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dans l’Azawak, la Tamesna, l’Oudalan, les retours des transhumances d’immenses troupeaux, indiscutablement les plus beaux de l’Afrique occidentale ? Devrons-nous oublier pour toujours toutes ces fêtes bucoliques inséparables des cures salées (…) qui jadis rassemblent toute la population à des kilomètres à la ronde ? » ¹⁵ Il semble que la transhumance vers les terroirs salicoles du Saloum était causée par l’existence de marais et prairies salés qui bordent la rivière du même nom. Durant la saison des pluies, les pâturages salés recouvraient d’une végétation qui attirait les éleveurs. Un informateur à Ngathie, nous dit que jusqu’à une période récente, les pasteurs guidaient leurs troupeaux jusqu’aux marais salants de Ngathie pour la cure salée. Le toponyme d’un marais salant « Mbarkha-Khélé » illustre cette pratique qui était bien observé par Almada. Ce dernier écrivait au XVIe siècle, « pendant l’hiver, les Foulos font paître leurs troupeaux sur les côtes habitées par les Jolofos, les barbacins[seereer] et les Mandingues et pendant l’été, ils rentrent dans l’intérieur (…) »¹⁶. Ainsi, grâce à son rôle thérapeutique, le sel était l’or du pasteur. Autant que l’eau, le sel rythmait la dynamique pastorale. La transhumance durant l’hivernage était nécessaire pour la santé des animaux. Le Moundé chez les Peuls du Fouladou La présence du sel dans le mythe d’origine de la vache permet de dire qu’il était en partie à l’origine du Moundé. « D’après la tradition orale, trois jeunes vaquaient tranquillement à leurs occupations, lorsque soudain, une vache ayant des taches noires, rouges et blanches (mais avec une prédominance des taches noires), sortit de l’eau pour se diriger vers la berge. Aussitôt, l’un des jeunes gens se mit à la pourchasser pour essayer de l’attraper, mais il n’y réussit pas. Le second en fit de même ; il échoua à son tour. Le troisième jeune gens s’avança, s’approcha tout doucement et dit : « Hurr, hurr ! Vient ma belle à la robe magnifique ! Arrête-toi ma douce ; viens par ici ! À leur grand étonnement, la vache ne fit pas un pas de plus. Elle s’arrêta net et il s’en saisit ; ce jeune homme –là était un Peul ! Or ce Peul n’avait pas omis de noter que, lorsque la vache était sortie de l’eau, elle s’était dirigée vers un endroit précis de la berge. C’est pourquoi il s’y rendit aussi et constata que l’endroit était fortement salé. Le Peul conclut alors que pour domestiquer la vache, il faudrait lui donner régulièrement du sel. Mais, étant donné que l’animal qui avait été conduit au village était un bovidé-femelle, le Peul décida de retourner au bord du fleuve pour y chercher un bovidé-mâle. Et c’est là qu’on dit qu’il a rencontré le Génie de l’eau, le Gardien des vaches et des troupeaux. (…) Le Génie lui fixa un rendez-vous sans que rien ne se passe. Au troisième rendez-vous, le génie lui recommanda de faire le moundé. »¹⁷ D’après les témoignages recueillis au Fouladou par Moustapha BARRY, « la recherche de ce sel a conduit des Peuls -Fouta à s’installer définitivement dans la province Firdou du Kabou. »¹⁸ Le terroir était la première zone de diffusion de sel marin produit en Casamance et dans les rivières du sud. « En Mandingue le Firdou est l’endroit où on exerce le commerce (Firo= commerce ; dou= géographie). »¹⁹ Sa proximité avec les zones de production permettait aux éleveurs de se ravitailler moins cher pour la cure salée. La préparation du rite chez les Peuls du Fouladou montre que sans le sel il est impossible d’organiser la fête des vaches. En effet, « les feuilles, les racines, les écorces et les fleurs de palmier sont pilées et malaxées avec du sel »²⁰. Amadou Ndiaye pense qu’« il faut chercher le sens profond du moundé dans la quête effrénée du grand nombre de vaches. En effet, l’idée la mieux partagée chez les Peuls, est que la vache qui est arrivée la première, lors de la course, donne successivement naissance à neuf veaux femelles avant de mettre bas un veau mâle. »²¹ 1⁵ MARIKO, K. A., op cit, p. 90. 1⁶ Almada A. A., op cit.;P.73 ¹⁷ Ndiaye A., La fête de la vache chez les Peuls du Fouladou ou la perpétuation du rite du sel, Annales de la Faculté des lettres et Sciences Humaines, n°39/B 2009, P.226. 1⁸ Ibidem 1⁹BARRY M., « L’implantation des Peuls du Futa djallon dans le Fuladou » (1867-1958), 2000-2001, UCAD, Dpt Histoire, Mémoire de Maîtrise, P. 18. 2⁰BARRY M., op cit, p.9. ²² Massamba TALL, Immam de la grande mosquée de Ndiobène Tallène. BIRAMAWA MAGAZINE - 47

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