cio-culturels ? Les phénomènes questions observés dans le secteur de la musique sont-ils aujourd’hui les mêmes que ceux des années 90 ? Qu’est-ce qui a changé entretemps ? Autant de auxquelles, nous tenterons de répondre. Les changements opérés dans le secteur de la musique En 2008, lorsque paraissait, donc, notre ouvrage, le secteur de la musique a connu une évolution considérable. Ainsi des changements notables sont-ils intervenus dans le secteur, se traduisant, ainsi, par le phénomène de « décastification » qui étend la pratique musicale à tous les groupes sociaux, le changement de mentalité qui fait jouir le musicien d’un prestige certain et lui confère un statut privilégié au sein de la société, la massification des groupes musicaux qui constitue un palliatif au chômage des jeunes (beaucoup d’appelés, peu d’élus), des sonorités mondialisées, les tendances et modes venus d’ailleurs, des occidentaux qui s’emparent de sonorités africaines etc. 1. La musique : un fait social total Il convient d’appréhender la musique comme un système au sein duquel interagissent de nombreux agents jouant chacun un rôle social. Aussi pouvons-nous la définir dans le sens où l’entendait Marcel Mauss comme un fait social total : L’espèce des relations qu’il cherche, commente Georges Gurvitch, à découvrir n’est jamais celle qui existe entre deux ou plusieurs éléments arbitrairement isolés de l’ensemble de la culture mais entre toutes ses composantes : c’est ce qu’il appelle des « faits sociaux totaux. (Gurvitch, 1947). Toutefois Marcel Mauss a eu une approche restrictive qui ne concerne que les sociétés globales. Ce qui ne l’a pas empêché d’avoir produit une théorie qui ouvre des perspectives nouvelles. Car, il s’agit d’une méthode de vue d’ensemble et qui lui permet de considérer les faits comme « totaux » ou « généraux » lorsqu’ils touchent « la totalité de la société et ses institutions » (Mauss, 1968). Dans cette perspective Georges Gurvitch conviera la sociologie de la musique à étudier la musique comme une réalité générale avec de multiples aspects en considérant tous les paliers en profondeur et dont toutes les couches s’interpénètrent. Il s’agit, donc, selon lui, d’une « totalité réelle en marche ». Aussi les faits musicaux sont-ils à la fois producteurs et bénéficiaires des mutations sociales. Dans ce sens, Théodor Adorno, parlant de la sociologie de la musique, énonçait l’hypothèse selon laquelle : « des transformations profondes s’élaborent dans la société à partir des différents faits culturels voire musicaux » (Green, op.cit). Un point de vue que nous partageons en considérant que la musique épouse tous les contours de la société. Dans toutes les sphères de la vie sociale en Afrique, la musique y occupe, en effet, une place importante. La femme entonne des chansons pour bercer son enfant ; chante en pillant le mil, le kadangue, le rythme que fait le pilon au contact du mortier en est une illustration fort éloquente ; les hommes dans les travaux champêtres, alignés, chantent et dansent. Camara Laye dans « l’enfant noir », éditions Plon, paru en 1953 le décrit en ces termes : Le tam-tam, qui nous avait suivis à mesure que nous pénétrions plus avant dans le champ, rythmait les voix. Nous chantions en chœur, très haut souvent, avec de grands élans, et parfois très bas, si bas qu’on nous entendait à peine ; et notre fatigue s’envolait, la chaleur s’atténuait (Camara Laye, 1953 : 62). Dans le domaine de la politique, la musique est bel et bien présente dans toutes les activités politiques, prenant des allures parfois de propagande, de sensibilisation ou d’égaiement. Plus fondamentalement, elle peut revendiquer la voix des sans voix. Une musique politiquement engagée et citoyenne est le porte-étendard d’une conscience politique et citoyenne. Le mouvement hip hop à travers un mouvement comme Y’en a marre s’est posé comme alternative citoyenne allant dans le sens d’un approfondissement de la démocratie au Sénégal. Biramawa Magazine-Page 17
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