BIRAMAWA MAGAZINE Docteur Benjamin NDOUR Responsable des Cliniques à Marie Stopes International Sénégal “La médecine est un métier noble et un sacerdoce...” Professeur Mariétou THIAM COULIBALY Enseignant-Chercheur Chef d'équipe maternité de l'hôpital régional de Thiès “La médecine a toujours été un objectif depuis mon plus jeune âge.” Docteur Khardiata DIALLO Mbaye Infectiologue-Coordonnatrice et Responsable du centre de traitement des épidémies de l’Hôpital Fann Ousseynou GUEYE Fondateur Polaris asso Fatou Kiné FALL Blogueuse culinaire Fondatrice Inspifood By Kinouche N°5 Du 15 Août 2020
05 06 SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE - 05 EDITO Waly NDIAYE Fondateur Biramawa A nos professionnels de santé, nos héros! 08 14 édition spéciale ENTRETIEN PORTRAIT AVIS D’EXPERT 06 Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Appel aux dons Dr Benjamin NDOUR Responsable des clinique à Marie Stpes Sénégal «La medcine est un métier noble et un sacerdoce...» 08 Dr Khardiata DIALLO MBAYE Tout connaître sur le coronavirus 24 LE COIN D’AUTRUI Ayoba FAYE Journaliste d’investigation – Rédacteur en chef Pressafrik «Ne laissez personne vous faire croire que vous ne pouvez pas gagner votre vie en étant loyal.» 28 ENTRETIEN EXCLUSIF Mariétou THIAM COULIBALY Enseignant Chercheur Chef d'équipe maternité de l'hôpital régional de Thiès «La médecine a toujours été un objectif depuis mon plus jeune âge.» 34 AGRICULTURE Thierno NGAMB Agronome, Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience Au cœur de la crise COVID-19 : les agriculteurs à la rescousse des populations 34 2-BIRAMAWA MAGAZINE SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE - Infectiologue-Coordonatrice et responsable du centre de traitement des épidémies de l'Hôpital Fann 24 28 14
- 4 4 - -SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE 36 36 40 44 HISTOIRE DU SENEGAL LES DROITS HUMAINS AKK AK YELEFU DOMU ADAMA YI ENVIRONNEMENT Mariane Seck Docteur en Droit de l’Environnement et de la Santé Dakar une bombe à retardement pire que Beyrouth Khadime SENE Éducateur spécialisé au Ministère de la Justice Généralités sur les droits de la femme 44 Omar Mallé SAKHO Chercheur UCAD, Laboratoire LARHISA Sel et Santé en Afrique de l’Ouest traditionnelle 50 4 52 DÉVELOPPEMENT PERSONNEL A L'ÈRE DUNUMERIQUE Ousseynou GUEYUE fondateur de Polaris Asso Les enjeux sanitaires du numérique Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires étrangères Secret des personnes "résilientes" 54 DÉCOUVERTE Fatou Kiné FALL Blogueuse culinaire «Inspifood By Kinouche est un blog culinaire que j'ai créé en 2017...» 58 4 60 DIPLOVAR LA CVTHÈQUE Un regard aiguisé sur l’actualité internationale 60 Fernand DIEME MANAGER DES ENTREPRISES TOURISTIQUES ET HÔTELIERES. - SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE BIRAMAWA MAGAZINE - 3 58 54 50 52 40
Serigne Amar Mbacké SARR Chercheur en Droit privé Expert maritime en formation Ayoba FAYE Journaliste d’investigation Rédacteur en chef Pressafrik Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB Omar Mallé SAKHO Doctorant à l’Université Cheikh Anta Diop Laboratoire LARHISA. Thierno NGAMB Agronome Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience Guilaye TINE Designer-Digital Marketer-Telemarketer CEO IN'FINITY Djiby SADIO Photographie CEO Studio 13 Alioune FALL Juriste d’Affaires Inspecteur du travail et de la sécurité Sociale Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires Étrangères Docteur Benjamin NDOUR Médecin généraliste Khadime SENE Educateur Spécialisé au Ministère de la Justice Marianne SECK Docteur en droit de l’environnement et de la santé Ousseynou GUEYE Responsable communication chez Afric’innov et fondateur de Polaris asso Adresse postale : 29 Rue de la Sablière 78120, France Éditeur : Waly NDIAYE 4-BIRAMAWA MAGAZINE L’ÉQUIPE BIRAMAWA contactez nous:contact@biramawa.com
EDITO A nos professionnels de santé, Nos héros ! D Waly NDIAYE Fondateur Biramawa ès le début de la crise sanitaire, je me souviens être confiné chez moi, en toute sécurité, loin de tout risque de contamination. J’étais inquiet vu l’ampleur de la situation mais je me sentais quand même en toute sécurité. Au même moment certains de nos compatriotes, et pas des moindres, étaient confrontés, le sont toujours d’ailleurs, à la dure réalité de leur profession : Celle de soigner, d’être au contact des personnes vulnérables, d’épauler les populations en temps de crise. En effet des milliers d’hommes et femmes en blouse blanche depuis le début de la crise ont été et continuent d’être au-devant de la scène pour faire face à la crise sanitaire. Et ce, à leurs risques et périls. Leur détermination et professionnalisme ont permis, à ce jour, de guérir 7615 personnes atteintes de la Covid-19 selon le communiqué du ministère de la Santé et de l'Action Sociale du 14 Août 2020. Comme d’aucuns le disent « à quelque chose malheur est bon ». Cette crise sanitaire a mis en exergue nos insuffisances. Elle a aussi mis en lumière ce rôle important et indispensable que les professionnels de santé ont toujours su jouer. C’est d’ailleurs pourquoi les questions suivantes me taraudent l'esprit : ‒ Ces professionnels de santé sont-ils épaulés par toutes les parties prenantes ? ‒ Disposent-ils des moyens humains, financiers et matériels pour mener à bien leurs missions ? ‒ Toutes leurs préoccupations sont-elles prises en compte ? Une chose est sûre, la santé des populations, quel que soit le pays du monde, est un enjeu majeur. En attendant chers lecteurs, l’heure n’est pas au bilan. Continuons la lutte, épaulons nos professionnels de santé, les autorités publiques, en respectant les mesures barrières et les nouvelles mesures annoncées par ces dernières. Waly NDIAYE BIRAMAWA MAGAZINE - 5
EDITION SPECIALE Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Le magazine Biramawa à travers sa rubrique " Edition spéciale "a souhaité donner la voix à la Pouponnière "Vivre Ensemble "de Mbour. Créée en 2002 la pouponnière est un "lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman ". Confrontée à des difficultés à cause de la crise sanitaire, la pouponnière fait appel à toutes les bonnes volontés. Vivre Ensemble – La Pouponnière de Mbour La Pouponnière de Mbour a vu le jour en Janvier 2002, Michèle BURON-MILLET en est la créatrice. C’est un lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman. Elle permet aux orphelins de mère ou aux enfants dont la maman ne peut pas s’occuper (pour des raisons gravissimes), de vivre protégés, leurs premières années de vie si fragile, avant de regagner leur famille au bout d’un à deux ans. Très rapidement, l’association se développe et il apparaît que tous les enfants ne peuvent rentrer chez eux (rejet de la famille ou mauvaises conditions d’accueil). En 2003, les Unités Familiales sont créées pour prendre le relais et s’occuper de ces enfants qui sortent de la Pouponnière, mais ne peuvent pas rentrer en famille. Avec le temps la Pouponnière a acquis une certaine notoriété au vu du sérieux des professionnels. Aujourd’hui la Pouponnière compte 136 salariés et 148 enfants. Vivre Ensemble c’est aussi et avant tout un séjour de rupture, crée en 2001 pour des jeunes français en dif6-BIRAMAWA MAGAZINE ficultés. Ils restent durant 9 mois et participent à des chantiers humanitaires (reconstruction, réhabilitation dans les villages ), ils sont aussi amenés à faire un stage dans la pouponnière. L’objectif étant de les remobiliser et de les valoriser à travers l’aide apporté à la population locale défavorisée. Le projet est double et complémentaire, en effet une grande partie du financement des frais de fonctionnement de la Pouponnière provient du séjour de rupture lui même. En raison de la situation sanitaire mondiale l’équipe de direction de Vivre Ensemble a dû prendre des mesures rapidement. Début mars l’association s’est vue fermer ses portes aux visiteurs, nombreux chaque jour et en provenance d’Europe. Il a fallu ensuite faire de même pour l’accueil des bénévoles, une quarantaine par mois à nous apporter leur soutien. Enfin depuis maintenant le mois de mars le confinement des enfants et du personnel c’est organisé. Notre souhait comme toujours est de préserver nos enfants, mais aussi le personnel
qui s’en occupe. Nous avons réussi à composer une équipe de volontaires pour rester confinés. Aujourd’hui 250 personnes sont au centre, dont 148 enfants. L’ensemble du personnel est mutuellement très solidaire, ils sont comme une grande famille. Et ce malgré l’inquiétude pour leur famille respective à l’extérieur. Nous nous devons maintenir les salaires. Pour les salariés sur place mais aussi tout ceux, qui de chez eux, sont au chômage technique et pour qui nous souhaiterions maintenir le salaire initial. Nous devons aussi assurer l’approvisionnement de l’association en denrées alimentaires, produits d’entretien, d’hygiène, médicaments. Cette situation engendre une augmentation considérable nos dépenses quotidiennes, pour lesquelles nous avions déjà des difficultés de prise en charge tout au long de l’année. Du fait de l’absence de visiteurs et de bénévoles, nous constatons une baisse des dons au quotidien. Nous gardons aussi en tête que les jeunes accueillis en séjour de rupture peuvent à tout moment être rapatriés en France, en fonction de l’ évolution de la situation. L’avenir de la Pouponnière en deviendrait alors très incertain. Nous sommes en permanence à la recherche de soutien pour nous aider dans la prise en charge des frais de fonctionnement et le maintien des activités de l’association. Les sources de financements : (Budget total annuel 291 332 806 FCFA) ‒ Vivre Ensemble Madesahel, séjour de rupture : 44 % du budget total de la Pouponnière. ‒ L’état Sénégalais 10 000 000 CFA ‒ L’association Louly l’Ecole au Sénégal , tous les frais liés à la scolarité des enfants : 5 262 087 FCFA (année scolaire 2018-2019) ‒ La Banque Mondiale 4 520 000 CFA en 2019 ‒ 270 parrains pour environ 51 085 900 CFA par an ‒ Le reste des financements dépendent des dons de particuliers et entreprises. Nous contacter : ‒ Accueil : + 221 33 957 31 36 ‒ E-mai : contact@lapouponnieredembour.org ‒ Responsable communication : Arnoult Mathilde ‒ Tel : + 221 77 881 83 60 Nous aider : ‒ Orange Money : + 221 77 500 19 32 ‒ Faire un don en ligne :https://www.helloasso.com/ don/associations/vivre-ensemble-la-pouponniere ‒ Notre site Voici quelques chiffres : Effectif de la Pouponnière : ‒ La Pouponnière : 91 bébés de 0 à 2 ans. ‒ Les Unités Familiales : 37 enfants de 2 à 6 ans. ‒ La Grande Enfance : 20 enfants de plus de 6 ans. ‒ Enfants accueillis en ce moment : 148 ‒ Enfants accueillis et sauvés depuis janvier 2002 : 1 260 ‒ Employés à la Pouponnière : 136 pouponnieredembour ‒ Devenir parrain ‒ Faire un don par virement bancaire : IBAN : FR76 4255 9100 0008 0040 4472 464 BIC : CCOPFRPPXXX Intitulé du compte : Vivre Ensemble, la Pouponnière internet: http://www.lapouponnieredembour.org ‒ Notre page facebook: https://www.facebook.com/ BIRAMAWA MAGAZINE - 7
ENTRETIEN POTRAIT Docteur Benjamin NDOUR Responsable des cliniques à Marie Stopes International Sénégal “La médecine est un métier noble et un sacerdoce...”
Docteur Benjamin Maurice Ngor NDOUR est médecin généraliste de formation. Il occupe le poste de Responsable des cliniques au sein de Marie Stopes International Sénégal, une organisation mondiale œuvrant « dans le domaine de la santé de la reproduction. » Dans cette interview Docteur NDOUR retrace son parcours de formation et professionnel. Il adresse un message aux femmes et jeunes filles en âge de procréer. « La médecine est un métier noble et un sacerdoce avec plusieurs spécialités aussi noble les uns que les autres. » Qui est Docteur NDOUR ? C’est Benjamin Maurice Ngor NDOUR, sérère à « 200% » comme j’aime le dire et donc un « bour » pour les diolas et les peuls lol ! Je suis marié à une merveilleuse femme qui m’a donné un petit prince d’1 an deux mois. Et je suis médecin. Vous êtes Responsable des Cliniques au sein de Marie Stopes International Sénégal. Que pouvez-vous nous dire sur cette structure de Santé ? Marie Stopes International (MSI) est une organisation mondiale portée par son engagement sans faille à donner aux femmes le pouvoir de choisir, quand avoir des enfants. Nous œuvrons dans le domaine de la santé de la reproduction, en fournissant des services de haute qualité en planification familiale à travers nos différents canaux d’offre de services. En effet, l’organisation est présente dans la presque totalité des régions du Sénégal (13/14) à travers nos équipes, pour faire en sorte que toutes les femmes sans distinction puissent avoir accès à des services de santé sexuelle et reproductive de qualité. C’est-à-dire que la femme à Dakar puisse avoir le même service en termes de qualité que celle qui se trouve au fin fond du Sénégal. Nous connaissons que la santé sexuelle et reproductive et plus précisément la contraception est un sujet tabou dans notre pays et pourtant constitue un moyen efficace de lutte contre la mortalité maternelle, et même la pauvreté. C’est pourquoi dans nos cliniques nous faisons en sorte que les femmes qui viennent nous voir pour des besoins en services de santé sexuelle et reproductive aient une excellente expérience du service reçu et finissent par devenir des porteurs de voix en faveur de la planification familiale et de ses bienfaits. Aujourd’hui dans le cadre stratégique national de planification familiale 2016-2020, le gouvernement sénégalais vise 45 % de taux de Prévalence Contraceptive en 2020 et MSI est un partenaire privilégié dans cette mission noble. « J’ai fait mon cycle primaire entre Sokone et Guinguineo ; mon C.E.M entre Guingueneo et Kaolack à Dialegne pour enfin avoir mon bac S2 au lycée Valdiodio Ndiaye de Kaolack en 2008. » En tant que Responsable des cliniques, quelles sont vos missions ? Ma mission en tant que Responsable des cliniques peut être corrélé aux tâches « d’un directeur BIRAMAWA MAGAZINE - 9
d’hôpital ». Ainsi, je suis chargé de manager les équipes de ces cliniques, et mon rôle principal est de mettre en œuvre la vision globale définie pour le canal. En effet, je dois faire en sorte qu’à travers nos cliniques, les populations puissent avoir accès à la meilleure des prises en charge en matière de santé sexuelle et reproductive. Et pour y parvenir, je suis chargé de donner les orientations en mettant en place des stratégies claires pouvant nous mener à répondre aux besoins des femmes. J’assure donc un rôle de leader et de support et j’effectue le suivi quotidien des performances de mes équipes, et veille à la mise en œuvre des plans d’actions et stratégies. Je suis également en charge de l’extension des centres sur le territoire national. il y’avait une fac de médecine. Et tient toi bien à l’époque il n’y avait que la Faculté de médecine de L’UCAD, l’ouverture de la deuxième faculté de médecine du Sénégal à Thiès n’était pas encore confirmée mais figurait sur la fiche d’orientation je l’ai alors coché pour la forme lol ; après tout, la chance ne sourit qu’aux audacieux ð. Après 1 mois de cours à la FMPO j’ai reçu un appel de l’université de Thiès qui m’a convoqué à un concours d’entrée à la Fac de médecine qu’il fallait faire le surlendemain. J’ai alors confirmé ma participation sans vraiment me décider car je ne connaissais personne à Thiès, en plus 2 jours pour me préparer à un concours inattendu, ça m’a un peu refroidi !!! À la descente j’ai appelé mon papa pour lui expliquer la situation et il m’a dit qu’il avait un ami à Thiès où je pouvais m’installer pour faire le concours et cerise sur le gâteau j’ai fini par réussir à ce concours qui y’a été très sélectif malgré tout. Et c’est comme ça que nous avons été 66 étudiants sur 300 et quelques à être les pionniers de l’ouverture de la deuxième faculté de médecine du Sénégal. J’ai ensuite fait durant ma 6iéme année en parallèle un master en microbiologie Fondamentale et appliquée à L’UCAD que je dois soutenir d’ailleurs lol. C’est avant de finir mon stage rural de 4 mois au centre de santé de Diofior que j’ai passé un entretien à MSI pour le poste que j’occupe jusque-là, car c’était une ONG que je suivais depuis des années. En effet, j’ai toujours été intéressé par la santé sexuelle et reproductive ; d’ailleurs j’ai fait de la recherche et soutenu ma thèse de doctorat sur ce sujet en plus des œuvres humanitaires qui ont toujours fait partie de moi on y reviendra. Comment se sont déroulées vos études en Médecine ? Quand j’y repense « wow » je dirais passionnant et mouvementé. Un vrai parcours du combattant. Pour arriver à ce poste vous avez fait de longues études. Quel a été votre cursus scolaire ? J’ai fait mon cycle primaire entre Sokone et Guinguineo ; mon C.E.M entre Guingueneo et Kaolack à Dialegne pour enfin avoir mon bac S2 au lycée Valdiodio Ndiaye de Kaolack en 2008. Puisque je me voyais faire que la médecine et rien d’autre ; j’ai misé le tout pour le tout en déposant mes demandes qu’au niveau des universités où 10-BIRAMAWA MAGAZINE Passionnant parce que connaître le corps humain, comprendre les maladies et les soigner il y’a rien de plus gratifiant. Mouvementée, parce que nous avons était les premiers « COBAYE » à démarrer les études médicales à Thiès alors que rien n’était encore en place. On n’avait ni amphithéâtre on faisait cours au CNEPS de Thiès où un petit bâtiment de deux pièces nous était prêté, ni campus social chacun se débro
lais et les profs venaient de Dakar pour nous bombarder de cours pendant 3 à une semaine avant de repartir. C’était vraiment dure et stressant au début, mais on savait ce qu’on voulait et c’était le prix à payer pour qu’aujourd’hui les jeunes étudiants puissent opter pour la faculté de médecine de Thiès en y trouvant les conditions dont nous rêvions tous à l’époque. Quand on voit qu’à présent on est à plus de 4 promotions sortantes on est juste fier de nous-même. Plus haut vous disiez avoir fait vos Études à l’UFR Santé de l’Université de Thiès. Qu’estce que cette Université vous inspire ? L’accomplissement d’une longue péripétie et la reconnaissance envers nos professeurs et maîtres ainsi que tout le personnel administratif de toute l’université que je côtoyais tout le temps. Vous devez être nostalgique ? (Rire) Oh oui… lol ; oui parce que j’y est passé d’agréable moment et rencontré des personnes formidables devenus des amis à vie. Cette université m’a vu être un homme responsable et engagé pour de nobles causes : La cause estudiantine : j’étais un grand défenseur des étudiants de ma faculté et de l’université pour que tout le monde soit dans de meilleur condition car j’ai été président de la faculté de médecine pendant des années, président de la conférence des présidents de faculté de l’université et représentant des étudiants de l’université de Thiès au conseil d’administration. Sans oublier le Réseau des Étudiant en Médecine de l’Afrique de l’Ouest ou j’ai assuré la vice-présidence en 2010 également. La cause humanitaire : il fallait rendre à Thiès ma ville d’adoption ce qu’elle m’a donné, c’est pourquoi j’avais fondé la présence médicale Saint Joseph pour mener des couvertures médicales et consultations au sein de l’église, avec des amis nous avions fondés Vision Santé qui est une grande organisation de Jeunes médecins dont j’ai assuré la présidence et où nous avons mené des actions incroyables à l’époque ; nous allions vers les populations démunies qui voient rarement un médecins pour les sensibiliser sur des thématiques importantes de santé publique et leurs offrir des consultations gratuites. Juste pour ne citer que cela, ce n’était pas facile d’être dans tout ça et de l’allier aux études médicales mais une chose m’a toujours animée dans la vie comment venir en aide à autrui ? Et jusque-là cette tâche je continue à l’accomplir surtout que je travaille dans les ONG. Beaucoup de jeunes élèves et étudiants souhaitent être médecins. Quels sont vos conseils pour ces jeunes ? La médecine est un métier noble et un sacerdoce avec plusieurs spécialités aussi noble les uns que les autres. Alors, foncez, assumez pleinement ce choix, ça va faire très mal parfois mais la grande satisfaction sera quand vous commencerez à exercer et sauver des vies et qu’un patient vous dira merci et formulera des prières pour vous. Alors travaillez jusqu’à ce que ça fasse mal pour un jour ressentir tout cela. D’après vous, quels sont les prérequis, les qualités essentielles pour être médecin ? Pour moi un bon médecin doit avoir de l’empathie et non de la sympathie car on confond souvent les deux. Et au moment où beaucoup commencent à se plaindre de la manière dont ils sont accueillis dans les structures sanitaires nous devons renforcer plus que jamais notre comportement. Il est important d’allier savoir-faire et savoir être pour donner aux patients la meilleure des prises en charge. Enfin le médecin doit être à l’écoute, attentif aux détails et très patient puisque les patients sont de nos jours impatients ð. Par contre la plupart des qualités suscitées ne sont pas à enseigner à la fac, ce sont nos parents qui nous l’inculquent. Le Sénégal fait face à une crise sanitaire (Covid-19), en tant que Médecin comment l’avez-vous vécu ? Je dirais comme tous les sénégalais, nous étions face à un virus qu’on ne connaissait pas au début ce qui y’a causé beaucoup de psychose au sein de la population. Mais, aujourd’hui où nous connaissons au moins comment empêcher la propagation du virus ; nous appelons les populations à rester plus que jamais mobilisées en respectant les gestes barrières pour barrer la route à ce virus. Cependant, n’ayons pas peur de fréquenter les hôpitaux car nous devons en même temps éviter de voir la recrudescence des pathologies qui étaient jusquelà maitrisées. BIRAMAWA MAGAZINE -
Quelles leçons le Sénégal doit-il en tirer ? C’est simple notre système sanitaire est fragile et cette pandémie l’a juste exposé au grand jour. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités et investir davantage sur la santé des populations, par des structures sanitaires bien équipées, recruter assez de médecins car nos hôpitaux sont en carence de personnel. Alors la question qu’on doit se poser c’est pourquoi il y’a autant de médecins, infirmiers, qui chôment alors que les populations se plaignent tout le temps et meurent parce que dans telle ou telle région il n’y a pas un pédiatre ou un gynécologue etc ? En tant que personnel de santé cette situation nous désole. Quel regard faites-vous sur la santé des femmes et jeunes en âge de procréer ? La santé des femmes en âge de procréer reste un point crucial sur lequel nous en tant qu’acteur dans ce domaine nous devons nous pencher continuellement afin d’améliorer les conditions. Et nous lançons un appel au gouvernement pour que plus aucune femme ne meurt en donnant la vie. Et ceci ne pourra se faire que s’il y’a assez de structure sanitaire bien équipé et un personnel de santé qualifié. En plus de cela nous devons renforcer la communication avec cette cible sur l’intérêt d’une planification des naissances en couple, pour pallier les grossesses non planifiées. Avez-vous un message pour ces femmes et jeunes filles ? Je les invite elles aussi à aller vers l’information auprès des professionnels de santé qui ont un devoir de sensibilisation envers les populations ; pour obtenir une meilleure prise en charge de leurs besoins. Et je lance un appel aux mamans ; discutez avec vos filles dès le bas âge car l’éducation sexuelle est une chose très importante. Beaucoup de jeunes filles ont vu leurs notes chuter à l’école, ou même leurs comportements changer parce que tout juste personne n’était là pour leur dire qu’elles verront un jour leur menstruation pour ne citer que ça comme exemple. En effet, « l’ignorance de soi, de toute est la pire » comme le dirait l’adage, alors combattons les tabous et évitons que nos enfants aillent à la pêche de l’information sur internet ; ou tout ce qu’on voit n’est pas réel. Pour changer de registre, comment conciliez-vous vie privée et vie professionnelle ? 12-BIRAMAWA MAGAZINE Quels sont vos hobbies ? C’est vrai que j’ai commencé à fonder une famille dès le début de ma carrière ce qui est lourd comme responsabilité pour gérer les deux étant jeune, mais j’arrive à bien concilier les deux. Ma femme et moi formons une équipe, elle me comprend et elle est un support dans ma vie. Elle connaît mon travail et ce que ça implique ; quand je me lève le matin pour aller au travail tous les jours c’est pour aider beaucoup de femmes comme elle à avoir accès à des services de santé reproductive de qualité. Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin. C’est à moi de vous remercier de m’avoir donné l’occasion de parler de ma modeste personne. Sans oublier que vous avez porté le choix sur moi pour animer la rubrique santé du magazine, donc on poursuit l’aventure ensemble. ð « La santé des femmes en âge de procréer reste un point crucial sur lequel nous en tant qu’acteur dans ce domaine nous devons nous pencher continuellement afin d’améliorer les conditions. » Docteur Benjamin NDOUR Responsable des cliniques à Marie Stopes International Sénég
AVIS D’EXPERT Docteur Khardiata DIALLO MBAYE Infectiologue-coordonatrice et responsable du centre de traitement des épidémies de l'Hôpital Fann Tout connaître sur le coronarivus Les coronavirus sont une large famille de virus qui infectent à la fois les animaux et les humains. Les coronavirus humains peuvent provoquer des maladies bénignes semblables à un rhume, tandis que d'autres provoquent des maladies plus graves (comme le MERS - Middle East Respiratory Syndrome et le SRAS - Syndrome respiratoire aigu sévère). Certains coronavirus présents chez les animaux peuvent infecter les humains, ce sont des maladies dites zoonotiques. Des enquêtes détaillées ont révélé que le SARS-CoV se transmettait de la civette à l’homme et le MERS-CoV du dromadaire à l’homme. Plusieurs coronavirus connus qui n’ont pas encore infecté l’homme circulent chez certains animaux. Parmi les coronavirus, seuls six (le COVID-19 en est le 7ème) sont connus pour infecter l'être humain : quatre espèces (Human Coronavirus ou HCoV: 229E, OC43, NL63, HKU1) responsables d’infections respiratoires endémiques et deux espèces (SRASCov et MERS-CoV) qui entraînent des formes épidémiques. Les coronavirus humains se propagent généralement par des gouttelettes (toux ou éternuement) et par 14-BIRAMAWA MAGAZINE
un contact personnel étroit et non protégé avec une personne infectée (toucher, serrer la main). Le nouveau coronavirus (COVID-19), est responsable de la pandémie qui a débuté à Wuhan, en Chine. La COVID-19, tel qu'il a été nommé, est considérée comme une nouvelle souche de coronavirus qui n'avait pas encore été identifiée chez l'homme. Il s’agit d’un beta-coronavirus appartenant à la même famille que le SRAS-CoV et le MERS-CoV et semblerait plus proche du SRAS-CoV. Coronavirus (homme) : HCoV-229E, HCoV-0C43, SARS-CoV,HCoVNL63, HCoV-HKU1, MERS-CoV, COVID19(SARS-CoV2 HISTORIQUE: • Premier cas : 17/11/2019 en chine • 15/12 puis 20/12/2019 : 27 puis 60 cas ont été marché de fruits de mer de wuhan) → origine animale • 31/12/2019 : notification à l’OMS • 07/01/2020 : isolement du virus baptisé SARS-CoV-2 • En février et mars : dissémination dans le monde • 02 Mars : 1er cas au Sénégal • 11 mars: déclaration d’une pandémie par l’OMS Figure N°2 : Chronologie de l’infection au coronavirus responsable de la pandémie BIRAMAWA MAGAZINE - 15
LA TRANSMISSION Elle peut être indirecte de par les gouttelettes de secrétions oropharyngées dispersées par la toux, éternuements ou la parole d’une personne infectée ; surtout si la distanciation est inférieure à un mètre. Après avoir été en contact avec une surface contaminée, le fait de toucher le nez, les yeux, la bouche, ou bien le visage d’une autre personne saine, va entraîner un risque de contamination. Il a été démontré qu’une personne infectée pouvait contaminer 2 à 3 personnes. Figures N°3 : la transmission indirecte Figure N°4 : propagation des animaux à l’homme 16-BIRAMAWA MAGAZINE
SUJETS VULNERABLES Tout le monde peut s’infecter mais la maladie sévère affecterait plus: • Personnes âgées (>65 ans) • Les personnes avec comorbidités • Les personnes déjà malades QUELQUES DÉFINITIONS CAS SUSPECT A. Un patient atteint d'une maladie respiratoire aiguë (fièvre et au moins un signe/symptôme de maladie respiratoire (par exemple, toux, essoufflement), ET n'ayant aucune autre étiologie qui explique pleinement la présentation clinique ET/OU des antécédents de voyage ou de résidence dans un pays, une zone ou un territoire déclarant une transmission locale (voir rapport de situation) de la maladie COVID-19 au cours des 14 jours précédant l'apparition des symptômes. B. Un patient souffrant d'une maladie respiratoire aiguë ET ayant été en contact avec un cas confirmé ou probable de COVID-19 (voir définition du contact) au cours des 14 derniers jours avant l'apparition des symptômes C. Un patient atteint d'une infection respiratoire aiguë sévère (fièvre et au moins un signe/symptôme de maladie respiratoire (par exemple, toux, essoufflement) ET nécessitant une hospitalisation ET sans autre étiologie qui explique pleinement la présentation clinique ; D. Toute personne décédée dans un tableau de détresse respiratoire sans autre étiologie qui explique pleinement le tableau clinique et ayant séjourné dans une zone où sévit l’épidémie au cours des 14 derniers jours ; E. Toute personne présentant des images au scanners à type d’opacités en verre dépoli, bilatérales, sous pleurales périphériques, avec ou sans condensation en faveur de pneumopathie CAS PROBABLE A. Un cas suspect pour lequel le test COVID-19 n'est pas concluant. B. Un cas suspect pour lequel le Test de Diagnostic Rapide (TDR) COVID-19 est positif CAS CONFIRMÉ Une personne dont le laboratoire a confirmé l'infection par COVID-19, quels que soient les signes et symptômes cliniques. CAS CONTACT Un contact est une personne qui est impliquée dans l'un des domaines suivants : 1. Fournir des soins directs sans équipement de protection individuelle (EPI) pour les patients COVID-19 2. Rester dans le même environnement proche d'un patient COVID-19 (y compris le lieu de travail, la salle de classe, le foyer, les réunions). 3. Voyager ensemble à proximité immédiate (1m) avec un patient COVID-19 dans n'importe quel type de moyen de transport ... dans un délai de 14 jours après l'apparition des symptômes dans le cas considéré. BIRAMAWA MAGAZINE - 17
CLINIQUE L’incubation qui est le délai entre l’entrée de l’agent pathogène (qui se trouve être ici le coronavirus) dans l’organisme et l’apparition des premiers signes est silencieuse et dure en moyenne 2 à 14 jours. Puis, s’installe brutalement la phase d’état avec la prédominance des signes respiratoires et infectieux. Ainsi, deux types de tableaux sont décrits : un tableau simple et un tableau grave Un tableau simple avec : • Syndrome de Réponse Inflammatoire Systémique fait de fièvre (88%), tachycardie, polypnée … • Syndrome algique (algies diffuses) avec : des céphalées d’intensités variable, allant d’une lourdeur de la tête à des douleurs intenses persistantes légèrement calmées par les antalgiques, des douleurs musculaires (myalgies) telles que des courbatures avec sensation de mal partout, des douleurs articulaires (arthralgies 15%) etc…. • Signes respiratoires à type de : toux sèche au début (68%), congestion nasale, pharyngite, laryngite (maux de gorge) • Signes digestifs faits de : douleurs abdominales, diarrhées, nausées, vomissement (5%). NB : dans le contexte de pandémie, l’anosmie (absence d’odorat) et l’agueusie (absence de goût) doivent impérativement faire penser à la maladie au coronavirus 2019. Il faut noter qu’aucun signe n’est exclu dans le cadre de la covid : du simple vertige à un état de mal épileptique voire des troubles de la conscience en passant par des hoquets. Un tableau grave avec un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) fait de : • Une dyspnée à type de polypnée superficielle • Une fréquence respiratoire supérieure à 30 cycles/min • Signes de lutte tels que les battements des ailes du nez, le tirage intercostal, • Une hypoxémie avec SpO2 < 90% Ceci pouvant aboutir à un choc septique avec défaillance multiviscérale Figure N°5 : symptomatologie de la Covid-19 18-BIRAMAWA MAGAZINE
Cependant, il faut dire que, la majeure partie de ceux qui sont atteints vont développer une forme frustre de la maladie A LA PARACLINIQUE, nous aurons : • NFS : lymphopénie • La radiographie du thorax peut montrer des infiltrats multi-lobaires ou une infiltration pulmonaire ayant progressé de plus de 50% en 24 à 48 heures • Scanner thoracique +++ très parlant pouvant montrer une infiltration pulmonaire en verre dépoli rapidement progressif : + de 50% en 24 à 48 heures • Lésions à la tomodensitométrie thoracique chez les patients asymptomatiques ou paucisymptomatiques donnant une dissociation entre l’imagerie et la clinique Figure N°6 : TDM thoracique avec des images en verre dépolis BIRAMAWA MAGAZINE - 19
Evolution-pronostic Elle est favorable dans la majorité des cas. Le temps de guérison est variable selon la gravité de la forme et l’état de santé antérieur du patient : • Formes simples 2 semaines en moyenne • formes graves : 3 – 6 semaines en moyenne Cependant, il faut signaler que la convalescence peut être très longue ! La létalité est estimée à 3% (surestimée, car il y’a la sous notification des cas de pneumonie à coronavirus) Facteurs de mauvais pronostic • Âge > 70 ans (15% chez les plus de 80 ans et 0,2 % chez les moins de 39 ans) • Insuffisance respiratoire chronique sous oxygène, asthme sévère, mucoviscidose, BPCO • Diabète • IRC, IC NYHA III ou IV • Cirrhose ≥ B • ATCD cardiovasculaire : HTA, AVC, Coronaropathie, Chirurgie cardiaque • Immunodépression • Obésité morbide avec un IMC > 40 Concernant la grossesse, il faut prendre toutes les précautions pour une prise en charge en maternité surtout si la femme est au troisième trimestre avec risque d’accouchement. En outre, il faudra guetter chez elle l’apparition d’une fièvre qui peut être un facteur de risque d’accouchement prématuré ou d’avortement spontané. Ci-joint un tableau qui renseigne sur la létalité de la COVID-19 par rapport à d’autres virus La létalité de la covid-19 est variable et est proportionnelle à l’âge, ainsi, les personnes âgées sont beaucoup plus à risque de décéder de cette infection comme nous le montre la figure 7 20-BIRAMAWA MAGAZINE
Figure N°7 : Létalité en fonction de l’âge (source : Chinese center for diseases control and prevention) DIAGNOSTIC Le diagnostic se fait par le biais de prélèvements respiratoires • Écouvillonnage nasopharyngé et oropharyngé • Crachats et/ou aspiration endotrachéale Il faut un personnel formé, doté d’Équipements de Protection Individuelle (EPI) Le prélèvement sera acheminé dans un triple emballage à un laboratoire spécialisé, de type P4 ou P3 modifié (IPD) Les tests réalisés sont : • La RT-PCR +++ comme diagnostic direct • Les tests sérologiques comme diagnostic indirect: (phase aigue, convalescence) TECHNIQUE D'ÉCOUVILLONNAGE Prélèvement nasal Prélèvement oropharyngé BIRAMAWA MAGAZINE - 21
Pour le prélèvement nasal, il faut faire moucher le patient puis introduire délicatement l’écouvillon et prélever au niveau des parois nasales internes en effectuant un mouvement rotatif. Pour le prélèvement oropharyngé, il faut introduire délicatement l’écouvillon et prélever au niveau des zones inflammatoires (amygdales, oropharynx, parois jugales…) Système à triple emballage PRISE EN CHARGE DES PATIENTS Le traitement est purement symptomatique et dépend de la gravité des signes. Il faut une surveillance étroite des patients car le patient stable peut en quelques heures devenir instable dans un état grave voire critique. Une psychothérapie de soutien précoce est nécessaire, et cette prise en charge psychologique est assurée par la cellule de prise en charge psychosociale qui est logée au sein du MSAS 22-BIRAMAWA MAGAZINE
Traitement anti-infectieux Protocole actuel appliqué au Sénégal • Hydroxychloroquine : 200 mg x 3 / jours chaque 8 heures pendant 10 jours • Azithromycine : 500 mg / jour pendant 3 jours • ECG à J0 et à J3 de traitement • Traitement anticoagulant • Corticothérapie au besoin • Association avec un traitement symptomatique ++++ Il y’a des contre-indications à l’utilisation de l’hydroxychloroquine • Enfants de moins de 6 ans • Femmes enceintes ou allaitantes, • Personnes ayant une allergie connue au produit, • Personnes ayant une rétinopathie, • Personnes ayant une un déficit en G6PD • Personnes ayant un allongement de QT. Par ailleurs, cette molécule est à utiliser avec prudence chez les patients présentant des comorbidités tels qu’une hypertension artérielle, un diabète notamment insulinodépendant LA PRÉVENTION Elle consiste entre autres à une hygiène respiratoire : • Port du masque systématique pour toute personne ayant ou non des symptômes respiratoires (toux/expectoration) • Utilisation de mouchoir à usage unique pour couvrir le nez et la bouche lors de toux ou éternuements • En l’absence de mouchoir éternuer au niveau du haut du coude ou en haut de la manche • Réaliser une hygiène de la main après contact avec des sécrétions respiratoires ou des objets contaminés ou suspects. L’environnement immédiat du patient aussi doit être nettoyé (table de chevet par exemple) de même que toutes les surfaces souillées. Il faudra utiliser de la solution (ou lingette) hydro alcoolique pour nettoyer le matériel tel que téléphone, télécommande, ordinateur, etc…. EN CONCLUSION La covid-19 est une maladie émergente très contagieuse +++ Son évolution est bénigne dans la majorité des cas, cependant, le pronostic vital peut être engagé en cas de SDRA. Il n’y a pas encore un schéma thérapeutique spécifique validé par l’OMS, ainsi la lutte repose surtout sur la PRÉVENTION AVEC LE RESPECT STRICT DES MESURES BARRIÈRES : ‒ Port du masque systématique ‒ Se laver les mains avec de l’eau et du savon ou une solution ou gel hydro alcoolique ‒ Respecter la distanciation physique ‒ Eviter autant que faire se peut les rassemblements et regroupements En outre, il faudra lutter contre la STIGMATISATION qui va retarder le délai de prise en charge des patients avec un nombre élevé de décès dû à la covid-19 LA COVID-19 N’EST PAS UNE MALADIE HONTEUSE ET NUL N’EST A L’ABRI Je finirai mes propos par ces propos de Charles Nicolle Prix Nobel de Physiologie et Médecine, 1928 : « La connaissance des maladies infectieuses enseigne aux hommes qu’ils sont frères et solidaires. Nous sommes frères parce que le même danger nous menace, solidaires parce que la contagion nous vient le plus souvent de nos semblables » (Charles Nicolle, Le Destin des Maladies Infectieuses 1933) BIRAMAWA MAGAZINE - 23
LE COIN D’AUTRUI Bonzzzouuurrr Warahamatullah, chers lecteurs, lectrices du Quinzomadaire Biramawa 24-BIRAMAWA MAGAZINE
A vant le break « histoire et fiction du 4e numéro », nous nous étions arrêté à mon passage au groupe Walfadjiri, aux expériences que j’ai accumulées aux côtés de grands noms du journalisme de ce pays. Après plus de deux ans passés à faire, plusieurs fois, la Une du journal Walf Grand’Place, ma signature commençait à me peindre comme quelqu’un qui vivait de son travail aux yeux de l’opinion. Et surtout aux yeux de mes proches. C’était très difficile de faire croire à mes parents qu’à la fin du mois, je ne percevais pas un rond. Cela commençait sérieusement à me peser. Il fallait trouver une solution. À un moment donné, j’ai voulu tout plaquer et retourner à Mboro, voir des côté des ICS si je pouvais avoir un poste. J’ai même pris rendez-vous et eu à faire des tests au site de Darou Khoudoss. Financièrement, la situation était très délicate. Les cousins et oncles qui m’hébergeaient à Pikine avaient déménagé et je n’avais plus où loger. Deux choix s’imposaient alors : retourner chez mes parents à Mboro ou trouver une chambre pour me poser. Je n’avais pas les moyens de ce dernier. Je vous passerai l’épisode de comment des amis à moi, de vrais ceux-là, ont tout fait pour que je reste à Dakar poursuivre le travail que je faisais au groupe Walfadjiri. A eux, je dois une reconnaissance éternelle. Ma rencontre avec Maximillien Diouf, l’homme qui a changé ma vision du Web Un après-midi d’avril 2013, alors que je continuais à chercher le diable pour lui tirer par la queue, un ancien collègue de Walf, Kouly Kassé, est venu me faire part d’un second job qui pouvait m’aider à arranger un tout petit peu mes fins de mois. Il s’agissait d’une agence de web Marketing (Webgram) qui avait également développé un site d’informations générales et qui recherchait deux journalistes pour le mettre à jour. Les horaires de travail (08h-16h) ne s’entrechoquaient pas forcément avec ceux que j’avais à Walf (16h- 23 heures et parfois jusqu’à 01 heure du matin). J’ai donc sauté sur l’occasion quand j’ai entendu qu’il y avait de sous à empocher à la fin du mois. Ainsi, le matin, je me réveillais vers 6 heures du matin pour aller à Webgram, qui à l’époque se trouvait à Sicap Baobab, où je travaillais jusqu’à 16 heures. Ensuite, j’enchaînais au Front de Terre pour rejoindre la rédaction de Grand Place jusqu’à 00 heures. Le rythme était infernal. Mais il le fallait. J’avoue qu’au début, c’était uniquement pour avoir quoi envoyer à maman et également assurer mon transport. Mais quelle belle aventure, c’était quand même. Sur place, je traitais directement avec un certain Macoumba, qui coordonnait le travail de l’agence. En plus de Kouly et moi, il y avait 5 autres jeunes qui tapaient sur leurs machines à longueur de journée sans que je ne sache ce qu’ils faisaient vraiment. Cela m’intriguait au fil des jours. On m’a initié au back-office et à toutes ces subtilités. Ce n’était pas sorcier comme job. Il fallait juste être alerté, se brancher sur une radio et faire des brèves dès qu’il y avait une nouvelle information. En plus, bien sûr des journaux que l’on reprenait. C’est au bout de deux semaines que j’ai finalement rencontré Max. Il était passé au bureau pour payer les salaires des employés. C’était la fin du mois. J’avais également droit à la moitié de mon salaire. Puisque j’avais travaillé 15 jours. Maximillien Silmangue Diouf de son vrai nom, fait partie de la première génération de génies informatiques sortie de l’Ecole supérieur Polytechnique de Dakar. Avec certains de ses camarades de promotion, ils ont lancé la société 2Si, qui s’active dans l’Ingénierie logicielle et les Automatismes. Le Groupe 2Si est, en Afrique de l’Ouest, l’un des prestataires majeurs de solutions et de services innovants dans le domaine des TIC destinés aux entreprises, aux administrations et aux organisations. Créée en 2001 au Sénégal, 2SI a ouvert une filiale au Mali depuis Janvier 2007 et compte des références en Gambie, en Guinée-Bissau, en Guinée Conakry, et au Burkina Faso. Catholique convaincu, pratiquant, Max est également d’une probité morale irréprochable. Dès qu’il s’est aperçu que j’étais un atout pour son site, il m’a proposé une augmentation de salaire, après trois mois et un contrat de prestation après un peu plus de six mois. Au cours de notre collaboration de 2013 à 2017, il m’a toujours voué un immense respect et a toujours respecté ses engagements vis-à-vis de moi. Mieux, quand j’ai traversé l’une des plus pénibles épreuves de ma vie en 2015 (je vous épargnerai les détails), il m’a apporté tout son soutien. C’est cet homme qui m’a fait croire que le futur de mon métier de journalisme était inconBIRAMAWA MAGAZINE - 25
à consommer pour les internautes… C’est homme m’a beaucoup appris et a beaucoup contribué à ma réussite professionnelle. J’ai essayé de lui rester loyal jusqu’au bout. Malgré les difficultés que Webgram traversaient en début 2016 avec le piratage subi par le site d’informations. Tout le travail accompli depuis 2013 s’était volatilisé un bon matin. L’hébergeur qui se trouvait en France n’arrivait pas à trouver de solution. Il a fallu à Max développer un autre site pour repartir à zéro. C’était très difficile. Beaucoup ont quitté après cet épisode. Mais je suis resté malgré les difficultés financières. Et cela avait beaucoup marqué l’homme qui me l’a fait savoir un jour dans son bureau lors d’un tête-à-tête. Je lui devais plus que ça. Webgram a continué à exister. Mais à un moment donné, le site tardait à redécoller et il fallait passer à autre chose. C’est alors que Max a décidé de me payer des indemnités de départ pour me libérer. N’eût-été cela, je ne l’aurais jamais abandonné. cevable sans le Web. C’est alors qu’il m’a initié aux nouveaux métiers du web comme le blogging. Il m’a encouragé à créer un blog et à utiliser mes contacts sur les Réseaux sociaux comme Facebook pour partager les contenus de mon blog. Il m’a également appris certaines techniques de Référencement web pour rendre visible un site internet sur le moteur de recherche Google, par exemple. Ce n’est pas tout, c’est Max qui m’a appris comment manager des pages sur les Réseaux sociaux et comment attirer l’attention du public de Facebook, différent de celui de Twitter. Allier l’humour, le sérieux et l’impertinence pour en faire un cocktail succulent L’argent et les opportunités, c’est bien. Mais placez toujours les relations humaines avant tout. Le monde professionnel n’est cruel que parce que les hommes y sont en perpétuelle compétition et se croient obligés d’être habillés en loup. Ne laissez personne vous faire croire que vous ne pouvez pas gagner votre vie en étant loyal. Dans le prochain numéro, je vais atterrir à PressAfrik et nous pourrons alors commencer à parler des grands sujets qui concernent l’actualité et la marche actuelle du monde. D’ici-là, portez-vous bien et surtout respectez les mesures barrières et autres consignes édictées par les autorités sanitaires pour se protéger et protéger vos proches du virus qui circule toujours. Ayoba FAYE Rédacteur en chef de Pressafrik 26-BIRAMAWA MAGAZINE
ENTRETIEN EXCLUSIF Professeur Mariétou Thiam Coulibaly Enseignant-Chercheur Chef d'équipe maternité de l'hôpital régional de Thiès “La médecine a toujours été un objectif depuis mon plus jeune âge.”
Pour ce numéro 5 de votre magazine nous sommes allés à la rencontre de Professeur Mariétou Thiam Coulibaly. Notre cher professeur est gynécologue obstétricienne, Maître de conférences agrégé à l’UFR en Sciences de la Santé de l’Université de Thiès, Chef du département des Sciences Infirmières et Obstétricales de ladite Université et Chef du Service Maternité de l’Hôpital Régional de Thiès. Dans cet entretien elle revient sur son parcours, son choix pour la médecine. Elle aborde également la question de la santé des femmes au Sénégal et adresse un message aux hommes qui ont « un rôle fondamental à jouer dans la santé des femmes. » « Je dirai que la médecine a toujours été un objectif pour moi depuis le plus jeune âge. J’étais attirée par deux professions : la médecine pour soigner les personnes malades et l’enseignement. » Pouvez-vous vous présenter ? Je m’appelle Mariétou Thiam Coulibaly, je suis gynécologue obstétricienne Maître de conférences agrégé à l’Unité de Formation et de Recherche en Sciences de la Santé de l’Université de Thiès Chef du département des Sciences Infirmières et Obstétricales Quelles sont les grandes lignes de votre parcours de formation et professionnel ? J’ai fait mes études primaires et secondaires à Kaolack où je suis née et j’ai grandi. Pour mes études primaires, j’ai fait mes premiers pas à l’école Dialégne puis j’ai intégré le village d’enfants SOS où j’ai eu mon CEP, pas comme pensionnaire du village mais parce que ma mère y enseignait. Ensuite, toutes mes études secondaires se sont déroulées au lycée Waldiodio Ndiaye où J’ai obtenu le Bac série D avec la mention assez bien en 1995. Après le bac, j’ai été orientée à la Faculté de Médecine de l’Université Cheikh Anta Diop, sur ma demande. J’ai donc fait toutes mes études médicales à Dakar en passant par l’internat des hôpitaux et la spécialisation en gynécologie obstétrique. Après 5 ans d’internat, j’ai fait des stages en France pendant un an et demi qui m’ont permis d’avoir le Diplôme de Formation Médicale Approfondie en gynécologie obstétrique. De retour au pays en 2012, j’ai été affectée en qualité de gynécologue obstétricienne au Centre Hospitalier Régional de Thiès. C’est en 2013 que j’ai intégrée l’Unité de Formation et de Recherche en Sciences de la Santé de l’Université de Thiès comme assistante chef de clinique. Ensuite, grâce à l’encadrement de mes maîtres, j’ai gravi les échelons jusqu’au concours d’agrégation en médecine du CAMES que j’ai réussi en Novembre 2018 à Libreville au Gabon. A l’heure actuelle, je continue mes activités hospitalières à la maternité de l’Hôpital Régional de Thiès et je suis enseignant chercheur à l’UFR Santé de Thiès. Après le Baccalauréat vous avez jeté votre dévolu sur des études en médecine puis vous vous êtes spécialisée en gynécologie-obstétrique. Qu’est ce qui a motivé ces choix ? Je dirai que la médecine a toujours été un objectif pour moi depuis le plus jeune âge. J’étais attirée par deux professions : la médecine pour soigner les personnes malades et l’enseignement. C’est en cours de formation médicale, que j’ai découvert le cursus universitaire par la voie de l’internat des hôpitaux, qui pouvait aussi me mener à l’enseignement. L’enseignement est une vocation familiale car mon père, ma mère, mes oncles, tantes et même grands-parents étaient presque tous enseignants et j’avais toujours rêvé aussi devenir un jour enseignant. Je me suis alors investie dès la cinquième année de médecine à la préparation du concours d’internat des hôpitaux BIRAMAWA MAGAZINE - 29
de Dakar, que j’ai réussie en 2003. Après ma réussite à l’internat, le choix de la spécialisation en gynécologie obstétrique n’était qu’une suite logique, car j’avais déjà pris mon sujet de thèse en gynécologie. J’avais fait mon stage de cinquième année en gynécologie obstétrique à l’Hôpital Le Dantec et j’étais impressionnée par l’activité importante qui s’y tenait. Je voulais aussi apporter ma contribution. La rigueur et l’engagement du personnel de la Clinique Gynécologique et Obstétricale de l’Hôpital Le Dantec, particulièrement des maîtres de cette école, au service des femmes, m’avaient marquée pour toujours. Vous êtes actuellement Chef d’équipe à la Maternité de l’Hôpital Régional de Thiès. Quelles sont vos missions ? Notre principale mission au sein de l’équipe du Service de Gynécologie Obstétrique du Centre Hospitalier Régional de Thiès est de veiller à la bonne marche des activités, en y offrant des services de qualité, dans le soucis permanent de la satisfaction des patientes. L’hôpital de Thiès est une structure de référence et souvent de dernier recours, nous devons répondre à toutes les demandes dans le domaine de la santé de la reproduction au niveau de la région et même au-delà. Au côté des soins, il s’agit également pour nous d’exercer notre métier d’enseignant et chercheur. Le service est un lieu de stage pratique pour des apprenants médecins et paramédicaux et nous sommes en charge de les accompagner pour atteindre leurs objectifs. Nous évaluons aussi nos pratiques régulièrement pour les améliorer et être en phase avec les recommandations les plus récentes dans le domaine de la gynécologie obstétrique. Notre mission c’est aussi de faire en sorte que le personnel, les patientes et les apprenants puissent s’épanouir au sein de notre service. 30-BIRAMAWA MAGAZINE « Pour être gynécologue obstétricien, il faut d’abord faire la médecine générale. Puis après la soutenance de la thèse de doctorat, s’inscrire au diplôme de formation spécialisée en gynécologie obstétrique dont la durée est de 4 ans. » Pour les jeunes élèves et étudiants comment définiriez-vous la gynécologie-obstétrique ? La gynécologie obstétrique est une discipline qui s’occupe de la santé génésique de la femme pendant les différentes étapes de la vie (l’adolescence, la période d’activité génitale, la ménopause et même après). Cela implique au-delà de la femme, le couple également. Comment devient-on gynécologue-obstétricien ? Quels sont les prérequis et qualités indispensables ? Pour être gynécologue obstétricien, il faut d’abord faire la médecine générale. Puis après la soutenance de la thèse de doctorat, s’inscrire au diplôme de formation spécialisée en gynécologie obstétrique dont la durée est de 4 ans. Les études médicales sont longues, donc il faut beaucoup de patience et de l’endurance. Il faut pour exercer ce métier être disponible, attentionné, humble et rigoureux. Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans cette profession ? Ce qui me plaît le plus c’est de pouvoir aider les femmes à donner la vie et partager ainsi avec elles ces moments extraordinaires. C’est aussi l’opportunité que l’on a d’être très proche des femmes, de pouvoir les comprendre mieux, étant une femme moi-même, et leur apporter l’aide dont elles ont besoin. Quel regard portez-vous sur la santé des femmes au Sénégal ? Je pense qu’il y a encore beaucoup à faire dans le domaine de la santé des femmes dans notre pays. Il y a encore beaucoup de femmes qui meurent en donnant la vie par exemple, beaucoup qui meurent aussi de cancers gynécologiques et mammaires. Les principales raisons sont le bas niveau socio-économique, le manque de sensibilisation, l’accès difficile aux soins, l’absence de programme efficace de dépistage etc… Quel que soit la volonté des praticiens, il y a des aspects qui relèvent de la politique sanitaire. Après la gratuité des césariennes, il y a eu dernièrement des mesures importantes consentis par le gouvernement. On peut en citer la gratuité de la chimiothérapie pour le traitement des cancers gynécologiques, la CMU. Ces mesures ont un impact positif sur l’amélioration de la santé des femmes et la dynamique doit continuer sur l’augmentation des investissements dans la santé pour améliorer aussi celle des femmes. Il peut-être embarrassant de parler au Sénégal de Santé Génitale. Est-ce que les femmes sont suffisamment sensibilisées sur les risques pesant sur leur santé génitale ? Dans nos sociétés, on aborde avec beaucoup de tabous les questions relatives à la vie génitale, à la sexualité de manière générale. Ce manque de communication fait que la plupart de jeunes filles n’ont pas conscience des risques qu’elles encourent : infections sexuellement
transmissibles, grossesses non désirées, abus sexuels …avec leurs conséquences désastreuses. Je pense qu’il y a encore beaucoup d’efforts à faire dans le sens de l’information, l’éducation, et la communication, mais aussi dans l’autonomisation des femmes pour qu’elles puissent prendre elles-mêmes leur santé sexuelle en main. Par ailleurs la mortalité maternelle demeure préoccupante au Sénégal. Est-ce que ce fléau à un rapport avec la santé génitale des femmes ? En effet, la mortalité maternelle reste élevée dans notre pays. Les causes sont liées aux complications pouvant survenir pendant la grossesse, l’accouchement et le post partum. Parmi elles, on peut citer les hémorragies qui demeurent la première cause et les complications des états hypertensifs associés à la grossesse. Ces décès sont pour la grande majorité évitables dans notre contexte et relèvent de défaut de surveillance et de prise en charge correcte des grossesses. Quelles sont d’après vous les autres causes de mortalité maternelle ? Il y a plusieurs autres déterminants qui interviennent dans cette mortalité : l’ignorance de femmes sur les signes de danger de la grossesse, l’accès difficile aux soins de qualité, l’insuffisance du personnel qualifié, le manque d’équipements et de structures adéquats pour les BIRAMAWA MAGAZINE - 31
prendre en charge correctement dans certaines zones. Les conjoints ont également un rôle à jouer pour la préservation de la santé de leurs épouses. Quel est votre message à l’endroit de ces messieurs ? Ils ont un rôle fondamental dans la santé des femmes je dirai. Dans tous les domaines de la santé de la reproduction, les hommes devraient être impliqués. Il y a des situations qui relèvent du couple : la planification familiale, l’accompagnement pendant la grossesse et l’accouchement, la prise en charge de l’infertilité, etc…Cette implication des hommes n’est pas encore tout à fait une habitude dans nos cultures. Lorsque vous faites le tour dans nos maternités, c’est rare d’y retrouver des hommes qui accompagnent leurs femmes. Quand il y a un problème dans le couple, c’est la femme qui est d’abord indexée et souvent, elle se retrouve à faire toute seule le parcours de soins, face à son destin. Si les hommes étaient plus investis dans la santé des femmes beaucoup de problèmes seraient aujourd’hui résolus. Pour changer de registre, vous êtes à la fois Chef d’équipe au Service Gynécologie Obstétrique de l’Hôpital Régional de Thiès et Enseignant-chercheur. N’est-ce pas beaucoup de responsabilités ? C’est certes beaucoup de responsabilités mais je suis entourée des maîtres et collaborateurs engagés comme moi pour la cause des femmes et grâce à l’esprit d’équipe, nous travaillons en parfaite cohésion. Comment conciliez-vous ces responsabilités professionnelles avec votre vie privée ? L’une n’impacte-il pas sur 32-BIRAMAWA MAGAZINE l’autre ? La gynécologie obstétrique est une discipline prenante qui demande beaucoup de sacrifices, une présence constante et à toute heure aux côtés des patientes. Notre pays n’a pas assez de gynécologues obstétriciens pour couvrir tous les besoins, ce qui fait que la charge de travail est énorme surtout dans les structures publiques. A un certain moment, durant ma spécialisation et au début de ma carrière professionnelle, le travail passait avant toute chose et c’était une nécessité. Mais maintenant, avec une équipe plus renforcée et grâce à l’appui constant de ma famille, je parviens à allier les deux sans grande difficulté. Que diriez-vous à ces femmes sénégalaises qui, à la fois, aspirent à plus de responsabilités professionnelles et à une vie de famille épanouie ? Que ce n’est pas du tout facile mais pas impossible, il suffit de le vouloir pour y arriver. Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin. J’espère que mon parcours pourra inciter des jeunes à vouloir devenir médecins et gynécologues obstétriciens car notre pays en a besoin. Je vous remercie et souhaite pleins succès à votre journal. « Si les hommes étaient plus investis dans la santé des femmes beaucoup de problèmes seraient aujourd’hui résolus. »
34-BIRAMAWA MAGAZINE
BIRAMAWA MAGAZINE - 35
ENVIRONNEMENT Dakar une bombe à retardement pire que Beyrouth À l’image de Beyrouth poumon économique et administrative du Liban, il en est de même pour Dakar avec ses 3 137 196 habitants, soit près du quart de la population du Sénégal (23,2%), vivant sur une superficie représentant 0,3% de la superficie totale du pays, Dakar est la région la plus peuplée du Sénégal et la densité de sa population est aussi la plus élevée avec 5 704 personnes/Km2. Une de ses portes la plus prolifique reste le Port de Dakar. Le Port Autonome de Dakar (PAD), (+90% des recettes douanières du Sénégal) tel le port de Beyrouth (60 à 70% des importations libanaises), sont d’un apport stratégique considérable dans les économies de leur pays respectif. Le PAD est situé à l’intersection des lignes maritimes reliant l’Europe à l’Amérique du sud, l’Amérique du nord à l’Afrique du sud. Il bénéficie d’une position géographique exceptionnelle parce que situé sur la pointe la plus avancée de la côte ouest africaine. Le PAD est scindé en deux zones distinctes (zone sud avec les moles 1, 2,3 et zone nord avec les moles 4, 5, 8,10) séparées par un port de pêche, des ateliers de réparation navale et une zone militaire. Participant à l’émergence de la ville de Dakar depuis 1869, le port brasse d’importants volumes annuellement, avec 2.653.945 de tonnes de vracs solides conditionnés en 2010 pour une hausse 45% par rapport à 2009, qui représente 26% du trafic total est due à la reprise principalement des importations du soufre (+72 %) destiné aux ICS. 36-BIRAMAWA MAGAZINE
Le terminal soufre ICS, faisant écho à l’entrepôt de nitrate d’ammonium du port de Beyrouth objet de notre étude, est entouré par le terminal à conteneurs au Sud poumon économique du Sénégal et décisif dans les échanges vers l’hinterland, à l’Est la zone des hydrocarbures avec les sea-lines d’hydrocarbures de gaz et de produits chimiques alimentant la SAR et les ICS, au Nord la voile d’or et le camp militaire de Bel-Air sont un modèle de villégiature. Non loin de là, à l’ouest et au Nord-Ouest, se trouve les routes des hydrocarbures et de Rufisque avec leurs différents réservoirs de stockage destinés à approvisionner tout le Sénégal, un peu au Nord-Est à 27km se trouve les installations de Gaz Lobou Mame Diarra Bousso. Plus au Sud à moins de 4,5 km se trouve le centre-ville du Dakar plateau et une bonne partie des ministères non transférés à Diamniadio, et surtout le Palais présidentiel tout à fait sur la bissectrice Sud. Cet environnement sulfureux et délétère ne demanderait jamais une étincelle pour s’embraser. Cette mitoyenneté du soufre avec des produits inflammables représente une menace perpétuelle. Avec plus de 300 000 tonnes annuellement manutentionnées, débarquées essentiellement, le soufre avec sa forte utilisation en plein air près du terminal à conteneurs nécessite une vigilance sans faille dans le respect des normes de sécurité, en raison de la quantité stockée de vracs et de la proximité géographique qui fait avoisiner des marchandises parfois sensibles (hydrocarbures, sea-lines, conteneurs, …) en termes de sécurité. Certains produits peuvent réagir les uns avec les autres, provoquant parfois des explosions, des incendies, des projections ou des émissions de gaz dangereux. Ces produits incompatibles doivent être séparés physiquement. D’autres produits encore réagissent violemment avec l’eau : ils doivent être entreposés de façon à ce que tout contact avec de l’eau soit impossible, même en cas d’inondation. Enfin, les produits inflammables doivent être stockés à part dans une enceinte dédiée et constamment ventilée. Dans l’obligation de la séparation des produits incompatibles/ réactions dangereuses, la mitoyenneté entre le stockage du soufre et le terminal à conteneurs BIRAMAWA MAGAZINE - 37
en est une parfaite illustration. Or le stockage du soufre près du TAC est une des sources les plus destructrices qui peut menacer aussi bien toute la chaîne logistique, que l’environ direct du port et les milliers d’individus s’activant tout autour du port et à Dakar plateau. La prévention de l’exposition à des agents chimiques dangereux passe également par le respect de mesures d’hygiène, qui viennent en complément des mesures de prévention technique et organisationnelle. La température d’auto-ignition de la fleur de soufre (soufre en poudre) est de 190 °C. Une réaction chimique incontrôlée peut entraîner une explosion suite à la manipulation de la fleur de soufre. Le soufre liquide présente une tension de vapeur encore très faible au-dessous de 200 °C qui croît rapidement au-delà. La température d’ébullition à pression atmosphérique est de 444,6 °C. La coloration des vapeurs est jaune puis se modifie progressivement avec la température de chauffe. Température d’inflammation sans flamme pilote (poussières). Un feu de soufre solide s’étend rapidement, en l’absence de rétention, du fait de la fusion rapide du produit et se comporte comme un feu de nappe. Il ressort de l’examen des caractéristiques d’inflammabilité et d’explosibilité que le soufre est facilement inflammable. En particulier, l’ordre de grandeur de l’énergie minimale d’inflammation indique que les étincelles mécaniques, électriques et électrostatiques sont susceptibles d’enflammer les poussières de soufre. De plus, le caractère résistif du soufre favorise la création et l’accumulation des charges électrostatiques au sein du matériau et accroît donc le risque d’inflammation d’origine électrostatique. Des inflammations de poussières de soufre sont également susceptibles de se produire et d’être à l’origine d’explosions ou d’incendies. La fleur de soufre est un des rares produits, les poussières métalliques mises à part, qui s’enflamme par étincelles électriques, et sa combustion dégage des produits toxiques comme le dioxyde de soufre (SO2) et le trioxyde de soufre (SO3). Sous forme pulvérulente, l’inflammation d’un nuage de soufre en milieu confiné donne lieu à une explosion. Les risques médico-environnementaux émanant du soufre Les conséquences d’un accident de matières dangereuses dépendent de la nature du produit. Le plus souvent, son inflammation déclenche un incendie (60 % des accidents concernent des produits inflammables). Parmi les autres effets possibles : l’explosion, l’émanation toxique, la pollution de l’environnement par déversement du produit. Les risques émanant du soufre peuvent être de trois ordres : La pollution par un nuage toxique, la pollution par déversement, risques d’incendie et d’explosion, Le danger toxicologique principal en relation avec le soufre résulte de sa combustion, qui génère du dioxyde de soufre (SO2), substance toxique, et en moindre mesure de l’hydrogène sulfuré (H2S), du trioxyde de soufre (SO3) et du disulfure de carbone (CS2), également toxiques. En particulier lors de l’accident d’Afrique du Sud en décembre 1995, les gaz issus de la combustion de terrils de soufre ont provoqué des décès parmi la population. La gravité des effets des produits chimiques sur la santé dépend de plusieurs paramètres : caractéristiques du produit chimique concerné (toxicité, nature physique…) voies de pénétration dans l’organisme (respiratoire, cutanée ou digestive) mode d’exposition (niveau, fréquence, durée…) état de santé et autres expositions de la personne concernée (physiologie, prise de médicaments, consommation d’alcool ou de tabac, expositions environnementale …). Ces effets peuvent apparaître : en cas d’exposition à un produit chimique sur une brève durée (intoxication aiguë): brûlure, irritation de la peau, démangeaison, convulsion, ébriété, perte de connaissance, coma, arrêt respiratoire… après des contacts répétés avec des produits chimiques, même à faibles doses, (intoxication chronique) : eczéma ou troubles de la fertilité, silicose, mésothéliome, insuffisance rénale... Les pathologies dues à des produits chimiques peuvent apparaître plusieurs mois ou plusieurs années après l’exposition. Par contre, rejeté dans l’eau, milieu dans lequel il n’est pas soluble, le soufre ne 38-BIRAMAWA MAGAZINE
se dégrade pas tant qu’il reste en suspension. Dans le cas des accidents où la concentration de la suspension est élevée, les poissons peuvent être atteints. Pour le cyprin doré, 16 000 ppm (parts per million) durant cinq heures entraînent une mortalité de 100 %. Les pollutions secondaires, issues de la combinaison des précédentes comme l’ozone (O3) et les particules très fines qui pénètrent profondément dans les bronches ont également des effets néfastes sur la santé. A Dakar, des dosages effectués récemment montent que 96% particules produites par le trafic urbain sont inférieures à 2,5 μm. A partir de travaux effectués en 2002, l’OMS considère qu’un quart des décès prématurés en Afrique sont imputables à la mauvaise qualité de l’air et donc proviennent de la pollution urbaine. L’aménagement du territoire un must, vu ce qui nous attend en cas d’explosion. Le schéma national d’aménagement et de développement du territoire devra fixer les orientations fondamentales en matière d’aménagement, d’environnement et de développement durable. Une bonne politique permettra un développement équilibré de l’ensemble du territoire national alliant le progrès social, l’efficacité économique et la protection de l’environnement. Toute perspective implique un point de vue qui varie suivant l’a priori implicite qui tient lieu d’origine à la réflexion qu’elle véhicule. Comme le souligne IBNTALAL Hassan, en l’absence de culture qui donne le sens, l’opération de développement reste sans sens. En matière de prévention des risques chimiques plusieurs types d’actions sont possibles pour aboutir à la meilleure maîtrise possible des risques chimiques. Le plan d’action constitué combine des mesures techniques (suppression ou substitution de produits ou de procédés, protection collective comme du captage à la source des émissions…) et organisationnelles (procédures d’urgence, règles d’hygiène…), ainsi que des actions d’information et de formation des travailleurs. Il nous faut répondre impérativement à la charte africaine de l’UA, qui stipule : L’étendue des obligations positives imputables à l’Etat dans une situation particulière dépend de l’origine de la menace et de la possibilité d’atténuation de tel ou tel risque. « Cela ne concerne pas exclusivement les cas de décès résultant directement d’actes des agents d’un Etat mais implique aussi l’obligation positive pour les Etats de prendre toutes les mesures nécessaires à la protection de la vie des personnes relevant de leur juridiction (le droit à la vie et environnement). La responsabilité de l’Etat dans les activités chimiques dont émanent des émissions toxiques, ou l’exploitation de sites de stockage de déchets, qu’elles soient menées par les autorités publiques elles-mêmes ou par des entreprises privées. Bien que nous soyons dans un monde à dominante de libéralisme, le droit à un environnement répond en réalité à la définition des intérêts qui prévalent dans le devenir collectif. L’intérêt général ne peut se définir, au départ, que par comparaison ceux privés (individuel, patrimoniaux, affectifs, économiques, confort, …) tournés vers soi. Quelque soit notre intérêt économique, il ne devrait pas prévaloir sur celui général. Le soufre en lui-même peut ne pas être dangereux, toutefois la combinaison de plusieurs facteurs, relatifs à la quantité exposée, au stockage du soufre, les installations autour du lieu d’entreposage, l’environnement urbain et la densité de la population, peut se révéler fatal et irréversiblement destructeur pour une ville comme Dakar au-delà de la catastrophe de Beyrouth. Mariane Seck Docteur en Droit de l’Environnement et de la Santé BIRAMAWA MAGAZINE - 39
LES DROITS HUMAINS AKK AK YELEFU DOMU ADAMA YI Généralités sur les droits de la femme L es droits de la personne humaine sont un ensemble de droits qui garantissent la liberté de l’être humain et conditionnent le respect de 40-BIRAMAWA MAGAZINE sa dignité pour le plein épanouissement de sa personnalité. Ils ont existé depuis très longtemps, mais ils sont devenus de nos jours un sujet important et
complexe qui mobilise l’opinion internationale. Depuis quelques années, le Sénégal s’est résolument inscrit dans la voie d’un assainissement des bases de sa croissance économique dont l’aboutissement doit faciliter l’atteinte des ODD par le biais d’une redistribution équitable des richesses. A cet effet, outre la création d’opportunités pour la promotion d’emplois productifs et la transformation structurelle de l’économie, la protection sociale des populations, notamment les couches vulnérables, demeure l’un des axes stratégiques les plus forts de la politique économique et sociale du pays. Et, parmi ces couches vulnérables figurent la femme dont le rôle social a considérablement évolué au fil du temps. La « femme » apparaît comme la personne de sexe féminin de tous âges, y compris les filles, les adolescentes, les femmes selon leur statut matrimonial. Elle bénéficie d’un certain nombre de droits faisant parties intégrantes des droits humains. La protection des droits des femmes se justifie par deux raisons fondamentales. Il y a, d’abord, la vulnérabilité de la femme liée à son statut au sein d’un certain nombre de sociétés ainsi qu’au modèle d’organisation sociale qui peut être patriarcal ou matriarcal. Ensuite, on a assisté à la persistance des discriminations liées au sexe occasionnant des violences sous plusieurs formes. Enfin, le souci de protection des droits et de restauration de la dignité humaine comme prévu par les textes internationaux sur les droits de l’Homme. Elimination des discriminations à l’égard des femmes Jadis, la femme jouait les seconds rôles dans la société en ce que leurs activités se limitaient à assurer l’éducation des enfants. Il lui était impossible d’occuper des fonctions politiques, administratives. Tout ceci en raison d’une primauté de l’homme sur elle. A Athènes où la démocratie fut inventée, les femmes étaient exclues de celle-ci car la démocratie athénienne était limitée. Les citoyens ne constituaient qu’une petite fraction de la population. En effet, pour être citoyen, il fallait être un homme. Ce qui fait que la femme vivait dans une situation fragile, de précarité. La première conférence mondiale sur la femme à Mexico en 1975 a retenu la nécessité de créer un instrument sur les droits humains des femmes, non assumés et non appliqués. En 1979, l’Assemblée générale des Nations unies adopte la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes connue sous le sigle de CEDEF ou CEDAW son abréviation anglaise. Cette Convention propose une révision des droits humains afin d’y intégrer de façon explicite les droits des femmes. L’adoption de ce texte se justifie par le souci de mettre fin à la discrimination suite à une prise de conscience de la situation des femmes comme étant la catégorie sociale la plus touchée par la pauvreté dans le monde. Depuis 1995, date de l’adoption du Programme d’action de Beijing sur l’autonomisation des femmes, la proportion moyenne de femmes au parlement a presque doublé dans le monde, passant de 11 % en 1995 à 22 % en janvier 2015. Les femmes au parlement ont gagné́ du terrain dans plusieurs pays. En fait, les Etats parties ont ainsi compris que la discrimination entrave la participation des femmes, dans les mêmes conditions que les hommes, à la vie politique, sociale, économique et culturelle de leur pays, qu’elle fait obstacle à l’accroissement du bien-être de la société et de la famille et qu’elle empêche les femmes de servir leur pays et l’humanité dans toute la mesure de leurs possibilités. Ils ont ainsi convenu de définir l’expression discrimination à l’égard des femmes comme « toute distinction, exclusion ou restriction fondée sur le sexe qui a pour effet ou pour but de compromettre ou de détruire la reconnaissance, la jouissance ou l’exercice par les femmes, quel que soit leur état matrimonial, sur la base de l’égalité de l’homme et de la femme, des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans les domaines politique, économique, social, culturel et civil ou dans tout autre domaine ». Il s’y ajoute la consécration d’un protocole additionnel à la CEDEF. Il appert que la promotion de l’égalité des sexes vise à éliminer les disparités entre les sexes, notamment dans l’éducation primaire et secondaire, et à tous les niveaux de l’éducation, sachant qu’en moyenne, dans les pays en voie de développement, 94 filles sont scolarisées pour 100 garçons, et que dans 2 pays sur 3, au sens restreint du terme, l’égalité des sexes à l’école est atteinte. Reste que l’objectif de l’autonomisation des femmes reste BIRAMAWA MAGAZINE - 41
distant, dans les pays en voie de développement comme dans les pays industrialisés. En Afrique, on a assisté à l’intervention du protocole à la charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatifs aux droits des femmes adopté à Maputo le 11 Juillet 2003 et entré en vigueur le 25 Novembre 2005. Venant en complément à la Charte africaine, pour promouvoir les droits fondamentaux en Afrique et veiller à la protection de ces droits, le protocole de Maputo met en évidence les droits déjà proclamés par la charte et insiste sur la protection des femmes contre les pratiques traditionnelles dangereuses et la protection lors des situations de conflit armé. Au Sénégal, la parité résulte de la loi n° 2010-11 du 28 mai 2010 qui dispose, en son article 1er, que « la parité homme-femme est instituée dans toutes les institutions totalement ou partiellement effective ». Suite à cette consécration légale, la participation des femmes à la vie politique a augmenté, mais la parité́ est encore un objectif lointain. La nécessaire implication de la femme dans le processus de développement L’approche « Genre et développement » qui a été adoptée à la Conférence de Pékin (1995) consiste à prendre en compte la répartition des rôles et des activités des femmes et des hommes dans chaque contexte et dans chaque société pour tendre vers un équilibre des rapports de pouvoir entre les sexes. En effet, le genre et le développement constituent deux concepts qui s’entrecroisent et autour desquels se sont développées, au cours de ces dernières années, de nombreuses recherches principalement anglophones. Ces deux notions sont porteuses de pratiques visant à changer les rapports entre les femmes et les hommes. Il appert que le genre se réfère à la construction et à la répartition des rôles sociaux attribués à chaque sexe, dans une société et à une époque donnée. Ces rôles varient d’un pays à l’autre selon l’âge, la culture, la classe sociale, etc. Quant au développement, il vise l’ensemble des transformations structurelles (démographiques, économiques, sociales, mentales, politiques, etc.) qui rendent possibles et accompagnent la crois42-BIRAMAWA MAGAZINE sance économique et l’élévation du niveau de vie. D’où la nécessité de ne pas confondre « genre » avec le mot « sexe » qui évoque les caractéristiques biologiques et physiologiques qui différencient les hommes et les femmes. En effet, l’égalité entre hommes et femmes est au cœur du programme d’action de l’OIT en faveur d’un travail décent pour tous. Cette égalité conditionne les changements sociaux et institutionnels propices à un développement durable assorti d’égalité et de croissance. L’égalité entre hommes et femmes repose sur l’égalité des droits, des responsabilités et des opportunités dont chacun devrait jouir, indépendamment de son sexe. Dans le monde du travail, l’égalité entre hommes et femmes se décline de la façon suivante: 1. 2. Égalité des chances et du traitement valeur égale 3. Égalité de rémunération pour un travail de Égalité d’accès aux emplois sûrs et non dangereux pour la santé, ainsi qu’à une couverture sociale 4. lective 5. 6. Égalité d’association et de négociation colÉgalité de perspectives de carrière Un équilibre entre travail et vie privée, équitable tant pour les hommes que pour les femmes 7. Égalité de participation à la prise de décisions à tous les niveaux Étant donné qu’au travail les femmes sont souvent désavantagées par rapport aux hommes, la promotion de l’égalité entre hommes et femmes nécessite d’accorder une attention particulière aux besoins et aux aspirations des femmes. En outre, l’inégalité des attentes et des relations de pouvoir influence négativement les hommes et les garçons à cause d’idées reçues sur la condition masculine. Or, les femmes comme les hommes, et les filles comme les garçons, devraient être libres de s’épanouir et de prendre des décisions suivant leurs propres aptitudes et intérêts, sans limitations imposées par des rôles rigides attribués à l’un ou l’autre des sexes. Khadime SENE Éducateur spécialisé au Ministère de la Justice
BIRAMAWA MAGAZINE - 43
HISTOIRE DU SÉNÉGAL Sel et Santé en Afrique de l’Ouest traditionnelle Le sel est une denrée nécessaire pour la vie humaine et animale. « Le chlorure est essentiel à la digestion et à la respiration. Sans le sodium, que le corps ne peut pas fabriquer, il serait incapable de transporter des nutriments ou de l’oxygène, transmettre des impulsions nerveuses, ou déplacer les muscles, y compris le cœur. »¹ 1 KURLANSKY M, Salt A World History, 2002, U.S.A, N.Y, Ed : Walker Publishing Company, P. 10 « Chloride is essential for digestion and in respiration. Without sodium, which the body cannot manufacture, the body would be unable to transport nutrients or oxygen, transmit nerve impulses, or move muscles, including the heart. An adult human being contains about 250 grams of salt, which would fill three or four salt-shakers, but is constantly losing it through bodily functions. It is essential to replace this lost salt. » 44-BIRAMAWA MAGAZINE
Son importance liée à la santé en Afrique de l’Ouest est attestée par les récits de voyage. Au XVIe siècle, V. Fernandes écrivait « Les noirs donnent plus d’or en échange de sel que toute autre marchandise. Ils le consomment eux-mêmes, comme leur bétail et prétendent que sans le sel, ni eux, ni leurs troupeaux ne pourraient subsister et prospérer (…). D’ailleurs, il y a plusieurs de leurs maladies internes et de celles de leurs bétails qu’ils guérissent en mangeant du sel. C’est pourquoi le sel est chez eux si fort apprécié ».² Les changements d’habitudes alimentaires, induits par la civilisation industrielle ont profondément modifié la relation positive que nous avions avec le sel. La substitution de sel par des bouillons artificiels est un des éléments de la « fracture sociale »³, qui en fait est devenue un problème de santé publique. Le discours médical axé sur l’excès de consommation de sel, associé à l’hypertension artérielle et les maladies cardiovasculaires dénigre un aliment irremplaçable. « Décliner une histoire du sel, c’est étendre l’étude de la période précoloniale jusqu’aux temps immédiats, c’est inscrire l’historien dans les réalités passées et présentes. »⁴ Il s’agit de donner au sel sa dignité historique en insistant sur la consommation pour la santé humaine et animale. Notre travail est construit autour de questions majeures. Pourquoi l’Homme ingère le sel ? Le sel était-il utilisé dans la médecine traditionnelle ? Mots-clés : Sel, Alimentation, Santé, Médecine traditionnelle, Covid-19. Les sels minéraux Jean Stocker soulignait que « le développement de l’humanité était lié à la possibilité d’approvisionnement en sel, le berceau de la civilisation, l’Égypte, la Mésopotamie, les rivages de la méditerranée sont des contrées où le sel abonde »⁵. L’Afrique de l’Ouest, « protégée et emprisonnée au sud et à l’ouest par l’océan qui épouse la terre dans le fracas de la barre, au nord par l’immense moutonnement ocre et silencieux du désert qui par deux fois se marie aux eaux des fleuves Sénégal et Niger »⁶englobait trois grandes régions de production : le littoral atlantique, source de sel marin, le Sahara : domaine des terres salées et du sel gemme et le centre du pays : domaine des sels végétaux. Sel gemme extrait des mines, sel de sources par ébullition et concentration, sel de cendre par ébullition, sel résultant du lessivage de certains sols ; ces sels ont toujours été utilisés pour la consommation et furent composés généralement des minéraux suivants : « sodium, calcium, potassium, lithium, rubidium, strontium, magnésium, aluminium, silicium, titane, fer et cuivre. »⁷ Alimentation humaine Étudier le lien entre le sel et l’homme ; c’est se pencher sur ses besoins vitaux. Parmi eux, l’un des plus impérieux est le besoin en sel. C’est lui qui a dicté aux hommes d’élaborer des techniques de production pour l’acquérir ; nouer des relations d’échange pour assurer son approvisionnement. En se fondant sur les travaux du médecin-colonel Léon PALES, l’introduction du sel dans l’organisme par voie alimentaire répondait à un besoin physiologique. En 1950, il écrivait « le goût des noirs pour le sel, n’est pas un goût. La « soif de sel » des noirs rejoint leur « soif d’eau ». C’est un besoin physiologique impérieux ; »⁸ Pour PALES, le fonctionnement de l’organisme humain « est étroitement lié au métabolisme du sel et de l’eau. Schématiquement (…), le tube digestif de l’homme est l’axe de construction de la figure avec sa voie d’apport alimentaire (…). Du secteur d’assimilation, les aliments nutritifs passent dans le plasma sanguin. Là, deux voies se présentent : l’une conduit dans l’intimité des tissus, l’autre a des nouveaux organes d’excrétion : les poumons, les reins et la peau. La voie d’accès à l’organisme aboutit aux liquides interstitiels ou milieu intracellulaire. Mais, déjà, il apparaît que le plasma sanguin est composé d’eau et de chlorure de sodium [sel] où l’eau représente 5% du poids du corps. Le liquide interstitiel est un 2 CadaMosto cité par MAUNY R, Tableau géographique de l’Ouest Africain au moyen-âge d’après les sources écrites, la tradition orale, l’archéologie, 1961 mémoire IFAN N°61, Dakar, p. 323. 3 FALL M. « Les fractures en notre humanités », Le SOLEIL, Mardi 09 juin 2020, P. 18-19. ⁴ UBOIS C., L’or blanc de Djibouti, Salines et sauniers (XIXe –XXe siècles), 2003, Paris, éd : KARTHALA, PP. 9. ⁵ STOCKER (J), Le sel, 1949, Paris, presses universitaires de France, Préface ⁶ MONNIER y, L’Afrique dans l’imaginaire Français, (Fin du XIXe- Début XXe Siècle), 1999, Paris, éd : L’Harmattan , P. 291 ⁷ SERVIGNE M. et PALES L., 1954, Les Sels alimentaires, Paris, éd : J.G. Malochet, P. 12. ⁸ Pales L., op cit.P.73 BIRAMAWA MAGAZINE - 45
mélange d’eau (…) et de sel de potassium. Entre les deux domaines, l’extra et l’intracellulaire existe une cloison, enveloppe des cellules, membrane cellulaire, osmotique. Perméable à l’eau, elle est imperméable aux sels et fait nouveau et capital imperméable aux ions qui composent ces sels. Le liquide interstitiel contient pratiquement la totalité du chlorure de sodium de l’organisme. Il est en équilibre osmotique avec les sels de potassium de la cellule. Toute modification, gain ou perte, de ce sel extracellulaire, quelle qu’en soit la cause, détermine un échange d’eau entre les milieux extracellulaires. Là, est le devoir d’équilibre »⁹. On peut en déduire que les Africains par conscience ou par expérience ingéraient le sel pour la santé. Les témoignages de Cada Mosto révèlent que les peuples, plus particulièrement ceux qui vivaient dans les régions chaudes, doivent en consommer régulièrement pour l’équilibre humain. Au XVe siècle, il écrivait : « (…) à quoi emploient ce sel les marchands de Melli, ils me furent répondus qu’ils s’en usent en leurs pays quelque quantité, pour autant que la proximité qu’ils ont avec l’Equinoxial il y’a de grandes chaleurs en certain temps de l’an, au moyen de quoi le sang vient à se corrompre et putréfier, tellement que si ce n’était ce sel, ils en prendraient la mort. Mais ils y pourvoient par un tel remède ; ils prennent une petite pièce de ce sel qu’ils détrempent avec un peu d’eau dans une écuelle de laquelle ils usent et boivent tous les jours, chose qui les contregarde et guérit. »¹⁰ Au-delà de son rôle physiologique, les consommateurs recherchaient aussi le goût salé pour rendre agréables les mets. R Caillé écrivait : « Au chef de Sancougnan, (…) nous allâmes à la case qu’on nous avait destinée ; peu après on m’apporte de la part du mansea (…), une calebasse de riz, de lait et du beurre fondu le tout saupoudré de sel que nous mangeâmes à notre dîner. »¹¹ À la fois aliment et condiment, le sel occupait une place prépondérante dans la nourriture quotidienne. Les animaux n’échappent pas à cette logique. ⁹ ibid ¹⁰ DE C’ADAMOSTO Alvares, 1895, Relation des Voyages à la Côte Occidentale d’Afrique, Paris, éd : Ernest Leroux, P. 56. 11 R Caillé op cit, p. 90. 12 BOUTRAIS j., « Cure salées, cures natronées pastoralismes en savane centrafricaines », Journal des africanistes, N° 89-1 , 2019, p. 84115, P. 2. 1³ MARIKO, K. A., Souvenirs de la boucle du Niger, 1980, Dakar, éd : Les Nouvelles Editions Africaines, P. 90. 1⁴BOUTRAIS J., op cit, p. 3. 46-BIRAMAWA MAGAZINE La cure salée des animaux, une pratique thérapeutique des Pasteurs Dans l’histoire pastorale, la recherche de sel a souvent conditionné de récurrents mouvements de transhumance. Autant que l’homme, la vache a besoin de sel pour remplacer celui qui est éliminé par la sueur, l’urine et le lait. « Lorsqu’elles ressentent un déficit en sel (…), les vaches adoptent un comportement inhabituel dont les éleveurs restituent les manifestations principales : elles meuglent continûment. Si l’attente de complément minéral se prolonge, leur façon de paître change, en devenant plus discontinue ; elles perdent des forces et s’amaigrissent. »¹² Ce besoin impérieux engendrait des déplacements périodiques des troupeaux vers les prairies salées. Ce phénomène était observé dans le Nord-Est du Sahel par le vétérinaire Kélétigui A. Mariko « Après l’effroyable sécheresse qui décima bête et gens dans tout le sahel, l’hivernage s’installa dru, régulier. Partout tout verdoyait. Les bœufs reprenaient de l’embonpoint, le poil brillant, le mufle sec, l’œil luisant, ils gambadaient par les vastes plaines en routes vers les terres salées de l’Azawak. Là-bas, en plein nord est, vers le Niger où les salines de Taguidda-Tessoum accueillent chaque année des milliers, des dizaines ou des centaines de milliers de têtes de bovins, d’ovins, de caprins de chameaux, venus là faire la cure salée (…). »¹³ Au-delà de sa dimension physiologique, la cure salée revêtait une dimension culturelle. Le retour des troupeaux était l’occasion d’organiser des activités festives. « Les cures salées ou natronées donnent lieu à des scènes spectaculaires, par exemple aux environs d’In-Gall, au Niger. Aux tours des sources salées se rassemblent, chaque année, de nombreux Touaregs et Peuls nomades. »¹⁴ Ces cures salées occupaient une place centrale dans la vie de relation du monde pastoral. Mariko plaidait pour sa préservation. « Devrons –nous effacer à tout jamais de nos vues et de nos souvenirs les spectacles éclatants de couleurs et de dynamisme que représentaient, au Macina, comme dans la zone lacustre,
dans l’Azawak, la Tamesna, l’Oudalan, les retours des transhumances d’immenses troupeaux, indiscutablement les plus beaux de l’Afrique occidentale ? Devrons-nous oublier pour toujours toutes ces fêtes bucoliques inséparables des cures salées (…) qui jadis rassemblent toute la population à des kilomètres à la ronde ? » ¹⁵ Il semble que la transhumance vers les terroirs salicoles du Saloum était causée par l’existence de marais et prairies salés qui bordent la rivière du même nom. Durant la saison des pluies, les pâturages salés recouvraient d’une végétation qui attirait les éleveurs. Un informateur à Ngathie, nous dit que jusqu’à une période récente, les pasteurs guidaient leurs troupeaux jusqu’aux marais salants de Ngathie pour la cure salée. Le toponyme d’un marais salant « Mbarkha-Khélé » illustre cette pratique qui était bien observé par Almada. Ce dernier écrivait au XVIe siècle, « pendant l’hiver, les Foulos font paître leurs troupeaux sur les côtes habitées par les Jolofos, les barbacins[seereer] et les Mandingues et pendant l’été, ils rentrent dans l’intérieur (…) »¹⁶. Ainsi, grâce à son rôle thérapeutique, le sel était l’or du pasteur. Autant que l’eau, le sel rythmait la dynamique pastorale. La transhumance durant l’hivernage était nécessaire pour la santé des animaux. Le Moundé chez les Peuls du Fouladou La présence du sel dans le mythe d’origine de la vache permet de dire qu’il était en partie à l’origine du Moundé. « D’après la tradition orale, trois jeunes vaquaient tranquillement à leurs occupations, lorsque soudain, une vache ayant des taches noires, rouges et blanches (mais avec une prédominance des taches noires), sortit de l’eau pour se diriger vers la berge. Aussitôt, l’un des jeunes gens se mit à la pourchasser pour essayer de l’attraper, mais il n’y réussit pas. Le second en fit de même ; il échoua à son tour. Le troisième jeune gens s’avança, s’approcha tout doucement et dit : « Hurr, hurr ! Vient ma belle à la robe magnifique ! Arrête-toi ma douce ; viens par ici ! À leur grand étonnement, la vache ne fit pas un pas de plus. Elle s’arrêta net et il s’en saisit ; ce jeune homme –là était un Peul ! Or ce Peul n’avait pas omis de noter que, lorsque la vache était sortie de l’eau, elle s’était dirigée vers un endroit précis de la berge. C’est pourquoi il s’y rendit aussi et constata que l’endroit était fortement salé. Le Peul conclut alors que pour domestiquer la vache, il faudrait lui donner régulièrement du sel. Mais, étant donné que l’animal qui avait été conduit au village était un bovidé-femelle, le Peul décida de retourner au bord du fleuve pour y chercher un bovidé-mâle. Et c’est là qu’on dit qu’il a rencontré le Génie de l’eau, le Gardien des vaches et des troupeaux. (…) Le Génie lui fixa un rendez-vous sans que rien ne se passe. Au troisième rendez-vous, le génie lui recommanda de faire le moundé. »¹⁷ D’après les témoignages recueillis au Fouladou par Moustapha BARRY, « la recherche de ce sel a conduit des Peuls -Fouta à s’installer définitivement dans la province Firdou du Kabou. »¹⁸ Le terroir était la première zone de diffusion de sel marin produit en Casamance et dans les rivières du sud. « En Mandingue le Firdou est l’endroit où on exerce le commerce (Firo= commerce ; dou= géographie). »¹⁹ Sa proximité avec les zones de production permettait aux éleveurs de se ravitailler moins cher pour la cure salée. La préparation du rite chez les Peuls du Fouladou montre que sans le sel il est impossible d’organiser la fête des vaches. En effet, « les feuilles, les racines, les écorces et les fleurs de palmier sont pilées et malaxées avec du sel »²⁰. Amadou Ndiaye pense qu’« il faut chercher le sens profond du moundé dans la quête effrénée du grand nombre de vaches. En effet, l’idée la mieux partagée chez les Peuls, est que la vache qui est arrivée la première, lors de la course, donne successivement naissance à neuf veaux femelles avant de mettre bas un veau mâle. »²¹ 1⁵ MARIKO, K. A., op cit, p. 90. 1⁶ Almada A. A., op cit.;P.73 ¹⁷ Ndiaye A., La fête de la vache chez les Peuls du Fouladou ou la perpétuation du rite du sel, Annales de la Faculté des lettres et Sciences Humaines, n°39/B 2009, P.226. 1⁸ Ibidem 1⁹BARRY M., « L’implantation des Peuls du Futa djallon dans le Fuladou » (1867-1958), 2000-2001, UCAD, Dpt Histoire, Mémoire de Maîtrise, P. 18. 2⁰BARRY M., op cit, p.9. ²² Massamba TALL, Immam de la grande mosquée de Ndiobène Tallène. BIRAMAWA MAGAZINE - 47
La transplantation d’une pratique largement partagée par les peuples de civilisation pastorale permet de dire que l’objectif principal du Moundé est la santé des animaux. Sur la base d’une réalité, un mythe était forgé pour expliquer la domestication de la vache et la prospérité du cheptel. En ce sens, il participe à une meilleure compréhension de l’univers culturel des Peuls. Le sel dans la médecine traditionnelle Produit aux vertus thérapeutiques, le sel est présent dans la médecine traditionnelle. Il joue un rôle important dans le traitement et la prévention des maladies. Nos informateurs au Saloum dressent un catalogue de maladies qu’ils soignent avec le sel. On peut citer les maux de gorge, d’estomac, les maladies dentaires, les problèmes liés à la santé de reproduction, etc. Massamba TALL²² rapporte à l’appui de ses expériences personnelles des témoignages médicaux que « lorsqu’il souffre des maux de gorge et d’estomac, il boit de l’eau salée le matin et soir. »²³ De plus, l’usage du sel pour soigner des plaies et arrêter l’hémorragie de sang est devenu même un remède populaire en Afrique de l’Ouest. Chez les peuples du Nord-Cameroun, « le sel de potasse sous la forme liquide joue le rôle d’antiseptique de premier ordre dans le milieu traditionnel. On l’utilise pour arroser les blessures en vue de leur nettoyage, même si elle produit une vive douleur. Lors des rites d’initiation et de circoncision chez les Moundang, on verse constamment du sel sur les plaies issues de la coupure des prépuces. Il est mélangé à quelques poudres d’écorces d’arbres pour soigner les jeunes circoncis. »²⁴ En cas de douleur articulaire, « quand quelqu’un est confronté à une fatigue extrême, des problèmes de courbatures, ou des maux d’articulations, entre autres ; il peut se faire un massage composé de sel. La composition est simple : malaxer peu d’eau salée avec du beurre de karité ; puis, au coucher, masser tout le corps ou les parties atteintes. Le lendemain matin, il est recommandé de se laver avec de l’eau tiède salée. »²⁵ Conclusion Ainsi, le lien entre le sel et la médecine est évident et universel. Didier DEVAUCHELLE l’a observé depuis l’Égypte ancienne dans son article intitulé : « Sel et natron en Égypte pharaonique.»²⁶ On comprend alors, les hypothèses formulées (le sel un remède de grand-mère pour traiter le Covid-19? Selon des chercheurs de l’université d’Édimbourg, Ecosse)²⁷ ; les conseils de gargariser la gorge avec de l’eau salée pour la prévention et le traitement du Covid-19. Le fonctionnement physiologique de notre corps est tributaire de métabolismes du sel. Ceci révèle que l’Homme est un élément de la nature. Si nous voulons préserver notre santé, donnons à notre corps des aliments programmés par la nature. Les personnes victimes de Covid-19 révèlent que le virus achève plutôt des personnes dont la santé est abîmée. Le discours sanitaire doit être porté sur l’éradication de l’usage des bouillons artificiels et la conscientisation des femmes qui sont les véritables cibles de Marketing pour l’équilibre alimentaire. Le retour au passé, amorcé au Cameroun, avec le phénomène de « labellisation du sel de potasse : cuukuurisation »²⁸ qui fait la promotion de la gastronomie traditionnelle est un exemple à suivre. Omar Mallé SAKHO Chercheur UCAD, Laboratoire LARHISA ²³ Ibidem ²⁴ François W., « Sels, magico-religieux, thérapeutiques et tradition orale au Nord-Cameroun ancien », in Sel et société, Tome 2 : Santé, croyances et économie, Christine Hoët-van Cauwenberghe , Armelle Masse, Gille(= tan en sérère)s Prilaux (dir.), 2020, Paris, éd : Presses universitaires du Septentrion, p. 185. ²⁵ DABO C., Sel, « Archéologie et Patrimoine : le cas du Sinn-Saloum », 2017, UCAD, Dpt. Histoire, Mémoire de Master, P. 46. ²⁶ DEVAUCHELLE, D., « Sel et natron en Égypte pharaonique.» in Sel et société, Tome 2 : Santé, croyances et économie, Christine Hoëtvan Cauwenberghe, Armelle Masse, Gilles Prilaux (dir.), 2020, Paris, éd : Presses universitaires du Septentrion, p. 319. ²⁷ https://www.cnews.fr/monde/2020-06-29/leau-salee-pourrait-aider-traiter-le-covid-19-selon-des-chercheurs-973232 2⁸ François W., op cit, P. 48-BIRAMAWA MAGAZINE
A L'ÈRE DU NUMÉRIQUE Les enjeux sanitaires du numérique Le numérique “disrupté” quasiment tous les secteurs de la vie humaine, la médecine n’étant pas épargnée par ce phénomène. Tantôt il est facteur de troubles de santé, tantôt il est au contraire, un puissant outil de progrès médical. Je me propose un tableau panoramique de ces deux faces dans les lignes qui suivent. I. Le numérique facteur de troubles de santé A. La nomophobie ou quand on a une peur démesurée de se séparer de son smartphone 50-BIRAMAWA MAGAZINE Parmi les maux les plus récurrents causés par le numérique, se trouve en bonne place la dépendance aux outils digitaux. Cette dépendance est surtout observée chez les jeunes, qui se connectent plusieurs heures par jour.
Cette dépendance est aujourd’hui de plus en plus problématique dans la mesure où nous notons qu’une séparation entre l’utilisateur et l’outil numérique, comme le smartphone, crée un fort sentiment de mal être, c’est ce que les scientifiques ont d’ailleurs appelé la nomophobie. Ce terme est la contraction de no mobile phone, qui veut dire absence de téléphone, et de phobie, qui veut dire désigne la peur. La nomophobie évoque ainsi une peur démesurée à l’idée de se retrouver sans son téléphone. Les psychiatres la considèrent comme une maladie du monde moderne, engendrée par la communication virtuelle et la généralisation des smartphones. B. D’autres troubles du comportement nés de l’usage généralisé du numérique 1. Le phubbing : snober sans le faire exprès Phénomène très récurrent, le phubbing est la consultation ostensible de son smartphone entre collègues, amis, amoureux, et membres d’une même famille alors même qu’on nous adresse la parole. Le mot est la contraction des termes phone, pour téléphone, et snubbing, pour snober. 2. Le syndrome d’anxiété : étaler sa vie sur le net Le syndrome d’anxiété est une fragilité très commune chez beaucoup de jeunes. Il se manifeste par un besoin permanent d’étaler les différents moments de son existence, aussi dérisoire soit-ils, sur les réseaux. Une story sur snapchat ou instagram, une photo sur facebook. L’angoisse qui l’accompagne naît de la peur de ne pas trouver le “bon moment” ou la “bonne photo” à poster et de la crainte que celle-ci ne provoque pas suffisamment de réactions d’approbation. 3. La schizophrénie de profil ou jongler entre plusieurs vies La schizophrénie de profil atteint ceux qui, jonglant avec la possibilité d’avoir plusieurs identités différentes sur les réseaux sociaux et autres sites de rencontre en ligne, finissent par ne plus savoir distinguer les identités choisies de leur propre personnalité. Pris au jeu des conversations de leurs différentes masques, ils ne savent plus lequel privilégier lorsqu’il s’agit de se confronter à la vraie vie. C. La lumière bleue de l'écran : source de multiples troubles Les écrans que nous utilisons au quotidien, smartphone, ordinateur, tablette, etc. produisent une lumière bleu artificielle très nocive pour nos yeux, autant que les rayons UV. Cette lumière bleue requiert pour les muscles de l’œil davantage d’effort pour nous donner la bonne image, raison pour laquelle nous ressentons des maux de tête ou une certaine lourdeur des paupières quand l’usage de l’outil digital est prolongé. A juste titre, cela suscite des inquiétudes médicales quant à ses conséquences sur l’œil à moyen et long terme. II. Les outils numériques accompagnent aussi la médecine dans ses progrès Sur un tout autre registre, en effet, le numérique est un puissant levier de progrès sanitaire. Des avancées notoires ont été notées grâce à l’application des outils numériques à ce domaine crucial. C’est le cas de la télémédecine qui permet d’offrir des soins à distance grâce aux outils digitaux. A ne pas confondre cependant avec la télésanté qui est un autre symbole de l’intrusion positive du numérique dans la santé. La télésanté permet, grâce à des applications web, des objets connectés ou encore des sites web de fournir des services de suivi et de prévention des individus dans le but de favoriser leur bien être. De plus en plus de logiciel informatique se développent pour permettre la gestion optimale des structures sanitaires ou d’un territoire médical. Il est donc envisageable pour une ambulance d’avoir un état actualisé des lits disponibles dans son périmètre de service et d’être efficace dans l’acheminement des malades. Enfin, la collecte et le traitement algorithmique de données massives de santé devient monnaie courante dans la pratique médicale, permettant aux assureurs de mieux adapter leur accompagnement par exemple ou encore aux Etats de mener des politiques publiques à fort impact avec un meilleur ciblage des sujets concernés. Ousseynou GUEYUE fondateur de Polaris Asso BIRAMAWA MAGAZINE - 51
Développement personnel SECRET DES PERSONNES « RÉSILIENTES »
L a souffrance, ou la douleur au sens large, est une expérience de désagrément et d’aversion liée à un dommage ou à une menace chez l’individu. S’il y a bien une réalité connue de tous, c’est que tous les Humains souffrent, peut-être à des degrés différents, mais chacun à un moment ou à un autre fait face à cette réalité de la vie. Toutefois, il existe chez certaines personnes dites « résilientes » une attitude positive leur permettant, parfois plus que d’autres, de bravement surmonter certaines épreuves de la vie. Focus sur cette qualité. 1-Les personnes positives comprennent que le malheur arrive, que la souffrance fait partie de la vie. Cela ne signifie pas qu’elles en font vraiment bon accueil. Juste que lorsque les moments difficiles surviennent (Maladie, deuil, faim, discordes, agonies...), elles semblent savoir que la souffrance fait partie de toute existence humaine et cela leur empêche de se sentir victime de toute discrimination. Cette capacité leur permet de vivre dans une situation compliquée tout en gardant une dignité remarquable. 2-Les personnes résilientes sont aussi douées pour choisir soigneusement l’endroit où elles portent leur attention. Elles ont l’habitude d’évaluer les situations de manière réaliste et, généralement, parviennent à se concentrer sur les choses qu’ils peuvent changer et à accepter d’une manière ou d’une autre les choses qu’ils ne peuvent pas modifier. 3-les personnes résilientes se demandent toujours : est-ce que ce que je fais m’aide ou me fait du mal ? Cela leur permet par exemple de faire fi des situations embarrassantes pour se concentrer davantage sur les bons moments de leurs vies. Elles évitent ainsi de penser à une dispute ou une récente faillite pour se concentrer sur l’avenir. La rancœur, la jalousie ou tout autre ressentiment de haine est éliminé de leurs quotidiens. Sachons Adopter une attitude positive dans les pires moments de la vie !! Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires étrangères BIRAMAWA MAGAZINE - 53
DECOUVERTE Fatou Kiné FALL Blogueuse culinaire - Fondatrice Inspifood By Kinouche Fatou Kiné FALL est consultante en Informatique, entrepreneure dans la conception graphique et blogueuse culinaire. « Passionnée par tout ce qui est en rapport avec la cuisine », Fatou a créé en 2017 son blog culinaire Inspifood By Kinouche. Biramawa lui consacre la rubrique Découverte de ce numéro. « Vu que j’adore manger et que je suis vraiment passionnée par tout ce qui est en rapport avec la cuisine, je crée du contenu culinaire sur les réseaux sociaux. J’y partage, au format vidéo, des recettes express pour le plaisir des papilles. » 54-BIRAMAWA MAGAZINE Pouvez-vous vous présenter ? Je m’appelle Fatou Kiné FALL. J’ai 29 ans, je suis mariée et maman d’une adorable petite fille. Je travaille en tant que Consultante BI à Paris et parallèlement je suis entrepreneure dans la conception graphique. Vu que j’adore manger et que je suis vraiment passionnée par tout ce qui est en rapport avec
la cuisine, je crée du contenu culinaire sur les réseaux sociaux. J’y partage, au format vidéo, des recettes express pour le plaisir des papilles. Quelles sont les grandes lignes de votre parcours de formation et professionnel ? Alors concernant mon parcours de formation, j’ai eu mon baccalauréat S2 au lycée Taiba ICS de Mboro en 2010. Par la suite j’ai fait un DUT en Télécom et Réseaux à l’ESP Dakar de 2010 à 2012. Enfin j’ai obtenu mon diplôme d’ingénieur en Télécom et Réseaux en 2015 à l’institut Galilée Paris 13. Concernant mon parcours professionnel, j’ai été pendant 2 ans consultante en développement d’application avant de faire une reconversion dans le domaine de l’informatique décisionnelle. J’ai ainsi travaillé en tant que consultante BI chez des clients tels que EULER HERMES, BNP PARIBAS. Comment vous est venue l’idée de mettre en place cette initiative ? En fait l’idée de créer un blog culinaire ne m’a jamais traversé l’esprit. J’avais créé une page Instagram où je postais des photos de mes plats juste pour avoir un endroit de stockage où ça rendait bien. A l’époque, personne de mon entourage n’était au courant à part mon mari qui me répétait tout le temps que je devrais faire connaître la page. Un jour je recevais des amis à la maison, je leur ai montré la page qu’ils ont beaucoup appréciée d’ailleurs. Ils m’ont vraiment motivée à me lancer et à sortir de ma zone de confort. Vous avez fondé Inspifood By Kinouche. De quoi s’agit-il ? Inspifood By Kinouche est un blog culinaire que j’ai créé en 2017 mais j’ai vraiment été active vers la fin de l’année 2019. Je suis consciente qu’il est difficile de diversifier ses repas dans la semaine à cause d’un emploi du temps très chargé. Beaucoup de personnes ont pour habitude ainsi de manger des plats surgelés ou de commander dans les fast food. De ce fait, InspiFood By Kinouche a pour vocation de proposer des recettes saines, faciles et rapides pour faire plaisir à ses proches et à soi-même. BIRAMAWA MAGAZINE - 55 J’ai, dans un premier temps, commencé par poster des photos de mes plats. Ensuite, j’ai posté des photos en mode carrousel expliquant les étapes pour réaliser une recette. Enfin, vu que je suis également passionnée de montage vidéo, j’ai décidé de créer du contenu culinaire au format vidéo.
L’alimentation est l’une des clés pour rester en bonne santé. Est-ce que Inspifood By Kinouche prend en compte cette dimension ? Bien sûr, cette dimension n’est pas prise à la légère. Je propose des recettes avec beaucoup de légumes, des aliments complets, des aliments sans gluten entre autres. Je fais un peu de tout en fait avec les ingrédients du bord. Je m’inspire de ce que j’ai dans ma cuisine pour proposer des recettes express et saines d’où le nom InspiFood By Kinouche. Il m’arrive par contre de proposer des recettes avec du gras comme le merguez mais c’est vraiment à consommer avec modération. Il faut se faire plaisir de temps en temps ;). « InspiFood By Kinouche s’adresse vraiment à toutes les personnes qui veulent manger diversifié avec des ingrédients accessibles. » A qui s’adresse Inspifood By Kinouche ? InspiFood By Kinouche s’adresse vraiment à toutes les personnes qui veulent manger diversifié avec des ingrédients accessibles. Cuisiner n’est pas synonyme de corvée bien au contraire. On peut passer d’agréables moments en cuisine et je vous montre comment à travers mes recettes express ð. Quelles sont les perspectives de Inspifood ? InspiFood By Kinouche est tout d’abord une passion. J’espère un jour inchAllah transformer cette passion en un véritable projet professionnel. Des idées dans ce sens j’en ai tellement, mais pour l’instant je me concentre plus sur la création de contenu et on verra où cela va nous mener ð. Comment vous suivre ou vous contacter ? Je suis très active sur Instagram, sinon vous pouvez me suivre sur Facebook, Youtube et Tiktok avec le pseudo : InspiFoodbykinouche. Si vous êtes gourmands comme moi n’hésitez pas à y faire un tour ;). Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin ? Je vous remercie vivement de m’avoir donné l’opportunité de parler de ma passion à travers votre magazine. Je vous souhaite plein de succès. Ce fut un réel plaisir. 56-BIRAMAWA MAG
’ COMMENCEZ AVEC LE VOUS VOULEZ VISITER VOUS VOULEZ VISITER L’AFRIQUE? COMMENCEZ AVEC LE SENEGAL
DIPLOVAR N°4 DiploVar ou un regard aiguisé sur l’actualité internationale Politique, Sciences Politiques, Relations Internationales, Humanitaire, votre nouvelle rubrique incontournable vous offre plus que des informations, une analyse pertinente des interactions géopolitiques qui vous entourent. Quoi de mieux qu’un résumé des points essentiels de l’actualité internationale des 15 derniers jours, des faits historiques, des portraits de personnalités ayant marqué l’histoire des relations internationales pour mettre à jour vos connaissances et rendre vos débats chocs d’idées. Les points saillants, les immanquables de l’actualité internationale vous seront présentés de façon succincte de telle sorte que rien ne vous échappera. Pour ce troisième numéro, une consultation du tableau de la VAR Diplomatique nous annonce les informations suivantes : COVID19 : Dans le monde, on compte désormais près de 21 millions cas déclarés, selon un bilan établi jeudi par l'AFP à partir de sources officielles. L'Amérique latine et les Caraïbes sont la région comptant le plus grand nombre de morts : environ 230.000. Près de la moitié des décès dus au Covid-19 ont été enregistrés dans quatre pays : les Etats-Unis (166.038), le Brésil (105.463), le Mexique (55.293) et l'Inde (47.033). Concernant l'Afrique, la réouverture des économies va y entraîner une hausse des cas, a averti la directrice régionale de l'OMS, Matshidiso Moeti. Le seuil des 750.000 morts du Covid-19 dans le monde a été franchi et l'inquiétude persiste face à une résurgence de la maladie, poussant de nombreux pays à imposer de nouvelles restrictions pour limiter sa propagation (Port de masque obligatoire, confinement partiel…) Dernière en date, l'établissement par le Royaume-Uni à partir de samedi d'une quarantaine de 14 jours aux voyageurs en provenance de France, de Monaco, des Pays-Bas et de Malte 58-BIRAMAWA MAGAZINE Alors que plusieurs laboratoires pharmaceutiques se sont lancés dans une course folle au vaccin contre le Covid-19 depuis plusieurs mois, la Russie a annoncé, par la voix de son président, avoir enregistré, mardi 11 août, “pour la première fois au monde, un vaccin contre le nouveau coronavirus”. L’institut de recherche Gamaleya, à l’origine de ce nouveau vaccin baptisé “Spoutnik V”, ne semblait pourtant pas le plus en avance dans ce domaine : son projet de vaccin n’était qu’en phase 1 (sur trois phases de développement normalement), selon la liste de l’OMS datée du 10 août des 28 candidats-vaccins soumis à des tests cliniques. LIBAN : Une très violente double Le premier explosion a secoué, mardi 4 août, le port de la capitale libanaise, Beyrouth, ravageant une grande partie de la ville. Selon le dernier bilan du ministère de la santé mercredi après-midi, au moins 113 personnes ont été tuées et des dizaines d’autres sont encore portées disparues. Réuni en urgence, le Conseil supérieur de la défense libanais a déclaré que les déflagrations étaient dues à l’explosion de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium dans le port. ministre libanais, Hassan Diab, a annoncé, samedi 8 août dans la soirée, qu’il allait proposer des élections parlementaires anticipées. Le pays est ébranlé par l’explosion meurtrière au port de Beyrouth, dont la population rend la classe politique responsable. Des milliers de manifestants se sont rassemblés dans le centreville pour exprimer leur profond rejet des dirigeants politiques auxquels ils demandent des
comptes après l’explosion de mardi. COTE D’IVOIRE : Au moins quatre personnes sont mortes, mercredi 12 et jeudi 13 août, dans des violences liées à la candidature controversée à un troisième mandat du président Alassane Ouattara. La situation se tend de plus en plus à l’approche du scrutin du 31 octobre, dix ans après la crise née de la présidentielle de 2010, qui avait fait 3 000 morts et vu Alassane Ouattara accéder au pouvoir. L’opposition et des membres de la société civile avaient appelé à manifester jeudi, alors que les Autorités avaient interdit tout rassemblement. La Constitution limite à deux les mandats présidentiels, mais opposition et pouvoir sont en désaccord sur l’interprétation de la réforme adoptée en 2016 : alors que les partisans de Ouattara affirment qu’elle a remis le compteur des mandats à zéro, ses adversaires jugent anticonstitutionnelle une troisième candidature. USA : le candidat Joe Biden a choisi Kamala Harris comme colistière pour la prochaine élection présidentielle. Ce n’est pas la première fois qu’une femme est désignée sur un « ticket » présidentiel. Il y a deux précédents : la démocrate Geraldine Ferraro fut colistière de Walter Mondale, en 1984, face à Ronald Reagan, tandis que la républicaine Sarah Palin était la seconde de John McCain, face à Barack Obama, en 2008. Mais c’est la première fois qu’une femme noire – la mère de Mme Harris est indienne, son père est jamaïcain — est choisie, et a de sérieuses chances d’être élue. Dans un parti traumatisé par l’échec d’Hillary Clinton à la présidentielle il y a quatre ans et avec une base révoltée par le comportement outrancier lui, s’est empressé de féliciter M. Loukachenko. Mais son soutien est lié à l’acceptation par Minsk d’une intégration renforcée avec Moscou. du chef de l’Etat, Donald Trump, visà-vis des femmes, M. Biden avait annoncé dès la mi-mars qu’il choisirait une femme comme colistière. Et lorsque est survenue fin mai la mort de George Floyd, un Afro-Américain étouffé par un policier blanc de Minneapolis qui venait de l’arrêter, il est devenu de plus en plus évident que M. Biden choisirait une femme de couleur. BIOLORUSSIE : Soir après soir, à Minsk et dans plusieurs villes de Biélorussie, des chaînes humaines pacifiques affrontent la police antiémeute du dictateur biélorusse, Alexandre Loukachenko, depuis l’annonce des résultats de la présidentielle du 9 août, qui lui accordent, contre toute évidence, une réélection triomphale avec 80,2 % des voix. Pour l’Union européenne, l’équation diplomatique est délicate. Après la répression postélectorale de 2010, les Européens avaient infligé des sanctions aux responsables du régime Loukachenko. Celles-ci avaient été levées en 2016, après la libération des derniers ISRAEL VS EMIRATS ARABES UNIS : Les Émirats arabes unis et Israël ont convenu, jeudi 13 août 2020, de normaliser leurs relations, dans le cadre d'un accord historique négocié par les ÉtatsUnis et qui, une fois signé, ferait d'Abu Dhabi la troisième capitale arabe seulement à suivre ce chemin depuis la création de l'État hébreu. Annoncé en premier par le président américain Donald Trump sur Twitter, cet accord verra Israël mettre fin à ses récents projets d'annexion en Cisjordanie occupée, selon les Émirats. Mais le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou n'a pas confirmé, loin de là : l'annexion de pans de ce territoire palestinien occupé est « reportée », mais Israël n'y a « pas renoncé », a-t-il précisé. MOZAMBIQUE : Les Forces de défense du Mozambique (FDS) ont confirmé la perte de Mocimboa da Praia, un port riche en gaz situé dans le nord du Mozambique. prisonniers politiques, dans l’espoir d’éloigner l’autocrate de l’influence du Kremlin et de l’amener à des réformes. Stratégie dont les événements actuels montrent les limites, s’agissant d’un potentat passé maître dans l’art de jouer Bruxelles contre Moscou, et inversement. Vladimir Poutine, qui a tout à craindre de la chute d’un obligé aussi mal élu que ©Biramawa Magazine 2020 Des « terroristes » avaient lancé la semaine dernière des « attaques coordonnées » sur plusieurs villages proches du port pour tenter d'occuper la ville. Il faut rappeler que Le nord du Mozambique est le théâtre depuis 2017 d’une insurrection djihadiste qui a fait un millier de morts et a entravé le développement de l’exploitation de ses réserves de gaz offshore. Sources : les Podcasts Affaires étrangères et International de France Culture, le Point, le Monde BIRAMAWA MAGAZINE - 59
CV N° 3 Fernand DIEME MANAGER DES ENTREPRISES TOURISTIQUES ET HÔTELIERES. Tu es à la recherche d’un emploi? Biramawa magazine met cet espace à ta disposition pour te permettre de proposer ton CV aux entreprises qui recrutent. Tu peux donc envoyer ton CV par e-mail : contact@biramawa.com 60-BIRAMAWA MAGAZINE
Fernand DIEME MANAGER DES ENTREPRISES TOURISTIQUES ET HÔTELIERES Sérieux, méthodique et rigoureux, je cherche à étendre mes compétences dans une entreprise et de participer à sa croissance. Diplômes et Formations Master 2 Management des entreprises touristiques et hôtelères / Université Gaston Berger Saint-Louis , Sénégal De novembre 2018 à juillet 2019 Master 1 Management des entreprises touristiques et hôtelière / Université Gaston Berger Saint-Louis, Sénégal De juillet 2017 à avril 2018 Expériences professionnelles Réceptionniste et Night Auditor / Hôtel Le Rogniat Nord Saint-Louis, Sénégal De juillet 2019 à mars 2020 Gérer l’accueil et l’enregistrement client Prendre les demandes de réservation et établir le planning Répondre et transférer les appels et éventuellement prendre des notes et conseiller les clients et établir des offres de prix. Coordonner l'organisation des séminaires Effectuer des tâches administratives Encaisser le payement des chambres (chèque, espèce, carte crédit, virement bancaire), faire la facturation et autres prestations. Établir la situation journalière et tenir la caisse Assurer le pointage des employés du département hébergement Participer à la formation des étudiants sur les techniques d'hébergement et la pratique du logiciel GESHOTEL Stagiaire Réceptionniste / Hôtel Le Rogniat Nord Saint-Louis, Sénégal D'avril 2019 à juillet 2019 Compétences Management et gestion hôtelière Connaissance des procédures administratives Caisse informatisée et régles de tenue de caisse Bonne qualité rédactionnelle Informatique Maïtrise de du Pack Micosoft Office (Excel- Word- PowerPoint) BIRAMAWA MAGAZINE - 61 / Langues Français Anglais Allemand Atouts Notions en comptabilité sens du relationnel et de la politesse Enthousiaste et rigoureux Centres d'intérêt Football, course de longue distance, tenis lire des articles, visiter des sites touristiques @Fernand DIEME @Fernand Dieme @Fernanddieme dieme.fernand@yahoo.fr Parcelles Assainies unité 26/Dakar 28 ans 781648639
RETROUVEZ-NOUS TOUS LES QUINZE JOURS SUR Biramawa Magazine biramawa biramawamag biramawamagazine biramawa-magazine 62-BIRAMAWA MAGAZINE
1 Publizr