homme s'est levé de sa table pour se diriger vers nous. - Bonsoir chères demoiselles, je vous passe le salut de mes copains qui sont sagement installés là-bas... Mais l'objet de mon déplacement est plus délicat qu'un simple bonsoir. Je voudrais vous voler cette fleur... Et il me tendit son bras droit en signe d'invitation... Il était habillé d'une élégance, pantalon jean noir serré, chemise d'une blancheur éclatante sous un costume prêt du corps en noir assorti de souliers noirs qui brillaient. Après cinq à dix secondes d'hésitation, mes copines me poussèrent presque à accepter son invitation par leurs regards teintés d'influence. Je me suis alors levée pour suivre Papis dans un coin assez discret du resto. Très courtois, il n'a pas tout de suite décliné ses ambitions. Il s'est juste contenté de chercher à savoir qui j'étais et ce que je faisais dans la vie. Et à chaque fois que je terminais une phrase, il ne manquait pas de relancer Biramawa Magazine-Page 27
la conversation avec une blague. Je lui disais ainsi que j'étais en Première année de Droit et que j'habitais à Sacré-Coeur 3. Que j'étais venue avec mes copines pour se changer les idées après les examens... Il souriait pour un oui ou pour un non, mais affichait une mine très sérieuse, quand je parlais de mes études. Et quand je lui ai demandé de me parler de lui, il a répondu ça : - Bon, voilà ce qu'on va faire, ma chère Lara. On va programmer un autre rendez-vous toi et moi. Parce que vois-tu, j'ai tellement de choses à te dire sur moi qu'il te faudrait un endroit plus calme pour capter tout ce que j'ai à te dire. Alors, si t'es disponible samedi, je t'invite à dîner. Ainsi, on pourra largement discuter de ma personne... Je lui ai alors donné mon accord pour sortir avec lui le samedi... Je suis rentrée chez mes parents le vendredi après-midi pour mieux préparer mon rendez-vous avec Papis. Je suis même allée faire les boutiques pour m'acheter une jolie robe de soirée. Il faut dire qu'il m'avait laissé une très bonne impression au "Just For U". C'est vers 20 h qu'il a appelé pour me dire qu'il était en route. J'étais déjà sortie de la douche. Il me restait juste à faire quelques retouches sur mon visage pour parfaire son éclat. J'avais déjà prévenu mes parents de mon invitation à dîner. Et le simple fait que Papis ait accepté de passer me prendre chez moi pour faire, par la même occasion, connaissance avec les membres de ma famille était un signe de bonne foi de sa part. C'est mon petit frère qui est allé ouvrir quand on a sonné à la porte. Il a ensuite entraîné Papis dans le salon où mes parents et ma petite sœur étaient installés. Il s'est poliment présenté et mon père l'a invité à prendre place en attendant que je n'arrive. Et quand je suis descendue, j'ai été surprise Page 28-Biramawa Magazine de voir que ça discutait bien en-bas entre Papis et mes parents. Il s'est levé pour me faire la bise sur les deux joues avant que nous ne prenions congé de papa et maman. Il m'a ouvert la porte de sa luxueuse berline et la soirée pouvait démarrer. Papis prît la Voie de dégagement nord (Vdn) et se dirigea vers le centre-ville. Il m'emmena dans un endroit calme et prestigieux appelé Sokhamone (Si tu savais... en langue wolof). La terrasse de ce fabuleux hôtel offrait une vue paradisiaque. Le reflet des lampadaires et de la lumière des panneaux publicitaires sur l'océan atlantique donnait l'impression d'être quelque part dans les alentours de la Seine à Paris. Et que dire de la douce musique distillée par un Disc jockey invisible. Ah oui, il avait choisi l'endroit idéal pour m'amadouer. - Lara, j'ai choisi de t'emmener ici parce que c'est plus calme et plus adapté à ce que je vais te dire. Il y a de cela une semaine, j'ai été promu Directeur des ressources humaines dans la société où je ne travaille que depuis un an et demi. Et le Conseil d'administration me recommande de me marier dans un délai très bref de trois mois. Du coup, c'est très compliqué pour moi de trouver la fille idéale dans un temps aussi court. D'autant plus que depuis deux bonnes années, j'ai été incapable d'avoir une relation sérieuse à cause de mes ambitions professionnelles. Mais ce que tu dois savoir, c'est que mon intérêt pour toi n'a rien à voir avec la volonté de mes supérieures de me caser. L'autre soir, quand je t'ai vue au milieu de tes copines, quelque chose que je n'arrive pas encore à définir m'a frappé chez toi. J'ai beau cherché, mais je ne trouve toujours pas ce que c'est. Aucune autre fille avant toi n'a eu cet effet sur moi. Je ne sais pas si tu voudrais bien m'aider à découvrir cette chose-là qui m'attire vers toi. Mais j'aimerais pouvoir
mieux te connaître... J'écoutais avec la plus grande attention l'argumentaire du beau gosse et je me demandais même parfois si c'est bien à moi qu'il s'adressait. Pendant le dîner, Papis me posa encore des questions sur moi. Ma vie en dehors des études l'intéressait beaucoup. Et je compris très vite qu'il voulait en réalité savoir si j'étais libre de sortir avec lui ou pas. J'ai alors décidé de lever l'équivoque: - J'avais un petit ami. Mais il est parti faire ses études en France. Et les relations à distance, ça ne me tente pas. J'ai alors décidé de rompre avec lui. - Hum ! On dirait que j'ai une petite chance de te conquérir, chère demoiselle - Ça dépend de ce que tu cherches et de ce que je suis disposée à offrir... - Et qu'est-ce que tu es disposée à offrir ? - Dis-moi d'abord ce que tu cherches ? - Je crois te l'avoir déjà dit dans mon argumentaire... - Eh bien répète-le ? - Je te l'ai dit, je ne saurais encore le définir exactement. Mais quelque chose me dit en tout cas que tu serais une excellente épouse pour moi. - Je pense que c'est trop tôt pour moi de parler de mariage. Je n'ai que 20 ans, je suis en Première année et j'aimerais bien terminer mes études universitaires. - Donc, il est interdit de se marier à 20 ans ? - Pourquoi tu n'as prélevé que cette partie de ma réponse ? - Parce que l'autre partie est plus un but pour moi qu'un obstacle... - Je ne comprends pas ce que tu veux dire par là... - C'est pourtant simple. Je veux simplement te faire savoir que tes études universitaires me préoccupent au plus haut point. Et que je ferai de ta réussite mon affaire personnelle... - Ça a tout l'air d'un discours enchanteur ça. Mais c'est le suivi qui m'inquiète... - Là, tu soulèves un autre problème chérie : la confiance. - N'est-ce pas la clé de toute relation ? - Tu as raison. Et ce sera désormais inscrit dans la partie, priorité, de mon agenda professionnel. - Je ne veux pas être dans ton agenda professionnel moi... - Dans ce cas, je vais résumer les choses : tu seras désormais ma priorité absolue - Hum ! On verra bien - Est-ce que cela veut dire que tu es prête à devenir mon épouse ? - J'ai pas dit ça. Mais comme tu l'as souligné au début, apprenons à mieux nous connaître d'abord. Après, nous ne sommes pas forcément maîtres de l'avenir. - Bon, c'est d'accord ! Tu sais quoi ? - Non, dis-moi ? - Je ne pensais certainement pas que t'étais une tête vide, mais je ne m'attendais non plus pas que tu sois aussi pertinente dans ton raisonnement. - J'adore les compliments. Merci jeune homme de bonne famille... Et nous nous mîmes à rigoler... La suite, c’est dans quinze jours et je vous avertis, c’est terriblement renversant. Les âmes un peu trop sensibles, vous êtes priés de bien prendre les précautions nécessaires avant d’entamer la fin de cette histoire. Ayoba FAYE Journaliste d'investigation-Rédacteur en Chef PressAfrik Biramawa Magazine-Page 29
ENTRETIEN EXCLUSIF Moussa WAGUE Fondateur KEYZIT
Moussa WAGUE, de nationalités Malienne et Française, est le fondateur de la maison de disques KEYZIT. Créée il y a de cela 20 ans et aujourd’hui présente dans une trentaine de pays dans le monde, KEYZIT ambitionne de devenir la Maison de disques numéro Un en Afrique. Dans cette interview accordée au Magazine Biramawa, Moussa WAGUE est revenu sur la genèse de KEYZIT. Il y expose également les acquis et les objectifs de la maison de disques, son point de vue pour une meilleure promotion de l’industrie musicale africaine en plus d’adresser des conseils avisés aux jeunes artistes. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Bonjour, Je suis Moussa Wagué, 42 ans, né à Bamako au Mali. De nationalités Malienne et Française. Entrepreneur, surtout connu comme étant le fondateur de la maison de disques KEYZIT. « J’ai souhaité créer cette société car je rencontrais de nombreuses difficultés lorsque j’étais moi-même artiste. » Créé en 2000, KEYZIT fête ses 20 ans. Félicitations ! Merci. J’espère qu’il y aura encore beaucoup d’anniversaires à fêter ! D’où vous est venue l’idée de créer KEYZIT ? J’ai souhaité créer cette société car je rencontrais de nombreuses difficultés lorsque j’étais moi-même artiste. Je faisais partie d’un groupe, nous n’étions pas trop connus à nos débuts et il était difficile voire impossible de trouver un partenaire que ce soit pour distribuer nos albums, pour faire des concerts, toucher les médias ou tout simplement éditer nos œuvres. Nous avons donc dû tout faire en totale indépendance pendant de longues années. Biramawa Magazine-Page 31
Ce n’est que lorsque nos principaux artistes ont eu du succès que les grosses compagnies ont commencé à s’intéresser à eux. Nous nous sommes rendu compte que de nombreux groupes ou artistes étaient dans la même situation que nous. Nous avons donc créé une structure qui propose tous les services dont un artiste peut avoir besoin aux différentes étapes de sa carrière, de la production à la distribution en passant par l’édition ou l’organisation de concerts. Une structure qui puisse faire le lien entre l’indépendance et la major. Je ne souhaitais pas que la nouvelle génération rencontre les mêmes problèmes que moi. Je pense que notre structure arrivait à point nommé dans l’industrie musicale. Était-ce facile de créer KEYZIT ? La création de la société en elle-même n’était pas difficile. Le plus dur c’est de la créer correctement et de la faire vivre sur le long terme. Je dirais que nous l’avons créé un peu dans la précipitation, ce qui explique pourquoi nous avons connu un premier échec en 2008. Nous avons toujours fonctionné sur fond propres et sans soutien bancaire ou investisseurs. Si nous avons pu tenir c’est par le soutien de la famille et de quelques amis qui ont mis la main à la poche pour nous aider dans les moments difficiles. « Nous avons pour but de devenir la maison de disques numéro un en Afrique ça peut paraître fou mais c’est à notre portée. » Après 20 ans d’existence, quel bilan tirez-vous de cette aventure ? Le bilan ne peut qu’être positif. J’ai commencé il y a 20 ans dans ma chambre, Page 32-Biramawa Magazine
aujourd’hui nous sommes dans une trentaine de pays dans le monde. Nous avons créé beaucoup d’emplois sur le continent. Quand je regarde le chemin parcouru, malgré quelques échecs, je suis fier. Cependant il reste beaucoup de choses à faire avant que l’objectif final soit atteint. Nous avons pour but de devenir la maison de disques numéro un en Afrique ça peut paraître fou mais c’est à notre portée. Il est évident qu’on aurait pu mieux faire les choses dans certains cas mais pas de regrets, il faut savoir être reconnaissants et rester optimiste. On essaie de s’améliorer chaque jour. les projets, faire la création graphique, le stylisme, la promotion, les clips, etc.... Les différences culturelles apportent une riche diversité et offrent des possibilités presque illimitées en termes de création musicale. Je dirai que la réelle différence se pose au niveau de l’état de l’industrie musicale de chaque pays. Certains pays sont plus avancés que d’autres notamment en ce qui concerne les sociétés de gestion collectives, les médias…cela permet de travailler plus facilement alors que sur les autres pays il faut souvent mettre en place cette industrie du début à la fin de la chaine avant de pouvoir travailler correctement. Quelles libertés avez-vous vis à vis des artistes ? Avez-vous un droit de regard sur leur image, leur musique… ? Aujourd’hui KEYZIT travaille avec des artistes de différents pays du monde. Les différences culturelles dans la manière de travailler vous ont-t-elles déjà posé problème ou cela vous a-til apporté des facilités ? D’une manière générale la musique est un business qui fonctionne selon des règles définies à un niveau mondial donc la manière de travailler est la même presque partout. Je veux dire par là que peu importe le pays où l’on se trouve, il faut trouver l’artiste, enregistrer les titres, les mixer, masteriser L’artiste a une liberté totale avec nous. Lorsque nous signons un artiste nous le choisissons car avant toute chose il nous plait sur le plan musical. Nous ne sommes pas là pour lui faire changer de style ou lui imposer une direction artistique. Nous lui apportons avant tout un cadre de travail professionnel qui permet à son talent de mieux s’exprimer. Nous pouvons le conseiller et donner notre avis mais au final c’est lui qui a le dernier mot. Nous intervenons davantage sur un plan stratégique afin d’obtenir les meilleurs résultats. C’est un échange, une collaboration. « Tous les artistes que j’ai produis m’ont marqué (…) Je peux évidemment citer des artistes comme Sidiki Diabaté au Mali avec sa maitrise de la Kora et l’univers qu’il a su créer, Floby au Burkina Faso qui m’épate à chaque à fois ou encore Monsieur Nov en France qui est pour moi le meilleur dans son domaine. » Biramawa Magazine-Page 33
Vous avez eu à accompagner et continuer d’accompagner des artistes de renom. Quels sont les artistes qui vous ont le plus marqués ? Et pourquoi ? Tous les artistes que j’ai produis m’ont marqué. Comme je le disais précédemment lorsque je choisis de travailler avec un artiste c’est avant tout car sa musique me plait. C’est généralement un coup de cœur. Ensuite j’essaie de voir ce que je peux apporter en termes de stratégie. Je peux évidemment citer des artistes comme Sidiki Diabaté au Mali avec sa maitrise de la Kora et l’univers qu’il a su créer, Floby au Burkina Faso qui m’épate à chaque à fois ou encore Monsieur Nov en France qui est pour moi le meilleur dans son domaine. En Afrique beaucoup de jeunes ont porté leur choix sur la musique. Qu’est-ce que cela vous inspire ? Je suis mitigé sur le sujet. Je suis content que les jeunes se lancent à la condition sine qua none qu’ils se lancent correctement. Autrement on assistera à une sorte de colonisation 2.0 sur la musique Page 34-Biramawa Magazine
en Afrique. Pour éviter cela il faut impérativement que le secteur se professionnalise rapidement car les artistes africains rencontrent quasiment les mêmes problèmes que nous, avec mon groupe, il y a 20 ans. En France, la plupart des labels qui ont refusés de se professionnaliser on presque tous disparus. Eux et leurs artistes ont fini dans des situations parfois dramatiques sur le plan financier, moral ou familial. Cela a parfois provoqué des suicides…C’est pour cela que KEYZIT a, selon moi, un rôle important à jouer. C’est du business mais pas seulement, nous avons aussi une responsabilité importante envers cette nouvelle génération d’artistes. « Il faut bien s’entourer, ne pas hésiter à faire appel à des professionnels qualifiés (managers, avocats, comptable…) pour éviter certains pièges. » Quel message/conseil souhaitez-vous adresser à ces jeunes talents ? Je leur dirai de se structurer, il faut prendre cela très au sérieux car c’est un business même si c’est avant tout une passion. Il faut bien s’entourer, ne pas hésiter à faire appel à des professionnels qualifiés (managers, avocats, comptable…) pour éviter certains pièges. Au Cameroun par exemple, j’ai récemment identifié et signalé une arnaque d’envergure sur les droits d’auteurs qui touche la quasi-totalité des artistes du pays. Les artistes ont tellement de problèmes au quotidien qu’ils négligent tout cela et certaines personnes mal intentionnées en profitent. Quelles sont d’ailleurs les critères de sélection de KEYZIT ? Une originalité artistique dans un premier temps. Un artiste se doit d’être différent à défaut d’être unique. Ensuite il faut être motivé, déterminé et prêt à se retrousser les manches car la route vers le succès demande beaucoup de travail et de sacrifices. On parle de carrière et ça s’étend sur plusieurs années. Je ne peux pas m’entendre avec un artiste qui ne pense qu’à court terme. Les œuvres d’un artiste continuent d’exister après sa mort. C’est pourquoi il faut porter une attention particulière à l’aspect protection et gestion des droits afin que les héritiers continuent de toucher l’argent qui en découle. Un autre point important est celui de l’entourage de l’artiste. Si je sens que l’artiste est mal entouré et/ou mal conseillé cela peut fortement me freiner. KEYZIT est depuis plusieurs années présent en Afrique. Comment trouvez-vous l’environnement musical africain ? Nous sommes présents en Afrique depuis 2011 mais notre premier bureau a ouvert officiellement seulement en 2014 au Mali. En 6 ans sur le continent je trouve que nous avons bien avancé. Je trouve le marché très dynamique malgré tous les problèmes évoqués. Dans quelques années l’Afrique sera une place très importante sur l’échiquier mondial. Il y a d’excellents artistes dans chaque pays. « Dans quelques années l’Afrique sera une place très importante sur l’échiquier mondial. Il y a d’excellents artistes dans chaque pays. » Quelles sont vos préconisations pour une meilleure promotion des artistes africains ? Biramawa Magazine-Page 35
Il va falloir créer un réseau de communication panafricain, c’est un peu ce que nous sommes en train de mettre en place en ouvrant des bureaux dans plusieurs pays. Pour aller dans ce sens nous sommes en train de créer une agence de communication internationale qui s’appuiera sur nos différents bureaux dans le monde. Par ailleurs il faudra réfléchir à un statut spécial qui puisse faciliter le travail et aussi la circulation des artistes et professionnels de la musique sur le continent. C’est encore trop compliqué aujourd’hui pour un artiste Gabonais, par exemple de se produire au Mali ou inversement. Pour changer de registre au-delà de KEYZIT, quelles sont les causes qui vous tiennent à cœur ? Je suis sensible à tout ce qui touche les enfants de près ou de loin. En Afrique, il y a encore beaucoup trop d’enfants dans les rues, d’orphelins livrés à eux-mêmes. Nous sommes déjà très actifs sur ce sujet, notamment au Togo, au Bénin et au Mali mais pour aller plus loin, nous prévoyons de créer des orphelinats entièrement financés par KEYZIT. Il ne faut pas forcément attendre après les gouvernements ou les associations déjà existantes. J’estime que si le travail était déjà fait nous ne connaitrions pas cette situation. Je suis moi-même père de famille et à chaque fois que je vois un enfant dans la rue j’ai l’impression de voir un des miens et ça fait mal. On se doit d’agir. « Je conseille souvent aux gens de trouver ce qu’ils aiment dans la vie et d’en faire leur métier. » Quels sont vos hobbies ? Je ne sais pas vraiment quoi répondre à Page 36-Biramawa Magazine cette question. Mon hobby est devenu mon boulot donc je n’ai pas vraiment l’impression de travailler même si je suis conscient que je travaille énormément. Mon travail me permet de voyager, de lire, faire du sport, rencontrer des gens formidables, apprendre tous les jours. C’est pour cela que je conseille souvent aux gens de trouver ce qu’ils aiment dans la vie et d’en faire leur métier. Il y a des opportunités de business partout, il suffit de bien observer. Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin ? Merci pour cette interview, longue vie à Biramawa !
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ENVIRONNEMENT Mariane SECK Docteur en Droit de l'Environnement et de la Santé
Une maladie mystérieuse atteint les pécheurs sénégalais… Ce n’est ni la première fois et ce ne sera pas la dernière fois … réveillons nous !!!! L a zone économique exclusive, de 200 milles marins et son plateau continental, a une superficie de 23 800 km2 qui regorge de beaucoup de ressources halieutiques. Le Sénégal dispose d’une Zone Économique Exclusive qui s’étend sur 700 km de côte sur toute sa façade occidentale sujette à des tensions de toutes natures dues à plusieurs facteurs. La ZEE est d’une très grande richesse par la présence d’un upwelling côtier, de l’apport terrigène des cours d’eau et des conditions climatiques favorables (température et insolation) qui expliquent la très importante biodiversité. Ainsi, l’essentiel des activités de pêche s’effectue dans la zone dite côtière et marine du plateau continental. La pêche, dans cet écosystème, génère quelques 500 millions d´euros chaque année, ce qui en fait aujourd'hui une source unique de devises dans la région et une source essentielle de revenus pour le développement économique et social. De même que plus de 600.000 hommes et femmes dépendent directement de la pêche et des industries connexes. Une coïncidence troublante quand la migration clandestine connaissait, ces dernières semaines, une recrudescence inquiétante avec plus de 400 morts (soit plus que le bilan total du nombre de naufragés de l’année 2019 et des morts de la COVID19). Le nombre de départs depuis les côtes ouest-africaines a sensiblement augmenté d’après l’Organisation Internationale pour les Migrations. Pour le seul mois de septembre 2020, 14 bateaux transportant 663 personnes ont quitté le Sénégal pour rejoindre les Canaries, toutefois près d’un quart de ces embarcations ont connu des avaries ou des naufrages selon l’Organisation internationale pour les migrations. Une maladie troublante aux origines allergéniques !!! Bien qu’à l’état actuel, la thèse de la contamination virologique ou bactériologique est écartée après analyse des échantillons, la piste toxique engendrant une réaction allergogène est privilégiée. Sur les quatre échantillons d’eau de mer prélevés, il y’a la présence de l’acide phtalique (fabrication de produits organiques et de colorants), du soufre (colorants, engrais, caoutchouc, solvants, ou pâte à papier), de l’acide benzène dicarboxylique (interdit en Europe depuis le 4 juillet 2020, utilisé principalement comme agent plastifiant pour le PVC) et de l’acide hexadécanoïque (acide palmique entre dans la composition des margarines, des savons durs, du napalm. Il peut être utilisé comme plastifiant des liens huileux polymérisés dans la peinture). Or, dans le cas d’une contamination toxique, trois Biramawa Magazine-Page 39
scénarios sont à prendre en considération. En premier lieu, elle peut être une contamination d’origine nationale due au déversement de produits toxico-chimiques par l’industrie locale ou les effluves des canaux de déversement domestiques. Ensuite, la contamination extérieure peut être due au déballage des bateaux en transit, ou une source criminelle d’autre part. Et en dernier lieu, la contamination peut être d’origine naturelle, à travers la réaction marine de la pollution qu’elle a absorbée depuis des lustres ou pire un phénomène issu des profondeurs des océans à déterminer. Dans tous ces trois cas de figure, il nous faudra craindre le pire à l’avenir si nous ne prenons pas les mesures nécessaires pour éradiquer les prochains épisodes des plus sombres à venir. La largeur de la bande d’infection incriminée est d’environ de 2 km sur l’axe Nord-Sud. Les pirogues sénégalaises font des marées depuis Dakar jusqu'en Guinée (800 km) où elles côtoient les pirogues locales qui font des sorties quotidiennes jusqu’à 50 km. Mais les lieux de pêche artisanale de bas éloignement journalier principalement se situent entre 400 m à 2 km des côtes, princiPage 40-Biramawa Magazine palement là où les pêcheurs ont reporté la présence du liquide incriminé. La pêche industrielle ne pouvait que s’en aller mieux. Les poissons ne sont pas contaminés à ce jour à l’issue des analyses effectuées. Mais la pêche artisanale en est plus qu’impactée. La répétition du passé : -Thiaroye La pollution environnementale est un fléau pernicieux de par ses conséquences sur les court et long termes. Le cas de l’extraction informelle du plomb par les populations, constitue un événement marquant qui nous interpelle tous et engage notre responsabilité propre afin de ne plus le répercuter. Suite à une série de décès inexpliqués survenus entre novembre 2007 et février 2008 chez des enfants du quartier de NGagne Diaw à Thiaroye sur Mer, les enquêtes effectuées par les autorités sanitaires et environnementales ont révélé une contamination de la zone consécutive au recyclage informel de batteries au plomb. De plus, certains des frères et sœurs ainsi que certaines des mères des enfants décédés présentaient une très forte plombémie (taux de plomb dans le sang), supérieure bien souvent à 1000 μg/l. Suite à ces constatations, en mars 2008, le Ministère sénégalais de l’Environnement a retiré 300 tonnes de déchets provenant de batteries usagées et de sol contaminé et a recouvert la zone de sable propre. L’enquête environnementale a révélé que tout le quartier de NGagne Diaw était fortement contaminé par le plomb à la suite d’activités de recyclage informel et d’extraction du plomb. « Des concentrations de plomb pouvant aller jusqu’à 30 % ont été mesurées à l’extérieur tandis que des concentrations pouvant aller jusqu’à 1,4 % ont été mesurées à l’intérieur des habitations. Ces concentrations dépassent largement les valeurs des directives françaises concernant les quartiers d’habitation, soit 0,04 %. A l’heure actuelle, la contamination de l’environnement semble être limitée à ce quartier, d’une superficie d’environ 350 mètres sur 200 » -Explosion d’une citerne d’Ammoniac : On peut se rappeler de l’explosion d’une citerne d’ammoniac à la SONACOS de Bel Air (Dakar), avec un bilan de 30 morts et une centaine de blessés. L’accident du 24 mars 1992 restera à jamais gravé dans les mémoires de ceux qui l’ont vécu. Les victimes du nuage toxique se chiffrent par dizaine (129 morts), les rescapés vivant avec un handicap respiratoire dépassent le millier (1150 blessés). Les
miraculés racontent le film d’horreur dont ils étaient les spectateurs malgré eux. Qu’avons-nous tiré comme leçon de cette mauvaise expérience? Nous n’étions pas préparés pour résumer le film d’horreur. Il y avait une impréparation manifeste aussi bien au niveau des autorités que du système médical et des populations. -le Probo Kouala le 2 juillet 2006, il se trouvait à Amsterdam où il était censé décharger sa cargaison. Mais en raison du prix élevé demandé pour le traitement des déchets qu’il transportait, après un détour par l’Estonie, le navire fit route vers le sud, à la recherche de sous-traitants moins scrupuleux! Août 2006, la ville d’Abidjan fût au cœur d’un scandale environnemental et sanitaire très grave. Le tanker (Probo Koala), appartenant à une société grecque, battant pavillon panaméen, affrété par une société de droit néerlandais, créée par deux français, opérant depuis Londres (avec à son bord un équipage russe!), y déversait en toute illégalité 500 tonnes de boues, mélange de soude caustique, de résidus pétroliers et d’eau. Ces déchets furent déposés à ciel ouvert dans plusieurs endroits de la ville dégageant des gaz mortels faisant à ce jour 17 victimes et des dizaines de milliers d’intoxiqués. La nécessité d’être techniquement indépendant et autonome pour être efficient L’institut Pasteur de Dakar (Bactériologie et virologie) dépendant de la Direction Internationale des instituts pasteurs basée en France est en charge de l’animation des 35 instituts pasteurs dans 25 pays du monde avec comme seul but de renforcer sa présence et la défense de ses intérêts non lucratifs. Le centre régional de recherches en écotoxicologie et sécurité environnementale (CERES en toxicologie) est dépendant de la fondation Locustox, qui est pourvoyeur de conseils et prestations sur les aspects scientifiques et techniques de maîtrise et de la gestion des impacts négatifs des produits chimiques et biologiques. Plusieurs Conventions internationales pour légiférer Les « menaces environnementales » issues de n’importe quelle source, constituent un risque En ce qui concerne les Déchets toxiques, les lois, règlements et mesures, ainsi que les règles et les normes et les pratiques et procédures recommandées, visés aux paragraphes 1, 2 et 4 de Biramawa Magazine-Page 41 majeur pour la santé de l’Homme (apparition et/ou recrudescence de pathologies diverses: maladies cancéreuses, maladies infectieuses, malformations congénitales, pathologies cardio-vasculaires et respiratoires, diminution de la qualité de vie et du bien-être, etc.). Les sources de pollution les plus importantes sont : - Le Port de Dakar avec le quai d’hydrocarbures; - Le transport des hydrocarbures par navire naviguant près des côtes et dans les fleuves; - le transit au large de nos côtes de pétroliers géants (90 millions de tonnes environ par an) et autres navires de transport de produits dangereux en plus des quantités importées par la SAR; - Les quantités indéterminées de produits de ballast rejetés au large sont ramenés à nos côtés par les courants; - Les huiles mortes déversées par les chalutiers de pêche, les rejets des industries côtières sénégalaises...
la Convention de Montego Bay du 10 December 1982, comprennent des mesures tendant à limiter autant que possible l'évacuation dans le milieu marin de substances toxiques, nuisibles ou nocives, en particulier de substances non dégradables. Le canal 4 et la baie de Hann, Cambérène sont des exemples patents du non respect d’une convention que l’on a ratifié. La Convention du droit de la mer: Article premier de la convention de Montego Bay de Décembre 1982: On entend par pollution du milieu marin" l'introduction directe ou indirecte par l'homme, de substances ou d'énergie dans le milieu marin, y compris les estuaires, lorsqu'elle a ou peut avoir des effets nuisibles tels que dommages aux ressources biologiques et à la faune et la flore marines, risques pour la santé de l'homme, entrave aux activités maritimes, y compris la pêche et les autres utilisations légitimes de la mer, altération de la qualité de l'eau de mer du point de vue de son utilisation et dégradation des valeurs d'agrément. À la suite de plusieurs scandales en 1988, une série d’accords internationaux ont été signés, censés réPage 42-Biramawa Magazine Le code International Maritime Dangerous Good (IMDG code International de Transport maritime de Matières dangereuses) a pour objet de renforcer la sécurité du transport des marchandises dangereuses tout en favorisant la circulation libre et sans entrave. Le code IMDG est complété par un recueil des recommandations, révisées dans l’édition de 2007, relatives à la sécurité du transport des cargaisons dangereuses et des activités apglementer voire interdire les transferts de déchets toxiques vers les pays du Sud. Créée en 1989 sous l’égide des Nations unis (et rentrée en vigueur en 1992), la Convention de Bâle fut le premier instrument juridique international contraignant en matière de contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination. parentées dans les zones portuaires. Deux conventions sont la base de toute la réglementation concernant les marchandises dangereuses transportées par mer: la Convention SOLAS et la Convention MARPOL. La Convention internationale de 1974, en remplacement de celle de 1960, pour la sauvegarde de la vie humaine en mer (SOLAS : Safety Of Life At Sea) et son protocole de 1978, traite des règles de transport des matières dangereuses gazeux, liquides et solides, de la construction et de l’équipement des navires de transport de ces matières pour ce qui concerne les mesures de prévention, de protection et d’intervention en cas d’accidents, d’incendies ou de pollution. La Convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires (MARPOL) de 1973 et son protocole de 1978, couvre tous les aspects de pollutions susceptibles d’être causées par des navires et en définit les moyens à mettre en œuvre pour les prévenir et les réduire. La convention SOLAS définit les normes de sûreté essentielles pour tous les navires à passagers et les navires de charge, y compris ceux qui transportent des matières dangereuses en vrac. La convention internationale de 1973 pour
la prévention de la pollution des eaux de la mer par les hydrocarbures vise la prévention de la pollution par les hydrocarbures, les substances liquides nocives en vrac, les substances nuisibles transportées par mer en colis (y compris conteneurs, citernes mobiles et véhicules routiers ou ferroviaires). En Afrique, il y’a la Convention d’Abidjan qui est un texte juridique composé de 31 articles. Elle constitue le cadre juridique pour toute action nationale et/ou régionale menée en coopération tendant à la protection et au développement du milieu marin et des zones côtières de la région. La mafia des déchets toxiques, il ne faut pas penser que c’est de l’histoire ancienne, vu que 17 milliards d’euros constitue le bénéfice dégagé en 2015 par le trafic de déchets à travers le monde. Dans la plupart des pays développés, l’élimination légale des déchets toxiques est à la fois lourde, au cours des années 1970-1980, longue et coûteuse de 400 euros la tonne à plusieurs milliers d'euros pour les plus toxiques. Elle est généralement très réglementée et bien supervisée, et constitue une cible évidente pour les pratiques commerciales peu scrupuleuses. Les trafiquants, pour qui c’est une entreprise idéale à faible risque et à profit élevé, amassent de véritables fortunes en les fourguant en Afrique, en se soustrayant aux obligations de dépollution et de recyclage. Le développement de divers trafics à destination de l’Afrique fut perçu comme une aubaine pour l’industrie chimique des pays du Nord (Allemagne, Italie, France, Suisse, etc.) qui a ainsi trouvé le moyen de réduire les coûts d’élimination de ses résidus toxiques au détriment de la santé des habitants du Sud. Ce commerce, malgré l’énorme logistique qu’il nécessite, a bénéficié de l’ouverture incontrôlée des frontières et du soutien de mafias payant parfois leur « droit à décharger » avec des cargaisons d’armes, quitte à subventionner des guerres civiles comme en Somalie. De l’autre côté de la Méditerranée, ce scandale a été facilité par le besoin urgent de devises étrangères de la part de gouvernements déjà étranglés par le mécanisme de la dette et, de surcroît, souvent dirigés par des régimes autocratiques et corrompus. Déficit de moyens dans les forces de défense de Sécurité et de Sûreté La patrouille maritime aérienne ou la surveillance de nos ressources halieutiques ne devrait être en aucun cas confiée à la France, mais à l’Armée de l’air sénégalaise exclusivement. Il faut des avions de chasse et des hélicoptères pour assurer la police du ciel et de la mer. Des vedettes côtières rapides, des hélicos embarqués sur des bâtiments de la marine nationale sénégalaise devront composer une partie du corollaire marin. En même temps, la police du port doit être mieux équipée. L’ineffectivité vient d’abord d’un manque de moyens: sur 1 100 cargaisons contrôlées en 2006 dans le cadre d’une enquête européenne, 50 % étaient illégales, imaginons un peu en Afrique et au Sénégal particulièrement. Un renforcement des inspections s’impose ainsi qu’une meilleure collaboration entre les services de la police aérienne et renforcer la marine nationale en liaison avec l’HAASMAR (Haute autorité chargée de la coordination de la sécurité maritime, de la sûreté maritime et de la protection de l’environnement marin). Le Sénégal a toujours eu une volonté d’avoir la maîtrise de ses ressources halieutiques à travers l’escadron Biramawa Magazine-Page 43
de patrouille maritime de l’Armée de l’Air (Twin Otter, BN2T, Casa 212, casa 235 maritim patrol) et des 29 bâtiments de la marine nationale (Vedette Côtière Rapide, Bâtiments de Surveillance Côtière, (Patrouille Haute Mer (et les futures acquisitions telles que l‘Offshore Patrol Vessel 58 S de l’entreprise Piriou)) pour le pistage et le suivi de tous les bateaux s’infiltrant dans nos eaux territoriales. Au port, il faut installer un laboratoire d’analyse last cri en vue d’instaurer une autonomie nationale non dépendante de la trentaine de privés comme l’Institut pasteur, Lab 24, Institut de Recherche en Santé, de Surveillance Epidémiologique et de Formation (IRESSEF) du Pr Mboup ou autres, …. L’objectif principal est de s’autodéterminer de la création ou de la suppression des unités de recherches et de leur orientation face à nos besoins non suivant celle d’un pays tiers. L’exploitation des hydrocarbures, une menace réelle à prévoir et à voir venir Dans les économies « traditionnelles » par exemple, aux problèmes environnementaux majeurs (eau potable, qualité et quantiPage 44-Biramawa Magazine té d’alimentation, hygiène de l’habitat, vecteurs de maladies) sont associées les maladies infectieuses et transmissibles, les carences nutritionnelles et la mortalité néo et périnatale. Avec l’industrialisation, surtout à travers l’exploitation du pétrole et du gaz, la rationalisation de la production de masse, y compris dans le secteur agricole, et l’urbanisation, de nouvelles menaces apparaissent en raison d’émissions croissantes de substances toxiques susceptibles de s’accumuler dans l’eau, l’air, les sols et les aliments. Il nous faudra être plus que vigilant si nous ne voulons pas acter notre perdition. Le Sénégal ne peut pas se permettre une nouvelle épidémie après la Covid 19, nos priorités de base risqueront d’en pâtir. La pêche, le tourisme côtier, l’exploitation des hydrocarbures et l’exploitation éolienne en offshore sont et demeureront d’importantes activités économiques. Afin de trouver des solutions communes aux multiples problèmes écologiques dus à la dégradation du milieu marin et des zones côtières, il nous faudra être proactif. Cherchons à prévenir les catastrophes au maximum plutôt que de nous focaliser sur les conséquences.L’intangibilité et l’inabrogabilité du droit de l’environnement doit être une nécessité plutôt qu’un vœu pieux. Le droit de l’environnement doit rentrer dans la catégorie des règles juridiques non abrogeables et intangibles au nom de l’intérêt commun de l’humanité. Plusieurs menaces risquent de faire reculer le droit de l’environnement, la volonté démagogique de simplifier le droit pousse à déréguler, voire à délégiférer en matière d’environnement compte tenu du nombre croissant de normes juridiques environnementales au plan international comme au plan national. L’existence d’un cadre juridique contraignant permet de promouvoir des normes cohérentes pour la conception et l’exécution des actions nécessaires à la Réduction des Risques de Catastrophes (RRC) notamment, l’adoption de nouvelles législations, des instruments de planification, ou la révision des textes juridiques existants qui s’avèrent obsolètes ou non appropriés et peu ou pas contraignants par rapport aux nouvelles exigences de la RRC (Structure de la Direction de Protection Civile et de la Commission Supérieure de la Protection Civile, …).
Mariane Seck LE DROIT DE L’ENVIRONNEMENT : DE L’INITIATION AU MÛRISSEMENT Contribution d’une juriste sénégalaise Préface du professeur Babacar Gu e y e LE DROIT DE L’ENVIRONNEMENT : DE L’INITIATION AU MÛRISSEMENT Mariane Seck
Droit du Travail et de la Sécurité Sociale Nafissatou NDAO RESPONSABLE RESSOURCES HUMAINES COMMENT RENDRE SA CANDIDATURE A UN EMPLOI EFFICIENTE ? Page 46-Biramawa Magazine
ous ne nous tiendrez certainement pas rigueur de nous écarter cette foisci un peu de notre rubrique pour nous intéresser à la question de l’emploi, ou disons à la problématique de l’employabilité. Dans un monde parfait, on ne se serait sans doute pas permis cet écart. Hélas, nous en sommes loin ! Voyez-vous, dans un monde parfait, on ne parlerait même pas de chômage, aucun jeune en âge de travailler ne se retrouverait en inaction et mieux, un diplôme ne serait jamais assimilé à une feuille de journal comme dans la récente métaphore d’un de nos chers rappeurs. Mais nous en sommes là ! Si bien que tous appellent au changement et chacun y allant de sa propre méthode. Tout le monde se sent harassé par le manque d’emploi car même celui qui en a un, a forcément un frère, une sœur, un ami ou autre proche qui en cherche désespérément. Ceux qui ne perçoivent l’objet de leur espoir qu’au bout du risque, optent pour la solution radicale, ceux qui se sentent lassés s’enlisent alors dans la passivité. Mais le changement ne devrait pas intervenir par la réponse de chacun à son désespoir car le risque est grand qu’ainsi il prenne un revêtement qu’on n’aurait pas souhaité. Il est nécessaire que cet état de fait change, mais par des mesures réfléchies et efficaces, d’ordre étatique certes, mais également et surtout individuel. J’ai à plusieurs reprises entendu ou lu des jeunes s’exaspérer de ne recevoir de retours positifs à leurs demandes d’emploi malgré le nombre croissant de ces dernières. Si nombreux l’expliquent par les exigences restrictives liées à l’expérience, un autre fait l’explique dans bien des cas et il s’agit de la mauvaise candidature. La candidature à un emploi peut paraitre un V acte simple mais la vérité est qu’elle ne l’est pas. C’est la phase qui nécessite le plus de sérieux et d’application car celle à partir de laquelle on se démarque ou non du lot. Lorsqu’on la rate, il y’a mille et une chances que l’on rate le reste. Lorsqu’on soumissionne à une offre d’emploi bien déterminée ou même qu’on le fasse de façon spontanée, il faut certes garder à l’esprit son objectif principal qui est de décrocher l’emploi mais celui-ci doit être précédé de ces deux autres, qui lorsqu’ils sont atteints, vous facilitent l’accès au principal : il s’agit de capter l’attention du recruteur, de lui laisser une bonne impression. Pour ce faire, voici quelques conseils simples à appliquer lors d’une candidature à un emploi : Faire avant tout un bilan honnête de ses candidatures passées : il s’agit là de se demander, surtout lorsque notre candidature se solde à chaque fois d’échecs, « Pourquoi pas nous ? » et de tenter de trouver des réponses objectives à cette question. Il faut nécessairement partir d’une intention de se remettre en cause et cela même si une part de nous est convaincue que nous avons été irréprochables. Une telle attitude ne peut que nous être bénéfique. Si ça peine tant à marcher, c’est qu’il y’a forcément un blocage quelque part et sachant qu’on n’est pas suffisamment puissant pour intervenir sur les blocages émanant des recruteurs, autant travailler sur soi et se parfaire tant que possible. A l’issue, on devrait arriver à trouver Les points nécessitant amélioration et agir dessus. Soigner la présentation de son CV : En fonction de votre profil de senior ou junior, de ce que vous désirez mettre en avant, vos compétences ou vos expériences, vous avez le choix quant à la présentation Biramawa Magazine-Page 47
du CV. Elle peut se faire sous forme fonctionnelle, qui met l’accent sur les compétences ; sous forme chronologique, qui expose les différentes expériences de la plus récente à la plus ancienne ; ou sous forme chrono-fonctionnelle, qui est on va dire comme un alliage des deux premières. Mais peu importe le choix que vous faites suivant vos raisons, trois critères doivent définir votre CV : simplicité, clarté, attractivité. La simplicité doit ressortir des mots mais aussi de toute la présentation du CV. La clarté quant à elle s’observe dans l’agencement que vous faites de vos parcours, plus c’est facile à lire et cerner, mieux c’est. L’attractivité quant à elle, vient du contenu. Il faut savoir faire figurer sur le CV les informations pertinentes sur vos parcours et qui correspondent le plus au profil recherché par le recruteur de l’offre que vous avez ciblé. C’est pourquoi il est nécessaire à chaque fois que vous répondez à une offre d’emploi d’effectuer des retouches sur votre CV afin d’assurer une certaine harmonie entre votre profil et les prérequis pour le poste en question. Il est inutile de s’attarder sur la taille du CV que certains ne croient intéressant que lorsqu’il est long. Il n’est pas dit qu’avec un CV long vous êtes plus apte à convaincre, non. Le risque à vouloir le rendre trop long d’ailleurs c’est de se retrouver avec un CV très lourd qui pourrait susciter la paresse du recruteur qui, faut le rappeler, se retrouve avec une multitude de dossiers à examiner. Il est donc à retenir que la qualité d’un CV ne dépend guère de sa taille, celle de son propriétaire non plus. Bien adapter sa lettre de motivation à l’emploi : nombreux sont les demandeurs d’emploi qui ont une sorte de lettre type, passe-partout. Certains vont même jusqu’à omettre d’y mettre à jour la date ou le destinataire. Or, à chaque candidature, la lettre Page 48-Biramawa Magazine de motivation doit être à l’image du poste ciblé, en être complètement adaptée. Sa bonne élaboration est importante car c’est le document qui s’associe et forme avec le CV le dossier par lequel vous vous vendez. Et il ne faut pas perdre de vue qu’à l’entame du processus de recrutement, le recruteur ne vous connaît pas, qu’il se retrouve devant une pile de dossiers, avec un esprit très sélectif et tente de faire les meilleurs choix. A ce stade, seul le dossier transmis plaide en votre faveur, raison pour laquelle il n’est pas à négliger. La meilleure démarche à suivre pour rédiger une bonne lettre de motivation est de lire attentivement la fiche d’annonce de l’emploi en question et de façonner sa lettre en fonction des missions à confier et des compétences requises. Il ne s’agit pas de mentir pour s’adapter coûte que coûte mais plutôt de faire le tri dans ses capacités afin d’en ressortir celles qui s’approchent le plus des besoins du recruteur et formuler sa présentation autour de ces données. De même pour les raisons qui vous motivent. Il est impératif de les adapter au poste à pourvoir. Par exemple, pour un poste de chargé de paie et un autre de chargé de formation, vous ne pouvez pas avoir les mêmes motivations, bien que les deux appartiennent à la grande famille des ressources humaines. Par ailleurs, il est important que votre lettre soit bien adressée. Lorsque vous avez l’identité de la personne contact, alors mettez-la en destinataire et dans le corps de votre lettre veillez à ne pas vous tromper de civilité. Cependant lorsque vous n’êtes pas sûr de l’identité du chargé du recrutement ou de son sexe, il est plus sûr d’adresser votre lettre à l’entreprise ou à son service de recrutement en mentionnant comme civilité « Mesdames, Messieurs, ». Tous ces points pourraient être pris comme
d’insignifiants détails mais ont toute leur importance aux yeux de celui qui recrute et nécessitent de ce fait une grande application si vous désirez augmenter vos chances de vous faire remarquer. Être attentif et faire preuve de politesse lors du dépôt : en fonction des entreprises, le dépôt peut se faire via une plate-forme de candidature en ligne ou par courriel. Lorsque c’est en ligne, c’est plus simple car il s’agira de rester attentif aux différentes questions ou interpellations. Par contre lorsque le dépôt se fait par courriel, il n’y a rien de plus impoli que de balancer son dossier dans la messagerie du recruteur sans message d’accompagnement ou avec juste un petit « bonne réception ». Beaucoup ne prennent pas le temps de composer un message clair et poli ou même de respecter l’intitulé exigé pour l’objet lorsque c’est le cas. Une telle démarche traduit un manque de sérieux et de minutie et donne ainsi au recruteur une très mauvaise image de vous. S’il n’est pas indulgent, votre dossier peut directement se voir écarter. Il faut donc prendre le temps d’accompagner votre dossier d’un message poli, préparé avec soin et ainsi démontrer à la personne à qui vous vous adressez que vous êtes un candidat sérieux. Se montrer disponible et ponctuel : suite au dépôt de votre candidature, évitez d’éteindre votre téléphone par exemple ou d’omettre de vérifier votre messagerie. Vous pourrez rater l’opportunité de vous faire convoquer en entretien. Et lorsque la chance vous sourit, que vous vous faites convoquer, la ponctualité doit être de rigueur. Si par contre un imprévu vous retarde ou vous oblige à ne pas vous présenter, il serait plus poli de prévenir immédiatement pour vous faire décaler le rendez-vous sans oublier de vous excuser, de cette façon vous ne risquerez pas de vous faire écarter. Soigner sa présentation et sa tenue en entretien : il s’agit de se montrer correct lors de l’entretien car en plus de l’échange que vous aurez, ce sera l’occasion pour le recruteur de vous observer pour se faire une idée d’ensemble. Chaque détail peut compter pour lui, allant de votre style vestimentaire à votre façon de communiquer ; d’où la nécessité d’adopter une bonne tenue et de se montrer sans artifices tout au long de la rencontre. Se donner de la valeur lors des échanges sans mentir ni se montrer prétentieux : pour commencer, évitez tant que possible de vous montrer intimidé ou désespéré. Peu importe à quel point vous désirez le poste, gardez vos esprits et dites-vous que vous pourriez être la perle rare dont a besoin le recruteur et maintenez-vous temps que vous le pouvez dans la peau de cette dernière. Vous ne gagnerez rien à vous dévaloriser devant lui. Le meilleur candidat en entretien est celui qui sait le mieux faire preuve d’assurance. Trouver le moyen de parler de ce qui fait votre valeur lorsque l’occasion ne vous en est pas donnée mais sans valser dans des tendances mythomanes. Répondre avec subtilité aux questions du recruteur : certaines questions posées par les recruteurs renferment des pièges et leur principal objet est de déceler à travers vos réponses des vérités cachées qui pourraient être décisives. Pour mettre les chances de votre côté, il est important qu’à votre tour vous sachiez lire les non-dits dans les questions et formuler vos réponses de façon à ne pas vous pénaliser. Quelques questions de ce genre reviennent souvent. Biramawa Magazine-Page 49
Vos motivations ? Quand un recruteur vous questionne là-dessus, il sait déjà que tout candidat à un emploi nourrie des intérêts personnels, c’est même tout naturel. Cependant il veut voir, au-delà de vos intérêts personnels, si ceux de l’entreprise ont également ne serait-ce qu’un peu d’importance pour vous. Ainsi dans la tournure de vos réponses, n’oubliez jamais de mentionner ce que vous pourriez apporter à l’entreprise. Vos objectifs professionnels ? Ce qui est recherché à travers cette question, au-delà de vos ambitions, c’est de voir si l’entreprise peut se permettre de se projeter avec vous et si vous seriez du genre à rester sur du long terme ou plutôt le genre baladeur. Il vaut mieux être sincère dans sa réponse. Mais si vous aspirez réellement à cheminer avec l’entreprise de façon durable, ne vous éparpillez pas, restez sur des objectifs proches de ce que vous visez avec elle. Vos défauts ? Cette question n’est pas vraiment un piège. Quand elle vous est posée, elle l’est clairement et l’objet est de déceler ce qui dans votre comportement pourrait être dérangeant dans le cadre du travail à confier. Tout le monde en a des défauts. Ce qui peut être dangereux ou disons qui pourrait vous être moins favorable dans votre réponse serait de cité votre défaut et point. Là, vous laisserez le recruteur se faire sa propre interprétation. Par contre vous serez plus prudent d’y aller de la façon suivante par exemple : « il peut m’arriver de manquer d’autonomie, parce que…(explication), mais, si… (atténuation), je n’aurais alors pas de mal à en faire preuve » ou bien « il m’arrive de manquer d’autonomie, mais depuis que j’en ai fait le constat (ou qu’on m’en a fait la remarque) je travaille dessus et espère en arriver à bout ». Dit de cette façon ou Page 50-Biramawa Magazine qui en soit proche, vous rassurez alors le recruteur et réduisez l’interprétation négative qu’il en aurait fait si vous vous en étiez limité à « je manque d’autonomie ». En résumé, lorsque vous décidez de déposer votre candidature pour un emploi, vous devez y consacrer du temps du début à la fin, avoir un souci accru du détail de sorte à ne rien minimiser, faire preuve de subtilité tout au long du processus tout en restant honnête avec vous-même et votre interlocuteur. Par ailleurs, les candidatures spontanées peuvent aussi être fructueuses, si vous vous y consacrez avec le même sérieux que pour celle suite à une offre. Dans le cadre de ce type de candidature privilégiez les cabinets de recrutement et sociétés d’intérim chez qui les besoins sont plus fréquents où il est donc plus facile de voir la chance vous sourire. Toutefois, lorsque vous adressez une candidature spontanée directement à une entreprise, évitez les demandes non spécifiques ou qui seraient multifonctionnelles car ainsi vous risquez de vous faire coller l’étiquette d’un chercheur sans réel objectif et cette indécision ne vous serait pas favorable en cas de tri pour une opportunité. Une chose s’avère également primordiale à l’heure actuelle pour les recherches d’opportunités, c’est se créer un profil sur au moins, un réseau social professionnel. LinkedIn marche très bien. De l’interaction et du partage peuvent naître d’énormes opportunités. Pour terminer, allez au contact des autres, échangez, faites du réseautage car en discutant récemment avec un collègue, j’ai pris conscience que même dans une salle de jeux, on peut se faire des opportunités qui nous changent la vie.
Faire face au stress durant la flambée de maladie à coronavirus COVID-19 Il est naturel d’éprouver de la tristesse, du stress, de la confusion, de la peur ou de la colère lors d’une crise. Vous pouvez trouver du réconfort en parlant à des gens en qui vous avez confiance. Prenez contact avec vos amis et les membres de votre famille. Si vous devez rester chez vous, conservez un mode de vie sain, ce qui suppose entre autres un régime alimentaire adapté, du sommeil, de l’exercice et des contacts sociaux avec vos proches à la maison ou par courrier électronique ou téléphone avec le reste de votre famille et vos amis. Ne cherchez pas à canaliser vos émotions en fumant, en buvant de l’alcool ou en consommant d’autres produits stupéfiants. Si vous vous sentez dépassé par les événements, parlez-en à des professionnels de la santé ou à un conseiller. Soyez prêt, sachez où aller et comment solliciter de l’aide en cas de besoin si vous avez des problèmes physiques ou psychologiques. Informez-vous. Prenez les renseignements qui vous aideront à déterminer avec précision les risques que vous encourez de façon à prendre des précautions raisonnables. Cherchez une source d’information fiable, comme le site web de l’OMS ou un organisme local ou national de santé publique. Apaisez vos inquiétudes et calmez votre agitation en passant moins de temps, vous et vos proches, à regarder ou à écouter les reportages qui vous perturbent dans les médias. Tirez parti des compétences qui vous ont aidé par le passé à faire face à d’autres épreuves et employez-les pour vous aider à gérer vos émotions en cette période difficile que représente cette flambée. Biramawa Magazine-Page 51
LES DROITS HUMAINS AKK AK YELEFU DOMU ADAMA YI Khadim SENE Educateur Spécialisé au Ministère de la Justice
Réflexion autour de la culture de la paix pour l’instauration d’un developpement durable Si effectivement on y réfléchit bien, il n’y a rien de plus gratuit que la paix. On ne peut pas l’acheter, alors que l’on paie cher pour faire la guerre. Quand on est en paix avec son voisinage, son entourage ou même sa famille, pas besoin d’en faire des cent et des milles pour être serein et au calme. La paix ne nécessite rien d’autre qu’un petit effort de communication mais effort mutuel s’entend. On s’accordera pour dire que la paix n’est pas qu’un simple mot ; c’est un ensemble de bons comportements que l’on cultive. Toute recherche de paix et de stabilité a une dimension culturelle en ce que les mentalités et des pratiques autres que celles quotidiennement observées seront inéluctablement à adopter. Il convient de relever que les Nations Unies, les autorités locales, les élus et les représentants des ONG, sont chargés de faire comprendre et accepter le fait que : les valeurs culturelles sont certes à sauvegarder, mais s’il y en a, parmi elles, qui sont des vecteurs de violence, elles sont à bannir. La tradition n’a pas toujours raison car, ce n’est pas parce qu’on fait quelque chose depuis la nuit des temps que c’est à conserver et enfin que la conscience sociale consiste à se faire violence pour adhérer à une cause commune pour le bien-être de tous. Tout ceci peut être porté à l’attention des populations dans des actions de prévention. En effet, la prévention des conflits englobe tout moyen d’intercession ayant pour objectif de faire en sorte que les tensions et disputes ne soient pas suivies par des violences ou par le recours à la force armée. Elle peut aussi, avant l’entame de tout heurt, prendre la forme du renforcement des capacités des parties concernés par d’éventuelles violences, pour résoudre leurs différends de façon pacifique. Elle est enfin comprise comme étant toute action visant à réduire progressivement les tensions sous-jacentes. C’est sur cette partie que les actions doivent le plus être portées car la prévention peut permettre d’éviter des tragédies. Il appert que la paix nécessite un engagement sans relâche et un dialogue interculturel que les jeunes d’aujourd’hui se doivent de poursuivre. Car sans la paix et la sécurité, il ne peut y avoir de développement pour tous. La paix, un pilier fondamental pour l’accès au développement La paix et le développement ont des liens étroits mais ont également trait à l’état de droit de par l’instauration des institutions efficaces et responsables pour maintenir la paix, la réalisation de l’égalité des genres et de partenariats favorables à une croissance économique ouverte. L’instauration nécessaire d’institutions efficaces et responsables pour maintenir la paix Biramawa Magazine-Page 53
Les ODD reconnaissent l’importance d’institutions efficaces et responsables pour favoriser des sociétés pacifiques, justes et ouvertes. Les institutions judiciaires, avec un pouvoir judiciaire indépendant, jouent un rôle essentiel dans la promotion de la paix et du développement en garantissant un accès équitable aux services et aux ressources, en protégeant les droits des citoyens, en encourageant l’inclusion sociale et économique, et en réglant les litiges avant qu’ils ne dégénèrent en conflit. Pour instaurer des institutions fortes, il ne suffit pas simplement d’adapter les bonnes pratiques appliquées ailleurs et de fournir un savoir et une expertise. C’est une entreprise sur le long terme qui exige un investissement particulièrement soutenu, une priorisation de la substance à la forme et une mobilisation de la volonté politique afin de réaliser une réforme significative. L’instauration de l’égalité des genres pour la réalisation de la paix et la prospérité Lorsque les femmes réussissent, le monde entier en bénéficie, cependant, malgré de réels progrès, le chemin reste encore long avant de parvenir à l’égalité des genres. Les lois et les coutumes continuent de restreindre les droits et les libertés des femmes, d’imposer leur soumission à leurs proches masculins, et de limiter ce qu’elles peuvent posséder, hériter ou utiliser, et ferment les yeux lorsqu’elles sont victimes de violences. L’accès des femmes à des postes de responsabilités, leur voix et leur accès à la justice sont indispensables à l’avancée de l’égalité des genres et à la réalisation des objectifs mondiaux, tels que la bonne gouvernance et la croissance économique, l’instauration de la paix et la lutte contre le changement climatique. Page 54-Biramawa Magazine Le recours à des partenariats solides pour une croissance économique ouverte Les ODD ont pour objectif de ne laisser personne de côté grâce à l’éradication de la pauvreté, la promotion de la croissance et au soutien d’un développement intégré. Ils reconnaissent que des échanges commerciaux et des investissements durables bien gérés peuvent entraîner un réel changement, et qu’il est nécessaire de collaborer avec le secteur privé pour renforcer les économies faibles et sortir les gens de la pauvreté. Néanmoins, les pays qui peuvent le plus bénéficier des investissements sont souvent les pays les moins susceptibles d’y avoir accès en raison d’une situation sécuritaire fragile, de systèmes juridiques faibles et de ressources humaines insuffisantes pour gérer des flux financiers importants. Le renforcement du cadre juridique, la promotion d’un accès équitable aux perspectives économiques et la facilitation d’une résolution efficace des litiges peuvent constituer des vecteurs puissants du développement économique durable et intégré.
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Orchestre Guneyi « L’orchestre Guneyi est un groupe familial qui a vu le jour en 1997 à Saint-Louis du Sénégal. » Page 56-Biramawa Magazine DÉCOUVERTE
Votre rubrique Découverte de ce numéro 12 du magazine est consacrée à l’Orchestre Guneyi de Saint-Louis (Sénégal). Créé en 1997, l’orchestre compte en son sein 6 membres dont « 5 frères et un ami d’enfance ». Faisant de la « World Musique » l’orchestre a, à son actif, deux Albums et ambitionne d’en sortir un troisième en 2021. Dans cette interview accordée au magazine, ils sont revenus notamment sur la genèse et la composition du groupe, le bilan après 23 ans d’existence et les perspectives de l’orchestre. Pouvez-vous présenter l’orchestre Guneyi à nos lecteurs ? En guise de présentation, nous dirons que l’orchestre Guneyi est un groupe familial qui a vu le jour en 1997 à Saint-Louis du Sénégal là où nous sommes toujours basés. Le groupe est composé de 6 membres dont 5 frères et un ami d’enfance, le sixième frère. Et depuis nos débuts nous avons allié les études scolaires, la musique et le sport. Autour de Bayla, lead vocal, guitariste, auteur et compositeur, avec une Licence en Métiers des Arts et de la Culture de l’UFR CRAC (Civilisation, Religion, Art et Communication) de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis et de Pa Laye, lead vocal, auteur et compositeur, en troisième année de Doctorat en Sociologie, gravitent : • Jules, bassiste, Master 2 en en Ingénierie Développement Local, • Papis, claviste, Master en Sociologie • Théo, batteur, Licence Professionnelle de Gestion LPG à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. • Mbaye Teuw, percussionniste et ami d’enfance. Le management du groupe est géré par notre père Amadou M DIARA, instituteur à la retraite. Sur le plan musical, les membres du groupe ont été formés par Alé Mbaye, musicien polyvalent de dimension internationale, ancien claviste du "Djolof Band" de Viviane Chidid. Très vite entre 1997 et 2000 nous avions commencé à taquiner les scènes saint-louisiennes et de par notre jeune âge à l’époque tout le monde tombait sous le charme de notre groupe. Depuis lors nous avons continué les recherches musicales et nous avons aussi évolué à travers de nombreuses rencontres et collaborations avec de grands musiciens (Henry Guillabert, Habib Faye, Idrissa Diop, Carlou D, Dread Maxi, Mao Sidibé…) et des voyages aussi (Guyane française en 2002, Paris en 2004) pour des échanges musicaux. Maintenant des années sont passées et Guneyi a beaucoup grandi sur le plan musical et sur le plan de la notoriété de par leurs multiples réalisations (2 albums ‘’ Sa Yandé’’ 2002, ‘’Gueum-Gueum’’ 2012 et un maxi ‘’Avant-Goût’’ 2018). Mais depuis 2017, l’année où nous avions presque tous terminé nos études universitaires, on a commencé à être plus préBiramawa Magazine-Page 57
sent sur la scène à travers des concerts tous les samedis dans les bars et restaurants de la place. Et c’est sur cette lancée et régularité que nous sommes devenus actuellement le groupe saint-louisien avec le plus grand public. « Nous évoluons dans plusieurs styles (…) On peut dire que nous faisons de la world musique. » Dans quel genre musical lez-vous ? Nous évoluons dans plusieurs styles (rire). Nous avons reçu une formation en variété musicale. De ce fait nous arrivons à jouer un peu de tout. Mais pour être plus précis nous évoluons dans un style afro beat / afro pop mélangé avec des sonorités et rythmes sénégalais. Nous faisons ausPage 58-Biramawa Magazine excelsi parfois du reggae. On peut dire que nous faisons de la world musique. Pouvez-vous revenir sur la genèse de L’orchestre Guneyi ? Qu’est ce qui a motivé votre choix pour la musique ? Notre papa est un ami d’enfance de monsieur Henry Guillabert (claviste, compositeur et arrangeur) du groupe Xalam 2. C’est ce dernier qui a influencé notre frère Papis le claviste qui disait depuis tout petit à notre papa qu’il voulait faire du piano comme tonton Henry. Notre papa aussi étant un éducateur lui avait trouvé un professeur du nom d’Oumar Sadio pour des cours de solfège. Quelques temps après nous faisions la connaissance de Aly Mbaye, c’est lui qui a formé le groupe en orientant chacun vers un instrument disant que ce n’était pas intéressant que tout le monde apprenne le clavier. C’est là d’où est venu le déclic.
Il nous a initié et beaucoup appris sur les rudiments de bases théoriques et pratiques de chaque instrument mais aussi nous apprenait à reprendre des morceaux de Bob Marley, des standards de jazz, et des musiques françaises. C’est à partir de ce moment qu’on a commencé à faire de la scène. « La musique ne nous a pas empêché de suivre nos études scolaires normalement. Tous les membres de la famille ont eu des diplômes universitaires. » Cette année vous fêtez votre 23ème anniversaire. Quel Bilan tirez-vous de votre parcours ? Le bilan est assez positif parce qu’on a réalisé beaucoup de choses depuis nos débuts. Tout d’abord la musique ne nous a pas empêché de suivre nos études scolaires normalement. Tous les membres de la famille ont eu des diplômes universitaires. Ensuite depuis 2010, nous avons mis en place à Saint-Louis un studio d’enregistrement du nom de ‘’Diart-Diart Studio’’ qui nous permet de faire nos propres productions mais aussi et surtout qui a fait la production de beaucoup d’artistes de la ville du nord. A travers le studio nous avons permis à beaucoup de jeunes artistes sans moyens d’avoir un départ sur le marché artistique. Nous avons aussi déchargé beaucoup d’artistes saint-louisien qui allaient jusqu’à Dakar pour faire leurs enregistrements avec des coûts exorbitants juste pour la prise en charge de leur transport, hébergement et restauration. En somme notre studio participe au développement culturel de la ville. Enfin depuis l’obtention de nos diplômes d’étude, nous jouons tous les weekends dans les restaurants et bars de la place, ce qui participe à l’animation Biramawa Magazine-Page 59
culturelle de la ville. On a pu créer un engouement au tour de nos concerts. De ce fait maintenant les gens sortent pour voir les groupes saint-louisiens en live alors qu’avant les gens préféraient les boites de nuit. Ce qui permet aussi aux jeunes musiciens de la ville de croire en eux et de ne pas fuir vers la capitale. Toujours par rapport à notre bilan nous avons autoproduit notre second album ‘’Gueum-Gueum’’ sorti en 2012 et un maxi de 4 titres en 2018. Nous avons réalisé durant 2 années successives 2018 et 2019 des évènements au Théâtre National Daniel Sorano couronnés de très grand succès et qui est en train de devenir le rendez-vous des saint-louisiens de Dakar. Actuellement nous sommes le groupe avec le plus grand nombre de vente de tickets à l’institut français de Saint-Louis. Donc nous pouvons dire que le bilan est positif même s’il nous reste encore beaucoup de choses à accomplir. « D’abord finaliser et sortir le 3ème album en 2021. » Quelles sont les perspectives d’avenir de l’orchestre Guneyi ? D’abord finaliser et sortir le 3ème album en 2021. Ensuite développer les évènements mis en place par le groupe. Il y a l’AG (l’anniversaire du groupe), cet événement a fait le plus grand nombre d’entrées depuis la création de l’Institut Français de Saint-Louis. Aussi il y a le WSS (Wanél Sa Sagnessé) organisé après chaque Page 60-Biramawa Magazine Quel message souhaitez-vous adresser à vos fans vivant au Sénégal et à l’étranger ? De s’abonner aux comptes du groupe sur les réseaux sociaux, de partager notre musique et de nous faire découvrir au monde entier. Orchestre GUNEYI de Saint-Louis Villa N° 292 HLM Sor Saint-Louis Tél : +221 77 632 46 88 ou 77 719 79 19 Email : guneyi@hotmail.fr Votre mot de la fin ? La patience est au bout de l’effort. Donc soyons patients et continuons à travailler… lendemain Tabaski et Korité où les gens sont habillés en tenues traditionnelles. D’autres nouveaux concepts et initiatives sont en cours surtout pour ce mois de Décembre.
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DIPLOVAR N°8 DiploVar ou un regard aiguisé sur l’actualité internationale Politique, Sciences Politiques, Relations Internationales, Humanitaire, votre nouvelle rubrique incontournable vous offre plus que des informations, une analyse pertinente des interactions géopolitiques qui vous entourent. Quoi de mieux qu’un résumé des points essentiels de l’actualité internationale des 15 derniers jours, des faits historiques, des portraits de personnalités ayant marqué l’histoire des relations internationales pour mettre à jour vos connaissances et rendre vos débats chocs d’idées. Les points saillants, les immanquables de l’actualité internationale vous seront présentés de façon succincte de telle sorte que rien ne vous échappera. Pour ce huitième numéro, une consultation du tableau de la VAR Diplomatique nous annonce les informations suivantes : MARADONA : Diego Armando Maradona est mort d'un arrêt cardiaque, a annoncé son porte-parole mercredi 25 novembre, confirmant une information de Page 62-Biramawa Magazine la presse argentine. Le décès s'est produit « à 12 heures » (15 heures GMT). Les résultats préliminaires de l'autopsie indiquent que Maradona est mort « d'un œdème pulmonaire aigu secondaire et d'une insuffisance cardiaque chronique exacerbée. Cœur avec cardiomyopathie dilatée ».
Joueur starifié, incarnation de tous les excès, Diego Maradona avait ironiquement été contraint de célébrer presque seul son 60e anniversaire vendredi, confiné dans sa résidence au sud de Buenos Aires, cas contact d'une personne présentant des symptômes de Covid-19. Trois jours, comme la durée du deuil national décrété par la présidence d'un pays qui perd l'une de ses personnalités les plus adulées. Surnommé « El pibe de oro » (« le gamin en or »), le joueur passé par Boca Juniors, le FC Barce lone ou encore le SSC Napoli a marqué l'histoire du football de ses géniales arabesques. Son doublé inscrit face à l'Angleterre lors de la Coupe du monde 1986 est entré dans la légende de sport. Un premier but, inscrit de la main ; il parla après le match du rôle de « la main de Dieu » et un second au terme d'une folle chevauchée dans la défense anglaise, le « but du siècle ». BURKINA-FASO : Roch Marc Christian Kaboré a été réélu dès le premier tour avec 57,87 % des suffrages à la tête du Burkina Faso pour un second mandat, selon des résultats préliminaires communiqués jeudi 26 novembre par la Commission électorale. Les résultats doivent encore être validés par le Conseil constitutionnel après examen d’éventuels recours. Eddie Komboïgo, candidat du parti de l’ex-président Blaise Compaoré, arrive deuxième avec 15,48 % des voix, devant Zéphirin Diabré (12,46 %), considéré comme le chef de l’opposition jusque-là. Certains observateurs de la vie politique burkinabée anticipaient un scrutin plus serré, le premier mandat de Roch Kaboré ayant été marqué par la résurgence des violences ethniques et par la propagation d’insurrections islamistes qui concernent désormais une grande partie de l’Afrique de l’Ouest. Le double scrutin présidentiel et législatif s’était déroulé dimanche sous haute tension sécuritaire, le Burkina Faso vivant ses heures les plus sombres depuis l’indépendance, miné par des attaques de groupes djihadistes qui ont fait au moins 1 200 morts en cinq ans. NIGER: Décidément, 2020 est une hécatombe pour les anciens dirigeants. La liste des disparus ne fait que s'allonger : après les anciens présidents burundais, Pierre Nkurunziza en juin, et Maliens, Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré, en septembre et octobre, plus récemment le Ghanéen Jerry John Rawlings, sans oublier Sidi Ould Cheikh Abdallah, premier président de la Mauritanie, l'ancien chef de l'État du Niger entre 1999 et 2010, Mamadou Tandja, est le sixième ancien chef de l'État emporté par la grande faucheuse depuis le début de l'année. L'ancien président, qui a dirigé le pays de 1999 à 2010 et avait tenté de garder le pouvoir au-delà, Mamadou Tandja, est décédé mardi à Niamey. Mamadou Tandja a commencé à faire parler de lui en avril 1974 lorsqu’il participe au renversement du premier président du Niger indépendant, Diori Hamani, par le général Seyni Kountché (mort au pouvoir en 1987). Décédé mardi à l'âge de 82 ans, l'ex-président du Biramawa Magazine-Page 63
Niger, reconnaissable par son éternel bonnet rouge sombre, était une figure célébrée pour sa lutte contre la pauvreté et son austérité, qui avait cherché à s'accrocher au pouvoir pour finalement être renversé par un putsch. USA: Donald Trump semble se résoudre à quitter le pouvoir. Le président américain a en effet assuré, jeudi 26 novembre 2020, qu'il quitterait « bien sûr » la Maison-Blanche si la victoire de Joe Biden à l'élection présidentielle était officiellement confirmée, tout en répétant qu'il pourrait ne pas reconnaître sa propre défaite. Interrogé sur le fait de savoir s'il quitterait la Maison-Blanche en cas de vote du collège des grands électeurs confirmant la victoire du démocrate, le républicain a promis : « Bien sûr que je le ferai. Et vous le savez. » Mais « s'ils le font, ils feraient une erreur », ajoutant : « Ce sera quelque chose de très dur à accepter », a-t-il ajouté. 25 NOVEMBRE : Ce 25 novembre s’est tenu, comme tous les Page 64-Biramawa Magazine ans, la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Depuis l’apparition de la COVID-19, les données et les rapports provenant de ceux évoluant en première ligne montrent que tous les types de violence contre les femmes et les filles, et surtout la violence domestique, se sont accrus. À mesure que les cas de COVID-19 continuent de mettre les soins de santé à rude épreuve, les services essentiels tels que les abris contre la violence domestique et l’assistance téléphonique ont atteint leur capacité maximale. Davantage doit être fait pour donner la priorité à la lutte contre la violence perpétrée à l’encontre des femmes dans la riposte contre la COVID-19 et les efforts de relèvement. La campagne Tous UNiS, d’ici à 2030, pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes du Secrétaire général des Nations Unies marque les 16 jours d’activisme contre la violence faite aux femmes (du 25 novembre au 10 décembre 2020) sur le thème global « Orangez le monde : Financez, intervenez, prévenez, collectez ! ». Par ailleurs, la campagne Génération Égalité d’ONU Femmes est en train d’amplifier l’appel lancé en faveur d’une action mondiale qui vise à combler les manques en matière de financement, d’assurer la fourniture des services essentiels aux survivantes de la violence pendant la crise de la COVID-19, de concentrer les efforts sur la prévention et de recueillir des données qui sont capables d’améliorer des services d’aide vitale aux femmes et aux filles. Pendant la période des 16 jours d’activisme, ONU Femmes tend le micro à des victimes, des activistes et des partenaires de l’ONU actifs sur le terrain, pour qu’ils racontent ce qui s’est passé après l’apparition de la COVID-19. Sources : les Podcasts Affaires étrangères et International de France Culture, le Point, le Monde, ONUFemmes Copyright Biramawa Magazine
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CV N° 10 Boubacar NDIR Economètre Statisticien Tu es à la recherche d’un emploi? Biramawa magazine met cet espace à ta disposition pour te permettre de proposer ton CV aux entreprises qui recrutent. Tu peux donc envoyer ton CV par e-mail : contact@biramawa.com Page 66-Biramawa Magazine
FORMATION 2017 - 2019 : UADB, Diourbel, Sénégal. Mémoire : Les déterminants de l’investissement domestique privé en Afrique : prise en compte de la dimension spatiale. Mention Bien. Boubacar NDIR 26 ans Sénégalais Célibataire ECONOMETRE STATISTICIEN Profil Disponibilité : Secteur d’activité : Contrat souhaité : Temps de travail : Contactez-moi Langue 2014 - 2017 : UADB, Diourbel, Sénégal. Mémoire : Développement financier et croissance économique en Afrique de l’Ouest : quelques faits stylisés. 2014 : Lycée de Mboro, Thiès, Sénégal. EXPERIENCE PROFESSIONNELLE Oct - Nov 2018 : Stage à Orabank - Direction de la clientèle Août - Sept 2020 : Stage à DataDevAfrica Consulting. Oct 2020 - A date : Stagiaire assistant à la Direction des Risques Conformité et Contrôle Permanent à la Banque de Dakar. COMPETENCES Econométrie Evaluation d’impact SIG Planification opérationnelle Recherche opérationnelle d’ordonnancement Economie l’Assurance Enquête Analyse et traitement de données Modélisation Statistique Micro et Macroéconomie Théorie des Jeux etc. 95% Informatique INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES Président de l’Amicale des Etudiants de Mboro à l’UADB (2019). CENTRES D’INTERET Biramawa Magazine-Page 67
RETROUVEZ-NOUS TOUS LES QUINZE JOURS SUR Biramawa Magazine biramawa biramawamag biramawamagazine biramawa-magazine contactez-nous: contact@biramawa.com Adresse postale : Île-de-France, France Éditeur : Waly NDIAYE Page 68-Biramawa Magazine
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