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Est-ce pour cette raison qu’on voit apparaître sur la scène musicale des chanteurs religieux qui sont sur le point de maîtriser les arcanes du showbiz. Longtemps confinés dans les tentes servant de lieu d’exhibition des artistes religieux, ils sont en paix d’occuper les scènes de spectacles au même titre que leurs homologues laïques. Les Ndiogou Afia, Omaro, Sadibou Samb, Babacar Samb, le duo tafsir Abdourahmane Gaye et Mamina Aidara investissent les plateaux de télévisions, les scènes de spectacles et jouissent d’un succès retentissant auprès du public. C’est d’ailleurs, souvent, le même public qu’on retrouve dans les soirées de Waly Seck, Youssou Ndour, Momo Dieng ou Viviane Chidid et autres. Un changement de mentalité est en train de s’opérer au niveau de la musique religieuse qui commence à comprendre que pour se faire adopter par le public essentiellement constitué de jeunes, une démarche plus proactive et moderne est nécessaire. Cette mutation dans la musique religieuse n’est-elle pas aussi guidée par des raisons d’ordre économique ? Un autre aspect, non moins important, qu’il convient de souligner est : le secteur de la musique a subi une fulgurante évolution dans les années 90. Dans un contexte mondialisation, à l’instar de la musique africaine dans sa globalité, elle était pleine de promesses, suscité beaucoup d’engouement. On pensait que son dynamisme allait avoir un impact considérable dans l’économie de la culture. Ce qui aurait pu avoir pour conséquence des bouleversements socio-culturels dans le secteur de la culture. Mais les fruits n’ont pas tenu leurs promesses. L’irruption des technologies de l’information a complétement bouleversé la donne. L’industrie du disque dans ce contexte mondialisée a connu un net recul. L’Afrique, le Sénégal n’a pas été en reste. Du fait de la faiblesse des moyens, elle n’a pu résister au piratage numérique. D’autres palliatifs ont été trouvé pour limiter les dégâts : le spectacle vivant a été le nouveau mode de production mais plongeant ses racines dans les traditions profondes de l’Afrique. Il prend la forme d’un diakarlo (littéralement face-face avec le public, avec d’autres musiPage 24-Biramawa Magazine ciens) ; de parrainage mettant en exergue les hauts faits et gestes de familles, de nouveaux riches qui ont besoin de reconnaissance. En retour, les artistes organisateurs seront rétribués sous forme de dons, de cadeaux. Il s’agit d’une forme de mécénat à l’Africaine. Ainsi la musique est-elle en panne ; les artistes pour continuer à vivre se livrent à d’autres activités plus lucratives. Peu arrive à s’en sortir ! Ne s’agit-il pas d’un retour à la tradition ; en Afrique comme partout ailleurs s’est développée la musique dans la cour des rois. Le premier rapport qu’elle avait et continue d’avoir avec le don, l’argent. Le mécénat est né dans la cour des rois ! Conclusion La musique est un phénomène social total, elle occupe une place importante au sein de la société malgré le mépris dont ses acteurs ont longtemps fait l’objet. Les mutations socio-culturelles ont pour soubassement l’économie. Le secteur marchand de la culture a, en effet, introduit des bouleversements qui ont pour objet : mobilité sociale, changement de mentalité, musique mondialisée, tendances et modes. De la parution de notre ouvrage en 2008 à nos jours, les mutations qui existaient déjà se sont accrues considérablement. L’irruption du numérique a accentué les changements, on ne peut plus exclure l’économie et la technologie de la musique. Pour qu’elle puisse continuer à être alerte et vigoureuse, il faut s’invente, qu’elle continue toujours à surprendre.

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