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dans l’économie numérique peut permettre la création de trois cents (300) emplois au minimum là où l’investissement du même montant dans les infrastructures créera moins de vingt (20) emplois. Ce sont ces genres de réflexions et de travaux qui devraient être confiés aux universitaires et chercheurs qui ont une grande part à jouer dans le développement de nos pays. En Afrique de l’Est, certains pays ont fait l’expérience de mettre la création d’emploi comme un indicateur de performance et l’élaboration du budget assigne un nombre clair d’emplois annuels qui devraient être créés par chaque département ministériel sur la base des dépenses effectives et non sur des prévisions. L’évaluation est très exigeante et le Gouvernement communique de façon très précise et juste à partir de ce moment. Pour le financement de l’emploi, il faudrait qu’on comprenne que l’entrepreneuriat (auto-emploi) est inclus dans l’emploi qui renvoie, selon la dix-neuvième conférence des statisticiens du travail, à toute activité de production de biens ou de service destinés à la consommation occasionnant un salaire ou un bénéfice (gain quelconque) : emploi salarié ou auto-emploi. Les services publics d’emploi (Direction de l’Emploi et ANPEJ) devraient être mieux servis en termes de budget et c’est là-bas que l’accompagnement vers l’emploi, le maintien dans l’emploi et le retour à l’emploi doivent être opérés car ce sont leurs spécialités. Rien que la mission d’intermédiation sur le marché du travail devrait bénéficier d’une enveloppe de près de 10 milliards de FCFA comme c’est le cas dans plusieurs pays africains ou encore de la sous-région. Aujourd’hui, tous les dispositifs qui annoncent la création d’emploi comme objectif phare ou objectif premier devraient être rattachés au Ministère en charge de l’Emploi ou du Travail. La spécialité du Ministre chargée de l’Emploi ou du Travail devrait lui permettre de disposer sous son autorité directe de toute structure qui a une mission dans son périmètre de compétence. Autrement, on avance et on déconstruit pour reconstruire indéfiniment et sans efficience. Avez-vous, entre temps, senti des améliorations ? Le Sénégal a enregistré des performances réelles en termes de croissance économique et de création d’opportunités pour les jeunes mais la demande reste entière. Les efforts doivent être combinés et la gouvernance du marché du travail revue en profondeur. Il faut des ruptures profondes et des décisions plus hardies. La demande d’emploi est continue et il faudrait que la question de l’adéquation qualitative comme celle quantitative entre besoins économiques et compétences produites et certifiées par nos structures de formation arrivent à un point d’équilibre. Il y a beaucoup d’instruments qui nous manquent. Déjà, la situation a été très compliquée ces dernières années malgré les avancées. Souvenons-nous déjà de la crise économico-financière de 2008 qui a amené le chômage à des pics insoupçonnés au niveau mondial et depuis lors c’est compliqué presque partout au monde. La crise de la Covid-19 a remis les pendules à zéro, a remis en cause tous les agendas et plans de développement et a compromis tous les schémas simplistes ou simplifiés de projets professionnels. Des emplois sont perdus, des licenciements se préparent encore en masse, des businesses sont tombés à l’eau ; presque seules entreprises de fabriques de détergents et quelques plateformes de vente en ligne se sont fait de réels bénéfices. Il faudrait juste nourrir l’espoir mais le questionnement du financement de la relance pose problème partout au monde et les experts savent qu’on ne se relève pas si aisément de ces genres de crise. La décision d’investissement des acteurs privés n’est pas si manifeste et l’on sait la création d’emplois se fait à l’occasion de la production. L’entrée dans le marché du travail va être plus compliqué et l’insertion professionnelle beaucoup plus difficile. Il faudrait de l’investissement consistant mais aussi – et surtout – des réformes de fonds avec des facilités proposées aux grands recruteurs ? Cela a été annoncé par plusieurs textes mais c’est le moment de mettre cela en œuvre concrètement. L’employabilité des jeunes diplômés pose également problème. Leur manque d’expérience professionnelle est décrié à juste titre. La professionnalisation des formations Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 29

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