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mélange d’eau (…) et de sel de potassium. Entre les deux domaines, l’extra et l’intracellulaire existe une cloison, enveloppe des cellules, membrane cellulaire, osmotique. Perméable à l’eau, elle est imperméable aux sels et fait nouveau et capital imperméable aux ions qui composent ces sels. Le liquide interstitiel contient pratiquement la totalité du chlorure de sodium de l’organisme. Il est en équilibre osmotique avec les sels de potassium de la cellule. Toute modification, gain ou perte, de ce sel extracellulaire, quelle qu’en soit la cause, détermine un échange d’eau entre les milieux extracellulaires. Là, est le devoir d’équilibre »⁹. On peut en déduire que les Africains par conscience ou par expérience ingéraient le sel pour la santé. Les témoignages de Cada Mosto révèlent que les peuples, plus particulièrement ceux qui vivaient dans les régions chaudes, doivent en consommer régulièrement pour l’équilibre humain. Au XVe siècle, il écrivait : « (…) à quoi emploient ce sel les marchands de Melli, ils me furent répondus qu’ils s’en usent en leurs pays quelque quantité, pour autant que la proximité qu’ils ont avec l’Equinoxial il y’a de grandes chaleurs en certain temps de l’an, au moyen de quoi le sang vient à se corrompre et putréfier, tellement que si ce n’était ce sel, ils en prendraient la mort. Mais ils y pourvoient par un tel remède ; ils prennent une petite pièce de ce sel qu’ils détrempent avec un peu d’eau dans une écuelle de laquelle ils usent et boivent tous les jours, chose qui les contregarde et guérit. »¹⁰ Au-delà de son rôle physiologique, les consommateurs recherchaient aussi le goût salé pour rendre agréables les mets. R Caillé écrivait : « Au chef de Sancougnan, (…) nous allâmes à la case qu’on nous avait destinée ; peu après on m’apporte de la part du mansea (…), une calebasse de riz, de lait et du beurre fondu le tout saupoudré de sel que nous mangeâmes à notre dîner. »¹¹ À la fois aliment et condiment, le sel occupait une place prépondérante dans la nourriture quotidienne. Les animaux n’échappent pas à cette logique. ⁹ ibid ¹⁰ DE C’ADAMOSTO Alvares, 1895, Relation des Voyages à la Côte Occidentale d’Afrique, Paris, éd : Ernest Leroux, P. 56. 11 R Caillé op cit, p. 90. 12 BOUTRAIS j., « Cure salées, cures natronées pastoralismes en savane centrafricaines », Journal des africanistes, N° 89-1 , 2019, p. 84115, P. 2. 1³ MARIKO, K. A., Souvenirs de la boucle du Niger, 1980, Dakar, éd : Les Nouvelles Editions Africaines, P. 90. 1⁴BOUTRAIS J., op cit, p. 3. 46-BIRAMAWA MAGAZINE La cure salée des animaux, une pratique thérapeutique des Pasteurs Dans l’histoire pastorale, la recherche de sel a souvent conditionné de récurrents mouvements de transhumance. Autant que l’homme, la vache a besoin de sel pour remplacer celui qui est éliminé par la sueur, l’urine et le lait. « Lorsqu’elles ressentent un déficit en sel (…), les vaches adoptent un comportement inhabituel dont les éleveurs restituent les manifestations principales : elles meuglent continûment. Si l’attente de complément minéral se prolonge, leur façon de paître change, en devenant plus discontinue ; elles perdent des forces et s’amaigrissent. »¹² Ce besoin impérieux engendrait des déplacements périodiques des troupeaux vers les prairies salées. Ce phénomène était observé dans le Nord-Est du Sahel par le vétérinaire Kélétigui A. Mariko « Après l’effroyable sécheresse qui décima bête et gens dans tout le sahel, l’hivernage s’installa dru, régulier. Partout tout verdoyait. Les bœufs reprenaient de l’embonpoint, le poil brillant, le mufle sec, l’œil luisant, ils gambadaient par les vastes plaines en routes vers les terres salées de l’Azawak. Là-bas, en plein nord est, vers le Niger où les salines de Taguidda-Tessoum accueillent chaque année des milliers, des dizaines ou des centaines de milliers de têtes de bovins, d’ovins, de caprins de chameaux, venus là faire la cure salée (…). »¹³ Au-delà de sa dimension physiologique, la cure salée revêtait une dimension culturelle. Le retour des troupeaux était l’occasion d’organiser des activités festives. « Les cures salées ou natronées donnent lieu à des scènes spectaculaires, par exemple aux environs d’In-Gall, au Niger. Aux tours des sources salées se rassemblent, chaque année, de nombreux Touaregs et Peuls nomades. »¹⁴ Ces cures salées occupaient une place centrale dans la vie de relation du monde pastoral. Mariko plaidait pour sa préservation. « Devrons –nous effacer à tout jamais de nos vues et de nos souvenirs les spectacles éclatants de couleurs et de dynamisme que représentaient, au Macina, comme dans la zone lacustre,

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