une certaine hybridité qui nous expose à un matérialisme bien voilé. Il y a une sorte d’auto-duperie qui nous fait croire une solidarité sans faille et une acceptation de l’autre sans attente. Non, nous vivons hélas dans une société où les activités interactionnelles n’ont pas toutes un prix mais souvent un coût. Par conséquent, il faut une place, et la meilleure possible, pour être. En résumé, on est parce qu’on a ! Voilà cette société pressée que nous avons, une société violente et très agressive à l’endroit de sa jeunesse alors que dans nos institutions publiques ou privées la moyenne d’âge dépasse de loin les 50 ans. négal pour endiguer le phénomène ? Compte tenu de la faible capacité du secteur formel à offrir une réponse adéquate à la forte demande d’emplois des jeunes, le Sénégal a mis en place une politique nationale de l’emploi orientée essentiellement vers la question des jeunes. Dans ce cadre, des projets, programmes et Fonds destinés à l’insertion des jeunes sont mis en œuvre au cours des dernières années. Le développement de ce dispositif et la hausse du nombre de jeunes qui y ont recours ces dernières années, ont nécessité́ une mobilisation importante de ressources. Ainsi, compte tenu des masses budgétaires engagées et du nombre de jeunes concernés, la question de l’efficacité du dispositif mis en place et plus particulièrement celle de son impact sur l’amélioration de la situation des jeunes sur le marché du travail demeure une préoccupation centrale car les migrations des jeunes ne cessent de prendre des proportions importantes. C’est bien de créer des agences mais l’idéal est d’encourager l’esprit créatif et innovant des jeunes sans besoin de vouloir tous en faire des agriculteurs ou des aviculteurs. Il faut une politique d’emploi qui répond aux réalités territoriales. Pour cela, il faut intégrer la recherche dans les décisions politiques précises. Quelle est la responsabilité de la société sur les voyages ? Pour les candidats à la migration, le voyage vers l'Europe constitue un abrégé possible vers la réussite économique absolue sans laquelle ils auront perdu leur dignité sociale dans une société sénégalaise devenue de plus en plus une société où domine le paraître. Vous savez nous avons une société en parfaite évolution avec “Il faut enQuel rôle devra jouer l'État pour arrêter l'hémorracourager la méritocratie et surtout aménager l’environnement pour la recherche d’emploi. " gie ? Cette situation de "manque d’emploi" et par conséquent de "manque de revenus" revient dans les propos de certaines personnes interrogées. D’autres jeunes plus nuancés soutiennent qu’ils ne sont actifs que durant la saison des pluies (4 à 5 mois) et restent sans travail durant une longue période de l’année, la saison sèche (7 à 8 mois). Il faut encourager la méritocratie et surtout aménager l’environnement pour la recherche d’emploi. Des projets sont mis en place mais les conditions d’accès sont souvent hors de portée et ils ne sont pas que les compétences. Il faut être dans les réseaux complexes ou être supportés ou sponsorisés politiquement par un « long bras ». Dommage ce n’est pas possible pour tout le monde. Faut-il le rappeler, dans certaines de nos sociétés, le voyage est initiatique et fait partie de la socialisation secondaire. Dit-on d’ailleurs qu’ « on est homme parce que l'on a voyagé ». En résumé, je pense qu’il y a urgence de repenser la migration en prenant à témoin les dimensions socio anthropologiques tout en refusant de se limiter à l'analyse matérialiste qui parfois pousse nos acteurs politiques ainsi que leurs partenaires à s’engager en toute naïveté à la « gestion sécuritaire » et à la « diplomatie du chéquier ». Nos sociétés ont besoin urgemment d’une "gouvernance des migrations » car le voyage est un fait social total au sens anthropologique du terme. Mais bon tout cela ne peut être réalisable que lorsque la migration est intégrée dans nos agendas politiques, sans me tromper ce n’est pas encore le cas. Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 19
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