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est devenu « un véritable quelqu’un » […] figurant parmi « les diverses personnalités reçues par le chef de l’Etat », le musicien est désormais une VIP (Very Important Person) surtout depuis que le Sénégal connaît une avalanche de distinctions musicales. Tout le mérite en revient aux illustres précurseurs qui ont fait de l’activité une véritable profession, du secteur une industrie participant à la résorption notable du chômage1111. Ensuite à Ass Dia de renchérir : En l’espace de quelques années, les artistes sont passés chez nous du statut de marginaux à celui de modèles sociaux. Grâce à la magie des supports de production et de diffusion, un musicien de quartier peut se voir en peu de temps propulser sur la scène internationale.1212 Ainsi, donc, les mutations sociales dans le secteur de la musique se sont faites à partir de ruptures opérées par des acteurs musicaux mais également par le fait d’une révolution technologique achevant de faire de notre monde un « village planétaire ». 6. Tendances et modes Les musiciens sont devenus des icônes ; des références pour une jeunesse en quête d’un mieux-être, tenaillée entre le mal-vivre, le chômage et la pauvreté ; une jeunesse qui emprunte les océans dans des embarcations de fortune et qui voit l’Europe comme l’Eldorado. Ce qui a comme conséquence : leurs comportements sont imités, leurs moindres gestes épiés et leurs paroles amplifiées. Dans le milieu du showbiz, ils font ce qu’on appelle le buzz. Iconoclastes, leurs tenues, comportements et déclarations pourraient choquer. Ainsi un jeune chanteur du nom de Wally Seck 1212 Télé Mag n° 85 février 2000, p. 14. a choqué par le port d’un tee-shirt aux couleurs arc-en-ciel à quelques heures de la gay parade en Europe. Les télévisions, les radios et autres réseaux en ont fait la une de leurs journaux. Il s’en est suivi des plaintes, contreplaintes, conférences de presse etc. Entre accusations et dénégations, cet événement a occupé l’espace public pendant des semaines. Déjà, il avait été l’objet d’un matraquage médiatique à travers un sac à main jugé très féminin. Un autre artiste, moins talentueux et moins célèbre, Ouzin Keita lui a emboité le pas, en portant les mêmes couleurs LBTS et en se présentant à son concert avec un grand boubou de femme. Ces jeunes artistes ont-ils vu à travers la provocation un moyen de communication, de faire la publicité, le buzz autour de leur personne ? Ou agissent-ils par méconnaissance ? Force est de constater qu’ils sont très branchés sur l’occident et que toutes les tendances venant de là-bas sont aussitôt reprises. Il s’agit là d’un mimétisme qui leur fait vivre au rythme des banlieues parisiennes, londoniennes ou new-yorkaises. Dans un contexte de mondialisation débridée, les moyens de communication font de notre monde un village planétaire pour reprendre la célèbre expression de Mac Luhan. Il est à remarquer que la société sénégalaise est foncièrement homophobe. Aucune tolérance n’est acceptée et toute relation contre-nature est condamnée et punie par la loi. La société sénégalaise est fortement croyante (plus de 95%) de la population sénégalaise. L’islam comme le christianisme rejette l’homosexualité. Aux yeux d’une large frange de la population, ce qu’elle considère comme une dérive de l’occident, ne saurait être accepté. Leur artiste adulé et aimé des fans se doivent de démentir toute accusation les assimilant à des homosexuels. Cette dénégation leur redonnera crédibilité aux yeux du public. Wally a été obligé de déchirer le sac incriminé publiquement. Sur certaines questions de société, les mentalités ne sont prêtes de changer. Le Sénégalais est ancré dans sa religion et ne tolère aucune remise en question des fondamentaux de la religion. Biramawa Magazine-Page 23

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