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BIRAMAWA MAGAZINE N° 11 Du 16 Novembre 2020 Professeur Aly TANDIAN Président de l'observatoire sénégalais des migrations Mme Fatoumata NDIAYE Conseillère en Emploi-Responsable du Programme des Centres d’Initiative pour l’Emploi Local (CIEL) L’objectif général des Missions locales pour l’Emploi et l’Entrepreneuriat est de renforcer la territorialisation des initiatives de création d’emploi... " M. Demba DIOP Inspecteur du Travail et de la Sécurité Sociale Ancien Directeur de l'Emploi du Sénégal Fondatrice de K&R Design Mame Anta Loum Le Sénégal a enregistré des performances réelles en termes de croissance économique et de création d'opportunités pour les jeunes mais la demande reste entière." " "

SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE - ENTRETIEN EXCLUSIF M.Demba DIOP "Le Sénégal a enregistré des performances réelles en termes de croissance économique et de création d'opportunités pour les jeunes mais la demande reste entière." P.22 P.10 P.16 ENTRETIEN PORTRAIT Mme Fatoumata NDIAYE Conseillère en Emploi-Responsable du Programme des Centres d’Initiative pour l’Emploi Local (CIEL) "L’objectif général des Missions locales pour l’Emploi et l’Entrepreneuriat est de renforcer la territorialisation des initiatives de création d’emploi..." AVIS D'EXPERT Professeur Aly TANDIAN P.44 DÉCOUVERTE Mame Anta Loum Président de l'observatoire sénégalais des migrations Fondatrice de K&R Design "K&R Design est une société de conseil en design intérieur." Page 2-Biramawa Magazine-Novembre 2020 SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE -

- - - SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE P.7 ÉDITO Waly NDIAYE Fondateur de Biramawa Et si l'emploi était notre fer de lance ? P.8 ÉDITION SPÉCIALE Michèle BURON-MILLET Appel aux dons Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour P.20 LE COIN D'AUTRUI Ayoba FAYE Journaliste d’investigation-Rédacteur en chef Pressafrik " Nous présentons nos sincères condoléances à toutes les familles qui ont perdu un proche dans la mer." P.34 VEILLE ET INTELLIGENCE DES AFFAIRES Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB L'entrepreneuriat - SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 3

SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE P.38 À L'ÈRE DU NUMÉRIQUE Aicha kassé LAWSON Cyberharcèlement scolaire : le cauchemar des ados Présidente & Fondatrice de l'association Dunya Ethic P.42 DÉVELOPPEMENT PERSONNEL Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires étrangères Économiser de l'argent P.50 LA CVTHÈQUE Raymond Carvalho de Alvarengo contactez-nous: contact@biramawa.com Adresse postale : Île-de-France, France Éditeur : Waly NDIAYE Page 4-Biramawa Magazine-Novembre 2020 SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE

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Serigne Amar Mbacké SARR Chercheur en Droit privé Expert maritime en formation Ayoba FAYE Journaliste d’investigation Rédacteur en chef Pressafrik Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB Omar Mallé SAKHO Doctorant à l’Université Cheikh Anta Diop Laboratoire LARHISA. Thierno NGAMB Agronome Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience Guilaye TINE Designer-Digital Marketer-Telemarketer CEO IN'FINITY Djiby SADIO Photographie CEO Studio 13 Alioune FALL Juriste d’Affaires Inspecteur du travail et de la sécurité Sociale Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires Étrangères Docteur Benjamin NDOUR Médecin généraliste Khadime SENE Educateur Spécialisé au Ministère de la Justice Marianne SECK Docteur en droit de l’environnement et de la santé Ousseynou GUEYE Responsable communication chez Afric’innov et fondateur de Polaris asso Nafissatou NDAO Responsable des Ressources Humaines-FAMY SENEGAL Dr Jean Sibadioumeg DIATTA Spécialiste en communication Aïcha KASSE LAWSON Présidente & Fondatrice de l'association Dunya-Ethic contactez-nous: contact@biramawa.com Adresse postale : Île-de-France, France Éditeur : Waly NDIAYE Page 6-Biramawa Magazine-Novembre 2020 L’ÉQUIPE BIRAMAWA

EDITO Et si l’emploi était notre fer de lance ? Chers abonnés, abonnées Avant toute chose, je m’incline devant la mémoire de ces jeunes sénégalais victimes de l’émigration clandestine. Le Sénégal vit des jours très sombres marqués par le désir des jeunes de quitter le navire au prix de leurs vies. Acte de suicide, Acte de bravoure ou Acte de désespoir ? Une chose est sûre, mes compatriotes sont, à tort ou à raison, en quête d’un emploi stable, en quête de moyens pour subvenir aux besoins de leurs familles. Je suis donc convaincu que des opportunités professionnelles à la portée des plus aux moins diplômés, la défense des ressources nationales et le développement de l’expertise locale, contribueront considérablement à réduire le phénomène de l’émigration clandestine. Une attention particulière devant, aussi, être portée à ces jeunes qui, comme Mame Anta LOUM, fondatrice de K&R Design, ont jeté leur dévolu sur l’épineuse voie de l’entrepreneuriat. Chers tous, nous allons aborder, dans ce numéro, l’importante question de l’emploi au Sénégal et de l’émigration clandestine. Et ce grâce au concours de Monsieur Demba DIOP, Ancien Directeur de l’Emploi du Sénégal, de Madame Fatoumata NDIAYE, Responsable du programme des Centres d’Initiative pour l’Emploi Local et de Professeur Aly TANDIAN, Président de l’Observatoire sénégalais des Migrations, que je remercie au passage. Bonne lecture ! Fondateur Biramawa Magazine Waly NDIAYE Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 7

ÉDITION SPECIALE Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Le magazine Biramawa à travers sa rubrique " Edition spéciale "a souhaité donner la voix à la Pouponnière "Vivre Ensemble "de Mbour. Créée en 2002 la pouponnière est un "lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman ". Confrontée à des difficultés à cause de la crise sanitaire, la pouponnière fait appel à toutes les bonnes volontés. Vivre Ensemble – La Pouponnière de Mbour La Pouponnière de Mbour a vu le jour en Janvier 2002, Michèle BURON-MILLET en est la créatrice. C’est un lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman. Elle permet aux orphelins de mère ou aux enfants dont la maman ne peut pas s’occuper (pour des raisons gravissimes), de vivre protégés, leurs premières années de vie si fragile, avant de regagner leur famille au bout d’un à deux ans. Très rapidement, l’association se développe et il apparaît que tous les enfants ne peuvent rentrer chez eux (rejet de la famille ou mauvaises conditions d’accueil). En 2003, les Unités Familiales sont créées pour prendre le relais et s’occuper de ces enfants qui sortent de la Pouponnière, mais ne peuvent pas rentrer en famille. Avec le temps la Pouponnière a acquis une certaine notoriété au vu du sérieux des professionnels. Aujourd’hui la Pouponnière compte 136 salariés et 148 enfants. Vivre Ensemble c’est aussi et avant tout un séjour de rupture, crée en 2001 pour des jeunes français en difPage 8-Biramawa Magazine-Novembre 2020 ficultés. Ils restent durant 9 mois et participent à des chantiers humanitaires (reconstruction, réhabilitation dans les villages ), ils sont aussi amenés à faire un stage dans la pouponnière. L’objectif étant de les remobiliser et de les valoriser à travers l’aide apporté à la population locale défavorisée. Le projet est double et complémentaire, en effet une grande partie du financement des frais de fonctionnement de la Pouponnière provient du séjour de rupture lui même. En raison de la situation sanitaire mondiale l’équipe de direction de Vivre Ensemble a dû prendre des mesures rapidement. Début mars l’association s’est vue fermer ses portes aux visiteurs, nombreux chaque jour et en provenance d’Europe. Il a fallu ensuite faire de même pour l’accueil des bénévoles, une quarantaine par mois à nous apporter leur soutien. Enfin depuis maintenant le mois de mars le confinement des enfants et du personnel c’est organisé. Notre souhait comme toujours est de préserver nos enfants, mais aussi le personnel

qui s’en occupe. Nous avons réussi à composer une équipe de volontaires pour rester confinés. Aujourd’hui 250 personnes sont au centre, dont 148 enfants. L’ensemble du personnel est mutuellement très solidaire, ils sont comme une grande famille. Et ce malgré l’inquiétude pour leur famille respective à l’extérieur. Nous nous devons maintenir les salaires. Pour les salariés sur place mais aussi tout ceux, qui de chez eux, sont au chômage technique et pour qui nous souhaiterions maintenir le salaire initial. Nous devons aussi assurer l’approvisionnement de l’association en denrées alimentaires, produits d’entretien, d’hygiène, médicaments. Cette situation engendre une augmentation considérable nos dépenses quotidiennes, pour lesquelles nous avions déjà des difficultés de prise en charge tout au long de l’année. Du fait de l’absence de visiteurs et de bénévoles, nous constatons une baisse des dons au quotidien. Nous gardons aussi en tête que les jeunes accueillis en séjour de rupture peuvent à tout moment être rapatriés en France, en fonction de l’ évolution de la situation. L’avenir de la Pouponnière en deviendrait alors très incertain. Nous sommes en permanence à la recherche de soutien pour nous aider dans la prise en charge des frais de fonctionnement et le maintien des activités de l’association. Les sources de financements : (Budget total annuel 291 332 806 FCFA) ‒ Vivre Ensemble Madesahel, séjour de rupture : 44 % du budget total de la Pouponnière. ‒ L’état Sénégalais 10 000 000 CFA ‒ L’association Louly l’Ecole au Sénégal , tous les frais liés à la scolarité des enfants : 5 262 087 FCFA (année scolaire 2018-2019) ‒ La Banque Mondiale 4 520 000 CFA en 2019 ‒ 270 parrains pour environ 51 085 900 CFA par an ‒ Le reste des financements dépendent des dons de particuliers et entreprises. Nous contacter : ‒ Accueil : + 221 33 957 31 36 ‒ E-mai : contact@lapouponnieredembour.org ‒ Responsable communication : Arnoult Mathilde ‒ Tel : + 221 77 881 83 60 Nous aider : ‒ Orange Money : + 221 77 500 19 32 ‒ Faire un don en ligne :https://www.helloasso.com/ don/associations/vivre-ensemble-la-pouponniere ‒ Notre site Voici quelques chiffres : Effectif de la Pouponnière : ‒ La Pouponnière : 91 bébés de 0 à 2 ans. ‒ Les Unités Familiales : 37 enfants de 2 à 6 ans. ‒ La Grande Enfance : 20 enfants de plus de 6 ans. ‒ Enfants accueillis en ce moment : 148 ‒ Enfants accueillis et sauvés depuis janvier 2002 : 1 260 ‒ Employés à la Pouponnière : 136 pouponnieredembour ‒ Devenir parrain ‒ Faire un don par virement bancaire : IBAN : FR76 4255 9100 0008 0040 4472 464 BIC : CCOPFRPPXXX Intitulé du compte : Vivre Ensemble, la Pouponnière internet: http://www.lapouponnieredembour.org ‒ Notre page facebook: https://www.facebook.com/ Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 9

Mme Fatoumata NDIAYE Conseillère en Emploi-Responsable du Programme des Centres d’Initiative pour l’Emploi Local (CIEL) ENTRETIEN PORTRAIT

Pour ce numéro 11 de votre magazine, nous sommes allés à la rencontre de Madame Fatoumata NDIAYE, Conseillère en Emploi et Responsable du Programme des Centres d’Initiative pour l’Emploi Local (CIEL). Madame NDIAYE a bien voulu nous présenter son parcours du Lycée Mame Cheikh MBAYE de Tambacounda au Ministère de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne en passant par l’Ecole nationale des Travailleurs sociaux spécialisés (ENTSS). Elle est également revenue plus en détails sur le Programme des Centres d’Initiative pour l’Emploi Local (CIEL). Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Je suis Fatoumata NDIAYE, une citoyenne sénégalaise, engagée aux questions de développement social, d’entrepreneuriat féminin et d’égalité et d’équité de genre, convaincue que les femmes doivent être associées à tout parce qu’elles peuvent faire énormément de choses. Quelles sont les grandes lignes de votre parcours ? A la suite de l’obtention de mon Baccalauréat scientifique au lycée Mame Cheikh Mbaye de Tambacounda en 2011, j’ai intégré la Faculté des Sciences et Techniques de l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar. En deuxième année de formation en Biologie, Chimie et Géoscience, j’ai été admise au concours d’entrée à l’Ecole nationale des Travailleurs sociaux spécialisés (ENTSS) où j’ai obtenu le Diplôme d’Etat en Travail Social en 2016. “Je suis… jeunes porteurs de projets professionnels et de les préparer à une intégration réussie au marché du travail. Après deux ans d’animation et d’activités de terrain dans presque toutes les régions du Sénégal, j’ai été promue pour occuper le poste de Responsable de Suivi-évaluation (RSE) qui m’a amené à faire un MBA en Management de Projet à l’Institut Supérieur de Management (ISM) pour renforcer mes compétences dans ce domaine. convaincue que les femmes doivent être associées à tout parce qu’elles peuvent faire énormément de choses.. " En 2017, j’ai été recruté au Ministère de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne (MJECC) à la Direction de l’Emploi en qualité de Conseillère en Emploi en vue d’accompagner les Actuellement, je suis Responsable du Programme des Centres d’Initiatives pour l’Emploi local (CIEL), chargé de territorialiser la prise en charge des préoccupations des demandeurs d’emploi à l’échelle nationale. Vous êtes donc conseillère en Emploi à la Direction de l’Emploi du Sénégal ? Comment décririez-vous ce métier ? Le conseiller en emploi exerce des missions opérationnelles dans le champ du marché du travail, notamment en matière d’insertion, d’intermédiation, d’information et de suivi/accompagnement. Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 11

Il est un acteur intermédiaire de terrain qui est en contact permanent avec les usagers du service public de l’emploi. Il conseille et propose des actions d'accompagnement vers l’emploi, de maintien et de retour en emploi des personnes en âge de travailler (15-64 ans). Pour les primo-demandeurs d’emploi (ceux qui n’ont jamais travaillé) et les chômeurs de longue durée, il assure l’encadrement et fournit les informations et les contacts susceptibles de leur faciliter l’accès à un emploi. Parallèlement, le Conseiller réalise des prospections d’entreprises pour une assistance dans leur recherche de ressources humaines de qualité favorisant l’insertion professionnelle des chercheurs d’emploi. “ L’objectif général des Missions locales pour l’Emploi et l’Entrepreneuriat (MILE) est de renforcer la terriLa Direction de l’Emploi vous a confié le Programme des Centres d’Initiative pour l’Emploi Local (CIEL). Pouvez-vous revenir sur la genèse de ce programme ? torialisation des initiatives de création d’emploi et de consolider la synergie conciliation entre la croissance économique et la grande disponibilité d’emplois. " La promotion de l’emploi a toujours figuré parmi les grands objectifs du Gouvernement du Sénégal. Cependant, les politiques de croissance économique avaient surtout pour but de favoriser l’augmentation du produit intérieur brut. De ce fait, il n’était donc pas mis en place les mécanismes nécessaires pour que la croissance génère des emplois en quantité et en qualité répondant significativement à la demande sociale en la matière. C’est pourquoi, l’emploi est érigé au rang de super-priorité dans le Plan Sénégal émergent (PSE) à travers lequel le Gouvernement s'est résolument engagé à promouvoir la création massive d’emplois décents et durables grâce à la croissance et transformation structurelle de l’économie. Par ailleurs, avec la loi 2013-10 du 28 décembre 2013, le Sénégal a adopté une grande réforme de la gouvernance locale avec l’Acte III de la Décentralisation. Cette loi consacre le département, non plus comme simple découpage administratif, mais comme collectivité locale, avec les prérogatives d’une personne morale de droit public. En outre, lors du Conseil des Ministres du 13 septembre 2017 le Chef de l’Etat a demandé au Gouvernement de mettre en place, dans chaque commune, une Mission locale pour l'Emploi et l'Entreprenariat des jeunes (MILE) chargée d'optimiser, à la base, les stratégies et outils de promotion de l'emploi. Page 12-Biramawa Magazine-Novembre 2020

C’est dans cette logique que le Ministère en charge de l’Emploi à travers la Direction de l’Emploi a initié le programme des Centres d’Initiatives pour l’Emploi local (CIEL) qui met en place des Missions locales pour l’Emploi et l’Entrepreneuriat (MILE) afin de promouvoir l’emploi au sens large et de lutter activement contre le chômage et l’émigration clandestine des populations locales. Quels sont les objectifs du programme CIEL ? L’objectif général des Missions locales pour l’Emploi et l’Entrepreneuriat (MILE) est de renforcer la territorialisation des initiatives de création d’emploi et de consolider la synergie d’ensemble favorisant une meilleure conciliation entre la croissance économique et la grande disponibilité d’emplois. Plus spécifiquement, elles visent : le renforcement de l’attractivité des territoires à travers la promotion des gisements et bassins d’emplois et l’entrepreneuriat ; la lutte contre le chômage, le sous-emploi et les discriminations ; l’intervention ciblée contre les déterminants de la migration professionnelle irrégulière. Quelles sont les activités et les actions que vous comptez mettre en œuvre ? Pour l’atteinte des objectifs susmentionnés, nous effectuons des démarches auprès des autorités administratives déconcentrées et locales pour la mise à disposition de locaux et l’implication des acteurs à la base. Il est, ensuite, question d’installer et d’équiper 45 Missions locales pour l’Emploi et l’Entrepreneuriat (MILE), soit une MILE par département. Nous travaillons aussi à la mise à disposition de ressources humaines pour la prise en charge des préoccupations locales des jeunes et demandeurs d’emplois partenarial et travaillent aussi bien à la définition des stratégies locales qu’au suivi des activités des structures partenaires en matière de création d’emplois. Etant le service public local de l’emploi, par excellence, et un démembrement du Ministère en charge de l’Emploi, la MILE a la mission de coordination globale des questions d’emploi au niveau local sous l’autorité du Préfet du département. “On ne peut ou porteurs de projets. Dans la mise en œuvre des programmes locaux de développement de l’emploi, les MILE maillent également le tissu pas parler de numérique si l'électricité n'est pas accessible de partout. Après, l’accès et la cherté du coût d’accès à Internet sont des freins pour le développement du numérique éducatif. " Quel est le périmètre du programme CIEL ? Est-ce que le programme concerne tout le territoire national ? Le Programme intervient sur l’ensemble du territoire national à travers la mise en place de services public de l’emploi de proximité dans les collectivités territoriales. Dans un premier temps, il s’agira de s’installer dans chacun des 45 départements du Sénégal avant d’avoir des antennes dans les communes. Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 13

Qu’en est-il alors de la Diaspora sénégalaise ? La Diaspora se définit comme la quinzième région du Sénégal ; moi, je dirai la première région même du pays. Le Sénégalais, où qu’il se trouve, pense au Sénégal et veut développer quelque chose pour lui-même ou pour sa famille. Nous offrons notre éventail de services aussi à ces migrants investisseurs à partir de l’étranger ou de retour pour s’installer définitivement. A ce niveau, l’accompagnement est plus manifeste dans le domaine de l’entrepreneuriat c’est-à-dire l’auto-emploi. “Le ProVu l’ampleur du programme, nous imaginons que vous allez vous appuyer sur des partenaires. Quelles sont les organisations publiques et privées impliquées ? Effectivement, le programme préconise le développement de synergies et de complémentarités avec les acteurs opérant au niveau local. Il s’agit, spécifiquement, des services déconcentrés de l’Etat intervenant dans le développement local, en général, et dans l’insertion professionnelle durable des jeunes, en particulier ; les entreprises ; les Organisations non gouvernementales (ONG) ; les Organisations communautaires de Base (OCB). Aujourd’hui, notre partenaire le plus dynamique reste le Centre d’études et de Coopération internationale (CECI) du Canada. Le secteur privé national nous accompagne très activement aussi dans le cadre de l’insertion des jeunes en demandes de stages et d’emploi à travers la Convention nationale Etat-Employeurs pour la promotion de l’Emploi (CNEE) mis en place depuis 1987. Ce dispositif qui est le plus ancien au Sénégal reste le plus efficace pour l’insertion professionnelle des jeunes. Page 14-Biramawa Magazine-Novembre 2020 gramme intervient sur l’ensemble du territoire national… " Pour les jeunes qui souhaitent bénéficier du programme, quelle est la marche à suivre ? Le programme cible toutes les personnes en âge de travailler au niveau déconcentré. Les jeunes souhaitant bénéficier d’un accompagnement vers l’insertion doivent se rapprocher des Missions locales pour un rendez-vous et un enregistrement. Ils sont, à la suite, suivi de façon personnalisé jusqu’à gain de cause. En outre, les représentations locales du Conseil national de la Jeunesse (CNJ) constituent l’interface entre le programme et les jeunes. On constate un engouement pour l’entrepreneuriat chez les jeunes. Qu’est-ce que cela vous inspire ? “L’inadéquation entre la formation et les besoins du marché " constitue l’un des facteurs explicatifs du chômage au Sénégal. Aujourd’hui, les entreprises sont presque saturées car elles ne sont pas aussi nombreuses. Il y a un tissu économique faible au niveau national dominé par le secteur informel. Le nombre de jeunes demandeurs d’emploi est largement supérieur aux capacités d’accueil des entreprises. Des espoirs renaissent avec le Plan Sénégal Emergent (PSE), la découverte du pétrole et du gaz, les investissements de l’Etat et l’attractivité de l’économie nationale. Par ailleurs, les jeunes ne sont pas suffisamment armés par les écoles pour aller vers l’entrepreneuriat qui pourtant reste une option sérieuse à emprunter. Les jeunes pourraient non seulement se créer leurs propres emplois mais aussi employer d’autres jeunes. Le jeune sénégalais est ingénieux et a un goût affirmé de l’innovation et cela rassure quant à la floraison des start-ups et des entreprises individuelles qui règlent aussi beaucoup de problèmes et besoins locaux. Les nouveaux programmes de l’Etat comme des partenaires techniques et financiers sont orientés vers l’entrepreneuriat dans lequel les femmes excellent déjà.

nin (FNPEF). Les instituts de formation doivent être contrôlés aussi du point de vue des contenus des curricula et de la qualité des diplômes. Les entreprises pourront davantage s’impliquer avec des incubateurs pour mieux accompagner l’entrepreneuriat sectoriel. La fibre entrepreneuriale aussi doit être développée dans nos écoles primaires et collèges, en premier. Il ressort des interviews réalisées par le magazine qu’entreprendre au Sénégal « relève du parcours du combattant ». Quelles sont vos préconisations pour une meilleure promotion de l’entrepreneuriat au Sénégal ? Pour une meilleure prise en charge de la question de l’entrepreneuriat, il est nécessaire de favoriser, d’une part, le renforcement du service public de l’emploi favorable à un accompagnement rapproché des entrepreneurs ou porteurs d’idées de projet vers le développement des soft-skills clés et, d’autre part, la mise en place d’un mécanisme de subvention avec un réel suivi des bénéficiaires. Il faudrait également appuyer largement des initiatives comme le Programme Sénégalais pour l’Entrepreneuriat des Jeunes (PSE-J) et le Fonds national de promotion de l’entrepreneuriat fémiQuel est votre message pour ces jeunes élèves et étudiants en quête de vocation et qui nous lisent ? L’inadéquation entre la formation et les besoins du marché constitue l’un des facteurs explicatifs du chômage au Sénégal. En effet, il y a soit un nombre trop élevé des diplômés dans des métiers qui ne recrutent pas beaucoup ou encore des diplômes qui ne correspondent pas pour leur majorité aux besoins opérationnels, pratiques et techniques des entreprises. Il s’y ajoute que les apprenants choisissent délibérément des matières qu’ils jugent faciles en ignorant complètement les réalités du marché du travail. Quoi qu’on dise, un bon projet professionnel doit être muri à partir du collège ou encore du lycée. L’orientation professionnelle est essentielle pour le choix de carrière, dans le processus de formation et le parcours d’insertion. Des services sont dédiés à cela et il faut que les jeunes aillent vers l’information, fréquentent les structures d’orientation et suivent les conférences et ateliers d’accompagnement vers l’entrepreneuriat ou l’emploi plus globalement. Bref, je les encourage et les recommande à se consacrer sérieusement à la quête du savoir pour être parmi les meilleurs et à cultiver en permanence la confiance en soi, l’endurance, la persévérance, l’optimisme et – surtout – la patience. Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin ? Je remercie le Magazine Biramawa pour l’intérêt porté sur ma modeste personne et pour la bonne orientation du Magazine. Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 15

AVIS D’EXPERT Professeur Aly TANDIAN Président de l'observatoire sénégalais des migrations Aly TANDIAN est Professeur Titulaire des Universités (CAMES), il a soutenu une thèse de Doctorat en Sociologie des Migrations à l’Université de Toulouse 2 en France où il a enseigné durant plusieurs années avant de rejoindre le Département de Sociologie de l’Université Gaston Berger (Sénégal) où il a créé le Laboratoire des Études et Recherches sur les Migrations. Il est le président de l’Observatoire Sénégalais des Migrations. Auteur de plusieurs publications scientifiques, Prof Aly TANDIAN a aussi bénéficié de nombreuses distinctions internationales. A ce jour, il a encadré des thèses de doctorat au Sénégal, en Espagne et en France. Dans cet entretien accordé au magazine Biramawa, Professeur TANDIAN a bien voulu aborder la question de la recrudescence de la migration irrégulière au Sénégal. Page 16-Biramawa Magazine-Novembre 2020

Comment expliquez-vous la recrudescence de la migration irrégulière ? Nous assistons depuis quelques jours une forte médiatisation des départs des pirogues à partir des côtes sénégalaises vers l’Espagne, on pourrait parler de recrudescence ou de regain mais faut-il que l’on soit d’accord qu’il n’y a pas eu arrêt des départs des candidats aux voyages irréguliers. Je pense qu’après Barca ou Barsaax, les routes du désert ont été engagées avec une forte affluence. Seulement sa médiatisation a connu moins d’effet parce qu’entre autres raisons, il y a la loi 36-2015 au Niger qui a criminalisé les voyages irréguliers vers l’Europe ensuite on ne connaît pas assez le nombre de victimes dans le désert. “Au Sénégal, le retour du migrant réussi a une forte in" fluence sur les candidats aux voyages et sur la communauté où il vit. Leurs propos rapportés font d’eux des super héros, partis les mains vides mais revenus avec un succès rayonnant sans surtout l’aide de l’État ou des politiques. C’est en partie ce qui explique souvent cette fracture entre la diaspora et politiques. Il faut signaler qu’en plus du retour, il y a d’autres migrants depuis leurs pays de transit ou d'établissement qui envoient des photos ou des vidéos grâce aux réseaux sociaux montrant une vie facile avec le bonheur en abondance alors qu’il n’en est rien du tout. Voilà autant d’éléments qui font qu’à partir du pays d’origine, le Sénégal, l’Europe est perçue comme un Eldorado, le lieu où il faut se rendre pour se réaliser. En clair, le voyage pour de nombreuses populations sénégalaises n'est pas simplement synonyme d'acquisition d'un travail stable mais il symbolise parfois la voie à entreprendre pour faire fortune et acquérir aux yeux de ses pairs un prestige social. L’Europe, une réponse aux flux migratoires irréguliers actuels ? Au Sénégal, le retour du migrant réussi a une forte influence sur les candidats aux voyages et sur la communauté où il vit. Cette influence est à la fois matérielle et immatérielle. Au-delà de la maison construite au retour et autres biens (voitures, bijoux, habits, etc.), le migrant grâce à son succès connaît une mobilité sociale et il en fait profiter aux membres de sa famille. Ainsi, la réussite du migrant est une sorte de capital social ou une carte à exhiber pour rappeler sa position sociale. Autre élément, le migrant de retour ne parle jamais de ses difficultés ou de ses souffrances sauf s’il a envie de se victimiser pour rappeler le mérite de son succès. A part cela, le migrant de retour ne montre que de belles photos et souvent celles prises à côté de bâtiments ou d’édifices emblématiques comme la Tour Eiffel, les Champs Élysées, etc. pour ceux qui sont en France. Europe en crise mais les Sénéga“Chez certaines ethnies, « migrer est un devoir » qu’on ne " cesse de rappeler aux jeunes à chaque fois que l’occasion se présente.. lais préfèrent partir ? Vous savez le mythe de l’Eldorado ne va pas si vite s’effondrer malgré le fait que l’Europe soit en crise. Et puis, pire, les pirogues sénégalaises qui s'échouent sur les côtes espagnoles ne font que nous édifier sur l'intensité du désir de chercher fortune en Europe par les candidats à la migration. Il nous faut reconsidérer notre lecture sur le fait migratoire d’autant plus que dans le système langagier sénégalais des proverbes sont annoncés - çà et là – pour faire l'apologie du voyage ou des migrants. Chez certaines ethnies, « migrer est un devoir » qu’on ne cesse de rappeler aux jeunes à chaque fois que l’occasion se présente. S'il est récurrent d'entendre dire chez les Haalpulaar « Si tu as un fils laisse le partir, un jour il reviendra soit avec de l'argent soit avec le savoir ou bien avec les deux ». Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 17

À l’occasion des festivités culturelles ou des grands évènements Haalpulaar comme les cérémonies de mariages ou encore lors du retour d’un émigré qui a réussi, les griots (Awloubé) chantent les louanges de ce dernier et en présence de ses amis qui n’ont jamais migré. Les propos souvent mis en exergue sont "So bobo yonti yo yillo ("À un certain âge, il faut aller chercher ailleurs") ou encore "Mo ɗannaki nénémum adoyta mandat" ("Quiconque n’a pas migré, sa maman ne se pointera jamais à un bureau de poste pour retirer un mandat (de l’argent)"). De tels propos sont devenus des dictons qui peuvent véritablement motiver une personne à migrer. Les populations Wolof se plaisent à dire « Celui qui ne voyage pas ne connaîtra jamais là où il fait meilleur à vivre » alors que pendant longtemps les Soninké soutenaient « Aller à Bordeaux ou mourir ». Ces maximes façonnent les représentations sociales, traversent la conscience collective des populations locales et contribuent en partie à l'envie du voyage. C'est ainsi que l'Europe a longtemps représenté la destination de rêve pour la majeure partie des populations sénégalaises. Cette envie de migrer s'est davantage accentuée avec l'impact des chaînes de télévision à grande audience sur les populations qui ne fait qu'aviver cette illusion. Le postulat présentant la recherche des meilleures conditions de vie comme une des causes profondes de la migration n'est plus à négliger. Il trouve son fondement dans la dégradation persistante des structures sociopolitiques et économiques locales mais aussi dans la non-productivité de la pêche qui n'attire plus de nombreuses populations qui choisissent de migrer pour améliorer leur quotidien. La rumeur aidant, nombreux sont les jeunes qui ont espéré qu'en Europe, ils peuvent réussir à faire leur vie comme tous ces migrants qui sont revenus au Sénégal avec argent, voitures, pour construire de belles maisons et organiser de grandes cérémonies. La société respecte plus celui qui a migré que celui qui est resté au pays ? Avec la migration, le migrant gagne l’estime, la considération et le respect de ses pairs. Il faut non seulement partir mais il est possible de faire des activités sans aucune pression sociale. Avec centaines pesanteurs sociales, des populations ne peuvent pas faire cerPage 18-Biramawa Magazine-Novembre 2020 taines activités dans leur pays d’origine. Pour preuve, les femmes sénégalaises qui s’activent dans la coiffure aux États-Unis ou au niveau des plages européennes ne peuvent pas exercer les mêmes activités au Sénégal parce que celles-ci sont associées à un groupe social. Nous avons une société avec ses manières de filtrer et de distribuer les stigmates. Nous avons une société avec ses référentiels de réussite. La réussite avec un temps long par l’école est moins appréciée que la réussite avec un temps court par le voyage. Et combien de fois dans cette société sénégalaise on rappelle aux jeunes « Avoir de la chance, c’est mieux qu’avoir une licence ». Quelles peuvent être les conséquences de ces départs des jeunes pour le Sénégal ? La majeure partie des jeunes qui partent sont des soutiens de famille ou encore leur famille mobilise les ressources disponibles pour financer leur voyage. Par conséquent, leur famille risque de se retrouver dans une précarité. Ils sont vendeurs ambulants, pécheurs, mécaniciens, transporteurs, etc. brefs, des bras valides et utiles à leur pays. Leur départ est une lourde perte quel que soit l’effectif. « Il faut une politique d’emploi qui répond aux réalités territoriales. Pour cela, il faut intégrer la recherche dans les décisions politiques précises. » Comment appréciez-vous les actions entreprises par l’État du Sé

une certaine hybridité qui nous expose à un matérialisme bien voilé. Il y a une sorte d’auto-duperie qui nous fait croire une solidarité sans faille et une acceptation de l’autre sans attente. Non, nous vivons hélas dans une société où les activités interactionnelles n’ont pas toutes un prix mais souvent un coût. Par conséquent, il faut une place, et la meilleure possible, pour être. En résumé, on est parce qu’on a ! Voilà cette société pressée que nous avons, une société violente et très agressive à l’endroit de sa jeunesse alors que dans nos institutions publiques ou privées la moyenne d’âge dépasse de loin les 50 ans. négal pour endiguer le phénomène ? Compte tenu de la faible capacité du secteur formel à offrir une réponse adéquate à la forte demande d’emplois des jeunes, le Sénégal a mis en place une politique nationale de l’emploi orientée essentiellement vers la question des jeunes. Dans ce cadre, des projets, programmes et Fonds destinés à l’insertion des jeunes sont mis en œuvre au cours des dernières années. Le développement de ce dispositif et la hausse du nombre de jeunes qui y ont recours ces dernières années, ont nécessité́ une mobilisation importante de ressources. Ainsi, compte tenu des masses budgétaires engagées et du nombre de jeunes concernés, la question de l’efficacité du dispositif mis en place et plus particulièrement celle de son impact sur l’amélioration de la situation des jeunes sur le marché du travail demeure une préoccupation centrale car les migrations des jeunes ne cessent de prendre des proportions importantes. C’est bien de créer des agences mais l’idéal est d’encourager l’esprit créatif et innovant des jeunes sans besoin de vouloir tous en faire des agriculteurs ou des aviculteurs. Il faut une politique d’emploi qui répond aux réalités territoriales. Pour cela, il faut intégrer la recherche dans les décisions politiques précises. Quelle est la responsabilité de la société sur les voyages ? Pour les candidats à la migration, le voyage vers l'Europe constitue un abrégé possible vers la réussite économique absolue sans laquelle ils auront perdu leur dignité sociale dans une société sénégalaise devenue de plus en plus une société où domine le paraître. Vous savez nous avons une société en parfaite évolution avec “Il faut enQuel rôle devra jouer l'État pour arrêter l'hémorracourager la méritocratie et surtout aménager l’environnement pour la recherche d’emploi. " gie ? Cette situation de "manque d’emploi" et par conséquent de "manque de revenus" revient dans les propos de certaines personnes interrogées. D’autres jeunes plus nuancés soutiennent qu’ils ne sont actifs que durant la saison des pluies (4 à 5 mois) et restent sans travail durant une longue période de l’année, la saison sèche (7 à 8 mois). Il faut encourager la méritocratie et surtout aménager l’environnement pour la recherche d’emploi. Des projets sont mis en place mais les conditions d’accès sont souvent hors de portée et ils ne sont pas que les compétences. Il faut être dans les réseaux complexes ou être supportés ou sponsorisés politiquement par un « long bras ». Dommage ce n’est pas possible pour tout le monde. Faut-il le rappeler, dans certaines de nos sociétés, le voyage est initiatique et fait partie de la socialisation secondaire. Dit-on d’ailleurs qu’ « on est homme parce que l'on a voyagé ». En résumé, je pense qu’il y a urgence de repenser la migration en prenant à témoin les dimensions socio anthropologiques tout en refusant de se limiter à l'analyse matérialiste qui parfois pousse nos acteurs politiques ainsi que leurs partenaires à s’engager en toute naïveté à la « gestion sécuritaire » et à la « diplomatie du chéquier ». Nos sociétés ont besoin urgemment d’une "gouvernance des migrations » car le voyage est un fait social total au sens anthropologique du terme. Mais bon tout cela ne peut être réalisable que lorsque la migration est intégrée dans nos agendas politiques, sans me tromper ce n’est pas encore le cas. Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 19

LE COIN D’AUTRUI "Nous présentons nos sincères condoléances à toutes les familles qui ont perdu un proche dans la mer."

Bonzzzooouuurrr Warahmatullah chers lecteurs et lectrices de Biramawa... I l n’y a pas d’antalgique assez puissant pour soigner le Désespoir. Il n’y a que le temps pour y remédier. Les conditions peuvent être très difficiles. Tous les canaux et issus bouchés. L’environnement hostile, l’horizon obscur. Mais les remèdes extrêmes ne doivent jamais être une option. Pour chacun de nous, il y a eu des moments très durs où les obstacles se sont enchaînés devant chacune de nos entreprises pour freiner notre élan. Il y en aura encore sur le chemin qu’il nous reste à parcourir. Oui, d’ailleurs des obstacles, il y en aura toujours. Mais aucun d’entre eux n’est insurmontable. Parce que pour ceux qui croient, « Dieu n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité ». Ce qu’il faut, c’est aller chercher la force minimale pour FAIRE FACE. La meilleure manière de surmonter les épreuves, c’est de les lier à notre quotidien d’homme. Ainsi, nous préparons notre mental et notre corps à les affronter. Mais attention, les épreuves (ou problèmes pour faire simple), il faut également les classer par ordre de priorité dans l’échelle de la fameuse Pyramide de Maslow. Faire d’abord de nos besoins primaires et physiologiques une priorité absolue nous aiderait mieux à affronter les autres problèmes avec plus de force physique et tranquillité d’esprit. Le plus dur aujourd’hui, pour les jeunes gens et autres personnes en âge de s’affirmer, c’est d’affronter les pesanteurs sociales. Le regard des autres qui comparent, qui jugent, qui scrutent et épient les tares et faux-pas. Comment bien faire comprendre à ces jeunes qui prennent les pirogues de la mort, bravent la mer en quête d’un Eldorado, que la belle voiture et la villa du voisin ne sont pas synonyme d’une vie accomplie et d’un bonheur absolu ? Comment les convaincre que s’ils ont la PAIX, tout leur est possible chez eux ? C’est vrai que les ressources se raréfient de plus en plus et que les politiques mises en place par nos gouvernants ne favorisent pas souvent l’épanouissement professionnel de la plupart des jeunes. Mais il y a toujours une solution, si on insiste et qu’on décide d’affronter un à un les problèmes. Et où que vous soyez et quel que soit votre niveau de réussite ou d’échec, sachez qu’il n’existe pas d’équilibre solide. Ils sont tous précaires. Comme, il n’y a pas de situation désespérée. Elles ont toutes une issue. Il faut au Seigneur moins d’une fraction de seconde pour hisser au sommet le désœuvré et encore moins pour noyer un roi dans les abîmes. Sur ce, on se donne rendez-vous au prochain numéro de Quinzomadaire pour une autre chronique. Nous condoléances à toutes les familles qui ont perdu un proche dans la mer. Nous nous inclinons devant la mémoire des disparus et la douleur de leurs proches. Ayoba FAYE Journaliste d'investigation-Rédacteur en Chef PressAfrik Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 21 présentons nos sincères

ENTRETIEN EXCLUSIF M. Demba DIOP Inspecteur du Travail et de la Sécurité Sociale Ancien Directeur de l'Emploi du Sénégal

A la Une du numéro 11 de votre magazine Monsieur Demba DIOP, Inspecteur du travail et de la Sécurité Sociale et Formateur à l’Ecole Nationale d’Administration du Sénégal. Se définissant comme « un conquérant de la Terre et un serviteur de l’Homme », Monsieur Diop a respectivement occupé les hautes fonctions de Directeur de Cabinet du Ministre de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne et de Directeur de l’Emploi du Sénégal. Dans cet entretien accordé au Magazine, Monsieur Diop est revenu sur son parcours de l’Université Gaston BERGER du Sénégal au Ministère du Travail, des Organisations professionnelles et des Relations avec les Institutions en passant par l’Ecole Nationale d’Administration du Sénégal. Il nous a également présenté son métier d’Inspecteur du Travail et de la Sécurité Sociale et abordé des questions d’actualité relatives à l’emploi au Sénégal. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Mon nom est Demba DIOP, un fieffé walo-walo et daganois de souche, redevable à l’Etat du Sénégal et qui se définit dans l’âme comme « un conquérant de la Terre et un serviteur de l’Homme », nourrissant le rêve d’une Afrique prospère et d’un Monde meilleur. Je suis spécialiste des questions liées au marché du travail, à la migration de main-d’œuvre, au développement social, au capital humain et à la conception de programmes et projets de développement. Je suis nanti de plus de douze (12) ans de bons et loyaux services consacrés au management de l’administration publique à des postes “J’ai représenté le Gouvernement du Sénégal dans plusieurs insde haute responsabilité pour des effectifs dépassant à chaque fois la centaine d’agents, le plus souvent en collaboration directe et étroite avec différents Ministres et membres des organisations internationales. J’ai représenté le Gouvernement du Sénégal dans plusieurs instances internationales, dans une bonne vingtaine de pays et à des niveaux de négociation hautement stratégiques. tances internationales, dans une bonne vingtaine de pays et à des niveaux de négociation hautement stratégiques. " Quelles sont les grandes lignes de votre parcours de formation et professionnel ? Au départ, je suis sociologue et politiste de formation. Je suis tituNovembre 2020-Biramawa Magazine-Page 23

laire d’un Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA) en Sociologie – Option Travail et Organisations – et d’une Licence de Science politique la même année en 2006 à l’Université Gaston BERGER de SaintLouis (SENEGAL) poussé par des promotionnaires très denses de Sanar 10 et des professeurs extrêmement pointilleux et exigeants. recteur de l’Emploi pendant exactement quatre ans et un mois ronds (9 décembre 2015 - 8 janvier 2020) dernier poste que j’ai occupé avant mon retour de détachement au Ministère du Travail, des Organisations professionnelles et des Relations avec les Institutions qui est ma maison mère. Je continue de servir l’Administration tout en me consacrant aussi plus activement à mes péchés mignons, entre autres celui de Formateur à l’Ecole nationale d’administration (ENA) du Sénégal depuis 2016 sur la Gouvernance du marché du travail en faveur des élèves Inspecteurs et Contrôleurs du Travail et de la Sécurité sociale. Comment décririez-vous le métier d’Inspecteur du Travail et de la Sécurité sociale ? Quelles sont les qualités intrinsèques au métier ? Ensuite, je suis Inspecteur du Travail et de la Sécurité sociale de profession. En effet, c’est en m’inscrivant en Doctorat de Sociologie – que je n’ai pas encore terminé – que j’ai été admis à l’Ecole nationale d’Administration (ENA) du SENEGAL au Cycle A en fin 2006 pour un « vocational training » de deux ans. J’ai exercé respectivement les bases de mon métier dans les Inspections régionales du Travail et de la Sécurité sociale de Saint-Louis (20092014) où j’ai été adjoint au Chef de Service régional et de Kolda (en 2014) où j’ai été le Chef de Service régional. Puis, j’ai exercé la très haute fonction de Directeur de Cabinet du Ministre de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne à partir de mi-2014 pendant près de deux ans avant d’être nommé DiPage 24-Biramawa Magazine-Novembre 2020 Quelles sont les missions réelles ? Le métier d’Inspecteur du Travail et de la Sécurité sociale est le métier le plus exigeant et le plus complexe que je connaisse en ce sens qu’il donne la compétence à agir sur toutes les questions qui touchent au marché du travail qui est le lieu – par excellence – de rencontre entre la demande d’emploi et la demande de travail (ou offre d’emploi), le point de détermination de la distribution des fruits de la croissance économique à savoir le salaire mais avant tout la zone de constitution de la croissance économique et de fructification de l’investissement que constitue l’entreprise. La mission à un caractère à la fois économique et social. C’est pourquoi le Ministre du Travail est prioritaire dans l’ordre protocolaire de désignation des membres du Gouvernement dans les pays développés et émergents, et cela je le rappelle très souvent dans mes conférences. Vous devinerez aisément alors que les compétences de l’Inspecteur du Travail et de la Sécurité sociale sont larges et s’étendent du système d’information sur le marché du travail, de l’orientation professionnelle et du conseil à l’investisseur à la migration de travail en passant par le recrutement, l’emploi, le travail, l’hygiène, la sécurité et santé au travail, le dialogue social et le climat social, l’entrepreneuriat, la protection sociale, la formalisation des unités et des emplois de l’économie informelle,

la règlementation des relations et conditions de travail, l’élaboration des instruments normatifs de gouvernance nationale et mondiale du marché du travail … C’est un métier exigeant qui demande de solides connaissances, habiletés et attitudes en ce sens qu’il est centré sur l’humain qui est conscient et difficile à cerner parfois. L’amour du métier, le professionnalisme, l’équidistance, la justice, l’engagement, la rigueur et l’objectivité sont les qualités ou règles déontologiques qui guident au quotidien l’intervention à tous les niveaux. A titre d’exemple, en tranchant un conflit individuel de travail, il faut tout un éventail de techniques et de principes pour identifier le côté où se trouve la vérité juridique entre un travailleur qui se dit malade et se plaint d’un licenciement abusif et un employeur qui, en retour, reproche à son travailleur une absence non autorisée au lendemain du Magal de Touba qualifiée de faute lourde. Les missions de l’Inspection du Travail et de la Sécurité sociale sont définies dans plusieurs documents et textes mais la référence la plus simple et accessible c’est le Code du Travail (Loi n° 97-17 du 1er décembre 1997) qui compte 288 lois-articles au total. C’est l’article L. 188 qui précise ce qui est attendu, de façon minimale, de l’Inspecteur du Travail et de la Sécurité sociale, son rôle en un mot. Extrait : Code du Travail (Loi n° 97-17 du 1er décembre 1997) Article L.188 - Les services du travail et de la sécurité sociale sont chargés de toutes les questions intéressant le travail, la main-d’œuvre, la sécurité sociale. Ils ont pour mission : - d’élaborer les projets des lois et des règlements dans les domaines du travail, de la main-d’œuvre et de la sécurité sociale ; - de suivre l’exécution de ces lois et règlements tant à l’endroit des employeurs, privés ou publics, et des travailleurs, qu’à l’endroit des institutions et organismes de sécurité sociale ; - d’éclairer de leurs conseils et de leurs recommandations les employeurs et les travailleurs ; - de documenter, conseiller, coordonner et contrôler les services et organismes concourant à l’application de la législation sociale ; - de procéder, dans le cadre des attributions ci-dessus définies, à toutes études et enquêtes ayant trait aux divers problèmes sociaux (travail, main-d’œuvre, sécurité sociale) et leur contexte économique. Cette compétence large explique déjà aujourd’hui la responsabilisation des Inspecteurs du Travail et de la Sécurité sociale – artisans du dialogue social, manœuvres de la justice sociale et fieffés diplomates du monde professionnel – dans tous les foyers de tension potentielle ou vive du Gouvernement, de l’administration publique, des entreprises privées, des instances internationales et de la société civile. Un Inspecteur du Travail et de la Sécurité sociale est vite reconnu de par son grand dynamisme, sa promptitude à aller au front et son appel permanent au dialogue en toute chose. Pour les jeunes qui souhaitent exercer le même métier que vous, quelle est la marche à suivre (Formation, cursus) ? La première chose est la vocation, l’amour, la foi et la témérité. Il faut de la préparation pour embrasser ce métier qui expose à des risques et exige trop de travail sous pression : rencontres avec des personnes dévastées parfois par les maladies professionnelles ou le VIH-SIDA, de travailleurs licenciées désemparés en larmes, d’employeurs au bord de la faillite et qui ne veulent pas abandonner leurs travailleurs, d’employeurs politiciens qui essaient d’influencer la hiérarchie ou de machiner en haut lieu pour faire passer ses forfaitures ou briser la carrière du fonctionnaire, de grands corrupteurs travailleurs comme entrepreneurs qui n’acceptent pas de perdre quitte à y mettre le prix qu’il faut. Ce n’est pas un job pour des vacanciers, des touristes ou encore des chasseurs de primes. C’est un métier de caractère et de grande responsabilité qui n’exige aucune faiblesse devant l’argent, la sensibilité ou le pouvoir. Ce métier est une porte qui ouvre des opportunités énormes de carrière à tous les niveaux. La carrure d’homme d’Etat qu’il exige explique son accès unique par voie de concours très sélectif à l’Ecole nationale d’Administration (ENA) qu’il faut déjà bien préparer. Avant la titularisation, il faudrait deux ans de formation à l’Ecole avec des stages pratiques en administration centrale et en région, ponctués depuis quelques années d’un séjour de plus de 20 jours Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 25

dans les rangs de l’Armée nationale. A l’issue de la formation, il est requis un an de statut de stagiaire renouvelable pour vérifier si le candidat est valablement compétent pour être définitivement intégré dans le corps, ce qu’on appelle la titularisation. Dans la pratique aussi, l’administration exige une phase probatoire de quelques années (jusqu’à cinq ans) avant de permettre au fonctionnaire de pouvoir faire des mouvements hors cadres (détachement ou disponibilité). Vous avez occupé le poste de Directeur national de l’Emploi entre 2015 et 2020. Quel souvenir gardez-vous de cette expérience ? La vie dans l’administration est faite de mouvements horizontalement comme verticalement et le fonctionnaire doit s’y préparer d’autant plus qu’il n’a aucun pouvoir sur ses mutations et affectations. C’est pourquoi la longévité en administration demande de la modestie mais aussi de l’autorité sur soi-même. J’ai occupé le poste de Directeur de l’Emploi à partir du 9 décembre 2015 suite à ma nomination par Décret au Conseil des Ministres du même jour. Le poste était prenable pour quelqu’un qui connait le marché du travail mais aussi qui vient de diriger le Cabinet ministériel pendant près de deux ans. L’expérience a été palpitante : imaginez-vous au centre des plus grandes réflexions pour la mise en place de stratégies, de programmes et de projets en faveur de l’emploi ou encore porter la voie du Gouvernement du Sénégal dans plusieurs hautes instances de négociation d’accords sur l’emploi, le travail, la migration, la main-d’œuvre, l’information sur le marché du travail, le développement des compétences, la transformation structurelle des économies … Ce qui m’a – par contre – le plus marqué, c’est le fossé qu’il y a eu entre ma volonté de contribuer à l’épanouissement de mes concitoyens sur le marché de l’emploi et les moyens qui se refusaient d’être disponibles aussi bien au niveau politico-stratégique en termes de portage, que dans le cadre des ressources humaines, des moyens logistiques et des ressources budgétaires. Page 26-Biramawa Magazine-Novembre 2020 Chaque Ministre vient avec sa manière de voir, son type de management et ses hommes de confiance et le rythme n’est jamais le même. Certains sont plus orientés résultats que d’autres et y vont au rythme fast-track avec beaucoup de pression. Certains comptent réellement sur vous, vous mobilisent, vous manifestent la confiance et donnent suite à vos requêtes ; avec d’autres, le service perd de son lustre. Il faut toujours faire avec car c’est cela l’administration publique. Les jeunes doivent juste comprendre que c’est un honneur de travailler pour son pays et quand on a l’occasion de le faire, il faut donner le maximum de soi. Je pense l’avoir fait durant les quatre (4) ans et un mois de gestion de la Direction de l’Emploi. Quel bilan tirez-vous de ces 4 années ? J’ai été nommé Directeur de l’Emploi à une période où l’Agence nationale pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes (ANPEJ) commençait déjà à se déployer après sa création en 2014. Le leadership du Directeur général de l’époque – Monsieur Amadou Lamine DIENG – lui avait permis d’obtenir des plus hautes autorités le transfert de plusieurs dispositifs opérationnels qui devaient lui permettre d’at

teindre rapidement les résultats escomptés à savoir 110 000 emplois à l’horizon 2019. Le Programme des Domaines Agricoles Communautaires (PRODAC) prenait aussi son envol avec l’objectif de 300 000 emplois toujours pour 2019 et le département de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne était l’un des Ministères les plus dynamiques et sous les projecteurs. Les acteurs du marché du travail sont encore nostalgiques de cette période où l’écosystème de l’emploi était très animé avec des actions concrètes, des manifestations nombreuses, des offres multiples et la création ou la redynamisation de plus de vingt (20) dispositifs et projets faisant focus sur l’emploi. Le silence n’avait pas sa place et tout le monde bougeait. “Paradoxale» préposés à être installés dans les différents départements du Sénégal pour orienter, accompagner et assurer un suivi rapproché à tout jeune intéressé par l’emploi ou la formation. ment, j’ai trouvé la Direction de l’Emploi avec un budget déjà voté de l’ordre de seize millions (16 000 000) de francs CFA. " service. Paradoxalement, j’ai trouvé la Direction de l’Emploi avec un budget déjà voté de l’ordre de seize millions (16 000 000) de francs CFA. En plus de ce vide budgétaire, l’essentiel des agents techniques avaient quitté pour d’autres stations suite à la démotivation occasionnée par le transfert de tous les dispositifs opérationnels et projets de la Direction de l’Emploi à l’ANPEJ. J’ai passé une année complètement noire en 2016 de janvier à décembre avec le budget de fonctionnement de 16 millions de francs CFA (tout inclus). Cela peut faire rire mais les Directions nationales sont parfois tuées par des arbitrages trop serrés ou la naissance de nouvelles structures concurrentes. Il me restait dans le personnel une planificatrice compétente, deux informaticiens de haut niveau qui ne demandaient qu’à servir, une assistante qui avait pitié de moi et quelques agents qui voulaient y croire au vu de mon parcours. Je me suis enfermé avec cette petite équipe pour relever le challenge, cela a abouti à un premier acquis budgétaire de 300 millions de FCFA pour l’exercice 2017. Ce premier fruit de labeur nous a permis de recruter, dans un premier temps, vingt-cinq (25) jeunes filles et garçons qui n’ont presque jamais travaillé pour les formater dans le moule de « Conseillers en Emploi Pour résumer, d’autres secousses sont venues nous frapper encore de plein fouet mais, à force de ténacité, nous avons redoré le blason à cette Direction de l’Emploi qui est essentielle dans le dispositif institutionnel national relatif à la gouvernance du marché du travail. Enfin, dans le cadre de la mise en œuvre des budgets-programmes, nous avons convaincu les autorités quant à la pertinence d’un programme budgétaire dénommé « Développement de l’Emploi » que nous avons développé et stabilisé avec les experts planificateurs du département ministériel. Cette dernière étape a redonné à la Direction de l’Emploi sa dignité avec un Programme nanti d’un budget d’un milliard trois cents millions (1 300 000 000) de francs CFA au 31 décembre 2019. Dans la logique administrative, un haut cadre est nommé pour régler des problèmes structurels, relever des défis d’envergure ou encore donner de la consistance et du contenu à des dispositifs ou coquilles vides. Le résultat étant atteint, j’ai été remplacé à travers le Communiqué du Conseil des Ministres du 8 janvier 2020. Ce qui a mis fin à mon détachement au Ministère en charge de l’Emploi. Aujourd’hui, des Missions locales pour l’Emploi et l’Entreprenariat (MILE) ont vu le jour et devraient être dynamiques à Kaolack et à Sédhiou. Nous avons travaillé sur toutes les stratégies, programmes et projets au niveau national de l’identiNovembre 2020-Biramawa Magazine-Page 27 Sur la période, j’ai décroché avec l’aide du Directeur de la Vie Associative de l’époque, Monsieur Mor Khoudia GUEYE, un partenariat dynamique et utile avec le Centre d’Etudes et de Coopération internationale (CECI) du Canada qui a mis à ma disposition deux dames volontaires qui se sont succédées avec un apport incommensurable dans le recadrage de l’orientation du

fication à l’évaluation. Nous avons stabilisé la gestion de la Convention nationale Etat-Employeurs pour la promotion de l’Emploi (CNEE) qui ne devait à mon départ rien à aucune structure et parvenait déjà à placer près 1 500 jeunes en stages en Entreprises en une année. Nous avons animé le marché du travail en organisant des Fora décentralisés Emploi-Formation et Environnement, malgré les limites de nos ressources budgétaires. Je me rappelle encore la veille de mon départ, le mardi 7 janvier 2020, où j’ai présenté en coordination les termes de référence de la première Semaine nationale de l’Emploi et de la Formation (SNEF) qui devait être un grand moment de rencontre entre les offres et les demandes d’emploi et de stages, de réflexions stratégiques pluridisciplinaires sur la situation du marché du travail et les orientations qui devaient servir d’entrées au processus de formulation d’une nouvelle Politique nationale de l’Emploi (PNE) assortie d’un plan d’action opérationnel pour l’Emploi sur l’horizon 2020-2024. (Rires) En tant que Directeur de l’emploi vous aviez plaidé pour le développement d’une culture de l’information sur le marché du travail et le nécessaire financement de l’emploi. Que voudriez-vous dire par « culture de l’information » et « financement de l’emploi » ? L’information est le secret dans ce monde. Ceux qui détiennent l’information planifient correctement et mènent facilement leurs projets. Aujourd’hui, non seulement la production de données statistiques est loin d’être suffisante mais encore on ne peut trouver aucune documentation sur les dispositifs existants. C’est pourquoi nous avons plaidé sans succès pour la mise en place d’un Système d’Information intégré sur le marché du Travail (SIMT) afin de rendre l’information disponible en tout temps et sur toutes les questions. Les résultats statistiques ne renseignent que sur le moment de leur collecte, c’est comme la réalité sociologique. La journée d’après, ils deviennent de l’approximation. Page 28-Biramawa Magazine-Novembre 2020 Il faut alors une permanence de production d’études, de rapports et réflexions prospectives sur tout ce qui peut intéresser l’Etat, les Investisseurs, les demandeurs d’emplois, les entreprises, les structures de formation, les partenaires au développement. Nous avions déjà lancé à la Direction de l’Emploi l’idée de la Plateforme Sénégalaise de l’Emploi (PSE) pour faire converger tout cela dans un support numérique. Et, je pense qu’un « FAKE NEWS » largement relayé – ayant classé le Sénégal comme troisième pays au monde le plus affecté par le chômage (48%) au 16 octobre 2020 et qui fait rire les techniciens, statisticiens et économistes – n’aurait pas fait tant d’effet aux autorités gouvernementales et tant induit si gravement en erreurs des opposants politiques qui ont saisi le prétexte pour tirer à boulet rouge, s’il y avait cette Plateforme Sénégalaise de l’Emploi (PSE) ou un Observatoire national sur l’Emploi et les Compétences (ONEC) voire encore mieux une « Agence de Suivi et de Prospective du Marché du Travail » (ASPMT) qui aurait l’exclusivité de la mission. Personne ne répondra aujourd’hui à la question de savoir combien de planificateurs de plus de cinq ans d’expérience sont disponibles sur l’étendue du territoire nationale pour un programme d’expérimentation de la formation en alternance qui veut recruter dans trois jours ? Quels sont les métiers sollicités et le nombre de postes disponibles dans cinq ans dans le domaine du numérique, par exemple ? Un bon système d’information et une bonne culture de la prévision nous auraient permis sur un petit clic de disposer d’un rapport qui serait utile à la fois aux écoles de formation, aux jeunes qui viennent d’avoir le bac et aux programmes publics pour se fixer des objectifs. Par ailleurs, relativement au financement de l’emploi, il serait bon que l’expérience de certains pays de l’Afrique de l’Est nous serve d’inspiration et j’avoue que la Banque Africaine de Développement, l’Université Cheikh Anta DIOP, en relation avec la Direction de l’Emploi et de l’Agence nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) avaient réussi la prouesse de faire en 2018 une étude sur la quantification de l’impact emploi de chaque milliard de francs CFA investi dans un secteur donné. Il était ressorti qu’un milliard investi au Sénégal

dans l’économie numérique peut permettre la création de trois cents (300) emplois au minimum là où l’investissement du même montant dans les infrastructures créera moins de vingt (20) emplois. Ce sont ces genres de réflexions et de travaux qui devraient être confiés aux universitaires et chercheurs qui ont une grande part à jouer dans le développement de nos pays. En Afrique de l’Est, certains pays ont fait l’expérience de mettre la création d’emploi comme un indicateur de performance et l’élaboration du budget assigne un nombre clair d’emplois annuels qui devraient être créés par chaque département ministériel sur la base des dépenses effectives et non sur des prévisions. L’évaluation est très exigeante et le Gouvernement communique de façon très précise et juste à partir de ce moment. Pour le financement de l’emploi, il faudrait qu’on comprenne que l’entrepreneuriat (auto-emploi) est inclus dans l’emploi qui renvoie, selon la dix-neuvième conférence des statisticiens du travail, à toute activité de production de biens ou de service destinés à la consommation occasionnant un salaire ou un bénéfice (gain quelconque) : emploi salarié ou auto-emploi. Les services publics d’emploi (Direction de l’Emploi et ANPEJ) devraient être mieux servis en termes de budget et c’est là-bas que l’accompagnement vers l’emploi, le maintien dans l’emploi et le retour à l’emploi doivent être opérés car ce sont leurs spécialités. Rien que la mission d’intermédiation sur le marché du travail devrait bénéficier d’une enveloppe de près de 10 milliards de FCFA comme c’est le cas dans plusieurs pays africains ou encore de la sous-région. Aujourd’hui, tous les dispositifs qui annoncent la création d’emploi comme objectif phare ou objectif premier devraient être rattachés au Ministère en charge de l’Emploi ou du Travail. La spécialité du Ministre chargée de l’Emploi ou du Travail devrait lui permettre de disposer sous son autorité directe de toute structure qui a une mission dans son périmètre de compétence. Autrement, on avance et on déconstruit pour reconstruire indéfiniment et sans efficience. Avez-vous, entre temps, senti des améliorations ? Le Sénégal a enregistré des performances réelles en termes de croissance économique et de création d’opportunités pour les jeunes mais la demande reste entière. Les efforts doivent être combinés et la gouvernance du marché du travail revue en profondeur. Il faut des ruptures profondes et des décisions plus hardies. La demande d’emploi est continue et il faudrait que la question de l’adéquation qualitative comme celle quantitative entre besoins économiques et compétences produites et certifiées par nos structures de formation arrivent à un point d’équilibre. Il y a beaucoup d’instruments qui nous manquent. Déjà, la situation a été très compliquée ces dernières années malgré les avancées. Souvenons-nous déjà de la crise économico-financière de 2008 qui a amené le chômage à des pics insoupçonnés au niveau mondial et depuis lors c’est compliqué presque partout au monde. La crise de la Covid-19 a remis les pendules à zéro, a remis en cause tous les agendas et plans de développement et a compromis tous les schémas simplistes ou simplifiés de projets professionnels. Des emplois sont perdus, des licenciements se préparent encore en masse, des businesses sont tombés à l’eau ; presque seules entreprises de fabriques de détergents et quelques plateformes de vente en ligne se sont fait de réels bénéfices. Il faudrait juste nourrir l’espoir mais le questionnement du financement de la relance pose problème partout au monde et les experts savent qu’on ne se relève pas si aisément de ces genres de crise. La décision d’investissement des acteurs privés n’est pas si manifeste et l’on sait la création d’emplois se fait à l’occasion de la production. L’entrée dans le marché du travail va être plus compliqué et l’insertion professionnelle beaucoup plus difficile. Il faudrait de l’investissement consistant mais aussi – et surtout – des réformes de fonds avec des facilités proposées aux grands recruteurs ? Cela a été annoncé par plusieurs textes mais c’est le moment de mettre cela en œuvre concrètement. L’employabilité des jeunes diplômés pose également problème. Leur manque d’expérience professionnelle est décrié à juste titre. La professionnalisation des formations Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 29

n’est-elle pas cruciale ? Bien évidemment. Par contre, l’employabilité est certes un problème mais c’est le moins compliqué de ceux que nous rencontrons aujourd’hui. Les écoles revoient leurs curricula. Tous les nouveaux projets et programmes de développement font focus sur le renforcement de l’employabilité des jeunes et les cabinets de coaching tout comme les consultants en la matière foisonnent partout. Le manque d’expérience n’est pas forcément un obstacle car vous voyez aujourd’hui des offres d’emploi dans lesquelles on mentionne « débutant » pour montrer que la cible est précise. Il s’y ajoute qu’il y a des jeunes bien formés dans « des écoles » du pays et qui sont très opérationnels et très productifs sans mentor. Le problème de fond c’est l’étroitesse du marché du travail. L’économie nationale ne disposait que de 407 882 entreprises en 2016, dont moins de deux pour cent d’entreprises capables de recruter réellement (1.8 % de grandes, moyennes et petites entreprises). Le rapport du recensement général des entreprises du Sénégal publié par l’ANSD en 2017 nous en dit long. Presque tout est informel dans notre économie, on est à 98.2% de très petites entreprises et entreprenants. Le tissu économique ne milite pas, en l’état actuel, à un recrutement massif même de la moitié des demandeurs d’emploi. tous de nouvelles entrées sur le marché du travail ni de nouvelles embauches forcément ; les renouvellements y sont inclus. Les problématiques sont là nombreuses et entière passant du sous-emploi (suivant la durée du travail ou suivant les qualifications) aux jeunes NEET (ni éducation, ni en formation, ni en emploi) en passant par les emplois informels, la main-d’œuvre handicapée, les détenus à réinsérer, les séniors sans emploi, les enfants travailleurs, les migrants irréguliers … “Les serIl faudrait de la rupture et on ne saurait forcer les gens à entreprendre au risque de mourir chômeur. Il faudrait à chaque jeune – à chaque femme et à chaque citoyen, en fonction de ses desiderata et de l’analyse de sa situation – au moins une option sérieuse qui pourrait déboucher vers vices publics d’emploi (Direction de l’Emploi et ANPEJ) devraient être mieux servis en termes de budget… " La preuve par le rapport annuel des statistiques du travail publié par le Ministère du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les Institutions, à travers la Direction des Statistiques du Travail et des Etudes, qui nous précise que sur l’année 2019 il y a eu 1 713 entreprises ouvertes sur l’étendue du territoire national et qu’elles n’ont occasionné au moment de l’ouverture que 8 619 emplois directs pour le démarrage des activités, dont il faut retrancher 1 969 emplois perdus à l’occasion de la fermeture de 280 autres entreprises dans l’année. Il s’y ajoute que 65 404 contrats de travail réguliers ont été enregistrés dans tout le Sénégal en 2019. Il faudrait comprendre qu’ils ne sont pas Page 30-Biramawa Magazine-Novembre 2020 quelque chose. Cela ne serait possible qu’avec du vrai travail de terrain, de la réflexion technique mais aussi de grandes ruptures qui permettront d’y arriver. La super-priorité autour de l’emploi doit transparaitre techniquement, financièrement et statistiquement dans nos actes de tous les jours et les discours doivent être mis à jour et axés sur les réalisations et non sur les objectifs généraux ou résultats attendus. Professionnalisation des formations rime avec immersion en entreprise. N’est-ce pas que les entreprises et l’Etat ont également un grand rôle à jouer ? Trouver un stage ou un emploi relève du parcours du combattant. Au vu de ce qui précède, il est évident que les entreprises n’ont pas suffisamment de places pour accueillir la masse des demandeurs de stages. Pourtant, le Ministère du Travail a montré dans son rapport de 2019 que 4 172 jeunes ont bénéficié de stages formels en entreprise soit 6.38% des contrats signés contre 3 359 stages soit 5.09%

en 2018. Vous constaterez que c’est compliqué et serré mais les entreprises jouent leur partition sur la base de leurs capacités. A côté, 1 371 autres jeunes ont bénéficié de contrats d’apprentissage qui peuvent durer jusqu’à 4 ans soit 2.26% des contrats signés en 2019. Au total, 5 543 jeunes ont bénéficié de renforcement de compétences voire d’employabilité et d’expérience professionnelle malgré l’exiguïté du marché du travail. avis, pour mettre en branle l’ « Offensive Tous en Emploi et Tout pour l’Emploi » que je mûris encore dans mon esprit. L’emploi coûte cher et ce ne sont pas des calculs arithmétiques ou des projections de géométrie dans l’espace. C’est du concret : addition et soustraction. La multiplication et la division sont des erreurs de tactiques ici. Les ingénieux comprendront. Qu’est-ce que les assertions ci-dessous vous inspirent ? Soukeyna SAGNA, responsable du recrutement et de la formation pour le Terrou-Bi Resort : « Il est avéré qu’au Sénégal il y a un réel besoin de former les jeunes qui sont sortis très tôt du système scolaire ou qui ne s’y sentent pas à l’aise. Il y a beaucoup de métiers pour lesquels nous pouvons mettre en place un système de formation professionnelle en alternance parce qu’étant des métiers manuels. » Elzo Jamdong, Auteur – Compositeur – Interprète : « Je trouve que l’enseignement classique est trop généraliste et on ne se préoccupe pas assez des envies des enfants, c’est pour cela que beaucoup d’élèves ne sont pas à l’aise avec certaines matières car ils ne voient pas l’utilité de ces dernières dans la vie de tous les jours. » La question de fond qui règlerait, en partie cette difficulté, est relative à l’accompagnement méthodique et à la formalisation obligatoire des unités économiques fixes de l’économie informelle. L’expérience des financements élevés de jeunes sans expérience en entrepreneuriat combinée au taux de mortalité à la naissance des entreprises créées par les jeunes montrent que les financements de projets devraient être destinés en priorité aux unités informelles déjà existantes avec obligation de recrutement d’un à deux diplômes de l’enseignement supérieur ou de la formation professionnelle et technique. Les autres projets de développement pourront se charger de l’emploi rural et des NEET (« Neither in Education, Employment or Training »). Voilà le grand pari qu’il faudrait jouer, à mon Je pense que Soukeyna parle en experte opérationnelle et elle fait référence déjà aux NEET (ni en emploi, ni en éducation, ni en formation) qui constituent aujourd’hui la couche sociale qui préoccupe dans tous les pays et dans toutes les institutions internationales, à côté des personnes handicapées. Le Bureau international du Travail (BIT), la Banque mondiale, entre autres structures, mettent le focus et la priorité sur ces franges qui, à l’avenir, risquent de demeurer sans opportunités et alors ingérables. Aujourd’hui, je sais que les phrases de Soukeyna sont tirées d’un argumentaire plus long mais je sais qu’elle aurait ajouté que le Sénégal connait un déficit de techniciens qualifiés et d’employés dans les catégories intermédiaires. A force de vouloir mettre dans la tête de tous qu’il faut forcément être cadre, on a oublié dans notre système de former des personnes qualifiées au jardinage, au métier de femme de chambre, à la plonge, au statut de commis de salle confirmé, entre autres, qui tiennent réellement l’entreprise. Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 31

Des programmes sont aujourd’hui développés par l’Etat et je pense qu’il faudrait une communication claire là-dessus avec des quotas maitrisés et des entreprises citoyennes en appui pour donner une chance de vie confortable et de travail décent à ces jeunes en danger. Elzo Jamdong excelle dans son art et nous procure tant de plaisir à l’écouter. Le caractère généraliste de l’enseigne“Mon mesment classique fait que l’on sort de l’école ou de l’université, le plus souvent, juste avec les capacités de parler français, d’écrire en français et l’envie d’être salarié dans n’importe quel domaine dans un bureau. Ce qui explique d’ailleurs le fait que les diplômés sénégalais trouvent parfois plus de difficultés que les analphabètes ou non instruits à trouver un emploi. Quand un sortant de « daara » ou école coranique n’éprouve aucun complexe à devenir vendeur dans une quincaillerie qui correspond le plus à notre réalité économique, le diplômé s’imagine cadre avec véhicule et autres avantages dans une grande entreprise formelle qu’il peinera à trouver ou à intégrer. toute forme de filières possibles de formation et ne pas stigmatiser les métiers, les filières ou encore les orientations professionnelles. Prenons le droit, la sociologie ou la psychologie qui sont considérés comme des spécialités chez nous alors qu’il existe des dizaines de branches dans chacun de ces domaines. sage de tous les jours à mes cadets est de continuer à apprendre et de s’insérer dans la logique du moment qui est celle de l’apprentissage tout au long de la vie. " le mieux. Avant de finir quel message souhaitez-vous adresser aux jeunes en Il a raison surtout quand il analyse sous l’angle de ce qu’il fait. La base de l’excellence dans un métier c’est l’amour et l’ambition. J’ai fait l’expérience de beaucoup de pays, notamment la Belgique où en Wallonnie des enfants de la maternelle et des élèves du primaire ont droit à une demi-journée de découverte métier par an au moins. Des salles dédiées avec facilitateurs existent en entreprise et les enfants sont initiés à la robotique pour piquer leur curiosité et identifier déjà des pépinières. Ses propos s’insèrent toujours dans la logique des ruptures profondes. Il faudrait une nouvelle façon d’enseigner d’autant plus que les nouvelles technologies peuvent créer de grands écarts entre élèves et enseignants ou enfants et parents. Il arrive que les enfants ou élèves soient à un niveau qui dépasse celui de l’enseignant ou du parent à des années lumières. C’est pourquoi, il nous faut nous inspirer du modèle canadien où on trouve Page 32-Biramawa Magazine-Novembre 2020 quête de vocation ? Mon message de tous les jours à mes cadets est de continuer à apprendre et de s’insérer dans la logique du moment qui est celle de l’apprentissage tout au long de la vie. Au rythme où va le monde, nous sommes tous condamnés à devenir des demandeurs permanents d’emploi avec les ambitions personnelles, les besoins financiers et les exigences du marché du travail. Le diplôme sera toujours une présomption de compétences mais il ne vaudrait que dans la façon dont les tâches confiées seront exécutées. Il faut des diplômes mais mieux que les diplômes, il faut tracer très tôt un projet professionnel et se fixer des options A, B et C quel que soit le niveau d’instruction et de qualification. Il faut assumer toujours ses choix et assumer ses échecs en réadaptant le projet. Avec la série S, je peux devenir médecin, géologue ou encore aéronaute. Il est bon d’identifier les ressources à mobiliser (intellectuelles, financières ou relationnelles) et les bonnes écoles où se former. Le monde repose sur la connaissance et nous devons disposer de personnes qui ont une connaissance spécialisée et très approfondie dans certains domaines pour sauver l’humanité. On ne peut pas continuer à avoir une opinion sur tout comme un bretteur politique engagé. Il faut faire de la place à tous dans l’espace public où chacun donnera le meilleur de ce qu’il sait

fessionnel. C’est la meilleure manière de réaliser ses ambitions suivant le chemin le plus court. Par contre, si on n’a pas le choix et qu’on ne s’informe pas, ce sera après le diplôme que les options seront envisagées et on pourra certes trouver un emploi mais avec des risques élevés d’insatisfaction au travail. Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin ? Merci au « Magazine Biramawa » pour la constance et le travail extraordinaire réalisé. Les maitres mots sont « knowledge », « iqqrah », « skills », « jaang ». Se définir et se positionner tôt dans ce monde qui roule à tombeau ouvert. Avoir une ambition, un rêve pour sa communauté et pour le monde, définir un projet professionnel cohérent avec plusieurs options et demeurer calme et patient en ne considérant ni l’emploi ni le mariage encore moins la politique comme une fin en soi. La vie c’est plus que cela et personne n’est né pour mourir sans laisser de trace. Le monde est fait pour les humains et c’est aux humains d’en profiter et d’en faire un paradis, de lui donner un sens. L’Afrique a un incroyable talent, dit-on parfois pour blaguer, mais nous savons tous que l’avenir du monde c’est l‘Afrique. Les africains doivent comprendre, des Chefs d’Etats aux élèves de la maternelle, que les théories contemporaines mettent le focus sur l’humain. Cela demande une préparation de tous et en tout domaine. L’apprentissage tout au long de la vie est alors, à mon avis, la meilleure voie de salut face aux mutations extraordinaires du monde. Un simple virus a tenu tête à tous et a fait valser la science de faussetés à faussetés, les gouvernements de tâtonnements à aveux d’échec, les citoyens de peur bleue à évitement et stigmatisation de tous par tous. Même pas droit à un éternuement libre ! Il est indiqué qu’il faudrait faire des prospections sur sa clientèle ou ses entreprises d’accueil potentielles. Etant citoyen, il est utile de s’informer sur les dispositifs publics et postuler pour être accompagné. Vivre, dormir et rêver de son projet proLa transformation digitale du monde et la robotisation sont encore d’autres sources de menaces avec les pertes d’emploi, l’émergence de nouvelles formes de travail et de vie, la course vers la trouvaille technologique ou nanotechnologique qui donne l’immortalité à l’homme. En Dieu nous croyons et Dieu a tout donné à l’’homme qui est condamné à être au début et à la fin de l’humanité. « Vivre vite, Agir maintenant ». Medab Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 33

Veille et Intelligence des Affaires L'entrepreneuriat Dans ce 11ème numéro de votre Magazine Biramawa, Monsieur Moustapha FAYE reçoit dans sa rubrique « Veille et Intelligence des affaires » Monsieur Amadou Moustapha dit Cable DIALLO. Amadou Moustapha dit Cable Diallo est chercheur spécialiste en entrepreneuriat et membre de l’équipe de recherche en entrepreneuriat et développement des organisations (EREDO). Il est parallèlement enseignant-vacataire en sciences de gestion à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Monsieur Diallo s’est prononcé sur la question liée à l’émigration clandestine des jeunes africains notamment sénégalais. Entre richesse en ressources naturelles, un climat d’affaires défavorable à l’entrepreneuriat, mortalité précoce des entreprises ou même des lenteurs administratives, Monsieur Diallo a analysé le phénomène de l’émigration irrégulière qui engendre beaucoup de pertes de vies humaines notamment durant cette période. Page 34-Biramawa Magazine-Novembre 2020

Le Sénégal est un pays plein de ressources naturelles, néanmoins les jeunes continuent de s’adonner à l’émigration clandestine, quelle est votre impression ? Effectivement, le Sénégal est un pays riche avec beaucoup de ressources naturelles et de potentialités humaines, stratégiques, politiques et culturelles. Cependant, si un tel phénomène de « Barça ou barsakh » prend une telle envergure, on doit s’interroger sur beaucoup de choses. Evidemment, je ne cautionne jamais ce phénomène mais si on analyse en profondeur la pensée des candidats à l’émigration clandestine, on s’aperçoit qu’ils n’ont pas d’espoir à rester au pays et vivre la situation comme s’ils n’existaient pas et qu’ils n’ont rien à perdre en empruntant cette aventure « suicidaire ». Cependant, des solutions peuvent être trouvées. D’abord, il appartient aux pouvoirs publics de revoir leurs politiques portant sur l’éducation, l’enseignement, la formation professionnelle et l’entrepreneuriat qui présentent déjà d’innombrables maux. A cela s’ajoute la volonté des jeunes à se démarquer des prétentions trop ambitieuses en voulant s’enrichir à tout prix. Il paraît que chaque candidat paye vers les 300 à 400 000 FCFA pour le billet du voyage alors que beaucoup d’entrepreneurs en Afrique ont démarré et réussi avec moins que cela donc on peut penser à cette option. Les jeunes sénégalais semblent préférer aller à l’étranger que de rester sur le territoire national, pourquoi ce choix, selon-vous ? Oui quand on considère qu’on vit la misère, le métier exercé ne permet pas de faire face aux charges et qu’on voit ceux qui ont déjà tenté réussir, le tout corroboré par le poids de la pression sociale, l’émigration à tout prix demeure la seule solution pour une jeunesse désemparée et désœuvrée. Et malheureusement c’est ce qui est arrivé à la jeunesse sénégalaise. Alors, il est temps que beaucoup de choses changent si nous voulons renverser la tendance. Les mentalités doivent changer chez les citoyens mais aussi chez les dirigeants… Oui, mais on a constaté également qu’aujourd’hui beaucoup d’entreprises créées au Sénégal meurent dès la première ou la deuxième année, qu’est-ce qui peut expliquer cette mortalité précoce ? La moralité précoce et à grande échelle est un phénomène très fréquent au Sénégal et devenu à la longue banale. Les difficultés sont partout. On peut noter des gens qui veulent entreprendre sans un minimum de prérequis en capacités et compétences entrepreneuriales, des moyens financiers absents, un environnement des affaires peu propice, une fiscalité inappropriée surtout avec les PME, une concurrence déloyale des entreprises étrangères, un échec des politiques publiques … tous ces facteurs expliquent que nous avons un écosystème entrepreneurial « malade » qui pousse les entreprises plus à la mortalité qu’à la survie. Quel est votre avis sur l’accompagnement entrepreneurial au Sénégal ? Il importe de noter de prime abord que l’accompagnement entrepreneurial est un ensemble de pratiques et de services destinés aux entrepreneurs et aux entreprises pour assurer leur démarrage et leur développement. Nous en avons des dizaines au Sénégal avec des domaines d’activité, des missions et des cibles diversifiés. Cette grande diversité témoigne l’existence de gros efforts de l’Etat et de ses partenaires. Cependant, vu la situation, on peut dire l’accompagnement entrepreneurial n’est pas encore en adéquation avec les attentes des parties prenantes. Il n’échappe pas aux difficultés de l’écosystème. Les objectifs sont loin d’être atteints. Pour pallier ce problème, les acteurs doivent repenser le modèle de l’accompagnement avec une reconfiguration des ressources humaines, des programmes, de l’allocation des ressources financières pour mieux accompagner l’entrepreneuriat. Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 35

Peut-on parler d’une connaissance incomplète ou d’inadaptation des dispositifs d’accompagnement par rapport aux besoins des entrepreneurs ? Je dirai oui, car la méconnaissance des structures d’accompagnement constitue l’un des premiers freins de l’entrepreneuriat, ce qui montre qu’il y a un réel souci de communication. Je ne dirai pas que les dispositifs d’accompagnement sont inadaptés mais plutôt c’est leurs interventions et leurs apports qui sont très mitigés par rapport aux attentes de l’entrepreneuriat. Les freins sont multiples et touchent tout un écosystème d’affaires. Dans chaque maillon de cet écosystème, on peut déceler plusieurs maux. Parmi eux, les plus importants sont : • Entrepreneuriat : faibles compétences des entrepreneurs, absence de stratégie, manque de ressources financières… • Structures d’accompagnement : méconnaissance et non accès aux structures d’accompagnement, faible intervention des structures d’accompagnement, ressources et pratiques d’accompagnement insuffisantes… • Structures de financement : insuffisance et virtualités des garanties proposées, exigence excessive des banques en garanties, limitation du portefeuille de financement des banques… • Environnement des affaires : absence de marché pour les PME, fiscalité lourde et inappropriée pour les PME, défaillance des politiques publiques en matière de promotion de l’entrepreneuriat et de réglementation de la concurrence… Comment pourrait-on procéSelon vous, quels sont les freins liés à l’entrepreneuriat des jeunes sénégalais et comment pourrait-on procéder pour lever ces freins ? Page 36-Biramawa Magazine-Novembre 2020 der pour lever ces freins ? Un ensemble de propositions peuvent être faites pour essayer de changer la situation et ceci, dans tous les maillons de l’écosystème entrepreneurial. Certes, cela nécessite des politiques publiques audacieuses, courageuses et des moyens considérables. D’abord, il faut proposer des filières ou formations en entrepreneuriat dans l’enseignement universitaire comme le sont les mathématiques, le droit, l’économie, la gestion…Ensuite, rendre plus efficaces les structures d’accompagnement et de financement, notamment sur les compétences des ressources humaines, renforcer leurs ressources financières et redéfinir leurs processus organisationnels. Enfin, des mesures allant dans le sens de revaloriser l’environnement des affaires doivent être prises. Cette dernière situation portera sur l’application des mesures de règlementation de la concurrence, l’accélération des procédures administratives jugées souvent très lentes et la révision du cadre législatif pour une fiscalité sur mesure et optimale. Interview réalisée par Moustapha FAYE, Chercheur en Marketing Stratégique - UGB

À L'ÈRE DU NUMÉRIQUE Cyberharcèlement scolaire : le cauchemar des ados Ce 05 novembre 2020, nous célébrions, la première journée internationale de lutte contre le harcèlement scolaire. La première Dame de la France, Mme Brigitte Macron, a profité de cette célébration pour signaler le rôle essentiel des réseaux sociaux face au cyberharcèlement des enfants et adolescents. L’instauration de cette journée internationale nous alerte sur l’ampleur et la gravité que prend le cyberharcèlement, notamment chez les plus jeunes qui sont les plus touchés par ce phénomène. Il représente aujourd’hui un réel problème dans une société mondialisée, portée et guidée en grande partie par le numérique en l'occurrence les réseaux sociaux. Au regard de la tournure que prend de plus en plus ce phénomène qui mène souvent à des actes dramatiques comme des suicides, de la part de jeunes ados, il nous a paru essentiel de jouer notre part de responsabilité là-dessus par la sensibilisation et la prévention. Page 38-Biramawa Magazine-Novembre 2020

Le cyberharcèlement dans le milieu scolaire : les réseaux sociaux, des amplificateurs ? Le cyberharcèlement, également appelé cyberintimidation ou cyberbullying (de l’anglais to bully, faire peur, tyranniser) est “un comportement d’intimidation qui répète des micro-violences, moqueries et humiliations.” Par le biais des réseaux sociaux, et notamment avec la démocratisation des smartphones, le cyberharcèlement a davantage pris de la place en créant avec lui de nouvelles pratiques très violentes qui se sont popularisées auprès des jeunes. Il s’agit du “happy slapling” qui consiste à filmer une humiliation publique à l’insu des victimes avant de diffuser la vidéo en ligne. Chez les ados, notamment dans le milieu scolaire, nous avons aussi assisté à la naissance d’une autre forme de cyberharcèlement qui est celle du “revenge porn” ou encore “sexting”. Dans ce deuxième cas, une vidéo à caractère sexuel d’une personne est partagée dans les réseaux sociaux sans son consentement. Entre 2011 et 2013, les chiffres estiment que les réseaux sociaux représentent un lieu fertile qui facilite le prolongement du harcèlement scolaire dans les lieux virtuels. D’ailleurs, les insultes ou les humiliations sur les réseaux sociaux ou par SMS ont augmenté de cinq points pendant cette période. Hélas, nous nous rappelons de la jeune Sarah qui a subi plusieurs tentatives de suicides à cause du cyberharcèlement, ou encore de la jeune Evaëlle qui a fini par se donner la mort. Prévention, sensibilisation, mobilisation : quelles solutions adopter ? Le premier degré de conscientisation doit déjà se jouer au niveau des parents. Car, selon les études, dans la majeure partie des cas, face à ce fléau qui met en jeu la vie des enfants, les parents sous-estiment souvent la capacité de leur progéniture à être auteur de tels actes de violence sur internet. Les parents doivent donc être avertis, prévenus et sensibilisés sur les nombreuses pratiques de cyberharcèlement dont sont victimes ou auteurs les enfants. Cela reste une étape primordiale pour favoriser une communication préventive au sein de Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 39

chaque famille afin de conscientiser, responsabiliser et préparer chaque enfant à ce problème de société accentué par le numérique. Les établissements scolaires et les acteurs associatifs ont également leur rôle à jouer dans la sensibilisation liée aux usages du numérique. C’est d’ailleurs dans ce sens que l’association Dunya-Ethic a créé récemment un pôle Education au numérique et aux réseaux sociaux dont l’objectif est de prévenir les jeunes sur les usages d’internet notamment ceux liés aux réseaux sociaux. Toujours dans cette réflexion pour trouver des solutions au cyberharcèlement, des parents et des ados interrogés proposent l'établissement de règles et de mesures coercitives à l’endroit des auteurs. L’usage des ados sur la toile devrait également être mieux maîtrisée par eux-mêmes par une politique de responsabilisation, et mieux contrôlée par leurs parents. Car, ce que les jeunes oublient souvent, c’est que : Les images sont éternelles : par conséquent, il est important de réfléchir sur nos publications surtout si c’est quelqu’un qui vous demande de partager quelque chose qui pourrait ternir votre image ou votre réputation. Car, qu’on le veuille ou non, une personne qui vous aime et qui vous respecte ne vous demandera jamais de vous exposer d’une cerPage 40-Biramawa Magazine-Novembre 2020 taine façon publiquement sur les réseaux sociaux en vous menaçant. Certaines applications et certains sites de réseaux sociaux promettent de supprimer les images ou les vidéos après quelques secondes d’affichage : sachez que même si vos données sont supprimées par les réseaux sociaux, entre-temps, elles peuvent être reprises (capture d’écran) et contournées par des personnes malveillantes. Par ailleurs, n’acceptez jamais de participer à l'enlisement d’une personne sur les réseaux sociaux en partageant ou likant quelque chose qui pourrait nuire à l’image de la personne concernée, lui ferait honte ou la blesserait. Il est clair qu’internet et les réseaux sociaux offrent de nombreuses opportunités et potentialités. Ce qu’on omet souvent, c’est qu’à côté de ces aspects positifs, de nombreuses dérives peuvent survenir. Ainsi, au-delà de la sensibilisation auprès des jeunes, et de la mobilisation de tous les acteurs autour du cyberharcèlement, il est essentiel de traiter le problème au même niveau que le harcèlement classique et surtout de construire des programmes de sensibilisation pédagogique qui parlent aux jeunes et qui s’adaptent surtout à leur “monde d’ados” et à leur propre langage. Aïcha Kassé Lawson, Présidente & Fondatrice de Dunya-Ethic

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Développement personnel ÉCONOMISER DE L’ARGENT

Dans notre société actuelle dite de consommation, il est bien difficile de mettre de l’argent de côté. Fêtes, évènements religieux, sorties nocturnes entre amis ….. Tout un arsenal d’évènements imprévus et malheureusement budgétivores qui viennent tout chambouler. Pourtant, et nous le savons, avoir des économies est important pour pallier aux aléas de la vie. Dans les lignes qui suivent, nous tenterons de fournir un plan d’action efficace qui vous permettra, à coup sûr, de gérer convenablement vos revenus. 1-L’ANALYSE DE SON BUDGET Le premier geste à faire pour épargnera consiste à étudier convenablement son budget mensuel. Que vous ayez pris note sur une feuille de papier ou sur votre ordinateur, vous devez avoir une image d’ensemble de votre budget mensuel. À partir de cette analyse, vous serez en mesure de connaître exactement ce que l’on appelle les dépenses fixes, les dépenses variables et celles totalement impulsives. Les dépenses fixes sont celles dont on ne peut malheureusement pas se séparer, qui tombent chaque mois et dont le montant est en général fixe. Les charges variables sont des dépenses qui, comme vos frais fixes, sont nécessaires à votre vie du quotidien. Seulement, contrairement à vos dépenses fixes, celles-ci peuvent être variables d’un mois sur l’autre suivant vos besoins et vos choix (alimentation, restaurants...) Quant aux charges impulsives, ce sont les achats qui ne sont pas nécessaires à votre quotidien ou à vos éventuels projets. Par exemple, vous achetez le dernier iPhone alors que votre smartphone marche très bien. En faisant la différence des dépenses et en la comparant à vos revenus, vous devrez pouvoir constater une de ces situations : • La somme de vos revenus est supérieure à celle de vos dépenses. Cela signifie que vous êtes déjà en mesure d’économiser de l’argent et que la gestion de votre revenu est saine. Évidemment, vous pouvez toujours faire mieux, soit en économisant plus, soit en augmentant vos revenus. • La somme de vos revenus est inférieure à celle de vos dépenses. Dans ce cas, vous devez avoir des fins de mois difficiles et du mal à gérer votre argent. C’est donc le signe que vous devez passer à l’action………… RV PROCHAIN NUMÉRO ! Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires Étrangères Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 43

Mame Anta Loum Fondatrice de K&R Design “ K&R Design est une société de conseil en design intérieur. Page 44-Biramawa Magazine-Novembre 2020 DÉCOUVERTE “

Mame Anta Loum communément appelée Anta Pierre est décoratrice et artiste plasticienne. Fondatrice de K&R Design, société de conseil en Design Intérieur, elle ambitionne « de devenir le numéro « Un » en décoration contemporaine africaine » et de « vendre l’Afrique à travers le monde ». Comptable de formation, Anta a bien voulu dresser son parcours et évoquer son choix pour l’entrepreneuriat. Elle est également revenue plus en détail sur sa société K&R Design. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Je suis Mame Anta Loum, communément appelé Anta Pierre. Je suis née d'une mère d'origine mixte de Peule et Haoussa du Cameroun, et d'un père sénégalais sérère. Je suis Baol Baol et fière de l'être. Cependant, je me définis comme une citoyenne du monde, décoratrice et artiste plasticienne d'un autre genre (rire). Quelles sont les grandes lignes de votre parcours de formation et professionnel ? Alors, je suis comptable de formation, hésu exactement ce que je voulais faire vraiment de ma vie. Elle était gérée par une décoratrice douée. Je voulais absolument travailler à cet endroit, bien que je travaillasse déjà ailleurs, dans une société de télécommunications, je n’aimais pas ce que je faisais. “En étant entrepreneure, je J’aime rencontrer du monde, discuter, apprendre et partager le peu de connaissances que j’ai acquis. Alors, j’ai demandé à un ami qui connaissait très bien la gérante de la brocante, s’il pouvait m’aider à obtenir un poste là-bas, ce qu’il a fait. Malgré la différence énorme entre le salaire et les avantages, j’ai ignoré tout ça, je me voyais juste m’épanouir, m’éclater, apprendre tous les jours. Ce qui me suffisait amplement à cette période, le reste, je me disais que j’avais toute ma vie pour ça. Alhamdoulillah, je me suis surpassé très vite, l’aventure a commencé ainsi. J’ai eu l’opportunité de faire des formations en ligne et en même temps de mettre en pratique, tout s’est passé très vite. Pour moi, je dirais que c’est une histoire de don avant tout, puisqu’aujourd’hui, je peins aussi des tableaux et pourtant je n’ai jamais fait les beaux-arts, je n’ai pas non plus fréquenté des artistes peintres auparavant. Au début, J’avais du mal à m’exprimer, ce n’est qu’après le décès de mon père que tout m’est venu d’u seul coup. J’ai pris des toiles déjà peintes et je les repeignais tout en blanc, ensuite ça a décollé, ce qui m'a permis d’évacuer beaucoup d’émotions enfouies et en même temps de faire la découverte d’une autre facette de moi. relève chaque jour de nouveaux défis et pour moi le fait de vivre cela est ma première motivation. " las, je me suis rendu compte très vite que j’allais rater ma vocation, si je continuais sur cette voie. Un jour, par un coup de chance, je suis rentrée dans une brocante, je suis tombée sous le charme de cet endroit et à ce moment précis, j'ai j e Vous avez fait le choix d'emprunter la voie de l'entrepreneuriat. Qu'est-ce qui a motivé votre choix ? J’ai fait le choix d’entreprendre, c’est parce qu’au départ suis un électron libre, travailler pour quelqu’un d’autre m’impose des limites, tandis que personnellement je ne m’en donne aucune. En étant entrepreneure, je relève chaque jour de nouNovembre 2020-Biramawa Magazine-Page 45

veaux défis et pour moi le fait de vivre cela est ma première motivation. Allah. J’ai choisi ceux des garçons parce que c’est à la naissance de mon premier garçon que j’ai eu vraiment une forte envie de me mettre totalement à mon propre compte et la naissance de mon deuxième garçon, c’était pour moi une renaissance et un retour à la source. C’est donc une belle histoire d’amour et de famille avant tout. Une nouvelle aventure s’annonce avec les initiales des filles Inch’Allah, tout tourne autour d’eux Masha Allah. À qui s'adresse K&R Design ? (Vos cibles) Notre cible c’est vraiment tout le monde. Les entreprises, les particuliers, nous pensons que tous méritent de vivre et de travailler dans un cadre agréable, et ainsi, de pouvoir bien profiter des petites douceurs de la vie. Quelles sont les perspectives de K&R Design ? Notre objectif c’est de devenir le numéro « Un » en décoration contemporaine africaine, vendre l’Afrique à travers le monde, mais surtout de réaliser la suite, comme je l’ai mentionné plus haut, le projet avec les initiales de mes filles, c’est une continuité. Parlez-nous maintenant de votre Société K&R Design. De quoi s'agitil ? K&R Design est une société de conseil en design intérieur, tout type de décoration, restauration de meubles, de vente de meubles, de tableaux fait sur mesure et de produits de décorations à 80 % “Made In Sénégal » avec les produits du terroir et surtout que des pièces uniques. Pouvez-vous revenir sur l'histoire de K&R Design ? D'où vient d'ailleurs le nom de votre entreprise ? Le nom K&R Design c’est une longue histoire, car ce sont les initiales des prénoms de mes deux garçons, bien que j’aie deux filles aussi, Masha Comment vous-contactez ? Nous sommes joignables par : Par courriel : krdesigndkr@gmail.com Soit par tel ou WhatsApp : +221781396639 / +221767256911 Via notre page Facebook et Messenger : https://www.facebook.com/KRDesignSn Via notre page Instagram : https://www.instagram.com/kr_design_by_antapierre/ “ Le nom " K&R Design c’est une longue histoire, car ce sont les initiales des prénoms de mes deux garçons… Page 46-Biramawa Magazine-Novembre 2020 Quel est votre message pour les jeunes en quête de vocation ? Mon message pour les jeunes en quête d’une vocation c’est de vraiment s’écouter, car nous tous savons exactement ce que nous voulons, mais nous ne sommes pas assez attentifs. Parfois nous choisissons un autre chemin

en croyant que nous serions en sécurité, hélas, non. Certes le parcours sera semé d’embûche, je vous encourage tout de même d’aller jusqu’au bout de vos rêves. Je pense qu’il n’y a pas mieux que de faire ce que l’on aime, c’est à ce moment-là que le travail devient une vraie partie de plaisir, certes elle ne sera pas facile, mais vous n’auriez pas le temps de le remarquer, vous serez bien trop occupé à relever de nouveaux défis. Vivre du fruit de notre passion c’est un pur bonheur, je le souhaite à tout le monde. “Mon mesBiramawa vous remercie. Votre mot de fin ? sage pour les jeunes en quête d’une vocation c’est de vraiment s’écouter, car nous tous savons exactement ce que nous voulons, mais nous ne sommes pas assez attentifs. " C'est moi qui vous remercie pour l'intérêt que vous portez à ma modeste personne et à mon travail. L'initiative est louable, car à travers votre magazine beaucoup de jeunes auront le courage de prendre la décision d’avancer avec le courage et la conviction de réussir. Bravo à vous, je vous souhaite beaucoup de succès. Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 47

CV N° 9 Raymond Carvalho de Alvarengo Tu es à la recherche d’un emploi? Biramawa magazine met cet espace à ta disposition pour te permettre de proposer ton CV aux entreprises qui recrutent. Tu peux donc envoyer ton CV par e-mail : contact@biramawa.com Page 50-Biramawa Magazine-Novembre 2020

Raymond Carvalho de Alvarenga marié Dakar, Sicap Baobab 77 776 41 42 raymondcarva@gmail.com Permis B INFORMATIQUES EXPERIENCES PROFESSIONNELLES COVADIS AUTOPISTE MENSURA SURFER MS Project ARCGIS LANGUES Français Anglais Espagnol COMPETENCE PERSONNEL Pensée Créative Esprit d’équipe Communication Actif Facilité d’adaptation CENTRES D’INTERET Routes, Assainissement, Plateforme, Piste aéronautique, Electrification, Etudes des ouvrages hydrauliques, Bâtiments, etc. Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 51 90% 90% 60% 50% 40% 40% Depuis février 2017 : Ingénieur Géomètre /projeteur à EIFFAGE - Conception, calculs et chiffrage de projets : routes, assainissements, aérodrome, Aménagement giratoire, bâtiments, etc. Aout 2016 à Janvier 2017: ETBD - Ingénieur chef de projet Etudes Topographiques pour électrification rurale Février 2016 à Juin 2016: TECHNOSOL --Ingénieur Topographe superviseur de projets de pistes Juillet 2015 à septembre 2015: BET PLUS -Chef de brigade topographique pour Electrification rurale FORMATIONS ET DIPLOMES -Formation avec ASFORCAD (Siret Aix en Provence, France sur l’utilisation de COVADIS et AUTOPISTE 2019-2020 - UFR des sciences de l’ingénieur Université de Thiès Master 2 Géomètre Topographe « major de ma promotion» en 2015 - UFR des sciences de l’ingénieur Université de Thiès Master 1 Géomètre Topographe en 2014 - UFR des sciences de l’ingénieur Université de Thiès - Licence 3 Géomètre Topographe « major de ma promotion» en 2013 COMPETENCES TECHNIQUES

RETROUVEZ-NOUS TOUS LES QUINZE JOURS SUR Biramawa Magazine biramawa biramawamag biramawamagazine biramawa-magazine contactez-nous: contact@biramawa.com Adresse postale : Île-de-France, France Éditeur : Waly NDIAYE Page 52-Biramawa Magazine-Novembre 2020

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