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Magazine N°13 du 15 DECEMBRE 2020


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Serigne Amar Mbacké SARR Chercheur en Droit privé Expert maritime en formation Ayoba FAYE Journaliste d’investigation Rédacteur en chef Pressafrik Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB Omar Mallé SAKHO Doctorant à l’Université Cheikh Anta Diop Laboratoire LARHISA. Thierno NGAMB Agronome Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience Guilaye TINE Designer-Digital Marketer-Telemarketer CEO IN'FINITY Djiby SADIO Photographie CEO Studio 13 Alioune FALL Juriste d’Affaires Inspecteur du travail et de la sécurité Sociale Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires Étrangères Docteur Benjamin NDOUR Médecin généraliste Khadime SENE Educateur Spécialisé au Ministère de la Justice Marianne SECK Docteur en droit de l’environnement et de la santé Ousseynou GUEYE Responsable communication chez Afric’innov et fondateur de Polaris asso Nafissatou NDAO Responsable des Ressources Humaines-FAMY SENEGAL Dr Jean Sibadioumeg DIATTA Spécialiste en communication Aïcha KASSE LAWSON Présidente & Fondatrice de l'association Dunya-Ethic contactez-nous: contact@biramawa.com Adresse postale : Île-de-France, France Éditeur : Waly NDIAYE Page 8-Biramawa Magazine L’ÉQUIPE BIRAMAWA EDITO L’industrie audiovisuelle, ce secteur pourvoyeur d’emplois ! Pas de série sans acteurs comme Jessica GOMES, pas d’émission radio ou télé sans animateur. Néanmoins, le secteur ne se limite pas aux personnalités qui passent à l’antenne ou à l’écran. Sur les plateaux comme en studio d’enregistrement, à la régie comme en salle de montage, les professionnels de l’image et du son, comme Médoune FALL, mettent leurs compétences artistiques et techniques au service des productions audiovisuelles. Les projets, conçus et dirigés par des producteurs, des showrunners comme Kalista SY et des réalisateurs, font appel à de nombreux ouvriers, techniciens et cadres techniques (machinistes, opérateurs et chefs opérateurs image et son, régisseurs…). Sans oublier les gestionnaires (assistants et directeurs de production…). Oui le secteur de l’audiovisuel regorge de métiers. C’est pourquoi nous avons jugé utile, dans ce numéro 13, de revisiter ce secteur et vous présenter quelques-uns de ses métiers. Chers abonnés, abonnées avant de finir, je souhaiterais vous annoncer que ce numéro 13 est le dernier de l’année 2020. Nous vous donnons rendez-vous en 2021, s’il plaît au Bon Dieu, avec notamment le lancement officiel du site internet de Biramawa Magazine. Bonne lecture ! Fondateur Biramawa Magazine Waly NDIAYE Biramawa Magazine-Page 9
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ÉDITION SPECIALE Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Vivre Ensemble – La Pouponnière de Mbour Le magazine Biramawa à travers sa rubrique " Edition spéciale "a souhaité donner la voix à la Pouponnière "Vivre Ensemble "de Mbour. Créée en 2002 la pouponnière est un "lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman ". Confrontée à des difficultés à cause de la crise sanitaire, la pouponnière fait appel à toutes les bonnes volontés. Page 10-Biramawa Magazine La Pouponnière de Mbour a vu le jour en Janvier 2002, Michèle BURON-MILLET en est la créatrice. C’est un lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman. Elle permet aux orphelins de mère ou aux enfants dont la maman ne peut pas s’occuper (pour des raisons gravissimes), de vivre protégés, leurs premières années de vie si fragile, avant de regagner leur famille au bout d’un à deux ans. Très rapidement, l’association se développe et il apparaît que tous les enfants ne peuvent rentrer chez eux (rejet de la famille ou mauvaises conditions d’accueil). En 2003, les Unités Familiales sont créées pour prendre le relais et s’occuper de ces enfants qui sortent de la Pouponnière, mais ne peuvent pas rentrer en famille. Avec le temps la Pouponnière a acquis une certaine notoriété au vu du sérieux des professionnels. Aujourd’hui la Pouponnière compte 136 salariés et 148 enfants. Vivre Ensemble c’est aussi et avant tout un séjour de rupture, crée en 2001 pour des jeunes français en difficultés. Ils restent durant 9 mois et participent à des chantiers humanitaires (reconstruction, réhabilitation dans les villages ), ils sont aussi amenés à faire un stage dans la pouponnière. L’objectif étant de les remobiliser et de les valoriser à travers l’aide apporté à la population locale défavorisée. Le projet est double et complémentaire, en effet une grande partie du financement des frais de fonctionnement de la Pouponnière provient du séjour de rupture lui même. En raison de la situation sanitaire mondiale l’équipe de direction de Vivre Ensemble a dû prendre des mesures rapidement. Début mars l’association s’est vue fermer ses portes aux visiteurs, nombreux chaque jour et en provenance d’Europe. Il a fallu ensuite faire de même pour l’accueil des bénévoles, une quarantaine par mois à nous apporter leur soutien. Enfin depuis maintenant le mois de mars le confinement des enfants et du personnel c’est organisé. Notre souhait comme toujours est de préserver nos enfants, mais aussi le personnel qui s’en occupe. Nous avons réussi à composer une équipe de volonBiramawa Magazine-Page 11
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taires pour rester confinés. Aujourd’hui 250 personnes sont au centre, dont 148 enfants. L’ensemble du personnel est mutuellement très solidaire, ils sont comme une grande famille. Et ce malgré l’inquiétude pour leur famille respective à l’extérieur. Nous nous devons maintenir les salaires. Pour les salariés sur place mais aussi tout ceux, qui de chez eux, sont au chômage technique et pour qui nous souhaiterions maintenir le salaire initial. Nous devons aussi assurer l’approvisionnement de l’association en denrées alimentaires, produits d’entretien, d’hygiène, médicaments. Cette situation engendre une augmentation considérable nos dépenses quotidiennes, pour lesquelles nous avions déjà des difficultés de prise en charge tout au long de l’année. Du fait de l’absence de visiteurs et de bénévoles, nous constatons une baisse des dons au quotidien. Nous gardons aussi en tête que les jeunes accueillis en séjour de rupture peuvent à tout moment être rapatriés en France, en fonction de l’ évolution de la situation. L’avenir de la Pouponnière en deviendrait alors très incertain. Nous sommes en permanence à la recherche de soutien pour nous aider dans la prise en charge des frais de fonctionnement et Page 12-Biramawa Magazine (Budget total annuel 291 332 806 FCFA) • Vivre Ensemble Madesahel, séjour de rupture : 44 % du Voici quelques chiffres : Effectif de la Pouponnière : • La Pouponnière : 91 bébés de 0 à 2 ans. • Les Unités Familiales : 37 enfants de 2 à 6 ans. • La Grande Enfance : 20 fants de plus de le maintien des activités de l’association. en6 ans. • Enfants accueillis en ce moment : 148 • Enfants vés depuis janvier • Employés à la Pouponnière : 136 Les sources de financements : accueillis et sau2002 : 1 260 budget total de la Pouponnière. • L’état Sénégalais 10 000 000 CFA • L’association Louly l’Ecole au Sénégal , tous les frais liés à la scolarité des enfants : 5 262 087 FCFA (année scolaire 2018-2019) • La Banque Mondiale 4 520 000 CFA en 2019 • 270 parrains pour environ 51 085 900 CFA par an • Le reste des financements dépendent des dons de particuliers et entreprises. Nous contacter : • Accueil : + 221 33 957 31 36 • E-mai : contact@lapouponnieredembour. org • Responsable communication : Arnoult Mathilde Biramawa Magazine-Page 13 • Tel : + 221 77 881 83 60 Nous aider : • Orange Money : + 221 77 500 19 32 • Faire un don en ligne :https://www.helloasso.com/don/associations/vivre-ensemble-la-pouponniere • Notre site internet: http://www.lapouponnieredembour.org • Notre page facebook: https://www.facebook.com/pouponnieredembour • Devenir parrain • Faire un don par virement bancaire : IBAN : FR76 4255 9100 0008 0040 4472 464 BIC : CCOPFRPPXXX Intitulé du compte : Vivre Ensemble, la Pouponnière
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listes et créateurs. Je pense donc que ces deux activités font partie intégrante du milieu artistique et sont riches de rencontres. « Lorsque j’ai découvert la série, elle m’a tout de suite plu parce qu’elle relate les maux et les faits de la société sénégalaise. » Qu’est-ce qui vous a poussé vers ces professions ? Un peu par hasard je dirais, je ne me voyais pas vraiment passer à la télévision. Il m’est arrivé par le passé de faire certaines publicités ci et là. Mais mon entourage proche, ma famille ainsi que certaines personnes comme la scénariste de la série m’ont souvent encouragé à tenter ma chance et j’ai finalement sauté le pas sans trop réfléchir. Beaucoup de gens vous ont connu grâce à la Série « Maîtresse d’un Homme marié ». Qu’est-ce que cette série vous inspire ? Lorsque j’ai découvert la série, elle m’a tout de suite plu parce qu’elle relate les maux et les faits de la société sénégalaise. Je pense, sans prétention, qu’elle a contribué et qu’elle contribue encore à éveiller les consciences sur certaines réalités que rencontrent les Page 16-Biramawa Magazine Aujourd’hui vous faites partie des actrices/acteurs très plébiscités au Sénégal. Félicitations ! Comment vivez-vous cette notoriété ? femmes de nos sociétés et qui sont longtemps restées taboues. Chaque femme africaine, se retrouve au travers du vécu de chaque personnage. Et c’est là toute sa particularité. Est-ce votre premier rôle ? Oui, c’est mon tout premier rôle. Voilà pourquoi je me plais souvent à dire que je suis une actrice « en stage ». « Je suis et je reste reconnaissante de l’accueil du public pour Dalanda. » Je suis et je reste reconnaissante de l’accueil du public pour Dalanda. C’était pour moi un challenge à relever et ça fait plaisir de savoir que vous avez réussi cette première étape. Parce que pour moi, on peut toujours mieux faire. Je reste toujours la même Jessica qui gère sa routine habituelle en essayant de préserver au mieux son image. Je ne dirais pas que cette « reconnaissance » m’ait changée mais qu’elle m’a surtout ouverte au monde et appris à voir au-delà de mes peurs. C’est quoi votre secret ? (Rire) Comment en êtes-vous arrivé là ? (Rire) Mon secret ? On ne peut pas vraiment dire que ça soit un secret. Mais j’ai juste décidé de dépasser mes peurs, c’était ma résolution. Et lorsque vous êtes entouré de personnes qui vous encouragent et vous poussent à vous dépasser c’est le plus qui fait toute la différence, je pense. Laquelle des deux saisons vous a le plus marqué ? Et pourquoi ? Je dirais la 1ère parce que je découvrais une autre présentation de notre société et que le jeu des acteurs était époustouflant de talent. Tout simplement. En tant que femme, comment trouvez-vous l’industrie audiovisuel sénégalaise ? Biramawa Magazine-Page 17 « Il est important de pouvoir montrer aux jeunes femmes de demain que l’on peut être absolument tout ce que nous voulons être, notre seule limite c’est nous-même. » Votre personnage dans les séries parle d’une femme battante, avec des principes, et qui défend la cause des femmes. Comment vous décririez-vous dans la vie de tous les jours ? Je ne suis pas loin de mon personnage en ce sens et d’ailleurs je pense que la plupart des femmes de nos jours le sont. Il est important de pouvoir montrer aux jeunes femmes de demain que l’on peut être absolument tout ce que nous voulons être, notre seule limite c’est nous-même.
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pour une meilleure prise en compte des intérêts des femmes dans le secteur ? Comme dans toute chose, il faut savoir imposer sa valeur et continuellement se challenger pour mériter sa place. Mais au-delà de ça, les femmes doivent être solidaires dans leur combat. Lorsque l’on prendra conscience que certains A mon humble avis, c’est encore un secteur en pleine expansion. Les femmes s’imposent de plus en plus en dépassant les préjugés d’antan. Cependant il reste beaucoup à faire quant aux droits des artistes et à l’importance de l’image. Pour que l’on atteigne les mêmes standards internationaux, il faudrait que cela passe inévitablement par la solidarité de toutes les parties prenantes du secteur. « …les femmes doivent être solidaires dans leur combat. » Quelles sont vos préconisations Page 18-Biramawa Magazine combats sont faits pour que nos enfants et petits enfants puissent en bénéficier demain, la donne va changer. L’individualisme n’est souvent pas notre meilleur allié. Que diriez-vous à ces jeunes femmes qui souhaitent être actrice/modèle comme vous ? Quelles sont les prérequis et qualités intrinsèques ? Je commencerais par leur dire que quoi que vous vouliez entreprendre, mettez-y de la passion et efforcez-vous à devenir meilleure que celle que vous étiez la veille. Mais surtout attendez-vous à ramasser des échecs car cela vous aidera à vous parfaire et à montrer au monde le don qui sommeille en vous. En somme, volonté, détermination, humilité, résilience. Pour changer de registre, que faites-vous quand vous ne jouez pas ? Quels sont vos hobbies ? Quand je ne joue pas, je travaille, j’étudie, je fais du sport et pratique la méditation avant le lever du jour. Ma routine est assez simple d’ordinaire mais lorsqu’il m’arrive de la rater, ça se ressent sur le reste de ma journée. « On doit aider à changer les mentalités. » Quelles sont les causes qui vous tiennent à cœur ? Toutes les causes qui touchent aux droits de la femme et des enfants, des orphelins, des enfants de la rue. J’ai encore du mal à comprendre comment on peut brutaliser une femme physiquement ou verbalement alors qu’on ne supporterait pas qu’on le fasse à sa mère, sa sœur, sa fille. Comment on peut abandonner un enfant à Biramawa Magazine-Page 19 son sort alors qu’il est le futur d’un pays ? Biramawa vous remercie. Quel est votre mot de la fin ? Je vous remercie pour l’invitation et remercie également tous les lecteurs et les personnes qui ne cessent de m’encourager sous quelque forme que ça soit et je finirais en disant que : Nous femmes, nous mettons au monde le monde et nous sommes à la base de l’éducation de tout un peuple. On doit aider à changer les mentalités.
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AVIS D’EXPERT Medoune FALL Responsable technique de la production audiovisuelle - SENEWEB "Le secteur de l’audiovisuel a beaucoup évolué ces dernières années..." Rubrique Avis d’expert du numéro 13 de votre magazine avec Médoune FALL, Journaliste de formation et technicien supérieur en audiovisuel. Il occupe actuellement le poste de Responsable technique de la production audiovisuelle à SENEWEB, un site web sénégalais d’information en ligne. Ont notamment été abordés dans cet entretien les métiers que regroupent le secteur audiovisuel, sa place dans l’économie sénégalaise, les avancées notées et les défis à relever dans le secteur audiovisuel. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Médoune Fall à l’état civil, Médoune Gawane Fall pour mes proches. Je suis né un soir de 02 novembre à Dakar. J’ai grandi dans le populeux quartier de Usine Bénne Tally. J’ai obtenu le BFEM au CEM Badara Mbaye Kaba de Ouagou Niaye et le BAC au Lycée Charles de Gaulles de Saint-Louis. Mon enfance a été rythmée par sports, études et mouvement de jeunesse. J’ai pratiqué le football et l’athlétisme. J’ai été aussi président de la camaraderie de la Croix Rouge où j’ai appris le secourisme. J’ai passé une bonne partie de ma jeunesse au quartier Hersent de Thiès où j’ai appris le coran. Je suis journaliste de formation et technicien supérieur en audiovisuel. J’occupe actuellement le poste de Responsable technique de la production audiovisuelle à Seneweb. Je suis papa d’une ravissante fille. Biramawa Magazine-Page 21
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Qu’en est-il de votre parcours professionnel ? « …j’ai commencé par le digital avant de basculer complètement dans le secteur de l’audiovisuel » Quelles sont les grandes lignes de votre parcours de formation ? Après le BAC, j’ai été orienté à la Faculté de Droit de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Après une année de cours, j’ai annulé mon inscription pour suivre une formation en journalisme. La licence en poche j’enchaine avec un premier stage à la station régionale de la RTS à Saint-Louis. De retour à Dakar, étant passionné de communication digitale, je m’inscris en Master 1 communication. Conscient de l’importance de la formation continue, j’ai obtenu un diplôme en réalisation au Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information (CESTI) en 2019. Page 22-Biramawa Magazine En 2012, j’ai couvert les élections présidentielles avec France 24 et RFI : C’était une bonne expérience. L’étudiant en Master passionné, que j’étais, faisait de petits reportages avec photos et vidéos à l’appui. C’est comme ça que les observateurs m’ont remarqué, interviewé dans un premier temps puis proposé une collaboration dans le cadre de la couverture des élections présidentielles. Une collaboration au cours de laquelle j’ai été formé en prise de vue par les équipes de France et RFI. En 2013, la société Leuzmedia qui à l’époque de la série Dinama Nekh cherchait quelqu’un qui maîtrisait Youtube et qui pouvait en même temps administrer un site internet, avait fait appel à mes services en tant community manager. Une pierre deux coups, parce qu’en plus de mon poste de community manager, je me suis formé chez Leuzmedia en montage. Dans un premier temps, j’ai appris le montage vidéo pour préparer et diffuser de petites vidéos en ligne, ensuite je me suis rapproché du chargé de production pour comprendre le « processus de fabrication d’un film ». Encadré par des professionnels, c’était facile pour moi d’apprendre à filmer et à monter. En 2015, un ami qui venait de lancer la boite de production IMAGEin a sollicité mes services. J’ai commencé comme chargé de production, ensuite comme assistant réalisateur puis comme réalisateur. C’est d’ailleurs dans cette structure que j’ai réalisé mon premier film « Enfants Apatrides » financé par l’UNHCR (Organisation des Nations Unies pour les Réfugiés). Nous avons aussi, dans le cadre de cette collaboration, réalisé plusieurs films institutionnels pour des entreprises publiques et privées. En 2018, j’ai rejoint Seneweb pour coordonner la mise en place d’une WebTV. Actuellement je travaille en parallèle, et dans le cadre de ma formation en techniques audiovisuelles au CESTI, sur deux projets : Un court-métrage et un documentaire. Pour résumer mon jeune parcours je peux dire que j’ai commencé par le digital avant de basculer complètement dans le secteur de l’audiovisuel. « En 2012, j’ai couvert les élections présidentielles avec France 24 et RFI : C’était une bonne expérience. » Comment définiriez-vous l’industrie audiovisuelle ? Je le définis comme étant l’économie de la télévision et du cinéma. C’est l’un des secteurs les plus dynamiques de l’économie. Véritable pourvoyeur d’emplois, c’est un secteur qui regroupe plusieurs métiers. En effet, il englobe de nombreuses spécialisations et un panel très large de métiers aux compétences variées. Outre la télévision et le Cinéma, c’est un secteur qui englobe également la radio, les nouveaux médias et les arts du spectacle. C’est donc un secteur qui comprend beaucoup de métiers. Pouvez-vous en énumérer quelques-uns ? Il est important de classer les métiers du secteur de l’audiovisuel en différentes catégories : • Les métiers de l’image : le cadreur ou opérateur de prise de vue, communément appelé caméraman, le directeur de photo, le technicien lumière (éclairagiste). • Les métiers du son : L’ingénieur du son, le perchman, le monteur - mixeur son, technicien mastering… • Métiers du montage et de la postproduction : Monteur, étalonneur… • Les métiers de gestion de la production : le chargé de production, l’assistant régie, régisseur adjoint, le régisseur général… • Les métiers artistiques : l’acteur, le Réalisateur, le scénariste, le metteur en Biramawa Magazine-Page 23
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scène, la maquilleuse, le costumier… Qu’en est-il de la rémunération ? Pouvons-nous considérer que c’est un secteur attractif ? une conséquence sur la rémunération. Force est de constater qu’actuellement le secteur du Cinéma est plus attractif que celui de la télévision. Les jeunes ont de plus en plus des projets de films qu’ils veulent réaliser. Si je me réfère au nombre de CV que je reçois par semaine et aux recommandations, je peux affirmer que c’est bien un secteur attractif. Néanmoins le problème de la formation se pose. Ces dernières années j’ai eu à former beaucoup de jeunes. Être technicien de l’audiovisuel ne s’improvise pas. Malheureusement la majeure partie des techniciens ne sont pas bien formés. Ce qui peut bien évidement avoir Page 24-Biramawa Magazine « Je conseille aux jeunes de suivre sérieusement des formations, s’ils en ont la possibilité. » Quels sont vos conseils pour les jeunes qui vous lisent et qui sont attirés par ce secteur ? Les opportunités de faire carrière dans le secteur de l’audiovisuel ne manquent pas, et ce, quel que soit le niveau d’étude. Donc je demande aux jeunes de ne pas hésiter, c’est un secteur d’avenir et pourvoyeur d’emplois. Comme évoqué ci-dessus les métiers du secteur de l’audiovisuel sont divers et variés. Également, je conseille aux jeunes de suivre sérieusement des formations, s’ils en ont la possibilité. Car les métiers de l’audiovisuel sont de plus en plus techniques et exigent des compétences. C’est bien de se former « sur le tas » mais le diplôme offre une meilleure garantie pour trouver facilement un travail et surtout pour avoir un bon salaire. C’est un secteur aussi où on peut entreprendre, créer sa propre boîte de production. Aujourd’hui avec le développement des technologies de l’information et de la communication, il est également possible de produire ses propres contenus pour ensuite les monétiser via les plateformes de streaming par exemple. « Le secteur de l’audiovisuel a beaucoup évolué ces dernières années, tant du côté de la télévision que du cinéma. » Pour changer de registre, après (8) ans dans le secteur de l’audiovisuel, quelles sont les grandes avancées que vous avez notées ? Le secteur de l’audiovisuel a beaucoup évolué ces dernières années, tant du côté de la télévision que du cinéma. C’est un secteur en plein développement, la production est très dynamique. Il y a eu des avancées considérables. Avec la mise en place du Fond de Promotion de l’Industrie Cinématographique, le cinéma sénégalais s’exporte de plus en plus dans la sous région. Des séries comme par exemple « Maîtresse d’un homme marié » ont fini de conquérir les télespecteurs des pays africains. Nos séries sont bien suivies à l’étranger maintenant. Certaines d’elles capitalisent des millions de vues sur YouTube. Il ya quelques années les sitcoms ivoiriennes et burkinabés occupaient l’espace télévisuel africain mais maintenant le cinéma sénégalais s’est fait place non-négligeable. De plus en plus de productions internationales sont tournées au Sénégal. Notre pays offre un joli décor selon certains grands réalisateurs. Les producteurs investissent de plus en plus dans le secteur. Les structures de production se sont multipliées et certains s’en sortent bien. L’Etat est conscient du dynamisme de ce secteur en créant les ISEP mais la qualité de la formation laisse à désirer car les moyens matériels ne suivent pas. Biramawa Magazine-Page 25
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LE COIN D’AUTRUI Bonzzzooouuurrr Warahmatullah chers lecteurs et lectrices de Biramawa. Nous allons, ensemble, achever l’histoire de Lara. Alors attachez bien vos ceintures comme pour traverser cette zone de haute turbulence. Je veux nommer cette éprouvante année 2020. « Il m'était difficile de ne pas céder à la proposition de cet homme qui, à chaque fois que je me rendais à son appartement pour le voir se comportait en parfait gentleman. Papis n'a jamais voulu pousser le flirt plus loin avec moi. Il me faisait toujours croire qu'il préférait attendre la nuit de noces qui succède d'habitude à la cérémonie religieuse du mariage. Était-ce encore une de ses stratégies pour m'attirer dans ses filets ? Je pense sincèrement qu'il était très sérieux à l'époque. Mes parents ne voyaient pas d'inconvénient à ce que je me marie avec ce jeune cadre. Et de toute façon, il avait réussi à convaincre papa et maman de sa volonté de bien m'encadrer dans mes études supérieures... Ainsi deux mois et demi seulement après notre première rencontre, Papis et moi, nous nous mariâmes dans la plus grande sobriété. Ses parents qui habitaient à Thiès étaient simplement venus pour discuter et ils sont repartis avec la main de leur belle-fille. En deux temps et trois mouvements, j'étais passée de Mademoiselle à Madame. Je venais juste de sortir d'un cours de Travaux Dirigés (TD) quand j'ai reçu l'appel de Papis qui m'annonçait que notre mariage venait d'être scellé chez moi. Mon cœur et mes pensées valsaient entre le bonheur et l'angoisse. Le bonheur de devoir partager le même foyer avec celui que j'aimais à la folie et l'angoisse de devoir quitter le domicile familial après 21 ans de vie commune passés aux côtés de mes parents, de mon petit frère et de ma petite sœur. Ce jour-là, j'ai pris le premier taxi pour rentrer chez moi. J'ai trouvé ma mère dans le salon avec un visage radieux. Elle m'a réappris la bonne nouvelle tout en m'invitant dans sa chambre avant même que je ne dépose mes bagages. Biramawa Magazine-Page 29
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- "Ma fille, à partir d'aujourd'hui, tu vas ouvrir une nouvelle porte qui te mènera vers une autre vie. Cette porte, je l'ai moi-même ouverte il y a de cela 23 ans en compagnie de ton père. Elle m'a menée à toi, à ton frère et à ta petite sœur. Je paierais tout l'or du monde pour avoir à revivre, ne serait-ce qu'une autre fois dans une autre vie, le bonheur de vous avoir à mes côtés. Aujourd'hui, je vais te donner mon secret. J'ai toujours aimé ton père et plus le temps passe, plus mon amour pour lui croît. Je l'aime quand il va bien, je l'aime encore quand il va moins bien, quand il est en colère, et je l'aime toujours, même quand il se montre insupportable. Je passe tout mon temps à chercher le moindre détail qui ferait son bonheur. Lui dire non est au-dessus de mes forces. J'ai sacrifié mon bonheur pour le sien et Dieu a fait de sa joie la mienne. Ma fille, le mariage n'est pas un long fleuve rose et tranquille. Tu seras éprouvée, parfois durement au point que tu voudras tout abandonner. Mais n'oublie jamais que c'est pour le meilleur et pour le pire..." On était dans sa chambre et pourtant, c'est elle qui s'est levée et m'a laissée là assise et méditant sur ce discours que toute maman devrait tenir à sa fille avant de la laisser embarquer dans cette entreprise Ô combien complexe. Et n'eût-été ces deux dernières phrases de maman, je ne pense pas que je resterais un jour de plus avec cet homme qui ne trouve du plaisir qu'en me torturant pendant l'acte sexuel. Un mois après la célébration de notre mariage, j'ai emménagé dans l'appartement de mon mari sis à Mermoz. Les premiers mois furent un pur bonheur entre Papis et moi. Nous étions convenus qu'il valait mieux que je prenne la pilule pendant deux ans pour éviter de tomber enceinte avant d'obtenir ma Licence de Droit. Le matin, il m'emmenait à l'Université et continuait à son bureau. A la pause, il passait me prendre pour aller déjeuner dans un restaurant et quand je descendais plutôt, je le précédais à la maison pour préparer un succulent dîner. Côté sexualité, nous avions des rapports normaux. J'avais déjà pratiqué le sexe avant le mariage. Je n'étais donc pas vierge et c'était loin d'être un problème pour mon mari. Seulement, lui n'était pas si connaisseur en la matière. Ce qui fait que c'est moi qui dominais souvent les ébats. Les week-end, on pouvait passer toute la journée à faire et à refaire l'amour dans tous les coins de notre vaste appart. Il jouissait Page 30-Biramawa Magazine la plupart du temps avant même que je ne prenne mon pied. Il ne me le disait pas, mais je savais que cette situation le gênait. Au fil du temps, il se démenait du mieux qu'il pouvait, mais il n'arrivait toujours pas à renverser la tendance. Dès fois, je simulais même un orgasme pour qu'il se sente bien, mais d'autres fois, je cachais très mal mon insatisfaction. C'est de retour d'un de ses missions à l'étranger que Papis a commencé son comportement sadique au lit. Je ne sais pas d'où il a tiré toutes ces pratiques violentes et perverses, mais il éprouve un plaisir fou à les exercer sur mon corps. Désormais, tous nos rapports sexuels sont teintés de cris de douleur. S'il ne mord pas mes tétons, il est en train de pincer mon clitoris très fort avec ses ongles. Et pendant que je crie et que j'étouffe de douleur, lui, il jouit. On n'en a discuté. Je lui ai dit que je ne pouvais plus supporter son sadisme sexuel et qu'il nous fallait voir un spécialiste. Mais il n'a rien voulu entendre. Au bout de deux ans, quand j'ai menacé de partir, il m'a supplié et ensuite promis d'arrêter. Mais quelques mois après, il reprenait les mêmes habitudes. Et cette fois-ci avec plus de violence. J'ai alors décidé d'en parler avec ma mère. Elle n'en croyait pas à ses oreilles. Elle était très peinée de me voir dans cet état. Les signes de mes souffrances physique et mentale étaient perceptibles par tous. Maman m'a promis d'en parler avec mon père pour qu'il trouve une solution avec mon mari. Papis refusait d'accepter qu'il était malade. Les recommandations de mon père n'y firent rien. Il refusa catégoriquement d'aller voir un spécialiste pour se faire soigner. Et après six ans de mariage sans maternité, j'ai catégoriquement refusé de le quitter, malgré l'avis de mes parents. Je souffre toujours au lit pour lui faire plaisir. Et j'ai beaucoup de mal à m'habituer à ses pratiques sexuelles sadistes. Mais c'est son bonheur qui compte avant tout. Comme ma mère m'a enseigné... Pour le meilleur et pour le pire » Ayoba FAYE Journaliste d'investigation-Rédacteur en Chef PressAfrik Biramawa Magazine-Page 31
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ENTRETIEN EXCLUSIF "Maîtresse d'un Homme Marié" Kalista SY Showrunner de la Série DFStudio " J’aime me décrire comme un pur produit de mon pays. " A la Une du numéro 13 de votre magazine, Kalista SY, Showrunner de la série «Maîtresse d’un Homme Marié». Produite par Marodi, société de production audiovisuelle, et « construite autour des intrigues amoureuses et familiales de cinq familles », la série a connu un franc succès au Sénégal et au niveau international. Dans cet entretien accordé au magazine, Kalista SY nous expose la genèse de la Série et dresse son bilan après 2 saisons. Elle est également revenue sur son parcours personnel et en a profité pour adresser d’importants messages aux jeunes en quête de vocation. Qui est Kalista SY ? Je suis une Sénégalaise, qui a fait tout son parcours au Sénégal. J’aime me décrire comme un pur produit de mon pays. Je suis passée par des cases non classiques, très brillante à l’école, puis tout en bas du tableau d’honneur, ensuite ma scolarité a été sauvée par ma mère qui tenait à ce que je réussisse dans les études. J’ai dû écourter mes études en deuxième année de formation pour prendre l’argent de la scolarité que payait mon Oncle afin de subvenir aux besoins de ma mère ! De là, j’ai su que si je voulais vraiment réussir vais dans me donner la vie, je deles moyens pour. Vous êtes Showrunner de la série à succès « Maitresse d’un Homme Marié ». Nos félicitations ! Biramawa Magazine-Page 33
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La Productrice c’est Marodi, la boite qui a mis les moyens pour réaliser mon œuvre. J’ai été Showrunner du Projet. Mon rôle est mixte, je suis scénariste, ensuite garant de la valeur artistique de la série. Enfin, j’ai la main mise sur tout le processus de production : de l'écriture, au plateau de tournage, jusqu'au montage final. J’insuffle mon identité à la série. « J’ai dû écourter mes études en deuxième année de formation pour prendre l’argent de la scolarité que payait mon Oncle afin de subvenir aux besoins de ma mère ! » Était-ce facile de créer la série ? Il n’y a rien de facile ou de miraculeux dans un processus de création. C’est énormément de travail, très méticuleux, pour donner au public de quoi vivre et ressentir des émotions il faut vraiment savoir maîtriser et pouvoir anticiper. Rien que le travail d’écriture prend en moyenne six mois pour la recherche, le fait de poser les personnages, les arches narratives, heureusement que je travaille avec une équipe formidable et que c’est un plaisir que de disséquer sans répit chaque séquence. Après 2 saisons, quel bilan tirez-vous de cette aventure ? D’où vous est venue l’idée de créer la série ? À la base c’était juste une chronique, donc rien de miraculeux, seulement, ça marchait. L’idée d’en faire plus est venue. Voilà comment la série est née, grâce à Mass N’dour, le Directeur de Marodi qui en cinq minutes a voulu le projet. Page 34-Biramawa Magazine J’ai beaucoup appris sur moi, faire un produit qui est jugé est très difficile, il faut savoir faire face, mais aussi avoir du recul. J’ai appris la ténacité, je sais que l’échec fait partie de la réussite et que je vais gagner, perdre, gagner encore car j’ai choisi un travail qui teste notre endurance. Savoir faire face et surtout prendre en compte les critiques constructives, c’est fascinant de se dire, chaque personne qui donne son point de vue (Bonne ou mauvaise) quelque part te pousse à travailler encore plus pour donner le meilleur. Je lis toutes les critiques, ceux qui font sourire comme ceux qui nous transperce. Et j’en sors heureuse, car je sais que j’ai fait le bon choix. Le magazine a notamment pour objectif de faire une « visite guidée » des métiers. Comment décririez-vous le métier de SHOWRUNNER ? Le métier de SHOWRUNNER c’est une course perpétuelle contre la montre. Il faut répondre aux exigences de la Maison de Production. Répondre aussi à un cahier des charges long comme un bras. Être derrière les équipes techniques, les acteurs, tout le monde quoi. Qu’est-ce qui vous a poussé vers ce métier ? « … nous sommes dans l’écriture de la Saison 3. » D’autres saisons sont-elles en vue ? D’autres projets ? Oui, nous sommes dans l’écriture de la Saison 3. J’espère qu’on aura la possibilité encore de nous raconter. Moi, je raconte nos histoires de femmes ! Je me suis entendue dire N mille fois que je ne réussirai pas ma vie et que je n’y arriverai jamais. Mes parents me l’ont dit, d’autres personnes aussi. Si je m’étais arrêtée à ça effectivement, je ne peux décrire la vie que j’aurai. En moi, je me suis toujours dit que « Meune nako » que j’étais capable de réussir ce que je veux. Et là, l’avenir m’a quelque part donné raison. J’aurai aimé avoir une moi, pour s’occuper de moi ! Quelles sont, d’après-vous, les qualités intrinsèques et les prérequis pour exercer le métier de showrunner? Biramawa Magazine-Page 35
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La rigueur sous toutes ses formes, savoir aussi séparer l’émotionnel, du Professionnel. En équipe, je ne cherche pas à plaire, je cherche à faire sortir le meilleur des gens. Dans le travail, je ne suis l’amie ou la connaissance de personnes, on est là pour des objectifs et on doit tout faire pour les atteindre ensemble. À la fin d’un processus on arrive à devenir une famille c’est le plus important On gagne et on perd en équipe c’est ma vision des choses, si quelque part quelqu’un n’a pas l’esprit d’équipe, bah, il quitte le navire c’est simple. « Il faut aussi inclure les jeunes, je crois qu’ils ont aussi le droit de se raconter avec leurs propres mots. » de scie j’adore apprendre, le financement aussi. L’accès des femmes aux entités de Production. Il faut aussi inclure les jeunes, je crois qu’ils ont aussi le droit de se raconter avec leurs propres mots. Pour changer de registre, audelà de vos activités professionnelles, quelles sont les causes qui vous tiennent à cœur ? Les femmes, les enfants, les jeunes. J’ai grandi dans la banlieue à Diacksao 2. Je sais ce que ça fait d’être Outsider, j’ai côtoyé la misère au quotidien. Cela me renforce dans mon désir, d’aller au-delà de mes limites. Quelles sont vos hobbies ? Comment trouvez-vous l’industrie audiovisuelle sénégalaise ? Quelles sont les difficultés auxquelles les acteurs du secteur font face ? La formation professionnelle, je pense qu’à cause de mon parcours en dent Page 36-Biramawa Magazine Nous avons le choix d’être qui on Lire, écrire, écouter de la musique, regarder la télé. Des choses pas forcément compliquées, je ne suis pas une grande sportive, sauf sur un plateau. Sinon, j’aime la vie tranquille et profiter de tout . En vous inspirant de votre parcours, quels sont vos messages à l’endroit des jeunes en quête de vocation ? ce que ça fait d’être Outsider, j’ai côtoyé la misère au quotidien. Cela me renforce dans mon désir, d’aller au-delà de mes limites. Quelles sont vos hobbies ? Lire, écrire, écouter de la musique, regarder la télé. Des choses pas forcément compliquées, je ne suis pas une grande sportive, sauf sur un plateau. Sinon, j’aime la vie tranquille et profiter de tout . En vous inspirant de votre parcours, quels sont vos messages à l’endroit des jeunes en quête de vocation ? Nous avons le choix d’être qui on veut, de faire ce qu’on veut, mon choix a été de m’imposer comme je suis. Je leur demande d’être eux de ne changer pour personne mais surtout de faire focus sur ce qui leur permet d’avancer. Aujourd’hui la technologie est une aubaine pour réussir mais peut aussi être un frein au culte du travail passer sa vie sur Whatssap, Snap, Insta ou Facebook ça n’aide pas forcément. Ma vision est simple si mon argent sert à alimenter mon téléphone d’unités ou de connexion pourquoi vaisje le gaspiller pour perdre mon temps ? Surtout faire montre de respect « Nous avons le choix d’être qui on veut, de faire ce qu’on veut, mon choix a été de m’imposer comme je suis. » Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin ? Peu s’attendait à me voir là. On m’avait prédit l’échec. Je n’ai pas atteint le sommet mais j’apprécie au quotidien la chance que j’ai de faire ce que j’aime, de faire des erreurs, d’apprendre, de tomber, d’échouer et de me relever. Aujourd’hui, je refuse d’édulcorer ma vie, elle a été difficile, c’est ce qui me définit. Il n’y a rien de plus important que de sentir, qu’on peut faire une différence et améliorer un peu le monde. Travaillez pour aller là où vous voulez être ! Biramawa Magazine-Page 37 pour tout un chacun. Ça peut sembler futile mais ça a tout son sens. N’attendez ne vous rien doit rien, de personne, si vous lez quelque chose allez le chercher on vou!
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SANTÉ Les Infections de l’appareil génital de la femme Page 40-Biramawa Magazine Les Infections de l’appareil génital de la femme : comment en parler à mon médecin, j’ai honte ? "Ça arrive souvent aux femmes alors ne soyez pas gênée." Rappel : Les infections vaginales constituent le 1er motif de consultation en gynécologie. La plupart des infections vaginales sont transmissibles (ce sont des infections sexuellement transmissibles – IST). Elles sont parfois graves ou chroniques et selon le germe responsable, peuvent diminuer la fertilité chez la femme. "Attention aux lavages intimes mal fait et intempestif" Elles sont principalement dues aux rapports sexuels, mais peuvent aussi être due à un excès d’hygiène déséquilibrant ainsi la flore vaginale protectrice. Signes : Même si certaines infections sont totalement silencieuses, les infections vaginales se manifestent par : • Des pertes blanches pathologiques : Les pertes blanches sont le produit de l’auto nettoyage du vagin ; et se reconnaissent par les caractéristiques suivantes : - elles sont blanches. - elles ne grattent pas. - elles n’ont pas d’odeur désagréable. - elles ne sont pas abondantes. et ne sont pas accompagnées de douleur du bas-ventre Ainsi, si un seul de ces caractéristiques change, il faut penser à une infection et partir se faire consulter. En effet, quand les pertes blanches d’une femme changent de couleur (verdâtre, jaunâtre, marron…), s’accompagnent de démangeaisons, changent d’odeur(désagréable), plus abondante que la normale tachant le sous-vêtement, s'accompagnent de douleur du bas-ventre… ; l’ensemble de ces critères orientent le médecin vers le microbe responsable de l’infection et facilite ainsi le traitement. Biramawa Magazine-Page 41
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• Des douleurs abdomino-pelviennes ou douleur du bas-ventre : ? Elles peuvent survenir : soit spontanément lors des rapports sexuels, ou en fin de miction s’il y’a une infection urinaire associée. • Diminution de la fertilité : En effet, 80% des infertilités chez la femme sont dues aux infections génitales surtout lorsque le microbe responsable c’est la chlamydia ou le mycoplasme. Le pire est que ce sont des infections qui sont généralement asymptomatiques et donc la femme ne ressent aucun signe. Et ces pertes doivent être rapidement traitées pour éviter les conséquences à long terme. Quelles sont les causes de ces infections vaginales ? Les infections vaginales sont dues à des micro-organismes comme les bactéries, les virus, les parasites (les champignons). Parmi ces causes, nous pouvons en compter 8, qui sont majoritairement responsables de l’ensemble des infections, dont : - les 4 sont guérissables : chlamydiose, gonococcie, syphilis et trichomonase. - Les 4 autres à savoir l’hépatite, l’herpès, l’infection à VIH et l’infection à VPH sont des infections virales incurables dont on peut toutefois atténuer ou moduler les effets par traitement Page 42-Biramawa Magazine .Quels sont les complications d’une infection vaginale ? Ces infections, si elles ne sont pas bien prises en charge, peuvent être à l’origine de plusieurs complications comme : - Une généralisation de exemple de la syphilis l’infection : - Une stérilité de la femme - Des grossesses anormales - Augmentation des risques de faussescouches - Contamination mère-enfant - Cancer du col de l’utérus - Ect …. "Alors chères dames pas de tabou, parlez-en à votre médecin. Car, comme vous avez vu, les conséquences peuvent être très lourdes." Avis d’expert : Les femmes peuvent être touchées par différentes infections vaginales, qui peuvent s'attraper lors de rapports sexuels non protégés, mais pas toujours. Dans tous les cas, il ne faut ni attendre une guérison spontanée, ni pratiquer l'auto-médication, mais consulter un médecin pour trouver le traitement adapté. Dr Benjamin NDOUR Médecin Généraliste
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À L'ÈRE DU NUMÉRIQUE Enseignement supérieur en Afrique : le numérique, une réponse au désengorgement des universités ? Page 44-Biramawa Magazine E ncore une fois, la crise sanitaire a bousculé nos pratiques de vie, de travail et d’études. Elle a fini de démontrer la prégnance des technologies dans notre quotidien. “L'UNESCO estime que plus d’1,5 milliard d'élèves et d’étudiants dans 165 pays ne sont plus scolarisés à cause du COVID-19. La pandémie a obligé la communauté universitaire dans le monde entier à explorer de nouvelles méthodes d'enseignement et d'apprentissage, notamment au travers de l'enseignement à distance et en ligne.” crise sanitaire est venue se greffer à d’autres problématiques existantes dans l’enseignement supérieur public qui sont d’ordre économique, financier, structurel, infrastructurel et démographique. Aujourd'hui, certains observateurs se posent la question de savoir si cette crise ne serait-elle pas finalement une vraie opportunité pour l’enseignement supérieur du continent africain de dépasser ces freins existentiels depuis des décennies ? Les affres des universités africaines, une tradition vieille d’après indépendance ? Depuis les indépendances, si l’on remonte l’histoire, on se rend malheureusement à l’évidence que beaucoup de maux qui frappent les universités africaines étaient déjà existantes au lendemain des indépendances. Malgré la fracture technologique, les pays en voie de développement notamment ceux situés dans le continent africain ont dû essayer tant bien que mal de mettre en place des dispositifs de formation en ligne pour les étudiants de l’enseignement supérieur public. Si l’on prend le cas de l’Afrique, la Hélas, les relations entre étudiants et gouvernement furent toujours conflictuelles et empreintes de revendications estudiantines sur l’amélioration des conditions de vie notamment. Au fil des années, les relations entre ces deux acteurs sont devenues graduellement dégradées. Au Sénégal par exemple, on se souvient de Mai 68, 11 ans après la création de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) en 1957 où beaucoup de grèves ont été déclenchées. Biramawa Magazine-Page 45
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Dans ce sens, le 26 mai 1968, l’Union des Etudiants Sénégalais (UDES) publie et diffuse un Mémorandum de 9 pages qui expose une panoplie de problèmes : fractionnement des bourses, remise en question de la politique en matière d’enseignement, insuffisance du budget consacré à l’éducation, … Par ailleurs, s’il y a un point commun indéniable que les universités africaines partagent toutes, c’est bien la question des effectifs par rapport aux infrastructures disponibles. 27.000 nouveaux bacheliers demandent à accéder aux universités burkinabè. A l’UCAD, les difficultés de sureffectif se sont révélées de façon beaucoup plus précoce puisque 9 ans après la création de l'université on notait déjà une augmentation de 300% pendant que les ressources connaissaient une hausse de seulement 150%. Une crise sanitaire qui annonce une transition vers un enseignement en ligne ? Si nous prenons le cas des universités burkinabè, à l’Université Ouaga I, on a atteint le seuil des 70.000 étudiants alors même que la capacité d'accueil de l’établissement est de 25.000 places assises. Sans mentionner le fait que chaque année, Page 46-Biramawa Magazine La crise représente une vraie aubaine pour les universités africaines de pouvoir notamment expérimenter une nouvelle formule d’enseignement à distance qui permettrait de contourner certaines réalités bloquantes. D’ailleurs, dans une note publiée pendant la crise, l’UNESCO défend effectivement la nécessité pour les pays africains de saisir cette opportunité qui peut représenter selon l’UNESCO un véritable pas en avant. “En Afrique, peut-être plus qu’ailleurs, à cause de cette fermeture des établissements scolaires, les avancées obtenues pour étendre et améliorer la qualité de l’éducation de base pourraient marquer le pas, ce d'autant que dans bon nombre de pays, notamment sahéliens, de très nombreuses écoles étaient déjà fermées depuis plusieurs mois en raison de l’insécurité, de grèves ou d’aléas climatiques.” Certes, enseignement à distance rime forque le gouvernement sénégalais envisage avec l’appui de l’UNESCO, l’OIF et de la Banque mondiale, de mettre à la disposition des jeunes des clés USB et des CDRom. Cette opération est estimée à près d’1 milliard de F CFA soit 1,5 million d’euros. D’autres initiatives privées ont également été lancées. Au pays de Thomas Sankara, des cours de mathématiques, cément avec la mise à disposition d’équipements nécessaires à l'apprentissage des jeunes à la maison notamment pour ceux habitant dans des zones non électrifiées et non équipées par le wifi ou la 3/4G. Cependant, l’enseignement à distance reste une pratique qui permet de généraliser l’éducation et de lutter parallèlement contre toutes formes de discrimination liées à l’accès à l’éducation. En effet, cela exige tout autant que chaque gouvernement prenne la mesure de la responsabilité qui l’incombe de faciliter cette transition de l’enseignement public vers un enseignement à distance accessible à toutes les couches de la population. Au Sénégal, des initiatives ont été lancées afin de mettre tous les jeunes sur le même piédestal concernant les enseignements dispensés en ligne. Le Directeur de la formation et de la communication au sein du ministère de l’Éducation nationale, Mohammed Moustapha Diagne annonce de physique, de chimie, de philo et de français ont été diffusés pour accompagner les classes de terminale et troisième dans leur préparation aux examens. Au Sénégal, la Télé Futurs Médias a également joué sa partition pendant cette crise en proposant le télé-enseignement en raison de 3 fois/jour à toutes les classes. Nous ne pouvons pas nier le fait qu’il existe réellement une fracture numérique qui représente encore un frein pour les pays africains. Mais l’expérience de la crise sanitaire a montré que le défi de l’enseignement à distance peut être relevé par les gouvernements africains afin de faire définitivement de cette modalité d’apprentissage et d’enseignement une solution pérenne à la majorité des problèmes que rencontrent les écoles et les universités africaines notamment ceux liés aux effectifs pléthoriques. Aïcha KASSE LAWSON Présidente & Fondatrice de Dunya-Ethic Biramawa Magazine-Page 47
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Développement personnel Comment économiser (suite) Page 48-Biramawa Magazine 1-Réduire certaines dépenses : Dans le numéro précédent nous avions parlé des dépenses fixes et variables. Il convient de noter que ces dépenses peuvent, dans beaucoup de cas, être réduites. Vous pouvez par exemple décider de jeter un regard sur vos factures d’électricité, de gaz et d’eau, de même que vos assurances. Vous pouvez aussi réduire d’autres types de dépenses telles que votre loyer (envisager un déménagement), votre alimentation -en pensant à cuisiner le plus à la maisonou encore votre transport, en réfléchissant sur d’autres moyens de déplacement. Le but de toute cette manœuvre sera de réduire au maximum ces dépenses au strict minimum même si elles demeurent utiles. petits ou de grands revenus. La société de consommation dans laquelle nous vivons nous pousse en permanence à acheter grâce à des stratégies de marketing et communication bien ficelées (publicités, affiches, promotions…). Tout cela dans le but de nous faire « craquer ». Cela marche plutôt bien puisque derrière tout le marketing des entreprises se cachent des études scientifiques de pointes, basées sur nos comportements. Par conséquent, il est difficile de résister. 2-Minimiser les achats impulsifs : Nous sommes nombreux à faire des achats sous le coup de l’impulsion, que l’on ait de Il faut savoir que l’un des points forts des épargnants c’est qu’ils savent plutôt reconnaître leurs besoins de base et font la différence entre ceux-ci et leurs envies. Pour y arriver, ils se posent la question de savoir si réellement ils ont besoin d’un produit avant de l’acheter. Cette simple interrogation peut vous permettre dans un premier temps de réduire les achats impulsifs. Alors… essayez. Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires étrangères Biramawa Magazine-Page 49
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Ousmane FALL Owner & Producer - Challenger Factory «Hier nous étions une équipe, Aujourd'hui nous sommes une famille !» Page 50-Biramawa Magazine DÉCOUVERTE Votre rubrique Découverte du numéro 13 de Biramawa est consacrée à Ousmane FALL. Ousmane évolue dans le secteur audiovisuel et cinématographique avec plus d’une centaine de productions à son actif et un peu partout en Afrique (Sénégal, Côte d’Ivoire, Mali, Cameroun, Ghana, Togo, Congo…). Fondateur de la société Challenger factory, une solution innovante de gestion de projets audiovisuels, il ambitionne d’en faire un « grand hub pour tous les jeunes passionnés de cinéma et d’audiovisuel… ». « Beaucoup trop de choses se sont passées dans ma vie durant ces 15 dernières années… » Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? J’ai longtemps voulu le faire mais je me disais tout le temps que ce n’était pas le moment. Aujourd’hui, je me sens prêt à partager mon histoire. Beaucoup trop de choses se sont passées dans ma vie durant ces 15 dernières années, ce qui fait que je n’ai pas vraiment trouvé une structure claire à l’histoire que je souhaite partager mais je vais essayer de le faire de la façon la plus simple et naturelle. Je vais parler de mon expérience professionnelle car elle a été un vrai levier à mon expérience de la vie de façon générale. Tout d’abord, je m’appelle Ousmane Fall, 37 ans, marié et père de deux adorables princesses. Je suis producteur de films, avec une dizaine d’années d’expérience dans la publicité, et depuis quelques années j’ai eu la chance en tant que Directeur de Production, de travailler dans le cinéma à travers deux beaux projets de long-métrage. • AMIN de Philippe Faucon projeté à la Quinzaine des Réalisateurs 2018) (Cannes • STAFF ONLY de Neus Ballus sélection au Festival de Berlin 2019 et au Festival de Malaga Ces projets cinématographiques m’ont permis de vivre des expériences humaines extraordinaires et inoubliables… L’année dernière j’ai aussi travaillé au Togo avec la productrice Angela Aquereburu (Yobo Studios) comme Directeur de Production sur un beau projet de série de 20 épisodes pour Canal+ qui est rentré dans le catalogue des belles productions qui se font depuis Biramawa Magazine-Page 51
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quelques années en Afrique de l’Ouest. Ma participation à ce projet couvrait aussi un autre volet qui m’est très cher et qui donne tout leur sens à mes projets à court et moyen terme, LA FORMATION. J’ai accompagné et formé des jeunes au métier de la production plus précisément à la Direction de Production et la Régie, j’ai aussi animé des Workshops en partenariat avec l’Institut Français et CFI, notamment avec des professionnels. Je vis aussi une autre passion, la restauration à travers une marque de Fast-food (Family Foods) que je développe depuis quelques années. Page 52-Biramawa Magazine «Mon expérience professionnelle a démarré en 2004 dans un centre d’appels…» Quelles sont les grandes lignes de votre parcours ? Après mon BAC, j’ai poursuivi mes études à l'UCAD à la faculté de lettres au département d’Anglais. Mon expérience professionnelle a démarré en 2004 dans un centre d’appels alors que j’étais en année de Licence. Puis j’ai connu un arrêt de 3 mois durant lesquels j’ai travaillé en tant qu'interprète pour un programme initié par l’armée américaine à Linguère. A mon retour j’ai intégré un autre centre d’appels où j’ai passé 1 an et demi. C’est là où j’ai fait la rencontre d’amis avec qui j’ai créé une association qui a travaillé sur la publication d’un journal (100% Jeune) qui est apparu 2 fois. Je pense que ces rencontres et ce projet ont allumé une flamme que j’ai eu l'opportunité d’attiser suite à la rencontre inattendue via une amie avec un jeune producteur audiovisuel qui cherchait un assistant en 2008. J’ai vite fait de quitter le centre d’appels pour attaquer ce nouveau challenge qui se présentait à moi et qui laissait présager beaucoup de belles choses. A partir de là ma vie a pris une autre tournure et depuis j’évolue dans ce milieu audiovisuel et cinématographique avec plus d’une centaine de productions à mon actif et un peu partout en Afrique (Sénégal, Côte d’Ivoire, Mali, Cameroun, Ghana, Togo, Congo…). « CHALLENGER est une solution innovante de gestion de projets audiovisuels… » Vous êtes fondateur de Challenger Factory ? De quoi s’agit-il ? CHALLENGER est une solution innovante de gestion de projets audiovisuels, notre mission est d’accompagner nos clients pas à pas dans la matérialisation de tous leurs supports audiovisuels, de la conception à la diffusion. Du film puBiramawa Magazine-Page 53
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tion, l’annonceur qu’à la société de production en quête de ressources humaines qualifiées et expérimentées. Nous développons aussi un studio de tournage et photos que nous utilisons très souvent pour nos projets mais que nous mettons aussi à disposition d’autres professionnels du métier. D’ailleurs plusieurs clips à succès ont été tournés làbas et je peux citer entre autres celui qui a fait le plus grand nombre de vues sur Youtube (Def Si Code de l’artiste Jahman X-Press) avec plus de 17 Millions de vues. blicitaire au long métrage, en passant par les vidéoclips et les films corporate, ils ont la possibilité de confier entièrement la production de leur projet à un groupe de jeunes dynamiques et passionnés avec une dizaine d’années d’expérience. Nous mettons aussi à disposition des professionnels de production, régisseurs, http://www.challengerfactory.com/thefactory/ « J’ai eu la chance de produire de beaux projets en pub depuis le démarrage officiel de mes activités… » chevronnés (Directeurs Chargés de production, Assistants de Production.) qui peuvent se greffer à n’importe quelle équipe, permettant de répondre sereinement à des projets d’une certaine envergure ou en grand nombre. Notre offre s’adresse par conséquent aussi bien à l’agence de communicaPage 54-Biramawa Magazine Pouvez-vous vous revenir sur les grands projets, grandes réalisations de challenger Factory ? J’ai lancé ma Structure de Production “CHALLENGER” depuis l’année dernière et j’ai eu la chance de produire de beaux projets en pub depuis le démarrage officiel de mes activités, je peux citer entre autres: - FILM SONATEL JIGEEN JANGAL - FILM FREE BUSINESS - FREE MONEY - FILM WAVE KO - Paiement Factures - FILM ORANGE BUSINESS SERVICES 2020 - FILM FREE RESEAU 2020 Entre autres … J’ai une équipe de jeunes passionnés comme moi, qui me suivent et m’aident à matérialiser tous ces projets et sans eux je sais que tout ceci n’aurait pas de sens. Je suis très heureux de la direction que prennent les choses dans ma vie professionnelle et cela me motive à aller encore plus loin et à marquer l’histoire du Cinéma et de la production audiovisuelle en Afrique. D'ailleurs, plusieurs projets sont actuellement en développement et verront bientôt le jour inch'allah. Nous travaillons sur l’écriture d’une série, et aussi la réalisation d’une émission télé ... « Challenger Factory vise à devenir un grand hub pour tous les jeunes passionnés de cinéma et d’audiovisuel… » Et quelles sont les perspectives d’avenir de Challenger Factory ? Challenger Factory vise à devenir un grand hub pour tous les jeunes passionnés de cinéma et d’audiovisuel au Sénégal dans un premier temps et à terme en Afrique. Nous avons comme projet de monter une école de formation spécialisée en production car cela manque beaucoup et c’est la partie charnière dans l’organisation d’un projet cinématographique, mais aussi un vrai studio de tournage avec l’espace et l’équipement qu’il faut pour répondre à toutes les demandes de plus en plus nombreuses et pointues. Biramawa Magazine-Page 55

Magazine N°12 du 30 NOVEMBRE 2020


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Serigne Amar Mbacké SARR Chercheur en Droit privé Expert maritime en formation Ayoba FAYE Journaliste d’investigation Rédacteur en chef Pressafrik Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB Omar Mallé SAKHO Doctorant à l’Université Cheikh Anta Diop Laboratoire LARHISA. Thierno NGAMB Agronome Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience Guilaye TINE Designer-Digital Marketer-Telemarketer CEO IN'FINITY Djiby SADIO Photographie CEO Studio 13 Alioune FALL Juriste d’Affaires Inspecteur du travail et de la sécurité Sociale Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires Étrangères Docteur Benjamin NDOUR Médecin généraliste Khadime SENE Educateur Spécialisé au Ministère de la Justice Marianne SECK Docteur en droit de l’environnement et de la santé Ousseynou GUEYE Responsable communication chez Afric’innov et fondateur de Polaris asso Nafissatou NDAO Responsable des Ressources Humaines-FAMY SENEGAL Dr Jean Sibadioumeg DIATTA Spécialiste en communication Aïcha KASSE LAWSON Présidente & Fondatrice de l'association Dunya-Ethic contactez-nous: contact@biramawa.com Adresse postale : Île-de-France, France Éditeur : Waly NDIAYE Page 6-Biramawa Magazine L’ÉQUIPE BIRAMAWA EDITO La Musique, cette combinaison de sons et silences, aux vertus multiples ! Chers abonnés, abonnés Pour ce numéro du 12 du magazine, nous allons aborder en partie l’industrie musicale. Pourquoi ce choix de thème ? Parce qu’elle occupe une place non-négligeable dans l’économie des pays où la musique est bien structurée. Par exemple au Nigéria, selon le Point, en 2016, les revenus générés dans le pays par la musique s'élèvent à 39 millions de dollars d'après un rapport de PricewaterhouseCoopers (PwC). Un montant qui devrait bondir à 73 millions de dollars d'ici à 2021. En sus, elle contribue considérablement à la création d’emplois et à la réussite socio-professionnelle des différents acteurs. Autres vertus, je vois en la musique un facteur de socialisation. Je garde, d’ailleurs, de très bons souvenirs des « matinées » puis des soirées dansantes que nous avions coutume d’organiser pendant les vacances scolaires quand nous étions plus jeunes. Des moments uniques de communion et de partage qui n’auraient jamais eu lieu sans Musique. N’est-ce pas chers amis d’enfance ? Plus tard la Musique fut pour moi, elle l’est toujours d’ailleurs, un tranquillisant naturel. Elle, que je considère aussi comme un diffuseur de courage, de persévérance. Combien de fois, des artistes ont su nous booster à travers leur musique, leurs parcours souvent très atypiques ? Eu égard à ce qui précède, nous avons bien voulu donner la voix à des acteurs du secteur pour, à la fois, en savoir plus sur l’industrie musicale et sensibiliser les jeunes talents qui vouent un culte à la musique. Fondateur Biramawa Magazine Waly NDIAYE Biramawa Magazine-Page 7
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ÉDITION SPECIALE Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Le magazine Biramawa à travers sa rubrique " Edition spéciale "a souhaité donner la voix à la Pouponnière "Vivre Ensemble "de Mbour. Créée en 2002 la pouponnière est un "lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman ". Confrontée à des difficultés à cause de la crise sanitaire, la pouponnière fait appel à toutes les bonnes volontés. Vivre Ensemble – La Pouponnière de Mbour La Pouponnière de Mbour a vu le jour en Janvier 2002, Michèle BURON-MILLET en est la créatrice. C’est un lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman. Elle permet aux orphelins de mère ou aux enfants dont la maman ne peut pas s’occuper (pour des raisons gravissimes), de vivre protégés, leurs premières années de vie si fragile, avant de regagner leur famille au bout d’un à deux ans. Très rapidement, l’association se développe et il apparaît que tous les enfants ne peuvent rentrer chez eux (rejet de la famille ou mauvaises conditions d’accueil). En 2003, les Unités Familiales sont créées pour prendre le relais et s’occuper de ces enfants qui sortent de la Pouponnière, mais ne peuvent pas rentrer en famille. Avec le temps la Pouponnière a acquis une certaine notoriété au vu du sérieux des professionnels. Aujourd’hui la Pouponnière compte 136 salariés et 148 enfants. Vivre Ensemble c’est aussi et avant tout un séjour de rupture, crée en 2001 pour des jeunes français en difPage 8-Biramawa Magazine ficultés. Ils restent durant 9 mois et participent à des chantiers humanitaires (reconstruction, réhabilitation dans les villages ), ils sont aussi amenés à faire un stage dans la pouponnière. L’objectif étant de les remobiliser et de les valoriser à travers l’aide apporté à la population locale défavorisée. Le projet est double et complémentaire, en effet une grande partie du financement des frais de fonctionnement de la Pouponnière provient du séjour de rupture lui même. En raison de la situation sanitaire mondiale l’équipe de direction de Vivre Ensemble a dû prendre des mesures rapidement. Début mars l’association s’est vue fermer ses portes aux visiteurs, nombreux chaque jour et en provenance d’Europe. Il a fallu ensuite faire de même pour l’accueil des bénévoles, une quarantaine par mois à nous apporter leur soutien. Enfin depuis maintenant le mois de mars le confinement des enfants et du personnel c’est organisé. Notre souhait comme toujours est de préserver nos enfants, mais aussi le personnel qui s’en occupe. Nous avons réussi à composer une équipe de volontaires pour rester confinés. Aujourd’hui 250 personnes sont au centre, dont 148 enfants. L’ensemble du personnel est mutuellement très solidaire, ils sont comme une grande famille. Et ce malgré l’inquiétude pour leur famille respective à l’extérieur. Nous nous devons maintenir les salaires. Pour les salariés sur place mais aussi tout ceux, qui de chez eux, sont au chômage technique et pour qui nous souhaiterions maintenir le salaire initial. Nous devons aussi assurer l’approvisionnement de l’association en denrées alimentaires, produits d’entretien, d’hygiène, médicaments. Cette situation engendre une augmentation considérable nos dépenses quotidiennes, pour lesquelles nous avions déjà des difficultés de prise en charge tout au long de l’année. Du fait de l’absence de visiteurs et de bénévoles, nous constatons une baisse des dons au quotidien. Nous gardons aussi en tête que les jeunes accueillis en séjour de rupture peuvent à tout moment être rapatriés en France, en fonction de l’ évolution de la situation. L’avenir de la Pouponnière en deviendrait alors très incertain. Nous sommes en permanence à la recherche de soutien pour nous aider dans la prise en charge des frais de fonctionnement et le maintien des activités de l’association. Les sources de financements : (Budget total annuel 291 332 806 FCFA) • Vivre Ensemble Madesahel, séjour de rupture : 44 % du budget total de la Pouponnière. • L’état Sénégalais 10 000 000 CFA • L’association Louly l’Ecole au Sénégal , tous les frais liés à la scolarité des enfants : 5 262 087 FCFA (année scolaire 2018-2019) • La Banque Mondiale 4 520 000 CFA en 2019 • 270 parrains pour environ 51 085 900 CFA par an • Le reste des financements dépendent des dons de particuliers et entreprises. Nous contacter : • Accueil : + 221 33 957 31 36 • E-mai : contact@lapouponnieredembour.org • Responsable communication : Arnoult Mathilde • Tel : + 221 77 881 83 60 Nous aider : • Orange Money : + 221 77 500 19 32 • Faire un don en ligne :https://www.helloasso.com/ don/associations/vivre-ensemble-la-pouponniere • Notre site internet: http://www.lapouponnieredembour.org Voici quelques chiffres : Effectif de la Pouponnière : • La Pouponnière : 91 bébés de 0 à 2 ans. • Les Unités Familiales : 37 enfants de 2 à 6 ans. • La Grande Enfance : 20 enfants de plus de 6 ans. • Enfants accueillis en ce moment : 148 • Enfants accueillis et sauvés depuis janvier 2002 : 1 260 • Employés à la Pouponnière : 136 Biramawa Magazine-Page 9 • Notre page facebook: https://www.facebook.com/ pouponnieredembour • Devenir parrain • Faire un don par virement bancaire : IBAN : FR76 4255 9100 0008 0040 4472 464 BIC : CCOPFRPPXXX Intitulé du compte : Vivre Ensemble, la Pouponnière
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Ashs The Best Artiste musicien ENTRETIEN PORTRAIT ASHS THE BEST, de son vrai nom Arfang THIARE, est un jeune artiste musicien sénégalais. A 25 ans et avec déjà 2 ALBUMS, Il fait partie des artistes très suivis par les auditeurs. D’une polyvalence évidente, l’artiste soutient, dans cette interview, évoluer dans plusieurs genres musicaux notamment le jazz, le soul, le blues, le rap, l’acoustique... Interview dans laquelle il évoque également son choix pour la musique et adresse des messages à la jeunesse. Qui est Ashs The Best? Ashs The Best est un jeune artiste, auteur compositeur de 25 ans résident dans la banlieue Dakaroise (Guédiawaye pour être précis) au Sénégal. Il a commencé à s’intéresser à la musique en 2013 et a sorti son premier single en 2016. Il a dans sa discographie deux albums, « Millions Flows » et « Millions Flows Deluxe », sortis respectivement le 15 novembre 2019 et le 28 août 2020. "Je me définis comme un artiste, musicien ... car pouvant évoluer dans plusieurs genres musicaux notamment le jazz, le soul, le blues, le rap, l’acoustique etc." D’où vient le nom d’artiste Ashs The best ? A l’état civil c’est Arfang Thiaré, et j’ai le surnom El Hadj dont le diminutif est Ass, et Ass pourrait être un gros mot dans d’autres langues. J’ai donc eu à faire cet acronyme ASHS qui donne As comme le champion, le meilleur et HS comme Hors Série donc ASHS THE BEST donne As Hors Série The Best et en résumé le meilleur. Vous vous considérez comme rappeur ou musicien ? Je suis artiste, je fais de la musique et je compose également des morceaux de musique. Je me définis comme un artiste musicien comme certains disent car pouvant évoluer dans plusieurs genres musicaux notamment le jazz, le soul, le blues, le rap, l’acoustique etc. Pouvez-vous retracer votre parcours dans la musique ? Notre maison est en face du Centre Guédiawaye Hip Hop, mes frères avaient un groupe de rap et faisaient leurs répétitions chez nous, et je faisais office de beatmaker, des face B que je téléchargeais sur Internet. En 2014 j’ai participé à des séances d’écriture avec Djily Bagdad (du 5Kiem Underground), des formations en beatmaking avec Ciré Dia de Biramawa Magazine-Page 11
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Africulurban, des résidences artistiques avec Tony Blackman. J’ajoute à cela, les cyphers, les battles et la plus grande compétition de rap au Sénégal (ndlr: Flow Up) où j’ai été finaliste deux fois consécutives (2017 et 2018) qui m’ont forgé et donné le goût de la recherche pour être artistiquement au top. Je peux dire que ce sont les fruits de mes deux albums. Qui sont vos idoles et modèles ? Quel(s) artistes (s) passé(s) ou présent(s) vous inspire(ent) ? Ici ce sont les classiques sénégalaises qui m’inspirent le plus. Mes idoles sont Cheikh Ndigueul Lô, Souleymane FAYE. J’écoute beaucoup du Anderson Paak et du Kendrick Lamar également. Comment ont été vos débuts dans la musique ? Comme tout début, difficile. Ma mère ne voulait pas que je devienne artiste. Également, la raréfaction des maisons de production n’arrangeait pas les choses à tel point qu’on pouvait se décourager et renoncer à son talent. Mais l’entourage était toujours là à booster, encourager au point d’arriver là où nous sommes actuellement. Quels conseils donnerez-vous aux jeunes élèves et étudiants qui ont du talent et qui sont passionnés de musique ? D’abord qu’ils n’abandonnent pas les études pour la musique, on peut allier les deux en trouvant le juste milieu. C’est très risqué d’abandonner les études pour une passion qui, parfois, peut s’avérer saturée. Oui le marché musical est saturé et demande énormément d’efforts et de sacrifices. Une passion on peut l’allier aux études et c’est plus sûr. « Mes idoles sont Cheikh Ndigueul Lô, Souleymane Faye. » Pourquoi avoir porté votre choix sur la musique ? Je pense que c’est dû à mon entourage immédiat, mon père fut un grand bassiste, mon oncle, également guitariste, mon grand frère aussi est un excellent chanteur. Et j’ai toujours aimé la musique, j’ai failli m’inscrire à l’école nationale des beaux-arts pour devenir instrumentiste. Toute ma vie c’est la musique. Page 12-Biramawa Magazine « D’abord qu’ils n’abandonnent pas les études pour la musique, on peut allier les deux en trouvant le juste milieu. » Le magazine a pour objectif de faire une « visite guidée » des professions. Si ce n’est pas indiscret nous voudrions savoir si la musique « nourrit » son homme au Sénégal ? Oui, il y a des artistes qui s’en sortent bien que la généralité soit le contraire. Il faut juste trouver une bonne stratégie qui fera sortir l’artiste du lot car tout le monde est talentueux. Quelles sont vos préconisations pour une meilleure promotion des artistes au Sénégal ? La première des choses à faire en ce moment, c’est de mettre sur pied un marché dense qui peut absorber nos produits. Le Sénégal compte 15 millions de personnes et seulement 3 millions s’intéressent à la culture urbaine à mon avis bien que cette population soit majoritairement constituée de jeunes. Certes il y a des efforts constatés sur le plan artistique et au niveau des politiques publiques. Mais il reste du chemin à faire. Il faut vraiment une politique claire d’appui aux artistes et acteurs culturels. « La première des choses à faire en ce moment, c’est de mettre sur pied un marché dense qui peut absorber nos produits. » J’imagine que, pour les besoins de votre carrière, vous êtes amené à passer beaucoup de temps en studio. Comment gérez-vous cela par rapport à votre vie personnelle ? Bien évidemment. Je passe plus de temps au studio que nulle part d’ailleurs. Et c’est devenu une habitude depuis presque plus de 3 ans. On le gère tant bien que mal même si nous sommes au studio la nuit et au lit le matin. En parlant de sphère privée, d’après vous est ce qu’on peut réussir sa carrière musicale et avoir une vie personnelle épanouie ? On a l’habitude de dire que l’impossible n’existe pas. C’est très difficile de concilier les deux en même temps. Mais voilà, il faut mettre de son côté tous les atouts pour une carrière Biramawa Magazine-Page 13 musicale aboutie bien que cela s’avère difficile. Et pour moi, ma musique c’est ma vie.
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AVIS D’EXPERT Dr Saliou NDOUR Spécialiste des politiques et industries culturelles La musique : un fait social total en mutation au Sénégal dans un contexte de mondialisation En 2008, nous avons publié un ouvrage intitulé l’industrie musicale au Sénégal : essai d’analyse (Ndour S, 2008) dans lequel nous avions souligné avec enthousiasme le caractère dynamique de la musique qui, il faut le reconnaître, a connu son essor dans les années 90. Il s’en est suivi des conséquences importantes, engendrant des bouleversements économiques et socio – culturels dans le secteur de la musique. Page 16-Biramawa Magazine Plus de dix ans après, le secteur de la musique a fait sa mue. Flux ou reflux d’un secteur qui a suscité beaucoup d’espoir ? Le contexte de mondialisation accentué par le développement des technologies et de la communication (TIC) a eu un impact considérable sur le secteur de la culture. Quelle forme va revêtir cet impact de la mondialisation dans ces bouleversements sode l’information cio-culturels ? Les phénomènes questions observés dans le secteur de la musique sont-ils aujourd’hui les mêmes que ceux des années 90 ? Qu’est-ce qui a changé entretemps ? Autant de auxquelles, nous tenterons de répondre. Les changements opérés dans le secteur de la musique En 2008, lorsque paraissait, donc, notre ouvrage, le secteur de la musique a connu une évolution considérable. Ainsi des changements notables sont-ils intervenus dans le secteur, se traduisant, ainsi, par le phénomène de « décastification » qui étend la pratique musicale à tous les groupes sociaux, le changement de mentalité qui fait jouir le musicien d’un prestige certain et lui confère un statut privilégié au sein de la société, la massification des groupes musicaux qui constitue un palliatif au chômage des jeunes (beaucoup d’appelés, peu d’élus), des sonorités mondialisées, les tendances et modes venus d’ailleurs, des occidentaux qui s’emparent de sonorités africaines etc. 1. La musique : un fait social total Il convient d’appréhender la musique comme un système au sein duquel interagissent de nombreux agents jouant chacun un rôle social. Aussi pouvons-nous la définir dans le sens où l’entendait Marcel Mauss comme un fait social total : L’espèce des relations qu’il cherche, commente Georges Gurvitch, à découvrir n’est jamais celle qui existe entre deux ou plusieurs éléments arbitrairement isolés de l’ensemble de la culture mais entre toutes ses composantes : c’est ce qu’il appelle des « faits sociaux totaux. (Gurvitch, 1947). Toutefois Marcel Mauss a eu une approche restrictive qui ne concerne que les sociétés globales. Ce qui ne l’a pas empêché d’avoir produit une théorie qui ouvre des perspectives nouvelles. Car, il s’agit d’une méthode de vue d’ensemble et qui lui permet de considérer les faits comme « totaux » ou « généraux » lorsqu’ils touchent « la totalité de la société et ses institutions » (Mauss, 1968). Dans cette perspective Georges Gurvitch conviera la sociologie de la musique à étudier la musique comme une réalité générale avec de multiples aspects en considérant tous les paliers en profondeur et dont toutes les couches s’interpénètrent. Il s’agit, donc, selon lui, d’une « totalité réelle en marche ». Aussi les faits musicaux sont-ils à la fois producteurs et bénéficiaires des mutations sociales. Dans ce sens, Théodor Adorno, parlant de la sociologie de la musique, énonçait l’hypothèse selon laquelle : « des transformations profondes s’élaborent dans la société à partir des différents faits culturels voire musicaux » (Green, op.cit). Un point de vue que nous partageons en considérant que la musique épouse tous les contours de la société. Dans toutes les sphères de la vie sociale en Afrique, la musique y occupe, en effet, une place importante. La femme entonne des chansons pour bercer son enfant ; chante en pillant le mil, le kadangue, le rythme que fait le pilon au contact du mortier en est une illustration fort éloquente ; les hommes dans les travaux champêtres, alignés, chantent et dansent. Camara Laye dans « l’enfant noir », éditions Plon, paru en 1953 le décrit en ces termes : Le tam-tam, qui nous avait suivis à mesure que nous pénétrions plus avant dans le champ, rythmait les voix. Nous chantions en chœur, très haut souvent, avec de grands élans, et parfois très bas, si bas qu’on nous entendait à peine ; et notre fatigue s’envolait, la chaleur s’atténuait (Camara Laye, 1953 : 62). Dans le domaine de la politique, la musique est bel et bien présente dans toutes les activités politiques, prenant des allures parfois de propagande, de sensibilisation ou d’égaiement. Plus fondamentalement, elle peut revendiquer la voix des sans voix. Une musique politiquement engagée et citoyenne est le porte-étendard d’une conscience politique et citoyenne. Le mouvement hip hop à travers un mouvement comme Y’en a marre s’est posé comme alternative citoyenne allant dans le sens d’un approfondissement de la démocratie au Sénégal. Biramawa Magazine-Page 17
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Ce qui fait, donc, que la population se retrouve dans la plupart des textes de chanson lorsque celles-ci prennent en compte leurs réalités socio-culturelles. Hormis les rappeurs, les textes de Ndiaga Mbaye, Thione Seck le parolier, Souleymane Faye, Youssou Ndour, Omar Pène mais également chez les femmes Aby Ndour, Mada Bah, etc. sont très significatifs. Ils reflètent la symbolique sociale, instruisent, éduquent, rassurent, encouragent. Les tares de la modernité ainsi que les inepties de l’histoire sont dénoncés. Les musiciens sont des pourvoyeurs de messages. A travers leur musique, ils parlent à leur société. Certains ont vu les rappeurs jouer un rôle important dans les changements socio-politiques intervenus dans notre pays. Analysant cette dimension essentielle dans l’avènement de l’alternance politique du 19 mars 2000 Mamadou Abdoulaye Ndiaye et Alpha Amadou Sy ont formulé cette remarque : La lecture des textes musicaux de ce courant artistique révèle sa prégnance idéologique et politique et son engagement dans la lutte pour le renouveau démocratique. Partant, le courant rap est doublement significatif : il est, d’une part, un mouvement artistique et, d’autre part, il constitue un maillon important du mouvement de jeunesse. Cette doublure leur confère un statut privilégié sur l’échiquier politique où il constitue des forces du changement (Ndiaye & Sy, 2003. En fait, on peut les considérer comme des sentinelles de la démocratie. L’alternance, à laquelle ils ont grandement contribué, n’a pas atténué leurs critiques. Ils ont continué à être les porte-voix d’une jeunesse dont les espoirs ont été trahis. Donc, en appréhendant la musique comme un fait social total, on peut dire qu’elle est porteuse de changements au sein de la société en ce sens qu’elle contribue à la conscientisation, à l’intégration de nouvelles valeurs en symbiose avec les valeurs authentiques. VIP : very important personality C’est tout le sens du qualificatif de « courtiers culturels » que donne Richard Ssewakiryanga aux jeunes des villes africaines eu égard à leur propension pour la musique américaine. Aujourd’hui, une autre dimension s’ajoute à la musique pour qu’elle soit complète en tant que fait social total. Il s’agit de l’économie car la musique est créatrice de richesses et d’emplois. Elle apporte une forte valeur ajoutée à l’économie et contribue à conférer une autre image aux musiciens : de marginaux, ils sont devenus des VIPadulés et respectés et présents sur toutes les scènes mondiales. Ce qui a engendré une musique mondialisée, un mélange de rythmes africains avec des sonorités occidentales. 2. Une musique mondialisée Elle a une histoire. Elle est apparue dans les années 90 au plan international sous les allures d’une musique mondialisée appelée world music et qui a eu tendance à homogénéiser les rythmes et les sonorités. Sous ce rapport, cette musique mondialisée aurait pu apparaître comme l’expression d’une diversité culturelle dans le champ de la musique, mais elle devient suspecte dès lors que la logique économique l’emporte sur la finalité artistique. Au plan local, il convient de remarquer qu’au contact de la modernité, la musique tradiPage 18-Biramawa Magazine tionnelle est sur le point de changer de registre au risque de perdre totalement son substrat. Pour désigner cet avatar, certains n’ont pas hésité pas à parler de tradi-moderne et à mettre en garde contre la possible disparition de la musique traditionnelle si des actions vigoureuses ne sont pas entreprises allant dans le sens de sa revalorisation. En effet, le mbalax trône de toute sa stature sur la scène musicale du Sénégal. En véritable seigneur, ce genre musical a marqué et continue de marquer de son empreinte indélébile, la musique sénégalaise. Toutefois, il constitue l’écran de fumée qui empêche l’expression d’autres sonorités tout aussi riches que diverses. Mû par une logique commerciale, le mbalax prend les contours de l’« informalité » tant au niveau de sa création, de sa production que de sa distribution. Ce fait est désigné sous le vocable de sandaganéisation ou de son baol-baol de la musique tant la recherche effrénée du gain l’emporte sur la qualité artistique des œuvres. Avec l’aide de la technologie musicale (studios d’enregistrement, usines de duplication de cassettes, supports de diffusion : radios, télévision culturelle, Internet, etc.), des produits sont réalisés à la va-vite et commercialisés sur le marché en ne se souciant pas de la qualité. Pourtant, la musique sénégalaise, à travers ses têtes de file tels Youssou Ndour, Baba Maal, Ismaéla Lô, Thione Seck, s’est choisie pour l’international une musique mondialisée. Il s’agit de s’insérer dans les canaux de la world music. Ce sont des croisements musicaux qui ont toujours existé mais que la médiatisation et la technologisation de la musique ont accéléré et généralisé à l’échelle planétaire. Le « métissage musical » a été toujours perçu sous l’angle ethnocentriste faisant de la civilisation européenne la productrice de la musique la plus évoluée tandis que les musiques des autres peuples sont considérées comme des ébauches moins élaborées et plus primitives. Est-ce la raison pour laquelle la plupart de nos musiciens réa22 Denis Laborde, cité en note de bas de page par Jean Luc Bonniol, op.cit, p. 334. 33 La catégorie world music a été introduite dans les Grammy Awards en 1991. 44 Jean Luc Bonniol, op.cit., p.335. Biramawa Magazine-Page 19 lisent, pour être en phase avec le showbiz mondial, une musique à deux vitesses : un mbalax pur et dur pour le local et des sonorités métissées pour l’international ? Une telle question a été posée à Youssou Ndour l’artiste planétaire qui a reconnu sans ambages sa musique « bicéphale » A ce propos Denis Laborde explique : Les réalisations musicales qui pouvaient être polyrythmiques, riches de décalage et de syncope, doivent pour entrer dans le nouvel éden musical se plier à l’installation d’une pulsation binaire en continu. Aussi Youssou Ndour en arrive-t-il à produire deux types de réalisations musicales, selon qu’il vise le public occidental ou le public sénégalais.22 D’ailleurs Baba Maal, Ismaéla Lô ont été nominés dans la catégorie « world music »33 des Grammy Awards ainsi que Youssou Ndour qui finira par remporter le prix en 2005 avec son album Sant dans lequel il est accompagné d’un orchestre égyptien. La world music se veut, en fait, une modernisation des musiques traditionnelles en se servant de nouveaux instruments et en adoptant de nouvelles technologies. Elle vise un public planétaire. Mélange de différentes sonorités, la world music n’en revendique pas moins un fondement authentique « qui apparaît souvent vécue comme primordialité, connectée à l’intemporel, au primal, au chtonien, s’opposant là à l’éphémère, à l’artificiel et au corrompu, caractéristiques de la civilisation occidentale » (Jean- Luc Boniol, op.cit : 335)44 . Force est de constater que ce phénomène persiste toujours. Pour plaire à deux types de public (local et occidental), les artistes continuent de faire une musique différenciée. Entretemps, la musique numérisée a eu raison de cette situation. L’industrie du disque n’a plus sa force
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d’antan : les téléchargements ont relégué au rang d’antiquité les disques vinyl, CD, Cassettes audio, lecteurs etc. La génération « facebook » ou GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) a accès facilement à tous les sites musicaux collaboratifs qui, grâce à des outils informatiques adaptés au partage et à l’échange d’informations constituant des réseaux sociaux pour les musiciens et groupes de musique. 3. La mobilité sociale dans le secteur de la musique Il s’agit d’une forme de changement social qui se pose en termes de déplacement des individus dans la hiérarchie sociale et qu’on appelle la mobilité sociale. Il y a deux manières de l’aborder : sous l’angle individuel (le fait de ne pas exercer la même profession du début à la fin de sa vie) et sous l’angle générationnel (profession occupée par opposition à celle du père). Cependant, il faudra également y ajouter cette volonté qu’a l’individu de changer sa situation pour se hisser à un niveau supérieur de l’échelle sociale. Il existe, certes dans le paysage musical sénégalais de nombreuses familles de musiciens55 mais également, on remarque une certaine mobilité sociale, dans la mesure où la profession du fils (musicien) sera différente de celle de son père. Au cours de nos enquêtes, il nous a été révélé sur un échantillon de 100 personnes que seulement 02 % des enquêtés ont un père musicien contre 94 % dont le père n’en est pas un. En outre, cette volonté d’ascension sociale fait que beaucoup de jeunes pensent aujourd’hui trouver une situation de rente à travers la musique. Toutefois, le monde du showbiz reste très difficile à pénétrer. Il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. Toujours est-il que la quasi-totalité des musiciens sont d’origine très modeste. A travers la musique, ils ont trouvé une ascension fulgurante : Youssou Ndour est musicien et administrateur de sociétés. Il possède un groupe de presse au point que « certains pensent même qu’il fait partie du cercle restreint des milliardaires sénégalais depuis longtemps » (Thiam S., 1999 : 7)66 . Ils sont considérés comme ceux qui ont réussi l’heureux passage d’une classe sociale défavorisée à la classe des possédants. 4. La décastification de la musique Il existe une autre forme de mobilité sociale c’est le phénomène de la « décastification » qu’il faut saisir en relation avec la notion de caste. La profession de musicien a été, traditionnellement, réservée aux griots et ceux qui s’occupaient parmi eux de chansons, on les appelait des Sabb-Lekk (Diop A.B. ; 1981) . La « décastification » est le fait que la caste des Géer supposée supérieure, embrasse la carrière de musicien. Nous pouvons, donc, y voir une forme de mobilité sociale descendante. Il faut dire que traditionnellement, chez les wolof, les Géer (caste supérieure), qui voulaient embrasser la carrière de musicien subissaient la réprobation du groupe social. Il est même interdit au géer d’être en contact avec la peau du tambour. Aujourd’hui avec le développement de l’industrie musicale, la profession de musicien n’est plus la chasse-gardée des griots. De nombreux géer investissent le créneau ; nous pouvons en citer : Ismaela Lô, Baba Maal, Pape Fall, Moussa Traoré et Wasis Diop. Ce dernier témoigne : A l’insu de mes parents, j’allais squatter les griots qui accompagnaient les séances de m’bappat (lutte). N’étant 55 Parmi celle-ci, nous pouvons, sans être exhaustif, citer les Touré Kunda (Ismaёla, Cheikh,Tidiane, Ousmane, etc), les familles Faye (Vieux Mac, Tapha, Lamine, Habib, Adama, Mahanta), Ndour (Youssou, Aby) Seck (Thione, Ousmane, Mapenda, Mor Dior , Assane Ndiaye), L’autre Famille Seck (Laye Bamba le père, Fatou Mbaye, Coumba Gawlo Seck, Les Seck Sisters), Faye (Vieux Sang Sing Faye, Mbaye Dièye Faye, El Hadji Faye, Alieu Faye, Aziz Faye), Guissé (Djiby, Cheikh et Alioune), Kassé (Alioune, Omar, Djoudjou, Pape, Ndéye), Boye (Pape et Armand), la famille de Doudou Ndiaye Rose, La famille de Soundioulou Sissokho., Diagne (Lappa, Bassirou). 66 Cf Thiof Nouvelle série n° 3 du 15 mars au 01 avril 1999, p. 7. Page 20-Biramawa Magazine pas géwél [griot], je m’abstenais de chanter en public, chanter étant considéré comme efféminé, sauf pour les griots. Dans mon quartier de Gueule Tapée, je n’ai jamais raté un seul tamtam de Doudou Ndiaye Rose [… ] (Leymarie, 1999). Et souvent les difficultés ne manquent pas de se poser sur le chemin des géer qui veulent trouver leur voie dans la musique. D’autant qu’ils ont des origines aristocratiques. A ce propos, le cas du chanteur Salif Keїta, descendant d’une famille princière du Mali, est bien connu mais l’est moins celui d’Omar Ndiaye « Xosluman », fils de nobles descendants du Bourba Alboury Ndiaye Roi du Djolof. Lors d’un entretien7, il nous a relaté les écueils desquels il a dû triompher pour faire accepter à ses parents la pratique de la musique. Mais l’enseignement qu’on peut tirer de son histoire se situe ailleurs : l’attitude du griot attitré de la famille qui a accepté difficilement son statut de musicien. Il lui a dit qu’il « qu’il ne l’accepterait jamais ! Qu’il ne le comprendrait jamais ! » . Il ne peut plus le voir, comme s’il avait honte de lui. En effet, il accepte mal que son roi soit musicien, chacun doit garder sa place sur l’échiquier social. Il reste que ce phénomène de « décastification » est beaucoup plus marquant en ville qu’en zone rurale. Lors de nos enquêtes, nous avons dénombré sur un échantillon de 100 personnes : 52 % de géer, (caste supérieure) 22 % de gewél (griots), 4 % de teug (forgerons et bijoutiers) et un taux de pourcentage relativement élevé de non-réponse (22%) que nous interprétons comme la délicatesse relative à une telle question pour ceux qui refusent de s’assumer mais également la non-existence de ce phénomène de caste chez certaines ethnies du Sud comme les Diolas. Ce que corrobore cette étude88 de Yann N. Diarra (Op cit. : 251) faite à Dakar sur la musique sénégalaise et qui fait remarquer que : « Même si une part importante des mu7 L’entretien a eu lieu le jeudi 14 /09/2000 sur la plage de Ngor village siciens reste issue de cette caste, la plupart d’entre eux (69,5 %) ne le sont pas ». Il en fournit la lecture suivante : il s’agit là d’une évolution sociale et culturelle des métiers de la musique et que l’urbanisation et les nouvelles structures sociales qu’elle impose - passage d’une société de castes à une société de classes – ont redonné sa place et son rôle aux musiciens dans la société. Aussi séduisante que puisse être une telle analyse, nous ne partageons pas cette interprétation pour la simple raison que, selon nous, l’urbanisation et la nouvelle structuration sociale n’ont pas eu raison du système des castes. Même si la base matérielle qui sous-tend ce phénomène a disparu, il reste que l’idéologie qui le fonde est toujours vivace dans les esprits. En conséquence, nous considérons que l’évolution sociale et culturelle des métiers de la musique s’explique par la mise en place d’une industrie musicale au Sénégal et que beaucoup de musiciens pensent y trouver un créneau porteur. Toutefois, nous sommes d’accord avec son hypothèse qui consiste à dire que la pratique de la musique en milieu rural reste fortement liée à l’appartenance sociale pour deux raisons, selon nous, que voici : le conservatisme inhérent aux sociétés rurales et l’absence d’infrastructures musicales. Autres aspects révélés par l’étude de Yann N. Diarra : la pratique traditionnelle de la musique (percussions, formes de chants et de danses) est dévolue à la caste des griots alors que la plupart des géer font de la musique moderne. 5. Le Changement de mentalité Avec la mobilité sociale, la décastification, un changement de mentalité a été opéré en ce qui concerne la société. Une révolution dans le secteur de la musique qui engendre des mutations sociales. Du coup, le visage de la musique et l’image des musiciens se trouvent changés. Il fut, en effet, un temps où la musique était considérée comme une activité frivole et le musicien Biramawa Magazine-Page 21
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un marginal, un troubadour. L’on se rappelle enfant de cette blague qu’on se servait pour se moquer des musiciens : un jeune homme vient sérieusement s’ouvrir à son père pour lui dire : « Baay ! Baayi na caxaan damay riti » (Père ! J’ai cessé de m’amuser ; maintenant je joue du riti (le violon peulh). Ce qui nous faisait beaucoup rire car, nous considérions la pratique de la musique comme une activité peu sérieuse. Les préjugés, qui entouraient la musique, étaient partagés, à l’époque, par tous les secteurs de la vie sénégalaise. Ce que corrobore l’ex manager d’Omar Pène, Pape Bondé Diop qui nous racontait au cours d’une interview9 ce qui arriva à son poulain : parti à la police se faire confectionner une pièce d’identité, le policier qui s’en chargeait lui demanda sa profession : il répondit, fièrement : « musicien », le policier lui rétorqua : « Musicien ! » ; « Chômeur ! Oui ! ». Aujourd’hui, grâce à la technologie, le secd’arteur de la musique est un créneau porteur qui attire beaucoup de producteurs, tistes, de distributeurs et de vendeurs de cassettes qui espèrent y trouver leur voie. Aussi convient-il de remarquer que l’industrie musicale est en train de révolutionner les mentalités ; l’image du musicien a positivement évolué ; il est perçu comme quelqu’un de riche, pouvant satisfaire les besoins des gens. Au cours d’une enquête relative à la perception du musicien par les gens ; sur une population de 100 sujets enquêtés, 72 % déclarent être l’objet de sollicitation pour de l’aide contre 18 %. Ce qui indique qu’ils sont considérés comme des privilégiés capables de satisfaire les besoins des gens confrontés aux difficultés de la vie. Les sollicitations dont les musiciens font l’objet de la part des populations apparaissent dans cette confession de la chanteuse Ndèye Fatou Tine dite « Titi » qui révèle dans le journal Le […] En venant, vous avez vous-même rencontré des gens devant la maison. Il y a toujours du monde et il n’est pas dit qu’on peut recevoir tout le monde. Ils croient que je suis riche, que je suis capable de leur venir en aide. C’est vrai ça ne fait pas longtemps que je suis dans le métier et si j’avais des millions, c’est sûr que je leur viendrais en aide, surtout aux plus démunis […]. Je veux tout juste que les gens sachent que je ne suis pas si riche qu’ils le pensent.1010 Donc, la réalité est autre car 29 % seulement des enquêtés déclarent vivre correctement de leur art contre 39 % de réponse négative. Ce qui révèle, donc, que les musiciens bénéficient de préjugés favorables dans une société fortement marquée par la pauvreté. Nous pensons trouver les raisons de ce regard positif que les gens posent sur les musiciens. Elles découlent pour l’essentiel de l’aura dont bénéficient les « ténors » de la musique sénégalaise que sont : Youssou Ndour, Baba Maal, Ismaéla Lô, Coumba Gawlo Seck, Thione Seck, Oumar Pène, Viviane Ndour, etc. mais également de la forte médiatisation dont ils sont l’objet. Comme l’écrit Yann N. Diarra : Dans un environnement urbain où la pauvreté s’installe, la réussite sociale et économique, parfois fulgurante, de certains musiciens est devenue un modèle pour les enfants et les jeunes. La musique est également pour eux le média le plus accessible pour exprimer leurs visions, leurs attentes, leur espoir (Diarra, Y. N., op.cit :252) Quotidien : Les analyses de deux observateurs de la scène musicale sénégalaise corroborent cette mutation. D’abord celles de Rama Sy Diop qui rappelle : Jadis confiné dans l’arrière-boutique de la société, le musicien de nos jours 99 L’interview a eu lieu le 18 septembre 2000 au siège de Médiator. 1010 Interview parue dans Le Quotidien et reprise par l’hebdomadaire Révélation n° 198 du 07 avril au 14 avril 2006, p.8. 1212 Télé Mag n° 85 février 2000, p. 14. Page 22-Biramawa Magazine est devenu « un véritable quelqu’un » […] figurant parmi « les diverses personnalités reçues par le chef de l’Etat », le musicien est désormais une VIP (Very Important Person) surtout depuis que le Sénégal connaît une avalanche de distinctions musicales. Tout le mérite en revient aux illustres précurseurs qui ont fait de l’activité une véritable profession, du secteur une industrie participant à la résorption notable du chômage1111. Ensuite à Ass Dia de renchérir : En l’espace de quelques années, les artistes sont passés chez nous du statut de marginaux à celui de modèles sociaux. Grâce à la magie des supports de production et de diffusion, un musicien de quartier peut se voir en peu de temps propulser sur la scène internationale.1212 Ainsi, donc, les mutations sociales dans le secteur de la musique se sont faites à partir de ruptures opérées par des acteurs musicaux mais également par le fait d’une révolution technologique achevant de faire de notre monde un « village planétaire ». 6. Tendances et modes Les musiciens sont devenus des icônes ; des références pour une jeunesse en quête d’un mieux-être, tenaillée entre le mal-vivre, le chômage et la pauvreté ; une jeunesse qui emprunte les océans dans des embarcations de fortune et qui voit l’Europe comme l’Eldorado. Ce qui a comme conséquence : leurs comportements sont imités, leurs moindres gestes épiés et leurs paroles amplifiées. Dans le milieu du showbiz, ils font ce qu’on appelle le buzz. Iconoclastes, leurs tenues, comportements et déclarations pourraient choquer. Ainsi un jeune chanteur du nom de Wally Seck 1212 Télé Mag n° 85 février 2000, p. 14. a choqué par le port d’un tee-shirt aux couleurs arc-en-ciel à quelques heures de la gay parade en Europe. Les télévisions, les radios et autres réseaux en ont fait la une de leurs journaux. Il s’en est suivi des plaintes, contreplaintes, conférences de presse etc. Entre accusations et dénégations, cet événement a occupé l’espace public pendant des semaines. Déjà, il avait été l’objet d’un matraquage médiatique à travers un sac à main jugé très féminin. Un autre artiste, moins talentueux et moins célèbre, Ouzin Keita lui a emboité le pas, en portant les mêmes couleurs LBTS et en se présentant à son concert avec un grand boubou de femme. Ces jeunes artistes ont-ils vu à travers la provocation un moyen de communication, de faire la publicité, le buzz autour de leur personne ? Ou agissent-ils par méconnaissance ? Force est de constater qu’ils sont très branchés sur l’occident et que toutes les tendances venant de là-bas sont aussitôt reprises. Il s’agit là d’un mimétisme qui leur fait vivre au rythme des banlieues parisiennes, londoniennes ou new-yorkaises. Dans un contexte de mondialisation débridée, les moyens de communication font de notre monde un village planétaire pour reprendre la célèbre expression de Mac Luhan. Il est à remarquer que la société sénégalaise est foncièrement homophobe. Aucune tolérance n’est acceptée et toute relation contre-nature est condamnée et punie par la loi. La société sénégalaise est fortement croyante (plus de 95%) de la population sénégalaise. L’islam comme le christianisme rejette l’homosexualité. Aux yeux d’une large frange de la population, ce qu’elle considère comme une dérive de l’occident, ne saurait être accepté. Leur artiste adulé et aimé des fans se doivent de démentir toute accusation les assimilant à des homosexuels. Cette dénégation leur redonnera crédibilité aux yeux du public. Wally a été obligé de déchirer le sac incriminé publiquement. Sur certaines questions de société, les mentalités ne sont prêtes de changer. Le Sénégalais est ancré dans sa religion et ne tolère aucune remise en question des fondamentaux de la religion. Biramawa Magazine-Page 23
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Est-ce pour cette raison qu’on voit apparaître sur la scène musicale des chanteurs religieux qui sont sur le point de maîtriser les arcanes du showbiz. Longtemps confinés dans les tentes servant de lieu d’exhibition des artistes religieux, ils sont en paix d’occuper les scènes de spectacles au même titre que leurs homologues laïques. Les Ndiogou Afia, Omaro, Sadibou Samb, Babacar Samb, le duo tafsir Abdourahmane Gaye et Mamina Aidara investissent les plateaux de télévisions, les scènes de spectacles et jouissent d’un succès retentissant auprès du public. C’est d’ailleurs, souvent, le même public qu’on retrouve dans les soirées de Waly Seck, Youssou Ndour, Momo Dieng ou Viviane Chidid et autres. Un changement de mentalité est en train de s’opérer au niveau de la musique religieuse qui commence à comprendre que pour se faire adopter par le public essentiellement constitué de jeunes, une démarche plus proactive et moderne est nécessaire. Cette mutation dans la musique religieuse n’est-elle pas aussi guidée par des raisons d’ordre économique ? Un autre aspect, non moins important, qu’il convient de souligner est : le secteur de la musique a subi une fulgurante évolution dans les années 90. Dans un contexte mondialisation, à l’instar de la musique africaine dans sa globalité, elle était pleine de promesses, suscité beaucoup d’engouement. On pensait que son dynamisme allait avoir un impact considérable dans l’économie de la culture. Ce qui aurait pu avoir pour conséquence des bouleversements socio-culturels dans le secteur de la culture. Mais les fruits n’ont pas tenu leurs promesses. L’irruption des technologies de l’information a complétement bouleversé la donne. L’industrie du disque dans ce contexte mondialisée a connu un net recul. L’Afrique, le Sénégal n’a pas été en reste. Du fait de la faiblesse des moyens, elle n’a pu résister au piratage numérique. D’autres palliatifs ont été trouvé pour limiter les dégâts : le spectacle vivant a été le nouveau mode de production mais plongeant ses racines dans les traditions profondes de l’Afrique. Il prend la forme d’un diakarlo (littéralement face-face avec le public, avec d’autres musiPage 24-Biramawa Magazine ciens) ; de parrainage mettant en exergue les hauts faits et gestes de familles, de nouveaux riches qui ont besoin de reconnaissance. En retour, les artistes organisateurs seront rétribués sous forme de dons, de cadeaux. Il s’agit d’une forme de mécénat à l’Africaine. Ainsi la musique est-elle en panne ; les artistes pour continuer à vivre se livrent à d’autres activités plus lucratives. Peu arrive à s’en sortir ! Ne s’agit-il pas d’un retour à la tradition ; en Afrique comme partout ailleurs s’est développée la musique dans la cour des rois. Le premier rapport qu’elle avait et continue d’avoir avec le don, l’argent. Le mécénat est né dans la cour des rois ! Conclusion La musique est un phénomène social total, elle occupe une place importante au sein de la société malgré le mépris dont ses acteurs ont longtemps fait l’objet. Les mutations socio-culturelles ont pour soubassement l’économie. Le secteur marchand de la culture a, en effet, introduit des bouleversements qui ont pour objet : mobilité sociale, changement de mentalité, musique mondialisée, tendances et modes. De la parution de notre ouvrage en 2008 à nos jours, les mutations qui existaient déjà se sont accrues considérablement. L’irruption du numérique a accentué les changements, on ne peut plus exclure l’économie et la technologie de la musique. Pour qu’elle puisse continuer à être alerte et vigoureuse, il faut s’invente, qu’elle continue toujours à surprendre.
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LE COIN D’AUTRUI Bonzzzooouuurrr Warahmatullah chers lecteurs et lectrices de Biramawa. Je viens avec une nouvelle chronique tirée des « Drames d’Autrui ». Pour ce numéro, je plonge dans la vie d’une jeune étudiante, Lara. Son histoire n’est pas ordinaire. Je m'appelle Lara et j'ai 28 ans. Depuis cinq années maintenant, je vis une relation extraordinaire avec Papis, un jeune cadre dans une grande entreprise de la capitale sénégalaise. Beau garçon, intelligent, le physique assez imposant, je n’ai pas eu beaucoup de mal à m'enticher de cet homme au charisme et au charme irrésistible. Nous nous sommes rencontrés Papis et moi un soir après les examens du premier semestre de ma Première année à l'Université de Dakar. Mes copines et moi voulions décompresser après d'intenses semaines de cours et de révisions et nous sommes allés dans l'un des endroits les plus fréquentés de Dakar, le Just For U, qui se situe en face du campus universitaire. Nous sortions d'une semaine très chargée et les sonorités acoustiques de ce charmant lieu nous aidaient un peu à oublier, le temps d'une virée nocturne, la probabilité de réussir ou non, notre entrée en matière, dans le grand bain des études supérieures. Ce soir-là, il y avait également un groupe d'amis venus fêter la promotion d'un des leurs à un poste de responsabilité dans une grande entreprise de la place. C'est en allant chercher des rafraîchissements que l'une de mes copines a été interceptée par un membre dudit groupe. Les deux ont discuté pendant une bonne minute. Et au retour, Adja m'a passé un petit mot inscrit sur un petit bout de papier : "Je n'arrêterai jamais de te regarder..." Quand j'ai soulevé la tête, j'ai senti la force de ce regard qui traversait trois tables pour se poser sur mon visage. Un sourire atténuait le poids de ces deux yeux posés sur mon front. Et je ne pouvais que rendre ce sourire. C'est seulement après que le jeune homme s'est levé de sa table pour se diriger vers nous. - Bonsoir chères demoiselles, je vous passe le salut de mes copains qui sont sagement installés là-bas... Mais l'objet de mon déplacement est plus délicat qu'un simple bonsoir. Je voudrais vous voler cette fleur... Et il me tendit son bras droit en signe d'invitation... Il était habillé d'une élégance, pantalon jean noir serré, chemise d'une blancheur éclatante sous un costume prêt du corps en noir assorti de souliers noirs qui brillaient. Après cinq à dix secondes d'hésitation, mes copines me poussèrent presque à accepter son invitation par leurs regards teintés d'influence. Je me suis alors levée pour suivre Papis dans un coin assez discret du resto. Très courtois, il n'a pas tout de suite décliné ses ambitions. Il s'est juste contenté de chercher à savoir qui j'étais et ce que je faisais dans la vie. Et à chaque fois que je terminais une phrase, il ne manquait pas de relancer Biramawa Magazine-Page 27
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la conversation avec une blague. Je lui disais ainsi que j'étais en Première année de Droit et que j'habitais à Sacré-Coeur 3. Que j'étais venue avec mes copines pour se changer les idées après les examens... Il souriait pour un oui ou pour un non, mais affichait une mine très sérieuse, quand je parlais de mes études. Et quand je lui ai demandé de me parler de lui, il a répondu ça : - Bon, voilà ce qu'on va faire, ma chère Lara. On va programmer un autre rendez-vous toi et moi. Parce que vois-tu, j'ai tellement de choses à te dire sur moi qu'il te faudrait un endroit plus calme pour capter tout ce que j'ai à te dire. Alors, si t'es disponible samedi, je t'invite à dîner. Ainsi, on pourra largement discuter de ma personne... Je lui ai alors donné mon accord pour sortir avec lui le samedi... Je suis rentrée chez mes parents le vendredi après-midi pour mieux préparer mon rendez-vous avec Papis. Je suis même allée faire les boutiques pour m'acheter une jolie robe de soirée. Il faut dire qu'il m'avait laissé une très bonne impression au "Just For U". C'est vers 20 h qu'il a appelé pour me dire qu'il était en route. J'étais déjà sortie de la douche. Il me restait juste à faire quelques retouches sur mon visage pour parfaire son éclat. J'avais déjà prévenu mes parents de mon invitation à dîner. Et le simple fait que Papis ait accepté de passer me prendre chez moi pour faire, par la même occasion, connaissance avec les membres de ma famille était un signe de bonne foi de sa part. C'est mon petit frère qui est allé ouvrir quand on a sonné à la porte. Il a ensuite entraîné Papis dans le salon où mes parents et ma petite sœur étaient installés. Il s'est poliment présenté et mon père l'a invité à prendre place en attendant que je n'arrive. Et quand je suis descendue, j'ai été surprise Page 28-Biramawa Magazine de voir que ça discutait bien en-bas entre Papis et mes parents. Il s'est levé pour me faire la bise sur les deux joues avant que nous ne prenions congé de papa et maman. Il m'a ouvert la porte de sa luxueuse berline et la soirée pouvait démarrer. Papis prît la Voie de dégagement nord (Vdn) et se dirigea vers le centre-ville. Il m'emmena dans un endroit calme et prestigieux appelé Sokhamone (Si tu savais... en langue wolof). La terrasse de ce fabuleux hôtel offrait une vue paradisiaque. Le reflet des lampadaires et de la lumière des panneaux publicitaires sur l'océan atlantique donnait l'impression d'être quelque part dans les alentours de la Seine à Paris. Et que dire de la douce musique distillée par un Disc jockey invisible. Ah oui, il avait choisi l'endroit idéal pour m'amadouer. - Lara, j'ai choisi de t'emmener ici parce que c'est plus calme et plus adapté à ce que je vais te dire. Il y a de cela une semaine, j'ai été promu Directeur des ressources humaines dans la société où je ne travaille que depuis un an et demi. Et le Conseil d'administration me recommande de me marier dans un délai très bref de trois mois. Du coup, c'est très compliqué pour moi de trouver la fille idéale dans un temps aussi court. D'autant plus que depuis deux bonnes années, j'ai été incapable d'avoir une relation sérieuse à cause de mes ambitions professionnelles. Mais ce que tu dois savoir, c'est que mon intérêt pour toi n'a rien à voir avec la volonté de mes supérieures de me caser. L'autre soir, quand je t'ai vue au milieu de tes copines, quelque chose que je n'arrive pas encore à définir m'a frappé chez toi. J'ai beau cherché, mais je ne trouve toujours pas ce que c'est. Aucune autre fille avant toi n'a eu cet effet sur moi. Je ne sais pas si tu voudrais bien m'aider à découvrir cette chose-là qui m'attire vers toi. Mais j'aimerais pouvoir mieux te connaître... J'écoutais avec la plus grande attention l'argumentaire du beau gosse et je me demandais même parfois si c'est bien à moi qu'il s'adressait. Pendant le dîner, Papis me posa encore des questions sur moi. Ma vie en dehors des études l'intéressait beaucoup. Et je compris très vite qu'il voulait en réalité savoir si j'étais libre de sortir avec lui ou pas. J'ai alors décidé de lever l'équivoque: - J'avais un petit ami. Mais il est parti faire ses études en France. Et les relations à distance, ça ne me tente pas. J'ai alors décidé de rompre avec lui. - Hum ! On dirait que j'ai une petite chance de te conquérir, chère demoiselle - Ça dépend de ce que tu cherches et de ce que je suis disposée à offrir... - Et qu'est-ce que tu es disposée à offrir ? - Dis-moi d'abord ce que tu cherches ? - Je crois te l'avoir déjà dit dans mon argumentaire... - Eh bien répète-le ? - Je te l'ai dit, je ne saurais encore le définir exactement. Mais quelque chose me dit en tout cas que tu serais une excellente épouse pour moi. - Je pense que c'est trop tôt pour moi de parler de mariage. Je n'ai que 20 ans, je suis en Première année et j'aimerais bien terminer mes études universitaires. - Donc, il est interdit de se marier à 20 ans ? - Pourquoi tu n'as prélevé que cette partie de ma réponse ? - Parce que l'autre partie est plus un but pour moi qu'un obstacle... - Je ne comprends pas ce que tu veux dire par là... - C'est pourtant simple. Je veux simplement te faire savoir que tes études universitaires me préoccupent au plus haut point. Et que je ferai de ta réussite mon affaire personnelle... - Ça a tout l'air d'un discours enchanteur ça. Mais c'est le suivi qui m'inquiète... - Là, tu soulèves un autre problème chérie : la confiance. - N'est-ce pas la clé de toute relation ? - Tu as raison. Et ce sera désormais inscrit dans la partie, priorité, de mon agenda professionnel. - Je ne veux pas être dans ton agenda professionnel moi... - Dans ce cas, je vais résumer les choses : tu seras désormais ma priorité absolue - Hum ! On verra bien - Est-ce que cela veut dire que tu es prête à devenir mon épouse ? - J'ai pas dit ça. Mais comme tu l'as souligné au début, apprenons à mieux nous connaître d'abord. Après, nous ne sommes pas forcément maîtres de l'avenir. - Bon, c'est d'accord ! Tu sais quoi ? - Non, dis-moi ? - Je ne pensais certainement pas que t'étais une tête vide, mais je ne m'attendais non plus pas que tu sois aussi pertinente dans ton raisonnement. - J'adore les compliments. Merci jeune homme de bonne famille... Et nous nous mîmes à rigoler... La suite, c’est dans quinze jours et je vous avertis, c’est terriblement renversant. Les âmes un peu trop sensibles, vous êtes priés de bien prendre les précautions nécessaires avant d’entamer la fin de cette histoire. Ayoba FAYE Journaliste d'investigation-Rédacteur en Chef PressAfrik Biramawa Magazine-Page 29
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ENTRETIEN EXCLUSIF Moussa WAGUE Fondateur KEYZIT Moussa WAGUE, de nationalités Malienne et Française, est le fondateur de la maison de disques KEYZIT. Créée il y a de cela 20 ans et aujourd’hui présente dans une trentaine de pays dans le monde, KEYZIT ambitionne de devenir la Maison de disques numéro Un en Afrique. Dans cette interview accordée au Magazine Biramawa, Moussa WAGUE est revenu sur la genèse de KEYZIT. Il y expose également les acquis et les objectifs de la maison de disques, son point de vue pour une meilleure promotion de l’industrie musicale africaine en plus d’adresser des conseils avisés aux jeunes artistes. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Bonjour, Je suis Moussa Wagué, 42 ans, né à Bamako au Mali. De nationalités Malienne et Française. Entrepreneur, surtout connu comme étant le fondateur de la maison de disques KEYZIT. « J’ai souhaité créer cette société car je rencontrais de nombreuses difficultés lorsque j’étais moi-même artiste. » Créé en 2000, KEYZIT fête ses 20 ans. Félicitations ! Merci. J’espère qu’il y aura encore beaucoup d’anniversaires à fêter ! D’où vous est venue l’idée de créer KEYZIT ? J’ai souhaité créer cette société car je rencontrais de nombreuses difficultés lorsque j’étais moi-même artiste. Je faisais partie d’un groupe, nous n’étions pas trop connus à nos débuts et il était difficile voire impossible de trouver un partenaire que ce soit pour distribuer nos albums, pour faire des concerts, toucher les médias ou tout simplement éditer nos œuvres. Nous avons donc dû tout faire en totale indépendance pendant de longues années. Biramawa Magazine-Page 31
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Ce n’est que lorsque nos principaux artistes ont eu du succès que les grosses compagnies ont commencé à s’intéresser à eux. Nous nous sommes rendu compte que de nombreux groupes ou artistes étaient dans la même situation que nous. Nous avons donc créé une structure qui propose tous les services dont un artiste peut avoir besoin aux différentes étapes de sa carrière, de la production à la distribution en passant par l’édition ou l’organisation de concerts. Une structure qui puisse faire le lien entre l’indépendance et la major. Je ne souhaitais pas que la nouvelle génération rencontre les mêmes problèmes que moi. Je pense que notre structure arrivait à point nommé dans l’industrie musicale. Était-ce facile de créer KEYZIT ? La création de la société en elle-même n’était pas difficile. Le plus dur c’est de la créer correctement et de la faire vivre sur le long terme. Je dirais que nous l’avons créé un peu dans la précipitation, ce qui explique pourquoi nous avons connu un premier échec en 2008. Nous avons toujours fonctionné sur fond propres et sans soutien bancaire ou investisseurs. Si nous avons pu tenir c’est par le soutien de la famille et de quelques amis qui ont mis la main à la poche pour nous aider dans les moments difficiles. « Nous avons pour but de devenir la maison de disques numéro un en Afrique ça peut paraître fou mais c’est à notre portée. » Après 20 ans d’existence, quel bilan tirez-vous de cette aventure ? Le bilan ne peut qu’être positif. J’ai commencé il y a 20 ans dans ma chambre, Page 32-Biramawa Magazine aujourd’hui nous sommes dans une trentaine de pays dans le monde. Nous avons créé beaucoup d’emplois sur le continent. Quand je regarde le chemin parcouru, malgré quelques échecs, je suis fier. Cependant il reste beaucoup de choses à faire avant que l’objectif final soit atteint. Nous avons pour but de devenir la maison de disques numéro un en Afrique ça peut paraître fou mais c’est à notre portée. Il est évident qu’on aurait pu mieux faire les choses dans certains cas mais pas de regrets, il faut savoir être reconnaissants et rester optimiste. On essaie de s’améliorer chaque jour. les projets, faire la création graphique, le stylisme, la promotion, les clips, etc.... Les différences culturelles apportent une riche diversité et offrent des possibilités presque illimitées en termes de création musicale. Je dirai que la réelle différence se pose au niveau de l’état de l’industrie musicale de chaque pays. Certains pays sont plus avancés que d’autres notamment en ce qui concerne les sociétés de gestion collectives, les médias…cela permet de travailler plus facilement alors que sur les autres pays il faut souvent mettre en place cette industrie du début à la fin de la chaine avant de pouvoir travailler correctement. Quelles libertés avez-vous vis à vis des artistes ? Avez-vous un droit de regard sur leur image, leur musique… ? Aujourd’hui KEYZIT travaille avec des artistes de différents pays du monde. Les différences culturelles dans la manière de travailler vous ont-t-elles déjà posé problème ou cela vous a-til apporté des facilités ? D’une manière générale la musique est un business qui fonctionne selon des règles définies à un niveau mondial donc la manière de travailler est la même presque partout. Je veux dire par là que peu importe le pays où l’on se trouve, il faut trouver l’artiste, enregistrer les titres, les mixer, masteriser L’artiste a une liberté totale avec nous. Lorsque nous signons un artiste nous le choisissons car avant toute chose il nous plait sur le plan musical. Nous ne sommes pas là pour lui faire changer de style ou lui imposer une direction artistique. Nous lui apportons avant tout un cadre de travail professionnel qui permet à son talent de mieux s’exprimer. Nous pouvons le conseiller et donner notre avis mais au final c’est lui qui a le dernier mot. Nous intervenons davantage sur un plan stratégique afin d’obtenir les meilleurs résultats. C’est un échange, une collaboration. « Tous les artistes que j’ai produis m’ont marqué (…) Je peux évidemment citer des artistes comme Sidiki Diabaté au Mali avec sa maitrise de la Kora et l’univers qu’il a su créer, Floby au Burkina Faso qui m’épate à chaque à fois ou encore Monsieur Nov en France qui est pour moi le meilleur dans son domaine. » Biramawa Magazine-Page 33
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Vous avez eu à accompagner et continuer d’accompagner des artistes de renom. Quels sont les artistes qui vous ont le plus marqués ? Et pourquoi ? Tous les artistes que j’ai produis m’ont marqué. Comme je le disais précédemment lorsque je choisis de travailler avec un artiste c’est avant tout car sa musique me plait. C’est généralement un coup de cœur. Ensuite j’essaie de voir ce que je peux apporter en termes de stratégie. Je peux évidemment citer des artistes comme Sidiki Diabaté au Mali avec sa maitrise de la Kora et l’univers qu’il a su créer, Floby au Burkina Faso qui m’épate à chaque à fois ou encore Monsieur Nov en France qui est pour moi le meilleur dans son domaine. En Afrique beaucoup de jeunes ont porté leur choix sur la musique. Qu’est-ce que cela vous inspire ? Je suis mitigé sur le sujet. Je suis content que les jeunes se lancent à la condition sine qua none qu’ils se lancent correctement. Autrement on assistera à une sorte de colonisation 2.0 sur la musique Page 34-Biramawa Magazine en Afrique. Pour éviter cela il faut impérativement que le secteur se professionnalise rapidement car les artistes africains rencontrent quasiment les mêmes problèmes que nous, avec mon groupe, il y a 20 ans. En France, la plupart des labels qui ont refusés de se professionnaliser on presque tous disparus. Eux et leurs artistes ont fini dans des situations parfois dramatiques sur le plan financier, moral ou familial. Cela a parfois provoqué des suicides…C’est pour cela que KEYZIT a, selon moi, un rôle important à jouer. C’est du business mais pas seulement, nous avons aussi une responsabilité importante envers cette nouvelle génération d’artistes. « Il faut bien s’entourer, ne pas hésiter à faire appel à des professionnels qualifiés (managers, avocats, comptable…) pour éviter certains pièges. » Quel message/conseil souhaitez-vous adresser à ces jeunes talents ? Je leur dirai de se structurer, il faut prendre cela très au sérieux car c’est un business même si c’est avant tout une passion. Il faut bien s’entourer, ne pas hésiter à faire appel à des professionnels qualifiés (managers, avocats, comptable…) pour éviter certains pièges. Au Cameroun par exemple, j’ai récemment identifié et signalé une arnaque d’envergure sur les droits d’auteurs qui touche la quasi-totalité des artistes du pays. Les artistes ont tellement de problèmes au quotidien qu’ils négligent tout cela et certaines personnes mal intentionnées en profitent. Quelles sont d’ailleurs les critères de sélection de KEYZIT ? Une originalité artistique dans un premier temps. Un artiste se doit d’être différent à défaut d’être unique. Ensuite il faut être motivé, déterminé et prêt à se retrousser les manches car la route vers le succès demande beaucoup de travail et de sacrifices. On parle de carrière et ça s’étend sur plusieurs années. Je ne peux pas m’entendre avec un artiste qui ne pense qu’à court terme. Les œuvres d’un artiste continuent d’exister après sa mort. C’est pourquoi il faut porter une attention particulière à l’aspect protection et gestion des droits afin que les héritiers continuent de toucher l’argent qui en découle. Un autre point important est celui de l’entourage de l’artiste. Si je sens que l’artiste est mal entouré et/ou mal conseillé cela peut fortement me freiner. KEYZIT est depuis plusieurs années présent en Afrique. Comment trouvez-vous l’environnement musical africain ? Nous sommes présents en Afrique depuis 2011 mais notre premier bureau a ouvert officiellement seulement en 2014 au Mali. En 6 ans sur le continent je trouve que nous avons bien avancé. Je trouve le marché très dynamique malgré tous les problèmes évoqués. Dans quelques années l’Afrique sera une place très importante sur l’échiquier mondial. Il y a d’excellents artistes dans chaque pays. « Dans quelques années l’Afrique sera une place très importante sur l’échiquier mondial. Il y a d’excellents artistes dans chaque pays. » Quelles sont vos préconisations pour une meilleure promotion des artistes africains ? Biramawa Magazine-Page 35
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Il va falloir créer un réseau de communication panafricain, c’est un peu ce que nous sommes en train de mettre en place en ouvrant des bureaux dans plusieurs pays. Pour aller dans ce sens nous sommes en train de créer une agence de communication internationale qui s’appuiera sur nos différents bureaux dans le monde. Par ailleurs il faudra réfléchir à un statut spécial qui puisse faciliter le travail et aussi la circulation des artistes et professionnels de la musique sur le continent. C’est encore trop compliqué aujourd’hui pour un artiste Gabonais, par exemple de se produire au Mali ou inversement. Pour changer de registre au-delà de KEYZIT, quelles sont les causes qui vous tiennent à cœur ? Je suis sensible à tout ce qui touche les enfants de près ou de loin. En Afrique, il y a encore beaucoup trop d’enfants dans les rues, d’orphelins livrés à eux-mêmes. Nous sommes déjà très actifs sur ce sujet, notamment au Togo, au Bénin et au Mali mais pour aller plus loin, nous prévoyons de créer des orphelinats entièrement financés par KEYZIT. Il ne faut pas forcément attendre après les gouvernements ou les associations déjà existantes. J’estime que si le travail était déjà fait nous ne connaitrions pas cette situation. Je suis moi-même père de famille et à chaque fois que je vois un enfant dans la rue j’ai l’impression de voir un des miens et ça fait mal. On se doit d’agir. « Je conseille souvent aux gens de trouver ce qu’ils aiment dans la vie et d’en faire leur métier. » Quels sont vos hobbies ? Je ne sais pas vraiment quoi répondre à Page 36-Biramawa Magazine cette question. Mon hobby est devenu mon boulot donc je n’ai pas vraiment l’impression de travailler même si je suis conscient que je travaille énormément. Mon travail me permet de voyager, de lire, faire du sport, rencontrer des gens formidables, apprendre tous les jours. C’est pour cela que je conseille souvent aux gens de trouver ce qu’ils aiment dans la vie et d’en faire leur métier. Il y a des opportunités de business partout, il suffit de bien observer. Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin ? Merci pour cette interview, longue vie à Biramawa ! AVEC E.C.C.A, L’ASSURANCE DEVIENT ACCESSIBLE À TOUS DES SOLUTIONS OPTIMALES D’ASSURANCE POUR LES PARTICULIERS ET LES ENTREPRISES Découvrez toutes nos offres sur www.ecca-online.com ou contactez-nous par mail à l’adresse contact@ecca-online.com Biramawa Magazine-Page 37
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ENVIRONNEMENT Mariane SECK Docteur en Droit de l'Environnement et de la Santé Une maladie mystérieuse atteint les pécheurs sénégalais… Ce n’est ni la première fois et ce ne sera pas la dernière fois … réveillons nous !!!! L a zone économique exclusive, de 200 milles marins et son plateau continental, a une superficie de 23 800 km2 qui regorge de beaucoup de ressources halieutiques. Le Sénégal dispose d’une Zone Économique Exclusive qui s’étend sur 700 km de côte sur toute sa façade occidentale sujette à des tensions de toutes natures dues à plusieurs facteurs. La ZEE est d’une très grande richesse par la présence d’un upwelling côtier, de l’apport terrigène des cours d’eau et des conditions climatiques favorables (température et insolation) qui expliquent la très importante biodiversité. Ainsi, l’essentiel des activités de pêche s’effectue dans la zone dite côtière et marine du plateau continental. La pêche, dans cet écosystème, génère quelques 500 millions d´euros chaque année, ce qui en fait aujourd'hui une source unique de devises dans la région et une source essentielle de revenus pour le développement économique et social. De même que plus de 600.000 hommes et femmes dépendent directement de la pêche et des industries connexes. Une coïncidence troublante quand la migration clandestine connaissait, ces dernières semaines, une recrudescence inquiétante avec plus de 400 morts (soit plus que le bilan total du nombre de naufragés de l’année 2019 et des morts de la COVID19). Le nombre de départs depuis les côtes ouest-africaines a sensiblement augmenté d’après l’Organisation Internationale pour les Migrations. Pour le seul mois de septembre 2020, 14 bateaux transportant 663 personnes ont quitté le Sénégal pour rejoindre les Canaries, toutefois près d’un quart de ces embarcations ont connu des avaries ou des naufrages selon l’Organisation internationale pour les migrations. Une maladie troublante aux origines allergéniques !!! Bien qu’à l’état actuel, la thèse de la contamination virologique ou bactériologique est écartée après analyse des échantillons, la piste toxique engendrant une réaction allergogène est privilégiée. Sur les quatre échantillons d’eau de mer prélevés, il y’a la présence de l’acide phtalique (fabrication de produits organiques et de colorants), du soufre (colorants, engrais, caoutchouc, solvants, ou pâte à papier), de l’acide benzène dicarboxylique (interdit en Europe depuis le 4 juillet 2020, utilisé principalement comme agent plastifiant pour le PVC) et de l’acide hexadécanoïque (acide palmique entre dans la composition des margarines, des savons durs, du napalm. Il peut être utilisé comme plastifiant des liens huileux polymérisés dans la peinture). Or, dans le cas d’une contamination toxique, trois Biramawa Magazine-Page 39
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scénarios sont à prendre en considération. En premier lieu, elle peut être une contamination d’origine nationale due au déversement de produits toxico-chimiques par l’industrie locale ou les effluves des canaux de déversement domestiques. Ensuite, la contamination extérieure peut être due au déballage des bateaux en transit, ou une source criminelle d’autre part. Et en dernier lieu, la contamination peut être d’origine naturelle, à travers la réaction marine de la pollution qu’elle a absorbée depuis des lustres ou pire un phénomène issu des profondeurs des océans à déterminer. Dans tous ces trois cas de figure, il nous faudra craindre le pire à l’avenir si nous ne prenons pas les mesures nécessaires pour éradiquer les prochains épisodes des plus sombres à venir. La largeur de la bande d’infection incriminée est d’environ de 2 km sur l’axe Nord-Sud. Les pirogues sénégalaises font des marées depuis Dakar jusqu'en Guinée (800 km) où elles côtoient les pirogues locales qui font des sorties quotidiennes jusqu’à 50 km. Mais les lieux de pêche artisanale de bas éloignement journalier principalement se situent entre 400 m à 2 km des côtes, princiPage 40-Biramawa Magazine palement là où les pêcheurs ont reporté la présence du liquide incriminé. La pêche industrielle ne pouvait que s’en aller mieux. Les poissons ne sont pas contaminés à ce jour à l’issue des analyses effectuées. Mais la pêche artisanale en est plus qu’impactée. La répétition du passé : -Thiaroye La pollution environnementale est un fléau pernicieux de par ses conséquences sur les court et long termes. Le cas de l’extraction informelle du plomb par les populations, constitue un événement marquant qui nous interpelle tous et engage notre responsabilité propre afin de ne plus le répercuter. Suite à une série de décès inexpliqués survenus entre novembre 2007 et février 2008 chez des enfants du quartier de NGagne Diaw à Thiaroye sur Mer, les enquêtes effectuées par les autorités sanitaires et environnementales ont révélé une contamination de la zone consécutive au recyclage informel de batteries au plomb. De plus, certains des frères et sœurs ainsi que certaines des mères des enfants décédés présentaient une très forte plombémie (taux de plomb dans le sang), supérieure bien souvent à 1000 μg/l. Suite à ces constatations, en mars 2008, le Ministère sénégalais de l’Environnement a retiré 300 tonnes de déchets provenant de batteries usagées et de sol contaminé et a recouvert la zone de sable propre. L’enquête environnementale a révélé que tout le quartier de NGagne Diaw était fortement contaminé par le plomb à la suite d’activités de recyclage informel et d’extraction du plomb. « Des concentrations de plomb pouvant aller jusqu’à 30 % ont été mesurées à l’extérieur tandis que des concentrations pouvant aller jusqu’à 1,4 % ont été mesurées à l’intérieur des habitations. Ces concentrations dépassent largement les valeurs des directives françaises concernant les quartiers d’habitation, soit 0,04 %. A l’heure actuelle, la contamination de l’environnement semble être limitée à ce quartier, d’une superficie d’environ 350 mètres sur 200 » -Explosion d’une citerne d’Ammoniac : On peut se rappeler de l’explosion d’une citerne d’ammoniac à la SONACOS de Bel Air (Dakar), avec un bilan de 30 morts et une centaine de blessés. L’accident du 24 mars 1992 restera à jamais gravé dans les mémoires de ceux qui l’ont vécu. Les victimes du nuage toxique se chiffrent par dizaine (129 morts), les rescapés vivant avec un handicap respiratoire dépassent le millier (1150 blessés). Les miraculés racontent le film d’horreur dont ils étaient les spectateurs malgré eux. Qu’avons-nous tiré comme leçon de cette mauvaise expérience? Nous n’étions pas préparés pour résumer le film d’horreur. Il y avait une impréparation manifeste aussi bien au niveau des autorités que du système médical et des populations. -le Probo Kouala le 2 juillet 2006, il se trouvait à Amsterdam où il était censé décharger sa cargaison. Mais en raison du prix élevé demandé pour le traitement des déchets qu’il transportait, après un détour par l’Estonie, le navire fit route vers le sud, à la recherche de sous-traitants moins scrupuleux! Août 2006, la ville d’Abidjan fût au cœur d’un scandale environnemental et sanitaire très grave. Le tanker (Probo Koala), appartenant à une société grecque, battant pavillon panaméen, affrété par une société de droit néerlandais, créée par deux français, opérant depuis Londres (avec à son bord un équipage russe!), y déversait en toute illégalité 500 tonnes de boues, mélange de soude caustique, de résidus pétroliers et d’eau. Ces déchets furent déposés à ciel ouvert dans plusieurs endroits de la ville dégageant des gaz mortels faisant à ce jour 17 victimes et des dizaines de milliers d’intoxiqués. La nécessité d’être techniquement indépendant et autonome pour être efficient L’institut Pasteur de Dakar (Bactériologie et virologie) dépendant de la Direction Internationale des instituts pasteurs basée en France est en charge de l’animation des 35 instituts pasteurs dans 25 pays du monde avec comme seul but de renforcer sa présence et la défense de ses intérêts non lucratifs. Le centre régional de recherches en écotoxicologie et sécurité environnementale (CERES en toxicologie) est dépendant de la fondation Locustox, qui est pourvoyeur de conseils et prestations sur les aspects scientifiques et techniques de maîtrise et de la gestion des impacts négatifs des produits chimiques et biologiques. Plusieurs Conventions internationales pour légiférer Les « menaces environnementales » issues de n’importe quelle source, constituent un risque En ce qui concerne les Déchets toxiques, les lois, règlements et mesures, ainsi que les règles et les normes et les pratiques et procédures recommandées, visés aux paragraphes 1, 2 et 4 de Biramawa Magazine-Page 41 majeur pour la santé de l’Homme (apparition et/ou recrudescence de pathologies diverses: maladies cancéreuses, maladies infectieuses, malformations congénitales, pathologies cardio-vasculaires et respiratoires, diminution de la qualité de vie et du bien-être, etc.). Les sources de pollution les plus importantes sont : - Le Port de Dakar avec le quai d’hydrocarbures; - Le transport des hydrocarbures par navire naviguant près des côtes et dans les fleuves; - le transit au large de nos côtes de pétroliers géants (90 millions de tonnes environ par an) et autres navires de transport de produits dangereux en plus des quantités importées par la SAR; - Les quantités indéterminées de produits de ballast rejetés au large sont ramenés à nos côtés par les courants; - Les huiles mortes déversées par les chalutiers de pêche, les rejets des industries côtières sénégalaises...
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la Convention de Montego Bay du 10 December 1982, comprennent des mesures tendant à limiter autant que possible l'évacuation dans le milieu marin de substances toxiques, nuisibles ou nocives, en particulier de substances non dégradables. Le canal 4 et la baie de Hann, Cambérène sont des exemples patents du non respect d’une convention que l’on a ratifié. La Convention du droit de la mer: Article premier de la convention de Montego Bay de Décembre 1982: On entend par pollution du milieu marin" l'introduction directe ou indirecte par l'homme, de substances ou d'énergie dans le milieu marin, y compris les estuaires, lorsqu'elle a ou peut avoir des effets nuisibles tels que dommages aux ressources biologiques et à la faune et la flore marines, risques pour la santé de l'homme, entrave aux activités maritimes, y compris la pêche et les autres utilisations légitimes de la mer, altération de la qualité de l'eau de mer du point de vue de son utilisation et dégradation des valeurs d'agrément. À la suite de plusieurs scandales en 1988, une série d’accords internationaux ont été signés, censés réPage 42-Biramawa Magazine Le code International Maritime Dangerous Good (IMDG code International de Transport maritime de Matières dangereuses) a pour objet de renforcer la sécurité du transport des marchandises dangereuses tout en favorisant la circulation libre et sans entrave. Le code IMDG est complété par un recueil des recommandations, révisées dans l’édition de 2007, relatives à la sécurité du transport des cargaisons dangereuses et des activités apglementer voire interdire les transferts de déchets toxiques vers les pays du Sud. Créée en 1989 sous l’égide des Nations unis (et rentrée en vigueur en 1992), la Convention de Bâle fut le premier instrument juridique international contraignant en matière de contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination. parentées dans les zones portuaires. Deux conventions sont la base de toute la réglementation concernant les marchandises dangereuses transportées par mer: la Convention SOLAS et la Convention MARPOL. La Convention internationale de 1974, en remplacement de celle de 1960, pour la sauvegarde de la vie humaine en mer (SOLAS : Safety Of Life At Sea) et son protocole de 1978, traite des règles de transport des matières dangereuses gazeux, liquides et solides, de la construction et de l’équipement des navires de transport de ces matières pour ce qui concerne les mesures de prévention, de protection et d’intervention en cas d’accidents, d’incendies ou de pollution. La Convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires (MARPOL) de 1973 et son protocole de 1978, couvre tous les aspects de pollutions susceptibles d’être causées par des navires et en définit les moyens à mettre en œuvre pour les prévenir et les réduire. La convention SOLAS définit les normes de sûreté essentielles pour tous les navires à passagers et les navires de charge, y compris ceux qui transportent des matières dangereuses en vrac. La convention internationale de 1973 pour la prévention de la pollution des eaux de la mer par les hydrocarbures vise la prévention de la pollution par les hydrocarbures, les substances liquides nocives en vrac, les substances nuisibles transportées par mer en colis (y compris conteneurs, citernes mobiles et véhicules routiers ou ferroviaires). En Afrique, il y’a la Convention d’Abidjan qui est un texte juridique composé de 31 articles. Elle constitue le cadre juridique pour toute action nationale et/ou régionale menée en coopération tendant à la protection et au développement du milieu marin et des zones côtières de la région. La mafia des déchets toxiques, il ne faut pas penser que c’est de l’histoire ancienne, vu que 17 milliards d’euros constitue le bénéfice dégagé en 2015 par le trafic de déchets à travers le monde. Dans la plupart des pays développés, l’élimination légale des déchets toxiques est à la fois lourde, au cours des années 1970-1980, longue et coûteuse de 400 euros la tonne à plusieurs milliers d'euros pour les plus toxiques. Elle est généralement très réglementée et bien supervisée, et constitue une cible évidente pour les pratiques commerciales peu scrupuleuses. Les trafiquants, pour qui c’est une entreprise idéale à faible risque et à profit élevé, amassent de véritables fortunes en les fourguant en Afrique, en se soustrayant aux obligations de dépollution et de recyclage. Le développement de divers trafics à destination de l’Afrique fut perçu comme une aubaine pour l’industrie chimique des pays du Nord (Allemagne, Italie, France, Suisse, etc.) qui a ainsi trouvé le moyen de réduire les coûts d’élimination de ses résidus toxiques au détriment de la santé des habitants du Sud. Ce commerce, malgré l’énorme logistique qu’il nécessite, a bénéficié de l’ouverture incontrôlée des frontières et du soutien de mafias payant parfois leur « droit à décharger » avec des cargaisons d’armes, quitte à subventionner des guerres civiles comme en Somalie. De l’autre côté de la Méditerranée, ce scandale a été facilité par le besoin urgent de devises étrangères de la part de gouvernements déjà étranglés par le mécanisme de la dette et, de surcroît, souvent dirigés par des régimes autocratiques et corrompus. Déficit de moyens dans les forces de défense de Sécurité et de Sûreté La patrouille maritime aérienne ou la surveillance de nos ressources halieutiques ne devrait être en aucun cas confiée à la France, mais à l’Armée de l’air sénégalaise exclusivement. Il faut des avions de chasse et des hélicoptères pour assurer la police du ciel et de la mer. Des vedettes côtières rapides, des hélicos embarqués sur des bâtiments de la marine nationale sénégalaise devront composer une partie du corollaire marin. En même temps, la police du port doit être mieux équipée. L’ineffectivité vient d’abord d’un manque de moyens: sur 1 100 cargaisons contrôlées en 2006 dans le cadre d’une enquête européenne, 50 % étaient illégales, imaginons un peu en Afrique et au Sénégal particulièrement. Un renforcement des inspections s’impose ainsi qu’une meilleure collaboration entre les services de la police aérienne et renforcer la marine nationale en liaison avec l’HAASMAR (Haute autorité chargée de la coordination de la sécurité maritime, de la sûreté maritime et de la protection de l’environnement marin). Le Sénégal a toujours eu une volonté d’avoir la maîtrise de ses ressources halieutiques à travers l’escadron Biramawa Magazine-Page 43
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de patrouille maritime de l’Armée de l’Air (Twin Otter, BN2T, Casa 212, casa 235 maritim patrol) et des 29 bâtiments de la marine nationale (Vedette Côtière Rapide, Bâtiments de Surveillance Côtière, (Patrouille Haute Mer (et les futures acquisitions telles que l‘Offshore Patrol Vessel 58 S de l’entreprise Piriou)) pour le pistage et le suivi de tous les bateaux s’infiltrant dans nos eaux territoriales. Au port, il faut installer un laboratoire d’analyse last cri en vue d’instaurer une autonomie nationale non dépendante de la trentaine de privés comme l’Institut pasteur, Lab 24, Institut de Recherche en Santé, de Surveillance Epidémiologique et de Formation (IRESSEF) du Pr Mboup ou autres, …. L’objectif principal est de s’autodéterminer de la création ou de la suppression des unités de recherches et de leur orientation face à nos besoins non suivant celle d’un pays tiers. L’exploitation des hydrocarbures, une menace réelle à prévoir et à voir venir Dans les économies « traditionnelles » par exemple, aux problèmes environnementaux majeurs (eau potable, qualité et quantiPage 44-Biramawa Magazine té d’alimentation, hygiène de l’habitat, vecteurs de maladies) sont associées les maladies infectieuses et transmissibles, les carences nutritionnelles et la mortalité néo et périnatale. Avec l’industrialisation, surtout à travers l’exploitation du pétrole et du gaz, la rationalisation de la production de masse, y compris dans le secteur agricole, et l’urbanisation, de nouvelles menaces apparaissent en raison d’émissions croissantes de substances toxiques susceptibles de s’accumuler dans l’eau, l’air, les sols et les aliments. Il nous faudra être plus que vigilant si nous ne voulons pas acter notre perdition. Le Sénégal ne peut pas se permettre une nouvelle épidémie après la Covid 19, nos priorités de base risqueront d’en pâtir. La pêche, le tourisme côtier, l’exploitation des hydrocarbures et l’exploitation éolienne en offshore sont et demeureront d’importantes activités économiques. Afin de trouver des solutions communes aux multiples problèmes écologiques dus à la dégradation du milieu marin et des zones côtières, il nous faudra être proactif. Cherchons à prévenir les catastrophes au maximum plutôt que de nous focaliser sur les conséquences.L’intangibilité et l’inabrogabilité du droit de l’environnement doit être une nécessité plutôt qu’un vœu pieux. Le droit de l’environnement doit rentrer dans la catégorie des règles juridiques non abrogeables et intangibles au nom de l’intérêt commun de l’humanité. Plusieurs menaces risquent de faire reculer le droit de l’environnement, la volonté démagogique de simplifier le droit pousse à déréguler, voire à délégiférer en matière d’environnement compte tenu du nombre croissant de normes juridiques environnementales au plan international comme au plan national. L’existence d’un cadre juridique contraignant permet de promouvoir des normes cohérentes pour la conception et l’exécution des actions nécessaires à la Réduction des Risques de Catastrophes (RRC) notamment, l’adoption de nouvelles législations, des instruments de planification, ou la révision des textes juridiques existants qui s’avèrent obsolètes ou non appropriés et peu ou pas contraignants par rapport aux nouvelles exigences de la RRC (Structure de la Direction de Protection Civile et de la Commission Supérieure de la Protection Civile, …). Mariane Seck LE DROIT DE L’ENVIRONNEMENT : DE L’INITIATION AU MÛRISSEMENT Contribution d’une juriste sénégalaise Préface du professeur Babacar Gu e y e LE DROIT DE L’ENVIRONNEMENT : DE L’INITIATION AU MÛRISSEMENT Mariane Seck
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Droit du Travail et de la Sécurité Sociale Nafissatou NDAO RESPONSABLE RESSOURCES HUMAINES COMMENT RENDRE SA CANDIDATURE A UN EMPLOI EFFICIENTE ? Page 46-Biramawa Magazine ous ne nous tiendrez certainement pas rigueur de nous écarter cette foisci un peu de notre rubrique pour nous intéresser à la question de l’emploi, ou disons à la problématique de l’employabilité. Dans un monde parfait, on ne se serait sans doute pas permis cet écart. Hélas, nous en sommes loin ! Voyez-vous, dans un monde parfait, on ne parlerait même pas de chômage, aucun jeune en âge de travailler ne se retrouverait en inaction et mieux, un diplôme ne serait jamais assimilé à une feuille de journal comme dans la récente métaphore d’un de nos chers rappeurs. Mais nous en sommes là ! Si bien que tous appellent au changement et chacun y allant de sa propre méthode. Tout le monde se sent harassé par le manque d’emploi car même celui qui en a un, a forcément un frère, une sœur, un ami ou autre proche qui en cherche désespérément. Ceux qui ne perçoivent l’objet de leur espoir qu’au bout du risque, optent pour la solution radicale, ceux qui se sentent lassés s’enlisent alors dans la passivité. Mais le changement ne devrait pas intervenir par la réponse de chacun à son désespoir car le risque est grand qu’ainsi il prenne un revêtement qu’on n’aurait pas souhaité. Il est nécessaire que cet état de fait change, mais par des mesures réfléchies et efficaces, d’ordre étatique certes, mais également et surtout individuel. J’ai à plusieurs reprises entendu ou lu des jeunes s’exaspérer de ne recevoir de retours positifs à leurs demandes d’emploi malgré le nombre croissant de ces dernières. Si nombreux l’expliquent par les exigences restrictives liées à l’expérience, un autre fait l’explique dans bien des cas et il s’agit de la mauvaise candidature. La candidature à un emploi peut paraitre un V acte simple mais la vérité est qu’elle ne l’est pas. C’est la phase qui nécessite le plus de sérieux et d’application car celle à partir de laquelle on se démarque ou non du lot. Lorsqu’on la rate, il y’a mille et une chances que l’on rate le reste. Lorsqu’on soumissionne à une offre d’emploi bien déterminée ou même qu’on le fasse de façon spontanée, il faut certes garder à l’esprit son objectif principal qui est de décrocher l’emploi mais celui-ci doit être précédé de ces deux autres, qui lorsqu’ils sont atteints, vous facilitent l’accès au principal : il s’agit de capter l’attention du recruteur, de lui laisser une bonne impression. Pour ce faire, voici quelques conseils simples à appliquer lors d’une candidature à un emploi : Faire avant tout un bilan honnête de ses candidatures passées : il s’agit là de se demander, surtout lorsque notre candidature se solde à chaque fois d’échecs, « Pourquoi pas nous ? » et de tenter de trouver des réponses objectives à cette question. Il faut nécessairement partir d’une intention de se remettre en cause et cela même si une part de nous est convaincue que nous avons été irréprochables. Une telle attitude ne peut que nous être bénéfique. Si ça peine tant à marcher, c’est qu’il y’a forcément un blocage quelque part et sachant qu’on n’est pas suffisamment puissant pour intervenir sur les blocages émanant des recruteurs, autant travailler sur soi et se parfaire tant que possible. A l’issue, on devrait arriver à trouver Les points nécessitant amélioration et agir dessus. Soigner la présentation de son CV : En fonction de votre profil de senior ou junior, de ce que vous désirez mettre en avant, vos compétences ou vos expériences, vous avez le choix quant à la présentation Biramawa Magazine-Page 47
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du CV. Elle peut se faire sous forme fonctionnelle, qui met l’accent sur les compétences ; sous forme chronologique, qui expose les différentes expériences de la plus récente à la plus ancienne ; ou sous forme chrono-fonctionnelle, qui est on va dire comme un alliage des deux premières. Mais peu importe le choix que vous faites suivant vos raisons, trois critères doivent définir votre CV : simplicité, clarté, attractivité. La simplicité doit ressortir des mots mais aussi de toute la présentation du CV. La clarté quant à elle s’observe dans l’agencement que vous faites de vos parcours, plus c’est facile à lire et cerner, mieux c’est. L’attractivité quant à elle, vient du contenu. Il faut savoir faire figurer sur le CV les informations pertinentes sur vos parcours et qui correspondent le plus au profil recherché par le recruteur de l’offre que vous avez ciblé. C’est pourquoi il est nécessaire à chaque fois que vous répondez à une offre d’emploi d’effectuer des retouches sur votre CV afin d’assurer une certaine harmonie entre votre profil et les prérequis pour le poste en question. Il est inutile de s’attarder sur la taille du CV que certains ne croient intéressant que lorsqu’il est long. Il n’est pas dit qu’avec un CV long vous êtes plus apte à convaincre, non. Le risque à vouloir le rendre trop long d’ailleurs c’est de se retrouver avec un CV très lourd qui pourrait susciter la paresse du recruteur qui, faut le rappeler, se retrouve avec une multitude de dossiers à examiner. Il est donc à retenir que la qualité d’un CV ne dépend guère de sa taille, celle de son propriétaire non plus. Bien adapter sa lettre de motivation à l’emploi : nombreux sont les demandeurs d’emploi qui ont une sorte de lettre type, passe-partout. Certains vont même jusqu’à omettre d’y mettre à jour la date ou le destinataire. Or, à chaque candidature, la lettre Page 48-Biramawa Magazine de motivation doit être à l’image du poste ciblé, en être complètement adaptée. Sa bonne élaboration est importante car c’est le document qui s’associe et forme avec le CV le dossier par lequel vous vous vendez. Et il ne faut pas perdre de vue qu’à l’entame du processus de recrutement, le recruteur ne vous connaît pas, qu’il se retrouve devant une pile de dossiers, avec un esprit très sélectif et tente de faire les meilleurs choix. A ce stade, seul le dossier transmis plaide en votre faveur, raison pour laquelle il n’est pas à négliger. La meilleure démarche à suivre pour rédiger une bonne lettre de motivation est de lire attentivement la fiche d’annonce de l’emploi en question et de façonner sa lettre en fonction des missions à confier et des compétences requises. Il ne s’agit pas de mentir pour s’adapter coûte que coûte mais plutôt de faire le tri dans ses capacités afin d’en ressortir celles qui s’approchent le plus des besoins du recruteur et formuler sa présentation autour de ces données. De même pour les raisons qui vous motivent. Il est impératif de les adapter au poste à pourvoir. Par exemple, pour un poste de chargé de paie et un autre de chargé de formation, vous ne pouvez pas avoir les mêmes motivations, bien que les deux appartiennent à la grande famille des ressources humaines. Par ailleurs, il est important que votre lettre soit bien adressée. Lorsque vous avez l’identité de la personne contact, alors mettez-la en destinataire et dans le corps de votre lettre veillez à ne pas vous tromper de civilité. Cependant lorsque vous n’êtes pas sûr de l’identité du chargé du recrutement ou de son sexe, il est plus sûr d’adresser votre lettre à l’entreprise ou à son service de recrutement en mentionnant comme civilité « Mesdames, Messieurs, ». Tous ces points pourraient être pris comme d’insignifiants détails mais ont toute leur importance aux yeux de celui qui recrute et nécessitent de ce fait une grande application si vous désirez augmenter vos chances de vous faire remarquer. Être attentif et faire preuve de politesse lors du dépôt : en fonction des entreprises, le dépôt peut se faire via une plate-forme de candidature en ligne ou par courriel. Lorsque c’est en ligne, c’est plus simple car il s’agira de rester attentif aux différentes questions ou interpellations. Par contre lorsque le dépôt se fait par courriel, il n’y a rien de plus impoli que de balancer son dossier dans la messagerie du recruteur sans message d’accompagnement ou avec juste un petit « bonne réception ». Beaucoup ne prennent pas le temps de composer un message clair et poli ou même de respecter l’intitulé exigé pour l’objet lorsque c’est le cas. Une telle démarche traduit un manque de sérieux et de minutie et donne ainsi au recruteur une très mauvaise image de vous. S’il n’est pas indulgent, votre dossier peut directement se voir écarter. Il faut donc prendre le temps d’accompagner votre dossier d’un message poli, préparé avec soin et ainsi démontrer à la personne à qui vous vous adressez que vous êtes un candidat sérieux. Se montrer disponible et ponctuel : suite au dépôt de votre candidature, évitez d’éteindre votre téléphone par exemple ou d’omettre de vérifier votre messagerie. Vous pourrez rater l’opportunité de vous faire convoquer en entretien. Et lorsque la chance vous sourit, que vous vous faites convoquer, la ponctualité doit être de rigueur. Si par contre un imprévu vous retarde ou vous oblige à ne pas vous présenter, il serait plus poli de prévenir immédiatement pour vous faire décaler le rendez-vous sans oublier de vous excuser, de cette façon vous ne risquerez pas de vous faire écarter. Soigner sa présentation et sa tenue en entretien : il s’agit de se montrer correct lors de l’entretien car en plus de l’échange que vous aurez, ce sera l’occasion pour le recruteur de vous observer pour se faire une idée d’ensemble. Chaque détail peut compter pour lui, allant de votre style vestimentaire à votre façon de communiquer ; d’où la nécessité d’adopter une bonne tenue et de se montrer sans artifices tout au long de la rencontre. Se donner de la valeur lors des échanges sans mentir ni se montrer prétentieux : pour commencer, évitez tant que possible de vous montrer intimidé ou désespéré. Peu importe à quel point vous désirez le poste, gardez vos esprits et dites-vous que vous pourriez être la perle rare dont a besoin le recruteur et maintenez-vous temps que vous le pouvez dans la peau de cette dernière. Vous ne gagnerez rien à vous dévaloriser devant lui. Le meilleur candidat en entretien est celui qui sait le mieux faire preuve d’assurance. Trouver le moyen de parler de ce qui fait votre valeur lorsque l’occasion ne vous en est pas donnée mais sans valser dans des tendances mythomanes. Répondre avec subtilité aux questions du recruteur : certaines questions posées par les recruteurs renferment des pièges et leur principal objet est de déceler à travers vos réponses des vérités cachées qui pourraient être décisives. Pour mettre les chances de votre côté, il est important qu’à votre tour vous sachiez lire les non-dits dans les questions et formuler vos réponses de façon à ne pas vous pénaliser. Quelques questions de ce genre reviennent souvent. 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Vos motivations ? Quand un recruteur vous questionne là-dessus, il sait déjà que tout candidat à un emploi nourrie des intérêts personnels, c’est même tout naturel. Cependant il veut voir, au-delà de vos intérêts personnels, si ceux de l’entreprise ont également ne serait-ce qu’un peu d’importance pour vous. Ainsi dans la tournure de vos réponses, n’oubliez jamais de mentionner ce que vous pourriez apporter à l’entreprise. Vos objectifs professionnels ? Ce qui est recherché à travers cette question, au-delà de vos ambitions, c’est de voir si l’entreprise peut se permettre de se projeter avec vous et si vous seriez du genre à rester sur du long terme ou plutôt le genre baladeur. Il vaut mieux être sincère dans sa réponse. Mais si vous aspirez réellement à cheminer avec l’entreprise de façon durable, ne vous éparpillez pas, restez sur des objectifs proches de ce que vous visez avec elle. Vos défauts ? Cette question n’est pas vraiment un piège. Quand elle vous est posée, elle l’est clairement et l’objet est de déceler ce qui dans votre comportement pourrait être dérangeant dans le cadre du travail à confier. Tout le monde en a des défauts. Ce qui peut être dangereux ou disons qui pourrait vous être moins favorable dans votre réponse serait de cité votre défaut et point. Là, vous laisserez le recruteur se faire sa propre interprétation. Par contre vous serez plus prudent d’y aller de la façon suivante par exemple : « il peut m’arriver de manquer d’autonomie, parce que…(explication), mais, si… (atténuation), je n’aurais alors pas de mal à en faire preuve » ou bien « il m’arrive de manquer d’autonomie, mais depuis que j’en ai fait le constat (ou qu’on m’en a fait la remarque) je travaille dessus et espère en arriver à bout ». Dit de cette façon ou Page 50-Biramawa Magazine qui en soit proche, vous rassurez alors le recruteur et réduisez l’interprétation négative qu’il en aurait fait si vous vous en étiez limité à « je manque d’autonomie ». En résumé, lorsque vous décidez de déposer votre candidature pour un emploi, vous devez y consacrer du temps du début à la fin, avoir un souci accru du détail de sorte à ne rien minimiser, faire preuve de subtilité tout au long du processus tout en restant honnête avec vous-même et votre interlocuteur. Par ailleurs, les candidatures spontanées peuvent aussi être fructueuses, si vous vous y consacrez avec le même sérieux que pour celle suite à une offre. Dans le cadre de ce type de candidature privilégiez les cabinets de recrutement et sociétés d’intérim chez qui les besoins sont plus fréquents où il est donc plus facile de voir la chance vous sourire. Toutefois, lorsque vous adressez une candidature spontanée directement à une entreprise, évitez les demandes non spécifiques ou qui seraient multifonctionnelles car ainsi vous risquez de vous faire coller l’étiquette d’un chercheur sans réel objectif et cette indécision ne vous serait pas favorable en cas de tri pour une opportunité. Une chose s’avère également primordiale à l’heure actuelle pour les recherches d’opportunités, c’est se créer un profil sur au moins, un réseau social professionnel. LinkedIn marche très bien. De l’interaction et du partage peuvent naître d’énormes opportunités. Pour terminer, allez au contact des autres, échangez, faites du réseautage car en discutant récemment avec un collègue, j’ai pris conscience que même dans une salle de jeux, on peut se faire des opportunités qui nous changent la vie. Faire face au stress durant la flambée de maladie à coronavirus COVID-19 Il est naturel d’éprouver de la tristesse, du stress, de la confusion, de la peur ou de la colère lors d’une crise. Vous pouvez trouver du réconfort en parlant à des gens en qui vous avez confiance. Prenez contact avec vos amis et les membres de votre famille. Si vous devez rester chez vous, conservez un mode de vie sain, ce qui suppose entre autres un régime alimentaire adapté, du sommeil, de l’exercice et des contacts sociaux avec vos proches à la maison ou par courrier électronique ou téléphone avec le reste de votre famille et vos amis. Ne cherchez pas à canaliser vos émotions en fumant, en buvant de l’alcool ou en consommant d’autres produits stupéfiants. Si vous vous sentez dépassé par les événements, parlez-en à des professionnels de la santé ou à un conseiller. Soyez prêt, sachez où aller et comment solliciter de l’aide en cas de besoin si vous avez des problèmes physiques ou psychologiques. Informez-vous. Prenez les renseignements qui vous aideront à déterminer avec précision les risques que vous encourez de façon à prendre des précautions raisonnables. Cherchez une source d’information fiable, comme le site web de l’OMS ou un organisme local ou national de santé publique. Apaisez vos inquiétudes et calmez votre agitation en passant moins de temps, vous et vos proches, à regarder ou à écouter les reportages qui vous perturbent dans les médias. Tirez parti des compétences qui vous ont aidé par le passé à faire face à d’autres épreuves et employez-les pour vous aider à gérer vos émotions en cette période difficile que représente cette flambée. Biramawa Magazine-Page 51
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LES DROITS HUMAINS AKK AK YELEFU DOMU ADAMA YI Khadim SENE Educateur Spécialisé au Ministère de la Justice Réflexion autour de la culture de la paix pour l’instauration d’un developpement durable Si effectivement on y réfléchit bien, il n’y a rien de plus gratuit que la paix. On ne peut pas l’acheter, alors que l’on paie cher pour faire la guerre. Quand on est en paix avec son voisinage, son entourage ou même sa famille, pas besoin d’en faire des cent et des milles pour être serein et au calme. La paix ne nécessite rien d’autre qu’un petit effort de communication mais effort mutuel s’entend. On s’accordera pour dire que la paix n’est pas qu’un simple mot ; c’est un ensemble de bons comportements que l’on cultive. Toute recherche de paix et de stabilité a une dimension culturelle en ce que les mentalités et des pratiques autres que celles quotidiennement observées seront inéluctablement à adopter. Il convient de relever que les Nations Unies, les autorités locales, les élus et les représentants des ONG, sont chargés de faire comprendre et accepter le fait que : les valeurs culturelles sont certes à sauvegarder, mais s’il y en a, parmi elles, qui sont des vecteurs de violence, elles sont à bannir. La tradition n’a pas toujours raison car, ce n’est pas parce qu’on fait quelque chose depuis la nuit des temps que c’est à conserver et enfin que la conscience sociale consiste à se faire violence pour adhérer à une cause commune pour le bien-être de tous. Tout ceci peut être porté à l’attention des populations dans des actions de prévention. En effet, la prévention des conflits englobe tout moyen d’intercession ayant pour objectif de faire en sorte que les tensions et disputes ne soient pas suivies par des violences ou par le recours à la force armée. Elle peut aussi, avant l’entame de tout heurt, prendre la forme du renforcement des capacités des parties concernés par d’éventuelles violences, pour résoudre leurs différends de façon pacifique. Elle est enfin comprise comme étant toute action visant à réduire progressivement les tensions sous-jacentes. C’est sur cette partie que les actions doivent le plus être portées car la prévention peut permettre d’éviter des tragédies. Il appert que la paix nécessite un engagement sans relâche et un dialogue interculturel que les jeunes d’aujourd’hui se doivent de poursuivre. Car sans la paix et la sécurité, il ne peut y avoir de développement pour tous. La paix, un pilier fondamental pour l’accès au développement La paix et le développement ont des liens étroits mais ont également trait à l’état de droit de par l’instauration des institutions efficaces et responsables pour maintenir la paix, la réalisation de l’égalité des genres et de partenariats favorables à une croissance économique ouverte. L’instauration nécessaire d’institutions efficaces et responsables pour maintenir la paix Biramawa Magazine-Page 53
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Les ODD reconnaissent l’importance d’institutions efficaces et responsables pour favoriser des sociétés pacifiques, justes et ouvertes. Les institutions judiciaires, avec un pouvoir judiciaire indépendant, jouent un rôle essentiel dans la promotion de la paix et du développement en garantissant un accès équitable aux services et aux ressources, en protégeant les droits des citoyens, en encourageant l’inclusion sociale et économique, et en réglant les litiges avant qu’ils ne dégénèrent en conflit. Pour instaurer des institutions fortes, il ne suffit pas simplement d’adapter les bonnes pratiques appliquées ailleurs et de fournir un savoir et une expertise. C’est une entreprise sur le long terme qui exige un investissement particulièrement soutenu, une priorisation de la substance à la forme et une mobilisation de la volonté politique afin de réaliser une réforme significative. L’instauration de l’égalité des genres pour la réalisation de la paix et la prospérité Lorsque les femmes réussissent, le monde entier en bénéficie, cependant, malgré de réels progrès, le chemin reste encore long avant de parvenir à l’égalité des genres. Les lois et les coutumes continuent de restreindre les droits et les libertés des femmes, d’imposer leur soumission à leurs proches masculins, et de limiter ce qu’elles peuvent posséder, hériter ou utiliser, et ferment les yeux lorsqu’elles sont victimes de violences. L’accès des femmes à des postes de responsabilités, leur voix et leur accès à la justice sont indispensables à l’avancée de l’égalité des genres et à la réalisation des objectifs mondiaux, tels que la bonne gouvernance et la croissance économique, l’instauration de la paix et la lutte contre le changement climatique. Page 54-Biramawa Magazine Le recours à des partenariats solides pour une croissance économique ouverte Les ODD ont pour objectif de ne laisser personne de côté grâce à l’éradication de la pauvreté, la promotion de la croissance et au soutien d’un développement intégré. Ils reconnaissent que des échanges commerciaux et des investissements durables bien gérés peuvent entraîner un réel changement, et qu’il est nécessaire de collaborer avec le secteur privé pour renforcer les économies faibles et sortir les gens de la pauvreté. Néanmoins, les pays qui peuvent le plus bénéficier des investissements sont souvent les pays les moins susceptibles d’y avoir accès en raison d’une situation sécuritaire fragile, de systèmes juridiques faibles et de ressources humaines insuffisantes pour gérer des flux financiers importants. Le renforcement du cadre juridique, la promotion d’un accès équitable aux perspectives économiques et la facilitation d’une résolution efficace des litiges peuvent constituer des vecteurs puissants du développement économique durable et intégré. Biramawa Magazine-Page 55
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Orchestre Guneyi « L’orchestre Guneyi est un groupe familial qui a vu le jour en 1997 à Saint-Louis du Sénégal. » Page 56-Biramawa Magazine DÉCOUVERTE Votre rubrique Découverte de ce numéro 12 du magazine est consacrée à l’Orchestre Guneyi de Saint-Louis (Sénégal). Créé en 1997, l’orchestre compte en son sein 6 membres dont « 5 frères et un ami d’enfance ». Faisant de la « World Musique » l’orchestre a, à son actif, deux Albums et ambitionne d’en sortir un troisième en 2021. Dans cette interview accordée au magazine, ils sont revenus notamment sur la genèse et la composition du groupe, le bilan après 23 ans d’existence et les perspectives de l’orchestre. Pouvez-vous présenter l’orchestre Guneyi à nos lecteurs ? En guise de présentation, nous dirons que l’orchestre Guneyi est un groupe familial qui a vu le jour en 1997 à Saint-Louis du Sénégal là où nous sommes toujours basés. Le groupe est composé de 6 membres dont 5 frères et un ami d’enfance, le sixième frère. Et depuis nos débuts nous avons allié les études scolaires, la musique et le sport. Autour de Bayla, lead vocal, guitariste, auteur et compositeur, avec une Licence en Métiers des Arts et de la Culture de l’UFR CRAC (Civilisation, Religion, Art et Communication) de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis et de Pa Laye, lead vocal, auteur et compositeur, en troisième année de Doctorat en Sociologie, gravitent : • Jules, bassiste, Master 2 en en Ingénierie Développement Local, • Papis, claviste, Master en Sociologie • Théo, batteur, Licence Professionnelle de Gestion LPG à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. • Mbaye Teuw, percussionniste et ami d’enfance. Le management du groupe est géré par notre père Amadou M DIARA, instituteur à la retraite. Sur le plan musical, les membres du groupe ont été formés par Alé Mbaye, musicien polyvalent de dimension internationale, ancien claviste du "Djolof Band" de Viviane Chidid. Très vite entre 1997 et 2000 nous avions commencé à taquiner les scènes saint-louisiennes et de par notre jeune âge à l’époque tout le monde tombait sous le charme de notre groupe. Depuis lors nous avons continué les recherches musicales et nous avons aussi évolué à travers de nombreuses rencontres et collaborations avec de grands musiciens (Henry Guillabert, Habib Faye, Idrissa Diop, Carlou D, Dread Maxi, Mao Sidibé…) et des voyages aussi (Guyane française en 2002, Paris en 2004) pour des échanges musicaux. Maintenant des années sont passées et Guneyi a beaucoup grandi sur le plan musical et sur le plan de la notoriété de par leurs multiples réalisations (2 albums ‘’ Sa Yandé’’ 2002, ‘’Gueum-Gueum’’ 2012 et un maxi ‘’Avant-Goût’’ 2018). Mais depuis 2017, l’année où nous avions presque tous terminé nos études universitaires, on a commencé à être plus préBiramawa Magazine-Page 57
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sent sur la scène à travers des concerts tous les samedis dans les bars et restaurants de la place. Et c’est sur cette lancée et régularité que nous sommes devenus actuellement le groupe saint-louisien avec le plus grand public. « Nous évoluons dans plusieurs styles (…) On peut dire que nous faisons de la world musique. » Dans quel genre musical lez-vous ? Nous évoluons dans plusieurs styles (rire). Nous avons reçu une formation en variété musicale. De ce fait nous arrivons à jouer un peu de tout. Mais pour être plus précis nous évoluons dans un style afro beat / afro pop mélangé avec des sonorités et rythmes sénégalais. Nous faisons ausPage 58-Biramawa Magazine excelsi parfois du reggae. On peut dire que nous faisons de la world musique. Pouvez-vous revenir sur la genèse de L’orchestre Guneyi ? Qu’est ce qui a motivé votre choix pour la musique ? Notre papa est un ami d’enfance de monsieur Henry Guillabert (claviste, compositeur et arrangeur) du groupe Xalam 2. C’est ce dernier qui a influencé notre frère Papis le claviste qui disait depuis tout petit à notre papa qu’il voulait faire du piano comme tonton Henry. Notre papa aussi étant un éducateur lui avait trouvé un professeur du nom d’Oumar Sadio pour des cours de solfège. Quelques temps après nous faisions la connaissance de Aly Mbaye, c’est lui qui a formé le groupe en orientant chacun vers un instrument disant que ce n’était pas intéressant que tout le monde apprenne le clavier. C’est là d’où est venu le déclic. Il nous a initié et beaucoup appris sur les rudiments de bases théoriques et pratiques de chaque instrument mais aussi nous apprenait à reprendre des morceaux de Bob Marley, des standards de jazz, et des musiques françaises. C’est à partir de ce moment qu’on a commencé à faire de la scène. « La musique ne nous a pas empêché de suivre nos études scolaires normalement. Tous les membres de la famille ont eu des diplômes universitaires. » Cette année vous fêtez votre 23ème anniversaire. Quel Bilan tirez-vous de votre parcours ? Le bilan est assez positif parce qu’on a réalisé beaucoup de choses depuis nos débuts. Tout d’abord la musique ne nous a pas empêché de suivre nos études scolaires normalement. Tous les membres de la famille ont eu des diplômes universitaires. Ensuite depuis 2010, nous avons mis en place à Saint-Louis un studio d’enregistrement du nom de ‘’Diart-Diart Studio’’ qui nous permet de faire nos propres productions mais aussi et surtout qui a fait la production de beaucoup d’artistes de la ville du nord. A travers le studio nous avons permis à beaucoup de jeunes artistes sans moyens d’avoir un départ sur le marché artistique. Nous avons aussi déchargé beaucoup d’artistes saint-louisien qui allaient jusqu’à Dakar pour faire leurs enregistrements avec des coûts exorbitants juste pour la prise en charge de leur transport, hébergement et restauration. En somme notre studio participe au développement culturel de la ville. Enfin depuis l’obtention de nos diplômes d’étude, nous jouons tous les weekends dans les restaurants et bars de la place, ce qui participe à l’animation Biramawa Magazine-Page 59
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culturelle de la ville. On a pu créer un engouement au tour de nos concerts. De ce fait maintenant les gens sortent pour voir les groupes saint-louisiens en live alors qu’avant les gens préféraient les boites de nuit. Ce qui permet aussi aux jeunes musiciens de la ville de croire en eux et de ne pas fuir vers la capitale. Toujours par rapport à notre bilan nous avons autoproduit notre second album ‘’Gueum-Gueum’’ sorti en 2012 et un maxi de 4 titres en 2018. Nous avons réalisé durant 2 années successives 2018 et 2019 des évènements au Théâtre National Daniel Sorano couronnés de très grand succès et qui est en train de devenir le rendez-vous des saint-louisiens de Dakar. Actuellement nous sommes le groupe avec le plus grand nombre de vente de tickets à l’institut français de Saint-Louis. Donc nous pouvons dire que le bilan est positif même s’il nous reste encore beaucoup de choses à accomplir. « D’abord finaliser et sortir le 3ème album en 2021. » Quelles sont les perspectives d’avenir de l’orchestre Guneyi ? D’abord finaliser et sortir le 3ème album en 2021. Ensuite développer les évènements mis en place par le groupe. Il y a l’AG (l’anniversaire du groupe), cet événement a fait le plus grand nombre d’entrées depuis la création de l’Institut Français de Saint-Louis. Aussi il y a le WSS (Wanél Sa Sagnessé) organisé après chaque Page 60-Biramawa Magazine Quel message souhaitez-vous adresser à vos fans vivant au Sénégal et à l’étranger ? De s’abonner aux comptes du groupe sur les réseaux sociaux, de partager notre musique et de nous faire découvrir au monde entier. Orchestre GUNEYI de Saint-Louis Villa N° 292 HLM Sor Saint-Louis Tél : +221 77 632 46 88 ou 77 719 79 19 Email : guneyi@hotmail.fr Votre mot de la fin ? La patience est au bout de l’effort. Donc soyons patients et continuons à travailler… lendemain Tabaski et Korité où les gens sont habillés en tenues traditionnelles. D’autres nouveaux concepts et initiatives sont en cours surtout pour ce mois de Décembre. Biramawa Magazine-Page 61
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DIPLOVAR N°8 DiploVar ou un regard aiguisé sur l’actualité internationale Politique, Sciences Politiques, Relations Internationales, Humanitaire, votre nouvelle rubrique incontournable vous offre plus que des informations, une analyse pertinente des interactions géopolitiques qui vous entourent. Quoi de mieux qu’un résumé des points essentiels de l’actualité internationale des 15 derniers jours, des faits historiques, des portraits de personnalités ayant marqué l’histoire des relations internationales pour mettre à jour vos connaissances et rendre vos débats chocs d’idées. Les points saillants, les immanquables de l’actualité internationale vous seront présentés de façon succincte de telle sorte que rien ne vous échappera. Pour ce huitième numéro, une consultation du tableau de la VAR Diplomatique nous annonce les informations suivantes : MARADONA : Diego Armando Maradona est mort d'un arrêt cardiaque, a annoncé son porte-parole mercredi 25 novembre, confirmant une information de Page 62-Biramawa Magazine la presse argentine. Le décès s'est produit « à 12 heures » (15 heures GMT). Les résultats préliminaires de l'autopsie indiquent que Maradona est mort « d'un œdème pulmonaire aigu secondaire et d'une insuffisance cardiaque chronique exacerbée. Cœur avec cardiomyopathie dilatée ». Joueur starifié, incarnation de tous les excès, Diego Maradona avait ironiquement été contraint de célébrer presque seul son 60e anniversaire vendredi, confiné dans sa résidence au sud de Buenos Aires, cas contact d'une personne présentant des symptômes de Covid-19. Trois jours, comme la durée du deuil national décrété par la présidence d'un pays qui perd l'une de ses personnalités les plus adulées. Surnommé « El pibe de oro » (« le gamin en or »), le joueur passé par Boca Juniors, le FC Barce lone ou encore le SSC Napoli a marqué l'histoire du football de ses géniales arabesques. Son doublé inscrit face à l'Angleterre lors de la Coupe du monde 1986 est entré dans la légende de sport. Un premier but, inscrit de la main ; il parla après le match du rôle de « la main de Dieu » et un second au terme d'une folle chevauchée dans la défense anglaise, le « but du siècle ». BURKINA-FASO : Roch Marc Christian Kaboré a été réélu dès le premier tour avec 57,87 % des suffrages à la tête du Burkina Faso pour un second mandat, selon des résultats préliminaires communiqués jeudi 26 novembre par la Commission électorale. Les résultats doivent encore être validés par le Conseil constitutionnel après examen d’éventuels recours. Eddie Komboïgo, candidat du parti de l’ex-président Blaise Compaoré, arrive deuxième avec 15,48 % des voix, devant Zéphirin Diabré (12,46 %), considéré comme le chef de l’opposition jusque-là. Certains observateurs de la vie politique burkinabée anticipaient un scrutin plus serré, le premier mandat de Roch Kaboré ayant été marqué par la résurgence des violences ethniques et par la propagation d’insurrections islamistes qui concernent désormais une grande partie de l’Afrique de l’Ouest. Le double scrutin présidentiel et législatif s’était déroulé dimanche sous haute tension sécuritaire, le Burkina Faso vivant ses heures les plus sombres depuis l’indépendance, miné par des attaques de groupes djihadistes qui ont fait au moins 1 200 morts en cinq ans. NIGER: Décidément, 2020 est une hécatombe pour les anciens dirigeants. La liste des disparus ne fait que s'allonger : après les anciens présidents burundais, Pierre Nkurunziza en juin, et Maliens, Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré, en septembre et octobre, plus récemment le Ghanéen Jerry John Rawlings, sans oublier Sidi Ould Cheikh Abdallah, premier président de la Mauritanie, l'ancien chef de l'État du Niger entre 1999 et 2010, Mamadou Tandja, est le sixième ancien chef de l'État emporté par la grande faucheuse depuis le début de l'année. L'ancien président, qui a dirigé le pays de 1999 à 2010 et avait tenté de garder le pouvoir au-delà, Mamadou Tandja, est décédé mardi à Niamey. Mamadou Tandja a commencé à faire parler de lui en avril 1974 lorsqu’il participe au renversement du premier président du Niger indépendant, Diori Hamani, par le général Seyni Kountché (mort au pouvoir en 1987). Décédé mardi à l'âge de 82 ans, l'ex-président du Biramawa Magazine-Page 63
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Niger, reconnaissable par son éternel bonnet rouge sombre, était une figure célébrée pour sa lutte contre la pauvreté et son austérité, qui avait cherché à s'accrocher au pouvoir pour finalement être renversé par un putsch. USA: Donald Trump semble se résoudre à quitter le pouvoir. Le président américain a en effet assuré, jeudi 26 novembre 2020, qu'il quitterait « bien sûr » la Maison-Blanche si la victoire de Joe Biden à l'élection présidentielle était officiellement confirmée, tout en répétant qu'il pourrait ne pas reconnaître sa propre défaite. Interrogé sur le fait de savoir s'il quitterait la Maison-Blanche en cas de vote du collège des grands électeurs confirmant la victoire du démocrate, le républicain a promis : « Bien sûr que je le ferai. Et vous le savez. » Mais « s'ils le font, ils feraient une erreur », ajoutant : « Ce sera quelque chose de très dur à accepter », a-t-il ajouté. 25 NOVEMBRE : Ce 25 novembre s’est tenu, comme tous les Page 64-Biramawa Magazine ans, la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Depuis l’apparition de la COVID-19, les données et les rapports provenant de ceux évoluant en première ligne montrent que tous les types de violence contre les femmes et les filles, et surtout la violence domestique, se sont accrus. À mesure que les cas de COVID-19 continuent de mettre les soins de santé à rude épreuve, les services essentiels tels que les abris contre la violence domestique et l’assistance téléphonique ont atteint leur capacité maximale. Davantage doit être fait pour donner la priorité à la lutte contre la violence perpétrée à l’encontre des femmes dans la riposte contre la COVID-19 et les efforts de relèvement. La campagne Tous UNiS, d’ici à 2030, pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes du Secrétaire général des Nations Unies marque les 16 jours d’activisme contre la violence faite aux femmes (du 25 novembre au 10 décembre 2020) sur le thème global « Orangez le monde : Financez, intervenez, prévenez, collectez ! ». Par ailleurs, la campagne Génération Égalité d’ONU Femmes est en train d’amplifier l’appel lancé en faveur d’une action mondiale qui vise à combler les manques en matière de financement, d’assurer la fourniture des services essentiels aux survivantes de la violence pendant la crise de la COVID-19, de concentrer les efforts sur la prévention et de recueillir des données qui sont capables d’améliorer des services d’aide vitale aux femmes et aux filles. Pendant la période des 16 jours d’activisme, ONU Femmes tend le micro à des victimes, des activistes et des partenaires de l’ONU actifs sur le terrain, pour qu’ils racontent ce qui s’est passé après l’apparition de la COVID-19. Sources : les Podcasts Affaires étrangères et International de France Culture, le Point, le Monde, ONUFemmes Copyright Biramawa Magazine CONTACT : 77 610 69 70 EMAIL : STUDIO13SENEGAL@GMAIL.COM
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CV N° 10 Boubacar NDIR Economètre Statisticien Tu es à la recherche d’un emploi? Biramawa magazine met cet espace à ta disposition pour te permettre de proposer ton CV aux entreprises qui recrutent. Tu peux donc envoyer ton CV par e-mail : contact@biramawa.com Page 66-Biramawa Magazine FORMATION 2017 - 2019 :         UADB, Diourbel, Sénégal. Mémoire : Les déterminants de l’investissement domestique privé en Afrique : prise en compte de la dimension spatiale. Mention Bien. Boubacar NDIR 26 ans  Sénégalais  Célibataire ECONOMETRE STATISTICIEN Profil                                  Disponibilité :   Secteur d’activité :                 Contrat souhaité :      Temps de travail :        Contactez-moi                 Langue 2014 - 2017 :           UADB, Diourbel, Sénégal. Mémoire : Développement financier et croissance économique en Afrique de l’Ouest : quelques faits stylisés. 2014 :    Lycée de Mboro, Thiès, Sénégal. EXPERIENCE PROFESSIONNELLE Oct - Nov 2018 : Stage à Orabank - Direction de la clientèle                     Août - Sept 2020 : Stage à DataDevAfrica Consulting.             Oct 2020 - A date : Stagiaire assistant à la Direction des Risques Conformité et Contrôle Permanent à la Banque de Dakar.       COMPETENCES Econométrie           Evaluation d’impact       SIG           Planification opérationnelle       Recherche opérationnelle              d’ordonnancement Economie     l’Assurance   Enquête  Analyse et traitement de données  Modélisation  Statistique  Micro et Macroéconomie  Théorie des Jeux  etc. 95% Informatique                                              INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES Président de l’Amicale des Etudiants de Mboro à l’UADB (2019). CENTRES D’INTERET       Biramawa Magazine-Page 67

Magazine N°11 du 16 Novembre 2020


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SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE - ENTRETIEN EXCLUSIF M.Demba DIOP "Le Sénégal a enregistré des performances réelles en termes de croissance économique et de création d'opportunités pour les jeunes mais la demande reste entière." P.22 P.10 P.16 ENTRETIEN PORTRAIT Mme Fatoumata NDIAYE Conseillère en Emploi-Responsable du Programme des Centres d’Initiative pour l’Emploi Local (CIEL) "L’objectif général des Missions locales pour l’Emploi et l’Entrepreneuriat est de renforcer la territorialisation des initiatives de création d’emploi..." AVIS D'EXPERT Professeur Aly TANDIAN P.44 DÉCOUVERTE Mame Anta Loum Président de l'observatoire sénégalais des migrations Fondatrice de K&R Design "K&R Design est une société de conseil en design intérieur." Page 2-Biramawa Magazine-Novembre 2020 SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE - - - - SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE P.7 ÉDITO Waly NDIAYE Fondateur de Biramawa Et si l'emploi était notre fer de lance ? P.8 ÉDITION SPÉCIALE Michèle BURON-MILLET Appel aux dons Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour P.20 LE COIN D'AUTRUI Ayoba FAYE Journaliste d’investigation-Rédacteur en chef Pressafrik " Nous présentons nos sincères condoléances à toutes les familles qui ont perdu un proche dans la mer." P.34 VEILLE ET INTELLIGENCE DES AFFAIRES Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB L'entrepreneuriat - SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 3
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Serigne Amar Mbacké SARR Chercheur en Droit privé Expert maritime en formation Ayoba FAYE Journaliste d’investigation Rédacteur en chef Pressafrik Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB Omar Mallé SAKHO Doctorant à l’Université Cheikh Anta Diop Laboratoire LARHISA. Thierno NGAMB Agronome Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience Guilaye TINE Designer-Digital Marketer-Telemarketer CEO IN'FINITY Djiby SADIO Photographie CEO Studio 13 Alioune FALL Juriste d’Affaires Inspecteur du travail et de la sécurité Sociale Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires Étrangères Docteur Benjamin NDOUR Médecin généraliste Khadime SENE Educateur Spécialisé au Ministère de la Justice Marianne SECK Docteur en droit de l’environnement et de la santé Ousseynou GUEYE Responsable communication chez Afric’innov et fondateur de Polaris asso Nafissatou NDAO Responsable des Ressources Humaines-FAMY SENEGAL Dr Jean Sibadioumeg DIATTA Spécialiste en communication Aïcha KASSE LAWSON Présidente & Fondatrice de l'association Dunya-Ethic contactez-nous: contact@biramawa.com Adresse postale : Île-de-France, France Éditeur : Waly NDIAYE Page 6-Biramawa Magazine-Novembre 2020 L’ÉQUIPE BIRAMAWA EDITO Et si l’emploi était notre fer de lance ? Chers abonnés, abonnées Avant toute chose, je m’incline devant la mémoire de ces jeunes sénégalais victimes de l’émigration clandestine. Le Sénégal vit des jours très sombres marqués par le désir des jeunes de quitter le navire au prix de leurs vies. Acte de suicide, Acte de bravoure ou Acte de désespoir ? Une chose est sûre, mes compatriotes sont, à tort ou à raison, en quête d’un emploi stable, en quête de moyens pour subvenir aux besoins de leurs familles. Je suis donc convaincu que des opportunités professionnelles à la portée des plus aux moins diplômés, la défense des ressources nationales et le développement de l’expertise locale, contribueront considérablement à réduire le phénomène de l’émigration clandestine. Une attention particulière devant, aussi, être portée à ces jeunes qui, comme Mame Anta LOUM, fondatrice de K&R Design, ont jeté leur dévolu sur l’épineuse voie de l’entrepreneuriat. Chers tous, nous allons aborder, dans ce numéro, l’importante question de l’emploi au Sénégal et de l’émigration clandestine. Et ce grâce au concours de Monsieur Demba DIOP, Ancien Directeur de l’Emploi du Sénégal, de Madame Fatoumata NDIAYE, Responsable du programme des Centres d’Initiative pour l’Emploi Local et de Professeur Aly TANDIAN, Président de l’Observatoire sénégalais des Migrations, que je remercie au passage. Bonne lecture ! Fondateur Biramawa Magazine Waly NDIAYE Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 7
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ÉDITION SPECIALE Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Le magazine Biramawa à travers sa rubrique " Edition spéciale "a souhaité donner la voix à la Pouponnière "Vivre Ensemble "de Mbour. Créée en 2002 la pouponnière est un "lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman ". Confrontée à des difficultés à cause de la crise sanitaire, la pouponnière fait appel à toutes les bonnes volontés. Vivre Ensemble – La Pouponnière de Mbour La Pouponnière de Mbour a vu le jour en Janvier 2002, Michèle BURON-MILLET en est la créatrice. C’est un lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman. Elle permet aux orphelins de mère ou aux enfants dont la maman ne peut pas s’occuper (pour des raisons gravissimes), de vivre protégés, leurs premières années de vie si fragile, avant de regagner leur famille au bout d’un à deux ans. Très rapidement, l’association se développe et il apparaît que tous les enfants ne peuvent rentrer chez eux (rejet de la famille ou mauvaises conditions d’accueil). En 2003, les Unités Familiales sont créées pour prendre le relais et s’occuper de ces enfants qui sortent de la Pouponnière, mais ne peuvent pas rentrer en famille. Avec le temps la Pouponnière a acquis une certaine notoriété au vu du sérieux des professionnels. Aujourd’hui la Pouponnière compte 136 salariés et 148 enfants. Vivre Ensemble c’est aussi et avant tout un séjour de rupture, crée en 2001 pour des jeunes français en difPage 8-Biramawa Magazine-Novembre 2020 ficultés. Ils restent durant 9 mois et participent à des chantiers humanitaires (reconstruction, réhabilitation dans les villages ), ils sont aussi amenés à faire un stage dans la pouponnière. L’objectif étant de les remobiliser et de les valoriser à travers l’aide apporté à la population locale défavorisée. Le projet est double et complémentaire, en effet une grande partie du financement des frais de fonctionnement de la Pouponnière provient du séjour de rupture lui même. En raison de la situation sanitaire mondiale l’équipe de direction de Vivre Ensemble a dû prendre des mesures rapidement. Début mars l’association s’est vue fermer ses portes aux visiteurs, nombreux chaque jour et en provenance d’Europe. Il a fallu ensuite faire de même pour l’accueil des bénévoles, une quarantaine par mois à nous apporter leur soutien. Enfin depuis maintenant le mois de mars le confinement des enfants et du personnel c’est organisé. Notre souhait comme toujours est de préserver nos enfants, mais aussi le personnel qui s’en occupe. Nous avons réussi à composer une équipe de volontaires pour rester confinés. Aujourd’hui 250 personnes sont au centre, dont 148 enfants. L’ensemble du personnel est mutuellement très solidaire, ils sont comme une grande famille. Et ce malgré l’inquiétude pour leur famille respective à l’extérieur. Nous nous devons maintenir les salaires. Pour les salariés sur place mais aussi tout ceux, qui de chez eux, sont au chômage technique et pour qui nous souhaiterions maintenir le salaire initial. Nous devons aussi assurer l’approvisionnement de l’association en denrées alimentaires, produits d’entretien, d’hygiène, médicaments. Cette situation engendre une augmentation considérable nos dépenses quotidiennes, pour lesquelles nous avions déjà des difficultés de prise en charge tout au long de l’année. Du fait de l’absence de visiteurs et de bénévoles, nous constatons une baisse des dons au quotidien. Nous gardons aussi en tête que les jeunes accueillis en séjour de rupture peuvent à tout moment être rapatriés en France, en fonction de l’ évolution de la situation. L’avenir de la Pouponnière en deviendrait alors très incertain. Nous sommes en permanence à la recherche de soutien pour nous aider dans la prise en charge des frais de fonctionnement et le maintien des activités de l’association. Les sources de financements : (Budget total annuel 291 332 806 FCFA) ‒ Vivre Ensemble Madesahel, séjour de rupture : 44 % du budget total de la Pouponnière. ‒ L’état Sénégalais 10 000 000 CFA ‒ L’association Louly l’Ecole au Sénégal , tous les frais liés à la scolarité des enfants : 5 262 087 FCFA (année scolaire 2018-2019) ‒ La Banque Mondiale 4 520 000 CFA en 2019 ‒ 270 parrains pour environ 51 085 900 CFA par an ‒ Le reste des financements dépendent des dons de particuliers et entreprises. Nous contacter : ‒ Accueil : + 221 33 957 31 36 ‒ E-mai : contact@lapouponnieredembour.org ‒ Responsable communication : Arnoult Mathilde ‒ Tel : + 221 77 881 83 60 Nous aider : ‒ Orange Money : + 221 77 500 19 32 ‒ Faire un don en ligne :https://www.helloasso.com/ don/associations/vivre-ensemble-la-pouponniere ‒ Notre site Voici quelques chiffres : Effectif de la Pouponnière : ‒ La Pouponnière : 91 bébés de 0 à 2 ans. ‒ Les Unités Familiales : 37 enfants de 2 à 6 ans. ‒ La Grande Enfance : 20 enfants de plus de 6 ans. ‒ Enfants accueillis en ce moment : 148 ‒ Enfants accueillis et sauvés depuis janvier 2002 : 1 260 ‒ Employés à la Pouponnière : 136 pouponnieredembour ‒ Devenir parrain ‒ Faire un don par virement bancaire : IBAN : FR76 4255 9100 0008 0040 4472 464 BIC : CCOPFRPPXXX Intitulé du compte : Vivre Ensemble, la Pouponnière internet: http://www.lapouponnieredembour.org ‒ Notre page facebook: https://www.facebook.com/ Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 9
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Mme Fatoumata NDIAYE Conseillère en Emploi-Responsable du Programme des Centres d’Initiative pour l’Emploi Local (CIEL) ENTRETIEN PORTRAIT Pour ce numéro 11 de votre magazine, nous sommes allés à la rencontre de Madame Fatoumata NDIAYE, Conseillère en Emploi et Responsable du Programme des Centres d’Initiative pour l’Emploi Local (CIEL). Madame NDIAYE a bien voulu nous présenter son parcours du Lycée Mame Cheikh MBAYE de Tambacounda au Ministère de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne en passant par l’Ecole nationale des Travailleurs sociaux spécialisés (ENTSS). Elle est également revenue plus en détails sur le Programme des Centres d’Initiative pour l’Emploi Local (CIEL). Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Je suis Fatoumata NDIAYE, une citoyenne sénégalaise, engagée aux questions de développement social, d’entrepreneuriat féminin et d’égalité et d’équité de genre, convaincue que les femmes doivent être associées à tout parce qu’elles peuvent faire énormément de choses. Quelles sont les grandes lignes de votre parcours ? A la suite de l’obtention de mon Baccalauréat scientifique au lycée Mame Cheikh Mbaye de Tambacounda en 2011, j’ai intégré la Faculté des Sciences et Techniques de l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar. En deuxième année de formation en Biologie, Chimie et Géoscience, j’ai été admise au concours d’entrée à l’Ecole nationale des Travailleurs sociaux spécialisés (ENTSS) où j’ai obtenu le Diplôme d’Etat en Travail Social en 2016. “Je suis… jeunes porteurs de projets professionnels et de les préparer à une intégration réussie au marché du travail. Après deux ans d’animation et d’activités de terrain dans presque toutes les régions du Sénégal, j’ai été promue pour occuper le poste de Responsable de Suivi-évaluation (RSE) qui m’a amené à faire un MBA en Management de Projet à l’Institut Supérieur de Management (ISM) pour renforcer mes compétences dans ce domaine. convaincue que les femmes doivent être associées à tout parce qu’elles peuvent faire énormément de choses.. " En 2017, j’ai été recruté au Ministère de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne (MJECC) à la Direction de l’Emploi en qualité de Conseillère en Emploi en vue d’accompagner les Actuellement, je suis Responsable du Programme des Centres d’Initiatives pour l’Emploi local (CIEL), chargé de territorialiser la prise en charge des préoccupations des demandeurs d’emploi à l’échelle nationale. Vous êtes donc conseillère en Emploi à la Direction de l’Emploi du Sénégal ? Comment décririez-vous ce métier ? Le conseiller en emploi exerce des missions opérationnelles dans le champ du marché du travail, notamment en matière d’insertion, d’intermédiation, d’information et de suivi/accompagnement. Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 11
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Il est un acteur intermédiaire de terrain qui est en contact permanent avec les usagers du service public de l’emploi. Il conseille et propose des actions d'accompagnement vers l’emploi, de maintien et de retour en emploi des personnes en âge de travailler (15-64 ans). Pour les primo-demandeurs d’emploi (ceux qui n’ont jamais travaillé) et les chômeurs de longue durée, il assure l’encadrement et fournit les informations et les contacts susceptibles de leur faciliter l’accès à un emploi. Parallèlement, le Conseiller réalise des prospections d’entreprises pour une assistance dans leur recherche de ressources humaines de qualité favorisant l’insertion professionnelle des chercheurs d’emploi. “ L’objectif général des Missions locales pour l’Emploi et l’Entrepreneuriat (MILE) est de renforcer la terriLa Direction de l’Emploi vous a confié le Programme des Centres d’Initiative pour l’Emploi Local (CIEL). Pouvez-vous revenir sur la genèse de ce programme ? torialisation des initiatives de création d’emploi et de consolider la synergie conciliation entre la croissance économique et la grande disponibilité d’emplois. " La promotion de l’emploi a toujours figuré parmi les grands objectifs du Gouvernement du Sénégal. Cependant, les politiques de croissance économique avaient surtout pour but de favoriser l’augmentation du produit intérieur brut. De ce fait, il n’était donc pas mis en place les mécanismes nécessaires pour que la croissance génère des emplois en quantité et en qualité répondant significativement à la demande sociale en la matière. C’est pourquoi, l’emploi est érigé au rang de super-priorité dans le Plan Sénégal émergent (PSE) à travers lequel le Gouvernement s'est résolument engagé à promouvoir la création massive d’emplois décents et durables grâce à la croissance et transformation structurelle de l’économie. Par ailleurs, avec la loi 2013-10 du 28 décembre 2013, le Sénégal a adopté une grande réforme de la gouvernance locale avec l’Acte III de la Décentralisation. Cette loi consacre le département, non plus comme simple découpage administratif, mais comme collectivité locale, avec les prérogatives d’une personne morale de droit public. En outre, lors du Conseil des Ministres du 13 septembre 2017 le Chef de l’Etat a demandé au Gouvernement de mettre en place, dans chaque commune, une Mission locale pour l'Emploi et l'Entreprenariat des jeunes (MILE) chargée d'optimiser, à la base, les stratégies et outils de promotion de l'emploi. Page 12-Biramawa Magazine-Novembre 2020 C’est dans cette logique que le Ministère en charge de l’Emploi à travers la Direction de l’Emploi a initié le programme des Centres d’Initiatives pour l’Emploi local (CIEL) qui met en place des Missions locales pour l’Emploi et l’Entrepreneuriat (MILE) afin de promouvoir l’emploi au sens large et de lutter activement contre le chômage et l’émigration clandestine des populations locales. Quels sont les objectifs du programme CIEL ? L’objectif général des Missions locales pour l’Emploi et l’Entrepreneuriat (MILE) est de renforcer la territorialisation des initiatives de création d’emploi et de consolider la synergie d’ensemble favorisant une meilleure conciliation entre la croissance économique et la grande disponibilité d’emplois. Plus spécifiquement, elles visent : le renforcement de l’attractivité des territoires à travers la promotion des gisements et bassins d’emplois et l’entrepreneuriat ; la lutte contre le chômage, le sous-emploi et les discriminations ; l’intervention ciblée contre les déterminants de la migration professionnelle irrégulière. Quelles sont les activités et les actions que vous comptez mettre en œuvre ? Pour l’atteinte des objectifs susmentionnés, nous effectuons des démarches auprès des autorités administratives déconcentrées et locales pour la mise à disposition de locaux et l’implication des acteurs à la base. Il est, ensuite, question d’installer et d’équiper 45 Missions locales pour l’Emploi et l’Entrepreneuriat (MILE), soit une MILE par département. Nous travaillons aussi à la mise à disposition de ressources humaines pour la prise en charge des préoccupations locales des jeunes et demandeurs d’emplois partenarial et travaillent aussi bien à la définition des stratégies locales qu’au suivi des activités des structures partenaires en matière de création d’emplois. Etant le service public local de l’emploi, par excellence, et un démembrement du Ministère en charge de l’Emploi, la MILE a la mission de coordination globale des questions d’emploi au niveau local sous l’autorité du Préfet du département. “On ne peut ou porteurs de projets. Dans la mise en œuvre des programmes locaux de développement de l’emploi, les MILE maillent également le tissu pas parler de numérique si l'électricité n'est pas accessible de partout. Après, l’accès et la cherté du coût d’accès à Internet sont des freins pour le développement du numérique éducatif. " Quel est le périmètre du programme CIEL ? Est-ce que le programme concerne tout le territoire national ? Le Programme intervient sur l’ensemble du territoire national à travers la mise en place de services public de l’emploi de proximité dans les collectivités territoriales. Dans un premier temps, il s’agira de s’installer dans chacun des 45 départements du Sénégal avant d’avoir des antennes dans les communes. Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 13
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Qu’en est-il alors de la Diaspora sénégalaise ? La Diaspora se définit comme la quinzième région du Sénégal ; moi, je dirai la première région même du pays. Le Sénégalais, où qu’il se trouve, pense au Sénégal et veut développer quelque chose pour lui-même ou pour sa famille. Nous offrons notre éventail de services aussi à ces migrants investisseurs à partir de l’étranger ou de retour pour s’installer définitivement. A ce niveau, l’accompagnement est plus manifeste dans le domaine de l’entrepreneuriat c’est-à-dire l’auto-emploi. “Le ProVu l’ampleur du programme, nous imaginons que vous allez vous appuyer sur des partenaires. Quelles sont les organisations publiques et privées impliquées ? Effectivement, le programme préconise le développement de synergies et de complémentarités avec les acteurs opérant au niveau local. Il s’agit, spécifiquement, des services déconcentrés de l’Etat intervenant dans le développement local, en général, et dans l’insertion professionnelle durable des jeunes, en particulier ; les entreprises ; les Organisations non gouvernementales (ONG) ; les Organisations communautaires de Base (OCB). Aujourd’hui, notre partenaire le plus dynamique reste le Centre d’études et de Coopération internationale (CECI) du Canada. Le secteur privé national nous accompagne très activement aussi dans le cadre de l’insertion des jeunes en demandes de stages et d’emploi à travers la Convention nationale Etat-Employeurs pour la promotion de l’Emploi (CNEE) mis en place depuis 1987. Ce dispositif qui est le plus ancien au Sénégal reste le plus efficace pour l’insertion professionnelle des jeunes. Page 14-Biramawa Magazine-Novembre 2020 gramme intervient sur l’ensemble du territoire national… " Pour les jeunes qui souhaitent bénéficier du programme, quelle est la marche à suivre ? Le programme cible toutes les personnes en âge de travailler au niveau déconcentré. Les jeunes souhaitant bénéficier d’un accompagnement vers l’insertion doivent se rapprocher des Missions locales pour un rendez-vous et un enregistrement. Ils sont, à la suite, suivi de façon personnalisé jusqu’à gain de cause. En outre, les représentations locales du Conseil national de la Jeunesse (CNJ) constituent l’interface entre le programme et les jeunes. On constate un engouement pour l’entrepreneuriat chez les jeunes. Qu’est-ce que cela vous inspire ? “L’inadéquation entre la formation et les besoins du marché " constitue l’un des facteurs explicatifs du chômage au Sénégal. Aujourd’hui, les entreprises sont presque saturées car elles ne sont pas aussi nombreuses. Il y a un tissu économique faible au niveau national dominé par le secteur informel. Le nombre de jeunes demandeurs d’emploi est largement supérieur aux capacités d’accueil des entreprises. Des espoirs renaissent avec le Plan Sénégal Emergent (PSE), la découverte du pétrole et du gaz, les investissements de l’Etat et l’attractivité de l’économie nationale. Par ailleurs, les jeunes ne sont pas suffisamment armés par les écoles pour aller vers l’entrepreneuriat qui pourtant reste une option sérieuse à emprunter. Les jeunes pourraient non seulement se créer leurs propres emplois mais aussi employer d’autres jeunes. Le jeune sénégalais est ingénieux et a un goût affirmé de l’innovation et cela rassure quant à la floraison des start-ups et des entreprises individuelles qui règlent aussi beaucoup de problèmes et besoins locaux. Les nouveaux programmes de l’Etat comme des partenaires techniques et financiers sont orientés vers l’entrepreneuriat dans lequel les femmes excellent déjà. nin (FNPEF). Les instituts de formation doivent être contrôlés aussi du point de vue des contenus des curricula et de la qualité des diplômes. Les entreprises pourront davantage s’impliquer avec des incubateurs pour mieux accompagner l’entrepreneuriat sectoriel. La fibre entrepreneuriale aussi doit être développée dans nos écoles primaires et collèges, en premier. Il ressort des interviews réalisées par le magazine qu’entreprendre au Sénégal « relève du parcours du combattant ». Quelles sont vos préconisations pour une meilleure promotion de l’entrepreneuriat au Sénégal ? Pour une meilleure prise en charge de la question de l’entrepreneuriat, il est nécessaire de favoriser, d’une part, le renforcement du service public de l’emploi favorable à un accompagnement rapproché des entrepreneurs ou porteurs d’idées de projet vers le développement des soft-skills clés et, d’autre part, la mise en place d’un mécanisme de subvention avec un réel suivi des bénéficiaires. Il faudrait également appuyer largement des initiatives comme le Programme Sénégalais pour l’Entrepreneuriat des Jeunes (PSE-J) et le Fonds national de promotion de l’entrepreneuriat fémiQuel est votre message pour ces jeunes élèves et étudiants en quête de vocation et qui nous lisent ? L’inadéquation entre la formation et les besoins du marché constitue l’un des facteurs explicatifs du chômage au Sénégal. En effet, il y a soit un nombre trop élevé des diplômés dans des métiers qui ne recrutent pas beaucoup ou encore des diplômes qui ne correspondent pas pour leur majorité aux besoins opérationnels, pratiques et techniques des entreprises. Il s’y ajoute que les apprenants choisissent délibérément des matières qu’ils jugent faciles en ignorant complètement les réalités du marché du travail. Quoi qu’on dise, un bon projet professionnel doit être muri à partir du collège ou encore du lycée. L’orientation professionnelle est essentielle pour le choix de carrière, dans le processus de formation et le parcours d’insertion. Des services sont dédiés à cela et il faut que les jeunes aillent vers l’information, fréquentent les structures d’orientation et suivent les conférences et ateliers d’accompagnement vers l’entrepreneuriat ou l’emploi plus globalement. Bref, je les encourage et les recommande à se consacrer sérieusement à la quête du savoir pour être parmi les meilleurs et à cultiver en permanence la confiance en soi, l’endurance, la persévérance, l’optimisme et – surtout – la patience. Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin ? Je remercie le Magazine Biramawa pour l’intérêt porté sur ma modeste personne et pour la bonne orientation du Magazine. Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 15
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AVIS D’EXPERT Professeur Aly TANDIAN Président de l'observatoire sénégalais des migrations Aly TANDIAN est Professeur Titulaire des Universités (CAMES), il a soutenu une thèse de Doctorat en Sociologie des Migrations à l’Université de Toulouse 2 en France où il a enseigné durant plusieurs années avant de rejoindre le Département de Sociologie de l’Université Gaston Berger (Sénégal) où il a créé le Laboratoire des Études et Recherches sur les Migrations. Il est le président de l’Observatoire Sénégalais des Migrations. Auteur de plusieurs publications scientifiques, Prof Aly TANDIAN a aussi bénéficié de nombreuses distinctions internationales. A ce jour, il a encadré des thèses de doctorat au Sénégal, en Espagne et en France. Dans cet entretien accordé au magazine Biramawa, Professeur TANDIAN a bien voulu aborder la question de la recrudescence de la migration irrégulière au Sénégal. Page 16-Biramawa Magazine-Novembre 2020 Comment expliquez-vous la recrudescence de la migration irrégulière ? Nous assistons depuis quelques jours une forte médiatisation des départs des pirogues à partir des côtes sénégalaises vers l’Espagne, on pourrait parler de recrudescence ou de regain mais faut-il que l’on soit d’accord qu’il n’y a pas eu arrêt des départs des candidats aux voyages irréguliers. Je pense qu’après Barca ou Barsaax, les routes du désert ont été engagées avec une forte affluence. Seulement sa médiatisation a connu moins d’effet parce qu’entre autres raisons, il y a la loi 36-2015 au Niger qui a criminalisé les voyages irréguliers vers l’Europe ensuite on ne connaît pas assez le nombre de victimes dans le désert. “Au Sénégal, le retour du migrant réussi a une forte in" fluence sur les candidats aux voyages et sur la communauté où il vit. Leurs propos rapportés font d’eux des super héros, partis les mains vides mais revenus avec un succès rayonnant sans surtout l’aide de l’État ou des politiques. C’est en partie ce qui explique souvent cette fracture entre la diaspora et politiques. Il faut signaler qu’en plus du retour, il y a d’autres migrants depuis leurs pays de transit ou d'établissement qui envoient des photos ou des vidéos grâce aux réseaux sociaux montrant une vie facile avec le bonheur en abondance alors qu’il n’en est rien du tout. Voilà autant d’éléments qui font qu’à partir du pays d’origine, le Sénégal, l’Europe est perçue comme un Eldorado, le lieu où il faut se rendre pour se réaliser. En clair, le voyage pour de nombreuses populations sénégalaises n'est pas simplement synonyme d'acquisition d'un travail stable mais il symbolise parfois la voie à entreprendre pour faire fortune et acquérir aux yeux de ses pairs un prestige social. L’Europe, une réponse aux flux migratoires irréguliers actuels ? Au Sénégal, le retour du migrant réussi a une forte influence sur les candidats aux voyages et sur la communauté où il vit. Cette influence est à la fois matérielle et immatérielle. Au-delà de la maison construite au retour et autres biens (voitures, bijoux, habits, etc.), le migrant grâce à son succès connaît une mobilité sociale et il en fait profiter aux membres de sa famille. Ainsi, la réussite du migrant est une sorte de capital social ou une carte à exhiber pour rappeler sa position sociale. Autre élément, le migrant de retour ne parle jamais de ses difficultés ou de ses souffrances sauf s’il a envie de se victimiser pour rappeler le mérite de son succès. A part cela, le migrant de retour ne montre que de belles photos et souvent celles prises à côté de bâtiments ou d’édifices emblématiques comme la Tour Eiffel, les Champs Élysées, etc. pour ceux qui sont en France. Europe en crise mais les Sénéga“Chez certaines ethnies, « migrer est un devoir » qu’on ne " cesse de rappeler aux jeunes à chaque fois que l’occasion se présente.. lais préfèrent partir ? Vous savez le mythe de l’Eldorado ne va pas si vite s’effondrer malgré le fait que l’Europe soit en crise. Et puis, pire, les pirogues sénégalaises qui s'échouent sur les côtes espagnoles ne font que nous édifier sur l'intensité du désir de chercher fortune en Europe par les candidats à la migration. Il nous faut reconsidérer notre lecture sur le fait migratoire d’autant plus que dans le système langagier sénégalais des proverbes sont annoncés - çà et là – pour faire l'apologie du voyage ou des migrants. Chez certaines ethnies, « migrer est un devoir » qu’on ne cesse de rappeler aux jeunes à chaque fois que l’occasion se présente. S'il est récurrent d'entendre dire chez les Haalpulaar « Si tu as un fils laisse le partir, un jour il reviendra soit avec de l'argent soit avec le savoir ou bien avec les deux ». Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 17
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À l’occasion des festivités culturelles ou des grands évènements Haalpulaar comme les cérémonies de mariages ou encore lors du retour d’un émigré qui a réussi, les griots (Awloubé) chantent les louanges de ce dernier et en présence de ses amis qui n’ont jamais migré. Les propos souvent mis en exergue sont "So bobo yonti yo yillo ("À un certain âge, il faut aller chercher ailleurs") ou encore "Mo ɗannaki nénémum adoyta mandat" ("Quiconque n’a pas migré, sa maman ne se pointera jamais à un bureau de poste pour retirer un mandat (de l’argent)"). De tels propos sont devenus des dictons qui peuvent véritablement motiver une personne à migrer. Les populations Wolof se plaisent à dire « Celui qui ne voyage pas ne connaîtra jamais là où il fait meilleur à vivre » alors que pendant longtemps les Soninké soutenaient « Aller à Bordeaux ou mourir ». Ces maximes façonnent les représentations sociales, traversent la conscience collective des populations locales et contribuent en partie à l'envie du voyage. C'est ainsi que l'Europe a longtemps représenté la destination de rêve pour la majeure partie des populations sénégalaises. Cette envie de migrer s'est davantage accentuée avec l'impact des chaînes de télévision à grande audience sur les populations qui ne fait qu'aviver cette illusion. Le postulat présentant la recherche des meilleures conditions de vie comme une des causes profondes de la migration n'est plus à négliger. Il trouve son fondement dans la dégradation persistante des structures sociopolitiques et économiques locales mais aussi dans la non-productivité de la pêche qui n'attire plus de nombreuses populations qui choisissent de migrer pour améliorer leur quotidien. La rumeur aidant, nombreux sont les jeunes qui ont espéré qu'en Europe, ils peuvent réussir à faire leur vie comme tous ces migrants qui sont revenus au Sénégal avec argent, voitures, pour construire de belles maisons et organiser de grandes cérémonies. La société respecte plus celui qui a migré que celui qui est resté au pays ? Avec la migration, le migrant gagne l’estime, la considération et le respect de ses pairs. Il faut non seulement partir mais il est possible de faire des activités sans aucune pression sociale. Avec centaines pesanteurs sociales, des populations ne peuvent pas faire cerPage 18-Biramawa Magazine-Novembre 2020 taines activités dans leur pays d’origine. Pour preuve, les femmes sénégalaises qui s’activent dans la coiffure aux États-Unis ou au niveau des plages européennes ne peuvent pas exercer les mêmes activités au Sénégal parce que celles-ci sont associées à un groupe social. Nous avons une société avec ses manières de filtrer et de distribuer les stigmates. Nous avons une société avec ses référentiels de réussite. La réussite avec un temps long par l’école est moins appréciée que la réussite avec un temps court par le voyage. Et combien de fois dans cette société sénégalaise on rappelle aux jeunes « Avoir de la chance, c’est mieux qu’avoir une licence ». Quelles peuvent être les conséquences de ces départs des jeunes pour le Sénégal ? La majeure partie des jeunes qui partent sont des soutiens de famille ou encore leur famille mobilise les ressources disponibles pour financer leur voyage. Par conséquent, leur famille risque de se retrouver dans une précarité. Ils sont vendeurs ambulants, pécheurs, mécaniciens, transporteurs, etc. brefs, des bras valides et utiles à leur pays. Leur départ est une lourde perte quel que soit l’effectif. « Il faut une politique d’emploi qui répond aux réalités territoriales. Pour cela, il faut intégrer la recherche dans les décisions politiques précises. » Comment appréciez-vous les actions entreprises par l’État du Séune certaine hybridité qui nous expose à un matérialisme bien voilé. Il y a une sorte d’auto-duperie qui nous fait croire une solidarité sans faille et une acceptation de l’autre sans attente. Non, nous vivons hélas dans une société où les activités interactionnelles n’ont pas toutes un prix mais souvent un coût. Par conséquent, il faut une place, et la meilleure possible, pour être. En résumé, on est parce qu’on a ! Voilà cette société pressée que nous avons, une société violente et très agressive à l’endroit de sa jeunesse alors que dans nos institutions publiques ou privées la moyenne d’âge dépasse de loin les 50 ans. négal pour endiguer le phénomène ? Compte tenu de la faible capacité du secteur formel à offrir une réponse adéquate à la forte demande d’emplois des jeunes, le Sénégal a mis en place une politique nationale de l’emploi orientée essentiellement vers la question des jeunes. Dans ce cadre, des projets, programmes et Fonds destinés à l’insertion des jeunes sont mis en œuvre au cours des dernières années. Le développement de ce dispositif et la hausse du nombre de jeunes qui y ont recours ces dernières années, ont nécessité́ une mobilisation importante de ressources. Ainsi, compte tenu des masses budgétaires engagées et du nombre de jeunes concernés, la question de l’efficacité du dispositif mis en place et plus particulièrement celle de son impact sur l’amélioration de la situation des jeunes sur le marché du travail demeure une préoccupation centrale car les migrations des jeunes ne cessent de prendre des proportions importantes. C’est bien de créer des agences mais l’idéal est d’encourager l’esprit créatif et innovant des jeunes sans besoin de vouloir tous en faire des agriculteurs ou des aviculteurs. Il faut une politique d’emploi qui répond aux réalités territoriales. Pour cela, il faut intégrer la recherche dans les décisions politiques précises. Quelle est la responsabilité de la société sur les voyages ? Pour les candidats à la migration, le voyage vers l'Europe constitue un abrégé possible vers la réussite économique absolue sans laquelle ils auront perdu leur dignité sociale dans une société sénégalaise devenue de plus en plus une société où domine le paraître. Vous savez nous avons une société en parfaite évolution avec “Il faut enQuel rôle devra jouer l'État pour arrêter l'hémorracourager la méritocratie et surtout aménager l’environnement pour la recherche d’emploi. " gie ? Cette situation de "manque d’emploi" et par conséquent de "manque de revenus" revient dans les propos de certaines personnes interrogées. D’autres jeunes plus nuancés soutiennent qu’ils ne sont actifs que durant la saison des pluies (4 à 5 mois) et restent sans travail durant une longue période de l’année, la saison sèche (7 à 8 mois). Il faut encourager la méritocratie et surtout aménager l’environnement pour la recherche d’emploi. Des projets sont mis en place mais les conditions d’accès sont souvent hors de portée et ils ne sont pas que les compétences. Il faut être dans les réseaux complexes ou être supportés ou sponsorisés politiquement par un « long bras ». Dommage ce n’est pas possible pour tout le monde. Faut-il le rappeler, dans certaines de nos sociétés, le voyage est initiatique et fait partie de la socialisation secondaire. Dit-on d’ailleurs qu’ « on est homme parce que l'on a voyagé ». En résumé, je pense qu’il y a urgence de repenser la migration en prenant à témoin les dimensions socio anthropologiques tout en refusant de se limiter à l'analyse matérialiste qui parfois pousse nos acteurs politiques ainsi que leurs partenaires à s’engager en toute naïveté à la « gestion sécuritaire » et à la « diplomatie du chéquier ». Nos sociétés ont besoin urgemment d’une "gouvernance des migrations » car le voyage est un fait social total au sens anthropologique du terme. Mais bon tout cela ne peut être réalisable que lorsque la migration est intégrée dans nos agendas politiques, sans me tromper ce n’est pas encore le cas. Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 19
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LE COIN D’AUTRUI "Nous présentons nos sincères condoléances à toutes les familles qui ont perdu un proche dans la mer." Bonzzzooouuurrr Warahmatullah chers lecteurs et lectrices de Biramawa... I l n’y a pas d’antalgique assez puissant pour soigner le Désespoir. Il n’y a que le temps pour y remédier. Les conditions peuvent être très difficiles. Tous les canaux et issus bouchés. L’environnement hostile, l’horizon obscur. Mais les remèdes extrêmes ne doivent jamais être une option. Pour chacun de nous, il y a eu des moments très durs où les obstacles se sont enchaînés devant chacune de nos entreprises pour freiner notre élan. Il y en aura encore sur le chemin qu’il nous reste à parcourir. Oui, d’ailleurs des obstacles, il y en aura toujours. Mais aucun d’entre eux n’est insurmontable. Parce que pour ceux qui croient, « Dieu n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité ». Ce qu’il faut, c’est aller chercher la force minimale pour FAIRE FACE. La meilleure manière de surmonter les épreuves, c’est de les lier à notre quotidien d’homme. Ainsi, nous préparons notre mental et notre corps à les affronter. Mais attention, les épreuves (ou problèmes pour faire simple), il faut également les classer par ordre de priorité dans l’échelle de la fameuse Pyramide de Maslow. Faire d’abord de nos besoins primaires et physiologiques une priorité absolue nous aiderait mieux à affronter les autres problèmes avec plus de force physique et tranquillité d’esprit. Le plus dur aujourd’hui, pour les jeunes gens et autres personnes en âge de s’affirmer, c’est d’affronter les pesanteurs sociales. Le regard des autres qui comparent, qui jugent, qui scrutent et épient les tares et faux-pas. Comment bien faire comprendre à ces jeunes qui prennent les pirogues de la mort, bravent la mer en quête d’un Eldorado, que la belle voiture et la villa du voisin ne sont pas synonyme d’une vie accomplie et d’un bonheur absolu ? Comment les convaincre que s’ils ont la PAIX, tout leur est possible chez eux ? C’est vrai que les ressources se raréfient de plus en plus et que les politiques mises en place par nos gouvernants ne favorisent pas souvent l’épanouissement professionnel de la plupart des jeunes. Mais il y a toujours une solution, si on insiste et qu’on décide d’affronter un à un les problèmes. Et où que vous soyez et quel que soit votre niveau de réussite ou d’échec, sachez qu’il n’existe pas d’équilibre solide. Ils sont tous précaires. Comme, il n’y a pas de situation désespérée. Elles ont toutes une issue. Il faut au Seigneur moins d’une fraction de seconde pour hisser au sommet le désœuvré et encore moins pour noyer un roi dans les abîmes. Sur ce, on se donne rendez-vous au prochain numéro de Quinzomadaire pour une autre chronique. Nous condoléances à toutes les familles qui ont perdu un proche dans la mer. Nous nous inclinons devant la mémoire des disparus et la douleur de leurs proches. Ayoba FAYE Journaliste d'investigation-Rédacteur en Chef PressAfrik Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 21 présentons nos sincères
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ENTRETIEN EXCLUSIF M. Demba DIOP Inspecteur du Travail et de la Sécurité Sociale Ancien Directeur de l'Emploi du Sénégal A la Une du numéro 11 de votre magazine Monsieur Demba DIOP, Inspecteur du travail et de la Sécurité Sociale et Formateur à l’Ecole Nationale d’Administration du Sénégal. Se définissant comme « un conquérant de la Terre et un serviteur de l’Homme », Monsieur Diop a respectivement occupé les hautes fonctions de Directeur de Cabinet du Ministre de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne et de Directeur de l’Emploi du Sénégal. Dans cet entretien accordé au Magazine, Monsieur Diop est revenu sur son parcours de l’Université Gaston BERGER du Sénégal au Ministère du Travail, des Organisations professionnelles et des Relations avec les Institutions en passant par l’Ecole Nationale d’Administration du Sénégal. Il nous a également présenté son métier d’Inspecteur du Travail et de la Sécurité Sociale et abordé des questions d’actualité relatives à l’emploi au Sénégal. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Mon nom est Demba DIOP, un fieffé walo-walo et daganois de souche, redevable à l’Etat du Sénégal et qui se définit dans l’âme comme « un conquérant de la Terre et un serviteur de l’Homme », nourrissant le rêve d’une Afrique prospère et d’un Monde meilleur. Je suis spécialiste des questions liées au marché du travail, à la migration de main-d’œuvre, au développement social, au capital humain et à la conception de programmes et projets de développement. Je suis nanti de plus de douze (12) ans de bons et loyaux services consacrés au management de l’administration publique à des postes “J’ai représenté le Gouvernement du Sénégal dans plusieurs insde haute responsabilité pour des effectifs dépassant à chaque fois la centaine d’agents, le plus souvent en collaboration directe et étroite avec différents Ministres et membres des organisations internationales. J’ai représenté le Gouvernement du Sénégal dans plusieurs instances internationales, dans une bonne vingtaine de pays et à des niveaux de négociation hautement stratégiques. tances internationales, dans une bonne vingtaine de pays et à des niveaux de négociation hautement stratégiques. " Quelles sont les grandes lignes de votre parcours de formation et professionnel ? Au départ, je suis sociologue et politiste de formation. Je suis tituNovembre 2020-Biramawa Magazine-Page 23
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laire d’un Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA) en Sociologie – Option Travail et Organisations – et d’une Licence de Science politique la même année en 2006 à l’Université Gaston BERGER de SaintLouis (SENEGAL) poussé par des promotionnaires très denses de Sanar 10 et des professeurs extrêmement pointilleux et exigeants. recteur de l’Emploi pendant exactement quatre ans et un mois ronds (9 décembre 2015 - 8 janvier 2020) dernier poste que j’ai occupé avant mon retour de détachement au Ministère du Travail, des Organisations professionnelles et des Relations avec les Institutions qui est ma maison mère. Je continue de servir l’Administration tout en me consacrant aussi plus activement à mes péchés mignons, entre autres celui de Formateur à l’Ecole nationale d’administration (ENA) du Sénégal depuis 2016 sur la Gouvernance du marché du travail en faveur des élèves Inspecteurs et Contrôleurs du Travail et de la Sécurité sociale. Comment décririez-vous le métier d’Inspecteur du Travail et de la Sécurité sociale ? Quelles sont les qualités intrinsèques au métier ? Ensuite, je suis Inspecteur du Travail et de la Sécurité sociale de profession. En effet, c’est en m’inscrivant en Doctorat de Sociologie – que je n’ai pas encore terminé – que j’ai été admis à l’Ecole nationale d’Administration (ENA) du SENEGAL au Cycle A en fin 2006 pour un « vocational training » de deux ans. J’ai exercé respectivement les bases de mon métier dans les Inspections régionales du Travail et de la Sécurité sociale de Saint-Louis (20092014) où j’ai été adjoint au Chef de Service régional et de Kolda (en 2014) où j’ai été le Chef de Service régional. Puis, j’ai exercé la très haute fonction de Directeur de Cabinet du Ministre de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne à partir de mi-2014 pendant près de deux ans avant d’être nommé DiPage 24-Biramawa Magazine-Novembre 2020 Quelles sont les missions réelles ? Le métier d’Inspecteur du Travail et de la Sécurité sociale est le métier le plus exigeant et le plus complexe que je connaisse en ce sens qu’il donne la compétence à agir sur toutes les questions qui touchent au marché du travail qui est le lieu – par excellence – de rencontre entre la demande d’emploi et la demande de travail (ou offre d’emploi), le point de détermination de la distribution des fruits de la croissance économique à savoir le salaire mais avant tout la zone de constitution de la croissance économique et de fructification de l’investissement que constitue l’entreprise. La mission à un caractère à la fois économique et social. C’est pourquoi le Ministre du Travail est prioritaire dans l’ordre protocolaire de désignation des membres du Gouvernement dans les pays développés et émergents, et cela je le rappelle très souvent dans mes conférences. Vous devinerez aisément alors que les compétences de l’Inspecteur du Travail et de la Sécurité sociale sont larges et s’étendent du système d’information sur le marché du travail, de l’orientation professionnelle et du conseil à l’investisseur à la migration de travail en passant par le recrutement, l’emploi, le travail, l’hygiène, la sécurité et santé au travail, le dialogue social et le climat social, l’entrepreneuriat, la protection sociale, la formalisation des unités et des emplois de l’économie informelle, la règlementation des relations et conditions de travail, l’élaboration des instruments normatifs de gouvernance nationale et mondiale du marché du travail … C’est un métier exigeant qui demande de solides connaissances, habiletés et attitudes en ce sens qu’il est centré sur l’humain qui est conscient et difficile à cerner parfois. L’amour du métier, le professionnalisme, l’équidistance, la justice, l’engagement, la rigueur et l’objectivité sont les qualités ou règles déontologiques qui guident au quotidien l’intervention à tous les niveaux. A titre d’exemple, en tranchant un conflit individuel de travail, il faut tout un éventail de techniques et de principes pour identifier le côté où se trouve la vérité juridique entre un travailleur qui se dit malade et se plaint d’un licenciement abusif et un employeur qui, en retour, reproche à son travailleur une absence non autorisée au lendemain du Magal de Touba qualifiée de faute lourde. Les missions de l’Inspection du Travail et de la Sécurité sociale sont définies dans plusieurs documents et textes mais la référence la plus simple et accessible c’est le Code du Travail (Loi n° 97-17 du 1er décembre 1997) qui compte 288 lois-articles au total. C’est l’article L. 188 qui précise ce qui est attendu, de façon minimale, de l’Inspecteur du Travail et de la Sécurité sociale, son rôle en un mot. Extrait : Code du Travail (Loi n° 97-17 du 1er décembre 1997) Article L.188 - Les services du travail et de la sécurité sociale sont chargés de toutes les questions intéressant le travail, la main-d’œuvre, la sécurité sociale. Ils ont pour mission : - d’élaborer les projets des lois et des règlements dans les domaines du travail, de la main-d’œuvre et de la sécurité sociale ; - de suivre l’exécution de ces lois et règlements tant à l’endroit des employeurs, privés ou publics, et des travailleurs, qu’à l’endroit des institutions et organismes de sécurité sociale ; - d’éclairer de leurs conseils et de leurs recommandations les employeurs et les travailleurs ; - de documenter, conseiller, coordonner et contrôler les services et organismes concourant à l’application de la législation sociale ; - de procéder, dans le cadre des attributions ci-dessus définies, à toutes études et enquêtes ayant trait aux divers problèmes sociaux (travail, main-d’œuvre, sécurité sociale) et leur contexte économique. Cette compétence large explique déjà aujourd’hui la responsabilisation des Inspecteurs du Travail et de la Sécurité sociale – artisans du dialogue social, manœuvres de la justice sociale et fieffés diplomates du monde professionnel – dans tous les foyers de tension potentielle ou vive du Gouvernement, de l’administration publique, des entreprises privées, des instances internationales et de la société civile. Un Inspecteur du Travail et de la Sécurité sociale est vite reconnu de par son grand dynamisme, sa promptitude à aller au front et son appel permanent au dialogue en toute chose. Pour les jeunes qui souhaitent exercer le même métier que vous, quelle est la marche à suivre (Formation, cursus) ? La première chose est la vocation, l’amour, la foi et la témérité. Il faut de la préparation pour embrasser ce métier qui expose à des risques et exige trop de travail sous pression : rencontres avec des personnes dévastées parfois par les maladies professionnelles ou le VIH-SIDA, de travailleurs licenciées désemparés en larmes, d’employeurs au bord de la faillite et qui ne veulent pas abandonner leurs travailleurs, d’employeurs politiciens qui essaient d’influencer la hiérarchie ou de machiner en haut lieu pour faire passer ses forfaitures ou briser la carrière du fonctionnaire, de grands corrupteurs travailleurs comme entrepreneurs qui n’acceptent pas de perdre quitte à y mettre le prix qu’il faut. Ce n’est pas un job pour des vacanciers, des touristes ou encore des chasseurs de primes. C’est un métier de caractère et de grande responsabilité qui n’exige aucune faiblesse devant l’argent, la sensibilité ou le pouvoir. Ce métier est une porte qui ouvre des opportunités énormes de carrière à tous les niveaux. La carrure d’homme d’Etat qu’il exige explique son accès unique par voie de concours très sélectif à l’Ecole nationale d’Administration (ENA) qu’il faut déjà bien préparer. Avant la titularisation, il faudrait deux ans de formation à l’Ecole avec des stages pratiques en administration centrale et en région, ponctués depuis quelques années d’un séjour de plus de 20 jours Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 25
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dans les rangs de l’Armée nationale. A l’issue de la formation, il est requis un an de statut de stagiaire renouvelable pour vérifier si le candidat est valablement compétent pour être définitivement intégré dans le corps, ce qu’on appelle la titularisation. Dans la pratique aussi, l’administration exige une phase probatoire de quelques années (jusqu’à cinq ans) avant de permettre au fonctionnaire de pouvoir faire des mouvements hors cadres (détachement ou disponibilité). Vous avez occupé le poste de Directeur national de l’Emploi entre 2015 et 2020. Quel souvenir gardez-vous de cette expérience ? La vie dans l’administration est faite de mouvements horizontalement comme verticalement et le fonctionnaire doit s’y préparer d’autant plus qu’il n’a aucun pouvoir sur ses mutations et affectations. C’est pourquoi la longévité en administration demande de la modestie mais aussi de l’autorité sur soi-même. J’ai occupé le poste de Directeur de l’Emploi à partir du 9 décembre 2015 suite à ma nomination par Décret au Conseil des Ministres du même jour. Le poste était prenable pour quelqu’un qui connait le marché du travail mais aussi qui vient de diriger le Cabinet ministériel pendant près de deux ans. L’expérience a été palpitante : imaginez-vous au centre des plus grandes réflexions pour la mise en place de stratégies, de programmes et de projets en faveur de l’emploi ou encore porter la voie du Gouvernement du Sénégal dans plusieurs hautes instances de négociation d’accords sur l’emploi, le travail, la migration, la main-d’œuvre, l’information sur le marché du travail, le développement des compétences, la transformation structurelle des économies … Ce qui m’a – par contre – le plus marqué, c’est le fossé qu’il y a eu entre ma volonté de contribuer à l’épanouissement de mes concitoyens sur le marché de l’emploi et les moyens qui se refusaient d’être disponibles aussi bien au niveau politico-stratégique en termes de portage, que dans le cadre des ressources humaines, des moyens logistiques et des ressources budgétaires. Page 26-Biramawa Magazine-Novembre 2020 Chaque Ministre vient avec sa manière de voir, son type de management et ses hommes de confiance et le rythme n’est jamais le même. Certains sont plus orientés résultats que d’autres et y vont au rythme fast-track avec beaucoup de pression. Certains comptent réellement sur vous, vous mobilisent, vous manifestent la confiance et donnent suite à vos requêtes ; avec d’autres, le service perd de son lustre. Il faut toujours faire avec car c’est cela l’administration publique. Les jeunes doivent juste comprendre que c’est un honneur de travailler pour son pays et quand on a l’occasion de le faire, il faut donner le maximum de soi. Je pense l’avoir fait durant les quatre (4) ans et un mois de gestion de la Direction de l’Emploi. Quel bilan tirez-vous de ces 4 années ? J’ai été nommé Directeur de l’Emploi à une période où l’Agence nationale pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes (ANPEJ) commençait déjà à se déployer après sa création en 2014. Le leadership du Directeur général de l’époque – Monsieur Amadou Lamine DIENG – lui avait permis d’obtenir des plus hautes autorités le transfert de plusieurs dispositifs opérationnels qui devaient lui permettre d’atteindre rapidement les résultats escomptés à savoir 110 000 emplois à l’horizon 2019. Le Programme des Domaines Agricoles Communautaires (PRODAC) prenait aussi son envol avec l’objectif de 300 000 emplois toujours pour 2019 et le département de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne était l’un des Ministères les plus dynamiques et sous les projecteurs. Les acteurs du marché du travail sont encore nostalgiques de cette période où l’écosystème de l’emploi était très animé avec des actions concrètes, des manifestations nombreuses, des offres multiples et la création ou la redynamisation de plus de vingt (20) dispositifs et projets faisant focus sur l’emploi. Le silence n’avait pas sa place et tout le monde bougeait. “Paradoxale» préposés à être installés dans les différents départements du Sénégal pour orienter, accompagner et assurer un suivi rapproché à tout jeune intéressé par l’emploi ou la formation. ment, j’ai trouvé la Direction de l’Emploi avec un budget déjà voté de l’ordre de seize millions (16 000 000) de francs CFA. " service. Paradoxalement, j’ai trouvé la Direction de l’Emploi avec un budget déjà voté de l’ordre de seize millions (16 000 000) de francs CFA. En plus de ce vide budgétaire, l’essentiel des agents techniques avaient quitté pour d’autres stations suite à la démotivation occasionnée par le transfert de tous les dispositifs opérationnels et projets de la Direction de l’Emploi à l’ANPEJ. J’ai passé une année complètement noire en 2016 de janvier à décembre avec le budget de fonctionnement de 16 millions de francs CFA (tout inclus). Cela peut faire rire mais les Directions nationales sont parfois tuées par des arbitrages trop serrés ou la naissance de nouvelles structures concurrentes. Il me restait dans le personnel une planificatrice compétente, deux informaticiens de haut niveau qui ne demandaient qu’à servir, une assistante qui avait pitié de moi et quelques agents qui voulaient y croire au vu de mon parcours. Je me suis enfermé avec cette petite équipe pour relever le challenge, cela a abouti à un premier acquis budgétaire de 300 millions de FCFA pour l’exercice 2017. Ce premier fruit de labeur nous a permis de recruter, dans un premier temps, vingt-cinq (25) jeunes filles et garçons qui n’ont presque jamais travaillé pour les formater dans le moule de « Conseillers en Emploi Pour résumer, d’autres secousses sont venues nous frapper encore de plein fouet mais, à force de ténacité, nous avons redoré le blason à cette Direction de l’Emploi qui est essentielle dans le dispositif institutionnel national relatif à la gouvernance du marché du travail. Enfin, dans le cadre de la mise en œuvre des budgets-programmes, nous avons convaincu les autorités quant à la pertinence d’un programme budgétaire dénommé « Développement de l’Emploi » que nous avons développé et stabilisé avec les experts planificateurs du département ministériel. Cette dernière étape a redonné à la Direction de l’Emploi sa dignité avec un Programme nanti d’un budget d’un milliard trois cents millions (1 300 000 000) de francs CFA au 31 décembre 2019. Dans la logique administrative, un haut cadre est nommé pour régler des problèmes structurels, relever des défis d’envergure ou encore donner de la consistance et du contenu à des dispositifs ou coquilles vides. Le résultat étant atteint, j’ai été remplacé à travers le Communiqué du Conseil des Ministres du 8 janvier 2020. Ce qui a mis fin à mon détachement au Ministère en charge de l’Emploi. Aujourd’hui, des Missions locales pour l’Emploi et l’Entreprenariat (MILE) ont vu le jour et devraient être dynamiques à Kaolack et à Sédhiou. Nous avons travaillé sur toutes les stratégies, programmes et projets au niveau national de l’identiNovembre 2020-Biramawa Magazine-Page 27 Sur la période, j’ai décroché avec l’aide du Directeur de la Vie Associative de l’époque, Monsieur Mor Khoudia GUEYE, un partenariat dynamique et utile avec le Centre d’Etudes et de Coopération internationale (CECI) du Canada qui a mis à ma disposition deux dames volontaires qui se sont succédées avec un apport incommensurable dans le recadrage de l’orientation du
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fication à l’évaluation. Nous avons stabilisé la gestion de la Convention nationale Etat-Employeurs pour la promotion de l’Emploi (CNEE) qui ne devait à mon départ rien à aucune structure et parvenait déjà à placer près 1 500 jeunes en stages en Entreprises en une année. Nous avons animé le marché du travail en organisant des Fora décentralisés Emploi-Formation et Environnement, malgré les limites de nos ressources budgétaires. Je me rappelle encore la veille de mon départ, le mardi 7 janvier 2020, où j’ai présenté en coordination les termes de référence de la première Semaine nationale de l’Emploi et de la Formation (SNEF) qui devait être un grand moment de rencontre entre les offres et les demandes d’emploi et de stages, de réflexions stratégiques pluridisciplinaires sur la situation du marché du travail et les orientations qui devaient servir d’entrées au processus de formulation d’une nouvelle Politique nationale de l’Emploi (PNE) assortie d’un plan d’action opérationnel pour l’Emploi sur l’horizon 2020-2024. (Rires) En tant que Directeur de l’emploi vous aviez plaidé pour le développement d’une culture de l’information sur le marché du travail et le nécessaire financement de l’emploi. Que voudriez-vous dire par « culture de l’information » et « financement de l’emploi » ? L’information est le secret dans ce monde. Ceux qui détiennent l’information planifient correctement et mènent facilement leurs projets. Aujourd’hui, non seulement la production de données statistiques est loin d’être suffisante mais encore on ne peut trouver aucune documentation sur les dispositifs existants. C’est pourquoi nous avons plaidé sans succès pour la mise en place d’un Système d’Information intégré sur le marché du Travail (SIMT) afin de rendre l’information disponible en tout temps et sur toutes les questions. Les résultats statistiques ne renseignent que sur le moment de leur collecte, c’est comme la réalité sociologique. La journée d’après, ils deviennent de l’approximation. Page 28-Biramawa Magazine-Novembre 2020 Il faut alors une permanence de production d’études, de rapports et réflexions prospectives sur tout ce qui peut intéresser l’Etat, les Investisseurs, les demandeurs d’emplois, les entreprises, les structures de formation, les partenaires au développement. Nous avions déjà lancé à la Direction de l’Emploi l’idée de la Plateforme Sénégalaise de l’Emploi (PSE) pour faire converger tout cela dans un support numérique. Et, je pense qu’un « FAKE NEWS » largement relayé – ayant classé le Sénégal comme troisième pays au monde le plus affecté par le chômage (48%) au 16 octobre 2020 et qui fait rire les techniciens, statisticiens et économistes – n’aurait pas fait tant d’effet aux autorités gouvernementales et tant induit si gravement en erreurs des opposants politiques qui ont saisi le prétexte pour tirer à boulet rouge, s’il y avait cette Plateforme Sénégalaise de l’Emploi (PSE) ou un Observatoire national sur l’Emploi et les Compétences (ONEC) voire encore mieux une « Agence de Suivi et de Prospective du Marché du Travail » (ASPMT) qui aurait l’exclusivité de la mission. Personne ne répondra aujourd’hui à la question de savoir combien de planificateurs de plus de cinq ans d’expérience sont disponibles sur l’étendue du territoire nationale pour un programme d’expérimentation de la formation en alternance qui veut recruter dans trois jours ? Quels sont les métiers sollicités et le nombre de postes disponibles dans cinq ans dans le domaine du numérique, par exemple ? Un bon système d’information et une bonne culture de la prévision nous auraient permis sur un petit clic de disposer d’un rapport qui serait utile à la fois aux écoles de formation, aux jeunes qui viennent d’avoir le bac et aux programmes publics pour se fixer des objectifs. Par ailleurs, relativement au financement de l’emploi, il serait bon que l’expérience de certains pays de l’Afrique de l’Est nous serve d’inspiration et j’avoue que la Banque Africaine de Développement, l’Université Cheikh Anta DIOP, en relation avec la Direction de l’Emploi et de l’Agence nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) avaient réussi la prouesse de faire en 2018 une étude sur la quantification de l’impact emploi de chaque milliard de francs CFA investi dans un secteur donné. Il était ressorti qu’un milliard investi au Sénégal dans l’économie numérique peut permettre la création de trois cents (300) emplois au minimum là où l’investissement du même montant dans les infrastructures créera moins de vingt (20) emplois. Ce sont ces genres de réflexions et de travaux qui devraient être confiés aux universitaires et chercheurs qui ont une grande part à jouer dans le développement de nos pays. En Afrique de l’Est, certains pays ont fait l’expérience de mettre la création d’emploi comme un indicateur de performance et l’élaboration du budget assigne un nombre clair d’emplois annuels qui devraient être créés par chaque département ministériel sur la base des dépenses effectives et non sur des prévisions. L’évaluation est très exigeante et le Gouvernement communique de façon très précise et juste à partir de ce moment. Pour le financement de l’emploi, il faudrait qu’on comprenne que l’entrepreneuriat (auto-emploi) est inclus dans l’emploi qui renvoie, selon la dix-neuvième conférence des statisticiens du travail, à toute activité de production de biens ou de service destinés à la consommation occasionnant un salaire ou un bénéfice (gain quelconque) : emploi salarié ou auto-emploi. Les services publics d’emploi (Direction de l’Emploi et ANPEJ) devraient être mieux servis en termes de budget et c’est là-bas que l’accompagnement vers l’emploi, le maintien dans l’emploi et le retour à l’emploi doivent être opérés car ce sont leurs spécialités. Rien que la mission d’intermédiation sur le marché du travail devrait bénéficier d’une enveloppe de près de 10 milliards de FCFA comme c’est le cas dans plusieurs pays africains ou encore de la sous-région. Aujourd’hui, tous les dispositifs qui annoncent la création d’emploi comme objectif phare ou objectif premier devraient être rattachés au Ministère en charge de l’Emploi ou du Travail. La spécialité du Ministre chargée de l’Emploi ou du Travail devrait lui permettre de disposer sous son autorité directe de toute structure qui a une mission dans son périmètre de compétence. Autrement, on avance et on déconstruit pour reconstruire indéfiniment et sans efficience. Avez-vous, entre temps, senti des améliorations ? Le Sénégal a enregistré des performances réelles en termes de croissance économique et de création d’opportunités pour les jeunes mais la demande reste entière. Les efforts doivent être combinés et la gouvernance du marché du travail revue en profondeur. Il faut des ruptures profondes et des décisions plus hardies. La demande d’emploi est continue et il faudrait que la question de l’adéquation qualitative comme celle quantitative entre besoins économiques et compétences produites et certifiées par nos structures de formation arrivent à un point d’équilibre. Il y a beaucoup d’instruments qui nous manquent. Déjà, la situation a été très compliquée ces dernières années malgré les avancées. Souvenons-nous déjà de la crise économico-financière de 2008 qui a amené le chômage à des pics insoupçonnés au niveau mondial et depuis lors c’est compliqué presque partout au monde. La crise de la Covid-19 a remis les pendules à zéro, a remis en cause tous les agendas et plans de développement et a compromis tous les schémas simplistes ou simplifiés de projets professionnels. Des emplois sont perdus, des licenciements se préparent encore en masse, des businesses sont tombés à l’eau ; presque seules entreprises de fabriques de détergents et quelques plateformes de vente en ligne se sont fait de réels bénéfices. Il faudrait juste nourrir l’espoir mais le questionnement du financement de la relance pose problème partout au monde et les experts savent qu’on ne se relève pas si aisément de ces genres de crise. La décision d’investissement des acteurs privés n’est pas si manifeste et l’on sait la création d’emplois se fait à l’occasion de la production. L’entrée dans le marché du travail va être plus compliqué et l’insertion professionnelle beaucoup plus difficile. Il faudrait de l’investissement consistant mais aussi – et surtout – des réformes de fonds avec des facilités proposées aux grands recruteurs ? Cela a été annoncé par plusieurs textes mais c’est le moment de mettre cela en œuvre concrètement. L’employabilité des jeunes diplômés pose également problème. Leur manque d’expérience professionnelle est décrié à juste titre. La professionnalisation des formations Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 29
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n’est-elle pas cruciale ? Bien évidemment. Par contre, l’employabilité est certes un problème mais c’est le moins compliqué de ceux que nous rencontrons aujourd’hui. Les écoles revoient leurs curricula. Tous les nouveaux projets et programmes de développement font focus sur le renforcement de l’employabilité des jeunes et les cabinets de coaching tout comme les consultants en la matière foisonnent partout. Le manque d’expérience n’est pas forcément un obstacle car vous voyez aujourd’hui des offres d’emploi dans lesquelles on mentionne « débutant » pour montrer que la cible est précise. Il s’y ajoute qu’il y a des jeunes bien formés dans « des écoles » du pays et qui sont très opérationnels et très productifs sans mentor. Le problème de fond c’est l’étroitesse du marché du travail. L’économie nationale ne disposait que de 407 882 entreprises en 2016, dont moins de deux pour cent d’entreprises capables de recruter réellement (1.8 % de grandes, moyennes et petites entreprises). Le rapport du recensement général des entreprises du Sénégal publié par l’ANSD en 2017 nous en dit long. Presque tout est informel dans notre économie, on est à 98.2% de très petites entreprises et entreprenants. Le tissu économique ne milite pas, en l’état actuel, à un recrutement massif même de la moitié des demandeurs d’emploi. tous de nouvelles entrées sur le marché du travail ni de nouvelles embauches forcément ; les renouvellements y sont inclus. Les problématiques sont là nombreuses et entière passant du sous-emploi (suivant la durée du travail ou suivant les qualifications) aux jeunes NEET (ni éducation, ni en formation, ni en emploi) en passant par les emplois informels, la main-d’œuvre handicapée, les détenus à réinsérer, les séniors sans emploi, les enfants travailleurs, les migrants irréguliers … “Les serIl faudrait de la rupture et on ne saurait forcer les gens à entreprendre au risque de mourir chômeur. Il faudrait à chaque jeune – à chaque femme et à chaque citoyen, en fonction de ses desiderata et de l’analyse de sa situation – au moins une option sérieuse qui pourrait déboucher vers vices publics d’emploi (Direction de l’Emploi et ANPEJ) devraient être mieux servis en termes de budget… " La preuve par le rapport annuel des statistiques du travail publié par le Ministère du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les Institutions, à travers la Direction des Statistiques du Travail et des Etudes, qui nous précise que sur l’année 2019 il y a eu 1 713 entreprises ouvertes sur l’étendue du territoire national et qu’elles n’ont occasionné au moment de l’ouverture que 8 619 emplois directs pour le démarrage des activités, dont il faut retrancher 1 969 emplois perdus à l’occasion de la fermeture de 280 autres entreprises dans l’année. Il s’y ajoute que 65 404 contrats de travail réguliers ont été enregistrés dans tout le Sénégal en 2019. Il faudrait comprendre qu’ils ne sont pas Page 30-Biramawa Magazine-Novembre 2020 quelque chose. Cela ne serait possible qu’avec du vrai travail de terrain, de la réflexion technique mais aussi de grandes ruptures qui permettront d’y arriver. La super-priorité autour de l’emploi doit transparaitre techniquement, financièrement et statistiquement dans nos actes de tous les jours et les discours doivent être mis à jour et axés sur les réalisations et non sur les objectifs généraux ou résultats attendus. Professionnalisation des formations rime avec immersion en entreprise. N’est-ce pas que les entreprises et l’Etat ont également un grand rôle à jouer ? Trouver un stage ou un emploi relève du parcours du combattant. Au vu de ce qui précède, il est évident que les entreprises n’ont pas suffisamment de places pour accueillir la masse des demandeurs de stages. Pourtant, le Ministère du Travail a montré dans son rapport de 2019 que 4 172 jeunes ont bénéficié de stages formels en entreprise soit 6.38% des contrats signés contre 3 359 stages soit 5.09% en 2018. Vous constaterez que c’est compliqué et serré mais les entreprises jouent leur partition sur la base de leurs capacités. A côté, 1 371 autres jeunes ont bénéficié de contrats d’apprentissage qui peuvent durer jusqu’à 4 ans soit 2.26% des contrats signés en 2019. Au total, 5 543 jeunes ont bénéficié de renforcement de compétences voire d’employabilité et d’expérience professionnelle malgré l’exiguïté du marché du travail. avis, pour mettre en branle l’ « Offensive Tous en Emploi et Tout pour l’Emploi » que je mûris encore dans mon esprit. L’emploi coûte cher et ce ne sont pas des calculs arithmétiques ou des projections de géométrie dans l’espace. C’est du concret : addition et soustraction. La multiplication et la division sont des erreurs de tactiques ici. Les ingénieux comprendront. Qu’est-ce que les assertions ci-dessous vous inspirent ? Soukeyna SAGNA, responsable du recrutement et de la formation pour le Terrou-Bi Resort : « Il est avéré qu’au Sénégal il y a un réel besoin de former les jeunes qui sont sortis très tôt du système scolaire ou qui ne s’y sentent pas à l’aise. Il y a beaucoup de métiers pour lesquels nous pouvons mettre en place un système de formation professionnelle en alternance parce qu’étant des métiers manuels. » Elzo Jamdong, Auteur – Compositeur – Interprète : « Je trouve que l’enseignement classique est trop généraliste et on ne se préoccupe pas assez des envies des enfants, c’est pour cela que beaucoup d’élèves ne sont pas à l’aise avec certaines matières car ils ne voient pas l’utilité de ces dernières dans la vie de tous les jours. » La question de fond qui règlerait, en partie cette difficulté, est relative à l’accompagnement méthodique et à la formalisation obligatoire des unités économiques fixes de l’économie informelle. L’expérience des financements élevés de jeunes sans expérience en entrepreneuriat combinée au taux de mortalité à la naissance des entreprises créées par les jeunes montrent que les financements de projets devraient être destinés en priorité aux unités informelles déjà existantes avec obligation de recrutement d’un à deux diplômes de l’enseignement supérieur ou de la formation professionnelle et technique. Les autres projets de développement pourront se charger de l’emploi rural et des NEET (« Neither in Education, Employment or Training »). Voilà le grand pari qu’il faudrait jouer, à mon Je pense que Soukeyna parle en experte opérationnelle et elle fait référence déjà aux NEET (ni en emploi, ni en éducation, ni en formation) qui constituent aujourd’hui la couche sociale qui préoccupe dans tous les pays et dans toutes les institutions internationales, à côté des personnes handicapées. Le Bureau international du Travail (BIT), la Banque mondiale, entre autres structures, mettent le focus et la priorité sur ces franges qui, à l’avenir, risquent de demeurer sans opportunités et alors ingérables. Aujourd’hui, je sais que les phrases de Soukeyna sont tirées d’un argumentaire plus long mais je sais qu’elle aurait ajouté que le Sénégal connait un déficit de techniciens qualifiés et d’employés dans les catégories intermédiaires. A force de vouloir mettre dans la tête de tous qu’il faut forcément être cadre, on a oublié dans notre système de former des personnes qualifiées au jardinage, au métier de femme de chambre, à la plonge, au statut de commis de salle confirmé, entre autres, qui tiennent réellement l’entreprise. Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 31
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Des programmes sont aujourd’hui développés par l’Etat et je pense qu’il faudrait une communication claire là-dessus avec des quotas maitrisés et des entreprises citoyennes en appui pour donner une chance de vie confortable et de travail décent à ces jeunes en danger. Elzo Jamdong excelle dans son art et nous procure tant de plaisir à l’écouter. Le caractère généraliste de l’enseigne“Mon mesment classique fait que l’on sort de l’école ou de l’université, le plus souvent, juste avec les capacités de parler français, d’écrire en français et l’envie d’être salarié dans n’importe quel domaine dans un bureau. Ce qui explique d’ailleurs le fait que les diplômés sénégalais trouvent parfois plus de difficultés que les analphabètes ou non instruits à trouver un emploi. Quand un sortant de « daara » ou école coranique n’éprouve aucun complexe à devenir vendeur dans une quincaillerie qui correspond le plus à notre réalité économique, le diplômé s’imagine cadre avec véhicule et autres avantages dans une grande entreprise formelle qu’il peinera à trouver ou à intégrer. toute forme de filières possibles de formation et ne pas stigmatiser les métiers, les filières ou encore les orientations professionnelles. Prenons le droit, la sociologie ou la psychologie qui sont considérés comme des spécialités chez nous alors qu’il existe des dizaines de branches dans chacun de ces domaines. sage de tous les jours à mes cadets est de continuer à apprendre et de s’insérer dans la logique du moment qui est celle de l’apprentissage tout au long de la vie. " le mieux. Avant de finir quel message souhaitez-vous adresser aux jeunes en Il a raison surtout quand il analyse sous l’angle de ce qu’il fait. La base de l’excellence dans un métier c’est l’amour et l’ambition. J’ai fait l’expérience de beaucoup de pays, notamment la Belgique où en Wallonnie des enfants de la maternelle et des élèves du primaire ont droit à une demi-journée de découverte métier par an au moins. Des salles dédiées avec facilitateurs existent en entreprise et les enfants sont initiés à la robotique pour piquer leur curiosité et identifier déjà des pépinières. Ses propos s’insèrent toujours dans la logique des ruptures profondes. Il faudrait une nouvelle façon d’enseigner d’autant plus que les nouvelles technologies peuvent créer de grands écarts entre élèves et enseignants ou enfants et parents. Il arrive que les enfants ou élèves soient à un niveau qui dépasse celui de l’enseignant ou du parent à des années lumières. C’est pourquoi, il nous faut nous inspirer du modèle canadien où on trouve Page 32-Biramawa Magazine-Novembre 2020 quête de vocation ? Mon message de tous les jours à mes cadets est de continuer à apprendre et de s’insérer dans la logique du moment qui est celle de l’apprentissage tout au long de la vie. Au rythme où va le monde, nous sommes tous condamnés à devenir des demandeurs permanents d’emploi avec les ambitions personnelles, les besoins financiers et les exigences du marché du travail. Le diplôme sera toujours une présomption de compétences mais il ne vaudrait que dans la façon dont les tâches confiées seront exécutées. Il faut des diplômes mais mieux que les diplômes, il faut tracer très tôt un projet professionnel et se fixer des options A, B et C quel que soit le niveau d’instruction et de qualification. Il faut assumer toujours ses choix et assumer ses échecs en réadaptant le projet. Avec la série S, je peux devenir médecin, géologue ou encore aéronaute. Il est bon d’identifier les ressources à mobiliser (intellectuelles, financières ou relationnelles) et les bonnes écoles où se former. Le monde repose sur la connaissance et nous devons disposer de personnes qui ont une connaissance spécialisée et très approfondie dans certains domaines pour sauver l’humanité. On ne peut pas continuer à avoir une opinion sur tout comme un bretteur politique engagé. Il faut faire de la place à tous dans l’espace public où chacun donnera le meilleur de ce qu’il sait fessionnel. C’est la meilleure manière de réaliser ses ambitions suivant le chemin le plus court. Par contre, si on n’a pas le choix et qu’on ne s’informe pas, ce sera après le diplôme que les options seront envisagées et on pourra certes trouver un emploi mais avec des risques élevés d’insatisfaction au travail. Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin ? Merci au « Magazine Biramawa » pour la constance et le travail extraordinaire réalisé. Les maitres mots sont « knowledge », « iqqrah », « skills », « jaang ». Se définir et se positionner tôt dans ce monde qui roule à tombeau ouvert. Avoir une ambition, un rêve pour sa communauté et pour le monde, définir un projet professionnel cohérent avec plusieurs options et demeurer calme et patient en ne considérant ni l’emploi ni le mariage encore moins la politique comme une fin en soi. La vie c’est plus que cela et personne n’est né pour mourir sans laisser de trace. Le monde est fait pour les humains et c’est aux humains d’en profiter et d’en faire un paradis, de lui donner un sens. L’Afrique a un incroyable talent, dit-on parfois pour blaguer, mais nous savons tous que l’avenir du monde c’est l‘Afrique. Les africains doivent comprendre, des Chefs d’Etats aux élèves de la maternelle, que les théories contemporaines mettent le focus sur l’humain. Cela demande une préparation de tous et en tout domaine. L’apprentissage tout au long de la vie est alors, à mon avis, la meilleure voie de salut face aux mutations extraordinaires du monde. Un simple virus a tenu tête à tous et a fait valser la science de faussetés à faussetés, les gouvernements de tâtonnements à aveux d’échec, les citoyens de peur bleue à évitement et stigmatisation de tous par tous. Même pas droit à un éternuement libre ! Il est indiqué qu’il faudrait faire des prospections sur sa clientèle ou ses entreprises d’accueil potentielles. Etant citoyen, il est utile de s’informer sur les dispositifs publics et postuler pour être accompagné. Vivre, dormir et rêver de son projet proLa transformation digitale du monde et la robotisation sont encore d’autres sources de menaces avec les pertes d’emploi, l’émergence de nouvelles formes de travail et de vie, la course vers la trouvaille technologique ou nanotechnologique qui donne l’immortalité à l’homme. En Dieu nous croyons et Dieu a tout donné à l’’homme qui est condamné à être au début et à la fin de l’humanité. « Vivre vite, Agir maintenant ». Medab Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 33
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Veille et Intelligence des Affaires L'entrepreneuriat Dans ce 11ème numéro de votre Magazine Biramawa, Monsieur Moustapha FAYE reçoit dans sa rubrique « Veille et Intelligence des affaires » Monsieur Amadou Moustapha dit Cable DIALLO. Amadou Moustapha dit Cable Diallo est chercheur spécialiste en entrepreneuriat et membre de l’équipe de recherche en entrepreneuriat et développement des organisations (EREDO). Il est parallèlement enseignant-vacataire en sciences de gestion à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Monsieur Diallo s’est prononcé sur la question liée à l’émigration clandestine des jeunes africains notamment sénégalais. Entre richesse en ressources naturelles, un climat d’affaires défavorable à l’entrepreneuriat, mortalité précoce des entreprises ou même des lenteurs administratives, Monsieur Diallo a analysé le phénomène de l’émigration irrégulière qui engendre beaucoup de pertes de vies humaines notamment durant cette période. Page 34-Biramawa Magazine-Novembre 2020 Le Sénégal est un pays plein de ressources naturelles, néanmoins les jeunes continuent de s’adonner à l’émigration clandestine, quelle est votre impression ? Effectivement, le Sénégal est un pays riche avec beaucoup de ressources naturelles et de potentialités humaines, stratégiques, politiques et culturelles. Cependant, si un tel phénomène de « Barça ou barsakh » prend une telle envergure, on doit s’interroger sur beaucoup de choses. Evidemment, je ne cautionne jamais ce phénomène mais si on analyse en profondeur la pensée des candidats à l’émigration clandestine, on s’aperçoit qu’ils n’ont pas d’espoir à rester au pays et vivre la situation comme s’ils n’existaient pas et qu’ils n’ont rien à perdre en empruntant cette aventure « suicidaire ». Cependant, des solutions peuvent être trouvées. D’abord, il appartient aux pouvoirs publics de revoir leurs politiques portant sur l’éducation, l’enseignement, la formation professionnelle et l’entrepreneuriat qui présentent déjà d’innombrables maux. A cela s’ajoute la volonté des jeunes à se démarquer des prétentions trop ambitieuses en voulant s’enrichir à tout prix. Il paraît que chaque candidat paye vers les 300 à 400 000 FCFA pour le billet du voyage alors que beaucoup d’entrepreneurs en Afrique ont démarré et réussi avec moins que cela donc on peut penser à cette option. Les jeunes sénégalais semblent préférer aller à l’étranger que de rester sur le territoire national, pourquoi ce choix, selon-vous ? Oui quand on considère qu’on vit la misère, le métier exercé ne permet pas de faire face aux charges et qu’on voit ceux qui ont déjà tenté réussir, le tout corroboré par le poids de la pression sociale, l’émigration à tout prix demeure la seule solution pour une jeunesse désemparée et désœuvrée. Et malheureusement c’est ce qui est arrivé à la jeunesse sénégalaise. Alors, il est temps que beaucoup de choses changent si nous voulons renverser la tendance. Les mentalités doivent changer chez les citoyens mais aussi chez les dirigeants… Oui, mais on a constaté également qu’aujourd’hui beaucoup d’entreprises créées au Sénégal meurent dès la première ou la deuxième année, qu’est-ce qui peut expliquer cette mortalité précoce ? La moralité précoce et à grande échelle est un phénomène très fréquent au Sénégal et devenu à la longue banale. Les difficultés sont partout. On peut noter des gens qui veulent entreprendre sans un minimum de prérequis en capacités et compétences entrepreneuriales, des moyens financiers absents, un environnement des affaires peu propice, une fiscalité inappropriée surtout avec les PME, une concurrence déloyale des entreprises étrangères, un échec des politiques publiques … tous ces facteurs expliquent que nous avons un écosystème entrepreneurial « malade » qui pousse les entreprises plus à la mortalité qu’à la survie. Quel est votre avis sur l’accompagnement entrepreneurial au Sénégal ? Il importe de noter de prime abord que l’accompagnement entrepreneurial est un ensemble de pratiques et de services destinés aux entrepreneurs et aux entreprises pour assurer leur démarrage et leur développement. Nous en avons des dizaines au Sénégal avec des domaines d’activité, des missions et des cibles diversifiés. Cette grande diversité témoigne l’existence de gros efforts de l’Etat et de ses partenaires. Cependant, vu la situation, on peut dire l’accompagnement entrepreneurial n’est pas encore en adéquation avec les attentes des parties prenantes. Il n’échappe pas aux difficultés de l’écosystème. Les objectifs sont loin d’être atteints. Pour pallier ce problème, les acteurs doivent repenser le modèle de l’accompagnement avec une reconfiguration des ressources humaines, des programmes, de l’allocation des ressources financières pour mieux accompagner l’entrepreneuriat. Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 35
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Peut-on parler d’une connaissance incomplète ou d’inadaptation des dispositifs d’accompagnement par rapport aux besoins des entrepreneurs ? Je dirai oui, car la méconnaissance des structures d’accompagnement constitue l’un des premiers freins de l’entrepreneuriat, ce qui montre qu’il y a un réel souci de communication. Je ne dirai pas que les dispositifs d’accompagnement sont inadaptés mais plutôt c’est leurs interventions et leurs apports qui sont très mitigés par rapport aux attentes de l’entrepreneuriat. Les freins sont multiples et touchent tout un écosystème d’affaires. Dans chaque maillon de cet écosystème, on peut déceler plusieurs maux. Parmi eux, les plus importants sont : • Entrepreneuriat : faibles compétences des entrepreneurs, absence de stratégie, manque de ressources financières… • Structures d’accompagnement : méconnaissance et non accès aux structures d’accompagnement, faible intervention des structures d’accompagnement, ressources et pratiques d’accompagnement insuffisantes… • Structures de financement : insuffisance et virtualités des garanties proposées, exigence excessive des banques en garanties, limitation du portefeuille de financement des banques… • Environnement des affaires : absence de marché pour les PME, fiscalité lourde et inappropriée pour les PME, défaillance des politiques publiques en matière de promotion de l’entrepreneuriat et de réglementation de la concurrence… Comment pourrait-on procéSelon vous, quels sont les freins liés à l’entrepreneuriat des jeunes sénégalais et comment pourrait-on procéder pour lever ces freins ? Page 36-Biramawa Magazine-Novembre 2020 der pour lever ces freins ? Un ensemble de propositions peuvent être faites pour essayer de changer la situation et ceci, dans tous les maillons de l’écosystème entrepreneurial. Certes, cela nécessite des politiques publiques audacieuses, courageuses et des moyens considérables. D’abord, il faut proposer des filières ou formations en entrepreneuriat dans l’enseignement universitaire comme le sont les mathématiques, le droit, l’économie, la gestion…Ensuite, rendre plus efficaces les structures d’accompagnement et de financement, notamment sur les compétences des ressources humaines, renforcer leurs ressources financières et redéfinir leurs processus organisationnels. Enfin, des mesures allant dans le sens de revaloriser l’environnement des affaires doivent être prises. Cette dernière situation portera sur l’application des mesures de règlementation de la concurrence, l’accélération des procédures administratives jugées souvent très lentes et la révision du cadre législatif pour une fiscalité sur mesure et optimale. Interview réalisée par Moustapha FAYE, Chercheur en Marketing Stratégique - UGB
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À L'ÈRE DU NUMÉRIQUE Cyberharcèlement scolaire : le cauchemar des ados Ce 05 novembre 2020, nous célébrions, la première journée internationale de lutte contre le harcèlement scolaire. La première Dame de la France, Mme Brigitte Macron, a profité de cette célébration pour signaler le rôle essentiel des réseaux sociaux face au cyberharcèlement des enfants et adolescents. L’instauration de cette journée internationale nous alerte sur l’ampleur et la gravité que prend le cyberharcèlement, notamment chez les plus jeunes qui sont les plus touchés par ce phénomène. Il représente aujourd’hui un réel problème dans une société mondialisée, portée et guidée en grande partie par le numérique en l'occurrence les réseaux sociaux. Au regard de la tournure que prend de plus en plus ce phénomène qui mène souvent à des actes dramatiques comme des suicides, de la part de jeunes ados, il nous a paru essentiel de jouer notre part de responsabilité là-dessus par la sensibilisation et la prévention. Page 38-Biramawa Magazine-Novembre 2020 Le cyberharcèlement dans le milieu scolaire : les réseaux sociaux, des amplificateurs ? Le cyberharcèlement, également appelé cyberintimidation ou cyberbullying (de l’anglais to bully, faire peur, tyranniser) est “un comportement d’intimidation qui répète des micro-violences, moqueries et humiliations.” Par le biais des réseaux sociaux, et notamment avec la démocratisation des smartphones, le cyberharcèlement a davantage pris de la place en créant avec lui de nouvelles pratiques très violentes qui se sont popularisées auprès des jeunes. Il s’agit du “happy slapling” qui consiste à filmer une humiliation publique à l’insu des victimes avant de diffuser la vidéo en ligne. Chez les ados, notamment dans le milieu scolaire, nous avons aussi assisté à la naissance d’une autre forme de cyberharcèlement qui est celle du “revenge porn” ou encore “sexting”. Dans ce deuxième cas, une vidéo à caractère sexuel d’une personne est partagée dans les réseaux sociaux sans son consentement. Entre 2011 et 2013, les chiffres estiment que les réseaux sociaux représentent un lieu fertile qui facilite le prolongement du harcèlement scolaire dans les lieux virtuels. D’ailleurs, les insultes ou les humiliations sur les réseaux sociaux ou par SMS ont augmenté de cinq points pendant cette période. Hélas, nous nous rappelons de la jeune Sarah qui a subi plusieurs tentatives de suicides à cause du cyberharcèlement, ou encore de la jeune Evaëlle qui a fini par se donner la mort. Prévention, sensibilisation, mobilisation : quelles solutions adopter ? Le premier degré de conscientisation doit déjà se jouer au niveau des parents. Car, selon les études, dans la majeure partie des cas, face à ce fléau qui met en jeu la vie des enfants, les parents sous-estiment souvent la capacité de leur progéniture à être auteur de tels actes de violence sur internet. Les parents doivent donc être avertis, prévenus et sensibilisés sur les nombreuses pratiques de cyberharcèlement dont sont victimes ou auteurs les enfants. Cela reste une étape primordiale pour favoriser une communication préventive au sein de Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 39
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chaque famille afin de conscientiser, responsabiliser et préparer chaque enfant à ce problème de société accentué par le numérique. Les établissements scolaires et les acteurs associatifs ont également leur rôle à jouer dans la sensibilisation liée aux usages du numérique. C’est d’ailleurs dans ce sens que l’association Dunya-Ethic a créé récemment un pôle Education au numérique et aux réseaux sociaux dont l’objectif est de prévenir les jeunes sur les usages d’internet notamment ceux liés aux réseaux sociaux. Toujours dans cette réflexion pour trouver des solutions au cyberharcèlement, des parents et des ados interrogés proposent l'établissement de règles et de mesures coercitives à l’endroit des auteurs. L’usage des ados sur la toile devrait également être mieux maîtrisée par eux-mêmes par une politique de responsabilisation, et mieux contrôlée par leurs parents. Car, ce que les jeunes oublient souvent, c’est que : Les images sont éternelles : par conséquent, il est important de réfléchir sur nos publications surtout si c’est quelqu’un qui vous demande de partager quelque chose qui pourrait ternir votre image ou votre réputation. Car, qu’on le veuille ou non, une personne qui vous aime et qui vous respecte ne vous demandera jamais de vous exposer d’une cerPage 40-Biramawa Magazine-Novembre 2020 taine façon publiquement sur les réseaux sociaux en vous menaçant. Certaines applications et certains sites de réseaux sociaux promettent de supprimer les images ou les vidéos après quelques secondes d’affichage : sachez que même si vos données sont supprimées par les réseaux sociaux, entre-temps, elles peuvent être reprises (capture d’écran) et contournées par des personnes malveillantes. Par ailleurs, n’acceptez jamais de participer à l'enlisement d’une personne sur les réseaux sociaux en partageant ou likant quelque chose qui pourrait nuire à l’image de la personne concernée, lui ferait honte ou la blesserait. Il est clair qu’internet et les réseaux sociaux offrent de nombreuses opportunités et potentialités. Ce qu’on omet souvent, c’est qu’à côté de ces aspects positifs, de nombreuses dérives peuvent survenir. Ainsi, au-delà de la sensibilisation auprès des jeunes, et de la mobilisation de tous les acteurs autour du cyberharcèlement, il est essentiel de traiter le problème au même niveau que le harcèlement classique et surtout de construire des programmes de sensibilisation pédagogique qui parlent aux jeunes et qui s’adaptent surtout à leur “monde d’ados” et à leur propre langage. Aïcha Kassé Lawson, Présidente & Fondatrice de Dunya-Ethic CONTACT : 77 610 69 70 EMAIL : STUDIO13SENEGAL@GMAIL.COM
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Développement personnel ÉCONOMISER DE L’ARGENT Dans notre société actuelle dite de consommation, il est bien difficile de mettre de l’argent de côté. Fêtes, évènements religieux, sorties nocturnes entre amis ….. Tout un arsenal d’évènements imprévus et malheureusement budgétivores qui viennent tout chambouler. Pourtant, et nous le savons, avoir des économies est important pour pallier aux aléas de la vie. Dans les lignes qui suivent, nous tenterons de fournir un plan d’action efficace qui vous permettra, à coup sûr, de gérer convenablement vos revenus. 1-L’ANALYSE DE SON BUDGET Le premier geste à faire pour épargnera consiste à étudier convenablement son budget mensuel. Que vous ayez pris note sur une feuille de papier ou sur votre ordinateur, vous devez avoir une image d’ensemble de votre budget mensuel. À partir de cette analyse, vous serez en mesure de connaître exactement ce que l’on appelle les dépenses fixes, les dépenses variables et celles totalement impulsives. Les dépenses fixes sont celles dont on ne peut malheureusement pas se séparer, qui tombent chaque mois et dont le montant est en général fixe. Les charges variables sont des dépenses qui, comme vos frais fixes, sont nécessaires à votre vie du quotidien. Seulement, contrairement à vos dépenses fixes, celles-ci peuvent être variables d’un mois sur l’autre suivant vos besoins et vos choix (alimentation, restaurants...) Quant aux charges impulsives, ce sont les achats qui ne sont pas nécessaires à votre quotidien ou à vos éventuels projets. Par exemple, vous achetez le dernier iPhone alors que votre smartphone marche très bien. En faisant la différence des dépenses et en la comparant à vos revenus, vous devrez pouvoir constater une de ces situations : • La somme de vos revenus est supérieure à celle de vos dépenses. Cela signifie que vous êtes déjà en mesure d’économiser de l’argent et que la gestion de votre revenu est saine. Évidemment, vous pouvez toujours faire mieux, soit en économisant plus, soit en augmentant vos revenus. • La somme de vos revenus est inférieure à celle de vos dépenses. Dans ce cas, vous devez avoir des fins de mois difficiles et du mal à gérer votre argent. C’est donc le signe que vous devez passer à l’action………… RV PROCHAIN NUMÉRO ! Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires Étrangères Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 43
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Mame Anta Loum Fondatrice de K&R Design “ K&R Design est une société de conseil en design intérieur. Page 44-Biramawa Magazine-Novembre 2020 DÉCOUVERTE “ Mame Anta Loum communément appelée Anta Pierre est décoratrice et artiste plasticienne. Fondatrice de K&R Design, société de conseil en Design Intérieur, elle ambitionne « de devenir le numéro « Un » en décoration contemporaine africaine » et de « vendre l’Afrique à travers le monde ». Comptable de formation, Anta a bien voulu dresser son parcours et évoquer son choix pour l’entrepreneuriat. Elle est également revenue plus en détail sur sa société K&R Design. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Je suis Mame Anta Loum, communément appelé Anta Pierre. Je suis née d'une mère d'origine mixte de Peule et Haoussa du Cameroun, et d'un père sénégalais sérère. Je suis Baol Baol et fière de l'être. Cependant, je me définis comme une citoyenne du monde, décoratrice et artiste plasticienne d'un autre genre (rire). Quelles sont les grandes lignes de votre parcours de formation et professionnel ? Alors, je suis comptable de formation, hésu exactement ce que je voulais faire vraiment de ma vie. Elle était gérée par une décoratrice douée. Je voulais absolument travailler à cet endroit, bien que je travaillasse déjà ailleurs, dans une société de télécommunications, je n’aimais pas ce que je faisais. “En étant entrepreneure, je J’aime rencontrer du monde, discuter, apprendre et partager le peu de connaissances que j’ai acquis. Alors, j’ai demandé à un ami qui connaissait très bien la gérante de la brocante, s’il pouvait m’aider à obtenir un poste là-bas, ce qu’il a fait. Malgré la différence énorme entre le salaire et les avantages, j’ai ignoré tout ça, je me voyais juste m’épanouir, m’éclater, apprendre tous les jours. Ce qui me suffisait amplement à cette période, le reste, je me disais que j’avais toute ma vie pour ça. Alhamdoulillah, je me suis surpassé très vite, l’aventure a commencé ainsi. J’ai eu l’opportunité de faire des formations en ligne et en même temps de mettre en pratique, tout s’est passé très vite. Pour moi, je dirais que c’est une histoire de don avant tout, puisqu’aujourd’hui, je peins aussi des tableaux et pourtant je n’ai jamais fait les beaux-arts, je n’ai pas non plus fréquenté des artistes peintres auparavant. Au début, J’avais du mal à m’exprimer, ce n’est qu’après le décès de mon père que tout m’est venu d’u seul coup. J’ai pris des toiles déjà peintes et je les repeignais tout en blanc, ensuite ça a décollé, ce qui m'a permis d’évacuer beaucoup d’émotions enfouies et en même temps de faire la découverte d’une autre facette de moi. relève chaque jour de nouveaux défis et pour moi le fait de vivre cela est ma première motivation. " las, je me suis rendu compte très vite que j’allais rater ma vocation, si je continuais sur cette voie. Un jour, par un coup de chance, je suis rentrée dans une brocante, je suis tombée sous le charme de cet endroit et à ce moment précis, j'ai j e Vous avez fait le choix d'emprunter la voie de l'entrepreneuriat. Qu'est-ce qui a motivé votre choix ? J’ai fait le choix d’entreprendre, c’est parce qu’au départ suis un électron libre, travailler pour quelqu’un d’autre m’impose des limites, tandis que personnellement je ne m’en donne aucune. En étant entrepreneure, je relève chaque jour de nouNovembre 2020-Biramawa Magazine-Page 45
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veaux défis et pour moi le fait de vivre cela est ma première motivation. Allah. J’ai choisi ceux des garçons parce que c’est à la naissance de mon premier garçon que j’ai eu vraiment une forte envie de me mettre totalement à mon propre compte et la naissance de mon deuxième garçon, c’était pour moi une renaissance et un retour à la source. C’est donc une belle histoire d’amour et de famille avant tout. Une nouvelle aventure s’annonce avec les initiales des filles Inch’Allah, tout tourne autour d’eux Masha Allah. À qui s'adresse K&R Design ? (Vos cibles) Notre cible c’est vraiment tout le monde. Les entreprises, les particuliers, nous pensons que tous méritent de vivre et de travailler dans un cadre agréable, et ainsi, de pouvoir bien profiter des petites douceurs de la vie. Quelles sont les perspectives de K&R Design ? Notre objectif c’est de devenir le numéro « Un » en décoration contemporaine africaine, vendre l’Afrique à travers le monde, mais surtout de réaliser la suite, comme je l’ai mentionné plus haut, le projet avec les initiales de mes filles, c’est une continuité. Parlez-nous maintenant de votre Société K&R Design. De quoi s'agitil ? K&R Design est une société de conseil en design intérieur, tout type de décoration, restauration de meubles, de vente de meubles, de tableaux fait sur mesure et de produits de décorations à 80 % “Made In Sénégal » avec les produits du terroir et surtout que des pièces uniques. Pouvez-vous revenir sur l'histoire de K&R Design ? D'où vient d'ailleurs le nom de votre entreprise ? Le nom K&R Design c’est une longue histoire, car ce sont les initiales des prénoms de mes deux garçons, bien que j’aie deux filles aussi, Masha Comment vous-contactez ? Nous sommes joignables par : Par courriel : krdesigndkr@gmail.com Soit par tel ou WhatsApp : +221781396639 / +221767256911 Via notre page Facebook et Messenger : https://www.facebook.com/KRDesignSn Via notre page Instagram : https://www.instagram.com/kr_design_by_antapierre/ “ Le nom " K&R Design c’est une longue histoire, car ce sont les initiales des prénoms de mes deux garçons… Page 46-Biramawa Magazine-Novembre 2020 Quel est votre message pour les jeunes en quête de vocation ? Mon message pour les jeunes en quête d’une vocation c’est de vraiment s’écouter, car nous tous savons exactement ce que nous voulons, mais nous ne sommes pas assez attentifs. Parfois nous choisissons un autre chemin en croyant que nous serions en sécurité, hélas, non. Certes le parcours sera semé d’embûche, je vous encourage tout de même d’aller jusqu’au bout de vos rêves. Je pense qu’il n’y a pas mieux que de faire ce que l’on aime, c’est à ce moment-là que le travail devient une vraie partie de plaisir, certes elle ne sera pas facile, mais vous n’auriez pas le temps de le remarquer, vous serez bien trop occupé à relever de nouveaux défis. Vivre du fruit de notre passion c’est un pur bonheur, je le souhaite à tout le monde. “Mon mesBiramawa vous remercie. Votre mot de fin ? sage pour les jeunes en quête d’une vocation c’est de vraiment s’écouter, car nous tous savons exactement ce que nous voulons, mais nous ne sommes pas assez attentifs. " C'est moi qui vous remercie pour l'intérêt que vous portez à ma modeste personne et à mon travail. L'initiative est louable, car à travers votre magazine beaucoup de jeunes auront le courage de prendre la décision d’avancer avec le courage et la conviction de réussir. Bravo à vous, je vous souhaite beaucoup de succès. Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 47
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CV N° 9 Raymond Carvalho de Alvarengo Tu es à la recherche d’un emploi? Biramawa magazine met cet espace à ta disposition pour te permettre de proposer ton CV aux entreprises qui recrutent. Tu peux donc envoyer ton CV par e-mail : contact@biramawa.com Page 50-Biramawa Magazine-Novembre 2020 Raymond Carvalho de Alvarenga marié Dakar, Sicap Baobab 77 776 41 42 raymondcarva@gmail.com Permis B INFORMATIQUES EXPERIENCES PROFESSIONNELLES COVADIS AUTOPISTE MENSURA SURFER MS Project ARCGIS LANGUES Français Anglais Espagnol COMPETENCE PERSONNEL Pensée Créative Esprit d’équipe Communication Actif Facilité d’adaptation CENTRES D’INTERET Routes, Assainissement, Plateforme, Piste aéronautique, Electrification, Etudes des ouvrages hydrauliques, Bâtiments, etc. Novembre 2020-Biramawa Magazine-Page 51 90% 90% 60% 50% 40% 40% Depuis février 2017 : Ingénieur Géomètre /projeteur à EIFFAGE - Conception, calculs et chiffrage de projets : routes, assainissements, aérodrome, Aménagement giratoire, bâtiments, etc. Aout 2016 à Janvier 2017: ETBD - Ingénieur chef de projet Etudes Topographiques pour électrification rurale Février 2016 à Juin 2016: TECHNOSOL --Ingénieur Topographe superviseur de projets de pistes Juillet 2015 à septembre 2015: BET PLUS -Chef de brigade topographique pour Electrification rurale FORMATIONS ET DIPLOMES -Formation avec ASFORCAD (Siret Aix en Provence, France sur l’utilisation de COVADIS et AUTOPISTE 2019-2020 - UFR des sciences de l’ingénieur Université de Thiès Master 2 Géomètre Topographe « major de ma promotion» en 2015 - UFR des sciences de l’ingénieur Université de Thiès Master 1 Géomètre Topographe en 2014 - UFR des sciences de l’ingénieur Université de Thiès - Licence 3 Géomètre Topographe « major de ma promotion» en 2013 COMPETENCES TECHNIQUES

Magazine N°10 du 30 Octobre 2020


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Serigne Amar Mbacké SARR Chercheur en Droit privé Expert maritime en formation Ayoba FAYE Journaliste d’investigation Rédacteur en chef Pressafrik Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB Omar Mallé SAKHO Doctorant à l’Université Cheikh Anta Diop Laboratoire LARHISA. Thierno NGAMB Agronome Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience Guilaye TINE Designer-Digital Marketer-Telemarketer CEO IN'FINITY Djiby SADIO Photographie CEO Studio 13 Alioune FALL Juriste d’Affaires Inspecteur du travail et de la sécurité Sociale Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires Étrangères Docteur Benjamin NDOUR Médecin généraliste Khadime SENE Educateur Spécialisé au Ministère de la Justice Marianne SECK Docteur en droit de l’environnement et de la santé Ousseynou GUEYE Responsable communication chez Afric’innov et fondateur de Polaris asso Nafissatou NDAO Responsable des Ressources Humaines-FAMY SENEGAL Dr Jean Sibadioumeg DIATTA Spécialiste en communication Aïcha KASSE LAWSON Présidente & Fondatrice de l'association Dunya-Ethic contactez-nous: contact@biramawa.com Adresse postale : Île-de-France, France Éditeur : Waly NDIAYE 6-BIRAMAWA MAGAZINE L’ÉQUIPE BIRAMAWA EDITO Le numérique est partout ! Le numérique a fini de poser son empreinte sur notre société. En effet les technologies numériques investissent progressivement tous les domaines. Du traitement de l’information à la formation, en passant par l’industrie, la sécurité, la santé, la communication, la mobilité…, aucun secteur n’est en reste. Cette omniprésence du numérique n’est pas sans conséquences. Elle a, notamment, engendré de profonds changements dans notre vie quotidienne, nos rapports humains. Sur le plan économique, le secteur du numérique est un levier important de la croissance et de la compétitivité des pays. En France par exemple, il est devenu l’un des principaux secteurs pourvoyeurs d’emplois. En sus, force est de constater que toutes les organisations publiques et privées ont besoin du numérique pour se développer, améliorer leurs processus internes ou offrir de nouveaux produits ou services. Ramatoulaye BOCOUM, fondatrice de la société Adaa Ada, ne nous dira pas le contraire. Bien que basée à Dakar elle assure, grâce à son site e-commerce, la vente de ses produits au niveau régional et international. Chers abonnés, comme vous pourrez le constater, nous avons décidé de consacrer une partie de ce numéro à ce secteur clé. C’est pourquoi nous sommes allés à la rencontre de Ibrahima Sissoko, à la tête de plusieurs entreprises dans le domaine du numérique et du digital. Ibrahima, que nous félicitons au passage, fait partie des entrepreneurs qui représenteront la France au G20. Également Ndèye Massata NDIAYE, enseignante-chercheure en informatique à l’Université Virtuelle du Sénégal a bien voulu répondre à nos questions notamment sur le numérique éducatif. Pour finir Abdou DIAW, Journaliste spécialiste des questions économiques et financières au quotidien national sénégalais Le Soleil, est revenu sur le rôle que pourrait jouer le numérique pour assurer une relance économique au Sénégal et faire face à la crise sanitaire (Covid 19). Bonne lecture ! Fondateur Biramawa Waly NDIAYE BIRAMAWA MAGAZINE - 7
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EDITION SPECIALE Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Le magazine Biramawa à travers sa rubrique " Edition spéciale "a souhaité donner la voix à la Pouponnière "Vivre Ensemble "de Mbour. Créée en 2002 la pouponnière est un "lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman ". Confrontée à des difficultés à cause de la crise sanitaire, la pouponnière fait appel à toutes les bonnes volontés. Vivre Ensemble – La Pouponnière de Mbour La Pouponnière de Mbour a vu le jour en Janvier 2002, Michèle BURON-MILLET en est la créatrice. C’est un lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman. Elle permet aux orphelins de mère ou aux enfants dont la maman ne peut pas s’occuper (pour des raisons gravissimes), de vivre protégés, leurs premières années de vie si fragile, avant de regagner leur famille au bout d’un à deux ans. Très rapidement, l’association se développe et il apparaît que tous les enfants ne peuvent rentrer chez eux (rejet de la famille ou mauvaises conditions d’accueil). En 2003, les Unités Familiales sont créées pour prendre le relais et s’occuper de ces enfants qui sortent de la Pouponnière, mais ne peuvent pas rentrer en famille. Avec le temps la Pouponnière a acquis une certaine notoriété au vu du sérieux des professionnels. Aujourd’hui la Pouponnière compte 136 salariés et 148 enfants. Vivre Ensemble c’est aussi et avant tout un séjour de rupture, crée en 2001 pour des jeunes français en dif10-BIRAMAWA MAGAZINE ficultés. Ils restent durant 9 mois et participent à des chantiers humanitaires (reconstruction, réhabilitation dans les villages ), ils sont aussi amenés à faire un stage dans la pouponnière. L’objectif étant de les remobiliser et de les valoriser à travers l’aide apporté à la population locale défavorisée. Le projet est double et complémentaire, en effet une grande partie du financement des frais de fonctionnement de la Pouponnière provient du séjour de rupture lui même. En raison de la situation sanitaire mondiale l’équipe de direction de Vivre Ensemble a dû prendre des mesures rapidement. Début mars l’association s’est vue fermer ses portes aux visiteurs, nombreux chaque jour et en provenance d’Europe. Il a fallu ensuite faire de même pour l’accueil des bénévoles, une quarantaine par mois à nous apporter leur soutien. Enfin depuis maintenant le mois de mars le confinement des enfants et du personnel c’est organisé. Notre souhait comme toujours est de préserver nos enfants, mais aussi le personnel qui s’en occupe. Nous avons réussi à composer une équipe de volontaires pour rester confinés. Aujourd’hui 250 personnes sont au centre, dont 148 enfants. L’ensemble du personnel est mutuellement très solidaire, ils sont comme une grande famille. Et ce malgré l’inquiétude pour leur famille respective à l’extérieur. Nous nous devons maintenir les salaires. Pour les salariés sur place mais aussi tout ceux, qui de chez eux, sont au chômage technique et pour qui nous souhaiterions maintenir le salaire initial. Nous devons aussi assurer l’approvisionnement de l’association en denrées alimentaires, produits d’entretien, d’hygiène, médicaments. Cette situation engendre une augmentation considérable nos dépenses quotidiennes, pour lesquelles nous avions déjà des difficultés de prise en charge tout au long de l’année. Du fait de l’absence de visiteurs et de bénévoles, nous constatons une baisse des dons au quotidien. Nous gardons aussi en tête que les jeunes accueillis en séjour de rupture peuvent à tout moment être rapatriés en France, en fonction de l’ évolution de la situation. L’avenir de la Pouponnière en deviendrait alors très incertain. Nous sommes en permanence à la recherche de soutien pour nous aider dans la prise en charge des frais de fonctionnement et le maintien des activités de l’association. Les sources de financements : (Budget total annuel 291 332 806 FCFA) ‒ Vivre Ensemble Madesahel, séjour de rupture : 44 % du budget total de la Pouponnière. ‒ L’état Sénégalais 10 000 000 CFA ‒ L’association Louly l’Ecole au Sénégal , tous les frais liés à la scolarité des enfants : 5 262 087 FCFA (année scolaire 2018-2019) ‒ La Banque Mondiale 4 520 000 CFA en 2019 ‒ 270 parrains pour environ 51 085 900 CFA par an ‒ Le reste des financements dépendent des dons de particuliers et entreprises. Nous contacter : ‒ Accueil : + 221 33 957 31 36 ‒ E-mai : contact@lapouponnieredembour.org ‒ Responsable communication : Arnoult Mathilde ‒ Tel : + 221 77 881 83 60 Nous aider : ‒ Orange Money : + 221 77 500 19 32 ‒ Faire un don en ligne :https://www.helloasso.com/ Voici quelques chiffres : Effectif de la Pouponnière : ‒ La Pouponnière : 91 bébés de 0 à 2 ans. ‒ Les Unités Familiales : 37 enfants de 2 à 6 ans. ‒ La Grande Enfance : 20 enfants de plus de 6 ans. ‒ Enfants accueillis en ce moment : 148 ‒ Enfants accueillis et sauvés depuis janvier 2002 : 1 260 ‒ Employés à la Pouponnière : 136 don/associations/vivre-ensemble-la-pouponniere ‒ Notre site internet: http://www.lapouponnieredembour.org ‒ Notre page facebook: https://www.facebook.com/ pouponnieredembour ‒ Devenir parrain ‒ Faire un don par virement bancaire : IBAN : FR76 4255 9100 0008 0040 4472 464 BIC : CCOPFRPPXXX Intitulé du compte : Vivre Ensemble, la Pouponnière BIRAMAWA MAGAZINE - 11
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ENTRETIEN PORTRAIT Ndèye Massata NDIAYE Enseignante chercheure en informatique et ingénieure techno-pédagoque Pour ce numéro 10 de votre magazine nous sommes allés à la rencontre de Ndèye Massata NDIAYE enseignante chercheure en informatique et ingénieure techno-pédagoque. Ndéye Massata est également directrice de l’assurance qualité de l’Université Virtuelle du Sénégal. Dans cette interview accordée au magazine, elle dresse son parcours de formation de l’école polytechnique de Dakar à l’UCAD en passant par l’UGB de Saint-Louis. Egalement Ndèye Massata a bien voulu nous présenter son métier d’enseignante chercheure et aborder l’importante question du numérique éducatif au Sénégal. Qui est Ndèye Massata NDIAYE ? Je suis enseignante chercheure en informatique et ingénieure techno-pédagogue. Je suis l'actuelle directrice de l'assurance qualité de l'Université Virtuelle du Sénégal. Le temps s'est arrêté à 25 ans (lol) grâce au sport. J'ai un projet de film documentaire et un projet de photos dans mes tiroirs. Je suis passionnée de cuisine. Revisiter les plats sénégalais est un défi pour moi. Également la pâtisserie dont la technicité et la précision m'ont beaucoup attirées. Pourriez-vous nous parler de votre parcours de formation ? Après le BAC, j'ai réussi le concours de l'Ecole Supérieure Polytechnique de Dakar où j'ai fait un DUT en génie informatique. Ensuite, j'ai rejoint l'UGB pour faire la Licence et la Maitrise d'informatique. C'est à ce moment que débute ma carrière de chercheure. J'ai été sélectionnée au DEA d'Informatique de la faculté des sciences de l'UCAD qui m'a permis d'obtenir par la suite un financement de thèse en informatique à l'Université Pierre et Marie Curie de Paris 6. Après la thèse, je me suis spécialisée en Numérique éducatif. Pour valider mes acquis j'ai suivi le précieux sésame des spécialistes du domaine, il s'agit du master ACREDITE (Analyse Conception et Recherche dans le domaine de l'Ingénierie des Technologies en Education) de l'Université de Cergy Pontoise. Des certificats, je ne peux les citer tous (rires). Le dernier que j'ai obtenu est celui en Assurance Qualité de l'enseignement et de la gestion de l'éducation. a une vision sur le numé“Le Sénégal - rique éducatif à travers ses principaux documents de stratégie comme « Sénégal Numérique 2025 », le rapport de la « Concertation Nationale sur l'avenir de l'enseignement supérieur » qui a permis la création de l'Université Virtuelle du Sénégal. BIRAMAWA MAGAZINE - 13
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Quelles sont rapidement les grandes lignes de votre parcours professionnel ? J'ai fait mes premiers pas dans le monde professionnel dans une société de prestation de service informatique en tant responsable informatique. Trois ans, après j'ai été recrutée à l'université. Je suis également consultante au sein d'organisations internationales dans le domaine de l'éducation, de la formation et des technologies éducatives. J'ai élaboré des stratégies de numérique éducatif. La dernière en date est la stratégie de développement du numérique dans la formation professionnelle au Sénégal. J'ai également conçu l'architecture logicielle des dispositifs de formation en ligne. Je compte dans mes références une quinzaine de plateformes eLearning. “Il faut saVous êtes actuellement Enseignante–Chercheure. Pourquoi avoir porté votre choix sur ce métier ? voir que le numérique est un outil qui permet d'améliorer la qualité des enseignements et apprentissages et également de démocratiser l'éducation.» J'ai été attirée par la recherche dans un premier temps car c'était devenu monotone en entreprise. Du coup, je me suis inscrite en DEA d'informatique. Au fur et à mesure, l'enseignement est devenu mon quotidien et ensuite une passion. Transmettre de la connaissance, former, aider, soutenir, encadrer, c'est réconfortant. Comment décririez-vous votre métier d’Enseignante-Chercheure ? Je suis formatrice de formateurs en TICE (TIC pour l'éducation) au niveau de l'éducation de base, l'enseignement supérieur et la formation professionnelle. J'ai formé des enseignants au Sénégal, au Bénin et en Côte d'Ivoire. J'ai fait 8 ans à l'Université Alioune Diop de Bambey avant de rejoindre l'Université Virtuelle du Sénégal. C'est une université numérique où les enseignements se déroulent à travers des plateformes de formation en ligne. J'enseigne des cours d'algorithme et de programmation, de développement web, de base de données et de modélisation de système d'information. Mon principal défi est de montrer qu'il est possible de délivrer des enseignements de qualité en utilisant le numérique. Enseigner en ligne demande beaucoup de préparation : la conception des supports de cours et des activités d'apprentissage, le tout aligné aux objectifs pédagogiques du cours. C'est un travail de fond, d'ingénierie de formation associée à la techno-pédagogie qui se fait en amont de l'organisation de la classe virtuelle, le cours en live si je peux l'exprimer ainsi. Grâce à la COVID19, les acteurs de l'éducation ont découvert les classes virtuelles avec l'utilisation des outils de visio-conférence comme Zoom, Google Meet, teams, etc. Une classe virtuelle réussie nécessite une préparation, la conception d'un scénario pédagogique. Si la séance dure 2h, il faut bien calibrer le temps consacré à l'explication des notions clés de la leçon, les exemples ou démonstrations et les questions/réponses des étudiants. Le numérique permet de mettre en place des modèles pédagogiques innovants, toujours dans l'objectif d'améliorer les enseignements et apprentis14-BIRAMAWA MAGAZINE sages. Le monde de la EdTech est en constante évolution. Du coup, chaque année j'essaye d'améliorer mes cours et mes classes virtuelles avec de nouveaux outils. C'est dans ce contexte que j'ai orienté mes recherches vers les outils « offline » pour l'enseignement à distance en Afrique subsaharienne. Dans nos régions, la connexion internet demeure inaccessible pour le citoyen à revenu moyen. Pour « bien » apprendre dans un dispositif de formation en ligne, l'étudiant ne doit pas se soucier d'un forfait internet qui pourrait s'épuiser. Raison pour laquelle, notre équipe de recherche développe et teste plusieurs outils offline. En attendant de régler les problèmes (par nos gouvernements), nous cherchons des solutions offline pour soutenir les apprenants. Soucieuse de la qualité de la formation en ligne, j'ai orienté mes recherches dans le domaine du Learning Analytics. Les plateformes de formation en ligne génèrent énormément de données, donc pourquoi pas analyser ces Big data pour améliorer la qualité des enseignements et apprentissages par exemple adapter les contenus, lutter contre le décrochage des apprenants en analysant le temps de présence de l'apprenant et son e-parcours pédagogique. Avez-vous un message pour les jeunes élèves et étudiants qui souhaitent exercer le même métier que vous ? Soyez endurant, parce que c'est long. Soyez créatif et curieux, pour sortir du cadre et innover. D’après-vous est ce que le milieu éducatif sénégalais est assez tourné vers le numérique ? Le Sénégal a une vision sur le numérique éducatif à travers ses principaux documents de stratéBIRAMAWA MAGAZINE - 15 “On ne peut pas parler de numérique si l'électricité n'est pas accessible de partout. Après, l’accès et la cherté du coût d’accès à Internet sont des freins pour le développement du numérique éducatif.» gie comme « Sénégal Numérique 2025 », le rapport de la « Concertation Nationale sur l'avenir de l'enseignement supérieur » qui a permis la création de l'Université Virtuelle du Sénégal. Cependant il reste beaucoup à faire comparé aux autres pays. C'est clair que les contextes ne sont pas les mêmes, et c'est là qu'il faut se démarquer. La COVID19 nous a montré les avantages du numérique dans la continuité pédagogique. Du primaire au supérieur, il y a eu beaucoup d'initiatives très louables : Canal Education sur la TNT, le dispositif en ligne Apprendre à la maison, e-Jang pour la formation professionnelle, etc. Et l'après COVID19, quelle sera l'avenir de l'éducation et de la formation ? Allons-nous vers une digitalisation complète de l'éducation et de la formation : dans ce cas un élève, un étudiant, un apprenant pourrait choisir les modalités pédagogiques adaptées à son contexte personnel (je ne rêve pas dé).
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AVIS D’EXPERT Abdou DIAW Journaliste économique Faire du numérique un catalyseur de la relance économique au Sénégal La crise sanitaire a mis à genou presque toutes les activités économiques dans le monde. Entre fermeture d’usine, réduction de personnel, perturbation des chaines de production et d’approvisionnements, cette situation inédite 18-BIRAMAWA MAGAZINE a été durement vécue dans beaucoup de pays, notamment en Afrique. Même si certaines localités connaissent une tendance baissière, le virus persiste et continue à circuler au sein des populations. Les rares secteurs qui ont pu résister à ce violent choc doivent leur salut à la magie du numérique qui a sauvé la mise. Cela montre tout le poids inestimable des services du numérique dans les stratégies de développement de nos Etats. Dans un contexte où les gouvernants réfléchissent à la mise en place de plans de relance économique, l’économie numérique devrait être considérée comme un levier devant jouer un rôle de catalyseur afin de permettre aux pays d’assurer une reprise réussie post-Covid. L e Sénégal semble décrypter le message en décidant de faire du numérique une des priorités pour un succès de son plan de relance. Pour atteindre l’objectif de croissance fixé sur la période 2019-2023, le modèle de développement du PSE repose notamment sur des secteurs à fort potentiel de croissance et/ou d’emplois dont l’économie numérique. A ce titre, la digitalisation de l’économie s’avère indispensable. L’objectif que s’est fixé le Gouvernement de faire du Sénégal la plus « grande plateforme numérique régionale » via la stratégie Sénégal Numérique (SN 2025) est, certes ambitieux, mais pas irréaliste au regard du potentiel que regorge notre pays. Dans cette perspective, la mise en œuvre des projets déclinés dans le Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré (PAP2A) pour la relance de l’économie est plus qu’impérative. Il s’agit de la promotion de l’innovation et du développement des services numériques, de la mise en place de l’adressage postal et numérique, du développement des usages numériques et de la promotion de l’intelligence artificielle. Pour faire de l’économie numérique un catalyseur de la relance de l’économie post-Covid, l’Etat devra s’atteler à accélérer la mise en œuvre de la stratégie Sénégal Numérique (SN 2025) et valoriser les surcapacités de l’Agence de l’informatique de l’Etat (ADIE), notamment par l’ouverture au Secteur Privé pour une meilleure valorisation des actifs de la fibre optique. Il convient également de passer à l’échelle pour ce qui concerne la digitalisation des diverses prestations offertes aux usagers et les moyens de paiement électronique. Comme indiqué dans le PAP2A, le Gouvernement entend mettre en place un système unifié d’adressage postal et numérique au niveau de toutes les capitales départementales afin de soutenir notamment le développement du commerce électronique. Il veillera également à une meilleure prise en compte de l’intelligence artificielle dans les politiques publiques. Au regard du rôle capital qu’ont joué les technologies de l’information (le télétravail, les webinar…) dans la continuité de certaines activités, le numérique ne doit plus être considéré comme BIRAMAWA MAGAZINE - 19
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ter un appui substantiel aux pays africains individuellement et collectivement afin de renforcer l'infrastructure numérique nationale et régionale pour une connectivité plus grande. Au Sénégal, à travers le Plan Sénégal Emergent (PSE), notre pays a fixé un nouveau cap en misant sur la transformation structurelle de son économie pour atteindre une croissance forte, soutenue et durable. un accessoire mais comme la lame de fonds dans la définition des politiques publiques de développement. La promotion de l’économie numérique dans les plans de relance est d’autant plus importante que la Banque africaine de développement en fait un sacerdoce. En marge de l’ouverture des Assemblées Annuelles 2020 de la BAD, le 26 Août 2020, Madame Nialé KABA Ministre du Plan et du Développement Présidente du Conseil des Gouverneurs de la BAD, notait qu’au-delà de ses effets néfastes, la pandémie nous oblige à relever le défi de la digitalisation de nos économies. A cet égard, il faut, selon elle, pouvoir tirer le meilleur profit de cette digitalisation. Eu égard, à l'intérêt que suscite le recours à cette technologie, elle encourageait la Direction de la Banque à appor20-BIRAMAWA MAGAZINE C’est pourquoi, le Gouvernement s’est engagé dans l’élaboration d’une stratégie nationale de développement de l’économie numérique, en relation avec les parties prenantes publiques, privées et la société civile, afin de maintenir sa position de pays leader innovant, par une utilisation généralisée du numérique à tous les niveaux de la société : administration, citoyens et entreprises. Dans la Stratégie Sénégal numérique 2016-2025, l’Etat réitère son engagement de faire du numérique un secteur déterminant dans le développement économique et social du Sénégal. C’est un levier essentiel de démultiplication des gains de productivité et d’accroissement de la compétitivité de tous les secteurs de l’économie, à travers l’offre des biens et des services numériques. Toutefois, le sous-secteur est confronté à plusieurs défis dont celui de l’accès universel à l’internet, même si la crise de la Covid-19 a montré toute l’importance de ce secteur. ’ COMMENCEZ AVEC LE VOUS VOULEZ VISITER VOUS VOULEZ VISITER L’AFRIQUE? COMMENCEZ AVEC LE SENEGAL
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LE COIN D’AUTRUI Bonzzzooouuurrr Warahmatullah "Le sacrifice est toujours guidé par un amour inconditionnel." chers lecteurs et lectrices de Biramawa. Pour ce nouveau numéro de votre Quinzomadaire, je vais encore vous plonger dans « Les Drames d’Autrui ». C’est l’histoire d’un sacrifice qui doit tous nous inspirer dans les relations que nous entretenons avec ceux et celles que nous aimons. 22-BIRAMAWA MAGAZINE « Je me suis levé ce matin bloqué devant le miroir qui domine le décor de ma chambre. Un étrange reflet me parvenait de cette glace. Ce visage n’est pas le mien. Je ne me reconnais point dans ces tristes traits d’un homme qui a déjà accepté la fatalité. Dois-je me résoudre à tout abandonner après tant d’années de lutte et après tout ce que j’ai sacrifié ? Ne me reste-t-il que mes yeux pour pleurer ? Est-ce vraiment moi, là devant ce miroir, les larmes coulant à flot sur ce visage ridé par la fatigue et les échecs successifs ? Je cherche désespérément une once d’énergie, un semblant de volonté, pour armer une dernière, vraiment une toute dernière tentative de sauver Sarani. Moments de bonheur passés à ses côtés et douloureux épisodes des vaines tentatives pour sa reconquête se disputent ma décision finale. Je me dis une première fois qu’il faut peut-être chercher à aller de l’avant. A fermer cette parenthèse, cette porte, ce chapitre de ma vie pour en ouvrir d’autres, de parenthèses, de portes ou de chapitres, avant qu’il ne soit trop tard… Mais une seconde idée émerge et m’attaque. Une voix inaudible ne veut décidément pas que je passe à autre chose. J’assiste impuissant à cette chamaillerie interne de mon être coupé entre l’envie de tout recommencer à zéro et celle d’engager la bataille finale. Une bataille dont je sais déjà que je n’en sortirai jamais indemne, vainqueur ou pas. Mon histoire avec Sarani remonte à notre enfance dans notre village quelque part dans le Sud du Sénégal. Nos deux demeures familiales étaient voisines et nos parents avaient gardé des rapports fraternels depuis des générations. Le cousinage à plaisanterie entre Sérères et Peuls est venu raffermir les liens de nos deux familles. Ensemble, main dans la main, nous allions à l’école. Ensemble, main dans la main, nous revenions chaque jour de ce lieu de notre beau passé. Classe après classe, année après année, le lien qui nous réunissait, devenait de plus en plus fort. Aucun de nous deux ne pouvait rester une journée sans voir l’autre, même pendant les périodes de grandes vacances. Quand il s’agissait de partir chez un oncle ou une tante en ville pour y passer des jours voire un mois, on trouvait toujours une excuse pour rester l’un près de l’autre. Il est malheureusement arrivé un de ces matins d’hivernage et de pluie où le soleil s’était exilé, des jours durant, dans les profondeurs du ciel nuageux. La maman de Sarani est venu annoncer à mes parents que sa fille, qui n’était âgée que de 15 ans, allait être donnée en mariage à l’un de ses cousins qui habite dans un autre village se situant à une centaine de kilomètres du nôtre. Tout de suite, j’ai pas réalisé ce qui venait de se passer. Mais quand ma mère, sous un ton assez plaisantin, m’a dit : « Dommage mon enfant, ta chérie va te quitter pour un plus sérieux djamalé (rival) », j’ai eu un gros pincement au cœur. J’avais 15 ans et je pouvais rien faire d’autre. A part passer des journées entière, isolée dans mon coin à pleurer le départ certain de celle avec qui je prévoyais de passer le reste de mes jours. A deux jours de la célébration des noces de Sarani, je suis allé la voir pour lui proposer de s’enfuir avec moi. Elle m’a déconseillé, les larmes aux yeux de tenter quoi que ce soit qui pourrait nuire à la relation entre nos deux familles. Nous sommes restés là, pleurant à chaudes larmes sur le sort incertain que lui réservait ce destin qu’elle ne pouvait repousser. Je me suis levé pour partir et la laisser à jamais. Mais je ne pouvais m’en aller sans contempler à nouveau cette magnifique et innocente figure, cette beauté rarissime, ces traits uniques d’un visage sans doute dépêché du paradis, ces yeux qui pétillaient en toute circonstance. Ce n’est pas seulement à Sarani que je tournais le dos. Ce jour-là, j’ai abandonné une grande partie de moi. Un mois après le départ de Sarani, je suis tombé malade. Je souffrais énormément et étais parfois sujet à de vives halluciBIRAMAWA MAGAZINE - 23
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nations. Je divaguais, prononçais son nom à tu-tête, se réveillais et criais la nuit quand tout le monde, mise à part ma mère, était capturé par Morphée. Mais quelques semaines après, j’étais à nouveau sur pied, après avoir pris quelques bains mystiques. Cependant, je n’étais plus ce garçon plein de vie et qui rêvait de devenir avocat. Je me suis néanmoins accroché à la vie et à mon rêve. J’ai eu mon bac et suis parti à la capitale étudier le droit. Et c’est au courant de ma troisième année à l’Université que Sarani a resurgi dans ma vie. Une lettre m’est parvenue alors que j’étais venu rendre visite à ma famille pendant les vacances de Noel. Elle disait ceci : « Mon cher ami, je souffre depuis qu’on s’est quitté. Il n’y a pas un seul moment passé dans ce lieu qui me donne envie d’y rester. J’ai enduré et je continue d’endurer l’abandon, le délaissement de l’homme qui me sert de mari et que je ne vois que très rarement. S’il n’est pas avec son troupeau de vaches, il est avec d’autres femmes. Mon seul tort est de n’avoir jamais pu enfanter après des années de mariage. Si je t’écris, ce n’est certes pas pour alarmer mes parents ou le village entier. Mais tu dois savoir que dans le gouffre où je me trouve, tu es le seul à pouvoir m’y tirer. Aux bons souvenirs de notre enfance, je garde une foi iné24-BIRAMAWA MAGAZINE branlable en toi. Au revoir » J’ai tout essayé pour la tirer du précipice. Je suis même allé jusqu’à son village pour convaincre son mari de la libérer puisqu’il n’en prenait plus soin. J’ai récolté un coup de machette qui aurait pu m’être fatal, si je n’avais pas été évacué de justesse de ce village, par un vieil homme. Après mon rétablissement, j’ai voulu ester en justice contre l’homme qui m’avait agressé. Mes parents m’ont dissuadé de le faire. Je n’ai récolté que le courroux de mon père qui ne pouvait pas comprendre comment j’ai pu oser entreprendre une telle démarche sans lui en parler. Mais à chaque fois que je décidais d’abandonner, l’image de Sarani épuisée et rongée par la détresse et la fatigue me revenait à l’esprit. Je ne pouvais pas. Non, je ne pouvais pas l’abandonner à son propre sort dans ce trou perdu. Pendant les grandes vacances, alors que je revenais des champs, j’ai croisé le même vieux qui m’avait évacué de justesse après mon agression par le mari de Sarani. C’est lui qui est venu à moi pour me rafraîchir la mémoire. Je lui ai adressé de vifs remerciements avant de lui demander s’il a des nouvelles de mon amie. Et là, il m’a demandé de le retrouver après la prière du crépuscule derrière l’école du village avant de me dire qu’il avait peut-être une solution pour notre problème. Je l’ai trouvé devant une case située dans une maison délabrée. Il était assis sur une natte de prière, le chapelet à la main, en train de dire des invocations. Il m’a fait un signe de la main pour que je prenne place en attendant qu’il termine. J’étais très impatient d’écouter ce qu’il avait à me proposer pour enfin sauver Sarani de son enfer. Mais j’étais loin de m’imaginer que le choix serait aussi difficile à faire. « Mon garçon », a dit le vieil homme brusquement, alors que j’étais plongé dans mes pensées. J’ai presque sursauté avant de lui prêter toute mon attention : « Le mariage est un lien sacré. Et l’amour est un lien divin. Ta bien-aimée est dans un lien sacré. Et pour la sauver, il te faut sacrifier quelque chose en retour. Chaque chose a un prix ici-bas et dans l’au-delà. Sarani ne tiendra pas encore une année dans son foyer conjugal. Elle va mourir de chagrin, de honte et de peine. Son cœur a tenu plus qu’il ne le pouvait. Mais le hic, c’est qu’elle est dans un lien sacré et protégé par la loi divine. Voilà ce que tu peux faire pour la sauver. Soit tu rassembles cinquante vaches et cinquante chamelles que tu vas sacrifier dans une semaine. Et il faudra les acquérir honnêtement ces bêtes. Si tu en es vraiment incapable au bout d’une semaine, il te restera l’ultime solution, celle de transposer sa stérilité sur toi. Ainsi tu seras impuissant pour le restant de tes jours sans possibilité aucune d’y remédier. Mais attention, si t’es pas sûr de pouvoir réussir, il ne faut pas entamer le défi. Le sacrifice est si énorme et cela implique non seulement ton futur, mais aussi l’espoir que tes parents ont fondé en toi. Mon garçon, tu as une nuit entière devant toi pour réfléchir. Alors vas-y et je prie Dieu pour que tu puisses faire le bon choix.» Sur le chemin du retour, je ne pensais à rien d’autre qu’au moyen de trouver des fonds pour rassembler un tel troupeau. J’y ai pensé toute la nuit sans pouvoir une seule minute fermer l’œil. Je n’étais qu’en troisième année et mes parents n’avaient même pas les ressources nécessaires pour s’offrir, ne serait-ce que, trois vaches. Mais l’heure du rendez-vous s’approchait et je devais me décider, sinon Sarani allait mourir. Non, la mort de Sarani était inconcevable. Je n’ai même pas cherché à peser le pour et le contre. Mon choix était fait. Je devais relever l’énorme challenge qui s’annonçait comme une mission impossible. Quand je me suis présenté devant le vieux sage ce soir-là, il n’y avait pas besoin que je lui dise quoi que ce soit. Nos yeux se sont croisés et il m’a dit : « Tu es très courageux mon garçon. Puisse Dieu t’assister dans ta démarche. Maintenant va et garde toujours la foi ». J’ai parcouru tous les villages environnants à la recherche de bergers créditeurs. En vain. Sans argent liquide, je ne pouvais rien obtenir. Je suis retourné dans la capitale pour voir avec mes contacts s’il y avait moyen de trouver une somme d’argent conséquente. Mais en tout et pour tout, je n’ai pu réunir que 9 millions avec l’aide d’un ami qui avait des parents aisés. Mais c’était trop peu. Pour rassembler un tel troupeau, il me fallait des dizaines de millions. J’étais abattu et consterné. Il ne me restait qu’un jour et je suis retourné au village attendre que l’inévitable se produise. Vous comprenez donc bien toute ma peine devant ce miroir qui domine le décor de ma chambre. Vous comprenez bien mon penchant à tout abandonner et à me résigner face à un destin trop fort pour moi. J’ai choisi de ne rien dire à mes parents. De peur qu’ils ne me dissuadent de prendre ma propre décision. Après le crépuscule, je suis retourné à l’endroit où le vieux sage m’attendait une toute dernière fois. Nos yeux se sont encore chargés de communiquer à la place des mots. Une minute, puis deux et un froid glacial s’emparait de mon corps. Je ne sentais plus aucun de mes membres. Paralysé pendant un bon moment, j’ai retrouvé l’usage de mes jambes et de mes mains après avoir été aspergé d’un liquide mystique par le vieux sage. L’heure de la libération était venue pour Sarani sonnant par la même occasion ma condamnation à ne plus jamais connaître le plus petit plaisir charnel. « Mon garçon, c’est certes très dur. Mais plus longtemps tu vivras, plus tu sauras qu’aucun sacrifice ne reste vain. Ici se séparent nos chemins. Tu ne me verras plus jamais. Mais tant que tu garderas la foi, tu auras le meilleur des compagnons. Adieu mon garçon ! » Et il est parti… deux ans après, Sarani avait mis au monde des jumeaux. L’un portait mon nom. Ai-je fait le bon choix ? J’en suis convaincu et la lecture de cette phrase d’un grand philosophe sénégalais me réconforte : « La plus mauvaise femme sur terre vaut de l’or. Quant à la vertueuse, elle n’a pas de prix ». Le Sacrifice est toujours guidé par un amour inconditionnel. Sur ce, portez-vous bien en respectant les mesures barrières édictées par les autorités sanitaires pour se protéger du virus et protéger également vos proches. Paix sur vous ! Ayoba FAYE Journaliste d'investigation Rédacteur en Chef PressAfrik BIRAMAWA MAGAZINE - 25
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ENTRETIEN EXCLUSIF Ibrahima SISSOKO "L'entrepreneuriat était une suite logique dans mon parcours." Ibrahima, franco-malien, est à la tête d’une vingtaine de sociétés dans le domaine du digital et du numérique en France et à l’étranger. Se considérant comme un serial entrepreneur, en perpétuelle quête de nouveaux défis, Ibrahima, à travers sa structure Growth Ground Investment, accompagne les jeunes entrepreneurs africains. Il fait d’ailleurs partie des 35 entrepreneurs qui représentent la France au sommet du G20. L’évènement se tient du 27 au 30 Octobre 2020 à Paris intra-muros sous la présidence de l’Arabie saoudite. La Une du numéro 10 de votre magazine lui est consacrée. Occasion saisie pour revenir sur ce sommet du G20, son « chemin initiatique », son intérêt pour l’entrepreneuriat et le numérique. Ibrahima a également donné son point de vue sur la place qu’occupe l’entrepreneuriat en Afrique. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Ibrahima SISSOKO franco-malien petits fils d’agriculteurs et fils d’ouvrier, originaire de Chanteloup-les-vignes une petite ville de 12000 habitants en Ile-de-France dans le département des Yvelines. Aujourd’hui je suis à la tête d’une vingtaine de sociétés dans le secteur du digital et du numérique en France et à l’étranger. Quelles sont les grandes lignes de votre parcours ? Plutôt que parcours j’utiliserai plutôt chemin initiatique car tout ce que j’ai vécu m’a amené à devenir la personne que je suis. Ma vie n’est faite que de rencontres donc pour simplifier je vais vous en décrire cinq : • Rencontre avec mes oncles maternels où je découvre comment ils ont monté un empire financier dans le textile, sans savoir ni lire ni écrire développent leurs activités d’import-export entre Asie et Afrique. • Rencontre avec les NTIC j’atterris chez Free comme conseiller multimédia pour y finir en tant que technicien itinérant. Au cœur de ses entrailles, j’y découvre une nouvelle forme de gouvernance et de management. d’un pr“Le secret réside dans sa préparation, c’est un aspect essentiel et qui ne dépend que du ou des jeunes pousses.. » • Rencontre avec le développement : Concepteur développeur informatique. J’y découvre code, base de données et interface. Toutes ces notions aujourd’hui dont je ne pourrais me passer et qui ont occupé tant de nuit et de mes journées. De cette expérience me viendra le goût pour la veille, la montée en compétences et la formation continue. • Rencontre avec les données : En mission en tant que consultant indépendant, je m’éprends de la donnée et du respect qu’elle impose. • Rencontre avec lui : lui c’est moi ou son alter égo BIRAMAWA MAGAZINE - 27 ojet réussi
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• Je crée des entreprises, en mobilisant des équipes afin d’étudier des opportunités, développer une stratégie qui permettront de passer de l’idée au projet, du projet à jeune pousse, puis PME, ETI... • J’aime créer, développer et ensuite je laisse la main une fois l’entreprise mise sur les rails (stabilisation des marges et de la rentabilité) pour me consacrer au développement d’un nouveau projet. • Ce n’est pas l’argent qui m’anime mais bien le défi de la réussite, le rythme effréné de la création, l’excitation de fédérer une équipe et j’évolue principalement Vous vous décrivez comme un « serial entrepreneur ». Quelles ont été́ vos principales motivations pour vous lancer dans l’entrepreneuriat ? L'entrepreneuriat était une suite logique dans mon parcours, j’y ai été amené de par mon cheminement et la personne que je suis. J’ai commencé par mon introspection - qui suis-je ? Et qu’est-ce que j’aime faire ? Les réponses ont été évidentes : la stratégie, parfaire mon réseau, mobiliser des équipes en trouvant les talents et en coordonnant leurs actions. À l’inverse, je suis beaucoup moins doué pour la gestion quotidienne, et je ne suis pas un chef d’entreprise. Je suis exalté par l’idée d’avoir bâti quelque chose de par mes/nos propres compétences que par l’argent, et surtout le fait de créer de la valeur en architecturant. • Dans les nouvelles technologies car ces secteurs porteurs en hyper croissances. Vous avez créé́ des entreprises en Ile de France dans le domaine du Numérique. Pourquoi ce choix porté sur le domaine du digitale et numérique ? pagne de“J’accompousses africaines à travers la structure Growth Ground pour l’instant en côte d’ivoire et au Sénégal.. » Me reposer sur mes lauriers ne m’intéresse pas, j’ai toujours un projet en tête ou à la recherche du porteur de projets et j’aime me renseigner sur les nouvelles tendances, voilà pour mes motivations en tant qu'entrepreneur et pour rentrer dans le détail de ma gestion de serial entrepreneur : 28-BIRAMAWA MAGAZINE Le choix s’est tout simplement imposé de luimême, il y avait un besoin auquel il fallait répondre à un instant T, par contre par la suite on a privilégié la croissance endogène mais également horizontale en construisant un écosystème de service basé sur l’expérience utilisateurs tout en restant à la pointe des technologies existantes. s jeunes Vous ne vous contentez pas de créer des entreprises. Vous accompagnez aussi les Entrepreneurs, Startup...Que pouvez-vous nous dire sur votre société́ Growth Ground Investment ? Il y a effectivement plusieurs volets, dans un premier temps le fait que l’on favorise l'entrepreneuriat autour de notre histoire et du socle commun. Et oui dans un second temps j’accompagne des jeunes pousses africaines à travers la structure growth ground pour l’instant en côte d’ivoire et au Sénégal. Nous avons pour projet d’élargir cet accompagnement via un accélérateur qui réunit des compétences ciblées, spécifiques et hyper pointues celui-ci devrait voir le jour avant la fin de l’année. Vous portez une attention particulière aux jeunes entrepreneurs. Quels sont vos conseils pour ces entrepreneurs en herbe ? Le secret d’un projet réussi réside dans sa préparation, c’est un aspect essentiel et qui ne dépend que du ou des jeunes pousses. Il est essentiel aujourd’hui de donner le temps au temps. Concrètement la phase d’étude d’opportunité (étude de marché, analyse concurrentielle et benchmark) et de faisabilité (A/B testing de la proposition de valeur) sont des étapes trop négligées qui sont pourtant essentielles à tout démarrage de projet. En tant qu’acteur, est-ce que, d’après vous, le cadre est-il favorable à l’entrepreneuriat en France ? Le cadre qu’offre la France au porteur de projet est idyllique car même sans parler des aspects financiers, vous avez des structures d’accompagnement à la création selon la forme juridique, le modèle économique, les enjeux du marché. Des réseaux identifiés d’entrepreneurs qui vous permettent de resauter et de vous appuyer sur des retours d’expériences d’entrepreneurs à succès, sans compter l’accès à des formations via des financements publics ou privés. Qu’en est-il de l’Afrique ? L’Afrique est un vaste sujet où l’entreprenariat formel ou informel est une norme de survie, une norme d’existence. L’augmentation de l’employabilité en Afrique ne peut se faire que via l'entrepreneuriat. La différence réside dans le modèle qui devra s’inscrire dans ce que j’appelle l’économie réelle : le point mort, date à laquelle le seuil de rentabilité doit être atteint est beaucoup plus court que les modèles occidentaux. La résilience est le mot adapté au cadre africain car les pivots sont drivés par le contexte et l’environnement autant que par les données recueillies. “L’Afrique est un vaste sujet où l’entreprenariat formel ou informel est une norme de survie, une norme d’exisQuelles sont vos préconisations pour une meilleure promotion de l’entrepreneuriat ? • tence. L’augmentation de l’employabilité en Afrique ne peut se faire que via l'entrepreneuriat. » Centraliser et gérer l’information en faveur de l’entreprenariat à travers des structures dédiées avec une présence web impérative • Mettre en place des organisations favorisant la croissance externe (export de ses produits et services) qui s’appuierait sur les diasporas • Identifier les compétences manquantes sur les territoires et favoriser leur émergence via des cursus spécialisés (diplômant ou certifiant) • Contracter des collaborations avec des organes étrangers dans le cadre de transfert de compétences technologiques De simples mesures mais d’une efficacité qui permettrait d’accélérer par 2 la croissance de l’Afrique a horizons 2022 Vous faite partie des 35 entrepreneurs qui représentere la France au sommet Du G20. Nos sincères félicitations ! Pouvez-vous nous en dire plus ? Tout d’abord je vous remercie infiniment, l'événement se tient du 27 au 30 Octobre 2020 à paris intra-muros sous la présidence de l’Arabie saoudite et nous aurons la charge d’élaborer des recommandations en faveur de la croissance, de l’emploi et de BIRAMAWA MAGAZINE - 29
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l’innovation face à cette période inédite de crises sanitaires et économiques mondiales. Je suis honoré d’avoir été sélectionné et de participer à cette édition si spéciale vu le contexte, je pense pouvoir apporter un regard différent. Pour changer de registre, le monde fait face à̀ une crise sanitaire (COVID 19). Qu’est-ce que la situation vous inspire ? Il est souvent plus simple de partir d’une feuille blanche que de partir d’un existant avec toutes les complexités que ce dernier englobe. Il est primordial pour moi de s’inventer et non pas de se réinventer. Les analyses et les constats sont là. A nous désormais de savoir ce que l’on laissera à nos générations futures. Quelles sont les alternatives aux énergies fossiles et comment les industrialisés dans le respect de l’environnement ? Avons-nous besoins de protéines (viandes/ poissons) à tous nos repas ? Sommes-nous prêts à accorder « la confiance » à un algorithme plutôt qu’à un être humain et quelles en seront les répercussions ? La situation m’inspire des questions auxquelles nous devront tôt ou tard répondre. D’après vous quelles leçons peut-on tirer de cette crise sanitaire ? Des leçons il y’en a un certain nombre je ne m’attarderais que sur celle-ci. Les priorités et les prioritaires : nous avons dû redéfinir nos priorités en privilégiant les besoins primaires et les industries capables de les satisfaire, et donc par la même occasion ces fameux prioritaires qui pour l’essentiels sont représentatifs du petit cocon familial. Parlez-nous de vous. Au-delà de vos activités entrepreneuriales, quelles sont les causes qui vous tiennent à̀ cœur ? rité et d’entraide qu’on retrouve dans ses milieux où le partage est un mode de vie et un fondement de base. Il est donc important pour ma part de mettre en place les écoles de pêches plutôt que la distribution de poisson, tout ne se faisant que par étapes il faut bien sûre y aller crescendo. J’œuvre donc à ma hauteur à la mise en place de ce dogme. Quels sont les Hobbies de Monsieur SISSOKO ? Mr SISSOKO aime lire, se cultiver apprendre de nouvelles choses et surtout prendre soins des siens. Je suis conscient d’être aujourd’hui un privilégié et j’en suis reconnaissant très reconnaissant via toutes les personnes qui contribuent au quotidien à cette aventure. “A nous de savoir ce que l'on laissera aux générations futures." Tout naturellement ayant grandi dans un quartier populaire et de par mon éducation j’ai bénéficié d’action sociale, de solida30-BIRAMAWA MAGAZINE Biramawa vous remercie Monsieur SISSOKO. Votre mot de la Fin ? Le mot de la fin n’est que le dernier mot d’une aventure contée, un retour d’expérience une opinion partager et surtout le début ou la continuité de sa propre histoire. Merci pour ce moment de partage
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ENVIRONNEMENT L’environnement pour juguler « la malédiction du Pétrole » au Sénégal Au moment où des gisements de gaz et de pétrole sont découverts à outrance en offshore comme en onshore au Sénégal, faisant miroiter des lendemains meilleurs à l’image des pays du Golf arabique, une alarme sournoise se déclenchait pour nous rappeler non loin de nous. Le peuple de Venezuela est en train de faire les frais d’une économie basée sur le pétrole. La question à mille balles est quel destin nous attend, nous sénégalais ayant regardé dans la boule de cristal du passé des autres pays producteurs de pétrole ? 32-BIRAMAWA MAGAZINE La mort programmée du pétrole Depuis la fin du 20é siècle, le pic du pétrole fut annoncé sur la base de notre vorace société de consommation globalisée. Dans ce sillage, le géant pétrogazier British Petroleum (BP) table sur une diminution légère (-5 %) à très forte (-75 %) de la consommation de pétrole d'ici 2050. En cause : la transition énergétique du secteur des transports routiers et le dynamisme des énergies renouvelables. La décadence des entreprises énergétiques est amorcée par la décision concertée de plus de 50 institutions financières de renom (HSBC, Banco Santander, Deutsch Bank, Goldman Sachs, JP Morgan Chase, Citigroup, Wells Fargo et Morgan Stanley) qui ont introduit des politiques limitant le forage des sables bitumeux et/ou du pétrole et du gaz en Arctique, selon un tracker développé par l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA). cours. Exxon n'est pas le seul géant à prendre la porte. Il est accompagné du laboratoire pharmaceutique Pfizer et de compagnie d'aéronautique et de défense Raytheon Technologies. Ces trois titres seront remplacés par l'éditeur de logiciels Salesforce, la biotech Amgen et le groupe industriel Honeywell. La valeur boursière de la compagnie saoudienne Aramco a été annoncée à grande pompe comme la future levée de fonds jamais égalée de 2000 milliards de dollars. Toutefois les sociétés à la plus grosse capitalisation boursière restent les entreprises de la Hightech. Pour compléter ces chiffres sur les entreprises les plus riches, il existe aussi l'étude 2018 de PricewaterhouseCoopers (PwC). Ceux sont les Gafam (Google Apple Facebook Amazone Microsoft) qui prennent les premières places. Pour la 7ème année consécutive, Apple domine le palmarès. La valorisation boursière de la marque à la pomme atteint 851 milliards de dollars en 2018 contre 754 milliards de dollars en 2017. Alphabet (ex-Google) et Microsoft complètent le podium avec une capitalisation boursière de 719 et 703 milliards de dollars contre respectivement 579 et 509 milliards de dollars en 2017. Notons la très forte poussée des entreprises chinoises Tencent et Alibaba qui passent respectivement de la 11ème et la 5ème place et de la 12ème à la 7ème place. Amorcer par anticipation la transition énergétique La prépondérance des services sur les matières premières tel le pétrole Tout un symbole Exxon est éjecté du Dow Jones. Le S&P Dow Jones a annoncé la sortie d'Exxon Mobil (-2,9% à 41 dollars) du Dow Jones le 31 août 2020. La compagnie pétrolière américaine affichait le record de longévité au sein de l'emblématique indice new yorkais. Un état de fait qui illustre la transformation énergétique en Si ce sont les majors pétroliers (shell total Exxon afi Mobil BP petrobras...), qui se reconvertissent dans les énergies supposées vertes, en anticipant le virage énergétique, quand devrait-il être de notre société étatique sénégalaise où il ne s’agira pas seulement de perdre des dividendes, mais le devenir de toute une nation qui sera engagée ? Donc, une attente exclusive du développement basé sur les hydrocarbures sera vouée à l'échec. Le pétrole peut être la source de développement des énergies renouvelables qui nous sourient sans contingences étrangères. Le soleil est un potentiel infini à mesure de la durée de la vie notre BIRAMAWA MAGAZINE - 33
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système stellaire, donc il suffit seulement de déployer des panneaux et la conversion de l’énergie solaire en électricité et nous voilà assurer une self efficience. Quant au biocarburant une aubaine pour un pays en voie de désertification et qui serait très profitable à toute la parallélépipède allant de Mpal, passant à Podor, descendant à Bakel pour se fermer à Mékhé, qui retrouvait une opportunité viable et digne de la caverne d'Ali baba en termes économique, agricole, industriel, de développement local, la revivification des contrées à réputation sujette à la victimisation, facilitant la reconsidération sylvopastorale, favorisant l'exode urbain qui de facto desserrera l'étreinte démographique plombant un centre urbain comme Dakar. Subséquemment des milliers de jeunes seront utilisés en opérateurs indépendants sur le modèle de Gora Ndiaye, pour repousser le désert, en implantant des oasis viables et bio. Il nous suffit de rediriger une partie des dividendes issues du pétrole afin de préparer l’après pétrole, dès la première goutte. Gora N’Diaye du village de Samba Dia un self made man dans la partie aride voir désertique de notre Sénégal, qui s’est donné l’idée de repousser les limites du désert sans attendre rien des gouvernants, il contribua à l’émergence d’une lueur d’espoir réaliste. Ce digne fils du terroir favorise l’éclosion d’Oasis viables, loin d’être égoïste de sa découverte, il forme et autonomise chaque année une ving34-BIRAMAWA MAGAZINE taine de jeunes qui se voient octroyer un hectare à mettre en pratique. Un tournant efficient vers le développement assuré pour les générations futures Le souci de la protection de l'environnement est une garantie pour le présent autant pour le futur, si nous amorçons la transition énergétique écologique. Nous n'aurons plus besoin d'aller à des bornes sous terre ou en mer pour trouver du pétrole, la peur de catastrophes écologiques comme les marées noires ou d'explosion de plates-formes, et le transport des matières premières sera plus assouplies donc moins de production de gaz d'effet de serre. Le bilan carbone négatif pourra nous permettre de capitaliser sur la vente de bons de crédits carbone vers les pays pollueurs et on diminuera au passage notre déficitaire balance commerciale, pour laisser place à un tableau idyllique plus rose garanti. Dans une large mesure, la base de l’Indice de Développement Humain c’est l’éducation, le gap scientifique avec les pays développés ne sera qu’un lointain souvenir une fois qu’une incidence conséquente sur la résorption du retard scientifique est consentie en investissement sur le système éducatif. Surtout si cette mutation est une réorientation de l'éducation à une forte dominance technoscientifique, sans oublier les sciences sociales pour la régulation humaine. Le développement par l’expertise locale La promotion locale est dans la préférence de l’entreprise sénégalaise sur toute autre, le Sénégal first sinon c'est du vent que l'on se vend à soi-même. Il fallait promouvoir Sustainable power electric company (SPEC) pilotée entièrement par des Sénégalais, et qui avait pour ambition d’encourager l’essor d’une industrie photovoltaïque en Afrique. C’était le moment de s’autonomiser en matière de panneaux locaux et enclencher le virage énergétique. Mais nous préférons laisser SPEC faire face à d’innombrables difficultés parce que nous ne savons pas défendre nos entreprises naissantes ou juvéniles, par déficit de vision ou par complexes d’infériorité populaire. Pour pouvoir bénéficier d’au maximum des hydrocarbures, il faut une prise effective d’un ensemble de mesures, telle que la réadaptation du code pétrolier qui devra réserver plus de pourcentage dédié au Sénégal, comparé au maigre 10% actuel. Un mauvais départ malencontreux peut être rectifié si l’on prend en considération les attentes des générations futures délaissées. Ainsi, la sécurisation des secteurs de la pêche du tourisme de la biodiversité pourra être un point d'inflexion à entrevoir pour ne plus avoir le besoin de continuer avec des slogans. Sinon nous subirons avec la démocratisation des véhicules électriques ou hybrides et à hydrogène, un réveil difficile malgré des flots d’hydrocarbure. Or pour respecter les intérêts des générations futures, au lieu de se focaliser sur le tout pétrole, une alternative s’offre à nous c’est le gaz qui est d'une exploitation facile et maîtrisée par la pétroindustrie sénégalaise, avec des hommes qualifiés, suivant une ressource BIRAMAWA MAGAZINE - 35
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abondante, une demande disponible, un atout considérable pour développer les autres secteurs. Ainsi il serait plus judicieux de surseoir à l’attribution des blocs pétroliers jusque dans un futur proche. Ainsi, nous aurons le temps de l’exploitation du gaz avec la maitrise de l’expertise et l’industrie nationale. L’exploitation du pétrole pourra à son tour être nationalisée à l’avenir, grâce aux revenues issues du gaz, et l'émergence d'un ensemble de compétences, la favorisation de l'industrie locale, le transfert de technologie, la coopération Sud-Sud en misant sur des entreprises n’espérant aucune ouverture vers l'extérieur mais avec une expertise avérée (aramco, petrobras,..) l'érection d'universités technologiques adaptées et résilientes loin des pales copies du modèle étranger au design dicté par leur histoire et leur vision du futur. La réalité des statistiques En matière de chiffre d’affaires dans le monde des gros sous, Walmart arrive en tête, la 2ème place est occupée par le groupe énergétique chinois State Grid, puis en 3ème position le groupe pétrolier et chimique chinois Sinopec. Le chinois China National Petroleum pourra être une référence au Sénégal avec ses 1 470 193 employés (contre 1 512 048 en 2016) soit un ratio de 1 chinois sur 1000 travail pour une seule entreprise. La pétrochimie plutôt qu’assurer la redondance du passé (exporter du brut et acheter des produits raffinés au prix forts) sans compter les contingences néfastes et favorisant une économie déficitaire). Le pétrole et ses métiers sont très friands en main de d’ouvres. Sachant qu’au Sénégal une personne qui travaille impacte la vie d’au moins dix personnes Certes il n’y a pas d'énergie propre, toutes les énergies sont polluantes ou destructrices de l’environnement à un certain degré; autant dans l'éolienne onshore ou offshore (la plastique, les batteries, les oiseaux qui sont décimés), le solaire (les batteries, le plomb, l'électronique, la réflexion des panneaux perturbatrice de l'évolution et de l'orientation des insectes et 36-BIRAMAWA MAGAZINE Dès lors tâcher de moins impacter négativement notre devenir est une question primordiale, en s'imposant un virage serré instantané et à pleine vitesse. Sinon pas besoin de continuer à rêver de chimères. Nous serons condamnés à continuer d'adopter le fatalisme irrédentiste du passé qui nous a enlacé dans les chaînes de l'esclavage, qui nous a éviscéré les tripes par le colonialisme et qui est en train de nous sucer en vrai vampire néocolonialiste. Si nous ne nous réveillons pas tout de suite et nous ne nous résolvons pas à arpenter la voie du changement, nous nous condamnons à faire bégayer l'histoire qui est de pleurer pour une bouchée de pain (AIDE, DETTES, COLONISATION …), alors que nous sommes au sommet d’une montagne d'or, entourée de diamant se reflétant sur une nappe de pétrole. Mariane Seck Docteur en Droit de l’Environnement et de la Santé oiseaux), l'hydraulique (l'appauvrissement de l'aval des cours d'eau par la rétention du limon dans les bassins des barrages hydrauliques, la mutation ou la destruction des biosystèmes, l’augmentation de la température de la masse d’eau en sortie des turbines). Mariane Seck LE DROIT DE L’ENVIRONNEMENT : DE L’INITIATION AU MÛRISSEMENT Contribution d’une juriste sénégalaise Préface du professeur Babacar Gu e y e LE DROIT DE L’ENVIRONNEMENT : DE L’INITIATION AU MÛRISSEMENT Mariane Seck
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Veille et Intelligence des Affaires Votre rubrique Veille et Intelligence des Affaires pour ce numéro 10 de votre magazine s’intéresse à la décentralisation et à la territorialisation des politiques publiques. Deux notions que Monsieur Khadim Mbacké SENE, expert consultant en gouvernance territorial et développement local, a bien voulu décortiquer. Monsieur SENE a également donné son point de vue sur les enjeux liés à l’acte III de la décentralisation et de la territorialisation des politiques publiques. 38-BIRAMAWA MAGAZINE Pouvez-vous vous présenter svp à nos abonnés ? Bonjour, je me nomme Khadim Mbacké SENE. Je suis ingénieur en développement territorial, expert consultant en gouvernance territorial et développement local. Je suis par ailleurs PDG/CEO du cabinet KMS CONSULTING, un cabinet d’étude et d’orientation en développement territorial. Qu’entendez-vous par décentralisation et territorialisation des politiques publiques ? La décentralisation est une politique initiée par l’Etat et basée sur des principes qui régissent son fonctionnement et son application. Elle résulte d’un transfert de compétences et de prérogatives de l’Etat vers des collectivités territoriales dotées d’une personnalité morale et juridique, d’une autonomie financière, d’un contrôle de légalité à postériori et dirigées par des élus locaux. La décentralisation se résume en deux mots : proximité et liberté. Quant à la territorialisation des politiques publiques, elle consacre l’essoufflement du modèle de l’Etat post colonial pour reconnaître que le développement des territoires ainsi que la place stratégique conférée à ces derniers dans le mode de régulation constituent désormais une priorité publique. Qu’elle concerne les politiques ou les services, la territorialisation peut être analysée comme levier d’une décentralisation plus effective et ou comme risque de fragmentation et de complexification de l’action publique, toutes choses par ailleurs exigeant la prise en compte des ses préalables, modalités et défis. La distinction que nous pouvons faire entre les politiques territorialisées et les politiques territoriales est que les politiques territorialisées sont des politiques centralistes et dirigistes avec un centre unique agissant selon une logique descendante, unilatérale et standardisée débouchant sur un maillage des territoires par les services de l’Etat. Dans ce cas, les territoires ne participent pas à la construction des politiques publiques et leurs spécificités restent inhibées par la logique de standardisation et d’uniformisation du pouvoir central. Il s’agit donc d’une logique verticale d’encadrement soumise aux critères administratifs, institutionnels ou technicistes qui se justifie amplement par le souci d’homogénéité de construction d’une nation, de mise en cohérence des différentes parties du territoire, d’affirmation de la toute puissance de l’Etat en vue d’éviter les risques de fragmentation tant du territoire national que des échelons du pouvoir. Quant aux politiques territoriales, elles renseignent sur une vision de l’Etat comme espace d’arrimage de pratiques, de politiques et d’initiatives construites de l’intérieur des communautés territoriales. Soumises à une logique de développement territorial la territorialisation appelle à la fois un dépérissement des formes traditionnelles d’action publique et une reconfiguration de l’architecture institutionnelle voire une redéfinition/ refondation du mode de régulation. Elle interroge d’abord la nature et le statut de l’Etat en expulsant toute forme d’organisation politique, totalitaire, centraliste et omniprésente pour valoriser un Etat stratège qui se positionne dans les fonctions de régulation, d’impulsion, d’animation, de coordination, de suivi-évaluation et de renforcement des capacités d’action des autres acteurs. Décentralisation et territorialisation des politiques publiques, peut-on parler d’un nouveau management public et une reconfiguration de l’État ? Effectivement il s’agit d’un nouveau management public et une reconfiguration de l’Etat dans la mesure où la territorialisation donne plus d’autonomie aux territoires, avec une reconfiguration de l’architecture institutionnelle. Elle fait appel à une autre vision des territoires différente de la notion d’espace. Les territoires rendent compte d’une construction historique, socioculturelle et institutionnelle non transférable et non reproductible. Elle convoque la nécessité de dépasser les cloisonnements relatifs aux découpages administratifs pour mettre en relief une approche pragmatique qui valorise la mobilisation socio-territoriale autour de problématique commune. Quelle est votre impression sur l’acte III de la décentraliBIRAMAWA MAGAZINE - 39
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sation et sur la territorialisation des politiques publiques au Sénégal ? L’objectif de l’acte III de la décentralisation est d’organiser le Sénégal en territoires viables, compétitifs et porteurs de développement durable. A notre niveau, nous pensons que l’acte III de la décentralisation à apporté des innovations majeures en matière de décentralisation et de développement local. En effet, de la communalisation intégrale, à la création de pôles territoires en passant par l’érection du département en collectivité locale, l’on assiste à une refondation majeure de la politique sénégalaise de décentralisation dont l’aboutissement est la territorialisation des politiques publiques. Ce nouveau tournant roule également à ses flancs un dispositif important de capacitation des collectivités territoriales, ayant comme maître mot le transfert de compétence dans de nouveaux domaines (agriculture, pêche, élevage, tourisme et hydraulique) et la mise en œuvre du développement territorial sur orbite, projet dont le principal levier sera le développement économique local. Toutefois, il convient de noter que la portée significative de la nouvelle politique ne l’exempte pas de limites. A cet effet, la suppression des régions risque d'entraîner des disfonctionnements au niveau de l’administration territoriale. Ainsi la fonction de gouverneur existant jusqu’à présent pose un réel problème dans un contexte de dissolution de son champ d’exercice. De plus, la création des pôles territoires constitue une véritable pomme de discorde dans la mesure où non seulement les critères devant sous-tendre leur constitution restent indéterminés, mais aussi les régions montrent une faible volonté de partager les mêmes pôles. Enfin, du point de vue du développement le statut des ARD demeure une question en suspens d’autant plus que la région en tant que collectivité locale n’existe plus. Pouvez-vous nous édifier sur les enjeux liés à l’acte III de la décentralisation et de la territorialisation des politiques publiques ? Pour les enjeux liés à l’acte III de la décentralisa40-BIRAMAWA MAGAZINE tion, il s’agit des innovations apportées en matière de décentralisation avec la communalisation intégrale, la création de pôles territoire, l’érection du département en collectivité locale et le transfert de nouveaux domaines de compétences, mais aussi de développement local à travers la territorialisation des politiques publique et la promotion du développement économique local. Cette territorialisation des politiques publiques a comme enjeux la promotion du développement territorial qui s’appuie sur trois leviers majeurs, l’aménagement du territoire, une décentralisation véritable et le développement économique local. Enfin l’autre enjeu est qu’elle consacre les territoires comme lieu de lecture et acteur partie prenante de la reconfiguration du mode de régulation sénégalais. Elle ouvre la voie à une action publique à la carte cherchant à combiner subsidiarité, performance, équité et cohérence. Quelles suggestions faitesvous à l’endroit de l’État du Sénégal et des collectivités territoriales ? A l’endroit de l’Etat du Sénégal, nous lui suggérons d’inscrire davantage la dimension économique des territoires dans les politiques de développement. De plus, l’Etat du Sénégal doit donner plus d’autonomie et de viabilité aux territoires afin que ces derniers puissent bâtir de grands projets structurants qui seront articulés avec les politiques de l’Etat au niveau macro. Concernant les collectivités territoriales, nous proposons un renforcement de capacités des élus et acteurs locaux. De même, elles doivent sortir de leur logique d’acteur et promouvoir la logique de territoire, afin que les pôles territoires soient une réalité et qu’ils permettent d’asseoir un développement efficace et durable. Enfin, les collectivités territoriales doivent également promouvoir le DEL (Développement Économique Local) pour booster le développement des territoires, voire contribuer à la revitalisation socio territoriale. Interview réalisée par Moustapha FAYE, Chercheur en Marketing Stratégique - UGB AVEC E.C.C.A, L’ASSURANCE DEVIENT ACCESSIBLE À TOUS DES SOLUTIONS OPTIMALES D’ASSURANCE POUR LES PARTICULIERS ET LES ENTREPRISES Découvrez toutes nos offres sur www.ecca-online.com ou contactez-nous par mail à l’adresse contact@ecca-online.com BIRAMAWA MAGAZINE - 41
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SANTE Cancer du sein de la femme : « le cancer d’octobre rose » recommandé que dans les pays disposant d’une bonne infrastructure médicale qui ont les moyens de mettre en place un programme à long terme (OMS). L e cancer du sein est le premier cancer chez la femme à la fois dans les pays développés et dans les pays en développement. L’incidence du cancer du sein progresse dans le monde en développement du fait d’une plus longue espérance de vie, de l’augmentation de l’urbanisation et de l’adoption des modes de vie occidentaux. Bien qu’une certaine réduction des risques puisse être obtenue par la prévention, les stratégies de ce type ne permettent pas d’éliminer la majorité des cancers du sein qui apparaissent dans les pays à revenu faible (comme le Sénégal) ou intermédiaire où la maladie est diagnostiquée à des stades très avancés. Par conséquent, le dépistage précoce afin d’améliorer l’issue de la maladie et les chances de survie reste le principal moyen de lutter contre le cancer du sein. Les stratégies recommandées pour un dépistage précoce dans les pays à revenu faible ou intermédiaire sont la reconnaissance des premiers signes et symptômes et le dépistage par un examen clinique du sein. Le dépistage par mammographie est très coûteux et n’est Le cancer du sein est le 1er cancer chez les femmes dans le monde. Il est en particulier de plus en plus fréquent dans les pays en développement où la majorité des cas sont diagnostiqués à des stades La Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes dans le monde et représente 16% de l’ensemble des cancers féminins. Rappel : Anatomie du sein de la femme Le sein se compose de graisse, de glandes et de canaux (voir le schéma ci-contre). Les glandes, agencées en lobules, produisent le lait et les canaux (canaux de lactation ou galactophores) servent à transporter le lait jusqu’au mamelon. Les tismammographie reste un moyen sus mammaires sont influencés par des hormones produites par les femmes en quantité variable tout au long de leur vie (puberté, grossesse, allaitement...). Ces hormones sont l’œstrogène et la progestérone. très efficace et important de prévention de cette maladie, mais combien de machine en avons-nous par pays en Afrique ? Quels sont les facteurs de risque ? Plusieurs facteurs de risque du cancer du sein ont été clairement mis en évidence. TouteBIRAMAWA MAGAZINE - 43
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fois, pour la majorité des femmes présentant un cancer du sein, il n’est pas possible d’identifier des facteurs de risque particuliers. Ainsi nous pouvons citer : • Des antécédents de cancer du sein dans la famille accroissent le risque par un facteur de deux ou trois. Certaines mutations, en particulier celles des gènes BRCA1, BRCA2 et p53, entraînent un risque très élevé de cancer du sein. Toutefois, ces mutations sont rares. Plusieurs facteurs de risques peuvent influer vers la survenue de cancer du sein entre autres nous avons la puberté précoce, gros• Les facteurs génésiques associés à une exposition prolongée à des œstrogènes endogènes, tels qu’une : puberté précoce, une ménopause tardive ou une première grossesse tardive, figurent parmi les facteurs de risque les plus importants du cancer du sein. Les femmes utilisant des contraceptifs oraux ou un traitement hormonal substitutif courent ainsi un risque plus élevé par rapport aux femmes qui ne les utilisent pas. sesses tardives, les contraceptifs hormonaux … ; mais l’allaitement a un effet protecteur ment meurtriers chez les femmes de plus de 30 ans. Ces pays doivent mettre en œuvre des stratégies combinées qui répondent à ces deux problèmes de santé publique de manière efficace et économique. Prévention : La lutte contre certains facteurs de risque du cancer du sein sur lesquels il est possible d’agir et une prévention intégrée efficace des maladies non transmissibles favorisant une alimentation saine, l’exercice physique et la lutte contre la consommation d’alcool, le surpoids et l’obésité pourraient avoir un impact et réduire l’incidence du cancer du sein à long terme. Dépistage précoce : L’allaitement a un effet protecteur. Les auteurs concluent que 21% de l’ensemble des décès par cancer du sein dans le monde peuvent être attribués à la consommation d’alcool, au surpoids et à l’obésité, et à l’absence d’exercice physique. (IARC, 2008, Lacey et al., 2009) Diagnostic, traitement et prévention : les femmes sur les Bien qu’une certaine réduction des risques puisse être obtenue grâce à la prévention, le dépistage précoce reste le moyen le plus efficace pour améliorer l’issue de la maladie et les chances de survie (Anderson et al., 2008). Il existe deux méthodes Sensibilisons Pour être complets, les moyens de lutte contre le cancer doivent comprendre la prévention, le dépistage précoce, le diagnostic et le traitement, la réadaptation et les soins palliatifs. Sensibiliser davantage le grand public au problème du cancer du sein et aux mécanismes qui permettent de lutter contre celui-ci tout en préconisant des politiques et des programmes appropriés : telle est la principale stratégie de lutte contre le cancer s’appuyant sur la population. De nombreux pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire se trouvent désormais confrontés au double fardeau du cancer du sein et du cancer de l’utérus qui sont extrême44-BIRAMAWA MAGAZINE facteurs de risque pour réduire le risque de survenu du cancer du sein de dépistage précoce : ‒ la reconnaissance des premiers signes et symptômes dans les populations présentant certains symptômes, afin de faciliter le diagnostic et un traitement à un stade précoce, et ‒ le dépistage qui est l’exécution systématique d’un test de dépistage dans une population normalement asymptomatique. Il vise à trouver les individus porteurs d’une anomalie évocatrice d’un cancer. Quelle que soit la méthode de dépistage précoce utilisée, le succès d’un dépistage précoce dans la population repose essentiellement sur une planification rigoureuse et un programme bien organisé et durable qui vise le bon groupe de population et veille à la coordination, à la continuité et à la qualité des interventions pendant toute la durée des soins. Diagnostic précoce : Le diagnostic précoce reste une importante stratégie pour dépister la maladie aux premiers stades, en particulier dans les pays à revenu faible où les maladies sont généralement diagnostiquées à des stades avancés et où les ressources sont très limitées. Mammographie La mammographie est la seule méthode de dépistage aux résultats tangibles. Elle permet de réduire la mortalité par cancer du sein de 20 à 30% chez les femmes de plus de 50 ans. Auto-examen des seins (AES) Il n’existe pas de preuve de l’effet du dépistage moyennant l’auto-examen des seins (AES). Toutefois, on a pu constater que la pratique de l’auto-examen, ou palpation, des seins permet aux femmes de se responsabiliser et de prendre en charge leur propre santé. Par conséquent, l’auto-examen est recommandé pour sensibiliser les femmes à risque plutôt que comme une méthode de dépistage. Conseils d’expert : Ainsi, face à cette augmentation de la mortalité dûe au cancer du sein dans nos pays pauvres ; il doit y avoir une volonté politique nationale afin de tout mettre en œuvre pour équiper nos structures sanitaires en appareil de mammographie. En effet, ceci permettrait d’aider nos braves femmes à avoir accès facilement à ce moyen de diagnostic précoce pour lutter contre le cancer du sein à tout moment. La politique populaire de « Octobre rose » reste très importante pour un dépistage de masse des femmes sur les cancers du sein et du col de l’utérus mais la lutte contre le cancer c’est tous les jours. Et nous demandons aux femmes de maintenir une vie saine et de ne pas hésiter à se rapprocher des structures sanitaires pour un dépistage et diagnostic précoce. Dr Benjamin NDOUR Médecin généraliste BIRAMAWA MAGAZINE - 45
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Ramatoulaye BOCOUM Fondatrice de Adaa Ada “ Adaa Ada est une histoire familiale. 46-BIRAMAWA MAGAZINE DÉCOUVERTE “ La rubrique Découverte du numéro 10 de votre magazine sera consacrée à Ramatoulaye BOCOUM, fondatrice de Adaa Ada. Adaa Ada qui veut dire « Le retour de la tradition » est une entreprise sénégalaise qui évolue dans la transformation de fruits et légumes locaux en produits cosmétiques capillaires. Dans cet entretien accordé au magazine Ramatoulaye est revenue sur son parcours, ses débuts dans l’entrepreneuriat. Elle a, également, bien voulu nous présenter son entreprise Adaa Ada. Qui est Ramatoulaye Bocoum ? Je suis une sénégalaise de 30 ans, mariée avec un enfant. Passionnée par tout ce qui touche à la nature et des enquêtes criminelles. Je suis curieuse, un brin maniaque et très casanière et timide. Quelles sont les grandes lignes de votre parcours de formation et professionnel ? 2 en Management des Ressources Humaines prêt à en découdre avec le monde du travail. J’ai été chargée des Ressources Humaines de 2014 à 2019. Pourquoi avez-vous porté choix sur l’entrepreneuriat ? votre Pour dire vrai, je n’aurai jamais pensé me lancer dans l’entrepreneuriat. Je pensais ne pas avoir la fibre commerciale et le sens du contact. “M'épanouissant plus dans la recherche, les tests, les enAprès des études universitaires en France en Classe Préparatoires aux Grandes Écoles à Evreux, Sciences Po Rennes et Institut d’Administration des Entreprises à Amiens, je suis rentrée au Sénégal en 2014 avec mon Master tretiens avec les biologistes et chimistes, le contact avec les clients et avec le soutien de mes proches, j’ai démissionné de mon poste en octobre 2019 et je suis lancée pleinement dans l’entrepreneuriat. » Après mes études, j’ai vécu six mois à Djibouti et durant cette période j’ai eu, avec mes parents, à écrire un projet sur les soins de beauté au naturel. Ces soins qui se transmettent de mères à filles au sein de ma famille. Arrivée au Sénégal en Juin 2014, je me suis lancée corps et âme durant 6 mois dans mon emploi salarial laissant de côté ce projet. BIRAMAWA MAGAZINE - 47
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Mais je sentais qu’il me manquait quelque chose pour être pleinement épanouie. J’ai alors ressorti le projet et commencé à faire les foires afin de m’approvisionner en matières premières pour réaliser le premier produit qui était une crème capillaire. De 2015 à 2019, j’ai jonglé avec ces différentes vies, salariale et entrepreneuriale. Mariée en mi 2015, il devenait de plus en plus difficile de trouver l'équilibre. J’ai su développer la gamme de produits de la marque qui est passée d’un à huit produits durant ces quatre années. Présentez-nous maintenant votre entreprise Adaa Ada Adaa Ada est une entreprise sénégalaise qui évolue dans la transformation de fruits et légumes locaux tels que les feuilles de citronnelle, d’hibiscus, de baobab, la mangue, ..., en produits cosmétiques capillaires. “Nous avons été lauréat du prix Sisley-Orange en 2018 et cité parmi les 35 jeunes qui font bouger l’Afrique en 2017. » M'épanouissant plus dans la recherche, les tests, les entretiens avec les biologistes et chimistes, le contact avec les clients et avec le soutien de mes proches, j’ai démissionné de mon poste en octobre 2019 et je suis lancée pleinement dans l’entrepreneuriat. N’ayant aucune formation en biologie ou chimie, je me suis entourée dès le début de professionnels pour la conception, les tests et la production des produits. Nous avons eu à fonctionner sur fonds propres. Grâce à l'activité nous avons su élargir l'équipe, nous sommes actuellement une équipe de cinq personnes de la conception à l'expédition des commandes, proposer une gamme de huit produits allant de la crème à l’hibiscus au démêlant au gombo en passant par le lait aux feuilles de baobab. Nous avons été lauréat du prix Sisley-Orange en 2018 et cité parmi les 35 jeunes qui font bouger l’Afrique en 2017. Pouvez-vous revenir sur l’histoire de votre société Adaa Ada ? D’où vient d’ailleurs le nom « Adaa Ada» ? Adaa Ada est une histoire familiale. Le projet de départ a été pensé et écrit avec mes parents. J’ai eu à le modifier suite aux différentes études de marché afin de mieux nous adapter aux besoins de la clientèle. Le projet a voulu dès le début mettre l’accent sur nos pratiques ancestrales de beauté et spécifiquement dans le domaine capillaire. Nos grand-mères ne disposaient pas d’autant de produits que nous actuellement et elles arrivaient à prendre soin d’elles avec des produits issus de la nature pour nettoyer, assainir, adoucir, favoriser la pousse de leurs cheveux. Ces pratiques se transmettaient de mères en fille et qui malheureusement avec l'arrivée du défrisage, des produits chimiques ont perdu aura. 48-BIRAMAWA MAGAZINE Nos produits sont destinés aux enfants à partir de 6 ans, aux femmes et aux hommes qu’importe leurs origines ou leurs types de cheveux. Quels sont les perspectives d’avenir de Adaa Ada ? La production se fait mensuellement dans ma cuisine. Nous souhaitons déménager dans un local avec des équipements adaptés afin d'accroître notre production et répondre à la demande de plus en plus croissante. Comment assurez-vous la distribution de vos commandes au Sénégal et à l’étranger ? En plus des réseaux sociaux, nous avons su développer une communauté de distributeurs sur Dakar et dans les régions qui s'accroît au fur et à mesure des partenariats. Nous avons récemment lancé également notre site de vente pour la vente au niveau régional et international. Comment vous contacter ? Nous sommes disponibles sur les différents réseaux sociaux : Facebook, Instagram, Whatsapp et c’est un plaisir de discuter avec notre clientèle afin de les aider à définir une routine capillaire adaptée. Adaa Ada qui signifie `` le retour de la tradition`` souhaite à travers son identité, ses produits revenir à ces belles, simples et naturels pratiques tout en modernisant notre offre. A qui s’adresse votre société (Vos cibles) ? “Le projet Biramawa vous remercie. Votre Mot de la fin ? a voulu dès le début mettre l’accent sur nos Vu que ce sont des produits capillaires naturels que nous proposons, notre cible est large. pratiques ancestrales de beauté et spécifiquement dans le domaine capillaire.» Je vous remercie infiniment pour cette interview et j'espère qu’il plaira à vos lecteurs qui découvriront ou en apprendront davantage sur notre marque qui prône le naturel et dont nous espérons compter parmi nos fidèles clients. Merci BIRAMAWA MAGAZINE - 49
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CV N° 8 Thérèse Adam DIOUF Tu es à la recherche d’un emploi? Biramawa magazine met cet espace à ta disposition pour te permettre de proposer ton CV aux entreprises qui recrutent. Tu peux donc envoyer ton CV par e-mail : contact@biramawa.com 52-BIRAMAWA MAGAZINE Thérèse Adam DIOUF CURRICULUM VITÆ Expériences professionnelles Née le 20/05/1991 29 ans Adresse: Parcelles Assainies Unité 26 14000 Dakar  Tél: 77 773 21 57  Mail: theresadiouf91@gmail.com Qualités: Joviale, honnête, assidue, ordonnée  Décembre 2019 - Février 2020  Dakar Actu, Rusfisque  Stagiaire (2 mois) ▸Rédaction d'articles de presse et réalisation de reportage Juillet 2018  Allaoui Graphic Machinery, Dakar  Stagiaire (1 mois) ▸ Stage de commerciale, publicité et prospection Novembre 2017 - Décembre 2017  Maxifood, Dakar  Serveuse (2 mois) ▸ Service en salle et en terrasse, nettoyage Avril 2017 - Avril 2018  Association des Jeunes Ressortissants Catholiques de Sokone (AJRCS), Sokone  Trésorière bénévole (1 an) ▸ Tenue et administration de la trésorerie Formation  2019  Licence Marketing et Communication  AFI – L'Université de l'Entreprise, Dakar 2015  Baccalauréat Littéraire, mention passable  Lycée El Hadji Amadou Dème, Sokone Compétences  Langues Français, langue maternelle  Wolof, langue maternelle  Sérère, bilingue Espagnol, intermédiaire  Anglais, débutante Informatique Maîtrise des logiciels de traitement de texte (Word, Open Office Writer) Centres d'intérêts  Lecture, sport (handball, course à pieds), documentaires télévisés BIRAMAWA MAGAZINE - 53

Magazine N°9 du Octobre 2020


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SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE - EDITO AVIS D'EXPERT Nafissatou NDAO Waly NDIAYE Fondateur BIRAMAWA P.7 L'entrepreneuriat au goût du jour ! ÉDITION SPÉCIALE Responsable Ressources Humaines - FAMY SENEGAL P.16 TRAVAIL SALARIE ET ACTIVITE ENTREPRENEURIALE : Le cumul est-il permis ? LE COIN D'AUTRUI Michèle BURON-MILLET Ayoba FAYE P.10 Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Appel aux dons ENTRETIEN PORTRAIT Journaliste d’investigation Rédacteur en chef Pressafrik P.20 "Le Savoir, la Sagesse, la Science ne sont pas forcément des «biens» qu’on acquiert à l’école." ENTRETIEN EXCLUSIF Roger THIAM Directrice Générale Global Properties Sénégal Mariame SECK P.12 " L’entrepreneuriat, je l’ai toujours eu en moi." Senior Financial Scientist au sein de Swen Capital Partners à Paris Président de la Holding ADsénégal P.26 2-BIRAMAWA MAGAZINE " Deux notions complémentaires peuvent résumer mon parcours professionnel : l’investissement et l’entrepreneuriat." SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE - - - - SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL VEILLE ET INTELLIGENCE DES AFFAIRES Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB P.36 Les données massives ou Big Data A L'ÉRE DU NUMÉRIQUE P.40 L'habillement Abdoulaye NDIAYE DÉCOUVERTE Chancelier des Affaires étrangères Aicha KASSE LAWSON Présidente & Fondatrice de l'association Dunya Ethic P.40 Développement Durable & Numérique : un duo à impact virtuel ou réel ? LES DROITS HUMAINS- AKK AK YELEFU DOMU ADAMA YI P.42 Mouhamadou THIONE SECK Fondateur de la plateforme DaralBi “DaralBi est une plateforme d'annonces animalières regroupant une centaine d'utilisateurs africains.” LA CVTHÈQUE P.32 La liberté d’expression Educateur Spécialisé Khadim SENE P.50 Ingénieur en Système d'Information Saturne CARLOS - SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE BIRAMAWA MAGAZINE - 3
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Serigne Amar Mbacké SARR Chercheur en Droit privé Expert maritime en formation Ayoba FAYE Journaliste d’investigation Rédacteur en chef Pressafrik Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB Omar Mallé SAKHO Doctorant à l’Université Cheikh Anta Diop Laboratoire LARHISA. Thierno NGAMB Agronome Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience Guilaye TINE Designer-Digital Marketer-Telemarketer CEO IN'FINITY Djiby SADIO Photographie CEO Studio 13 Alioune FALL Juriste d’Affaires Inspecteur du travail et de la sécurité Sociale Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires Étrangères Docteur Benjamin NDOUR Médecin généraliste Khadime SENE Educateur Spécialisé au Ministère de la Justice Marianne SECK Docteur en droit de l’environnement et de la santé Ousseynou GUEYE Responsable communication chez Afric’innov et fondateur de Polaris asso Nafissatou NDAO Responsable des Ressources Humaines-FAMY SENEGAL Dr Jean Sibadioumeg DIATTA Spécialiste en communication Aïcha KASSE LAWSON Présidente & Fondatrice de l'association Dunya-Ethic contactez-nous: contact@biramawa.com Adresse postale : Île-de-France, France Éditeur : Waly NDIAYE 4-BIRAMAWA MAGAZINE L’ÉQUIPE BIRAMAWA E D I T O Waly NDIAYE Fondateur Biramawa L’entrepreneuriat au goût du jour ! La presse et les réseaux sociaux abordent souvent la jeunesse en termes négatifs voire caricaturaux. Pourtant à mon humble avis, la jeunesse sénégalaise est pétrie de talents et de volonté. Pour preuve, elle emprunte de plus en plus le chemin épineux de l’entrepreneuriat. Aujourd’hui il est patent que beaucoup de jeunes élèves et étudiants ne se focalisent plus uniquement sur leur cours. Ils allient formation théorique et activités commerciales. Il en est, d’ailleurs, de même des salariés. Beaucoup d’entre eux ont su développer ou envisagent de développer en parallèle des activités entrepreneuriales. Qu’est-ce qui peut justifier cet engouement ? Je ne saurais répondre à cette question. Les raisons peuvent varier d’un jeune à un autre. Mais une chose est sûre, dans un monde en perpétuelle mutation, les plus outillés ont plus de chance de voir le bout du tunnel. J’ajouterais aussi que la polyvalence est devenue un prérequis dans tous les secteurs d’activité. Pour en savoir plus sur l’entrepreneuriat au Sénégal, nous sommes, dans ce numéro 9 de votre magazine, allés à la rencontre d’entrepreneurs chevronnés en l’occurrence Monsieur Roger THIAM Senior Financial Scientist et Président de la Holding ADsénégal et de Madame Mariame SECK, Directrice Générale de Global Properties Sénégal. Par ailleurs afin d’éclairer la lanterne des salariés-entrepreneurs, Madame Nafissatou NDAO, Responsable des Ressources Humaines au sein de FAMY- Sénégal, a bien voulu aborder la question de la liberté d’entreprendre des salariés face à certaines clauses contractuelles. Bonne lecture chers abonnés ! Waly NDIAYE BIRAMAWA MAGAZINE - 5
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EDITION SPECIALE Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Le magazine Biramawa à travers sa rubrique " Edition spéciale "a souhaité donner la voix à la Pouponnière "Vivre Ensemble "de Mbour. Créée en 2002 la pouponnière est un "lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman ". Confrontée à des difficultés à cause de la crise sanitaire, la pouponnière fait appel à toutes les bonnes volontés. Vivre Ensemble – La Pouponnière de Mbour La Pouponnière de Mbour a vu le jour en Janvier 2002, Michèle BURON-MILLET en est la créatrice. C’est un lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman. Elle permet aux orphelins de mère ou aux enfants dont la maman ne peut pas s’occuper (pour des raisons gravissimes), de vivre protégés, leurs premières années de vie si fragile, avant de regagner leur famille au bout d’un à deux ans. Très rapidement, l’association se développe et il apparaît que tous les enfants ne peuvent rentrer chez eux (rejet de la famille ou mauvaises conditions d’accueil). En 2003, les Unités Familiales sont créées pour prendre le relais et s’occuper de ces enfants qui sortent de la Pouponnière, mais ne peuvent pas rentrer en famille. Avec le temps la Pouponnière a acquis une certaine notoriété au vu du sérieux des professionnels. Aujourd’hui la Pouponnière compte 136 salariés et 148 enfants. Vivre Ensemble c’est aussi et avant tout un séjour de rupture, crée en 2001 pour des jeunes français en dif8-BIRAMAWA MAGAZINE ficultés. Ils restent durant 9 mois et participent à des chantiers humanitaires (reconstruction, réhabilitation dans les villages ), ils sont aussi amenés à faire un stage dans la pouponnière. L’objectif étant de les remobiliser et de les valoriser à travers l’aide apporté à la population locale défavorisée. Le projet est double et complémentaire, en effet une grande partie du financement des frais de fonctionnement de la Pouponnière provient du séjour de rupture lui même. En raison de la situation sanitaire mondiale l’équipe de direction de Vivre Ensemble a dû prendre des mesures rapidement. Début mars l’association s’est vue fermer ses portes aux visiteurs, nombreux chaque jour et en provenance d’Europe. Il a fallu ensuite faire de même pour l’accueil des bénévoles, une quarantaine par mois à nous apporter leur soutien. Enfin depuis maintenant le mois de mars le confinement des enfants et du personnel c’est organisé. Notre souhait comme toujours est de préserver nos enfants, mais aussi le personnel qui s’en occupe. Nous avons réussi à composer une équipe de volontaires pour rester confinés. Aujourd’hui 250 personnes sont au centre, dont 148 enfants. L’ensemble du personnel est mutuellement très solidaire, ils sont comme une grande famille. Et ce malgré l’inquiétude pour leur famille respective à l’extérieur. Nous nous devons maintenir les salaires. Pour les salariés sur place mais aussi tout ceux, qui de chez eux, sont au chômage technique et pour qui nous souhaiterions maintenir le salaire initial. Nous devons aussi assurer l’approvisionnement de l’association en denrées alimentaires, produits d’entretien, d’hygiène, médicaments. Cette situation engendre une augmentation considérable nos dépenses quotidiennes, pour lesquelles nous avions déjà des difficultés de prise en charge tout au long de l’année. Du fait de l’absence de visiteurs et de bénévoles, nous constatons une baisse des dons au quotidien. Nous gardons aussi en tête que les jeunes accueillis en séjour de rupture peuvent à tout moment être rapatriés en France, en fonction de l’ évolution de la situation. L’avenir de la Pouponnière en deviendrait alors très incertain. Nous sommes en permanence à la recherche de soutien pour nous aider dans la prise en charge des frais de fonctionnement et le maintien des activités de l’association. Les sources de financements : (Budget total annuel 291 332 806 FCFA) ‒ Vivre Ensemble Madesahel, séjour de rupture : 44 % du budget total de la Pouponnière. ‒ L’état Sénégalais 10 000 000 CFA ‒ L’association Louly l’Ecole au Sénégal , tous les frais liés à la scolarité des enfants : 5 262 087 FCFA (année scolaire 2018-2019) ‒ La Banque Mondiale 4 520 000 CFA en 2019 ‒ 270 parrains pour environ 51 085 900 CFA par an ‒ Le reste des financements dépendent des dons de particuliers et entreprises. Nous contacter : ‒ Accueil : + 221 33 957 31 36 ‒ E-mai : contact@lapouponnieredembour.org ‒ Responsable communication : Arnoult Mathilde ‒ Tel : + 221 77 881 83 60 Nous aider : ‒ Orange Money : + 221 77 500 19 32 ‒ Faire un don en ligne :https://www.helloasso.com/ don/associations/vivre-ensemble-la-pouponniere ‒ Notre site Voici quelques chiffres : Effectif de la Pouponnière : ‒ La Pouponnière : 91 bébés de 0 à 2 ans. ‒ Les Unités Familiales : 37 enfants de 2 à 6 ans. ‒ La Grande Enfance : 20 enfants de plus de 6 ans. ‒ Enfants accueillis en ce moment : 148 ‒ Enfants accueillis et sauvés depuis janvier 2002 : 1 260 ‒ Employés à la Pouponnière : 136 pouponnieredembour ‒ Devenir parrain ‒ Faire un don par virement bancaire : IBAN : FR76 4255 9100 0008 0040 4472 464 BIC : CCOPFRPPXXX Intitulé du compte : Vivre Ensemble, la Pouponnière internet: http://www.lapouponnieredembour.org ‒ Notre page facebook: https://www.facebook.com/ BIRAMAWA MAGAZINE - 9
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ENTRETIEN PORTRAIT Mariame SECK Directrice Générale Global Properties Sénégal Mariame Seck est titulaire d’un Bachelor en Business Administration à l’ISM, d’un master 1 en marketing vente à SUPDECO et d’un MBA en Management International à l’Université de Wales Cardiff à Londres. Elle a travaillé pendant quelques années comme RM (Relationship Manager) High Net Worth Individuals à Guaranty Trust Bank en Gambie et dans une agence immobilière à Londres (East London Real Estate) comme responsable des ventes. Depuis 2011, elle est Directrice Générale de Global Properties Sénégal, une société immobilière qu’elle a créée. Mariame a également lancé la Boutique d’ameublement Home & déco by rems sise à Dakar. La rubrique « Entretien Portrait » du numéro 9 de votre magazine lui est consacrée. Occasion saisie par Mariame Seck pour revenir sur son parcours, son goût pour l’entrepreneuriat. Elle adresse également des messages aux femmes et aux jeunes. Qui est Mariame Seck ? Mariame Seck est une jeune femme dynamique, passionnée et ambitieuse, mère de 2 enfants, et gérante associée de la société Global Properties Sénégal. Vous êtes actuellement Directrice Générale de Global Properties Sénégal. Pouvez-vous présenter votre société à nos lecteurs ? Global Properties Sénégal est une société immobilière créée en avril 2011. “ Global Properties Sénégal est une société immobilière créée en avril 2011 (…) nous sommes devenue promoteur immobilier comptabilisant 2035 biens vendus, et porteur d’un nouveau projet, notamment notre lotissement de Popenguine lancé en début 2020. " Nous sommes présents sur le marché immobilier du Sénégal depuis bientôt 10 ans, et grâce à la qualité de nos produits et de nos prestations, nous nous sommes forgé une excellente réputation auprès de notre clientèle. Nos domaines d’activité couvrent aussi bien la vente de biens immobiliers, la gestion locative, que le conseil en immobilier et en ameublement. Depuis notre création, le nombre de nos ventes ne cesse BIRAMAWA MAGAZINE - 11
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d’augmenter et grâce à notre forte expérience et notre connaissance du marché sénégalais, nous comptabilisons à ce jour un total de 2035 biens vendus sur l’ensemble des projets et en particulier avec les projets de SENEGINDIA, notre Partenaire Phare. Comment vous est venue l’idée de créer Global avions part “L’envie de ager cette passion des prestations, nous avons décidé de relever le défi en intégrant le secteur mais toujours avec le partenaire SENEGINDIA afin de délivrer des prestations à la hauteur des attentes. est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles j’ai ouvert une boutique d’ameublement et de décoration du nom de Home & déco by rems. L’immobilier et l’aménagement intérieur vont de pair.» properties Sénégal ? Nous constaté à l’époque que beaucoup de clients, aussi bien locaux que de la diaspora désirant investir dans l’immobilier peinaient à trouver des entreprises de renommée sûre capable de les accompagner dans la réalisation de leur projets. D’un autre côté, les groupes GLOBAL PROPERTIES et SWAMI/SENEGINDIA INDIA avaient noué un partenariat long et durable qui leur a valu une entière satisfaction en Gambie, un vrai modèle de réussite. Partant de ces constats, et du fait que la clientèle Sénégalaise était également soucieuse de la qualité Ce fut le début d’une solide collaboration avec un contrat d’exclusivité de plus de 3 ans entre Global Properties Senegal et SENEGINDIA sur tous ses produits notamment SV City avec 5 immeubles de 28 appartements de haut standing, SD City Diamniadio…). Après plus de 9 ans d’exercice, êtes-vous satisfaite de vos réalisations ? Nous avons commencé en tant qu’agent immobilier, percevant des commissions sur des ventes réalisées, mais avec de l’abnégation, nous sommes devenue promoteur immobilier comptabilisant 2035 biens vendus, et porteur d’un nouveau projet, notamment notre lotissement de Popenguine lancé en début 2020. Nous nous réjouissons de ces réalisons mais surtout, de la chance de rencontrer des personnes inspirantes, des clients, qui m'ont fait découvrir de nouvelles orientations et assoir mon leadership dans le secteur. Quelles sont les perspectives d’avenir de Global Properties Sénégal ? Le groupe Global Properties est déjà présent en Gambie et au Ghana, et a pour ambition de conquérir d’autres pays d’Afrique et de consolider nos acquis dans le secteur de l’immobilier. Pour ce qui concerne le Sénégal, notre objectif est de répondre de plus en plus présent dans un secteur fortement concurrentiel, et surtout d’accompagner nos clients dans la réalisation de leurs projets en leur proposant les produits et services correspondant le mieux à leurs besoins. Votre nom est également associé au magasin Home & Décor by Rems. De quoi s’agit-il ? 12-BIRAMAWA MAGAZINE Tout à fait. En 10 ans d’expérience dans l’immobilier, j’ai pu réaliser ma plus grande passion qu’est la décoration d’intérieur. L’envie de partager cette passion est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles j’ai ouvert une boutique d’ameublement et de décoration du nom de Home & déco by rems. L’immobilier et l’aménagement intérieur vont de pair. Pour offrir à mes clients des prestations de qualité, j’ai également suivi une formation en décoration d’intérieur banque “Les s et autres institutions financières gagneraient à accompagner les petites entreprises à travers des mesures personnalisées et bien encadrées par exemple. » car au-delà de la passion, la profession se révèle assez technique : connaissance des matériaux et de leurs contraintes, lien direct avec les différents corps de métiers présents sur les chantiers… La meilleure des formations est sur le terrain bien souvent, ce que j’exerce au quotidien et je pense honnêtement que nous en apprenons tous les jours, ou presque. Vous êtes donc entrepreneure ? Qu’estce qui motive votre choix pour l’entrepreneuriat ? L’entrepreneuriat, je l’ai toujours eu en moi. J'ai grandi aux cotés de ma mère gérant un salon de couture tout en étant employée de l'ambassade de Gambie au Sénégal. Ce n’est pas fini, elle vendait également de l’eau, beignets, glace, ... (rires). Ma mère a toujours été mon idole. Baignée dans cet environnement d’entrepreneure, j’ai créé, à 23 ans, ma toute première entreprise dans le marketing de réseau (Aloe Vera) où je vendais des boissons protéinées aux lutteurs sénégalais. Etant passionnée par l’immobilier et la décoration d’intérieur, j’ai voulu en faire mon quotidien. Passion rime avec motivation et cela me permet de constamment surmonter les coups durs. In finé, comme la majeure partie des entrepreneurs, j’ai eu comme motivation, la volonté d’être indépendante. Comment décririez-vous le quotidien d’un entrepreneur sénégalais ? Je dirai plutôt, les horaires irréguliers, faire une to-do list, planifier des rendez-vous, contrôler les BIRAMAWA MAGAZINE - 13 trésoreries (recouvrement des clients.), vérifier nos comptes bancaires (la gestion du cash, ce qui est clé, que l’on soit en période de démarrage, de croissance ou en vitesse de croisière), interagir avec les collaborateurs (Partenaire, Fournisseur, Investisseurs, Conseillers …). Selon vous est-ce que les intérêts des entrepreneurs sont prises en compte dans le cadre des politiques publiques ? Cela dépend du secteur d'activité, en ce qui nous concerne, nous qui sommes dans l'immobilier, je pense que oui, avec les nouvelles mesures prises par le Président de la république et le Ministère de l'urbanisme et du logement, nous arrivons à exercer notre métier convenablement. En revanche on aimerait bien voir une accélération dans
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les procédures administratives telle la délivrance des titres de propriété et des autorisations etc. en entrepreneuriat, en montage de projets, élaboration de projets, en informatique, en communication, en anglais, …. En somme outiller les entrepreneurs de demain. Aujourd’hui beaucoup de jeunes souhaitent entreprendre, quels conseils souhaitez-vous leur adresser ? • C’est d’être surtout patient (rires), Personnellement, je ne suis pas patiente. Je suis donc la mieux placée au monde pour vous conseiller de l’être. J’ai constaté à de nombreuses reprises les conséquences négatives d’un manque de patience. C’est vrai autant sur le plan personnel que sur le plan des affaires. Ne comptez pas vivre de votre entreprise avant un certain temps. La patience est donc une clé de succès en démarrage d’entreprise. • Apprendre à échouer, ce sont les échecs qui ont construit les entrepreneurs à succès, en leur apportant des connaissances et des compétences impossibles à acquérir autrement. On appelle ça le vécu ! Le vécu est source de connaissances et de sagesse en affaires. • Être visionnaire et innovant, l’entreprenariat, c’est également savoir se démarquer. Considérez-vous que faire des études est indispensable pour réussir en tant qu’entrepreneur ? Bien que faire des études est un excellent moyen d’acquérir des connaissances et des compétences, il n’est pas NÉCESSAIRE d’en faire pour réussir en tant qu’entrepreneur. Que préconisez-vous pour une meilleure promotion de l’entrepreneuriat au Sénégal ? L’un des principaux obstacles au Sénégal demeure le manque de financement. Au Sénégal, c’est difficile d’avoir des fonds d’amorçage pour une jeune entreprise. Les banques et autres institutions financières gagneraient à accompagner les petites entreprises à travers des mesures personnalisées et bien encadrées par exemple. L’autre aspect serait de promouvoir la formation 14-BIRAMAWA MAGAZINE Il y a tellement d'exemples d'entrepreneurs très prospères qui n’ont pas fait d’étude ou qui ont reçu très peu d'éducation, mais avec leurs compétences, leur persévérance et leur travail acharné, ils ont réussi. Il est cependant important pour un entrepreneur de s’entourer des bonnes personnes, ce qui n’est pas toujours évident. Parlant d’études, pouvez-vous revenir sur votre parcours de formation ? Après un Bachelor en Business Administration à l’ISM et un master 1 en marketing vente à SUPDECO, je suis allée à Londres pour un MBA en ManaQuel est votre message à l’endroit de la femme sénégalaise ? Je leur dirai : allez-y ! Il est possible de trouver un bon équilibre entre sa vie de chef d’entreprise et sa vie de famille. Si la maman est heureuse et épanouie, les enfants le sont également. Le seul conseil serait celui de bien s’organiser et de ne pas essayer de tout faire, tout le temps, pour tout le monde. Des études montrent qu’il y’a de plus en plus de femmes qui se lancent dans l’entrepreneuriat. J’encourage les femmes sénégalaises que nous sommes à faire de l’entrepreneuriat, nous sommes sur la bonne lancée. Nous avons naturellement une capacité à la polyvalence. Ceci représente un grand avantage lorsqu’on doit assumer la fonction de chef d’entreprise, être sur tous les fronts : le commercial, les finances, les médias, le marketing, le management, etc… gement International à l’Université de Wales Cardiff. J’ai travaillé pendant quelques années comme RM (Relationship Manager) High Net Worth Individuals à Guaranty Trust Bank en Gambie et dans une agence immobilière à Londres (East London Real Estate) comme responsable des ventes avant de revenir au Sénégal en Février 2011 pour créer Global Properties Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin ? Je tenais à remercier toute l’équipe de Biramawa pour cette interview. Je le dis souvent, Lancer une entreprise c’est un challenge, n’empêche il faut oser entreprendre quel que soit l’âge et le sexe. Le conseil que je donne à tout jeune, demeure l’audace et la confiance en soi, car, malgré l’aide financière et/ou matérielle, le destin de votre activité est entre vos mains. “J’encourage les femmes sénégalaises que nous sommes à faire de l’entrepreneuriat, nous sommes sur la bonne lancée. Nous avons naturellement une capacité à la polyvalence. » On ne peut pas réussir tout seul. Je n’y serai jamais parvenue sans cette équipe jeune et dynamique qui me soutient et croit en ma personne, pour cela je leur dis merci infiniment ! Merci également à toutes ces personnes qui ont cru en moi ! BIRAMAWA MAGAZINE - 15
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AVIS D’EXPERT Nafissatou NDAO Responsable Ressources Humaines - FAMY SENEGAL TRAVAIL SALARIÉ ET ACTIVITÉ ENTREPRENEURIALE : Le cumul est-il permis ? Lorsqu’on est salarié et qu’on est pris d’une volonté d’entreprendre, la question principale qu’on se pose est celle de savoir si nous avons la possibilité de mener une telle activité parallèlement à notre emploi. 16-BIRAMAWA MAGAZINE La réponse est oui ! La constitution garantie à tout citoyen la liberté d’entreprendre qui est à la fois un démembrement du principe de liberté, droit humain fondamental et un symbole de libéralisme économique auquel s’attache notre République de plus en plus engagée dans la promotion des initiatives économiques de toute sorte. Mais s’agit-il d’une liberté totale et incompressible ? Pour le citoyen salarié, est-elle appréciée de la même manière que pour le citoyen non salarié ? Qu’en dit le droit du travail sénégalais ? Aucune liberté ne saurait être absolue ! Si dans le langage courant la liberté renverrait à l’absence de toute contrainte, d’un point de vue juridique, elle s’entend plutôt d’une « faculté à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ». Par conséquent, la liberté d’un individu, quelle qu’elle soit, s’arrête là où commence les droits des autres. De ce fait, au-delà de l’intérêt général qui est limitatif de toute liberté, celle d’entreprendre du salarié est restreinte par certaines des obligations dont il est débiteur vis-à-vis de son employeur. En effet, du contrat de travail naît un lien de subordination soumettant l’employé à l’autorité de l’employeur, ce qui, dans leurs rapports, rend l’un redevable de quelques obligations et l’autre titulaire de certaines prérogatives. En sus, il pèse sur le salarié, un nombre de devoirs accessoires au contrat de travail dont celui de loyauté, de bonne foi ou de réserve, lesquels justifient l’existence de certaines clauses tacites ou expresses, légales ou conventionnelles qui dans certaines conditions peuvent s’imposer à lui et restreindre ses libertés. Il s’agit pour la plupart de clauses dictées par le souci de garantir la sauvegarde des intérêts de l’entreprise et la continuité dans les meilleurs termes de son activité. C’est dans ce sens que le code du travail, après avoir reconnu dans son article L.35 -al.2 au travailleur, la prérogative d’exercer en dehors de son travail salarié une autre activité à caractère professionnel, vient réglementer la jouissance de cette dernière en l’assortissant de conditions. Au regard de l’alinéa en question, on peut affirmer que, sont restrictives de la liberté d’entreprendre du travailleur salarié, entre autres obligations légales et conventionnelles, celle de non-concurrence dont il est tenu à l’égard de son employeur et celle d’exclusivité pendant les heures de travail auxquelles il est soumis. LES RESTRICTIONS LÉGALES ‒ La clause de non-concurrence Sauf renonciation expresse par l’employeur concerné à son droit qu’il jugerait (de bonne foi) sans fondement (ce qui est rare), l’obligation de non-concurrence vis-à-vis de l’employeur pèse sur tout salarié, pendant toute la durée du contrat de travail. Elle renvoie à l’interdiction faite au travailleur salarié de s’adonner à une quelconque activité à caractère professionnel de nature à concurrencer son employeur. Il s’agit donc d’une clause limitant le champ d’activités dans lequel BIRAMAWA MAGAZINE - 17
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le salarié pourrait entreprendre. Les activités de nature à concurrencer l’entreprise peuvent s’entendre de celles de même nature ou non que celles de l’employeur susceptibles d’être préjudiciables à cette dernière en entraînant notamment une perte de marge, un manque à gagner ou une toute autre conséquence fragilisant directement ou indirectement la compétitivité de ladite entreprise. Elle découle des obligations de loyauté et de bonne foi du travailleur à l’égard de son employeur déjà évoquées et ne nécessite donc pas forcément sa mention dans le contrat de travail. Même lorsqu’elle n’y est pas rappelée, elle court tacitement dès signature du contrat de travail auquel elle est inhérente. travail pourrait varier en fonction de la qualité de l’employé. L’obligation de non-concurrence aurait plus de portée s’agissant d’un employé intervenant dans ce qui constitue le cœur de métier de l’entreprise ou membre de la direction que de l’employé avec un rôle subalterne. La bonne nouvelle c’est qu’elle se limite à la durée d’existence du contrat de travail. En principe, « est nulle de plein droit toute clause interdisant au travailleur l’exercice d’une quelconque activité professionnelle à l’expiration du contrat de travail ». Cependant, l’obligation de non-concurrence peut exceptionnellement subsister au-delà du contrat de travail mais pour cela faudrait-il que la rupture intervienne sur l’initiative de l’employé ou qu’elle soit justifiée par une faute lourde de sa part. Dans ces cas précis et lorsque cela est explicitement prévu par le contrat, l’obligation continue de peser sur lui pour encore une durée maximale d’un (01) an à compter de la rupture et sur un rayon géographique de 50 km de l’établissement de son ex-employeur. ‒ L’obligation d’exclusivité pendant les heures de travail La loi et les conventions fixent des quotas d’heures légales hebdomadaires mais la répartition journalière de ces dernières relève du pouvoir de direction de l’employeur. Le salarié doit se soumettre au respect de la répartition des heures par ce dernier lorsque l’aménagement qu’il en fait n’est pas contraire à ce que permet la loi à ce sujet. Aussi, l’obligation ne tient pas nécessairement compte de la qualité de l’employé au sein de l’entreprise ou de sa capacité à constituer éventuellement une concurrence sérieuse vis-à-vis de son employeur mais tient plus compte de la nature de l’action à entreprendre, qui dans l’esprit de la loi ne doit nullement être empreinte de déloyauté. Cependant, l’appréciation qu’en fait le juge du 18-BIRAMAWA MAGAZINE Pendant ces horaires qui lui sont fixés par l’employeur, l’employé est tenu de se consacrer exclusivement à l’exécution des tâches pour lesquelles il a été engagé. S’il lui est loisible de mener une ou des activités entrepreneuriales parallèlement à son emploi, il ne peut s’y consacrer pendant ses heures de travail. Une difficulté peut néanmoins se poser pour le salarié cadre avec de hautes responsabilités pour qui dans la pratique les heures libres peuvent se confondre avec les heures de travail. Dans ce cas, le lieu d’exercice de son travail (ou de ses missions) à l’instant T, sur ordre ou accord, même implicite de l’employeur, viendra en complément à son horaire de travail pour déterminer à quel moment il est censé être soumis à l’obligation de se consacrer exclusivement à son emploi. ‒ L’obligation d’exclusivité générale Lorsque cette clause est prévue par le contrat de travail et acceptée par l’employé, elle stipule l’obligation pour ce dernier de consacrer exclusivement toute son activité professionnelle à son employeur. Elle ne laisse aucune marge au salarié, qui même en dehors des heures de travail en reste soumis. Raison pour laquelle son maniement est soumis à des conditions précises laissées à l’appréciation du juge en cas d’ambiguïté. En effet, au-delà du fait qu’elle doit être stipulée clairement dans le contrat de travail, l’obligation d’exclusivité doit être justifiée par sa nécessité au regard de deux considérations : la nature des tâches de l’employé et l’intérêt légitime de l’entreprise. Ceci étant le principe, il est tout de même possible au salarié désireux d’entreprendre de déroger à cette obligation sur l’obtention de l’autorisation de son employeur ; la loi ne s’opposant pas à ce que ce dernier renonce à une partie de son autorité dans l’avantage du travailleur, si l’objet ne constitue pas une violation de ses devoirs d’ordre sécuritaire. Cependant son autorisation n’est pas à supposer ; elle doit être écrite et sans équivoque pour que la preuve de son existence ne soit pas plus tard contestable. ‒ La clause de confidentialité L’obligation de confidentialité du travailleur salarié, dérivant de son devoir de réserve à l’égard de son employeur peut également constituer une limite à sa liberté d’entreprendre. L’employé ne peut, même en dehors de son travail salarié, mener une activité à caractère professionnel dans laquelle il serait amener à divulguer des secrets, des procédés ou tout autre élément confidentiel de l’entreprise qui induirait à une concurrence déloyale à son encontre. Il en serait ainsi, par exemple, du salarié qui se déciderait à entreprendre dans la consultance pour sociétés du même secteur d’activités que celle qui l’emploie et qui livrerait à ses éventuels clients, conseils appuyés des méthodes et procédés de son employeur dont il aurait eu connaissance dans l’exercice de ses fonctions. Une telle entreprise violerait son devoir de confidentialité et serait dommageable à son employeur ; cette latitude ne saurait par conséquent pas lui être accordée. LES RESTRICTIONS CONVENTIONNELLES D’autres restrictions d’ordre conventionnel pourraient s’imposer au salarié désireux d’entreprendre. Il s’agirait de toute autre clause licite figurant explicitement sur son contrat de travail, totalement ou partiellement incompatible avec la liberté d’entreprendre. A titre de rappel, les lois et règlements établissent les lignes de conduite générales et les conventions collectives interviennent pour façonner ces dernières aux réalités propres à chaque situation et/ou secteur et aussi pour les rendre plus explicites. Mais parce que chaque relation de travail présente sa particularité et que les engagements qui sous-tendent les rapports de travail ne sauraient être identiques, c’est au final le contrat de travail qui tient lieu de loi aux deux parties à condition que les dispositions qui y figurent ne soient au désavantage du travailleur ou de nature à porter atteinte à l’ordre public. Ainsi, lorsque l’intérêt de l’entreprise les justifie, qu’elles ne soient pas contraires à la loi géBIRAMAWA MAGAZINE - 19
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nérale et que le travailleur les accepte, toutes clauses convenues entre lui et son employeur lui sont applicables et pourraient si tel en est l’objet limiter ses possibilités entrepreneuriales. Ce qui fait qu’il est important pour le salarié, lorsqu’il prévoit de se lancer dans l’entrepreneuriat tout en voulant conserver son emploi, de ne pas manquer de relire les mentions de son contrat de travail afin d’éviter de s’engager sur un terrain glissant. Pour cette même raison, il est essentiel pour le travailleur lors de la signature du contrat, de s’engager en connaissance de cause et de peser les pours et les contres de son engagement en tenant compte de ses objectifs professionnels à court, moins et long terme. Le contrat de travail n’est nullement une émanation de la volonté unilatérale de l’employeur mais d’une volonté mutuelle des deux parties. Même si les usages font que c’est l’employeur qui propose généralement les termes en tenant compte de ses intérêts, le futur employé a la latitude d’exprimer les siens lorsqu’il y’a désaccord afin de tendre vers un consensus bénéfique aux deux. Mais on comprend aisément, qu’en matière d’emploi, certains préfèrent s’engager à la va vite et avec des œillères compte tenu de la précarité dont ils pourraient être victimes. En résumé, oui, le droit du travail permet au travailleur salarié le cumul de son emploi avec une activité entrepreneuriale à condition de ne pas violer, dans le cadre de l’exécution de cette dernière, les droits de son employeur ni porter atteinte à ses intérêts légitimes. Pour ce faire, il doit se garder d’utiliser son temps ou ses moyens de travail aux fins de son ou ses activités entrepreneuriales. Par ailleurs, il doit veiller à ce que ces dernières ne soient pas de nature à concurrencer son employeur. Et lorsqu’il se heurte à une interdiction générale d’exercer toute autre activité à caractère professionnel en dehors de son emploi (clause d’exclusivité) ou à une autre convention stipulée dans son contrat de travail, il doit requérir 20-BIRAMAWA MAGAZINE l’autorisation expresse de l’employeur. Le travailleur salarié qui s’engagerait dans une activité entrepreneuriale en méconnaissant les restrictions qui s’imposent à lui dans l’exercice de sa liberté d’entreprendre violerait ses obligations contractuelles, ce qui légitimerait un licenciement. Et dans le cas de violation plus poussée, notamment lorsque l’employeur en vient à subir des préjudices du fait de tels agissements, le juge pourrait statuer pour une indemnisation, donc un paiement de dommages et intérêts au profit de l’employeur. Alors salariés, nous voilà avertis ; Entreprenons ! Mais à l’occasion, conformons-nous à nos obligations ! Nafissation NDAO Responsable Ressources Humaines - FAMY SENEGAL
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LE COIN D’AUTRUI Bonzzzooouuurrr Warahmatullah chers lecteurs et lectrices de Biramawa. Dans le précédent Quinzomadaire, je vous parlais de notre rapport un peu dépassé avec ce que nous appelons chez nous, l’école française. Pour ce nouveau numéro, je vais me substituer à l’un des personnages de mon Blog personnel, pour vous parler de l’autre école qui a formé beaucoup de sommités et leaders et que nous avons souvent tendance à sous-estimer. 22-BIRAMAWA MAGAZINE Allons donc parcourir une page très singulière du Journal Intime d'unetelle... « C'est la première fois que je note ce genre de détail dans mon journal intime. Néanmoins, je reconnais que c'est un très mignon détail. En revenant de la Fac cet après-midi, j'ai croisé un mec. Soyez-en sûrs, celui-là n'est pas comme les autres. Son innocence engendre un humour génial. De son insouciance se dégage une audace sans commune mesure. Je ne fais pas de l'auto-stop. Donc vous comprendrez aisément que mon mec n'était pas véhiculé. Je déteste être abordée en pleine rue par un garçon. D'ailleurs, je me demande bien comment il s'y est pris pour que je lui accorde un instant. Mais au simple son de sa voix, je me suis retournée ‒ Bonjour... Mademoiselle ‒ Bonjour... ‒ Vous a-t-on dit depuis le lever du soleil que vous pourriez à vous seule alimenter la terre de lumière en cas d'éclipse ? ‒ Merci mon gars. C'est très gentil de votre part ‒ Tenez, c'est la première fois que quelqu'un me remercie de lui avoir menti...(rires) ‒ Mais c'était un beau mensonge, mon gars. J'ai même cru un instant que c'était vrai... (rires) ‒ C'était simplement une façon de vous dire que vous êtes très belle, mademoiselle ‒ Ohhh !!! Merci bien. Quelle gentillesse et quelle galanterie ‒ Oubliez tout ça. Je ne suis ni gentil, ni galant. Dites-moi ce que vous faites dans la vie ? ‒ Moi ? Suis étudiante en licence de Droit ‒ Wawww, ça doit être vachement sympa. Vous voulez devenir avocate ? ‒ Peut-être bien. Et vous ? ‒ Eh bien... moi, j'apprends la Vie ici dans la rue. C'est ma cinquième année je pense. C'est une matière bien plus complexe que le Droit. Croyezmoi. Puisque c'est elle-même qui enseigne à ses élèves ses règles, ses principes, sa nature...Dès fois, elle vous met une de ces raclées dont vous avez beaucoup de peine à vous relever. Mais elle revient pour vous apprendre comment surmonter chaque épreuve... D'autres fois, elle vient vous caresser après vous avoir appris à ne pas dormir sur les lauriers qu'elle-même vous tresse... ‒ Waaawwwww !!! Je suis très impressionnée. Où as-tu appris à parler aussi bien ? ‒ Ahh, ça y est ! Elle vient de me tutoyer... Est-ce à dire que j'ai gagné ta confiance, mademoiselle ? ‒ Baaahhh, disons que tu as fait un pas... (rires) ‒ Où que tu sois sur cette terre, n'arrêtes jamais de sourire. ‒ Petit coquin, serais-tu en train de me draguer... (rires) ‒ (rires) Mais je n'oserais pas. J'imagine que les prétendants, plus séduisants, les uns, les autres se bousculent au portillon...Quant à moi, je déteste me faire des illusions. Après j'ai beaucoup de mal à m'y remettre... (rires) ‒ Je pensais pourtant être tout ce qu'il y a de plus réelle. Je ne savais pas que je n'étais qu'une illusion... ‒ Rassures-toi, mademoiselle, tu es la plus belle réalité qui ait accepté de me prêter une attention aussi charmante. Merci pour ça ! ‒ Mais je t'en prie, mon petit gars ! ‒ Alors on se dit au revoir ? J'ai déjà assez abusé de ton temps... ‒ Mais non. Au contraire, ce fut un instant très riche pendant lequel j'ai beaucoup appris...Tu permets que je te fasse un p'tit bisou avant de partir. ‒ (Rires) Non-mademoiselle, les gens nous regardent et je suis un très timide garçon, malgré les apparences...Donnes-moi ta main, cela suffira ! Et l'on s'est quitté comme ça. Je suis restée là à le regarder qui disparaissait petit à petit dans la mêlée et le vacarme des heures de pointe de Dakar, jusqu'à ce que je ne puisse plus le distinguer... Mon mec d'aujourd'hui était un jeune Talibé d'à peine 10 ans... ». Bon voilà, loin d’encourager le phénomène de la mendicité des enfants dans les rues, cette histoire est juste un appel à l’humilité. Les études supérieures engendrent souvent un complexe de supériorité chez nous autres sortants des Universités. Le Savoir, la Sagesse, la Science ne sont pas forcément des « biens » qu’on acquiert à l’école. Je vous donne rendez-vous dans 15 jours pour une prochaine chronique dans « Le Coin d’Autrui ». Ayoba FAYE Journaliste d'investigation-Rédacteur en Chef PressAfrik BIRAMAWA MAGAZINE - 23
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ENTRETIEN EXCLUSIF Roger THIAM Senior Financial Scientist au sein de Swen Capital Partners à Paris Président de la Holding ADsénégal A la Une du numéro 9 de votre magazine Roger THIAM, Senior Financial Scientist au sein de Swen Capital Partners à Paris, une société de gestion de fonds d’investissement. Président de la Holding sénégalaise ADSENEGAL et fondateur des sociétés Jeuns et Teranga Nutrition, Roger depuis très jeune voue un culte à l’entrepreneuriat. Dans cet entretien accordé au magazine, Roger est revenu sur son parcours du quartier populaire de Dakar « Khar Yalla » à Paris, son métier et ses activités entrepreneuriales. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Je suis Roger THIAM, originaire du quartier populaire de Khar Yalla à Grand-Yoff. Ingénieur Financier de formation, j’occupe le poste de Senior Financial Scientist chez Swen Capital Partners à Paris. Je suis également le Président de la holding sénégalaise ADSENEGAL, un regroupement d’entrepreneurs sénégalais résidents en France qui a pour mission de créer et d’investir dans des start-up sénégalaises à fort potentiel. Quelles sont les grandes lignes de votre parcours formation ? J’ai eu mon Bac Scientifique avec mention au Cours Sainte Marie de Hann à Dakar, ensuite j’ai rejoint une classe préparatoire scientifique aux grandes écoles en France, Maths Sup/Maths Spé puis j’ai intégré une école d’ingénieur sur concours commun polytechnique. “ Grâce à mes résultats scolaires, j’ai pu bénéficier d’un partenariat entre mon école d’ingénieur et l’Université Paris Dauphine pour obtenir en fin de cursus un diplôme d’Ingénieur Financier et un Master MIAGE IF (Informatique pour la Finance) avec mention. Après quelques années d’activités professionnelles, je suis revenu en formation à HEC Paris pour consolider mes connaissances en Finance d’entreprise, en cours du soir juste après le boulot, souhaitez moi bonne chance ! Je pense ma grand-mère, lorsqu’à l’âge de 10 ans je l’aidais à vendre des sachets de crème glacée, d’arachides, des mangues, du ditakh, des pots de maad dans mon quartier à Grand Yoff, ou lorsque je l’accompagnais en Gambie ou à Ziguinchor pour acheter des marchandises pour les revendre à Dakar. » Pouvez-vous revenir sur votre parcours professionnel ? Bientôt 10 ans d’exercice, le temps passe si vite (rire) et je rends grâce à Dieu. Un parcours professionnel classique où les notions d’investissement et d’entrepreneuriat ont eu une importance capitale. J’ai débuté comme Consultant à l’âge de 22 ans chez eFront Private Equity, un éditeur de logiciel pour les sociétés de gestion de fonds d’investissement, un leader du marché qui vient d’ailleurs de se faire racheter par le géant Américain de la finance BlackRock. Private Equity veut dire en français Capital-risque ou Capital-investissement. Il s’agit d’une forme très ancienne d'investissement par laquelle un investisseur consacre une partie de ses capitaux propres ou sous gestion au développement ou rachat d'une société ayant des besoins de croissance, de transmission ou de redressement. BIRAMAWA MAGAZINE - 25
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En contrepartie de son risque d'investissement et d’immobilisation de son capital sur une longue période (coût d'opportunité), l’investisseur attend un rendement sur le capital investi, généralement supérieur à celui du marché des actions cotées, compte tenu de la non-liquidité de son investissement pendant parfois plusieurs années. et Swen Capital Partners à Paris, la Banque Africaine de Développement (BAD) à Abidjan en Côte d’Ivoire, Old Mutual à Cape Town en Afrique du Sud etc. Des années de déplacement qui m’ont permis d’intégrer dans sa grande diversité, l’investissement alternatif à travers l’Europe et l’Afrique. La mission la plus marquante reste celle de la Banque Africaine de développement où pour la première fois, je travaillais sur le continent Africain avec ses réalités et modèles spécifiques d’investissement. J’en garde d’excellents souvenirs, avec de très belles rencontres, certains sont devenus des mentors tel que l’actuel ministre de l’économie sénégalais M. Amadou Hott ou encore Mouhamadou Niang ex-directeur du département secteur privé de la Banque africaine de développement (BAD) qui avait d’ailleurs rejoint Meridiam pour piloter l’équipe d’investissement africaine. Il ne se contente pas d'investir mais accompagne généralement la société en portefeuille par des conseils pratiques (stratégiques, financiers, juridiques, etc.) lui permettant d'accélérer son développement et d'optimiser sa gestion. En quelques années de travail acharné, de prises de risques qui ont finalement payées, je suis devenu un consultant FronInvest Sénior avec son lot de déplacements à l’international. En 2016, j’ai rejoint SWEN Capital Partners à Paris, une société de gestion de fonds d’investissement exceptionnelle où l’humain est l’élément clé dans l’atteinte de la performance. SWEN Capital Partners est un acteur de référence de l’Investissement Responsable en non coté avec près de 5 milliards d’euros d’actifs gérés et/ou conseillés en Europe. Nous offrons à nos clients des services d’administration, de gestion et de conseil. Nous proposons des produits d’investissements multi-straté“SWEN Capital Partners est une société de gestion de fonds d’investissement animée par la volonté de gies et directs en PE, dettes et infrastructures, ou des produits dédiés, qui intègrent les critères ESG. créer de la valeur durable en intéDes missions qui m’ont menées vers des fonds d’investissement tels que SUVA à Lucerne en Suisse, Partners Group à Zoug en Suisse, Advanced Capital à Milan en Italie, Lombard Odier à Genéve en Suisse, IWC Capital Investment à Copenhague au Danemark, Ardian 26-BIRAMAWA MAGAZINE grant pleinement les critères environnementaux, sociétaux, ou de gouvernance (ESG) dans toute action d’administration ou de gestion. » Vous êtes actuellement Senior Financial Scientist au sein de SWEN Capital Partners. Que pouvez-vous nous dire sur SWEN Capital Partners ? SWEN Capital Partners est une société de gestion de fonds d’investissement animée par la volonté de créer de la valeur durable en intégrant pleinement les critères environnementaux, sociétaux, ou de gouvernance (ESG) dans toute action d’administration ou de gestion. Qui finance les fonds d’investissement et quel est leur modèle économique ? À la différence des business angels qui sont des individus qui investissent leur propre argent, les VC investissent l’argent de personnes physiques et morales. Ces financiers sont appelés limited partners (ou LP’s). Un investisseur souhaitant créer son fonds d’investissement va devoir convaincre une multitude de LP’s de financer sa structure. Les LP’s peuvent être : • Des institutions : banques, grands groupes, family offices, fonds de pensions… • Des individus : entrepreneurs, industriels, investisseurs, toute personne avec un important patrimoine financier. C’est une entreprise qui offre aux investisseurs les meilleures performances tant financières qu’extra-financières, accompagnées d’un service de haute qualité, transparent et sur mesure. Depuis 2012, nous avons systématisé une démarche d’intégration des critères ESG aujourd’hui appliquée à l’ensemble de nos investissements. L’engagement ESG de SWEN Capital Partners se décline aussi à travers différents éléments : une base de données extra-financières inégalée sur le non-coté permettant le calcul de ses propres benchmarks ESG en non coté ainsi que la réalisation de reportings ESG exhaustifs fonds par fonds, un dispositif de détection de controverses, une stratégie climat ambitieuse et exigeante, et une collaboration active avec l’ensemble des parties prenantes. Cette approche voit sa légitimité d’autant plus renforcée que les investisseurs en non coté sont des investisseurs actifs et de long terme aux côtés des entrepreneurs et partenaires qu’ils accompagnent dans une logique de partenariat. S’appuyant sur ses valeurs d’authenticité, d’excellence, d’audace, de bienveillance, et de persévérance, SWEN Capital Partners s’appuie sur une équipe de plus de 40 collaborateurs pour porter ses missions. En moyenne, la création d’un fonds d’investissement – et surtout son financement – vont prendre entre une et deux années. Vous pouvez constater que le processus est plus long que celui d’une levée de fonds d’une startup (entre 3 et 9 mois). Les LP’s vont investir dans une société de gestion qui va être gérée par le ou les general partners (ou GP’s). Par exemple SWEN Capital Partners est un GP. Les GP’s sont responsables de la société de gestion et donc du fonds d’investissement. Leurs responsabilités sont référencées dans un document qui lient les GP’s avec les LP’s : le Limited Partnership Agreement ou LPA. Ce document contient : • les termes du partenariat • la stratégie d’investissement du fonds • les responsabilités des GP’s et des LP’s. Un fonds gagne de l’argent de deux manières : la première permet de se rémunérer pendant la durée de déploiement de l’argent du fonds et la seconde permet de récompenser la performances des investisseurs. C’est la règle du « 2/20 ». 1/ Les managements fees de 2% : chaque année, le fonds d’investissement va pouvoir payer ses coûts de fonctionnements (salaires, bureaux, déplacements etc) en utilisant 2% du montant total du fonds. Si vous êtes dans un fonds de 100 millions d’euros, 2 millions sont alloués chaque année aux dépenses BIRAMAWA MAGAZINE - 27
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du fonds. Ces managements fees vont être utilisés pendant environ 7 ans, soit 14 millions d’euros sur les 100 millions. tiel, les banques n’hésitent pas à investir en masse. La bourse de Paris a déménagé ses serveurs à Londres après que les traders se soient plaints des milli secondes perdues dans les échanges de trading à haute fréquence. Les acteurs de la finance sont donc constamment contraints d’évoluer pour conserver une part du marché. Les établissements financiers misent désormais sur l’exploitation et le traitement de données financières et extra financières massives pour optimiser leurs prises de décision et automatiser leurs processus internes. Ils font donc appel à des Financial Scientist. Un Financial scientist applique des méthodes scientifiques à des questions économiques, financières et extra-financières, pratiques. Les financial scientists collectent, analysent et traitent des données massives stockées dans les différentes bases de données des progiciels/référentiels internes de l’entreprise. 2/ Le carried interest de 20% : c’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens ? Pas tout à fait vrai dans le monde du VC mais pas loin. Les GP’s se partagent les profits du fonds avec les LP’s une fois que le fonds est clôturé, entre 10 et 12 ans après sa création. 80% des profits du fonds sont retournés aux LP’s 20% des profits vont aux GP’s (et à l’équipe du fonds selon la répartition interne). lieu financier“Le miest de plus en plus concurrentiel, les banques n'hésitent pas à investir en masse." Cela permet d’aligner les intérêts entre les parties prenantes d’un fonds d’investissement et c’est avec le carried interest que les investisseurs peuvent faire des gains substantiels (devenir millionnaires et plus si affinités). Comment décririez-vous votre poste de Senior Financial Scientist ? Quelles sont vos missions ? Le milieu financier est de plus en plus concurren28-BIRAMAWA MAGAZINE A côté des analystes et des gérants de fonds, les financial scientists jouent un rôle déterminant dans le choix des valeurs en portefeuille. Les compétences d’un bon spécialiste des données et d’un bon investisseur sont complémentaires. Les bons data scientists ont plusieurs qualités. Ils développent, en général, une bonne connaissance des mathématiques, des statistiques et de l’informatique. Ils sont experts en programmation et les algorithmes n’ont pas de secrets pour eux. Dans ce métier, une bonne compréhension de l’entreprise, de l’origine des données et de la façon dont elles sont appliquées est indispensable. Des informaticiens possédant d’excellentes compétences en communication et une curiosité intellectuelle peuvent ainsi travailler en étroite collaboration avec les gérants de fonds et développer ensemble des modèles d’investissement spécifiques ou trouver rapidement des deals/prospects intéressants. Il s’agit d’un métier transverse dans la société de gestion des fonds d’investissement qui répond au besoin du Middle/ Back Office, du Compliance, du Reporting, du Risk Management, du Marketing/Communication et du Front Office. Pour les jeunes qui souhaitent embrasser le même métier que vous, quels sont les prérequis ? Quel cursus de formation privilégié ? Voici quelques prérequis : Un Bac+5 minimum en mathématiques / statistiques, informatique, physique, ingénierie ou dans une matière au contenu mathématique significatif appliqué à la finance. Une capacité à programmer dans plusieurs langages (à la fois compilés et interprétés) tels que C / C ++, S (par exemple tel qu'implémenté en R), Matlab, Python et / ou Java. De très bonnes compétences en bases de données (c’est-à-dire au moins la programmation SQL) dans tout RDBMS classique (par exemple, MySQL, PostgreSQL, Oracle, SQL Server) et en Machine Learning/Intelligence Artificielle Une maîtrise des données de séries chronologiques de Bloomberg, de Reuters ou de l'un des nombreux flux de données financières ou extra financières disponibles. J’ai la chance aujourd’hui de travailler dans l’investissement en France et d’aider gratuitement des jeunes sénégalais à monter leur business au Sénégal y étant moi-même un entrepreneur grâce à notre structure ADSENEGAL qui a une casquette d’investisseur-Entrepreneur au Sénégal. C’est la raison pour laquelle nous avions été invités pour témoigner de cette expérience le 22 Février 2019 à l’Assemblée nationale française grâce à l’important dispositif du président Emmanuel Macron, le CPA : Le Conseil Présidentiel pour l’Afrique. ADSENEGAL « Andd Défar Sénégal » veut dire en français « Ensemble Bâtissons le Sénégal ». ADS est une entreprise engagée, créée il y a 6 ans par 4 jeunes sénégalais, Jérome Diéne, François Ndour, Bocar THIAM et moi-même. Nous avons la conviction que les sociétés et économies sénégalaises vont radicalement se transformer au XXIe siècle. Et c’est pourquoi, depuis 6 ans, nous avons fait le pari d’être acteur pertinent et significatif de cette transformation. C’est la raison d’être de notre groupe et des équipes qui l’animent. Nous menons 2 principales activités : ‒ La création de start-up au Sénégal dont la gestion est 100% déléguée à des équipes jeunes et dynamiques au Sénégal. ‒ Le Conseil et l’investissement sur fonds propres dans des start-up sénégalaises à fort potentiel. Voici quelques exemples de produits que nous avons conçu en 6 ans : ‒ Bitik Shop : Depuis le Sénégal, accédez aux sites ecommerce d'Europe avec des solutions de paiement et de livraison à domicile adaptées. ‒ SenDiallo : Un réseau de boutiques d’alimentation dans les quartiers de Dakar ‒ Linguére : Un carnet de santé mobile, vos données de santé toujours à porter de main, prise de rdv médical et ordonnance numérique intégrée. N’est-ce pas vous êtes également entrepreneur ? Oui et je considère l’entrepreneuriat comme un important levier de développement du continent africain. Je disais plus haut que 2 notions complémentaires pouvaient résumer mon parcours professionnel : l’investissement et l’entrepreneuriat. ‒ Teranga Nutrition : Les meilleurs marques de compléments alimentaires et d’accessoires de musculation au Sénégal. ‒ JeunS : Le média 100% vidéos et réseaux sociaux de la diaspora Sénégalaise Le produit Linguére a été primé dans plusieurs concours d’innovation en Afrique dont le prestigieux concours AfricaIsCallingYou à Paris. Nous participons ainsi à la création d’emplois au BIRAMAWA MAGAZINE - 29
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Jotay Diaspora en chiffres : Sénégal et à la formation des jeunes malgré la distance. Parlez-nous d’abord de Jeuns. De quoi s’agit-il ? JeunSenegal (Jeuns.) est un nouveau média sénégalais, 100% réseaux sociaux, 100% vidéos, présent sur Youtube, Instagram, Facebook, Twitter, Tik Tok et Snapchat qui cible principalement les jeunes de 15 à 35 ans. Les jeunes sont perçus comme peu intéressés par l'actualité, méfiants à l'égard des médias traditionnels et scotchés aux réseaux sociaux. Pas si simple. Et si l'actualité repensée et les contenus qui prennent en compte leurs préoccupations les y rejoignaient ? La nouvelle génération, ultra connectée sait surtout faire le tri dans un mode saturé d'infos. Jeuns est également un portail de la diaspora sénégalaise, proposant des émissions dédiées à la cette diaspora longtemps oubliée par les médias sénégalais alors qu’elle a également son mot à dire sur l’actualité sénégalaise. Jeuns a donc créé le show Jotay Diaspora produit à Paris avec les meilleurs analystes de la Diaspora et diffusée à la télévision sénégalaise SenTv les dimanches à 15h, sans censure. 30-BIRAMAWA MAGAZINE A qui s’adresse Jeuns (Vos cibles) ? Jeuns s’adresse principalement aux sénégalais de la diaspora mais nous avons découvert grâce aux statistiques de nos réseaux sociaux que nos émissions sont également beaucoup suivies au Sénégal et par toutes les tranches d’âges. Nos remerciements aux analystes de l’émission télé Jotay Diaspora qui s’est positionnée comme le moteur de Jeuns et un incontournable au Sénégal. Quelles sont les perspectives d’avenir de Jeuns ? Notre objectif est de positionner Jeuns comme étant le média numéro 1 des sénégalais de la diaspora. La diaspora est souvent très au fait de l’actualité sénégalaise mais peine énormément à se faire entendre, à faire peser son opinion sur les différents sujets stratégiques, politiques et sociaux au Sénégal. Jeuns deviendra un moyen de les faire entendre. Qu’en est-il de Teranga Nutrition ? Le sport représente aujourd’hui 2% du PIB mondial, et seulement 0,5 % de celui de l’Afrique. Sur le continent africain, le développement du sport est porteur d’enjeux de développement économiques et sociétaux et la jeunesse est au cœur de cette dynamique. De jeunes hommes dans la force de l’âge (de 25 à 45 ans) pour la plupart, mais aussi des femmes, ainsi que quelques seniors, tous les matins viennent sur la corniche ouest de la capitale, pour suer à grosses gouttes. Entre la plage de Fann, les terrains de football et les parcours sportifs, les Dakarois viennent profiter d’une large bande littorale s’étirant sur près de 3,5 km, depuis le parc d’attractions Magic Land jusqu’à la place du Souvenir. Même affluence quotidienne en fin de journée, lorsque la chaleur se fait moins lourde : des centaines de personnes viennent taper dans le ballon, courir ou renforcer leurs muscles. Bref, les sénégalais sont de plus en plus nombreux à pratiquer couramment un sport intensif mais ont-ils l’alimentation requise ? Pour toute information, vous pourrez contacter nos commerciaux et coachs sur Whatsapp au +221 77 840 74 95. moment “Pour le , je rejoins l’expression qui revient régulièrement « l’entrepreneuriat au Sénégal est un véritable parcours du combattant .» Qu’est-ce qui vous a poussé à aussi emprunter cette voie de l’entrepreneuriat ? Je pense ma grand-mère, lorsqu’à l’âge de 10 ans je l’aidais à vendre des sachets de crème glacée, d’arachides, des mangues, du ditakh, des pots de maad dans mon quartier à Grand Yoff, ou lorsque je l’accompagnais en Gambie ou à Ziguinchor pour Une bonne alimentation est toute aussi importante que les entraînements afin d’atteindre les objectifs sportifs. C’est pourquoi, nous avons créé Teranga Nutrition avec une dizaine de coachs sportifs répartis dans les régions du Sénégal et 3 partenaires nutritionnistes, nous nous sommes concentrés sur l’alimentation intelligente. Une nutrition sportive efficace, développée par nos partenaires, élaborée à partir de matières premières qualitatives et sans additifs. Grâce à nos produits fitness, nous aidons les sportifs sénégalais à atteindre leurs objectifs. Pour être plus endurant ou pour prendre de la masse musculaire : les produits alimentaires sportifs de la boutique Teranga Nutrition sont un complément idéal à votre alimentation saine. Notre choix de produit est large : des macronutriments de base comme les protéines en passant par les vitamines et minéraux et les produits de musculation et fitness très appréciés des sportifs tels que les acides aminés, les Energy Gels et les snacks protéinés. En plus de nos produits alimentaires, nous proposons une multitude de conseils, programmes sportifs et alimentaires ainsi que des recettes optimisées pour la prise de masse, une meilleure endurance et pour la réussite de tous vos objectifs sportifs. Tout ce qu’il vous faut pour votre alimentation sportive et intelligente est disponible dans nos boutiques. acheter des marchandises pour les revendre à Dakar. Elle me reversait une petite commission sur mes ventes et cela me servait d’argent de poche. J’ai très tôt développé le sens des affaires, cela m’a servi quand je suis arrivé en France et m’a influencé durant mes études. J’ai fait le choix de travailler dans des fonds d’investissement pour demeurer dans le milieu entrepreneurial et j’ai encore énormément de choses à apprendre. En tant qu’acteur, est-ce que d’aprèsvous le cadre est favorable à l’entrepreneuriat au Sénégal ? Pour le moment, je rejoins l’expression qui revient BIRAMAWA MAGAZINE - 31
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régulièrement « l’entrepreneuriat au Sénégal est un véritable parcours du combattant ». “RéinvestisLes facteurs culturels et sociaux : Le premier obstacle que rencontre le porteur d’un projet de création d’entreprises est sa propre capacité à faire preuve de sérieux, de rigueur et de persévérance, de courage pour résister à la pression, surmonter les difficultés et mener son projet à bien. Il faut également souligner la résistance de l’entourage. En effet, aussi bien le jeune actif ayant achevé ses études que le salarié désireux de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale se verront opposer les risques que représentent une telle démarche. Ainsi, il sera poussé vers la recherche d’un travail « sérieux », et au mieux, pourra monter son affaire comme activité secondaire. Il perdra un soutien pourtant essentiel, ainsi qu’un levier de motivation indispensable à son succès. sez vos plus-values dans votre activité et réinvenL’environnement des affaires : Au Sénégal, notre économie est plus consommatrice que créatrice de richesses ou apporteuse de valeur tez-vous à chaque fois, n’ayez pas peur des échecs, ils vous serviront, n’ayez pas peur ne pas avoir de vie au lancement de votre activité, votre sacrifice sera récompensé et vous serez fier du chemin parcouru. » ajoutée. Pour qu’un changement structurel s’opère en profondeur, il ne suffit pas d’initiatives isolées d’accompagnement des investisseurs et de campagnes de sensibilisation. Pour les experts, la réussite passe par l’encouragement de la production, de la transformation de produits bruts en produits finis. Et cela passe par la mise en œuvre de politiques publiques performantes et d’un programme de bonne gouvernance, ainsi que la garantie d’une administration efficace. Or, le Sénégal en est encore loin. Le financement de l’activité : Considérant la faible popularité de l’entrepreneuriat formel sur le continent, les entrepreneurs africains ne peuvent pas compter sur des business angels ou sur les aides publiques. Quant aux banques, elles ne sont guère enclines à octroyer des crédits professionnels, le manque de visibilité sur la crédibilité des startups et PME n’incitant pas à la prise de risques. Le marché des capitaux, de son côté, n’est pas adapté à ces acteurs de moindre envergure, qui ne peuvent pas non plus s’adresser aux fonds d’investissement, faute de moyens pour payer les tickets d’entrée. Restent les organismes de microfinance, mais qui n’octroient que de faibles montants à des taux d’intérêt extrêmement élevés. Ayant épuisé toutes les alternatives, les créateurs d’entreprise doivent par conséquent se contenter de leurs propres ressources… la plupart du temps insuffisantes. Ce cadre difficile comporte néanmoins un aspect positif : il contraint les entrepreneurs à se montrer créatifs, courageux, aventureux, autant de qualités qui contribueront à leur succès. 32-BIRAMAWA MAGAZINE Je salue néanmoins l’adoption ENFIN du Start-up Act au Sénégal, le deuxième en Afrique, impulsé par des acteurs du milieu et la DER, la loi n°2020-01 du 6 janvier 2020 relative à la création et la promotion des start-up qui exonère les jeunes pousses d’impôts pendant 3 ans. Quel est votre message à l’endroit des autorités qui, aussi, ont un rôle à jouer pour la promotion de l’entrepreneuriat au Sénégal ? Près de 60% de la population active du Sénégal est constituée d’entreprenants individuels tel que le renseigne le Recensement Général des Entreprises (RGE 2016) conduit par l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD). L’Etat a un vrai challenge à relever pour impulser, former, accompagner tous ces entrepreneurs par le biais d’instrument comme la DER qu’il faut soutenir, financer encore et encore. Nous comprenons néanmoins que ce n’est pas une mince affaire mais c’est le devoir de l’Etat s’il souhaite dynamiser l’entrepreneuriat qui constitue la principale occupation de la population sénégalaise. Quel message souhaitez-vous adresser aux jeunes sénégalais ? Je crois profondément que vous êtes tous des entrepreneurs dans l’âme et pour la plupart il vous manque juste ce minimum de financement pour transformer votre idée en entreprise formelle ou informelle. Commencez petit, armez-vous de patience, épargnez pour constituer ce capital minimum pour débuter l’activité, vos premiers clients sont vos proches, vos voisins, vos amis, les habitants de votre quartier. Allez vers eux pour proposer vos services. Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin ? Merci à vous Biramawa pour l’opportunité que vous offrez à ADSENEGAL par ma voix. Merci pour la grande qualité de vos contenus et merci à vous de mettre en lumière tous ces jeunes talents que comportent le Sénégal et l’Afrique. BIRAMAWA MAGAZINE - 33 Ouvrez un compte gratuit sur Instagram/Facebook/ TikTok pour communiquer sur vos activités, envoyez à vos amis vos offres et demandez-leur de partager vos contenus pour vous donner de la visibilité, constituez-vous un réseau d’amis fidèles, organisez des rencontres avec eux autour d’un thé pour présenter votre activité de vive voix. Allez à la rencontre du maire de votre ville, des personnes influentes de votre quartier et soumettez-leur votre activité, demandez-leur de vous mettre en relation avec quelqu’un de leur réseau, un comptable ou une personne qui vous donnera de la visibilité ou qui pourra vous aider à mieux structurer votre activité. Réinvestissez vos plus-values dans votre activité et réinventez-vous à chaque fois, n’ayez pas peur des échecs, ils vous serviront, n’ayez pas peur ne pas avoir de vie au lancement de votre activité, votre sacrifice sera récompensé et vous serez fier du chemin parcouru.
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Veille et Intelligence des Affaires Avez-vous déjà entendu parler de données massives ou Big Data ? Quelle est leur utilité pour les entreprises notamment les PME ? Quelles sont les solutions pour une utilisation efficiente de ces données massives par les entreprises ? Et bien chers lecteurs, pour ce numéro 9 de votre magazine, j’aborderai toutes ces questions avec Monsieur Lamine DIOP, Docteur en Informatique et membre du Laboratoire d’Informatique Fondamental et Appliqué de Tours (LIFAT) en France. 34-BIRAMAWA MAGAZINE Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et revenir sur les grandes lignes de votre parcours ? Je me nomme Lamine DIOP mais certains m’appellent BSF (Beug Serigne Fallou). Agé de 27 ans, je suis docteur en informatique et membre du Laboratoire d’Informatique Fondamental et Appliqué de Tours (LIFAT) en France. Natif du département de Mbacké, j’ai commencé les études dans le département de Diourbel où j’ai entièrement fait mes études primaires et secondaires respectivement au village de Keur Awa Dior et à la commune de Ndindy. Après le BFEM, je suis retourné à ma ville natale pour suivre des études scientifiques au lycée de Mbacké. Après la première S1, je suis allé au lycée d’enseignement général de Diourbel pour y faire la terminale S1 qui n’avait pas à mon lycée d’origine cette année. Le BAC en poche en 2011, j’été orienté à l’université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis à l’UFR des sciences appliquées et technologies (SAT). Après le DEUG (Diplôme d’Etude Universitaire Général) en mathématiques appliquées et informatique (MAI), la licence et la maîtrise en informatique, j’ai été sélectionné en 2016 pour faire un double master en informatique dans le cadre d’une convention de double diplomation entre l’UGB et l’université de Tours en France durant l’année universitaire 20162017. Sanctionné par un double master en Informatique et Technologie de l’Information et de la Communication (ITIC) et Systèmes d’Information et d’Aide Décisionnelle (SIAD) des deux universités respectives, j’ai commencé en janvier 2018 une thèse de doctorat de l’université Gaston Berger de Saint-Louis en informatique décisionnelle. Le 16 juillet 2020, j’ai soutenu ma thèse avec la mention ‘‘Très honorable avec les félicitations du jury’’. Depuis septembre 2020, je travaille comme chercheur au laboratoire d’informatique fondamental de Tours (LIFAT) en France. Parallèlement, je dispense des cours dans le domaine du data mining et des bases de données. Pouvez-vous nous parler de l’intelligibilité des données massives ? C’est un processus plus ou moins complexe, qui à partir des concepts de mathématiques appliquées et de gros volumes de données (qui sont disponibles nativement sous des formes brutes) appelé souvent ‘‘Big Data’’ fournit des informations permettant à un utilisateur d’explorer lesdites données. Pour que les données puissent devenir intelligibles, la question de leur archivage doit être judicieusement analysée de fond en comble car la structure de données utilisée joue grandement sur les tâches futures. En effet, l’archivage doit assurer l’intelligibilité des données massives, qui à son tour, montre la valeur économique des données. Quelle est l’utilité des données massives pour les entreprises notamment les PME africaines ? Comparées souvent à une ‘’mine d’or’’, les données massives (ou Big data) sont une révolution industrielle offrant de riches opportunités dans le domaine professionnel. Même si elles sont très utilisées par les firmes multinationales, les données massives offrent également un intérêt capital aux petites et moyennes entreprises (PME). En effet, les PME, notamment celles qui travaillent dans le domaine du marketing, du ciblage clientèle, etc., doivent développer leur potentiel sur l’exploration des données afin de booster leurs activités commerciales. Par exemple, lors de l’utilisation d’une page Web pour les achats en ligne, les fournisseurs requièrent très souvent l’acceptation de cookies. Les informations récoltées par ces programmes informatiques sont finement analysées jusqu’au niveau personnel. Au final, cela permet de faire du marketing en ciblant les potentiels clients intéressés par leurs publicités. Les moyens d’accès à ces pages Web, et donc la production exponentielle de données, devient de plus en plus nombreux avec la technologie moderne et dans les milieux ayant une population à forte densité notamment le continent africain. Si les firmes multinationales considèrent l’Afrique comme une destination future, c’est par qu’il y a bien une raison. Pourtant, rares sont les PME africaines qui bénéficient d’une telle puissance vivement recherchée par leurs paires dans le reste du monde. BIRAMAWA MAGAZINE - 35
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fiques. Malheureusement, rares sont les entreprises africaines qui disposent des laboratoires de recherches ou nouent des relations avec les laboratoires de recherche universitaires. Désespoir ou neutralité, mais je trouve les entreprises africaines très en retard dans le domaine de la recherche scientifique. Quelles suggestions/solutions pour l’utilisation des données massives ? Comme je l’ai dit tantôt, la principale contrainte des entreprises pour l’utilisation des gros volumes de données est leur neutralité absolue sur les activités de recherches scientifiques et notamment celles de l’exploration des données. Une entreprise qui souhaite exceller au niveau international sur le marketing et le ciblage clientèle doit être à jour sur la plupart des techniques de fouille de données et de l’intelligence artificielle. Je peux citer le cas du laboratoire ‘‘OrangeLab’’ de l’entreprise Orange qui, actuellement, dispose des succursales un peu partout dans le monde. Quelles sont les contraintes des entreprises sur l’utilisation des données massives ? Beaucoup d’entreprises pensent que pour travailler avec les données massives, il faut impérativement des technologies très puissantes, qui souvent coûtent excessivement chères. D’autres achètent des solutions toutes prêtes pour traiter des données spécifiques. Evidemment, ces solutions ne passent pas à l’échelle, elles sont non génériques et rarement accessibles aux PME. D’ailleurs, certaines entreprises préfèrent travailler sur une frange de données pour des raisons techniques. Les données sont liées, il faut tout interroger pour que la réponse fournie soit la plus cohérente possible. Mais pour ce faire, il faut abandonner les chantiers battus et découvrir ses propres méthodes résolvant les verrous scientifiques que pose l’intelligibilité des données collectées. Toutes les technologies de pointe que les PME ont besoin pour accéder facilement aux données massives ont été proposées par des groupes de chercheurs scienti36-BIRAMAWA MAGAZINE Pour voir la beauté de ses données, leur manière de s’exprimer, leur intelligibilité, il faut que l’entreprise ait une ouverture d’esprit dans le domaine de la recherche, mette des ingénieurs de recherches sur des projets, collabore avec des laboratoires de recherches universitaires, finance des thèses dont les sujets sont les verrous scientifiques qu’elles souhaitent résoudre, etc. De nos jours, toute entreprise qui souhaite travailler avec les données (massives), qu’elle soit grande, petite ou moyenne, doit disposer d’un laboratoire de recherche au sein duquel des chercheurs découvrent et publient des solutions scientifiques testées et validées par des données réelles. Bref, pour que l’intelligibilité des données puisse apporter une plus-value sur l’économie de l’entreprise, cette dernière doit miser sur la création de laboratoire de recherche et sur la créativité de ses chercheurs. Interview réalisée par Moustapha FAYE, Chercheur en Marketing Stratégique - UGB 94 Nord Foire Azur Dakar, Sénégal +221 77 296 47 96 contact@alyfa.co www.alyfa.co BIRAMAWA MAGAZINE - 37 Des Jouets Afro - Centrés
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Développement Durable & Numérique : un duo à impact virtuel ou réel ? Dans un contexte d'accélération de la transition numérique et écologique, la Tech se positionne quelque part comme un véritable levier pour le développement durable. Les chiffres montrent d’ailleurs que le nombre d’internautes dans le monde a grimpé pour atteindre en 2020 plus de 4 milliards, soit plus de la moitié de la population mondiale. Cette propulsion numérique annonce une belle perspective pour le développement durable dont l’ambition est de participer à l’émergence de citoyens éco-responsables qui optent pour un mode de vie trouvant un juste équilibre entre l’économie, le social et l’environnement. A L'ÈRE DU NUMÉRIQUE Mais, ce beau duo numérique et développement durable ne cacherait-il pas d’autres enjeux qui méritent notre attention ? 38-BIRAMAWA MAGAZINE nous avons vu apparaître de toutes nouvelles façons de vivre et de penser impulsées par les citoyens eux-même grâce, en grande partie, au Numérique. Ainsi, des concepts et des initiatives dans le cadre de ce qu’on appelle l’économie collaborative ou l’économie du partage ont vu le jour dans plusieurs secteurs grâce au numérique. Si dans le domaine des transports par exemple, nous pouvons parler de l'autopartage ou du co-voiturage pour favoriser la mobilité durable, dans le secteur du logement, nous avons découvert le Numérique & Développement Durable : une rencontre favorable à l’éco-citoyenneté Le numérique représente une vraie aubaine pour le développement durable puisque le changement vers des comportements et attitudes plus éco-responsables passe en grande partie par la sensibilisation éco-citoyenne qui peut avoir plus d’écho et d’impact grâce au digital. Ce qui permet de comprendre nettement l’enjeu et l’importance du numérique dans la communication du changement et notamment dans sa capacité à toucher davantage de publics en faveur d’un mode de vie plus éco-citoyen et durable. Ceci nous amène à constater que le numérique et le développement durable ont aussi un point commun : c’est-à-dire leur universalité qui se matérialise par une absence totale des frontières. Si le numérique est devenu mondial, le développement durable l’est d’autant plus, puisque sa raison d’être initiale est de s’exporter partout en s’exprimant dans toutes les langues et toutes les cultures afin d’atteindre les citoyens du monde et de s’intégrer progressivement dans leur vie de façon éco-citoyenne. D’ailleurs dans cette quête pour une innovation numérique en faveur du développement durable, système de colocation. L’alimentation et la mode ne sont pas aussi en reste puisque des initiatives numériques entre particuliers ont aussi vu le jour pour lutter contre le gaspillage alimentaire ou alors pour favoriser une mode plus éco-responsable. Le numérique permet ainsi une concrétisation de la participation citoyenne et représente un outil puissant de transformation de nos économies, de nos modèles de penser, et de nos modes de consommation vers des pratiques plus alignées avec un développement durable. Numérique et Développement Durable : les “faux amis” ? Nous avons tous vécu et constaté l’impact que le numérique a pu avoir sur la réduction des émissions carbone notamment pendant la crise sanitaire où le télétravail est devenu plus que jamais une pratique nécessaire à la continuité économique des entreprises. Même si cette alternative de télétravail a réduit en grande partie les émissions de gaz à effet de serre, et a amélioré par la même occasion la qualité de l’air, le télétravail n’est pas en effet sans avoir des impacts sur l’environnement. Car, il faut, à ce titre, noter que le numérique est aussi responsable de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. En effet, nous ne nous en rendons pas compte, mais chaque requête web que nous exécutons émettrait 7 grammes de CO2, soit 9,9 kg de CO2 par an et par utilisateur. C’est pour cette raison qu’il est important que BIRAMAWA MAGAZINE - 39
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chaque citoyen du monde en soit conscient et essaie en conséquence de minimiser l’empreinte carbone que ses activités numériques peuvent avoir sur la planète. Ce qui peut facilement passer par des gestes très anodins auxquels on ne pense pas souvent, mais dont l’application peut énormément être bénéfique pour la réduction de la consommation énergétique. Par exemple, lorsqu’on travaille, consulter directement des sites déjà enregistrés en favoris permet de réduire de 4 les émissions de gaz à effet de serre. Fermer les onglets non utilisés et supprimer régulièrement les cookies peut permettre d’alléger les serveurs informatiques qui sont très énergivores. Car, selon l’ADEME, parmi les consommations les plus énergivores dans le numérique, nous avons les data centers qui émettent 25% d’émissions carbone, les infrastructures de réseau (28%), et les équipements des consommateurs qui capitalisent 47% d’émissions de gaz à effet de serre (portables, 40-BIRAMAWA MAGAZINE tablettes, ordinateurs, …). Il est clair que le numérique possède une panoplie d'avantages et énormément de potentiels pour favoriser un développement durable. Cependant, il faut en faire bon usage car il peut être rapidement un couteau à double tranchant. C’est pour cette raison qu’il est primordial que les citoyens soient avertis par une éducation à l’utilisation des médias numériques pour leur permettre de faire des choix éclairés, libres et consciencieux qui intègrent les enjeux et conséquences qu’implique chacun de leurs usages numériques en termes de consommation d’énergies. Pour aller plus loin : Dunya-Ethic : les bons gestes pour télé-travailler de façon éco-responsable ADEME : la face cachée du numérique Aïcha Kassé Lawson, Présidente & Fondatrice Dunya-Ethic ’ COMMENCEZ AVEC LE VOUS VOULEZ VISITER VOUS VOULEZ VISITER L’AFRIQUE? COMMENCEZ AVEC LE SENEGAL
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LES DROITS HUMAINS AKK AK YELEFU DOMU ADAMA YI Les droits humains sont des droits qui appartiennent à toutes et tous, indépendamment du sexe, de l'appartenance à un peuple ou une religion. Ce sont des droits subjectifs, qui protègent les aspects fondamentaux de la personne humaine contre l'arbitraire des autorités dans les périodes de paix et de guerre. Ils sont universels et inaliénables. La liberté d’expression signifie que tous les êtres humains ont le droit de s’exprimer sans être harcelés à cause de leurs opinions. Elle représente la possibilité de mener des recherches, d’accéder et de transmettre de l’information sans obstacles. L’expression ne doit jamais faire l’objet d’une censure préalable, mais elle peut toutefois être réglementée sur la base d’une responsabilité ultérieure. La liberté d’expression, une liberté fondamentale La liberté d’expression fait partie des droits de l’homme des individus et est protégée par la Déclaration universelle de 1948 et les lois de tous les États démocratiques. Aux termes de l’article 19 de ladite Déclaration « Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit ». Par ailleurs, au Sénégal, la liberté d’expression est inscrite dans le préambule de la constitution. De plus, elle consacrée par les articles 8, 10 et 11 de la Charte fondamentale. L’importance primordiale de la liberté d’expression s’explique par le fait qu’il existe des liens d’interdépendance entre ce droit et tous les autres droits humains dont il renforce l’exercice. En effet, il existe une forte corrélation positive entre la liberté d’expression et l’amélioration des revenus, la baisse de la mortalité infantile et les progrès en matière d’alphabétisation des adultes. Une mise en œuvre de la liberté d’expression diversifiée mais aussi encadrée Selon l’article 10 de la constitution, chacun a le droit d’exprimer et de diffuser librement ses opinions par : ‒ La parole ; ‒ La plume ; ‒ L’image ; ‒ La marche pacifique Toutefois, il résulte de l’article 10 de la constitution que la liberté d’expression ne doit être utilisée pour porter atteinte à l’ordre public. A titre illustratif dans un souci d’assurer la sécurité de l’Etat, les agents publics sont tenus de respecter le devoir de réserve. Ces derniers doivent, en effet, faire preuve de neutralité et à ne pas divulguer des informations jugées confidentielles. Il existe une autre limite de la liberté d’expression qu’est l’obligation de respecter l’honneur et la considération d’autrui. Le code pénal dans son article 258 incrimine la diffamation définie comme « toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel le fait est imputé ». BIRAMAWA MAGAZINE - 43
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Recommandations visant l’encadrement de la liberté d’expression par les pouvoirs publics Sont également incriminés les agissements tels que : ‒ L’injure ‒ L’atteinte de la vie privée ‒ L’apologie des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité, des crimes de réduction en esclavage ou d'exploitation d'une personne réduite en esclavage ou des crimes et délits de collaboration avec l'ennemi ‒ La négation, la minoration ou la banalisation de ces crimes ‒ La provocation à discrimination, à la haine ou à la violence, 44-BIRAMAWA MAGAZINE La liberté d’expression et de la presse sont fondamentales dans toute démocratie. En effet, sans une presse libre de s’exprimer sans autorisation et sans censure autre que celles qui engagent la responsabilité et l’éthique du journaliste, il sera vain d’espérer asseoir une politique de bonne gouvernance, sous le contrôle de citoyens avisés et informés. Aujourd’hui, les restrictions administratives et judiciaires au droit à la liberté d’expression sont au cœur du débat politique au Sénégal, notamment à la veille des élections de février. Également, la circulation de certains ouvrages critiques envers le pouvoir en place est également restreinte. Ils s’y ajoutent aussi des cas de violence, d’harcèlements et d’intimidation contre les journalistes, les défenseurs des droits humains et les leaders politiques. En termes de recommandations, les pouvoirs publics sénégalais devraient : • Prendre des mesures d’urgence pour abroger les délits de presse notamment, les dispositions du code pénal et de procédure pénale sur la diffamation, la diffusion de fausses nouvelles, l’injure et offense au Chef de l’État et aux institutions nationales et étrangères; • Mettre fin aux attaques, intimidations et aux harcèlements administratifs et judiciaires intempestifs contre les journalistes et les opposants politiques qui expriment ou manifestent pacifiquement leurs opinions; • Mettre fin aux restrictions excessives et anti-démocratiques au droit à la manifestation publique pacifique. • Le gouvernement du Sénégal doit créer un environnement favorable à la liberté d’expression et particulièrement à l’épanouissement de l’entreprise de presse, en mettant en place un système d’aide structurelle à la presse et en adoptant des mesures fiscales qui prennent en compte la spécificité des entreprises de presse ; Khadim SENE Educateur Spécialisé
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Développement personnel L’HABILLEMENT Nous vivons dans un monde où la première impression est devenue déterminante. Qu'on le veuille ou non, l'apparence physique prend de la place dans notre quotidien. Le choix de nos vêtements, la coupe, les associations de couleurs, forment un tout, une silhouette qui nous est propre et qui nous appartient. Nous avons évidemment un plein pouvoir sur une image qu'on véhicule mais c'est bien souvent par manque de connaissances que l'on ne travaille pas dessus ou qu'on y attache que peu de valeur. Voici trois choses importantes à savoir sur l’habillement. S’habiller joue un rôle essentiel dans la première impression que vous donnez aux autres. 46-BIRAMAWA MAGAZINE En se basant uniquement sur notre apparence, les personnes que l’on croise jugent notre intelligence, nos compétences, notre niveau d’éducation, notre personnalité, notre sagesse, notre sens de l’humour, notre héritage social et culturel, notre savoir-faire et bien d’autres critères. Nous fonctionnons tous ainsi, c’est humain. Il est prouvé que dès les premières 30 secondes, les individus que l’on rencontre se font pas moins d’une douzaine de réflexions à notre sujet selon ce qu’ils perçoivent de nous. Vous avez donc moins d’une minute pour faire bonne impression auprès de quelqu’un que vous venez de rencontrer. Dans les années 80, le Dr. Albert Mehrabian, sociolinguiste, mena des recherches qui prouvèrent que nous envoyons constamment des messages silencieux, non verbaux. Son étude confirma que 55% des premières impressions sont basées sur l’aspect visuel, 35% sur les signaux sonores (notre façon de communiquer, notre ton et la modulation de notre voix…) et seulement 7% sur ce qu’on nous dit réellement. C’est un fait, votre image parle avant que vous ayez eu le temps d’ouvrir la bouche. Et si celle-ci ne s’accorde pas à vos propos, votre crédibilité en sera diminuée. Dans le monde des affaires, les actes parlent toujours plus fort que les mots. Cela ne changera jamais. La maîtrise parfaite de votre tenue vestimentaire peut faire la différence au moment de signer un contrat, de trouver un emploi, d’obtenir un rendez-vous, de grimper les échelons de votre entreprise. C’est un moyen de se singulariser dans un monde où la mode et les tendances tentent à nous habiller tous pareils, bien que certaines professions exigent des codes vestimentaires stricts à respecter ; Lorsqu'on se sent bien dans ses vêtements notre estime de nous-mêmes est naturellement plus haute, et lorsqu'on parvient à un résultat qui nous plaît le sentiment du devoir accompli s'y ajoute, ce qui renforce naturellement la confiance en soi. Apprendre à déterminer quels vêtements sont réellement alignés avec votre intérieur ne permet pas seulement de vous constituer une garde-robe qui vous va. Cela sert aussi, et surtout, à vous connaître et vous respecter. Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires Étrangères BIRAMAWA MAGAZINE - 47
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DECOUVERTE Mouhamadou Thione SECK Fondateur de la plateforme DaralBi “ DaralBi est une plateforme d'annonces animalières regroupant une centaine d'utilisateurs africains. 48-BIRAMAWA MAGAZINE “ Pour ce numéro 9 de votre magazine, votre rubrique Découverte est consacrée à Mouhamadou Thione SECK. Mouhamadou est CEO du groupe KREAXION et fondateur de DaralBi « une plateforme d’annonces animalières regroupant une centaine d’utilisateurs africains. » Dans cet entretien Mouhamadou est revenu plus en détails sur son goût pour l’entrepreneuriat, son groupe KREAXION et sa plateforme Dalralbi. pour vous tenir informé de nos projets et surtout des nouveautés qui vont arriver. Quelles sont les grandes lignes de votre parcours de formation et professionnel ? Mon parcours a pris une forme sinusoïdale par rapport à ma formation de base. J’ai été dans l’une des plus grandes structures au Sénégal en termes d’effectif et cela a lourdement contribué sur mon expérience en termes de GRH. Après quelques mois, j’ai trouvé nécessaire de chercher de l’expérience dans le Droit privé, qui rime bien avec la GRH. “Aujourd’hui, je dirige une startup proposant des solutions digitales par rapport à la gestion, au marketing et à la communication en général.» Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Je me nomme MOUHAMADOU THIONE SECK, CEO du groupe KREAXION et fondateur de la plateforme DaralBi. J’ai 29 ans et je suis né à DAKAR au Sénégal. Après l’obtention de mon BAC en série L2, j’ai opté pour les études en management à l’Institut Africain de Management, là où j’ai eu mes premières fibres entrepreneuriales. J’ai poursuivi mes études à SUPDECO pour décrocher ma Licence Professionnelle en gestion des Ressources Humaines puis j’ai continué au niveau master que j’ai finalisé à l’université Internationale d’Agadir (UNIVERSIAPOLIS) au MAROC. Continuez à nous suivre sur les réseaux sociaux BIRAMAWA MAGAZINE - 49 Plus tard, je me suis intéressé au e-commerce avec la création d’une plateforme d’achat et de vente en ligne qui s’appelle KOLOBANE ANNONCES (qui est un des projets de KREAXION). Cette plateforme m’a donné quelques opportunités de marchés que j’ai exploité en découvrant le monde de la publicité audiovisuelle. Cette période coïncide avec mon départ du Sénégal pour le Maroc. Ce pays qui m’a accueilli à bras
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ouvert au niveau scolaire comme au niveau professionnel. J’ai pu continuer mon master en Ressources Humaines et j’ai eu de l’expérience dans la vente. J’ai cumulé aujourd’hui toute cette expérience pour donner naissance à KREAXION. L’expression KREAXION regroupe deux mots majeurs qui reflètent des états d’esprits suivant une même logique de pensée : KREA : pour CRÉATION et AXION : pour ACTION. Ces états d’esprits résument largement les objectifs du groupe. Ceci étant dit que la création de l’action vers l’auditoire constitue le fer de lance voire l’ADN du groupe. Le groupe s’orientera sur différents domaines d’activités stratégiques : limit “DaralBi ne se e pas simplement à la vente d’animaux mais il y’a également la vente de produits animaliers comme les accessoires, l’alimentation, les médicaments et l’offre de services comme trouver un vétérinaire, une formation ou bien d’autres services gravitant dans le monde de l’élevage. » • La production audiovisuelle • Le marketing digital • Le e-commerce • L’évènementiel • Solutions IT Ces Domaines d’activités Stratégiques ci-dessus seront repartis sous quatre entités : • Kreaxion : Production audiovisuelle, Marketing digital et évènementiel • DaralBi : E-commerce (animaux) • Kolobane : E-commerce (général) • Seneduc : Solutions IT Vous êtes fondateur de DaralBi ? De quoi s’agit-il ? Comme je l’ai déjà mentionné, DaralBi est un des projets de KREAXION, peut-être est le plus connu. C’est une plateforme d’annonces animalières regroupant une centaine d’utilisateurs africains. Elle propose des services de visibilité́ aux acteurs de l’élevage qui sont au Bénin, Burkina Faso, Cote d'ivoire, Gabon, Guinée Conakry, Guinée Bissau, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, Sénégal et le Tchad pour les exercices 2020-2025 puis l’intégration des autres pays africain sera fait au fur et à mesure. C’est une plateforme qui a déjà une particularité d’être né au Sénégal mais également qui tient à 50-BIRAMAWA MAGAZINE s’étendre un peu partout en Afrique pour à la fin assister à la naissance d’un nouveau marché africain concentré sur les échanges, l’achat et la vente d’animaux. DaralBi ne se limite pas simplement à la vente d ’ani m aux mais il y’a également la vente de produits animaliers comme les accessoires, l’alimentation, les médicaments et l’offre de services comme trouver un vétérinaire, une formation ou bien d’autres services gravitant dans le monde de l’élevage. L’objectif de DaralBi est de permettre aux éleveurs Burkinabés de pouvoir travailler avec les éleveurs Sénégalais, marocains, ivoiriens, maliens etc… DaralBi est africain. Comment vous est venu l’idée de mettre en place cette initiative ? Discuter et parler de projets potentiellement rentables est une de mes passions. Avec mon frère ISSA, nous parlions de projet et nous sommes rentrés dans cet univers animalier. A la base ce qu’on voulait faire, c’était ‘’Opération Tabaski’’ comme on a l’habitude de le dire ici au Sénégal. Mais nous nous sommes rendu compte que c’est une activité qui nécessite beaucoup d’énergie, de risques, de connaissances dans le milieu des moutons et surtout du temps. Nous nous sommes dit que ça sera mieux de consulter les gens du Daral et en prononçant ce terme surtout dans un contexte de COVID-19, la question magique est sortie : Pourquoi pas créer une plateforme d’achat de mouton : DaralBi.com ? Très rapidement l’idée nous a emballée et on a poussé la réflexion pour enfin concrétiser. C’est passé d’une discussion, puis l’idée est venue et on l’a fait. Le challenge de DaralBi est d’éveiller et d’orienter les visions africaines sur l’élevage. Déjà participer à la digitalisation de l’élevage en Afrique est un honneur pour notre groupe mais également nous comptons nous élargir et être présent dans toute l’Afrique. Nous allons mettre tout en œuvre pour détecter, comprendre et vulgariser les bonnes pratiques de l’élevage en Afrique. Encourager les échanges de compétences, former les éleveurs, favoriser les croisements de races et faire de l’élevage un levier pour le développement du continent. Nous aspirons à être le plus grand portail animalier en Afrique. Comment vous contacter ? Nous sommes présents sur Facebook, Instagram, LinkedIn et Twitter. Nous sommes également joignables au +221761912136 et réactif par mail : contact@daralbi.com A qui s’adresse DaralBi ? (Vos cibles) DaralBi s’adresse à tous les africains exerçant dans l’écosystème des animaux. Que vous soyez fournisseur d’outils animalier ou acheteur, que vous soyez éleveur, vétérinaire, passionné des animaux, constructeur de fermes, fermiers, vendeur en gros ou détail, vendeurs d’accessoires ou de médicaments et même acteur pour la protection des animaux. “Aux jeunes comme moi, penchez-vous sur ce Quel message souhaitez-vous adresser aux jeunes en quête de vocation ? Je vais juste partir par une simple définition de la vocation qui est un métier auquel une personne est particulièrement attirée ou pour laquelle elle est apte, formée ou qualifiée. Donc aux jeunes comme moi, penchez-vous sur ce qui vous attire le plus, formez-vous pour être qualifié et pratiquez votre passion. Sans doute il y’aura des épines sur votre chemin mais bon, mettez les bonnes chaussures. qui Il y’a également des rubriques mensuelles qui traitent des sujets précis avec le but de donner les bonnes informations aux futurs acteurs de ce monde de l’élevage. vous attire le plus, formez-vous pour être qualifié et pratiquez votre passion. » Biramawa vous remercie. Quel est votre mot de la fin ? A part DaralBi, nous avons des services à proposer en communication audiovisuelle, en marketing digital, en Consultance et en coaching. Et quelles sont les perspectives d’avenir de DaralBi ? DaralBi est un challenge de l’élevage africain pour démontrer de quoi nous sommes véritablement capables si on utilise nos ressources dans ce domaine. Donc nous faisons un appel du pied aux PME et aux startups pour d’éventuelles collaborations. Nous remercions également Biramawa et toute votre équipe et vous souhaitons de meilleurs succès. BIRAMAWA MAGAZINE - 51

Magazine N°8 du 30 SEPTEMBRE 2020


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SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE - EDITO AVIS D'EXPERT Mariane SECK TOURE Waly NDIAYE Fondateur BIRAMAWA P.7 La sécurité, l’affaire de tous ! ÉDITION SPÉCIALE Docteur en Droit de l'Environnement et de la Santé P.16 Les inondations, un malheur bénéfique et recherché LE COIN D'AUTRUI Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Ayoba FAYE Journaliste d’investigation Rédacteur en chef Pressafrik P.10 Appel aux dons ENTRETIEN PORTRAIT P.20 "Chacun d'entre nous a un génie qui dort en lui..." ENTRETIEN EXCLUSIF Ghaëls Babacar MBAYE Militante de la Société Civile Présidente de l'association WALLU P.12 "Le sens et l’essence de mon engagement est de veiller à ce que les femmes et filles jouissent de leurs droits fondamentaux en toutes circonstances." P.26 2-BIRAMAWA MAGAZINE Masse THIOBANE Commissaire de Police "Notre vocation est de répondre aux préocupations de nos concitoyens, de les servir et les protéger" SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE - - - - SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE DIPLOVAR MEDIAS ET COMMUNICATION Dr Jean Sibadioumeg DIATTA Spécialiste en communication P.32 L’université sénégalaise face au défi de la communication VEILLE ET INTELLIGENCE DES AFFAIRES P.46 Un regard aiguisé sur l’actualité internationale LA CVTHÈQUE Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB P.36 La Dette publique P.50 Consultant en Information Numérique Birane DIOP DÉCOUVERTE Aicha KASSE LAWSON Présidente & Fondatrice de l'association Dunya-Ethic P.40 "Dunya-Ethic est une association au service du Développement Durable." - SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE BIRAMAWA MAGAZINE - 3
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Serigne Amar Mbacké SARR Chercheur en Droit privé Expert maritime en formation Ayoba FAYE Journaliste d’investigation Rédacteur en chef Pressafrik Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB Omar Mallé SAKHO Doctorant à l’Université Cheikh Anta Diop Laboratoire LARHISA. Thierno NGAMB Agronome Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience Guilaye TINE Designer-Digital Marketer-Telemarketer CEO IN'FINITY Djiby SADIO Photographie CEO Studio 13 Alioune FALL Juriste d’Affaires Inspecteur du travail et de la sécurité Sociale Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires Étrangères Docteur Benjamin NDOUR Médecin généraliste Khadime SENE Educateur Spécialisé au Ministère de la Justice Marianne SECK Docteur en droit de l’environnement et de la santé Ousseynou GUEYE Responsable communication chez Afric’innov et fondateur de Polaris asso Nafissatou NDAO Responsable des Ressources Humaines-FAMY SENEGAL Dr Jean Sibadioumeg DIATTA Spécialiste en communication contactez-nous: contact@biramawa.com Adresse postale : Île-de-France, France Éditeur : Waly NDIAYE 4-BIRAMAWA MAGAZINE L’ÉQUIPE BIRAMAWA E D I T O Waly NDIAYE Fondateur Biramawa La sécurité, l’affaire de tous ! En cette période troublée dans laquelle nous vivons, la sécurité est omniprésente dans nos préoccupations quotidiennes. Il se ne passe une journée sans que la presse ne fasse état d’atteintes aux biens et à l’intégrité physique d’honnêtes citoyens. Cela est d’autant plus grave lorsqu’il est établi que les victimes sont des personnes vulnérables. Pour faire face, la sécurité doit être l’affaire de tous. Pas uniquement des forces de l’ordre qui, comme le souligne si bien Commissaire THIOBANE, ont pour vocation « de répondre aux préoccupations de nos concitoyens, de les servir et les protéger ». La sécurité c’est aussi l’affaire des citoyens lambda, des organisations de la société civile. C’est d’ailleurs dans cette optique que s’inscrivent l’association WALLU et l’association Dunya-Ethic. La première citée œuvre au quotidien pour assister les femmes en situation de détresse ou victimes de violence. Quant à l’association Dunya-Ethic, elle nous rappelle à quel point nos activités peuvent avoir des incidences sur la planète et nous propose des alternatives. Et oui ! Il demeure important, voire vital, d’assister les personnes vulnérables et de prendre en compte la sécurité des générations futures. Avant de finir, je me joins au Peuple sénégalais, mes concitoyens, pour rendre un vibrant hommage aux 1863 victimes du naufrage du Bateau le Joola et réitérer nos condoléances aux familles éplorées. Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture et vous donne rendez dans 15 jours. Waly NDIAYE Fondateur Biramawa Magazine Waly NDIAYE BIRAMAWA MAGAZINE - 5
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EDITION SPECIALE Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Le magazine Biramawa à travers sa rubrique " Edition spéciale "a souhaité donner la voix à la Pouponnière "Vivre Ensemble "de Mbour. Créée en 2002 la pouponnière est un "lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman ". Confrontée à des difficultés à cause de la crise sanitaire, la pouponnière fait appel à toutes les bonnes volontés. Vivre Ensemble – La Pouponnière de Mbour La Pouponnière de Mbour a vu le jour en Janvier 2002, Michèle BURON-MILLET en est la créatrice. C’est un lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman. Elle permet aux orphelins de mère ou aux enfants dont la maman ne peut pas s’occuper (pour des raisons gravissimes), de vivre protégés, leurs premières années de vie si fragile, avant de regagner leur famille au bout d’un à deux ans. Très rapidement, l’association se développe et il apparaît que tous les enfants ne peuvent rentrer chez eux (rejet de la famille ou mauvaises conditions d’accueil). En 2003, les Unités Familiales sont créées pour prendre le relais et s’occuper de ces enfants qui sortent de la Pouponnière, mais ne peuvent pas rentrer en famille. Avec le temps la Pouponnière a acquis une certaine notoriété au vu du sérieux des professionnels. Aujourd’hui la Pouponnière compte 136 salariés et 148 enfants. Vivre Ensemble c’est aussi et avant tout un séjour de rupture, crée en 2001 pour des jeunes français en dif8-BIRAMAWA MAGAZINE ficultés. Ils restent durant 9 mois et participent à des chantiers humanitaires (reconstruction, réhabilitation dans les villages ), ils sont aussi amenés à faire un stage dans la pouponnière. L’objectif étant de les remobiliser et de les valoriser à travers l’aide apporté à la population locale défavorisée. Le projet est double et complémentaire, en effet une grande partie du financement des frais de fonctionnement de la Pouponnière provient du séjour de rupture lui même. En raison de la situation sanitaire mondiale l’équipe de direction de Vivre Ensemble a dû prendre des mesures rapidement. Début mars l’association s’est vue fermer ses portes aux visiteurs, nombreux chaque jour et en provenance d’Europe. Il a fallu ensuite faire de même pour l’accueil des bénévoles, une quarantaine par mois à nous apporter leur soutien. Enfin depuis maintenant le mois de mars le confinement des enfants et du personnel c’est organisé. Notre souhait comme toujours est de préserver nos enfants, mais aussi le personnel qui s’en occupe. Nous avons réussi à composer une équipe de volontaires pour rester confinés. Aujourd’hui 250 personnes sont au centre, dont 148 enfants. L’ensemble du personnel est mutuellement très solidaire, ils sont comme une grande famille. Et ce malgré l’inquiétude pour leur famille respective à l’extérieur. Nous nous devons maintenir les salaires. Pour les salariés sur place mais aussi tout ceux, qui de chez eux, sont au chômage technique et pour qui nous souhaiterions maintenir le salaire initial. Nous devons aussi assurer l’approvisionnement de l’association en denrées alimentaires, produits d’entretien, d’hygiène, médicaments. Cette situation engendre une augmentation considérable nos dépenses quotidiennes, pour lesquelles nous avions déjà des difficultés de prise en charge tout au long de l’année. Du fait de l’absence de visiteurs et de bénévoles, nous constatons une baisse des dons au quotidien. Nous gardons aussi en tête que les jeunes accueillis en séjour de rupture peuvent à tout moment être rapatriés en France, en fonction de l’ évolution de la situation. L’avenir de la Pouponnière en deviendrait alors très incertain. Nous sommes en permanence à la recherche de soutien pour nous aider dans la prise en charge des frais de fonctionnement et le maintien des activités de l’association. Les sources de financements : (Budget total annuel 291 332 806 FCFA) ‒ Vivre Ensemble Madesahel, séjour de rupture : 44 % du budget total de la Pouponnière. ‒ L’état Sénégalais 10 000 000 CFA ‒ L’association Louly l’Ecole au Sénégal , tous les frais liés à la scolarité des enfants : 5 262 087 FCFA (année scolaire 2018-2019) ‒ La Banque Mondiale 4 520 000 CFA en 2019 ‒ 270 parrains pour environ 51 085 900 CFA par an ‒ Le reste des financements dépendent des dons de particuliers et entreprises. Nous contacter : ‒ Accueil : + 221 33 957 31 36 ‒ E-mai : contact@lapouponnieredembour.org ‒ Responsable communication : Arnoult Mathilde ‒ Tel : + 221 77 881 83 60 Nous aider : ‒ Orange Money : + 221 77 500 19 32 ‒ Faire un don en ligne :https://www.helloasso.com/ don/associations/vivre-ensemble-la-pouponniere ‒ Notre site Voici quelques chiffres : Effectif de la Pouponnière : ‒ La Pouponnière : 91 bébés de 0 à 2 ans. ‒ Les Unités Familiales : 37 enfants de 2 à 6 ans. ‒ La Grande Enfance : 20 enfants de plus de 6 ans. ‒ Enfants accueillis en ce moment : 148 ‒ Enfants accueillis et sauvés depuis janvier 2002 : 1 260 ‒ Employés à la Pouponnière : 136 pouponnieredembour ‒ Devenir parrain ‒ Faire un don par virement bancaire : IBAN : FR76 4255 9100 0008 0040 4472 464 BIC : CCOPFRPPXXX Intitulé du compte : Vivre Ensemble, la Pouponnière internet: http://www.lapouponnieredembour.org ‒ Notre page facebook: https://www.facebook.com/ BIRAMAWA MAGAZINE - 9
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ENTRETIEN PORTRAIT Ghaëls Babacar MBAYE Militante de la Société Civile Présidente de l'association WALLU Votre rubrique « Entretien portrait » est consacrée à Ghaëls Babacar MBAYE, présidente de l’association WALLU. « Née dans une famille d’hommes politiques » et « abreuvée du militantisme » de sa chère mère, Ghaëls Babacar milite dans des associations de promotion et de protection des droits de l’Homme. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Je me nomme Ghaels Babacar MBAYE. Je viens de boucler mes 21 ans le 14 Septembre 2020. Je suis sénégalaise, de père Lébou et de mère WaloWalo. Je me définis comme un jeune entrepreneur social qui est au service des communautés, notamment celles qui sont défavorisées, oubliées dir “Je ne saurais Récemment, dans le contexte de la lutte contre la COVID-19, nous avons créé le Réseau des Volontaires Communautaires en Appui au Personnel de santé. C’est un réseau citoyen qui regroupe plusieurs personnalités de tout bord, sans aucune coloration quelconque afin de contribuer à la lutte contre la pandémie à coronavirus. e que l’engagement citoyen se transmet, mais je me suis suffisamment abreupar le système, brimées, bref, celles qui sont victimes d’injustice sociale. vée du militantisme de ma mère, à qui je rends un vibrant hommage pour son courage, son engagement et son accompagnement constant. " Cette conception du Moi, je la matérialise par mon adhésion à des initiatives visant à promouvoir la justice sociale et les droits de l’homme, notamment des filles et des femmes. Je suis membre d’un Réseau appelé Citoyens Actifs pour la Justice Sociale (CAJUST). CAJUST regroupe plusieurs organisations de jeunes et de femmes qui cherchent à contribuer au changement social à travers la citoyenneté active. Avec CAJUST, nous avons organisé plusieurs mobilisations citoyennes et avons participé à d’autres notamment sur la gestion des ressources naturelles au Sénégal, la lutte contre les violences faites aux enfants et aux femmes, la participation politique des jeunes et des femmes, la promotion de l’entreprenariat pour davantage d’employabilité des jeunes, entre autres. Notre travail consiste à sensibiliser les communautés à qui le message officiel de l’Etat n’arrive parfois. Nous désagrégeons le message, nous le simplifions de sorte qu’il soit accessible à tous. Avec l’appui de bonnes volontés, nous distribuons des kits sanitaires et d’hygiène tels que les gels, les masques, les thermo flash, du savon, etc. Je suis à la tête d’une association du nom de WALLU (en français, SECOURS). Quelles sont les grandes lignes de votre parcours de formation et professionnel ? J’ai fait mon parcours scolaire au Collège Privé Yavuz Selim jusqu’au Baccalauréat en 2017. Actuellement je fais des études de Droit Public avec comme spécialisation les Relations Internationales. Je suis en cours de finalisation de ma Licence dans quelques semaines à l’institut Supérieur de Droit de Dakar (ISDD). Dans ce parcours j’ai bénéficié de plusieurs distinctions. En 2017, j’ai été lauréate des Olympiades Internationales de langue turque en occupant la première place en Afrique et la troisième au plan mondial. C’est une compétition de la maîtrise de la langue turque pour des citoyens non turcs de plusieurs pays du monde où cette langue est enseignée. Au lycée, j’ai été finaliste du concours interscolaire BIRAMAWA MAGAZINE - 11
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«Kaay Débattre» ; qui est une compétition de débats sur divers sujets qui regroupait les élèves de plusieurs établissements du Sénégal. Je suis également lauréate du Concours International « Global Development Project », qui mettait en compétition des projets sur le développement durable avec plusieurs établissements scolaires au niveau mondial. l’e “Le sens et Dans le cadre du renforcement de mes capacités, je suis auditrice dans diverses formations dont la plus récente m’a permis d’obtenir un Certificat de Maîtrise des Droits des Femmes et des Filles. En plus, la Fondation Friedrich Ebert délivre une formation en leadership politique aux jeunes des partis politiques, de la société civile et des mouvements syndicaux sur la base d’une sélection par test écrit. Je suis admise à cette formation qui dure 12 mois et couvre divers sujets sur la politique, l’économie, les politiques publiques, le leadership, etc. ssence de mon engagement est de veiller à circonstances. " ce que les femmes et filles jouissent de leurs droits fondamentaux en toutes tiques) mette les priorités sur des questions qui ne prennent pas forcément en charge les préoccupations de certaines couches sociales vulnérables. Notre travail consiste à porter ces préoccupations afin de garantir une approche inclusive dans la prise en charge des populations ; afin de réduire les inégalités sociales. C’est notre conception, le sens et l’essence même de notre engagement dans la société civile. Qu’est-ce qui vous a motivé à Du point de vue professionnel, je travaille beaucoup plus avec les organisations de la société civile, soit en qualité de membre (WALLU, CAJUST, REVOCAP, Club OHADA, Merci Universel); soit pour une durée déterminée avec des missions précises (facilitation de séminaires, gestion de campagnes, élaboration de projets, appui technique). Je collabore beaucoup avec des organisations comme Plan International, ONU Femmes, UNFPA, l’ONG Africa 21 (où je viens d’être désignée Secrétaire Générale pour le Sénégal), le Ministère de la Jeunesse, entre autres. Vous êtes militante de la société civile. De quoi s’agit-il ? En termes simples, je ne milite pour le moment dans aucun parti politique. Je n'ai pas de fonctions contractuelles avec service étatique ni pour aucune entreprise privée. Comme indiqué dans ma présentation plus haut, je milite dans des associations de promotion et de protection des droits de l’homme, dont notamment les femmes et les filles ; et les personnes en situation de vulnérabilité. Dans un pays où les ressources sont limitées, il arrive que le Système (État et ses entités, Entreprises, Partis poli12-BIRAMAWA MAGAZINE emprunter ce chemin ? Mon engagement citoyen a trois principales sources. D’abord je suis née dans une famille d’hommes politiques. Je suis fille de Feu Pape Babacar MBAYE (que je n’ai pas connu car décédé quand je n’avais que 4 ans), ancien Ministre chargé des relations entre les Assemblées au sein du Gouvernement de Mamadou Lamine Loum entre 1998 et 2000 ; et ancien Député de l’Assemblée Nationale de 2001 à son décès en 2004. Aussi bien mon défunt père que ma mère ont été des militants très actifs dans le Parti Socialiste et dans d’autres associations citoyennes. Je ne saurais dire que l’engagement citoyen se transmet, mais je me suis suffisamment abreuvée du militantisme de ma mère, à qui je rends un vibrant hommage pour son courage, son engagement et son accompagnement constant. Ensuite, la dimension philosophique, voire religieuse occupe une place importante dans mon engagement. Et en ce sens je partage la pensée philosophique de la plupart de nos guides religieux ; en faisant mienne celle de Cheikh Ahmadou Bamba Khadim Rassoul qui disait que n'eût été pour servir l’humanité, Dieu ne l’aurait pas créé. Et enfin, je trouve que le Sénégal a connu de braves Femmes très engagées, chacune dans son domaine. Il est de notre devoir de leur rendre hommage en perpétuant leur legs par notre militantisme. A chaque génération de remplir sa mission, ou de la trahir, dit-on. Le choix de militer de militer dans la société civile me donne pour le moment plus d’opportunités d’apprentissage ; plus de liberté d’expression et d’action ; et beaucoup plus de flexibilité et de marge de manœuvre. L’engagement politique obéit à un certain nombre d’objectifs, de responsabilités et d’obligations dont je ne suis pas sûre encore de pouvoir assumer et assurer. Mais si, dans l’avenir, le contexte le permet et que je réunisse les conditions minimales requises, rien n’exclut que je milite dans une organisation politique. Quelles sont à ce jour les causes pour lesquelles vous vous battez ? Les principales causes pour lesquelles je milite tournent autour de la justice sociale de façon générale. D’abord, je me bats pour que nos lois, politiques et pratiques prennent en compte les besoins spécifiques des femmes et des filles. Il faudrait aujourd’hui que notre cadre normatif et politique garantisse à ces dernières les mêmes chances que les hommes, et dans tous les secteurs. Ensuite, les femmes et les filles sont souvent victimes de toutes formes de violence aussi bien dans leur espace familial, scolaire, professionnel, publique, etc. juste parce qu’elles sont Femmes. Et de mon point de vue, rien ne le justifie. Notre combat est de veiller à ce que la paix, la sécurité et la quiétude requises leur soient garanties au même titre que tous les citoyens. Donc les violences basées sur le genre, notamment sur les femmes restent notre préoccupation fondamentale. En cas de viol ou de violences surtout physiques faites aux femmes, nous les accompagnons à obtenir des soins médicaux adéquats et un accompagnement psychologique et psychiatrique dans les établissements sanitaires et sociaux dédiés. Car ces formes de violence occasionnent souvent un traumatisme à la fois physique et psychiatrique. L’accompagnement judiciaire fait aussi partie de nos missions. Si le dossier requiert une suite judiciaire, nous aidons les victimes à obtenir un avocat et assurons le suivi du dossier jusqu’à terme, avec l’appui de structures et d’individus disposant de l’expertise et des moyens nécessaires. Puis, il arrive que les filles cessent les cours dans les établissements scolaires en périodes de menstrues pour fautes de serviettes hygiéniques pour les unes, et pour inconfort parfois psychologique pour d’autres. Notre ambition est de garantir à ces dernières la disponibilité de ces serviettes en toutes circonstances et de les aider à surmonter ces barrières psychologiques. Enfin, il y a d’autres sujets qui portent notre intérêt, dont l’excision, les mariages précoces surtout chez les élèves, l’éducation des filles, l’emploi des filles et des femmes, les violences conjugales ; entre autres. Bref, notre combat est pour l’épanouissement des femmes et des filles en tous lieux et tout temps. Plus haut vous disiez être présidente de l’association WALLU. Pouvez-vous nous en dire plus ? WALLU est une association à but non lucratif que des amies, camarades et moi avons créé en 2018 quand nous étions en Première année de Licence. Le prétexte était les chiffres alarmants de cas de viols, de meurtres et de violences faites aux femmes BIRAMAWA MAGAZINE - 13
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que nous notions dans ce pays. Nous avions constaté que beaucoup de ces victimes n’avaient aucune assistance ou subissaient des pressions familiales ne permettant de prendre en charge correctement leur traumatisme. Ainsi avons-nous décidé d’apporter un « Wallu », un secours à ces sœurs qui étaient souvent dans des situations défavorables. le premier prix de l’innovation technologique dans la gestion et la prévention de la violence au Sénégal. Mais il n’est pas encore opérationnalisé car sa mise en œuvre nécessite des moyens additionnels matériels et financiers assez conséquents que nous n’avons pas pour le moment. Par ailleurs, plus d’une trentaine de femmes et filles ayant de diverses formes de violence ont bénéficié de l’assistance de WALLU sur le plan médical, psychologique et judiciaire. Nous nous joignons aux campagnes menées par des collectifs d’associations pour la protection des enfants, des femmes dont les plus célèbres sont « Doyna », « Dafa Doy », « Dafa Diott », « Seuyaane », « Stop aux Violences faites aux femmes », « Octobre Rose », « Equal Pay ». Nous avons participé également au Salon International pour l’économie numérique, au Forum International du Digital grâce au dispositif d’alerte qui nous a permis de remporter le premier prix de l’innovation technologique dans la gestion et la prévention de la violence. Aujourd’hui, nous comptons élargir nos actions à l’ensemble du territoire pour assurer aux personnes vulnérables de meilleures conditions de vie, un épanouissement au double plan social et économique, une promotion de leurs droits et libertés. Quelles sont les réalisations et perspectives de l’association ? WALLU est une association très jeune, avec des moyens très limités pour le moment. Mais nous nous réjouissons des efforts consentis et des résultats enregistrés avec nos partenaires et nos vaillantes championnes. Avec WALLU, nous avions pensé que l’utilisation de la technologie pourrait contribuer à réduire les agressions faites aux femmes, en utilisant un dispositif d’alerte rapide et automatique. Nous avons alors conçu un gadget ou bracelet électronique permettant à la personne en danger en un clic d’alerter les services de sécurité à travers un système GPS. Grâce à ce dispositif, nous avons gagné 14-BIRAMAWA MAGAZINE Pour les femmes victimes de violence, quelle est la marche à suivre pour contacter l’association ? Nous sommes très présents dans les réseaux sociaux, même si ces canaux ne sont pas accessibles à toutes nos cibles. Nos collaborations avec les clubs de jeunes filles et certaines organisations plus connues dont les centres de conseil adolescents, certaines radios communautaires, certaines « Boutiques de Droit » de l’Association des Juristes Sénégalaises (AJS) ; et surtout avec les centres de santé qui nous saisissent en cas de besoin. Nous sommes en train de développer un plan de communication qui renforcera notre présence partout dans le pays et facilitera l’accès des victimes à nos services d’assistance. Vu l’importance des missions de votre association WALLU, est-ce qu’aujourd’hui vous êtes appuyés par l’Etat du Sénégal ? Quel regard portez-vous sur la législation nationale en matière de protection des personnes vulnérables notamment les femmes ? L’appui de l’Etat peut s’apprécier à divers niveaux. Par exemple les services de sécurité, les services médicaux et les autorités judiciaires qui relèvent tous de l’Etat nous accordent une oreille attentive et nous offrent des facilites considérables en termes de prise en charge des victimes. Avec le Ministère de la Jeunesse dirigée aujourd’hui par une jeune Dame qui partage notre vision, en l’occurrence Mme Néné Fatoumata TALL, nous sentons de plus en plus l’Etat à nos côtés. Cette dame qui est en train de faire un travail extraordinaire ne cesse de renforcer les relations de confiance entre les jeunes acteurs de la société civile et l’Etat du Sénégal. Ensuite, le Ministère de la Femme, de la Famille et du Genre est de plus en plus proche et actif à nos côtés pour porter l’agenda des femmes. Quant au cadre législatif et politique, je trouve qu’il y a des efforts considérables dont on peut se réjouir aujourd’hui. En plus d’avoir ratifié toutes les conventions internationales en rapport avec les droits des femmes et des filles, il existe un dispositif national très favorable à la promotion et la protection des droits des femmes. Néanmoins, comme dans plusieurs secteurs, parfois nous ne disposons pas de tout l’arsenal institutionnel requis pour une mise en œuvre effective des politiques et lois que le Gouvernement adopte. Mais toujours est-il que la promotion et la protection des droits des femmes n’est pas qu’une affaire de lois et de règlements. C’est surtout une question de conscience morale, civique, citoyenne. Autant les lois ont une portée dissuasive et répressive, autant les prédateurs ne s’empêchent pas de porter des coups de violence aux femmes. Quel est votre message à l’endroit des autorités sénégalaises concernant la situation des personnes vulnérables ? Nous ne ferons que renouveler notre message habituel aux Autorités, car ils le reçoivent de notre part tous les jours. Pour paraphraser Martin Luther King, nous persistons qu’une seule forme Pour changer de registre, à 21 ans vous endossez autant de responsabilité. Vous arrive-t-il de douter ? Contrairement à certains stéréotypes dont je suis également victime, je considère mon jeune Age beaucoup une opportunité qu’une limite. La jeunesse symbolise pour moi la force, la puissance, l’énergie, la vivacité, le courage ; et ce sont ces postulats qui doivent fonder et déterminer notre action. En un certain plus avancé, on n’a pas la force et le temps matériel de nous mettre à la disposition de la communauté, surtout qu’il y aura des limites naturelles que la société et notre situation de femme nous imposera. BIRAMAWA MAGAZINE - 15 d’injustice à l’endroit de qui que ce soit est une menace à la justice de façon générale. Les violences faites aux femmes ne feront que saper la cohésion sociale, créer une méfiance entre les individus, et contribuer à creuser le fossé entre les différentes couches sociales. Il y a des nations qui en ont payé cher. Donc, il est de l’intérêt national et de tous de garantir à tous les citoyens une jouissance de leurs droits en toute quiétude et toute sécurité.
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Koffi Annan disait lors d’une conférence destinée à des jeunes africains, qu’on n’est jamais trop jeune pour être leader, qu’on ne l’est jamais trop non plus pour participer aux instances de prise de décisions. Je fais mienne cette philosophie. Je l’ai dit plus haut, la seule manière de rendre hommage à nos ainées qui ont sacrifié une bonne partie de leur vie et de leurs privilèges pour la cause des femmes est de nous manifester notre citoyenneté active. Et c’est maintenant que nous n’avons encore trop d’engagements familiaux et sociaux que nous pouvons le faire. message " Ensuite, c’est à nous de communiquer dans un langage clair et simple à nos camarades garçons et filles. Il est plus facile pour nous de nous comprendre que quand on écoute des personnes de générations différentes. “ A u x jeunes filles, mon est qu’il faut savoir que rien ne nous sera offert gratuitement. Néanmoins, nous sommes conscientes de nos limites. Il nous arrive parfois de mettre en avant notre fougue de jeunesse pour des questions et des positions qui requièrent beaucoup plus d’intelligence et de sagesse. On ne s’en rend compte qu’après avoir enregistré des revers. Il m’arrive surtout d’avoir des moments de doute au point de vouloir abandonner tout. Mais avec les conseils, orientations, et appui de ma famille, mes ainées et de personnes extraordinairement généreuses dont je m’entoure, je parviens à tenir le coup. C’est l’occasion pour moi de leur rendre un vibrant hommage et leur exprimer ma gratitude. Si c’était à refaire est-ce que vous auriez emprunté le même chemin ? Sans doute. J’y aurais même ajouté des missions impossibles au profit des femmes et des filles. Leur épanouissement est ma raison de vivre. Je le réaffirme, si ce n’était pas pour l’humanité, Dieu ne m’aurait pas créée. Quelles sont d’ailleurs vos hobbies ? J’ai eu une brève carrière dans le sport notamment en volley-ball, puis en arts martiaux, activités que je pratiquais depuis toute petite. Je suis passionnée de lecture. C’est mon principal passe-temps, comme je suis très casanière quand je n’ai pas d’activités de terrain. Je lis tout ce que j’ai sous les yeux, en Français, en Anglais et en Turc, les principales langues que je parle. Je suis aussi une férue de cuisine, et je participe à des concours culinaires à chaque fois que possible. Avez-vous un message pour les jeunes qui nous lisent ? Mon message est simple, et je le tire des conseils de mes aînés, de ma mère et de mes petites expériences. Il ne faut pas penser à son avenir, il faut le construire. Et c’est maintenant. Il faut apprendre, beaucoup apprendre, et toujours apprendre. Seul le savoir nous libère. Dormir peu, travailler beaucoup. Il y a toujours et partout, quelque chose à faire. Il faut s’engager, chacun dans le cadre qui lui convient le mieux ; être utile à sa famille, son quartier, sa ville, sa région, son pays, et chacun avec les moyens qui lui sont accessibles. Aux jeunes filles, mon message est qu’il faut savoir que rien ne nous sera offert gratuitement. Nous devons continuer à nous battre pour arracher nos droits. Pour cela, ma mère reste mon modèle. Elle est veuve depuis 2004, avec quatre enfants à entretenir, à nourrir, à éduquer, à surveiller. Et elle le fait avec toute la dignité requise, le courage qu’il faut. Sans elle, peut-être que mes frères et moi ferions partie de ceux qu’on compte parmi les enfants de la rue. Merci à ma championne, ma héroïne, à qui je souhaite ressembler ; à qui je souhaite que toutes les filles ressemblent. Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin ? Je garde toujours l’espoir que nous vivrons très prochainement dans une Nation où hommes et femmes vivront harmonieusement, sans violences, sans haine ; que nous vivons dans une Nation où tous les citoyens seront traités de manière égale, et bénéficieront des opportunités existantes sans une discrimination quelconque. Et je renouvelle mes hommages à tous ceux qui se battent pour cet idéal. A vous, BIRAWAMA, ainsi qu’à vos confrères des médias de façon générale, je vous exprime encore une fois ma gratitude. Sans vous, ni ma modeste personne, ni ma maigre contribution au combat citoyen ne seraient connus des citoyens. Vous êtes mes principaux alliés, car vous portez ma voix là où je ne peux pas mettre les pieds.
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LE DROIT DE L’ENVIRONNEMENT : DE L’INITIATION AU MÛRISSEMENT Cet ouvrage d’initiation au droit de l’environnement ne concerne pas seulement que les juristes, mais il est destiné à toutes les différentes couches de la société qui pourront se retrouver dans cette ébauche explicative de l’évolution du droit de l’environnement. La protection juridique de l’environnement semble s’être amorcée au niveau local dans la globalité des pays riches ou pauvres. Bien que ces derniers soient à la traine de par leur capacité à mettre en pratique leur arsenal juridique naissant, il n’en demeure pas moins que l’élan intentionnel international emportera tous les pays dans la vague protectionniste. Mariane Seck est Docteur en Droit public option droit de l’environnement et de la santé. Titulaire d’un Master II en droit de l’Homme et Paix, d’un Master II en Transport logistique, en management portuaire et maritime, elle est également tutrice en droit public à l’UCAD et à l’UVS ; elle est par ailleurs sage-femme d’État et suit une formation en éducation spécialisée au Centre de Formation judiciaire du Sénégal. Illustration de couverture : © Petr Malinak - 123rf.com ISBN : 978-2-343-14673-7 22,50 € 18-BIRAMAWA MAGAZINE 9 7 8 2 3 4 3 1 4 6 7 3 7 Û Û Mariane Seck LE DROIT DE L’ENVIRONNEMENT : DE L’INITIATION AU MÛRISSEMENT Contribution d’une juriste sénégalaise Préface du professeur Babacar Gu e y e LE DROIT DE L’ENVIRONNEMENT : DE L’INITIATION AU MÛRISSEMENT Mariane Seck
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AVIS D’EXPERT Mariane SECK TOURE Docteur en Droit de l'Environnement et de la Santé Les inondations, un malheur bénéfique et recherché Waouh !!! A voir toutes ses déferlantes d’eau en furie sur diverses localités du Sénégal, nous pourrons être amenés à nous dire que la fin du monde est proche et que la souffrance serait généralisée. Certes, sur le court terme le constat est sans appel, la désolation est mise en exergue. Toutefois est-ce synonyme de malheur incorruptible ? 20-BIRAMAWA MAGAZINE Causes : Une exploitation irrespectueuse de la nature D’une part, la mer monte et les villes s’enfoncent, la nature a été couverte de bitume et nous demandons à l’environnement urbain d’être aussi absorbante que la terre nue. La destruction des forêts réduit considérablement la résilience de la terre. L’exploitation effrénée des nappes souterraines sans possibilité de se reconstituer normalement en période de temps impartie, tarie les poches d’eaux sous terre. Des constructions plus énormes et massives en béton armé à armature de fer, des tonnes de graviers et de goudrons, conduisent à l’affaissement des villes qui, du coup, se livrent à la montée des eaux marines. D’autre part, des dizaines de milliers de tonnes d’eaux issus des glaciers viennent unilatéralement s’ajouter aux masses océaniques créant ainsi une montée significative du niveau de la mer, phénomène accentué par le réchauffement climatique. Encore que, l’urbanisme sauvage, exacerbé par l’exode rural, favorise le grossissement frisant l’anarchisme, ainsi que le besoin de s’embarquer dans un développement inspiré du modèle occidental, conduisent inexorablement aux mêmes conséquences que sont la destruction de la nature et l’exploitation effrénée de ressources tarissables sans se soucier des générations futures. Ensuite, la boulimie foncière dégrafant des pans entiers d’espaces forestiers ou espaces verts, fait transposer une nature défigurée laissant la place à une dimension artificielle, très jolie pour la modernité, mais dépravant pour la face du naturel. Enfin, l’absence de politique urbanistique encourageait l’établissement des populations avant le sentiment de présence de l’Etat détenteur de la pro-action. L’accompagnement qui y sied sera naturellement réactif face aux effets pervers y découlant. Des conséquences désastreuses Après des années de sécheresse due à une pluviométrie déficitaire, il nous avait été miroité des espaces ouverts à l’occupation sournoise. Les lits des thalwegs se retrouvent transformés en des quartiers résidentiels ou flottants. L’occupation des bas-fonds se muait en marre sommaire ou définitive de désarrois familiaux, sur les fondements d’années de dures labeurs de dignes fils et filles afin de posséder sa demeure. Si 50% de la ville est bétonnée et que le drainage des eaux est peu existant, naturellement au moins la moitié des masses d’eaux de pluies seront stagnantes, de facto plus de 75% de la population subira directement ou indirectement les impacts négatifs. Directement : par les inondations, destructions de cultures, coupures de routes, électricités instables ou même des morts humain ou animal. Indirectement : commerces fermés, ralentissement des activités économiques et sociales, les prévisions sont différées, les budgets sont réorientés dans un pays à fortes valeurs d’exigences sociales. BIRAMAWA MAGAZINE - 21
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D’une mémoire identitaire figée, l’eau reprend son milieu naturel au grand dam de l’Homme sénégalais dans le désarroi. Sachant que la situation de délectation qu’affectionnent les catastrophes naturelles, c’est quand elles revendiquent un territoire occupé par un désastre bien planifié sur un peuple sans pro-action ni planification. nous faut rattacher les zones inondables avec les funiculaires artificiels ou naturels, qui permettront l’évacuation systématique des eaux. Et mieux réutiliser les eaux qui sont redirigées vers l’hinterland, ainsi l’agriculture pourra être à 24H/365J. Les cultures fruitières et vivrières nous assureront non seulement une autosuffisance alimentaire ; mais aussi, nous gratifieront deux axes dans la modernisation que sont la transformation industrielle et la rentrée de devises par l’exportation des surplus de production. Si, en un mois seulement sous le contrôle des armées, tous les chômeurs sénégalais sont mobilisés à construire des canaux ou funiculaires et à l’élargissement des thalwegs naturels, la construction d’un réseau de drainage serait tout de suite efficiente, ce qui alimentera les bassins de rétention, les voies fluviales artificielles mais inéluctables pour le post-acheminement portuaire. Ainsi les problèmes hivernaux ne seront que de vieux souvenirs transformés en utilités agricoles à l’image de pays agricoles de l’Asie du Sud-Est ou les pays bas. Des solutions multidimensionnelles réelles et réalistes De Dakar à Ryad, de Tokyo à new York, de Londres à Pretoria, et de Sydney à Jakarta les mégalopoles sont touchées par des inondations dues à des crues éclair, il nous faut donc repenser nos villes. Jusqu’à un passé récent peu de quartiers étaient imperméables, l’eau de pluie était absorbée au moment il pleuvait, le sable était nu et les sols très résilients, il y avait moins de dur. Le constat est fait de même que les solutions existent et sont possibles. La réalité étant, il 22-BIRAMAWA MAGAZINE La redirection des eaux vers l’hinterland redynamisera l’approvisionnement des voies aquatiques souterraines. Leur aboutissement est le changement de la considération que nous avons de la mer, qui ne sera plus vue que comme un dépotoir des effluves domestico-industrielles, mais un lieu de disponibilité vitale et de loisirs. Le bassin arachidier réapprovisionné, l’agriculture y sera effective et continue en longueur d’année 24H/365J. De même, l’inversion des flux se manifestera par l’exode urbain et une plus-value financière, sociale, environnementale et politique du monde rural. En somme, un malheur cyclique dénote une médiocrité latente tant que la volonté est en berne. Toutefois un malheur est une chance inestimable pour se confronter à notre résilience, afin de par la réversibilité en tirer profit afin de poser les germes d’un Sénégal sur la voie du progrès.
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LE COIN D’AUTRUI Bonzzzooouuurrr Warahmatullah chers lecteurs et lectrices de Biramawa. Vous ne m’avez pas lu dans le septième numéro de votre Quinzomadaire. Ma chronique était un peu trop « salée » pour les pages neutres du Magazine. Je suis une tête brûlée qui souvent s’enflamme sur des sujets d’intérêt public comme les inondations, par exemple. 24-BIRAMAWA MAGAZINE B ref, j’ai retrouvé mon calme et prêt à vous parler, dans ce huitième numéro du rapport très borné que nous entretenons avec l'École. La plupart d’entre nous ont été inscrits dans les établissements scolaires pour réussir au bout à décrocher un travail dans l’administration, dans les structures privées. Lequel travail rémunéré nous assurerait une réussite sociale. C’est ainsi que dans nos différentes classes, nous étions tout le temps en compétition les uns les autres. Les surdoués, les bons, moyens et mauvais élèves ont été éduqués avec cette idée absurde selon laquelle, pour réussir dans la vie, il faut nécessairement passer par l’école française. Aujourd’hui, un bon pourcentage d’entrepreneurs sénégalais n’a jamais fait les bancs. Mieux, ils emploient les génies sortis des plus grandes universités pour consolider des empires d’affaires qu’ils ont érigés. Alors, loin de moi l’idée de vous éloigner de l’école. Non, il faut y aller, apprendre, éveiller l’esprit, le titiller, le mettre en face de ses capacités et lui permettre de repousser ses limites. Mais ce que nous devons changer, c’est la conception que nous avons des études. Si elles sont effectuées dans le simple but de Réussir Socialement, nous ne rendons pas vraiment à l’Etat, qui gère le préfinancement de tout notre cursus, la monnaie de sa pièce. Il faut aller au-delà ! Aujourd’hui, aucun État ambitieux et soucieux du développement de sa société, ne forme ses enfants pour les recruter dans son administration (cette dernière va d’ailleurs continuer à manquer cruellement de place au fil des années). Non, les États visionnaires ont établi des programmes et modules à même de faire de leurs élèves et étudiants de futurs leaders dans différents domaines. Les jeunes ne sortent plus de l’Université pour investir toutes leurs énergies dans la recherche de poste dans les entreprises. Dans les pays qui veulent se développer, les jeunes aspirent très tôt à la création de leur entreprise pour suppléer leurs gouvernements dans la lutte contre le chômage. Nos diplômes et nos diverses expériences ne sont que des présomptions de connaissance et de compétence. Si ces dernières ne doivent nous servir qu’à décrocher un poste de salarié quelque part, nous aurons raté quelque chose de plus grand. Bien sûr, ce n’est pas mauvais du tout de décrocher un poste de cadre dans les grandes entreprises et organisations. C’est même une belle réussite je trouve et un bon moyen de servir la communauté. Mais tout le monde n’a pas cette compétence et cette capacité. Chacun d’entre nous a un génie qui dort en lui et les opportunités sont aussi nombreuses que les individus qui vivent sur terre. Toutes les entreprises que vous voyez fleurir autour de vous et bien au-delà ne travaillent que sur une seule chose : LE BESOIN DE L’AUTRE. Il y a plus de 7 milliards de personnes sur cette planète et plus de 7 milliards d’autres êtres vivants. Chacun d’entre eux a au moins un besoin qu’il doit impérativement satisfaire chaque jour. Le chantier est si vaste pour vos futures entreprises. Identifiez un BESOIN, ou même créez-en un, qu’il soit primaire, secondaire ou tertiaire (dans la pyramide de Maslow) et développez une entité pour le rendre disponible, accessible aux individus. C’est aussi simple que ça. Le Marché peut vous sembler saturer. Mais détrompez-vous ! L’homme n’a même pas encore épuisé la moitié des ressources et opportunités que lui offre la Terre. L’outil internet que nous avons aujourd’hui à disposition le prouve à suffisance. Sur ce je vous donne rendez-vous dans quinze jours pour une autre chronique. En espérant qu’elle ne sera pas d’un goût trop amer pour les pages glacées de Biramawa. D’ici là, portez-vous bien. Protégez les personnes âgées et immunodéficientes autour de vous contre ce virus qui circule toujours. Malgré une nette tendance baissière ces dernières semaines au Sénégal. Ayoba FAYE Journaliste d’investigation-Rédacteur en chef Pressafrik BIRAMAWA MAGAZINE - 25
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ENTRETIEN EXCLUSIF Masse THIOBANE Commissaire de Police Votre rubrique Entretien exclusif suit son cours. Pour ce numéro 8 nous sommes allés à la rencontre de Monsieur Masse THIOBANE, Commissaire de Police. Âgé d’une trentaine d’année, Commissaire a également présenté son métier de Thiobane est revenu sur son parcours de formation de Koungheul à l’Ecole Nationale de Police et de la Formation Permanente (ENPFP) en passant par l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Il nous commissaire Qui est Monsieur THIOBANE ? Je m’appelle Masse THIOBANE. Je suis Commissaire de Police, âgé d’une trentaine d’année. Je suis né à Koungheul où j’ai fait toute ma scolarité. Après mon Bac en 2009, j’ai été orienté à l’Université Gaston Berger de Saint Louis. De là, j’ai suivi des études de droit sanctionnée par une maîtrise en droit option collectivités locales et un DEA en Décentralisation et Gestion des Collectivités Locales. Pouvez-vous retracer votre parcours et nous expliquer ce qui vous a poussé à intégrer la Police ? Comme évoqué plus haut, après mon cursus primaire et secondaire, j’ai été orienté à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Après une maîtrise en droit, je me suis inscrit en DEA. C’est lors de cette même année que j’ai fait le concours de la police option Commissaire de Police. J’avoue qu’à l’époque j’ignorais la fonction de commissaire de police. C’est par curiosité que j’ai tenté et réussi au concours et le destin a voulu que je sois Commissaire de Police. “ Que pouvez-vous nous dire sur l’Ecole Nationale de Police et de la Formation Permanente (ENPFP) ? Comment se passe le concours pour intégrer l’ENPFP ? de police qu’il considère comme « un métier d’une rare noblesse ». L’ENPFP est une Direction de la DGPN (Direction Générale de la Police Nationale) chargée de la formation des fonctionnaires de police tout grade confondu. Elle assure la formation initiale mais aussi celle permanente. On intègre l’ENPFP par voie de concours. Celui-ci peut être direct, professionnel ou spécial. L’admission à l’ENPFP est sélective. Après des épreuves physiques, des épreuves écrites sont faites. A l’issue, les candidats déclarés admis feront un entretien avec un jury. Seuls les candidats ayant obtenu la moyenne supérieure ou égale à douze (12) sont déclarés définitivement admis. Aux jeunes lecteurs en quête de vocation, ne vous focalisez pas sur un corps de métier ou un concours mais plutôt sur l’ensemble des métiers que votre diplôme ou votre expertise vous permettra d’exercer." Pour vous, une fois admis, comment s’est déroulée votre formation ? Après admission, la formation se déroule en plusieurs étapes. D’abord c’est la formation initiale du combattant (FIC) qui peut durer entre un à deux mois. Elle a pour rôle de nous faire acquérir un certain nombre d’aptitude physique mais aussi certaines qualités qui caractérisent la vie en groupe et en société. Après la FIC, ce sont les modules de formation d’ordre général et spécialisé (sécurité publique, libertés publiques et droits humains, maintien de l’ordre, police judiciaire, police technique et scientifique, cybercriminalité, éthique et déontologie, rédaction adminisBIRAMAWA MAGAZINE - 27
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trative, droit pénal et procédure pénale etc.). Les modules de formation sont sanctionnés par des évaluations périodiques et la rédaction puis la soutenance d’un mémoire sur un thème intégrant le champ d’application de la formation. Et enfin, il y a ce qu’on appelle le stage d’imprégnation dans les différentes directions de la Police. une reconnaissance de votre hiérarchie. Comment l’avez-vous vécu ? Oui l’accès à mon poste actuel s’est fait par nomination. Et je dois le dire, j’exprime toute ma reconnaissance à la hiérarchie de la confiance portée en ma modeste personne. Nommé un jeune commissaire dans une localité comme Touba n’est pas une chose aisée. Mais avec la formation reçue et le management prôné, j’ose espérer être à la hauteur des attentes. Pouvez-vous nous parler de votre carrière dans la police ? Je suis entré à la police en Août 2016, après une formation à l’école nationale de Police, j’ai été affecté au commissariat urbain de Diourbel en tant qu’adjoint au Commissaire. Après plus d’une année de service, j’ai été affecté à nouveau à Touba en qualité de chef de service du nouveau Commissariat d’Arrondissement de Ndamatou. Pour vous comment se matérialise concrètement le dévouement à l'intérêt public ? Le dévouement à l’intérêt public se matérialise très souvent par un ensemble d’élément concourant à l’intérêt général comme la citoyenneté, le civisme, le respect des institutions, le professionnalisme dans l’exécution des tâches qui nous sont confiées, la transparence et la probité. L’accès à votre poste actuel s’est fait par nomination, cela a dû continuer un accomplissement personnel mais aussi 28-BIRAMAWA MAGAZINE Pouvez-vous nous décrire les missions d’un commissaire de Police ? A vos yeux, quelles sont les qualités à cultiver pour exercer ce métier ? Les missions d’un commissaire de police sont énormes. On peut citer les tâches de conception, de direction, d’application et de contrôle, de gestion du personnel placé sous ses ordres, des missions au sein des représentations diplomatiques et consulaires sénégalaises à l’étranger, des missions d’enquête judiciaire d’envergure international, d’enquête judiciaire à l’intérieur du pays, d’enquête administrative. Mais au-delà de ces missions statutaires, il faut signaler qu’un commissaire de police est aussi un régulateur social. Il nous arrive de conseiller et d’orienter des citoyens en situation de détresse sur des questions ne relevant pas a priori de nos compétences. A mon avis, l’écoute fait partie des qualités essentielles d’un commissaire de police. Elle permet de recueillir des informations et dénonciations. Et ceci participe sans doute à une meilleure prise en compte des besoins du personnel mais aussi des populations. C’est dans ce sens que des orientations sont faites et des objectifs identifiés dans la prise de décision. A cela s’ajoutent la discipline et la bonne moralité. La discipline constitue le pilier fondamental du commandement. Et la notion d’hiérarchie serait dépourvue de sens si celle-ci n’était pas érigée en règle. La bonne moralité quant à elle caractérise la noblesse de la fonction. En effet, elle nous interdit d’avoir des comportements indécents à tout point de vue. Et pour preuve, une enquête de moralité est exigée pour l’accès au concours. La bonne moralité et la discipline font donc partie des critères dans la police, pour vous quelle importance ont-elles ? Effectivement la moralité et la discipline constituent des critères essentiels. Ils ont toute leur importance et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’enquête de moralité fait partie des critères exigés pour accéder au concours. Et quant à la discipline, elle constitue l’ossature du commandement. accru des services de police en vue de dissuader mais aussi d’anticiper sur la résolution des conflits. Pouvez-vous nous raconter une anecdote qui vous a marqué dans le cadre de l’exercice de vos fonctions ? Le 27 septembre 2019, vers 05 heures du matin, j’ai été informé du meurtre de deux enfants égorgés. Le même jour, en procédant à de nouvelle constatation, le père des victimes a tenté de se suicider. Cet évènement malheureux m’a marqué pour deux raisons : c’était d’abord mon premier cas de meurtre à Touba et ensuite j’ai réussi à faire le geste qu’il fallait peut-être pour sauver le père de sa tentative de suicide. Prévention de l’insécurité et lutte contre la délinquance nous semble difficile à circonscrire, comment faites vous avec les exigences de territorialité ? J’avoue qu’aujourd’hui la prévention de l’insécurité et la lutte contre la délinquance semble être difficile à certain point de vue. Mais on doit reconnaître que des efforts considérables sont faits en matière de lutte contre l’insécurité et la délinquance. En effet, au regard des statistiques de la Police Nationale, plusieurs bandes de malfaiteurs ont été démantelées et mises hors d’état de nuire. Face aux exigences de territorialité, la prévention de l’insécurité peut sembler être difficile mais avec un système de communication performant et des échanges de renseignements utiles entre service, cette problématique est résolue. Et en matière de lutte contre la drogue, il y a lieu de relever le travail remarquable des BRS (Brigade Régionale de Stupéfiant). Et dans la lutte contre la délinquance et l’insécurité, la prévention constitue la stratégie privilégiée au détriment de la répression. C’est d’ailleurs ce qui explique la présence de plus en plus Vous êtes parfois confronté à la précarité et à la détresse des populations, comment, dans votre position, faire preuve de détachement sans être totalement insensible ? Oui, dans le travail quotidien de la police, on est toujours confronté à la précarité et à la détresse de la population. Mais après une formation reçue au niveau de l’ENPFP et quelques années de service, on s’y habitue. Et à ce sujet, il faut préciser que le rôle premier du poste de police c’est d’accueillir, écouter et orienter les usagers. La police c’est comme aux urgences à l’hôpital. Les usagers ont besoin d’écoute, de conseil et éventuellement d’orientation. C’est d’ailleurs fort de ce constat que la DGPN avait jugé nécessaire d’organiser une formation sur « l’accueil, l’écoute et l’orientation dans les service de Police du 16 Juin au 01 Juillet 2020 » Commissaire de police et responsable de famille vont-ils de pair ? Comment faites-vous pour concilier les deux ? Oui commissaire de police et responsable de famille peuvent aller de pair. Sauf qu’il faut préciser que parfois c’est difficile surtout avec les responmétier“C’est un d’une rare noblesse avec certes des contraintes et des risques. »" BIRAMAWA MAGAZINE - 29
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sabilités en tant que chef de service. La particularité d’un service de police est que l’infraction ne connaît pas de temps. Un événement peut survenir à n’importe quel moment. Et au niveau de la famille, il faut un peu de souplesse et de compréhension. Être Commissaire de Police et responsable de famille, nécessite de trouver un équilibre. Se ressourcer auprès de la famille pour mieux réussir les missions qui nous sont investies. Exercer pleinement les fonctions qui nous sont assignées au grand bonheur des populations et de notre famille. Voici l’équilibre qu’il faut trouver. Il doit être aussi important d'avoir des activités de détente, des hobbies, comment faites vous pour décompresser ? Conscient des difficultés liées au travail et le stress, nous faisions très souvent du sport (Football). Nous comptons organiser un tournoi de football dédié aux forces de défense et de sécurité. Celui-ci a un double objectif : décompresser et raffermir les liens entre Forces de Défense et de Sécurité pour une meilleure collaboration dans l’exécution des missions de service public. Avez-vous un message à l’endroit de nos jeunes lecteurs en quête de vocation ? Aux jeunes lecteurs en quête de vocation, ne vous focalisez pas sur un corps de métier ou un concours mais plutôt sur l’ensemble des métiers que votre diplôme ou votre expertise vous permettra d’exercer. L’essentiel est de travailler et de servir. un “Je lance appel aux populations de s’approprier des services de police. Notre vocation est de répondre aux préoccupations de nos concitoyens, les servir et les protéger. " négal en particulier, fait face à une crise sanitaire. Comment l’avez-vous vécu ? D’après vous quelle leçon peut-on en tirer ? En tant que membre des forces de défense et de sécurité, la crise sanitaire que le monde en général et le Sénégal en particulier traverse est une période certes difficile mais surmontable. Il est toujours difficile de faire cesser des habitudes mais le constat est qu’au fur et à mesure qu’on progresse, les gens s’adaptent. La Leçon à tirer de cette pandémie est qu’il y a lieux de renforcer notre dispositif sanitaire à tous les niveaux. Sur un autre registre, la lutte contre la pandémie notamment avec l’état d’urgence et le couvre-feu nous a permis de jauger le manque de citoyenneté d’une certaine frange de la population notamment jeune. La lutte contre la pandémie ne saurait être exclusivement une affaire d’état. C’est le combat pour Tous et par Tous. Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin Je n’ai jamais choisi de devenir Commissaire de police mais le destin en a voulu ainsi et j’en suis fier. C’est un métier d’une rare noblesse avec certes des contraintes et des risques. Pour parler d’actualité le monde, le Sé30-BIRAMAWA MAGAZINE Je vous remercie de m’avoir donné l’opportunité de m’adresser à vos lecteurs et je vous félicite pour cette belle initiative. Je lance un appel aux populations de s’approprier des services de police. Notre vocation est de répondre aux préoccupations de nos concitoyens, les servir et les protéger.
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MÉDIAS ET COMMUNICATION L’université sénégalaise face au défi de la communication Le système universitaire sénégalais connaît depuis quelques années une crise profonde et multiforme. Les grèves cycliques, les scènes de violences, les revendications interminables ont fini par s’imposer dans le décor de l’espace académique, pourtant lieu privilégié d’échanges, dialogue et de lumière. Malheureusement cette situation cache une image plus reluisante de l’université à travers notamment les pertinentes recherches qui y sont menées au quotidien, la formation rigoureuse d’une élite, mais aussi la créativité dont font montre les acteurs. Ainsi, dans cette réflexion nous tentons d’analyser la place de la communication, ce « véritable mot d’ordre du 21ième siècle » (Franrenet, 2007), dans la gouvernance des établissements d’enseignement supérieur. 32-BIRAMAWA MAGAZINE Etat des lieux 2013 et 2015 ont été des années décisives dans la dynamique de réformes de l’enseignement supérieur sénégalais. Ces périodes correspondent respectivement à la Concertation Nationale sur l’Avenir de l’Enseignement Supérieur (CNAES) ayant abouti à la tenue du Conseil présidentiel et à la mise en œuvre de la réforme de l’enseignement supérieur. Ces initiatives du Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation bien qu’ayant été porteur d’espoir en termes d’innovation dans la gouvernance des institutions d’enseignement supérieur public n’ont véritablement pas réussi à pacifier l’espace et à le rendre plus attrayant. En parcourant ces documents stratégiques, il transparaît clairement l’absence d’une vision et d’une volonté institutionnelle affichée en faveur d’un système communicationnel capable d’accompagner ces nouvelles dynamiques organisationnelles. D’ailleurs, sur 78 recommandations seule la 12ième intitulée « Améliorer et harmoniser la gestion administrative et financière » s’intéresse à la communication en ces termes : « Les espaces universitaires manquent très souvent de supports de communication. Le personnel, les étudiants et les visiteurs perdent beaucoup de temps pour identifier un bureau ». Cette faible volonté réduit donc la communication à une simple démarche d’orientation des acteurs et des visiteurs, alors que dans ce contexte de rude compétition entre les universités, il leur faut communiquer par tous les moyens, promouvoir leur capital image et défendre leur réputation. Au-delà d’une certaine intention affichée par notamment la création de directions ou de cellules de communications dans plusieurs universités publiques (UCAD, UGB, UT, UASZ, UABD, etc.), il faut relever des écueils dans la diffusion de messages au niveau de ces institutions d’enseignement supérieur à cause d’un certain nombre de facteurs tels que l’absence de financement et le manque de ressources humaines. Ce qui témoigne d’une méconnaissance des véritables enjeux de la communication dans les universités. Ainsi, il faut dire que les universités publiques n’investissent pas suffisamment dans leur communication. Que ce soit à l’interne comme à l’externe, les stratégies ne sont souvent pas adaptées à la création d’un "climat psychologique" favorable entre l'Université et ses personnels, les entreprises, les collectivités territoriales, les pouvoirs publics et les étudiants. Retour sur la communication interne Les établissements d’enseignement supérieur ne sont pas des entreprises. Ils sont plus que cela. Ce qui fait qu’elles ont l’obligation de veiller à une meilleure circulation de l’information à l’interne. Il s’agit de motiver et de mobiliser les différents acteurs afin qu’ils contribuent efficacement à la réussite des projets stratégiques. Les universités publiques sénégalaises se caractérisent par une instabilité sociale avec de nombreuses grèves, violentes. Il y règne un manque de confiance manifeste entre acteurs qui parfois se regardent en chien de faïence. Pourtant, chaque université a mis en place une commission, un comité de dialogue social voire même une médiature afin de prévenir et de régler d'éventuelles crises qui ont toujours des conséquences désastreuses sur la qualité de l’enseignement mais aussi et surtout sur l’image de marque des institutions. Elles devraient travailler à décrypter les signaux faibles et rendre lisibles les désirs, les attentes et les exigences des acteurs et parties prenantes. Malheureusement, le constat est que ces entités ne jouent pas souvent leurs véritables rôles. En lieu et place de méthodes et techniques de prévention et gestion des crises universitaires, on fait face à une inactivité qui fait qu’on est dans une dynamique de riposte et non d’anticipation. Souvent ces entités n’existent que de nom, car n’ayant aucune marge de manœuvre, aucune feuille de route, aucune démarche stratégique. Elles fonctionnent sans spécialistes de la communication, laissés en rade. Ainsi, par la communication, les institutions devraient travailler à créer un fort sentiment d’identité, d’appartenance capables de favoriser un climat de confiance favorable à la réalisation de grandes choses Ces actions devraient contribuer, directement ou indirectement, à la transformation des images collectives internes des personnels de l'Université. Au niveau externe A l’instar des instituts privés d’enseignement supérieur, les universités publiques ont l’obligation d’être compétitives sur les marchés de l’éducation aux plans national et international. Dans ce contexte de compétition, la communication a pour rôle de séduire les meilleurs étudiants potentiels. Pour ce faire, elle doit s'appuyer sur des éléments BIRAMAWA MAGAZINE - 33
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de notoriété comme réputation des professeurs, conditions de recrutement des étudiants, carrières des anciens élèves, travaux de recherche, le taux de passage et d’insertion, les performances des acteurs, etc. Les étudiants nationaux comme internationaux font généralement le choix de leur université en se fondant principalement sur des impressions et des sentiments. Ce qui peut être très bénéfique en termes de formations payantes pour les universités publiques sénégalaises confrontées à des problèmes de financement. Dans ce travail aussi important, la presse doit être associée, car selon Lucia Granget « Le prestige d’une université tend à dépendre de sa capacité à faire du spectacle et à organiser sa mise en scène nationale et internationale. La réputation d’excellence d’un établissement semble désormais reposer sur des places occupées dans des classements fortement médiatisés ». L’excellence doit sans cesse être démontrée non pas par des paroles, mais par des éléments factuels. Il faut communiquer en permanence dans le but de valoriser et promouvoir l’image de marque de l’institution afin de faciliter l’insertion de ses diplômés, de décrocher des partenariats et même de la positionner dans un contexte de course au classement des meilleures universités. Par ailleurs, dans un contexte de montée en puissance des technologies de l’information et de la communication, les réseaux sociaux numériques constituent une grande opportunité que les universités tardent toujours à saisir efficacement. L’institution pourra diffuser des messages valorisant son image. Dans le cadre de ce qu’on pourrait appeler « communication inversée », les étudiants et alumni, les ambassadeurs de l’université, pourront être mis en contribution grâce au digital. Il s’agit de laisser les ambassadeurs, Youtubeurs, influenceurs, blogueurs communiquer, s’exprimer, donner leur avis sur les établissements. Il faut comme le souligne Nathalie Le Calvez « inciter les professeurs comme les étudiants à s’investir sur les réseaux sociaux et à y être actifs et attractifs ». Les réseaux sociaux ont changé la donne et sont aujourd’hui le meilleur vecteur pour parler à la plupart des cibles externes. Il faut donc créer de l’interactivité pour avoir de l’influence. En plus, dans un milieu produisant des savoirs souvent rangés dans les tiroirs, la communication a un rôle important à jouer dans la vulgarisation des résultats, mais aussi dans le posi34-BIRAMAWA MAGAZINE tionnement des universités par rapport aux financements nationaux et internationaux. CONCLUSION Aujourd’hui et plus que jamais, les établissements d’enseignement supérieur ont de formidables expertises qui sont autant d’atouts à valoriser. La communication s’avère être un outil incontournable dans le management des universités marquées souvent par des perturbations ayant des conséquences désastreuses sur leur image interne et externe. Parmi les 10 défis à relever pour asseoir une politique communicationnelle adaptée aux nouveaux enjeux académiques, nous identifions : • Le développement d’un sentiment d’appartenance institutionnelle ; • l’étudiant doit être placé au cœur du dispositif de communication ; • la création et la dynamisation de comités de dialogue sociale ou de médiatures ; • le recrutement de ressources humaines suffisantes et qualifiés ; • la priorisation du digital dans la mise en œuvre des projets de communication ; • le financement de la communication ; la présence de l’université dans des forums, foires, etc. ; • la présence forte de l’institution et de ses acteurs dans les médias ; • la création et dynamisation de réseaux des alumni ; • la dynamisation du service à la communauté. La communication doit donc jouer pleinement sa partition dans les universités publiques sénégalaises en vue de développer l’image de marque, car selon le Professeur Jean-Noël Kapferer « Une marque, c’est un nom qui a du pouvoir. Le pouvoir d’adhésion, d’engagement et d’attirance ». Dr Jean Sibadioumeg DIATTA Spécialiste en communication
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D Veille et Intelligence des Affaires ans ce numéro 08 du Magazine, la Rubrique Veille et Intelligence des Affaires reçoit Monsieur Mouhamadou BA pour parler de la dette publique dans les pays en développement. Monsieur Ba est chercheur au Laboratoire de Recherche en Economie de Saint-Louis (LARES). Son domaine de recherche est la macroéconomie. Il est spécialiste des questions monétaires, financières et de développement économique et sociale. En plus, Monsieur Ba fait partie du groupe des jeunes « Business Coach » SME Loop du Sénégal dans le cadre de l’accompagnement des entrepreneurs de la région de Saint-Louis. Pouvez-vous nous parler de la dette publique ? La dette est une obligation. La dette publique est la conséquence de déficit public qui révèle l’incapacité de l’autorité publique à collecter des impôts équivalents à ses dépenses. Ainsi, l’autorité émet des titres obligataires sur le marché et s’engage à payer un principal et des intérêts périodiques jusqu’à terme. Ainsi dans une situation d’endettement l’autorité doit relever obligatoirement son niveau de richesse pour pouvoir rembourser le prêteur. La bonne dette est celle qui s’articule autour d’une condition idéale à l’évolution de la richesse du pays. La plupart des économistes défendent la thèse selon laquelle le taux de croissance de la 36-BIRAMAWA MAGAZINE richesse doit être supérieur au taux d’intérêt. La problématique demeure à mon sens de l’incapacité de nos Etats à collecter suffisamment d’impôt, des taux d’intérêts aussi forts et de la faible capacité productive de nos économies. Je crois que si nous arrivons à régler ces éléments la dette peut demeurer viable. On peut utiliser la dette comme un moyen de se financer ? n’estil pas risqué ? Bien sûr ! la dette sert exactement à se financer : ce sont les agents à capacité de financement qui prêtent aux agents à besoins d’être financés. La dette peut servir au développement. Seulement, il faut que l’argent emprunté soit utilisé à des fins productives. Le jeu à mener ici est basic : que les ressources durables financent les emplois de long terme. La dette publique est généralement paquetée dans les ressources durables, en conséquences elle doit servir à financer des emplois productifs de long terme. L’argent emprunté doit faire objet de contrôle durant tout son usage à des fins d’investissement solide. C’est toujours aussi risqué de devoir à quelqu’un de l’argent surtout si cet argent est destiné à l’investissement. L’économie de l’incertain se présente. Il s’agira là d’utiliser les outils et de mesurer les risques auxquels l’emprunteur pourrait faire face. Un exemple patent est la crise sanitaire actuelle. La Covid19 a amené aujourd’hui un débat sur l’annulation de la dette. Pourquoi ? parce que tout simplement les économies sous développées sont confrontées à une baisse de leur production. Mais doit-on s’appuyer sur cette crise pour demander une annulation de la dette ? je dis non, pour une raison simple : le monde est globalisé et il faut aller au rendez-vous toujours la tête haute. Le Sénégal avait mis en place la stratégie de gestion de la dette à moyen terme (SDMT 2018-2020), avec pour finalité une meilleure combinaison entre dette intérieure et extérieure, peut-on déjà affirmer que les objectifs de la SDMT ont été atteints ? Le Sénégal a fait des progrès en matière de levée de fonds sur le plan international, il faut bien le constater et si vous faites une lecture de la loi de finance des quatre dernières années vous verrez que la dette intérieure a pris une autre dynamique à tendance positive. L’objectif est atteint si on se limite juste à lire la capacité de l’Etat du Sénégal à lever des fonds internes en combinaison des fonds externe. Mais le débat à mon niveau n’est pas là. Où est ce que nous en sommes avec les prêteurs locaux en matière de remboursement, si on sait que l’Etat a plus la possibilité de négliger le remboursement de la dette intérieure au profit de la dette extérieure. Les investisseurs locaux ont toujours réclamé des remboursements, etc. Certains chefs d’Etat africains, en l’occurrence le Président Macky Sall, plaident pour l’annulation de la dette publique : pensez-vous que l’annulation soit une solution efficace ? Sincèrement non ! A sa place j’aurai demandé des rééchelonnements. Cette demande risque de nous empêcher encore de s’exprimer dans les instances internationales de décision, elle va aussi rabaisser la note de l’Etat sur le marché international. Elle révèle aussi l’incapacité de nos autorités à faire de la projection économique en tenant compte de risques éventuels. Je suggère la demande de rééchelonnement de la dette. On a constaté que ces dernières années, l’Etat sénégalais fait beaucoup recours aux pays occidentaux pour financer ses plans de développement. Ses investissements étrangers massifs ne mettent-ils pas en danger la souveraineté de l’Etat ? Les investissements directs étrangers sont sources de croissance économique. Ils favorisent l’innovation, la créativité et redéployent la main d’œuvre à travers la formation et la distribution de revenus. La stabilité politique du pays comparativement à nos voisins de la sous-région y est un facteur déterminant ainsi que l’environnement des affaires, par exemple en 24H tu peux avoir ton entreprise au Sénégal. Ces Investissements étrangers ne pourraient mettre en danger la souveraineté de l’Etat du Sénégal parce que la question de souveraineté dépasse les intérêts économiques et les contrats économiques sont signés généralement dans le respect des institutions du pays : ce qui favorise la souveraineté de l’Etat du Sénégal. L’intérêt premier d’un Etat, c’est de garder sa souveraineté. Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB BIRAMAWA MAGAZINE - 37
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DECOUVERTE Aicha KASSE LAWSON Présidente & Fondatrice de l'association Dunya-Ethic “ Dunya-Ethic est une association au service du Développement Durable. 38-BIRAMAWA MAGAZINE “ Pour chaque numéro, votre magazine met en avant des initiatives de jeunes qui ont osé se lancé. Pour ce numéro 8, nous sommes allés à la rencontre de Aïcha KASSE LAWSON, présidente et fondatrice de Dunya-Ethic, une association au service du Développement Durable. Dans cette interview accordée au Magazine, Aïcha dresse notamment les objectifs, les programmes phares et les perspectives de l’association Dunya-Ethic. Elle invite toutes personnes intéressées à rejoindre l’aventure dans le cadre d’un volontariat. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et revenir sur les grandes lignes de votre parcours de formation ? Je m’appelle Aïcha Kassé Lawson, Présidente et Fondatrice de l’association Dunya-Ethic dont l’objectif est de promouvoir le Développement Durable. “ Créée en J’ai 28 ans. Je suis originaire du Sénégal. J’ai obtenu mon Baccalauréat en 2012 au lycée de jeunes filles, le lycée John Fitzgerald Kennedy de Dakar. France en 2018, Dunya-Ethic met en effet au cœur de sa stratégie d’action la réponse à la problématique de l'emploi et de l'accès équitable aux connaissances, savoir-faire et compétences notamment dans les pays en voie de développement. » Qu’en est-il de votre parcours professionnel ? Dès la fin de mes études, j’ai effectué une petite reconversion professionnelle afin de rapprocher mon profil au marketing digital, sachant que j’avais déjà des bases solides en communication des entreprises et des organisations. Ce qui m’a permis de trouver rapidement une porte d’entrée dans le secteur du marketing digital au sein d’entreprises en région parisienne. Ce parcours m’a amenée aujourd’hui dans un cabinet de Conseil situé à Paris (spécialisé sur le Financement Public et Européen) où j’exerce des fonctions de Responsable Marketing Digital & Communication depuis 2 ans. BIRAMAWA MAGAZINE - 39 J’ai effectué une partie de mes études supérieures au Sénégal à l’Université Gaston Berger de SaintLouis à la section Communication de l’UFR CRAC qui venait d’ouvrir ses portes à l’année où j’ai obtenu mon BAC. Je fais donc partie de la première promotion d’étudiants de la section Communication de l’UFR CRAC. J’ai poursuivi par la suite ma formation à Paris à la Sorbonne-Nouvelle où j’ai fait mon Master 1 en Information-Communication avant de clôturer mes études à l’Université Nice Sophia Antipolis sur un Master 2 en Communication et Développement Durable.
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Vous êtes présidente de l’association Dunya-Ethic. De quoi s’agit-il ? Dunya-Ethic est une association au service du Développement Durable. Elle se positionne comme un média d’accompagnement qui a pour vocation de promouvoir les initiatives de Développement Durable et de Responsabilité Sociale de l’Entreprise et des Organisations (RSE/RSO), des associations à travers différents leviers d’action. Créée en France en 2018, Dunya-Ethic met en effet au cœur de sa stratégie d’action la réponse à la problématique de l'emploi et de l'accès équitable aux connaissances, savoir-faire et compétences notamment dans les pays en voie de développement. La sensibilisation éco-citoyenne sur des problématiques liées au développement durable comme celui des déchets, de la mode responsable, de la mobilité durable, … par le biais de l’éducation au développement durable est aussi une priorité dans notre approche. Comment vous est venue l’idée de mettre en place cette initiative ? Je suis diplômée en Communication et développement durable, ce qui a facilité la compréhension des enjeux liés au développement durable et l’acquisition de connaissances et de compétences dans ce secteur. Mon expérience associative dans l’éducation au développement durable m’a beaucoup enrichie dans mon approche et ma vision par rapport à la façon d'initier les citoyens progressivement à des gestes éco-citoyens. En croisant mon vécu au Sénégal avec mon expérience en France, j’ai pu constater l’écart entre les mentalités, les opportunités et les politiques en termes de promotion du Développement Durable. C’est ainsi que j’ai voulu agir à ma façon en investissant mes savoirs sur ces questions avec une approche pédagogique et disruptive. A qui s’adresse Dunya-Ethic ? (Vos cibles) Nous nous adressons en priorité aux écoliers, collégiens, étudiants et enfants à partir de 7/8 ans situés dans les pays européens et africains pour lesquels nous pouvons encore apporter une façon plus éco-responsable de concevoir le monde. 40-BIRAMAWA MAGAZINE Nos actions intègrent aussi les adultes, les femmes, les catégories de personnes jugées plus vulnérables professionnellement parlant, afin de leur offrir un cadre et des moyens plus adaptés au développement de leurs compétences dans des métiers d’avenir. Quels sont les programmes phares de votre association ? A travers l’association Dunya-Ethic, mon équipe et moi travaillons d'arrache-pied pour apporter notre contribution à l’objectif 4 (Education) et 10 (Réduction des inégalités au sein et entre les pays) des Objectifs de Développement Durable. Cela se matérialise déjà à travers 2 programmes à visées différentes. D’un côté, nous avons “Les Ateliers Numériques de Dunya-Ethic”. Animés par des Experts dans différents domaines, leur objectif est de répondre à la problématique de l'éducation, de l’emploi et de l'accès équitable aux connaissances, savoir-faire et compétences sur des métiers porteurs comme le digital notamment dans les pays en voie de développement. D’un autre côté, nous avons des webinars qui sont de vrais leviers d'inspiration des jeunes et de promotion des acteurs, entrepreneurs, initiateurs qui évoluent dans le secteur du Développement Durable et qui ont envie de s'exprimer sur leurs parcours, leurs projets entre autres afin d’engager le maximum dans la voie des métiers qu’offre le Développement Durable. L'objectif final est de pouvoir inspirer davantage les jeunes et de leur donner la motivation d'entreprendre et de s'engager dans le Développement Durable et surtout être conscientisés sur les enjeux du secteur. Et quelles sont vos perspectives d’avenir ? Notre ambition est de parvenir à créer les conditions de vie, d’emploi, de santé, d’environnement, … profitables aux générations présentes et surtout futures parmi lesquelles nous compterons certainement nos enfants et nos arrières petits-enfants. C’est pour cette raison que nous sommes en train de préparer beaucoup d’actions terrain et digitales pour avoir plus d’impact auprès de ces différents publics et surtout de participer efficacement à l’atteinte des ODD (Objectifs de Développement Durable). Car nous sommes convaincus qu’à travers ce que j’appelle le "faire-agir", nous pouvons faire évoluer plus facilement les choses. Comment vous contacter ? Nous sommes disponibles sur Facebook, Linkedin, Twitter, Instagram. Nous sommes aussi très réactifs par mail à dunyethic@gmail. com. fiers“Osez, soyez Avez-vous un message pour les jeunes sénégalais, africains ? “Paris ne s’est pas faite en un jour”. Osez, soyez fiers de vos origines, ayez confiance en vous et en vos compétences et surtout sachez donner pour recevoir. de vos origines, ayez confiance en vous Biramawa vous remercie. Quel est votre mot de la fin ? Dunya-Ethic continue d’accompagner les jeunes à travers des missions de volontariat pour les jeunes Africains et Européens. Nous comptons des équipes en France et au Sénégal qui nous aident à prolonger nos actions terrain. Pour les personnes intéressées, n’hésitez pas et en vos compétences et surtout sachez donner pour recevoir." à nous contacter pour rejoindre les équipes dans le cadre d’un volontariat. Continuez à nous suivre sur les réseaux sociaux pour vous tenir informé de nos projets et surtout des nouveautés qui vont arriver. BIRAMAWA MAGAZINE - 41
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DIPLOVAR N°7 DiploVar ou un regard aiguisé sur l’actualité internationale Politique, Sciences Politiques, Relations Internationales, Humanitaire, votre nouvelle rubrique incontournable vous offre plus que des informations, une analyse pertinente des interactions géopolitiques qui vous entourent. Quoi de mieux qu’un résumé des points essentiels de l’actualité internationale des 15 derniers jours, des faits historiques, des portraits de personnalités ayant marqué l’histoire des relations internationales pour mettre à jour vos connaissances et rendre vos débats chocs d’idées. Les points saillants, les immanquables de l’actualité internationale vous seront présentés de façon succincte de telle sorte que rien ne vous échappera. Pour ce septième numéro, une consultation du tableau de la VAR Diplomatique nous annonce les informations suivantes : 44-BIRAMAWA MAGAZINE COVID19 : Un peu partout en Europe, on se prépare à faire face à une « seconde vague » de l’épidémie de Covid-19. On constate une hausse généralisée des cas quotidiens de personnes testées positives. Plus de 51 000 nouveaux cas ont été enregistrés pour la seule journée de vendredi 25 septembre 2020 dans les 55 pays de la branche européenne de l’Organisation mondiale de la santé. Concernant le continent africain, au moment de l'apparition de la pandémie, les experts craignaient que les pays d'Afrique puissent être particulièrement touchés, avec des taux de transmission élevés, ce qui aurait alors rapidement submergé les systèmes de santé. Aujourd'hui, alors que les autres continents inquiètent, notamment les États-Unis ou l'Europe et l'Inde, l'Afrique a été épargnée par la « propagation exponentielle » de l'épidémie de Covid-19 redoutée, s'est félicitée ce vendredi 25 septembre l'Organisation mondiale de la santé (OMS). À ce jour, plus de 1,4 million de cas de Covid-19 ont été répertoriés en Afrique pour près de 35 000 décès à cause du coronavirus. Les raisons sont encore quelque peu « mystérieuses », ou plutôt disons que toutes les hypothèses n'ont pas encore été exploitées, mais les scientifiques estiment que le succès de nombreux pays africains est déjà une leçon cruciale pour le reste du monde. septembre pour diriger le gouvernement de transition au Mali. Il est un diplomate chevronné, jouissant d’une solide réputation internationale mais peu connu dans son pays. COTE D’IVOIRE : Pour la deuxième fois en dix jours, la Cour africaine de justice désavoue la Côte d'Ivoire, lui ordonnant vendredi de réintégrer l'ex-président Laurent Gbagbo sur la liste électorale pour la présidentielle du 31 octobre. Dans son ordonnance, la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP) ordonne à l'État ivoirien de « prendre toutes les mesures nécessaires en vue de lever immédiatement tous les obstacles empêchant le requérant [M. Gbagbo] de s'enregistrer sur la liste électorale ». L'ex-chef d'État qui a dirigé la Côte d'Ivoire entre 2000 et 2010 ne figure pas sur les listes électorales révisées cette année, il ne peut donc ni voter ni être candidat. Mi-septembre, le Conseil constitutionnel ivoirien avait rejeté la candidature de Laurent Gbagbo à la présidentielle. Cette candidature avait été déposée par ses partisans, lui-même ne s'étant toujours pas exprimé sur le sujet. MALI : Ex-ministre de la Défense et des Anciens combattants, l’ancien militaire Bah N’Daw a été nommé président de transition du Mali ce lundi 21 septembre 2020. Les membres du collège ont pris acte, et se sont engagés à accompagner la junte, qui a pris le pouvoir au Mali, dans son choix de nommer Bah N’Daw 70 ans nouveau président de transition. Quant à l’ancien ministre des affaires étrangères Moctar Ouane, 64 ans, il a été désigné dimanche 27 Selon les autorités ivoiriennes, cette décision a fait suite à la condamnation de Laurent Gbagbo par la justice ivoirienne à vingt ans de prison, dans l'affaire dite du « braquage de la BCEAO », la Banque centrale des États d'Afrique de l'Ouest, lors de la crise postélectorale de 2010-2011. AFGHANISTAN : Les négociations de paix interafghanes entre les Autorités de Kaboul et celles afghanes ont débuté le 12 septembre, à Doha, au Qatar. Pour la première fois, les observateurs internationaux sont absents de la table des pourparlers de paix qui se déroulent à huis clos entre des délégations afghanes, seules maîtres des débats et de leur rythme. Cette mise à distance réduit, de fait, les moyens d’intervention des grandes puissances. Au BIRAMAWA MAGAZINE - 45
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point que la tenue, en novembre, à Genève, d’une nouvelle conférence internationale sur le financement de la paix afghane et le soutien à l’Etat afghan est encore en suspens. KARABAKH : Pour le troisième jour consécutif, des combats meurtriers ont eu lieu, lundi 28 septembre, entre les forces du Haut-Karabakh, soutenues par l’Arménie, et les troupes d’Azerbaïdjan, dans la région séparatiste du Haut-Karabakh, peuplée de 150 000 habitants, majoritairement arméniens. Comme lors des flambées de violence de ces dernières années (2008, 2010, 2012, 2014, 2016 et 2018), ni l’Arménie ni l’Azerbaïdjan, qui se disputent ce territoire montagneux enclavé dans la République d’Azerbaïdjan, n’ont donné de détails sur les affrontements. Les combats dans la région du Nagorny Karabakh ont fait au moins 26 morts supplémentaires dans la soirée, du côté des séparatistes, soutenus par l'Arménie, selon un dernier bilan publié lundi 28 septembre. Le ministère de la Défense de cette province soutenue par l'Arménie a annoncé que 26 militaires étaient « morts au combat » lundi. Au total, au moins 84 personnes sont décédées dans les combats dans cette région qui souhaite se détacher de l'Azerbaïdjan. Parmi elles, six civils azerbaïdjanais et deux civils arméniens du Karabakh ont également succombé, selon des bilans annoncés dimanche. Sources : le Point, les Podcasts Affaires étrangères et International de France Culture, le Monde Copyright : Biramawa Magazine 46-BIRAMAWA MAGAZINE 94 Nord Foire Azur Dakar, Sénégal +221 77 296 47 96 contact@alyfa.co www.alyfa.co BIRAMAWA MAGAZINE - 47 Des Jouets Afro - Centrés
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CV N° 6 Birane DIOP Consultant en Information Numérique Tu es à la recherche d’un emploi? Biramawa magazine met cet espace à ta disposition pour te permettre de proposer ton CV aux entreprises qui recrutent. Tu peux donc envoyer ton CV par e-mail : contact@biramawa.com 48-BIRAMAWA MAGAZINE Birane DIOP CONSULTANT EN INFORMATION NUMÉRIQUE  biranediop269@gmail.com 49 Rue Rouget De Lisle 92150, SURESNES   07 67 35 75 01 Titulaire d'un Master en gestion de l'information numérique à l'Université Jean Moulin Lyon 3, je suis spécialiste du traitement, de l'organisation et de la mise en oeuvre des flux d'information. @Birane DIOP Expériences professionnelles De février 2020 à août 2020 Chargé de veille stratégique BNP Paribas / Direction des Études économiques Paris 09 Opéra, France -Veille actualité financière, économique -Animation de communauté d'information thématiques -Amélioration du sourcing et des processus de veille -Mise en place de communauté (Gestion de risques) -Formuler des préconisations et des stratégies de veille -Établir des dossiers de veille thématique -Diffusion newsletter De mai 2019 à juillet 2019 Documentaliste Institut National des Sciences Appliquées (INSA) Lyon, France -Elaboration de procédures de travail -Bulletinage de périodiques -Recherche documentaire -Création de cartes mentales D'avril 2018 à juillet 2018 Documentaliste Institut International pour la Francophonie (2IF) Lyon, France -Veille et Actualisation des ressources -Mise en place d'un centre de documentation numérique -Archivage numérique des documents Diplômes et Formations De 2018 à 2020 Master Stratégies informationnelles et documents numériques Université Jean Moulin Lyon 3 France -Gestion électronique de documents -Outils de diffusion, veille et curation -Stratégies d'entreprises -Cahier des charges et Gestion de projet -RGPD / Économie de l'information De 2017 à 2018 Licence Métiers de l'information et du document numérique Université Jean Moulin Lyon 3 France -Gestion électronique de documents -Initiation à la veille et à la recherche d'information -Évolution du web et de ses outils De 2014 à 2017 Licence professionnelle en Documentation Ecole de Bibliothécaires, Archivistes et Documentalistes Dakar -Documentation d'entreprise -Knowledge Management -Records management Langues Français Anglais Centres d'intérêt IT/ Economie/ Transports/ Géopolitique / Energie / Intelligence Artificielle / Blockchain/ Innovations & Fintech / Environnement Compétences et Qualités Logiciels GED (Alfresco - Nuxeo - Sharepoint) Logiciels Veille (SindUp - KB Crawl) Outils collaboratifs - SIGB (KOHA) Autonomie / Organisation Rigueur / Engagement Esprit d'équipe / Enthousiasme BIRAMAWA MAGAZINE - 49 /

Magazine N°7 du 15 SEPTEMBRE 2020


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Magazine N°6 du 30 AOUT 2020


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SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE - 05 EDITO Waly NDIAYE Fondateur Biramawa Osons comme disait l’autre ! 08 édition spéciale Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Appel aux dons 10 ENTRETIEN PORTRAIT Huguette GOMIS Senior Consultante «C’est un travail passionnant, propice à l’avancement...» 14 AVIS D’EXPERT Dr Jean Alain GOUDIABY Sociologue de l'éducation et de la formation, Enseignant-Chercheur à l'Université Assane SECK de Ziguinchor Le système LMD, la professionnalisation des formations, La fuite des cerveaux... 20 LE COIN D’AUTRUI Ayoba FAYE Journaliste d’investigation – Rédacteur en chef Pressafrik «Préservons nos anciens de la Covid-19. Ne les laissons pas s'en aller. Parce que nous avons grand besoin d'eux.» 24 ENTRETIEN EXCLUSIF Maram KAIRE 24 Ingénieur Systèmes et Astronome, Chevalier de l’Ordre National du Lion du Sénégal «Je voue un amour inconditionnel à mon pays.» 2-BIRAMAWA MAGAZINE SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE - 20 14 10 05 08 - - -SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE 32 32 ENVIRONNEMENT Mariane Seck Docteur en Droit de l’Environnement et de la Santé L'environnement chante les louanges de la COViD19 36 A L'ÈRE DU NUMÉRIQUE Ousseynou GUEYE fondateur de Polaris Asso 42 DÉVELOPPEMENT PERSONNEL Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires étrangères La pratique du sport 44 DÉCOUVERTE Dr Alexandre Kissewinde SILAWINDI Directeur Général de l’Institut des Sciences Administratives et des Relations Internationales ISARI «Nous formons en cursus Licence, Master et formations certifiantes.» 48 DIPLOVAR Un regard aiguisé sur l’actualité internationale 52 LA CVTHÈQUE Demba THIAM ASSISTANT COMPTABLE 48 52 - SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE BIRAMAWA MAGAZINE - 3 44 42 36
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Serigne Amar Mbacké SARR Chercheur en Droit privé Expert maritime en formation Ayoba FAYE Journaliste d’investigation Rédacteur en chef Pressafrik Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB Omar Mallé SAKHO Doctorant à l’Université Cheikh Anta Diop Laboratoire LARHISA. Thierno NGAMB Agronome Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience Guilaye TINE Designer-Digital Marketer-Telemarketer CEO IN'FINITY Djiby SADIO Photographie CEO Studio 13 Alioune FALL Juriste d’Affaires Inspecteur du travail et de la sécurité Sociale Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires Étrangères Docteur Benjamin NDOUR Médecin généraliste Khadime SENE Educateur Spécialisé au Ministère de la Justice Marianne SECK Docteur en droit de l’environnement et de la santé Ousseynou GUEYE Responsable communication chez Afric’innov et fondateur de Polaris asso contactez-nous: contact@biramawa.com Adresse postale : Île-de-France, France Éditeur : Waly NDIAYE 4-BIRAMAWA MAGAZINE L’ÉQUIPE BIRAMAWA E D I T O Waly NDIAYE Fondateur Biramawa Osons comme disait l’autre ! Pour ce numéro 6 de votre magazine nous avons consacré la rubrique entretien exclusif à Maram KAIRE, Ingénieur Systèmes et astronome, Chevalier de l’Ordre National du Lion du Sénégal. Un paragraphe m’a particulièrement interpelé en tant jeune sénégalais. En effet à la question quel est votre message à l’endroit de la jeunesse sénégalaise, Monsieur KAIRE répondit : « Je leur demande d’avoir un rêve dans la vie, et de ne pas avoir peur d’être des « fous » ; car « seuls ceux qui sont assez fous pour penser qu’ils peuvent changer le monde, y arrivent ». Par folie, il faut comprendre le courage de croire en ses rêves malgré les obstacles, de persévérer et de choisir parfois des chemins non conventionnels. Il faut oser ! » Pour nous, jeunes, qui rêvons beaucoup ; Pour nous, jeunes, qui avons osé essayer ; Pour nous, jeunes, qui avons décidé d’innover, de sortir des sentiers battus : ce message doit nous conforter dans l’idée que nous sommes sur la bonne voie. D’autant plus qu’il vient d’un Grand Homme qui a du vécu et de l’expérience et sur qui le Sénégal peut compter. Les obstacles peuvent être légions à un tel point que nous doutions de nous-mêmes, de nos capacités. Ces mêmes obstacles peuvent être sources de perte d’ambition et de motivation. Mais une chose est sûre, et nous pouvons le constater, les personnes, qui nous inspirent le plus, ont cette capacité à se relever après chaque « chute » et à faire face aux difficultés avec brio. Alors Osons comme disait l’autre ! Waly NDIAYE BIRAMAWA MAGAZINE - 5
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EDITION SPECIALE Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Le magazine Biramawa à travers sa rubrique " Edition spéciale "a souhaité donner la voix à la Pouponnière "Vivre Ensemble "de Mbour. Créée en 2002 la pouponnière est un "lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman ". Confrontée à des difficultés à cause de la crise sanitaire, la pouponnière fait appel à toutes les bonnes volontés. Vivre Ensemble – La Pouponnière de Mbour La Pouponnière de Mbour a vu le jour en Janvier 2002, Michèle BURON-MILLET en est la créatrice. C’est un lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman. Elle permet aux orphelins de mère ou aux enfants dont la maman ne peut pas s’occuper (pour des raisons gravissimes), de vivre protégés, leurs premières années de vie si fragile, avant de regagner leur famille au bout d’un à deux ans. Très rapidement, l’association se développe et il apparaît que tous les enfants ne peuvent rentrer chez eux (rejet de la famille ou mauvaises conditions d’accueil). En 2003, les Unités Familiales sont créées pour prendre le relais et s’occuper de ces enfants qui sortent de la Pouponnière, mais ne peuvent pas rentrer en famille. Avec le temps la Pouponnière a acquis une certaine notoriété au vu du sérieux des professionnels. Aujourd’hui la Pouponnière compte 136 salariés et 148 enfants. Vivre Ensemble c’est aussi et avant tout un séjour de rupture, crée en 2001 pour des jeunes français en dif8-BIRAMAWA MAGAZINE ficultés. Ils restent durant 9 mois et participent à des chantiers humanitaires (reconstruction, réhabilitation dans les villages ), ils sont aussi amenés à faire un stage dans la pouponnière. L’objectif étant de les remobiliser et de les valoriser à travers l’aide apporté à la population locale défavorisée. Le projet est double et complémentaire, en effet une grande partie du financement des frais de fonctionnement de la Pouponnière provient du séjour de rupture lui même. En raison de la situation sanitaire mondiale l’équipe de direction de Vivre Ensemble a dû prendre des mesures rapidement. Début mars l’association s’est vue fermer ses portes aux visiteurs, nombreux chaque jour et en provenance d’Europe. Il a fallu ensuite faire de même pour l’accueil des bénévoles, une quarantaine par mois à nous apporter leur soutien. Enfin depuis maintenant le mois de mars le confinement des enfants et du personnel c’est organisé. Notre souhait comme toujours est de préserver nos enfants, mais aussi le personnel qui s’en occupe. Nous avons réussi à composer une équipe de volontaires pour rester confinés. Aujourd’hui 250 personnes sont au centre, dont 148 enfants. L’ensemble du personnel est mutuellement très solidaire, ils sont comme une grande famille. Et ce malgré l’inquiétude pour leur famille respective à l’extérieur. Nous nous devons maintenir les salaires. Pour les salariés sur place mais aussi tout ceux, qui de chez eux, sont au chômage technique et pour qui nous souhaiterions maintenir le salaire initial. Nous devons aussi assurer l’approvisionnement de l’association en denrées alimentaires, produits d’entretien, d’hygiène, médicaments. Cette situation engendre une augmentation considérable nos dépenses quotidiennes, pour lesquelles nous avions déjà des difficultés de prise en charge tout au long de l’année. Du fait de l’absence de visiteurs et de bénévoles, nous constatons une baisse des dons au quotidien. Nous gardons aussi en tête que les jeunes accueillis en séjour de rupture peuvent à tout moment être rapatriés en France, en fonction de l’ évolution de la situation. L’avenir de la Pouponnière en deviendrait alors très incertain. Nous sommes en permanence à la recherche de soutien pour nous aider dans la prise en charge des frais de fonctionnement et le maintien des activités de l’association. Les sources de financements : (Budget total annuel 291 332 806 FCFA) ‒ Vivre Ensemble Madesahel, séjour de rupture : 44 % du budget total de la Pouponnière. ‒ L’état Sénégalais 10 000 000 CFA ‒ L’association Louly l’Ecole au Sénégal , tous les frais liés à la scolarité des enfants : 5 262 087 FCFA (année scolaire 2018-2019) ‒ La Banque Mondiale 4 520 000 CFA en 2019 ‒ 270 parrains pour environ 51 085 900 CFA par an ‒ Le reste des financements dépendent des dons de particuliers et entreprises. Nous contacter : ‒ Accueil : + 221 33 957 31 36 ‒ E-mai : contact@lapouponnieredembour.org ‒ Responsable communication : Arnoult Mathilde ‒ Tel : + 221 77 881 83 60 Nous aider : ‒ Orange Money : + 221 77 500 19 32 ‒ Faire un don en ligne :https://www.helloasso.com/ don/associations/vivre-ensemble-la-pouponniere ‒ Notre site Voici quelques chiffres : Effectif de la Pouponnière : ‒ La Pouponnière : 91 bébés de 0 à 2 ans. ‒ Les Unités Familiales : 37 enfants de 2 à 6 ans. ‒ La Grande Enfance : 20 enfants de plus de 6 ans. ‒ Enfants accueillis en ce moment : 148 ‒ Enfants accueillis et sauvés depuis janvier 2002 : 1 260 ‒ Employés à la Pouponnière : 136 pouponnieredembour ‒ Devenir parrain ‒ Faire un don par virement bancaire : IBAN : FR76 4255 9100 0008 0040 4472 464 BIC : CCOPFRPPXXX Intitulé du compte : Vivre Ensemble, la Pouponnière internet: http://www.lapouponnieredembour.org ‒ Notre page facebook: https://www.facebook.com/ BIRAMAWA MAGAZINE - 9
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ENTRETIEN POTRAIT Huguette GOMIS Senior Consultante - Deloitte Sénégal Du haut de ses 28 ans Huguette GOMIS est Senior Consultante à Deloitte Sénégal, un cabinet de conseil international. Dans cet entretien accordé au magazine Biramawa, Huguette présente le métier de consultant qu’elle décrit comme « passionnant » et « propice à l’avancement ». Elle retrace également son parcours notamment son passage à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Pouvez-vous vous présenter ? Je suis Huguette Gomis, mariée, 28 ans, née à Dakar mais ayant passé une bonne partie de mon existence à Saint-Louis, une ville qui m’a beaucoup apporté tant d’un point de vue personnel que professionnel. Pouvez-vous revenir sur votre parcours de formation et professionnel ? Avec plaisir. J’ai obtenu mon Baccalauréat à SaintLouis, au lycée Cheikh Oumar Foutiyou Tall (ex Lycée Faidherbe) en 2010. Une fois mon Baccalauréat en poche, comme une bonne partie des jeunes, je ne savais pas vraiment vers quelle filière m’orienter et j’ai choisis le droit presque par hasard. Mais de loin, c’est l’un des meilleurs choix que j’ai eu à faire. J’ai donc eu ma maitrise en droit des affaires à l’Université Gaston Berger de Saint Louis en 2014 et mon master professionnel en ingénierie juridique et fiscale en 2016. En 2016, j’ai également intégré la vie professionnelle et découvert le métier de consultant juridique et fiscal. J’ai signé mon premier contrat en 2017 avec le Cabinet international EY (Ernst & Young). Aujourd’hui je suis à Deloitte Sénégal, également un cabinet de conseil de renommée internationale. Vous disiez, plus haut, avoir fait vos études à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Que pouvez-vous nous dire sur cette Université du Sénégal ? C’est une université prestigieuse avec d’admirables professeurs où l’excellence est le maître mot. Beaucoup personnalités de ce pays y ont été formées. A mon avis, elle n’a pas beaucoup à envier aux BIRAMAWA MAGAZINE - 11 autres universités du monde, du moins à l’époque où j’y étais. Qu’est-ce qui vous a poussé vers le consulting ? Je dirai que c’est le destin. J’ai découvert le consulting, plus particulièrement le conseil en fiscalité lors d’un stage en cabinet et cela m’a énormément plu. Ayant eu une formation tournée vers le droit des affaires, j’ai appris la technicité de la fiscalité sur le tas.
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Comment décririez-vous la profession de Consultant ? C’est un travail passionnant, propice à l’avancement et l’on apprend chaque jour. On est continuellement confronté à de nouveaux challenges, ce qui pousse au dépassement de soi. Cependant, il s’agit d’un métier très prenant la plupart du temps et demande dès fois des sacrifices pas très faciles à faire. Quelles sont vos missions ? Mes missions se résument essentiellement à apporter des conseils fiscaux et juridiques à des entreprises nationales ou internationales. Il s’agit concrètement d’analyser des projets de toute sorte et relevant de tous domaines (Commercial et industriel, Pétrolier et minier, mobilité etc.) ainsi que des transactions diverses et d’en tirer toutes les implications fiscales (et dès fois juridiques) pouvant en découler, lesquelles in fine vont constituer un coût pour ces entreprises. En outre, j’assiste les entreprises à identifier les risques fiscaux et juridiques pouvant relever de leurs activités et les aide à régulariser leur situation. J’apporte également mon assistance dans les contentieux fiscaux en accompagnant les entreprises dans la préparation et la rédaction des réponses aux notifications de redressements reçues de l’administration fiscale sénégalaise. D’après vous quelles sont les qualités indispensables, les prérequis pour exceller dans cette profession ? Efficience (être bon techniquement parlant et rapidité dans le travail), esprit critique, très bonne maîtrise de la fiscalité sénégalaise et internationale et du droit des affaires en général et enfin beaucoup de minutie. Qui dit consulting dit mobilité, j’imagine que vous êtes appelés à voyager ou à travailler pour différents clients. Comment gérez-vous cette mobilité ? Disons plutôt que je travaille pour plusieurs clients. Ce sont en général les auditeurs qui voyagent beaucoup. 12-BIRAMAWA MAGAZINE C’est justement le fait de travailler pour plusieurs clients qui en fait une profession passionnante où l’on apprend quotidiennement. Mais bien sûr, cela n’est pas évident notamment lorsque les deadlines se chevauchent. C’est là tout le challenge. Cette mobilité vous fait-elle douter ? Non, je ne dirai pas qu’elle me fait douter. En effet, cette polyvalence te forge mais peut devenir à la longue très exténuante. En résumé, je dirai que le cabinet est un excellent tremplin. Qu’en est-il de votre vie personnelle ? Votre métier n’impacte-t-il pas sur votre vie privée ? Forcément, mon métier est parfois très prenant. Exceller en cabinet demande des sacrifices et cela pourrait être difficile pour une femme et une mère de famille. Mais je pense que tout est possible si la passion et la volonté sont toujours d’actualité. Quelles sont vos hobbies ? J’adore regarder de bonnes séries, c’est l’un de mes passe-temps favoris. J’adore le sport que je trouve libérateur. J’aime la course à pied et la natation. Vous avez vécu à Saint-Louis pendant plusieurs années. Qu'est-ce que cette ville du Sénégal vous inspire ? Saint-Louis est une ville magnifique à certains endroits où il fait bon vivre. D’ailleurs, la vie y est beaucoup moins chère qu’à Dakar. Cependant, il serait bien que son immense potentiel soit exploité à sa juste valeur. Pour changer de registre le Sénégal fait face à une crise sanitaire (COVID 19). Quelle lecture faites-vous de la situation ? La crise sanitaire actuelle engendre beaucoup de conséquences économiques et sociales désastreuses qui vont forcément nous impacter à long terme. La situation actuelle n’est pas très stable et tout le monde devrait prendre les précautions sanitaires recommandées aux fins d’endiguer la propagation du virus. Au-delà de votre vie professionnelle, quelles sont les causes qui vous tiennent à cœur ? L’environnement. C’est un sujet qui me tient énormément à cœur et je déplore la pollution continuelle à laquelle Dakar est exposée. La nature est tellement belle et il est triste de constater que nos villes en sont de plus en plus dépouillées. Il est désolant de voir que l’environnement ne constitue pas une priorité pour notre gouvernement et pour bon nombre de sénégalais. Beaucoup de femmes sénégalaises emprunte la voie de l’entrepreneuriat. Quel message souhaitez-vous adresser aux femmes sénégalaises ? Je suis admirative devant toutes ces femmes sénégalaises qui ont leur propre business. Cela demande du courage et de la ténacité. Un message, se donner les moyens de ses ambitions et lutter pour réussir et être indépendante. Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin ? C’est moi qui vous remercie pour cette interview et vous souhaite une très bonne continuation. BIRAMAWA MAGAZINE - 13
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AVIS D’EXPERT Dr Jean Alain GOUDIABY Sociologue de l'éducation et de la formation Enseignant-Chercheur à l'Université Assane SECK de Ziguinchor Dr Jean Alain GOUDIABY est sociologue de l'éducation et de la formation, Enseignant-Chercheur à l'Université Assane SECK de Ziguinchor. Entre Octobre 2014 et Avril 2020 il fut Directeur de la pédagogie et des réformes Universitaires de l'Université Assane SECK. Il est l’auteur de l’ouvrage « L’université et la recherche au Sénégal. À la croisée des chemins entre héritages, marché et réforme LMD », aux éditions Academia-L‘Harmattan en 2014. Docteur GOUDIABY, de bon cœur, a répondu à nos questions portant sur l’enseignement supérieur sénégalais. Ont été abordés notamment le Système LMD, la professionnalisation des formations, la fuite des cerveaux… 14-BIRAMAWA MAGAZINE Pouvez-vous svp vous présenter et revenir sur les grandes lignes de votre parcours ? Je suis Jean Alain GOUDIABY, Enseignant-chercheur à l’Université Assane Seck de Ziguinchor. Sociologue de l’éducation et de la formation, mes travaux portent essentiellement sur les politiques universitaires au Sénégal. Je travaille également sur la gouvernance et la pédagogie universitaire, les mobilités académiques, les dynamiques de production de la recherche et sur les processus de réformes académiques. J’ai soutenu une thèse sur l’enseignement supérieur au Sénégal, thèse publiée sous le titre « L’université et la recherche au Sénégal. À la croisée des chemins entre héritages, marché et réforme LMD », aux éditions Academia-L'Harmattan en 2014. Je suis membre de plusieurs réseaux de recherche sur l’éducation : Réseau d'Étude sur l'Enseignement Supérieur (RESUP), l’Association pour la Recherche sur l’Éducation et les Savoirs (ARES), entre autres. Je suis aussi l’éditeur francophone de la Revue sur l’Enseignement Supérieur en Afrique du CODESRIA et j’ai été le Directeur de la Pédagogie et des Réformes Universitaires de l’Université Assane SECK de Ziguinchor. 9 ans après quel regard portez-vous sur le système LMD au Sénégal ? L’enseignement supérieur s’en porte-t-il mieux ? Sur certains aspects nous étions allés assez vite, parfois trop vite, sans pour autant prendre en compte tous les aspects et composantes qu’exige cette réforme (voir GOUDIABY, J.A., 2009, « Le Sénégal dans son appropriation de la réforme LMD : déclinaison locale d’une réforme « globale » in JHEA, vol.7, n°1&2, pp. 79-94). L’adoption du LMD était certes une occasion de revisiter notre système d’enseignement supérieur, toutefois sa mise en œuvre a rencontré de sérieuses difficultés. Plusieurs protagonistes sur lesquels reposait la réforme, n’avaient pas compris les principes ou saisis l’ensemble des enjeux. Par exemple, on s’est beaucoup focalisé sur la comparabilité des diplômes (basée sur l’harmonisation, voire l’uniformisation universelle des normes de transmission, d’évaluation des connaissances et de validation des acquis) ou encore sur la mobilité des étudiants. Mais combien sont-ils à pouvoir réellement être mobiles, comparativement à la masse La flexibilité et l’individualisation des parcours de formation ne sont toujours pas mises en œuvre ainsi que la mobilité entre nos universités. A ce niveau, il reste encore du travail à faire d’autant plus que nous assistons actuellement à une massification non contrôlée des universités publiques. En effet, la décision d’orienter tous les bacheliers dans les universités publiques à la rentrée dernière n’est pas de nature à arranger la situation. Le manque de vision et de prospective des autorités ministérielles actuelles vient annihiler la BIRAMAWA MAGAZINE - 15 des étudiants qui devra étudier, travailler et vivre au Sénégal ? Comme dirait l’autre, il y a la loi et l’esprit de la loi. Nous n’avons pas complètement mis en place l’esprit du LMD. Ce que la réforme LMD aurait dû produire c’est entre autres : la revitalisation de l’enseignement supérieur en vue de produire des diplômés qualifiés et opérationnels tout en offrant une formation de qualité. A ce sujet, on ne peut que se réjouir de la naissance de l’Autorité Nationale de l’Assurance qualité (ANAQ Sup), même si on peut se demander si elle respecte et fait respecter la qualité dans ces différentes composantes.
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dynamique mise en place depuis la Concertation Nationale sur l’Avenir de l’Enseignement Supérieur (CNAES) en 2013. Quelles sont d’après vous les acquis de l’enseignement supérieur sénégalais ? On peut véritablement noter un effort dans la construction d’un système national d’enseignement supérieur et de recherche à partir des 78 recommandations issues de la CNAES et des 11 directives présidentielles qui s’en sont suivies. Des actions ont été mises en place et des financements pour les concrétiser. Une vision était là. Par conséquent, on pouvait dire que le Sénégal avait une politique universitaire et de recherche. Je ne suis pas certain que l’on puisse toujours le dire, à tout point de vue. Un autre acquis et non des moindres, c’est le renforcement de la carte universitaire et une diversification de l’offre de formation. Le secteur privé de l’enseignement supérieur est assez dynamique. Il y a des formations qui se portent à merveille et où les étudiants ont de très bon taux de promotion et d’insertion professionnelle. Selon vous quels sont les axes d’amélioration ? A mon avis, le premier axe à améliorer est la gouvernance, si l’on considère qu’elle est le « droit de regard et d’action sur les projets et les systèmes qui le portent, par ceux qui en sont à l’origine, qui les ont missionnés ou encouragés et qui agissent en conséquence, qui en attendent des résultats, qui veulent contribuer à leur régulation et à leur évaluation » (Bouvier, 2012, p.160). La gouvernance porte alors sur la manière dont nos universités définissent leurs objectifs, les mettent en œuvre, mais aussi la manière de gérer les institutions et d’effectuer le suivi des résultats. Il y a dans nos universités, parfois de l’inaction, quand il faut prévoir et conduire des projets en respectant les procédures de réédition des comptes et de participation collective. Et si nous arrêtions de politiser l’université et les différentes fonctions qui l’encadrent. Ce sera déjà un grand début. Le second axe est la qualité de la formation qui s’accompagne inéluctablement de l’amélioration des conditions de formation-apprentissage et des conditions de travail des personnels (enseignants 16-BIRAMAWA MAGAZINE comme administratifs, techniques et de services). Cela doit être un plaisir de travailler et d’étudier dans nos universités. Le troisième axe d’amélioration est l’employabilité des étudiants. Cela commence sans doute par le renforcement de la présence, à l’université, des professionnels du monde du travail (tout secteur confondu). Cette présence se fera depuis la conception des formations, dans la conduite des formations (avec une préparation et un accompagnement, car on ne s’improvise pas pédagogue) et dans l’accompagnement vers le monde du travail. On doit aussi doter les apprenants de compétences et d’aptitudes qui leur permettent de pouvoir se lancer et mieux s’orienter dans la création d’emploi. La professionnalisation est un enjeu de taille qu’il faut aborder avec précaution. En parlant de professionnalisation, vous disiez dans un article publié dans le point Afrique que « Pour la Concertation nationale pour l'avenir de l'enseignement supérieur, il convient d'approfondir la « professionnalisation » des formations. » Pourtant un des avantages du LMD devrait être l’accent mis sur la professionnalisation des formations. Vous avez raison. Un des points d’attention de la mise en application de la réforme LMD est la professionnalisation des parcours de formation. Mais cela n’est pas complètement fait et suppose que ceux qui ont en charge la mise en place des formations (et leur conduite), ainsi que ceux qui bénéficient de cette formation (les étudiants en particulier) comprennent les actions à mettre en place et les relations à construire entre les composantes de la professionnalisation : les formateurs, les apprenants, les employeurs et les compétences elles-mêmes (savoirs, savoir-faire, savoir être, savoir-faire faire, savoir devenir). Professionnalisation des formations rime avec immersion en Entreprise. N’est-ce pas que les entreprises et l’Etat ont également un grand rôle à jouer ? Trouver un stage ou un emploi relève du parcours du combattant. Travailler le lien entre l’université et les entreprises n’est pas une action évidente à réaliser. Il faut d’abord construire ou rétablir la confiance dans ce que chaque secteur peut apporter à l’autre. Ensuite, il faut, comme nous l’avons déjà dit, travailler l’implication des entreprises dans tout le processus de formation (conception des curricula, déroulement des enseignements, évaluation, certification). C’est autour de ce dernier aspect qu’il faut mettre les stages. Si effectivement, les entreprises sénégalaises se sentent concernées par ce qui se fait dans nos universités, elles peuvent plus facilement comprendre la nécessité de prendre les étudiants en stages. Ce faisant, elles peuvent, non seulement participer à les « modeler » à la réalité du monde du travail, mais également contribuer à les doter de compétences spécifiques. De plus, l’étudiant stagiaire peut faire advenir un regard nouveau posé sur l’univers de travail. Son regard de débutant pousse le travailleur (ou l’entreprise) à verbaliser les différentes aptitudes du poste de travail ; ce faisant, à réfléchir sur ses pratiques. Prendre un étudiant en position de stage devrait être une évidence pour les entreprises. Si elles ne le font pas, qu’elle ne s’étonne pas non plus que l’étudiant diplômé ne soit pas suffisamment qualifié sur certains postes de travail. L’université ne peut pas tout faire. Elle n’a d’ailleurs pas vocation à tout faire. Il faut donc que l’Université arrive à expliquer cela aux entreprises et qu’elle accepte de leur faire une place. Il faut que les entreprises prennent valablement cette place dans une dynamique partenariale. L’État doit veiller à ce que tout cela soit possible. Que pensez-vous de ces deux assertions qui se rejoignent ? Soukeyna SAGNA, Responsable du recrutement et de la formation au Terrou-Bi Resort : « Il est avéré qu’au Sénégal il y a un réel besoin de former les jeunes qui sont sortis très tôt du système scolaire ou qui ne s’y sentent pas à l’aise. Il y a beaucoup de métiers pour lesquels nous pouvons mettre en place un système de formation professionnelle en alternance parce qu’étant des métiers manuels. » Elzo Jamdong, Auteur – Compositeur – Interprète : « Je trouve que l’enseignement classique est trop généraliste et on ne se préoccupe pas assez des envies des enfants, c’est pour cela que beaucoup d’élèves ne sont pas à l’aise avec certaines matières car ils ne voient pas l’utilité de ces dernières dans la vie de tous les jours. » Je vois dans ces affirmations plusieurs choses. D’abord, la nécessité de former à des métiers manuels et pratiques. Il est vrai que nos universités n’ont pas suffisamment pris en charge ces besoins spécifiques. Pour cela, le point de départ est de faire un travail allant dans le sens de valoriser les parcours courts et professionnalisants. Ensuite, la formation professionnelle ne s’improvise pas. Elle a un coût économique et cognitif. On ne peut pas y envoyer des jeunes sans préparation et accompagnement. La formation en alternance est une des solutions, mais faudrait-il encore que cela soit pensé de la conception de la formation à la certification. C’est l’idée même qui a poussé la mise en place des Instituts Supérieurs d’Enseignement Professionnel (ISEP). La création des ISEP vise à relever principalement le défi de la pertinence de l’offre de formation, dans cet espace en mutation de l’enseignement supérieur africain, à travers la formation des techniciens supérieurs de niveau Bac + 2. La diversification de l’offre d’enseignement vient ainsi renforcer le maillage territorial et apporter une réponse spécifique aux transformations structurantes des formations du supérieur. Le modèle actuel des ISEP ne s’inscrit pas dans le mythe du rêve adéquationniste entre formation-emploi, mais davantage dans un processus d’adaptation continue aux besoins identifiés des territoires d’implantation. En fin, la centralité de l’étudiant doit être plus qu’un principe mais une réalité. Cela suppose que ceux BIRAMAWA MAGAZINE - 17
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Les démarches ne doivent pas être parachutées. Ce qui est une solution ailleurs peut ne pas l’être ici. Il faut étudier et prendre en compte les contextes. Intégrer le numérique dans les politiques de formation devrait même être plus qu’une option, mais encore une fois, cela doit être étudié et conduit. Cela se prépare, se réfléchit, s’accompagne. Le numérique représente un potentiel énorme, mais ne pourra pas cacher nos insuffisances dans la gouvernance, la qualité etc. Le numérique ne pourra pas, à lui seul, venir à bout de cette fermeture de nos universités liée à cette pandémie. Pour changer de registre le Sénégal fait face « à la fuite des cerveaux ». Les élèves, étudiants, de même que les professionnels ne sont pas en reste. Qu’est ce que cela vous inspire ? qui doivent conduire les destinées de nos universités en aient une bonne compréhension et qu’ils mettent en place des dispositifs qui favorisent cela. Après, tous nos diplômés du baccalauréat (puisque c’est le diplôme admis pour accéder à l’université) n’ont pas tous les acquis ni les aptitudes d’aller et de réussir à l’université. L’université a ses exigences et ses prérequis. Mais ce qu’il faut dire, et c’est là où nous avons de gros efforts à faire, c’est que tout le monde doit pouvoir trouver sa route, à condition qu’il le cherche et qu’on l’aide à le trouver. En parlant toujours de réforme du système est-ce que cette crise sanitaire n’a pas mis en exergue une autre grande nécessité : Celle d’intégrer davantage le numérique dans le système éducatif ? Cette crise met d’abord en exergue la grande inégalité entre les structures et entre les étudiants. Toutes nos universités ne sont pas suffisamment préparées et outillées pour dispenser leurs enseignements par le numérique. Il manque tellement de choses ! De la même manière, les étudiants ne sont pas tous équipés pour suivre les formations. Peut-on simplement considérer que la seule disponibilité d’un cours en ligne suffit pour le rendre disponible auprès des étudiants ? Pour ma part, la réponse est non. 18-BIRAMAWA MAGAZINE Peut-on être un universitaire accompli sans être mobile ou l’avoir été ? Les mobilités scientifiques ou académiques ont toujours été des phénomènes inclus dans les processus de formation des élites et, par conséquent, ceux des universitaires. Toutefois, elles se sont plus ou moins accrues selon les périodes et selon les directions. La mobilité est une très bonne chose pour nos universités. On peut s’interroger toutefois sur la capacité de nos universités et de nos sociétés à se construire des destins exemplaires si personne de suffisamment capable n’est là pour le faire. Heureusement ce n’est pas le cas. Les gens qui restent ou qui reviennent sont capables, si les conditions sont réunies. Il est vrai qu’il y a plusieurs de nos compatriotes qui sont actuellement installés dans d’autres pays et dont la qualité de l’expertise n’est point à remettre en cause. Il ne faut pas s’alarmer, outre mesure, du fait qu’ils ne sont pas présents sur le territoire national. Il faut, à mon sens, dépasser le concept de « fuite des cerveaux » et se dire que ceux qui ne sont pas là, peuvent être utiles au Sénégal là où ils sont. Ce que nous devons faire, ce n’est pas de « mettre la main à la charrue et de regarder derrière » mais travailler à ce que « partir » ne soit plus la solution, mais une option facultative. D’après-vous le Sénégal doit-il faire face à cette situation ? Si oui comment ? Il nous faut promouvoir, comme le disait le Pr Mary Teuw NIANE, le label « étudier au Sénégal » en travaillant le cadre de nos universités et en améliorant les conditions de travail des étudiants. Nous devons avoir des universités dignes de ce nom pour donner envie à tout étudiant de venir chez nous. Nous devons permettre à nos jeunes de rêver et de vivre leurs rêves. Nous devons aussi promouvoir le label « enseigner au Sénégal ». Il faut que les enseignants-chercheurs trouvent toujours de bonnes raisons pour rester et continuer à construire une université œuvrant pour une société plus juste et plus égalitaire. Rien n’est pire que le découragement, car il conduit à l’indifférence et à l’acceptation d’une certaine fatalité. Nous devons pouvoir continuer à nous indigner pour conduire les changements dont notre pays a besoin. Rester, partir ou revenir sont tous des paris risqués. Mais chacun d’entre nous doit pouvoir participer au développement de notre pays : que ce soit les diplômés formés au Sénégal ou ceux formés dans un autre pays. Les uns ne sont pas plus légitimes que les autres. Il nous faut choisir les meilleurs, les plus compétents dans les différents domaines et corps de métiers. L’amateurisme doit maintenant s’arrêter, et cela, à tous les niveaux du système de production et de gestion. Le seul fait d’être formé à l’étranger ne suffit pas. Il faut que le projet de retour soit muri et intégré dans une démarche globale de vie personnelle et professionnelle. Aucune place n’attend qui que ce soit. Toutes les places sont à prendre. Force est de constater que les jeunes empruntent le chemin de l’entrepreneuriat ? Qu’en pensez-vous ? C’est une très bonne chose. Les jeunes doivent pouvoir prendre leur destin en main. Attendre tout, des autres, est une erreur. Il faut s’inventer des possibilités. Il ne faut pas avoir peur de se tromper. Il faut se lancer. C’est cela aussi être jeune. Et pour l’Université, l’objectif doit être de former et de préparer les étudiants à l’entrepreneuriat ou à la création d’entreprise. Quel est votre message à l’endroit de ces jeunes ? Il est tout simple : les jeunes savent, pour la plupart d’entre eux, ce qu’ils ne veulent pas faire ou être. Il leur faut alors croire en eux-mêmes, se former pour être compétent et travailler à faire advenir leur projet. Il faut oser et vivre sainement sa passion. « Niéméko » et tout devient possible. Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin ? L’éducation et la formation sont trop importantes pour que l’on s’amuse avec. Il est sans doute venu le temps de nous construire un avenir autre et meilleur et cela passera inéluctablement par nos universités dans leur capacité de formation et de recherche. Nos universités ont du talent. Que notre or paraisse au grand jour ! Que diriez-vous aux sénégalais de la diaspora qui sont animés par le désir de rentrer au bercail ? D’aucuns considèrent que c’est un pari risqué. Partagez-vous ce point de vue ? BIRAMAWA MAGAZINE - 19
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LE COIN D’AUTRUI Bonzzzouuurrr Warahamatullah, chers lecteurs, lectrices du Quinzomadaire Biramawa 20-BIRAMAWA MAGAZINE Quand je débarque à la rédaction de PressAfrik en fin 2017, c’est juste pour trouver un job. J’étais au chômage et j’avais vraiment besoin d’un travail rémunéré. Toutes les portes de rédactions auxquelles j’avais frappé refusaient de s’ouvrir. Dans ces moments de galère, une seule personne a cru bon de me soumettre au test. Mais cet épisode de ma carrière professionnelle, nous allons la remettre à prochainement, dans les chroniques à venir. Ce soir (l’horloge de l’ordinateur affiche 18 heures 32 minutes, ce jeudi 27 août), j’ai envie de partager avec vous autre chose. D’autres pensées qui me surviennent et que souvent aucune humeur ne conditionne. Juste une inspiration incontrôlée. La parabole de la hyène « On a tous blâmé la Hyène. On l’a tous jugée et condamnée. Sur quoi nous nous sommes fondés pour dire ou penser qu’elle est la plus immonde et la plus mauvaise parmi les animaux sauvages ? Y a-t-il un « code d’honneur » qui régit la survie dans la jungle et que notre « mystérieux ennemi » transgresse pour le simple plaisir ? Quand le Lion ou le Tigre tue une malchanceuse antilope, c’est pour obéir à la loi de la survie. Mais quand c’est la Hyène qui chasse, piège et achève sa proie, c’est ignoble et dégoûtant. Et malheureusement, c’est de la même façon que nous traitons nos semblables. Avec des préjugés infondés et souvent basés sur une méprise de la condition sociale de la personne jugée » Pas de vérité universelle « La vie est faite de contradictions, de concessions, de faits insensés, de compromis... Les générations et les époques se succèdent, chacune avec ses réalités, ses vérités. En parcourant Socrate, Aristote, Hegel, Victor Hugo, Cheikh Anta Diop, Niang Xaragne Lô… on se rend à l’évidence. Il n’y a pas de vérité universelle estampillée ‘applicable à tous’. Tout est une question de temps, de contingence dans la vie. Vivez-la et passez. L’échec serait de la regretter » Peur parentale « Devenir père, quelle magnifique sensation quand tu entends pour la première fois les pleurs de ton enfant. Mais quel fardeau pesant, quelle peur perpétuelle de devoir survivre à cet être d’une quelconque manière et de revivre en réalité le terrible chagrin de Hugo qui engendra l’aube du fameux lendemain À Villequier. Être parent, qu’on le veuille ou non, fait de nous des êtres faibles » Folles pensées « Vous arrive-t-il de penser à votre propre mort, à l’ambiance qui va régner à vos obsèques et funérailles ? Aux personnes que vous allez manquer, à celles qui ne vous regretteront pas et à celles qui feront semblant de vous pleurer ? Quand d’autres pensent à la tombe, ses ténèbres, son étroitesse, ses épreuves, moi je pense plutôt à ce que sera la vie après moi. Je ne suis pas un homme normal » Pour le Meilleur et pour le Pire… « Ma fille, à partir d'aujourd'hui, tu vas ouvrir une nouvelle porte qui te mènera vers une autre vie. Cette porte, je l'ai moi-même ouverte il y a de cela 23 ans en compagnie de ton père. Elle m'a menée à toi, à ton frère et à ta petite sœur. Je paierais tout l'or du monde pour avoir à revivre, ne serait-ce qu'une autre fois dans une autre vie, le bonheur de vous avoir à mes côtés. Aujourd'hui, je vais te donner mon secret. J'ai toujours aimé ton père et plus le temps passe, plus mon amour pour lui croît. Je l'aime quand il va bien, je l'aime encore quand il va moins bien, quand il est en colère, et je l'aime toujours, même quand il se montre insupportable. Je passe tout mon temps à chercher le moindre détail qui ferait son bonheur. Lui dire non est au-dessus de mes forces. J'ai sacrifié mon bonheur pour le sien et Dieu a fait de sa joie la mienne. Ma fille, le mariage n'est pas un long fleuve rose et tranquille. Tu seras éprouvée, parfois durement au point que tu voudras tout abandonner. Mais n'oublie jamais que c'est pour le meilleur et pour le pire... » BIRAMAWA MAGAZINE - 21
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Plaisirs interdits « Ce moment où tu as souhaité que le TEMPS s’arrête, que tout continue sa marche vers l’inconnu, en dehors de ce point précis de l’Univers où tu te trouvais, confiné avec elle. Tu savais que c’était inéluctable, l’arrivée de cet ennemi incontournable, qui allait tout interrompre et peut-être même à jamais. À l’abri de tous les regards et jugements, le plaisir que te procurait cette chair interdite et illicite allait être dévoré par le TEMPS. Tu n’as plus rien de ces moments, si ce ne sont que d’impalpables souvenirs qui te font plus mal qu’autre chose. » 2020, cet an foiré et sa haine pour nos sages « La mort n’a jamais été aussi présente dans nos vies. Elle se pointe quasiment toutes les minutes de la journée pour nous arracher des proches des mains de ceux qui se battent sans répit pour nous sauver de ce chaos apocalyptique. Nos parents et grands-parents basculent par milliers dans l’éternité. On ne s’en rend même pas compte, mais la Sagesse de ceux qui ont vécu est en train de quitter ce monde. Après cette pandémie, qui sera là pour conter à cette génération d’aveugles et de sourds prétentieux que le Social ne naît pas d’un Réseau et que les valeurs essentielles à l’humanité ne se trouvent pas sur Internet ? Je ne sais pas si c’est un choix du destin. Mais un monde sans les personnes âgées sera un monde ténébreux. Préservons nos anciens de la Covid-19. Ne les laissons pas s’en aller. Parce que nous avons grand besoin d’eux. » Chagrin d’amour « Le CHAGRIN est un sentiment très difficile à gérer parce qu’il ne doit pas évoluer dans le cœur de l’homme. Quand il atteint un certain niveau, il se transforme en HAINE et commence à dévorer notre humanité. Si vous savez « TOURNER LA PAGE », rendez grâce à Dieu. C’est l’une des choses les plus difficiles à réaliser dans cette vie. Surtout pour les personnes, comme moi, qui s’attachent trop vite. » Allez, on s’en arrête-là pour ce numéro. On se donne rendez-vous en mi-septembre pour notre première chronique actualité. D’ici-là, respectez les mesures et consignes édictées par les autorités sanitaires, protégez-vous et surtout protégez les personnes âgées et immunodéficientes autour de vous ! Ayoba FAYE Rédacteur en chef de Pressafrik 22-BIRAMAWA MAGAZINE
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ENTRETIEN EXCLUSIF Maram KAIRE Ingénieur Systèmes et Astronome Chevalier de l’Ordre National du Lion du Sénégal Pour ce numéro 6 de votre magazine, nous sommes allés à la rencontre de Maram KAIRE. Maram est Ingénieur Systèmes et Astronome, Chevalier de l’Ordre National du Lion du Sénégal. Il a été nommé récemment coordonnateur national de l’éducation en astronomie pour le Sénégal par le Bureau Astronomie pour l’Education de l’Union Astronomique Internationale. Maram se considère très attaché à son pays, le Sénégal. Dans cette interview, il retrace son parcours, présente le métier d’astronome et adresse des conseils aux jeunes sénégalais. « Je demeure également convaincu que nous avons tous, chacun à son niveau et dans la mesure du possible, une contribution à faire pour l’avenir du Sénégal. » Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs svp ? Je m’appelle Maram KAIRE, ingénieur Systèmes et astronome, Chevalier de l’Ordre National du Lion du Sénégal et très attaché à mon pays. Je voue un amour inconditionnel à mon pays. Le fait d’avoir grandi auprès d’un père administrateur civil, et donc d’avoir eu la chance de parcourir le pays aux aléas de ses affectations, m’a inculqué un fort esprit républicain et patriotique. Je demeure également convaincu que nous avons tous, chacun à son niveau et dans la mesure du possible, une contribution à faire pour l’avenir du Sénégal. Et la foi nous permet, dans les meilleurs moments comme dans les plus difficiles, de toujours y croire. J’ai été très jeune, à l’âge de 12 ans, tourné vers l’astronomie et aujourd’hui, au-delà du professionnel, je consacre l’essentiel de mon temps libre à promouvoir les sciences auprès des jeunes générations. Quelles sont les grandes lignes de votre parcours ? J’ai fait mes études primaires et secondaires au Sénégal. Comme déjà dit, les affectations dans l’administration territoriale nous ont obligés à fréquenter plusieurs écoles entre Fissel, Notto, Nguekokh, Dakar, Mbour et St-louis. En soit, il s’agit d’une chance considérable qui permet de rencontrer beaucoup de personnes et découvrir cultures. plusieurs Après une première année à l’Ecole Supérieure Polytechnique de Dakar, j’ai intégré une Grande École d’ingénieurs en France, l’Ecole Supérieure de Génie Informatique de Paris où j’ai obtenu le diplôme d’Expert en Ingénierie Systèmes & Réseaux. Par la suite, je fus recruté chez LECTRA, leader mondial des solutions technologiques intégrées pour les entreprises utilisatrices de cuir ou textile (création, développement produit, découpe) dans les secteurs de l’aéronautique, l’automobile ou l’habillement. Après près de 9 ans en France, je suis revenu au Sénégal pour essayer de contribuer au développement de mon pays. D’abord comme Directeur technique et commercial de DGNET, Directeur Artistique du groupe AFRICABLE basé au Mali, puis entrepreneur avec la mise sur pieds de mes propres entreprises dans le développement Web et dans la Communication. En 2015, j’ai été nommé Conseiller Technique au Cabinet du Professeur Mary Teuw NIANE, Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, et chargé de la Promotion de la culture scientifique, point focal sur les questions liées aux sciences spatiales. C’est dans ce cadre que j’ai assuré, en 2018, la Coordination technique d’une importante mission de la NASA au Sénégal. Aujourd’hui, j’interviens dans le secteur spatial à travers ma société AFRICASPACE, spécialisée dans les microsatellites et l’accompagnement stratégique des états africains dans leur politique spatiale. En février 2020, j’ai reçu le grade de Chevalier de l’Ordre National du Lion du Sénégal. BIRAMAWA MAGAZINE - 25
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Vous êtes actuellement Président de l'Association Sénégalaise pour la Promotion de l'Astronomie. Que pouvez-vous nous dire sur cette association ? C’est en 2006, suite à l’observation d’une éclipse avec un large public à Dakar, que nous avons décidé, avec des amis et collègues qui sont dans le secteur éducatif, de mettre en place l’ASPA. L’objectif principal était de promouvoir l’astronomie à travers le Sénégal et inciter les jeunes à s’intéresser aux sciences. Nousnous sommes rendu compte que les élèves montraient un fort engouement pour les séances d’observation du ciel au télescope, les conférences et expositions en astronomie. Il était donc judicieux d’en profiter pour les inciter à fréquenter les filières scientifiques et à y rester. Aujourd’hui, l’ASPA a aidé à la mise en place de 13 clubs d’astronomie à travers des écoles et organise régulièrement des activités de formation et d’observation pour familiariser le public à l’astronomie. Elle compte près de 200 membres et un millier de sympathisants. Un des évènements majeurs reste le Festival « St-Louis sous les étoiles » qui rassemblaient les passionnés du ciel à travers plusieurs activités entre l’Université Gaston Berger, l’Institut Français, les lycées et le Prytanée Militaire de Saint-Louis. Depuis sa première édition en 2008, nous avons eu à former une centaine d’étudiants dans le cadre de ce festival. En 2015, nous avons organisé le SPACEBUS (ou Bus de l’Espace) qui reste, à ce jour, la plus grande campagne de promotion de l’as26-BIRAMAWA MAGAZINE tronomie en Afrique. Cette caravane a fait le tour du Sénégal en 30 jours, équipée de nombreux télescopes et instruments d’observation, avec près de 45 animateurs pour des activités en physique, mathématique et astronomie. Ce concept inédit, créé au Sénégal, est de nos jours repris au Maroc et en France. L’ASPA est également sollicité sur la question du croissant lunaire à l’approche des fêtes religieuses pour apporter des informations scientifiques sur la compréhension du cycle de la Lune. nomination (nomenclature) des corps célestes (étoiles, planètes, astéroïdes, etc.) et des caractéristiques de surface de ces derniers. L'UAI est membre du Conseil international des sciences et son objectif principal est de promouvoir et de préserver la science astronomique dans tous ses aspects à travers la coopération internationale. Pour ce faire, l’UAI met en place un certain nombre de bureaux spécialisés qui gèrent, chacun, un domaine d’intervention bien précis. C’est dans ce cadre qu’ils ont créé tout récemment le Bureau Astronomie pour l'éducation (OAE) qui est un projet conjoint de l’UAI et de l'Institut Max Planck d'astronomie, hébergé en Allemagne. La mission de l'OAE est de soutenir les astronomes professionnels et les éducateurs en astronomie du monde entier dans leur utilisation de l'astronomie pour l'enseignement et l'éducation des STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) Vous avez été nommé récemment Coordonnateur nationale de l’éducation en astronomie pour le Sénégal par le Bureau Astronomie pour l’Education de l’Union Astronomique Internationale. Nos Félicitations ! Quelles sont vos missions ? Nous devons rappeler que l’Union Astronomique Internationale est l’organisme qui coordonne les travaux des astronomes professionnels à travers le monde. Elle agit comme l'autorité reconnue internationalement pour la dédu primaire au secondaire. Ceci, à travers la mise en place d’un réseau d’équipes nationales de coordonnateurs de l’éducation en astronomie de l’UAI (équipes NAEC). Le NAEC est l’interface entre l’UAI-OAE et la communauté éducative dans son pays, ici le Sénégal. La mission principale étant de créer une communauté d'astronomes, de chercheurs en pédagogie de l'astronomie et de praticiens de l'éducation engagés dans la professionnalisation de l'enseignement de l'astronomie et dans le partage des ressources et des bonnes pratiques. Vous devez notamment promouvoir l’enseignement de l’astronomie au Sénégal ? Cela veut-t'il dire qu’il reste au Sénégal beaucoup de chemin à faire ? Il faut reconnaître qu’il reste effectivement beaucoup à faire. Au niveau de la promotion et de la vulgarisation, l’ASPA a fait un travail considérable pour rendre visible cette science qui passionne les populations. Mais sur le plan des infrastructures et de l’intégration dans le système d’enseignement, nous avons encore des efforts à faire. L’astronomie est un excellent levier pour orienter les jeunes vers les sciences afin de combler le gap constaté dans les séries scientifiques, raison pour laquelle nous devons l’intégrer davantage dans nos programmes d’enseignement et créer le cadre adéquat pour qu’à l’issue de la formation, les futurs astronomes puissent travailler dans leur pays. Ceci passe par la construction d’observatoires de recherche bien équipés . Quelles sont les actions entreprises jusque-là par le Sénégal ? Un important projet a été initié avec le Ministre Mary Teuw Niane à la Cité du Savoir, en construction à Diamniadio. Il s’agit de la construction d’un planétarium d’une capacité de 50 places pour faire découvrir l’univers aux visiteurs mais surtout la construction d’un observatoire pour démarrer une filière en astronomie et astrophysique dans nos universités. C’était un très bon début et j’ai eu à piloter ce projet qui revêt une grande importance. Nous avions également signé, le 14 Janvier 2019, deux importants accords avec, en premier, le CNES (Centre National d’Etudes Spatiales, France) et, en second, ARIANEGROUP. Ces accords visaient la formation dans le domaine des sciences spatiales et la mise en place d’un centre d’assemblage de microsatellites. Il s’agit de deux projets qui me tiennent particulièrement à cœur pour les avoir conduit jusqu’à la signature. Leur mise en œuvre permettrait de donner une bonne impulsion au développement de ces sciences dans notre pays et ferait du Sénégal un leader sous régional dans le secteur. Quelles sont les perspectives ? Premièrement, nous devons créer le cadre de développement adéquat. Il s’agit de la construction d’un ou de plusieurs observatoires et ouvrir une spécialisation en astronomie et astrophysique dans nos universités. C’est la base, à mon avis, pour démarrer les formations et la recherche dans ce domaine. Ensuite, parallèlement, le Sénégal doit sérieusement envisager la définition d’une politique et BIRAMAWA MAGAZINE - 27
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stratégie spatiale, de même que la mise en place d’une agence spatiale. Et ce n’est pas prématuré, loin de là. La majeure partie des 17 Objectifs de développement durable (ODD) font appel directement ou indirectement au secteur spatial. Et le constat est que l’activité spatiale est entrain de décoller en Afrique avec une quarantaine de satellites lancés ces 20 dernières années. Au-delà des géants comme l’Afrique du Sud, le Nigéria, l’Algérie, de nouveaux pays font leur entrée remarquée dans le groupe des nations spatiales africaines : le Ghana, le Kenya, l’Ethiopie, le Rwanda… Nous ne devons pas être en reste et la mise en place d’une agence spatiale permettra au Sénégal d’assurer un leadership en Afrique de l’Ouest francophone. Pour les élèves et étudiants qui nous lisent comment décririez-vous le métier d’astronome ? Il faut d’abord préciser que le monde des astronomes se divise en deux parties bien complémentaires. Il y a les astronomes professionnels qui en ont fait un métier à temps plein et dont le travail consiste à la recherche et à l’enseignement. Et il y a les astronomes amateurs, plus nombreux, qui ont choisi de faire un autre métier à côté de l’astronomie. Ces derniers disposent souvent de leur propre observatoire et sont parfois aussi bien, sinon mieux, équipés que certains professionnels. Ils disposent de plus de temps pour observer le ciel et sont à l’origine de beaucoup de découvertes de comètes, d’astéroïdes, de supernovas…, contribuant ainsi aux travaux des as28-BIRAMAWA MAGAZINE Réunion de coordination de la Mission de la NASA au Sénégal en 2018 en présence du Ministre Mary Teuw NIANE et de l'ambassadeur des États-Unis. tronomes professionnels. Il devient donc possible pour un étudiant ou élève, de développer une passion pour l’astronomie tout en choisissant un métier différent pour des raisons diverses. Dans les deux cas, le métier d’astronome est extrêmement passionnant. Les champs de spécialisations sont nombreux et on ne trouve pas le temps de s’ennuyer. Nous ne sommes qu’au début des découvertes dans notre univers observable et chaque jour est avec son lot de surprises. « En plus d'être passionné par les astres et les systèmes planétaires, l'astronome doit être doté d'une grande rigueur et d'une importante capacité d'organisation. » Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent embrasser ce métier ? Quel cursus choisir ? Pour ceux qui choisissent de faire une carrière dans l’astronomie, après le BAC scientifique, si l’étudiant opte pour une université, elle doit disposer de cette filière avec les différents masters suivants : recherche en physique ou en physique-chimie, master de mathématiques, de physique théorique ou les masters professionnels trophysique, : astronomie, asastrophysique et ingénierie spatiale, planètes et environnement... Il y a aussi les masters de recherche : astrophysique, planétologie, physique et chimie de la Terre et des planètes, plasmas et planètes. Une fois cette étape franchie, il faut passer à la préparation d'un doctorat au sein d'un laboratoire spécialisé en astronomie, ou d'un observatoire. Mais il est également possible de devenir astronome en sortant d'une grande école d'ingénieurs. En effet, Les écoles d’ingénieurs en électronique, informatique, mécanique, optique, physique, peuvent aussi, après une thèse, déboucher sur la recherche en astronomie (on parle dans ce cas d'ingénieur docteur). Généralement ces ingénieurs travaillent à la conception ou à l'amélioration des instruments qui seront utilisés en laboratoire, installés dans les observatoires ou sur des missions spatiales. D’après vous quelles sont les qualités intrinsèques au métier d’astronome ? En plus d'être passionné par les astres et les systèmes planétaires, l'astronome doit être doté d'une grande rigueur et d'une importante capacité d'organisation. C’est avant tout un scientifique sur le terrain, qui doit recueillir de très nombreuses données à traiter avec sérieux et une attention particulière. un goût pour les nouvelles découvertes. Il doit avoir de la créativité et de l'imagination pour concevoir et tester des théories jusqu'alors inexplorées. Très souvent, les astronomes travaillent en groupe dans les observatoires, raison pour laquelle ils doivent aimer le travail d'équipe avec de nombreux scientifiques et autres techniciens souvent originaires du monde entier. En cela, la pratique parfaite de l'anglais est un prérequis indispensable, non seulement pour communiquer avec les autres mais également pour rédiger les publications internationales. Sur le plan technique, le métier d'astronome requiert une maîtrise poussée de l'outil informatique pour mettre au point des programmations, des simulations et des algorithmes visant la résolution d'équations complexes. Les astronomes passent aujourd’hui presque plus de temps derrière l’écran de l’ordinateur que derrière l’oculaire du télescope. L’informatique est devenue un socle pour l’astronomie. Pour changer de registre le Sénégal est secoué par une crise sanitaire (COVID 19). Qu’est ce que cette crise vous inspire ? D’abord la désolation. Personne ne souhaite vivre pareille situation et voir l’humanité subir autant de pertes en vies humaines. En compagnie de l'astronome Marc Bluie, du Southwest Research Institute (NASA), de la mission New Horizons vers la planète Pluton et la ceinture de Kuiper L’astronome a besoin de concentration, réflexion et abnégation comme tout bon chercheur. Il faut également de la curiosité et Et le Sénégal, tout comme le reste du monde, subit cette pandémie sur tous les plans. C’est une situation difficile pour les secteurs de l’économie, de l’éducation, de la santé, du travail… Il faut reconnaître que nous n’étions pas préparés, malgré le fait que l’humanité ait connu, dans son passé, des épisodes pandémiques. Ces évènements demandent, à tous les niveaux, une forte capacité d’anticipation et de résilience. L’erreur à ne pas commettre serait de sous-estimer un ennemi qu’on ne connaît pas. Et malheureusement, le constat est que beaucoup de personnes au Sénégal, prennent parfois cette maladie à la légère ou pensent même qu’elle n’existe pas. C’est extrêmement grave et nous devons changer la façon de voir. Dans la stratégie de défense, dans la mise en œuvre des mesures barrières, nous devons penser à l’intérêt collectif : se protéger, c’est aussi protéger les autres ! A savoir sa famille, ses proches et soi-même. Ensuite accepter la réalité et gravité de cette maladie. Personnellement, mon meilleur ami a été emporté par ce virus. D’après-vous quelles leçons pouvons-nous en tirer ? La première leçon est l’anticipation ! Nous devons nous préparer à toutes les éventualités. L’Etat doit disposer d’un organe de veille et d’anticipation stratégique qui travaille principalement sur des simulations de situations similaires ou plus complexes. Le plus important dans ces simulations ne serait pas de démontrer le dispositif de réaction, mais surtout étudier l’impact sur notre économie dans toutes ses articulations. Aujourd’hui c’est un virus biologique (Coronavirus), demain ça peut être un virus informatique ou un piratage qui paralyse toute notre économie. Et les exemples sont nombreux comme une panne générale d’électricité, une catastrophe naturelle… Nous ne le souhaitons certes pas, mais travailler sur des simulations BIRAMAWA MAGAZINE - 29
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réalistes est aujourd’hui possible grâce à l’Intelligence Artificielle et le Big Data. En faisant cela, on peut déceler rapidement les secteurs vulnérables et orienter dessus les priorités d’investissement. Prenons le secteur de l’éducation et de l’enseignement supérieur. Cette pandémie a montré l’urgente nécessité de développer et renforcer l’enseignement à distance. L’exemple de l’Université Virtuelle Sénégalaise (UVS) qui était décriée par certains dans le passé, a montré, dans ce contexte, toute sa pertinence. Le télétravail également montre comment on peut faire des économies en temps et en ressources. Pour finir, cette pandémie a mis l’accent sur des secteurs prioritaires qui nécessitent plus d’attention en termes d’investissement comme la santé et l’éducation. Au-delà de votre vie professionnelle, existe-il une cause qui vous tient à cœur ? Les causes qui me tiennent vraiment à cœur fusionnent quasiment avec ma vie professionnelle aujourd’hui, à savoir l’éducation des jeunes générations et la promotion des sciences. C’est une façon de vivre sa passion au quotidien. Mais comme tout astronome, le devenir de notre planète et de ses ressources est une préoccupation et nous sensibilisons sur la cause environnementale. La Terre est la seule planète connue à ce jour dans l’univers à abriter la vie. En attendant d’en découvrir une autre semblable, prenons bien soin d’elle ! Quelles sont vos hobbies ? Je dois avouer qu’il n’y en a pas 30-BIRAMAWA MAGAZINE beaucoup. Plus jeune, c’était le dessin et l’astronomie. Aujourd’hui je n’ai plus beaucoup de temps pour le dessin, il ne me reste donc plus que l’observation et la photographie du ciel avec les télescopes. De nature très casanière, j’aime rester avec ma famille devant la télé et me documenter. J’ai tout le temps besoin de lire, d’apprendre et de m’informer. Quel est votre message à l’endroit de la jeunesse sénégalaise ? Je leur demande d’avoir un rêve dans la vie, et de ne pas avoir peur d’être des « fous » ; car « seuls ceux qui sont assez fous pour penser qu’ils peuvent changer le monde, y arrivent ». Par folie, il faut comprendre le courage de croire en ses rêves malgré les obstacles, de persévérer et de choisir parfois des chemins non conventionnels. Il faut oser ! Mais je leur demande aussi d’aimer et de toujours respecter leur pays, ses institutions et les principes de la république qui font de nous de bons citoyens. L’éducation doit être une priorité et la base de tous les efforts et le travail ne doit pas laisser place à la facilité. Ils doivent toujours se rappeler que le Sénégal n’a que nous, et nous n’avons que le Sénégal. Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin ? D’abord rendre grâce à Dieu, le Tout Puissant, et remercier mes parents. Ensuite prier pour notre pays, le Sénégal afin que la paix y règne toujours et que le développement souhaité soit au rendez-vous pour le bonheur de tous et des générations futures. Je remercie Biramawa pour cette opportunité mais surtout vous féliciter pour la qualité de votre travail et la belle dynamique d’innovation dans laquelle vous êtes. « Je leur demande d’avoir un rêve dans la vie, et de ne pas avoir peur d’être des « fous » ; car « seuls ceux qui sont assez fous pour penser qu’ils peuvent changer le monde, y arrivent ». Par folie, il faut comprendre le courage de croire en ses rêves malgré les obstacles, de persévérer et de choisir parfois des chemins non conventionnels. Il faut oser ! » BIRAMAWA MAGAZINE - 31
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ENVIRONNEMENT L'environnement chante les louanges de la COViD19 Nous humains, étions au sommet de notre art, la science nous faisait rêver d’un Homme au dessus de la nature, de son environnement et de lui-même. Les progrès médicaux, scientifiques, et autres nous ont accoutumés à la perception de l’absolu contrôle anthropique de la nature. Toutefois, dans le temps, sporadiquement des warnings (tremblements de terre, ouragans, tsunamis, inondations) nous venaient de la nature pour nous rappeler sa prééminence sur l’Homme, qui en fait, n’est qu’un élément de son environnement et non en dehors ou même en mesure de le contrôler. L’environnement étant constitué par ce qui nous entoure, l’Homme l’a toujours subi et continuera ainsi, quelque soit l’évolution scientifique, technique ou médicale. 32-BIRAMAWA MAGAZINE L a pandémie de la COVID-19 vient se greffer aux multitudes preuves de notre fragilité en tant que partie de son biotope environnemental. Elle a fini par s’installer dans nos écosystèmes ; tous les pays s’emploient à prendre des mesures idoines pour la juguler. Malgré tout, le constat général qui nous frappe se résume à la persistance dans la durabilité. Avec plus de 19 millions de cas recensés et 700 milles morts, l’humanité se retrouve assénée par une dure réalité, notre fragilité existentielle est inéluctablement concrète et de facto perceptible au moindre inconnu émanant de la nature. Le confinement dans certains endroits du globe et/ou de la réduction des activités humaines dus à un nombre de cas d’infections létales, semblent d’un impact négatif non négligeable sur nos relations socio-économiques, avec ses contingents de fermeture d’usines, de commerces, de perte d’emplois, ou de vies humaines. Malgré tous ces aléas, émerge une source de lumière d’espoir d’une certaine façon inattendue car la pandémie de la COVID-19 a impacté positivement notre environnement. Un monde plus conscient au ralenti Pour la première fois dans les grandes agglomérations, les populations ont pu bénéficier d’artères désertés par les engins mécanisés, le retour des cyclistes et l’air pur enveloppa un ciel jamais aussi dégagé d’un bleu azuré plein les yeux. Le monde de l’aviation, représentant 918 millions de tonnes de pollution de CO2, a payé un lourd tribut avec le clouage au sol de plus de 95% de la flotte mondiale. Profitant de cet arrêt d’exploitation aéronautique, ferroviaire, routière et maritime, la nature s’est vue déchargée du parapluie de près de 13 gigatonnes de gaz à effet de serre se permettant une autorégulation très visible allant jusqu’au colmatage de la couche d’ozone dans la zone Arctique en moins de deux mois (entre Mars et mai 2020) de confinement général ou partiel en fonction des contrées du globe. La pandémie du Corona virus s’est révélée être la pire récession depuis les années 1930, pire même que la crise économique des subprimes aux Etats-Unis. Les entreprises ont dû changer leur approche au travail. Ce freinage brusque dans les activités de production a conduit à une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique. Le sursis ne fut que de courte durée, mais les océans ont pu bénéficier d’une pause du rejet dans ses eaux de 5 à 12,7 millions de débris marins, composés essentiellement de plastiques. Ces amas ou plaques de détritus ont vu leur agrégation réduite durant la période de la pandémie. Partie importante de la chaîne alimentaire, le système marin, dégradé en ressuscitation, impacte directement la santé publique, le tourisme, le secteur de la pêche et l’environnement. La reconquête de la nature par elle même Les parcs fermés, les déplacements interdits et les restrictions généralisées ont pourvu un répit à l’agression humaine de la nature qui s’est régénérée comme par enchantement. Les animaux et la végétation ne prierons pas d’occuper les espaces délaissées ou inaccessibles due à la présence de l’Homme. L’exploitation à outrance, la traque vivrière, le balisage agraire, réduisaient considérablement la marge de manœuvre des animaux dans les zones périurbaines ou urbaines, les restrictions dues au Coronavirus encourageaient un repos nocturne plus paisible et une activité diurne sans grands gênes. La nature ayant horreur du vide, les Hommes étant contraints de rester chez eux, les animaux sauvages réinvestissent la ville. Les dauphins s’aventurent jusque dans les ports, les renards font leur balade en ville, les canards déambulent sur les autoroutes. Les parcs et réserves naturelles moins sollicités par les touristes retrouvent les couleurs d’un semBIRAMAWA MAGAZINE - 33
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blant de normalité sauvage. Certains animaux devant traverser les aires autoroutières se retrouvaient écraser et tapisser le sol. Ainsi les crapauds, hérissons, chenilles ou tortues pouvaient se lancer dans leurs balais incessants pour rejoindre les zones de reproduction ou leurs habitats naturels après leur éclosion ou naissance. L’environnement économique Tenter de faire des économies en négligeant la protection de l’environnement, la préparation aux situations d’urgence, les systèmes de santé, et les filets de protection sociale, s’est avéré une fausse économie, et la facture est d’autant plus lourde au Sénégal, car aujourd’hui, une enveloppe de 1000 milliards fut dégagée pour pallier à une situation d’urgence sur deux mois pour un budget de 4000 milliards annuel soit un engloutissement de 25 % de nos ressources financières en 16% de l’année budgétaire normale. Le monde était conscient qu’il ne pouvait plus se permettre de faire face à de nouveaux désastres de l’ampleur de la COVID-19, avec les mêmes politiques. Sachant qu’environ un quart des décès dans le monde est dû aux risques environnementaux et professionnels évitables donc les pouvoirs publics sont plus enclins à revoir leur concours à la protection environnementale. Parce que chaque dollar, investi dans le renforcement de la loi contre la pollution de l’air aux Etats-Unis d’Amérique, s’est traduit par 30 dollars gagnés par les citoyens américains, sous la forme d’une amélioration de la qualité de l’air et gains en santé. Imaginer la période : nous avions eu droit à un investissement gratuit sans frais, et un retour sur investissement 30 fois supérieur. Un changement de paradigme La déconnexion de notre traintrain quotidien, pourchassant le temps, s’est ralentie d’un coup, nous poussant, à notre expression introspective, inexorablement à nous questionner sur notre devenir avec la nature. Cette immersion 34-BIRAMAWA MAGAZINE a eu généralement comme conséquence la modification de notre attitude envers l’environnement, une corrélation positive, et développer une attitude pro-environnementale exacerbée. Au Sénégal cette prise de conscience s’est traduite par la fermeture des marchés d’au moins un jour par cycle hebdomadaire pour leur nettoiement et relooking d’une part. En outre, le respect des mesures dans la gestion des déchets biomédicaux a été salué par l’intervention civique de simples engagés et bénévoles dans le nettoiement et la collecte des déchets biomédicaux sur la plage du Cap-manuel, derrière l’hôpital Aristide Le Dantec de Dakar. Il y va aussi d’une diminution évidente du gaspillage à grande échelle (avec 140% de production annuelle, 40% de la nourriture que nous produisons est destinée donc à la poubelle), car toute réduction de la capacité d’approvisionnement des chaînes révèle une systémique capacité de résilience débouchant à une aversion au gaspillage, pour ne pas être en rupture de stock alimentaire. Encore que la réintégration des surplus alimentaires dans le circuit de l’aide alimentaire, réduit considérablement le taux de déchets alimentaires des grands distributeurs réveillant en un eux un certain sens d’altruisme. En somme, la COVID-19, dans son rapport avec l’environnement, a montré que notre connaissance technico-scientifique ne restera point qu’inductive, prédictive ou descriptive, et à jamais elle ne sera créatrice d’un monde imaginaire ou utopique. Seule notre conscience collective doublée de politique responsable nous permettra de vivre en phase avec la nature et d’en retarder ou de rendre réversible sa dégradation qui sera certainement notre perte à tous. Mariane Seck Docteur en Droit de l’Environnement et de la Santé
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Développement personnel LA PRATIQUE DU SPORT S’il y a un phénomène presque universel dans le temps et l’espace humain, c’est bien le sport. Le terme a pour racine le mot de vieux français desport qui signifie « divertissement, plaisir physique ou de l'esprit ». Au plan strictement individuel, la pratique du sport n’est pas qu’un moyen très efficace pour perdre du poids et éviter certaines maladies cardiovasculaires. Elle présente également de nombreux autres avantages qui méritent d’être étudiés dans notre rubrique développement personnel. 1. La pratique intensive d’un sport, et en particulier d’un sport d’endurance, contribue à l’amélioration de la circulation sanguine dans l’organisme ; par conséquent, le dioxyde de carbone est également transporté plus rapidement, entrainant une meilleure oxygénation du cerveau. L’activité cérébrale s’en trouve donc largement stimulée, améliorant nos capacités de réflexion ou mémoire ; 2. Autre élément non négligeable, nous remarquons tous que nous sommes vidés, lessivés après une session intensive de sport … mais aussi complètement détendus et sereins. Cette sensation de bien-être, presque euphorisante, trouve son origine dans les endorphines, ces hormones du plaisir envoyées par le cerveau suite à la réalisation d’un effort intense. Découvertes en 1975, les endorphines sont considérées comme des « opioïdes » car leur action est similaire à celle de l’opium ou de la morphine. Véritables drogues naturelles, elles permettent donc aux sportifs de se sentir bien dans leur peau ; 3. Parlant toujours de l’action des endorphines et de ce bien-être général, les niveaux de stress et d’anxiété diminuent également de manière significative avec la pratique d’une activité sportive intense. Au-delà de son effet tranquillisant, le sport permet également de faire une coupure avec le quotidien, et d’oublier, pour quelques heures, les petits tracas qui nous occupent habituellement l’esprit. Par la suite, il nous aide à envisager ces problèmes avec beaucoup plus de sérénité. BONUS- RECOMMANDATIONS DE L’O.M. S (ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTE) SUR LA PRATIQUE SPORTIVE SELON LES TRANCHES D'âGE: - De 5 à 17 ans, au moins 60 minutes par jour d’une activité modérée à soutenue qui va solliciter l’activité cardiaque de l’enfant, et une activité qui renforce le système musculaire et l’état osseux au moins 3 fois par semaine. - A partir de 18 ans, 150 minutes par semaine d’une activité modérée ou 75 minutes d’une activité soutenue, et jusqu’à 300 minutes par semaine pour des bénéfices supplémentaires sur la santé. Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires étrangères BIRAMAWA MAGAZINE - 43
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DECOUVERTE Dr Alexandre Kissewinde SILAWINDI Directeur Général de l’Institut des Sciences Administratives et des Relations Internationales ISARI - Paris, France La rubrique Découverte du numéro 6 de votre magazine est consacrée à Dr Alexandre Kissewinde SILAWINDI. Juriste de formation, Dr Alexandre est Directeur Général de l’Institut des Sciences Administratives et des Relations Internationales (ISARI). « Situé à Paris mais ouvert sur les continents et dans le monde, l’Institut des Sciences Administratives et des Relations Internationales ISARI est un établissement d’enseignement supérieur (en présentiel et le E-learning) ayant pour mission de former la nouvelle génération d’élites et futurs décideurs de la planète. » 44-BIRAMAWA MAGAZINE Pouvez-vous présenter et revenir sur votre parcours de formation ? Je suis Alexandre Kissewinde SILAWINDI Juriste de formation et Directeur Général de l’Institut des Sciences Administratives et des Relations Internationales ISARI. Après l’obtention de mon Baccalauréat deuxième partie en 2010 au collège Protestant de Lomé, je me suis inscrit à l’Université de Lomé afin de poser les jalons de ma carrière de juriste que je suis aujourd’hui. Dévouer à mon ambition, j’ai puis décroché 3 ans plus tard une licence en droit politique et de l’administration qui m’a permis d’intégrer l’école « Académie de leadership et management en Afrique » ou j’ai décroché un Master 2 en science juridique et l’administration en 2015. Ma passion pour le travail m’a permis d’obtenir un Doctorat en droit privé : science politique et sociale à « l’International of leadership, US ». Ce diplôme loin d’être pour moi une fin en soi, constitue plutôt une très grande source de motivation à l’enseignement du droit. Quelles sont les grandes étapes de votre parcours professionnel ? Après l’obtention de ma Licence, j’ai eu la grande chance d’être retenu comme stagiaire dans le Cabinet du maître Afoh KATAKITI avocat au barreau de Lomé. Après 9 neuf d’étroite collaboration, j’ai intégré Le Cabinet de Star Energy ou j’avais assuré le poste de responsable de l’intégration africaine. En mois de juillet 2015, j’intégrais le staff de l’institut Bouam management comme Directeur Administratif ou j’avais pour mission de proposer une stratégie de formation universitaire. Entreprenant que j’étais, j’ai mis en place un cabinet conseil dénommé « Kessiwende Conseil Afrique » en Septembre 2015 et en ma qualité de Directeur j’assurai la gestion administrative. Pendant près de 4 ans j’ai offert les services de mon cabinet à des PME, des entreprises BTP ainsi que la rédaction des contrats commerciale etc. En août 2019, l'École Politique Africaine de Paris m’avait ouvert ses portes en tant qu’enseignant chercheurs, ensuite j’ai offert mes services aussi en tant que Responsable Administratif et Pédagogique pour une durée totale de huit mois. Ma vision était de contribuer à l’émancipation d’une jeunesse africaine émergente. A cet effet j’ai décidé de mettre en place ma propre institut devenu aujourd’hui ISARI. Vous êtes actuellement Directeur Général de ISARI. Que pouvez-vous nous dire sur ISARI ? Situé à Paris mais ouvert sur les continents et dans le monde, l’Institut des Sciences AdminisA qui s’adresse ISARI (vos cibles) La cible au niveau de notre institut est d’ordre général et d’une distinction aucune. C’est-à- dire qu’ISARI est ouvert à tous les continents et à toute personne ayant les prérequis requises pour une formation dans notre institut est la bienvenue : étudiant, professionnel, diplomates, etc....... tratives et des Relations Internationales ISARI est un établissement d’enseignement supérieur (en présentiel et le E-learning) ayant pour mission de former la nouvelle génération d’élites et futurs décideurs de la planète. ISARI c’est aussi un centre qui stimule les échanges, les innovations et mets ses expériences au service du développement de la planète. Nous proposons à cet effet, des formations plurielles : droit des affaires, droit public, sciences politiques, relation internationales, diplomatie protocole, administration et gestion des affaires, administration et gestion des entreprises ainsi que la communication. Nous formons en cursus Licence, Master et formations certifiantes. Par ailleurs nous avons la meilleure plateforme E-learning pour vos cursus à distances chez vous et quand vous voulez. Avec nous c’est 80% en ligne et 20% en présentiel pour compléter vos formations de qualité et de haut niveau avec notre Institut. BIRAMAWA MAGAZINE - 45
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Pour les jeunes élèves et étudiants vivants à l’étrangers notamment en Afrique quelles sont les démarches à suivre pour intégrer l’Institut ? Chez nous a ISARI c’est la flexibilité, il suffit tout juste d’aller sur notre site web officiel www.isari. org afin de télécharger la fiche d’inscription sur laquelle nous avons pris le soins de mettre les informations possible sur les démarches à suivre ou nous contacter via notre email contact@isari-paris.fr .... La crise sanitaire ne risque-t-elle pas d’influer sur les candidatures de ces étudiants étrangers ? si oui quelles sont les mesures prises par ISARI pour faire face ? D’abord sachez que nous prenons très au sérieux la crise sanitaire qui entrave le système de santé du monde en cette année 2020. A cet effet, nous préconisons que nos étudiants optent plus pour les cours à distance via notre plateforme E-learning sécurité et très facile à utiliser. Comment contacter ISARI ? Vous avez soit le choix de le faire via appel téléphonique sur notre standard qui est le +33 9 86 87 71 29 ou par courriel sur contact@isari-paris.fr 46-BIRAMAWA MAGAZINE ou physiquement à l’adresse : 66 rue des champs Élysées. Pour changer de registre, en tant qu’entrepreneur, vous avez un message à l’endroit de la jeunesse Africaine ? Mon message à l’endroit de la jeunesse africaine est qu’elle doit travailler peu importe les difficultés ; elle doit surtout avoir une vision claire de l’avenir sans pour autant abandonner en cas d'échec, parce que c’est la finalité qui compte et non la manière dont nous avons débuté.
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DIPLOVAR N°5 DiploVar ou un regard aiguisé sur l’actualité internationale Politique, Sciences Politiques, Relations Internationales, Humanitaire, votre nouvelle rubrique incontournable vous offre plus que des informations, une analyse pertinente des interactions géopolitiques qui vous entourent. Quoi de mieux qu’un résumé des points essentiels de l’actualité internationale des 15 derniers jours, des faits historiques, des portraits de personnalités ayant marqué l’histoire des relations internationales pour mettre à jour vos connaissances et rendre vos débats chocs d’idées. Les points saillants, les immanquables de l’actualité internationale vous seront présentés de façon succincte de telle sorte que rien ne vous échappera. Pour ce cinquième numéro, une consultation du tableau de la VAR Diplomatique nous annonce les informations suivantes : 48-BIRAMAWA MAGAZINE COVID19 : le coronavirus circule toujours L’Afrique comptait ce jeudi 27 août plus d'un million de cas de coronavirus confirmés, pour 21 000 morts. Selon le bureau régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’Afrique, les pays les plus touchés par la pandémie de Covid-19 sont l'Afrique du Sud avec 615 000 cas dont 13 000 décès, le Nigéria avec 53 000 cas dont un peu plus d'un millier de morts, et l'Éthiopie avec 45 000 cas dont 725 décès. La plupart des pays de l’UE, qui ont atteint le pic au début d’avril, craignent une reprise, alors que l’Amérique du Nord comme l’Amérique du Sud peinent encore à contenir les contaminations. VACCIN : A quand un vaccin contre la COVID19 Pour être commercialisés, les vaccins doivent passer par trois phases d’essais cliniques. La phase 1 permet de tester sur un petit nombre de personnes l’innocuité du vaccin et sa capacité à produire des anticorps. Lors de la phase 2, le nombre de participants est plus important. Cette étape permet de tester le dosage, de surveiller les effets secondaires et la réponse immunitaire et de déterminer «le calendrier vaccinal», rappelle l’Organisation mondiale de la santé sur son site de formation en ligne. «La phase 3 de l’essai clinique d’un vaccin implique généralement des dizaines de milliers de volontaires. C’est l’essai le plus important car il permet d’établir si le vaccin est sûr et protège contre la maladie ou non», explique l’OMS. Actuellement, l’OMS recense 30 projets de vaccins à différents niveaux d’essais cliniques contre la Covid-19. MALI : l’Armée prend le pouvoir Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, âgé de 75 ans, au pouvoir depuis 2013 a annoncé dans la nuit du mardi 11 août 2020, sa démission et la dissolution du Parlement et du gouvernement, quelques heures seulement après avoir été arrêté par des militaires en révolte. La CEDEAO, a condamné l'action de « militaires putschistes » et a pris une série de mesures d'effet immédiat pour isoler le Mali. L'action des mutins a aussi suscité des protestations de l'Union africaine, de l'ONU, de l'Union européenne et de la France. Inquiète des conséquences du putsch dans un pays en proie depuis des années à une profonde crise sécuritaire, économique et politique, la CEDEAO a dépêché une délégation de haut niveau au Mali pour obtenir un « retour immédiat à l'ordre constitutionnel ». L’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, a confirmé la proposition formulée par la junte d’organiser une transition de trois ans avec à sa tête le président du CNSP, le colonel Assimi Goiffta. Si la libération du président déchu a été actée à l’issue des trois jours de rencontres, de nombreux points de discussions sont restés en suspens, et notamment ceux portant sur les modalités de la transition. Le sommet des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) qui s’est ouvert vendredi 28 août a confirmé l’inflexibilités de l’organisation, les chefs d’Etat ont recommandé aux militaires de la junte malienne de nommer une « personnalité civile » pour mener à bien la transition ainsi qu’un « premier ministre civil », « car aucune structure militaire ne devrait être au-dessus du président de la transition ». Le putsch du 18 août a rendu plus incertains encore les lendemains de ce vaste pays qui s'enfonce depuis des années dans la crise sécuritaire, économique et politique. USA : Après Georges FLOYD, Jacob Blake L'affaire Jacob Blake, du nom de cet Afro-Américain de 29 ans qui a essuyé des tirs de la police, fait des remous dans le monde sportif américain. Ainsi, mercredi 26 août, des matchs de play-off n'ont pas eu lieu. En effet, certains joueurs ont décidé de boycotter ces rencontres pour protester contre l'injustice raciale et les violences policières. En attendant, le boycott de ces matchs est sans précédent dans l'histoire du basket professionnel américain, dont les joueurs ne s'étaient pas immédiatement arrêtés de jouer après la mort de Martin Luther King en 1968, sinon le jour de deuil national ensuite décrété par le président Lyndon B. Johnson. Dans ce courant, entre lassitude et colère, des milliers de personnes se rassemblaient, vendredi 28 août, au cœur de BIRAMAWA MAGAZINE - 49
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Washington pour réclamer la fin des violences policières contre la minorité noire américaine, après une série de bavures qui ont rouvert les plaies raciales de l’Amérique. Cinquante-sept ans jour pour jour après l’emblématique discours « I have a dream » de Martin Luther King, le leader de la lutte pour les droits civiques, les Américains étaient invités à marcher à nouveau sur la capitale fédérale pour réclamer l’égalité entre tous. USA : TRUMP VS BIDEN L’étape des conventions d’investiture est désormais franchie pour la campagne présidentielle américaine du 3 novembre. Celles-ci ont mis en scène deux candidats aussi différents que possible, leur âge et la couleur de leur peau mis à part, ainsi que deux messages irréconciliables. Pendant les quatre soirées de la convention démocrate, le parti de Joe Biden ne s’est pas contenté de mettre en avant sa diversiBAD : Le Président rempile Le Nigérian Akinwumi Adesina, 60 ans, réélu jeudi président de la Banque africaine de développement (BAD), a vu son image presque parfaite considérablement ternie par des accusations de mauvaise gestion dont il a finalement été blanchi après un feuilleton médiatique et diplomatique déstabilisant. Cet excellent communicateur toujours habillé de costumes et nœuds papillon a donné une visibilité internationale à l'institution panafricaine de développement fondée en 1964, attirant les capitaux et multipliant les annonces de financements de projets sur le continent. Jusqu'aux accusations, tout était parfait. Dans un rapport détaillé, des lanceurs d'alerte lui reprochent alors son favoritisme dans des nominations de hauts responsables, en particulier de compatriotes nigérians. Il est aussi accusé d'avoir nommé ou promu des personnes soupçonnées ou reconnues coupables de corruption, ou de leur avoir accordé de confortables indemnités de départ sans les sanctionner. JAPON : Démission du Premier Ministre Le premier ministre japonais, Shinzo Abe, 65 ans, a évoqué ses problèmes de santé pour expliquer, vendredi 28 août, sa décision de démissionner. Sa rectocolite hémorragique, une maladie inflammatoire chronique des intestins dont il souffre depuis l’adolescence, s’est aggravée, a-t-il déclaré en conférence de presse, ce qui nécessite un traitement durable. Cinq successeurs potentiels sont mentionnés par les médias mais aucun d'entre eux ne semble pour l'instant s'imposer. Une chose paraît sûre : le parti conservateur au pouvoir sans interruption, ou presque, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale maintiendra la même ligne politique que celle suivie durant près de huit ans par Shinzo Abe. té et sa féminisation, actées dans les urnes lors des élections de mi-mandat, en 2018. Au prix des grincements de dents de l’aile gauche, il a également donné la parole à d’anciens républicains dont certains divergent avec les démocrates sur des questions sensibles, comme l’avortement, au nom de la priorité donnée à la défaite du président sortant. Le récit démocrate s’est concentré en effet sur la personnalité de Donald Trump et sur sa gestion controversée de l’épidémie de Covid-19. « Il n’a pas réussi à nous protéger. Il n’a pas réussi à protéger l’Amérique (…), c’est impardonnable », a affirmé Joe Biden, le 20 août. Ce récit a également accordé une large place aux violences policières, en évitant la question des troubles qui les ont accompagnées. Sources : le Point, les Podcasts Affaires étrangères et International de France Culture, le Monde ©Biramawa Magazine 2020 50-BIRAMAWA MAGAZINE 94 Nord Foire Azur Dakar, Sénégal +221 77 296 47 96 contact@alyfa.co www.alyfa.co BIRAMAWA MAGAZINE - 51 Des Jouets Afro - Centrés
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CV N° 4 Demba THIAM ASSISTANT COMPTABLE Tu es à la recherche d’un emploi? Biramawa magazine met cet espace à ta disposition pour te permettre de proposer ton CV aux entreprises qui recrutent. Tu peux donc envoyer ton CV par e-mail : contact@biramawa.com 52-BIRAMAWA MAGAZINE DEMBA THIAM ADRESSE : OUAKAM AEROPORT 221 TF TELEPHONE : 78 325 11 59 E-MAIL : dembathiam077@gmail.com Passionné par la gestion et la Finance, je suis ouvert à toute opportunité qui me permettra d'atteindre mes objectifs professionnels et ainsi mettre en œuvre les compétences acquises au cours de mon cursus universitaire et de mes premières expériences professionnelles. ASSISTANT COMPTABLE FORMATION 2019-2020 : Administration et Gestion des Entreprises – Master 1 Institut Supérieur d’Entrepreneurship et de Gestion (ISEG) 2014-2017 : Administration et Gestion des Entreprises – Licence 3 ISEG THIES 2013 - 2014: Baccalauréat : Lettre Moderne-Cours Privés Excellence (CPEX) Thiès EXPERIENCES PROFESSIONNELLES 01 Mars 2019 – 29 Février 2020 : Assistant Comptable chez Sénégalaise de L’Electroménager (Thiès) • Enregistrement des opérations comptables (recettes et dépenses) • Faire la facturation des ventes et achats • Tenue de la caisse • Faire le lettrage et le pointage des opérations comptables • Vérifications des factures • Classer et archiver les pièces comptables • Travaux d’inventaire Novembre 2018 : Inventoriste à Auchan Thiès- Temps Partiel • Compter les différents produits Janvier 2017- Février2017 : Stagiaire au Cabinet d’Assistance aux PME & GIE (CAPG) Thiès • Comptabilité en assistant les entreprises à faire leur déclaration de TVA, impôts ou autres taxes conformément à leurs activités Août 2016- Septembre 2016 : Stagiaire au Cabinet d’Assistance aux PME&GIE (CAPG) Thiès • Faire la comptabilisation des opérations • Le Marketing et Communication dans le Terrain : convaincre les nouveaux chefs d'entreprise de rejoindre le cabinet pour la tenue de leur comptabilité, l'encadrement pour la création de leur entreprise en disposant tous les papiers administratifs COMPETENCES • Maitrise du logiciel Sage Comptable-Commerciale • Rapprochement Bancaire • Lettrage et pointage comptable • Déclaration de la TVA • Ouverture de Compte LANGUES Français : Anglais : CENTRES D’INTERÊT ASSOCIATION Vice-président de la commission Sociale (ASODEPCV) SPORT : Football – Basketball BIRAMAWA MAGAZINE - 53

Magazine N°5 du 15 AOUT 2020


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05 06 SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE - 05 EDITO Waly NDIAYE Fondateur Biramawa A nos professionnels de santé, nos héros! 08 14 édition spéciale ENTRETIEN PORTRAIT AVIS D’EXPERT 06 Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Appel aux dons Dr Benjamin NDOUR Responsable des clinique à Marie Stpes Sénégal «La medcine est un métier noble et un sacerdoce...» 08 Dr Khardiata DIALLO MBAYE Tout connaître sur le coronavirus 24 LE COIN D’AUTRUI Ayoba FAYE Journaliste d’investigation – Rédacteur en chef Pressafrik «Ne laissez personne vous faire croire que vous ne pouvez pas gagner votre vie en étant loyal.» 28 ENTRETIEN EXCLUSIF Mariétou THIAM COULIBALY Enseignant Chercheur Chef d'équipe maternité de l'hôpital régional de Thiès «La médecine a toujours été un objectif depuis mon plus jeune âge.» 34 AGRICULTURE Thierno NGAMB Agronome, Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience Au cœur de la crise COVID-19 : les agriculteurs à la rescousse des populations 34 2-BIRAMAWA MAGAZINE SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE - Infectiologue-Coordonatrice et responsable du centre de traitement des épidémies de l'Hôpital Fann 24 28 14 - 4 4 - -SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE 36 36 40 44 HISTOIRE DU SENEGAL LES DROITS HUMAINS AKK AK YELEFU DOMU ADAMA YI ENVIRONNEMENT Mariane Seck Docteur en Droit de l’Environnement et de la Santé Dakar une bombe à retardement pire que Beyrouth Khadime SENE Éducateur spécialisé au Ministère de la Justice Généralités sur les droits de la femme 44 Omar Mallé SAKHO Chercheur UCAD, Laboratoire LARHISA Sel et Santé en Afrique de l’Ouest traditionnelle 50 4 52 DÉVELOPPEMENT PERSONNEL A L'ÈRE DUNUMERIQUE Ousseynou GUEYUE fondateur de Polaris Asso Les enjeux sanitaires du numérique Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires étrangères Secret des personnes "résilientes" 54 DÉCOUVERTE Fatou Kiné FALL Blogueuse culinaire «Inspifood By Kinouche est un blog culinaire que j'ai créé en 2017...» 58 4 60 DIPLOVAR LA CVTHÈQUE Un regard aiguisé sur l’actualité internationale 60 Fernand DIEME MANAGER DES ENTREPRISES TOURISTIQUES ET HÔTELIERES. - SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE BIRAMAWA MAGAZINE - 3 58 54 50 52 40
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Serigne Amar Mbacké SARR Chercheur en Droit privé Expert maritime en formation Ayoba FAYE Journaliste d’investigation Rédacteur en chef Pressafrik Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB Omar Mallé SAKHO Doctorant à l’Université Cheikh Anta Diop Laboratoire LARHISA. Thierno NGAMB Agronome Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience Guilaye TINE Designer-Digital Marketer-Telemarketer CEO IN'FINITY Djiby SADIO Photographie CEO Studio 13 Alioune FALL Juriste d’Affaires Inspecteur du travail et de la sécurité Sociale Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires Étrangères Docteur Benjamin NDOUR Médecin généraliste Khadime SENE Educateur Spécialisé au Ministère de la Justice Marianne SECK Docteur en droit de l’environnement et de la santé Ousseynou GUEYE Responsable communication chez Afric’innov et fondateur de Polaris asso Adresse postale : 29 Rue de la Sablière 78120, France Éditeur : Waly NDIAYE 4-BIRAMAWA MAGAZINE L’ÉQUIPE BIRAMAWA contactez nous:contact@biramawa.com EDITO A nos professionnels de santé, Nos héros ! D Waly NDIAYE Fondateur Biramawa ès le début de la crise sanitaire, je me souviens être confiné chez moi, en toute sécurité, loin de tout risque de contamination. J’étais inquiet vu l’ampleur de la situation mais je me sentais quand même en toute sécurité. Au même moment certains de nos compatriotes, et pas des moindres, étaient confrontés, le sont toujours d’ailleurs, à la dure réalité de leur profession : Celle de soigner, d’être au contact des personnes vulnérables, d’épauler les populations en temps de crise. En effet des milliers d’hommes et femmes en blouse blanche depuis le début de la crise ont été et continuent d’être au-devant de la scène pour faire face à la crise sanitaire. Et ce, à leurs risques et périls. Leur détermination et professionnalisme ont permis, à ce jour, de guérir 7615 personnes atteintes de la Covid-19 selon le communiqué du ministère de la Santé et de l'Action Sociale du 14 Août 2020. Comme d’aucuns le disent « à quelque chose malheur est bon ». Cette crise sanitaire a mis en exergue nos insuffisances. Elle a aussi mis en lumière ce rôle important et indispensable que les professionnels de santé ont toujours su jouer. C’est d’ailleurs pourquoi les questions suivantes me taraudent l'esprit : ‒ Ces professionnels de santé sont-ils épaulés par toutes les parties prenantes ? ‒ Disposent-ils des moyens humains, financiers et matériels pour mener à bien leurs missions ? ‒ Toutes leurs préoccupations sont-elles prises en compte ? Une chose est sûre, la santé des populations, quel que soit le pays du monde, est un enjeu majeur. En attendant chers lecteurs, l’heure n’est pas au bilan. Continuons la lutte, épaulons nos professionnels de santé, les autorités publiques, en respectant les mesures barrières et les nouvelles mesures annoncées par ces dernières. Waly NDIAYE BIRAMAWA MAGAZINE - 5
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EDITION SPECIALE Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Le magazine Biramawa à travers sa rubrique " Edition spéciale "a souhaité donner la voix à la Pouponnière "Vivre Ensemble "de Mbour. Créée en 2002 la pouponnière est un "lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman ". Confrontée à des difficultés à cause de la crise sanitaire, la pouponnière fait appel à toutes les bonnes volontés. Vivre Ensemble – La Pouponnière de Mbour La Pouponnière de Mbour a vu le jour en Janvier 2002, Michèle BURON-MILLET en est la créatrice. C’est un lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman. Elle permet aux orphelins de mère ou aux enfants dont la maman ne peut pas s’occuper (pour des raisons gravissimes), de vivre protégés, leurs premières années de vie si fragile, avant de regagner leur famille au bout d’un à deux ans. Très rapidement, l’association se développe et il apparaît que tous les enfants ne peuvent rentrer chez eux (rejet de la famille ou mauvaises conditions d’accueil). En 2003, les Unités Familiales sont créées pour prendre le relais et s’occuper de ces enfants qui sortent de la Pouponnière, mais ne peuvent pas rentrer en famille. Avec le temps la Pouponnière a acquis une certaine notoriété au vu du sérieux des professionnels. Aujourd’hui la Pouponnière compte 136 salariés et 148 enfants. Vivre Ensemble c’est aussi et avant tout un séjour de rupture, crée en 2001 pour des jeunes français en dif6-BIRAMAWA MAGAZINE ficultés. Ils restent durant 9 mois et participent à des chantiers humanitaires (reconstruction, réhabilitation dans les villages ), ils sont aussi amenés à faire un stage dans la pouponnière. L’objectif étant de les remobiliser et de les valoriser à travers l’aide apporté à la population locale défavorisée. Le projet est double et complémentaire, en effet une grande partie du financement des frais de fonctionnement de la Pouponnière provient du séjour de rupture lui même. En raison de la situation sanitaire mondiale l’équipe de direction de Vivre Ensemble a dû prendre des mesures rapidement. Début mars l’association s’est vue fermer ses portes aux visiteurs, nombreux chaque jour et en provenance d’Europe. Il a fallu ensuite faire de même pour l’accueil des bénévoles, une quarantaine par mois à nous apporter leur soutien. Enfin depuis maintenant le mois de mars le confinement des enfants et du personnel c’est organisé. Notre souhait comme toujours est de préserver nos enfants, mais aussi le personnel qui s’en occupe. Nous avons réussi à composer une équipe de volontaires pour rester confinés. Aujourd’hui 250 personnes sont au centre, dont 148 enfants. L’ensemble du personnel est mutuellement très solidaire, ils sont comme une grande famille. Et ce malgré l’inquiétude pour leur famille respective à l’extérieur. Nous nous devons maintenir les salaires. Pour les salariés sur place mais aussi tout ceux, qui de chez eux, sont au chômage technique et pour qui nous souhaiterions maintenir le salaire initial. Nous devons aussi assurer l’approvisionnement de l’association en denrées alimentaires, produits d’entretien, d’hygiène, médicaments. Cette situation engendre une augmentation considérable nos dépenses quotidiennes, pour lesquelles nous avions déjà des difficultés de prise en charge tout au long de l’année. Du fait de l’absence de visiteurs et de bénévoles, nous constatons une baisse des dons au quotidien. Nous gardons aussi en tête que les jeunes accueillis en séjour de rupture peuvent à tout moment être rapatriés en France, en fonction de l’ évolution de la situation. L’avenir de la Pouponnière en deviendrait alors très incertain. Nous sommes en permanence à la recherche de soutien pour nous aider dans la prise en charge des frais de fonctionnement et le maintien des activités de l’association. Les sources de financements : (Budget total annuel 291 332 806 FCFA) ‒ Vivre Ensemble Madesahel, séjour de rupture : 44 % du budget total de la Pouponnière. ‒ L’état Sénégalais 10 000 000 CFA ‒ L’association Louly l’Ecole au Sénégal , tous les frais liés à la scolarité des enfants : 5 262 087 FCFA (année scolaire 2018-2019) ‒ La Banque Mondiale 4 520 000 CFA en 2019 ‒ 270 parrains pour environ 51 085 900 CFA par an ‒ Le reste des financements dépendent des dons de particuliers et entreprises. Nous contacter : ‒ Accueil : + 221 33 957 31 36 ‒ E-mai : contact@lapouponnieredembour.org ‒ Responsable communication : Arnoult Mathilde ‒ Tel : + 221 77 881 83 60 Nous aider : ‒ Orange Money : + 221 77 500 19 32 ‒ Faire un don en ligne :https://www.helloasso.com/ don/associations/vivre-ensemble-la-pouponniere ‒ Notre site Voici quelques chiffres : Effectif de la Pouponnière : ‒ La Pouponnière : 91 bébés de 0 à 2 ans. ‒ Les Unités Familiales : 37 enfants de 2 à 6 ans. ‒ La Grande Enfance : 20 enfants de plus de 6 ans. ‒ Enfants accueillis en ce moment : 148 ‒ Enfants accueillis et sauvés depuis janvier 2002 : 1 260 ‒ Employés à la Pouponnière : 136 pouponnieredembour ‒ Devenir parrain ‒ Faire un don par virement bancaire : IBAN : FR76 4255 9100 0008 0040 4472 464 BIC : CCOPFRPPXXX Intitulé du compte : Vivre Ensemble, la Pouponnière internet: http://www.lapouponnieredembour.org ‒ Notre page facebook: https://www.facebook.com/ BIRAMAWA MAGAZINE - 7
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ENTRETIEN POTRAIT Docteur Benjamin NDOUR Responsable des cliniques à Marie Stopes International Sénégal “La médecine est un métier noble et un sacerdoce...” Docteur Benjamin Maurice Ngor NDOUR est médecin généraliste de formation. Il occupe le poste de Responsable des cliniques au sein de Marie Stopes International Sénégal, une organisation mondiale œuvrant « dans le domaine de la santé de la reproduction. » Dans cette interview Docteur NDOUR retrace son parcours de formation et professionnel. Il adresse un message aux femmes et jeunes filles en âge de procréer. « La médecine est un métier noble et un sacerdoce avec plusieurs spécialités aussi noble les uns que les autres. » Qui est Docteur NDOUR ? C’est Benjamin Maurice Ngor NDOUR, sérère à « 200% » comme j’aime le dire et donc un « bour » pour les diolas et les peuls lol ! Je suis marié à une merveilleuse femme qui m’a donné un petit prince d’1 an deux mois. Et je suis médecin. Vous êtes Responsable des Cliniques au sein de Marie Stopes International Sénégal. Que pouvez-vous nous dire sur cette structure de Santé ? Marie Stopes International (MSI) est une organisation mondiale portée par son engagement sans faille à donner aux femmes le pouvoir de choisir, quand avoir des enfants. Nous œuvrons dans le domaine de la santé de la reproduction, en fournissant des services de haute qualité en planification familiale à travers nos différents canaux d’offre de services. En effet, l’organisation est présente dans la presque totalité des régions du Sénégal (13/14) à travers nos équipes, pour faire en sorte que toutes les femmes sans distinction puissent avoir accès à des services de santé sexuelle et reproductive de qualité. C’est-à-dire que la femme à Dakar puisse avoir le même service en termes de qualité que celle qui se trouve au fin fond du Sénégal. Nous connaissons que la santé sexuelle et reproductive et plus précisément la contraception est un sujet tabou dans notre pays et pourtant constitue un moyen efficace de lutte contre la mortalité maternelle, et même la pauvreté. C’est pourquoi dans nos cliniques nous faisons en sorte que les femmes qui viennent nous voir pour des besoins en services de santé sexuelle et reproductive aient une excellente expérience du service reçu et finissent par devenir des porteurs de voix en faveur de la planification familiale et de ses bienfaits. Aujourd’hui dans le cadre stratégique national de planification familiale 2016-2020, le gouvernement sénégalais vise 45 % de taux de Prévalence Contraceptive en 2020 et MSI est un partenaire privilégié dans cette mission noble. « J’ai fait mon cycle primaire entre Sokone et Guinguineo ; mon C.E.M entre Guingueneo et Kaolack à Dialegne pour enfin avoir mon bac S2 au lycée Valdiodio Ndiaye de Kaolack en 2008. » En tant que Responsable des cliniques, quelles sont vos missions ? Ma mission en tant que Responsable des cliniques peut être corrélé aux tâches « d’un directeur BIRAMAWA MAGAZINE - 9
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d’hôpital ». Ainsi, je suis chargé de manager les équipes de ces cliniques, et mon rôle principal est de mettre en œuvre la vision globale définie pour le canal. En effet, je dois faire en sorte qu’à travers nos cliniques, les populations puissent avoir accès à la meilleure des prises en charge en matière de santé sexuelle et reproductive. Et pour y parvenir, je suis chargé de donner les orientations en mettant en place des stratégies claires pouvant nous mener à répondre aux besoins des femmes. J’assure donc un rôle de leader et de support et j’effectue le suivi quotidien des performances de mes équipes, et veille à la mise en œuvre des plans d’actions et stratégies. Je suis également en charge de l’extension des centres sur le territoire national. il y’avait une fac de médecine. Et tient toi bien à l’époque il n’y avait que la Faculté de médecine de L’UCAD, l’ouverture de la deuxième faculté de médecine du Sénégal à Thiès n’était pas encore confirmée mais figurait sur la fiche d’orientation je l’ai alors coché pour la forme lol ; après tout, la chance ne sourit qu’aux audacieux 😊. Après 1 mois de cours à la FMPO j’ai reçu un appel de l’université de Thiès qui m’a convoqué à un concours d’entrée à la Fac de médecine qu’il fallait faire le surlendemain. J’ai alors confirmé ma participation sans vraiment me décider car je ne connaissais personne à Thiès, en plus 2 jours pour me préparer à un concours inattendu, ça m’a un peu refroidi !!! À la descente j’ai appelé mon papa pour lui expliquer la situation et il m’a dit qu’il avait un ami à Thiès où je pouvais m’installer pour faire le concours et cerise sur le gâteau j’ai fini par réussir à ce concours qui y’a été très sélectif malgré tout. Et c’est comme ça que nous avons été 66 étudiants sur 300 et quelques à être les pionniers de l’ouverture de la deuxième faculté de médecine du Sénégal. J’ai ensuite fait durant ma 6iéme année en parallèle un master en microbiologie Fondamentale et appliquée à L’UCAD que je dois soutenir d’ailleurs lol. C’est avant de finir mon stage rural de 4 mois au centre de santé de Diofior que j’ai passé un entretien à MSI pour le poste que j’occupe jusque-là, car c’était une ONG que je suivais depuis des années. En effet, j’ai toujours été intéressé par la santé sexuelle et reproductive ; d’ailleurs j’ai fait de la recherche et soutenu ma thèse de doctorat sur ce sujet en plus des œuvres humanitaires qui ont toujours fait partie de moi on y reviendra. Comment se sont déroulées vos études en Médecine ? Quand j’y repense « wow » je dirais passionnant et mouvementé. Un vrai parcours du combattant. Pour arriver à ce poste vous avez fait de longues études. Quel a été votre cursus scolaire ? J’ai fait mon cycle primaire entre Sokone et Guinguineo ; mon C.E.M entre Guingueneo et Kaolack à Dialegne pour enfin avoir mon bac S2 au lycée Valdiodio Ndiaye de Kaolack en 2008. Puisque je me voyais faire que la médecine et rien d’autre ; j’ai misé le tout pour le tout en déposant mes demandes qu’au niveau des universités où 10-BIRAMAWA MAGAZINE Passionnant parce que connaître le corps humain, comprendre les maladies et les soigner il y’a rien de plus gratifiant. Mouvementée, parce que nous avons était les premiers « COBAYE » à démarrer les études médicales à Thiès alors que rien n’était encore en place. On n’avait ni amphithéâtre on faisait cours au CNEPS de Thiès où un petit bâtiment de deux pièces nous était prêté, ni campus social chacun se débrolais et les profs venaient de Dakar pour nous bombarder de cours pendant 3 à une semaine avant de repartir. C’était vraiment dure et stressant au début, mais on savait ce qu’on voulait et c’était le prix à payer pour qu’aujourd’hui les jeunes étudiants puissent opter pour la faculté de médecine de Thiès en y trouvant les conditions dont nous rêvions tous à l’époque. Quand on voit qu’à présent on est à plus de 4 promotions sortantes on est juste fier de nous-même. Plus haut vous disiez avoir fait vos Études à l’UFR Santé de l’Université de Thiès. Qu’estce que cette Université vous inspire ? L’accomplissement d’une longue péripétie et la reconnaissance envers nos professeurs et maîtres ainsi que tout le personnel administratif de toute l’université que je côtoyais tout le temps. Vous devez être nostalgique ? (Rire) Oh oui… lol ; oui parce que j’y est passé d’agréable moment et rencontré des personnes formidables devenus des amis à vie. Cette université m’a vu être un homme responsable et engagé pour de nobles causes : La cause estudiantine : j’étais un grand défenseur des étudiants de ma faculté et de l’université pour que tout le monde soit dans de meilleur condition car j’ai été président de la faculté de médecine pendant des années, président de la conférence des présidents de faculté de l’université et représentant des étudiants de l’université de Thiès au conseil d’administration. Sans oublier le Réseau des Étudiant en Médecine de l’Afrique de l’Ouest ou j’ai assuré la vice-présidence en 2010 également. La cause humanitaire : il fallait rendre à Thiès ma ville d’adoption ce qu’elle m’a donné, c’est pourquoi j’avais fondé la présence médicale Saint Joseph pour mener des couvertures médicales et consultations au sein de l’église, avec des amis nous avions fondés Vision Santé qui est une grande organisation de Jeunes médecins dont j’ai assuré la présidence et où nous avons mené des actions incroyables à l’époque ; nous allions vers les populations démunies qui voient rarement un médecins pour les sensibiliser sur des thématiques importantes de santé publique et leurs offrir des consultations gratuites. Juste pour ne citer que cela, ce n’était pas facile d’être dans tout ça et de l’allier aux études médicales mais une chose m’a toujours animée dans la vie comment venir en aide à autrui ? Et jusque-là cette tâche je continue à l’accomplir surtout que je travaille dans les ONG. Beaucoup de jeunes élèves et étudiants souhaitent être médecins. Quels sont vos conseils pour ces jeunes ? La médecine est un métier noble et un sacerdoce avec plusieurs spécialités aussi noble les uns que les autres. Alors, foncez, assumez pleinement ce choix, ça va faire très mal parfois mais la grande satisfaction sera quand vous commencerez à exercer et sauver des vies et qu’un patient vous dira merci et formulera des prières pour vous. Alors travaillez jusqu’à ce que ça fasse mal pour un jour ressentir tout cela. D’après vous, quels sont les prérequis, les qualités essentielles pour être médecin ? Pour moi un bon médecin doit avoir de l’empathie et non de la sympathie car on confond souvent les deux. Et au moment où beaucoup commencent à se plaindre de la manière dont ils sont accueillis dans les structures sanitaires nous devons renforcer plus que jamais notre comportement. Il est important d’allier savoir-faire et savoir être pour donner aux patients la meilleure des prises en charge. Enfin le médecin doit être à l’écoute, attentif aux détails et très patient puisque les patients sont de nos jours impatients 😊. Par contre la plupart des qualités suscitées ne sont pas à enseigner à la fac, ce sont nos parents qui nous l’inculquent. Le Sénégal fait face à une crise sanitaire (Covid-19), en tant que Médecin comment l’avez-vous vécu ? Je dirais comme tous les sénégalais, nous étions face à un virus qu’on ne connaissait pas au début ce qui y’a causé beaucoup de psychose au sein de la population. Mais, aujourd’hui où nous connaissons au moins comment empêcher la propagation du virus ; nous appelons les populations à rester plus que jamais mobilisées en respectant les gestes barrières pour barrer la route à ce virus. Cependant, n’ayons pas peur de fréquenter les hôpitaux car nous devons en même temps éviter de voir la recrudescence des pathologies qui étaient jusquelà maitrisées. BIRAMAWA MAGAZINE -
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Quelles leçons le Sénégal doit-il en tirer ? C’est simple notre système sanitaire est fragile et cette pandémie l’a juste exposé au grand jour. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités et investir davantage sur la santé des populations, par des structures sanitaires bien équipées, recruter assez de médecins car nos hôpitaux sont en carence de personnel. Alors la question qu’on doit se poser c’est pourquoi il y’a autant de médecins, infirmiers, qui chôment alors que les populations se plaignent tout le temps et meurent parce que dans telle ou telle région il n’y a pas un pédiatre ou un gynécologue etc ? En tant que personnel de santé cette situation nous désole. Quel regard faites-vous sur la santé des femmes et jeunes en âge de procréer ? La santé des femmes en âge de procréer reste un point crucial sur lequel nous en tant qu’acteur dans ce domaine nous devons nous pencher continuellement afin d’améliorer les conditions. Et nous lançons un appel au gouvernement pour que plus aucune femme ne meurt en donnant la vie. Et ceci ne pourra se faire que s’il y’a assez de structure sanitaire bien équipé et un personnel de santé qualifié. En plus de cela nous devons renforcer la communication avec cette cible sur l’intérêt d’une planification des naissances en couple, pour pallier les grossesses non planifiées. Avez-vous un message pour ces femmes et jeunes filles ? Je les invite elles aussi à aller vers l’information auprès des professionnels de santé qui ont un devoir de sensibilisation envers les populations ; pour obtenir une meilleure prise en charge de leurs besoins. Et je lance un appel aux mamans ; discutez avec vos filles dès le bas âge car l’éducation sexuelle est une chose très importante. Beaucoup de jeunes filles ont vu leurs notes chuter à l’école, ou même leurs comportements changer parce que tout juste personne n’était là pour leur dire qu’elles verront un jour leur menstruation pour ne citer que ça comme exemple. En effet, « l’ignorance de soi, de toute est la pire » comme le dirait l’adage, alors combattons les tabous et évitons que nos enfants aillent à la pêche de l’information sur internet ; ou tout ce qu’on voit n’est pas réel. Pour changer de registre, comment conciliez-vous vie privée et vie professionnelle ? 12-BIRAMAWA MAGAZINE Quels sont vos hobbies ? C’est vrai que j’ai commencé à fonder une famille dès le début de ma carrière ce qui est lourd comme responsabilité pour gérer les deux étant jeune, mais j’arrive à bien concilier les deux. Ma femme et moi formons une équipe, elle me comprend et elle est un support dans ma vie. Elle connaît mon travail et ce que ça implique ; quand je me lève le matin pour aller au travail tous les jours c’est pour aider beaucoup de femmes comme elle à avoir accès à des services de santé reproductive de qualité. Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin. C’est à moi de vous remercier de m’avoir donné l’occasion de parler de ma modeste personne. Sans oublier que vous avez porté le choix sur moi pour animer la rubrique santé du magazine, donc on poursuit l’aventure ensemble. 😊 « La santé des femmes en âge de procréer reste un point crucial sur lequel nous en tant qu’acteur dans ce domaine nous devons nous pencher continuellement afin d’améliorer les conditions. » Docteur Benjamin NDOUR Responsable des cliniques à Marie Stopes International Sénég
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AVIS D’EXPERT Docteur Khardiata DIALLO MBAYE Infectiologue-coordonatrice et responsable du centre de traitement des épidémies de l'Hôpital Fann Tout connaître sur le coronarivus Les coronavirus sont une large famille de virus qui infectent à la fois les animaux et les humains. Les coronavirus humains peuvent provoquer des maladies bénignes semblables à un rhume, tandis que d'autres provoquent des maladies plus graves (comme le MERS - Middle East Respiratory Syndrome et le SRAS - Syndrome respiratoire aigu sévère). Certains coronavirus présents chez les animaux peuvent infecter les humains, ce sont des maladies dites zoonotiques. Des enquêtes détaillées ont révélé que le SARS-CoV se transmettait de la civette à l’homme et le MERS-CoV du dromadaire à l’homme. Plusieurs coronavirus connus qui n’ont pas encore infecté l’homme circulent chez certains animaux. Parmi les coronavirus, seuls six (le COVID-19 en est le 7ème) sont connus pour infecter l'être humain : quatre espèces (Human Coronavirus ou HCoV: 229E, OC43, NL63, HKU1) responsables d’infections respiratoires endémiques et deux espèces (SRASCov et MERS-CoV) qui entraînent des formes épidémiques. Les coronavirus humains se propagent généralement par des gouttelettes (toux ou éternuement) et par 14-BIRAMAWA MAGAZINE un contact personnel étroit et non protégé avec une personne infectée (toucher, serrer la main). Le nouveau coronavirus (COVID-19), est responsable de la pandémie qui a débuté à Wuhan, en Chine. La COVID-19, tel qu'il a été nommé, est considérée comme une nouvelle souche de coronavirus qui n'avait pas encore été identifiée chez l'homme. Il s’agit d’un beta-coronavirus appartenant à la même famille que le SRAS-CoV et le MERS-CoV et semblerait plus proche du SRAS-CoV. Coronavirus (homme) : HCoV-229E, HCoV-0C43, SARS-CoV,HCoVNL63, HCoV-HKU1, MERS-CoV, COVID19(SARS-CoV2 HISTORIQUE: • Premier cas : 17/11/2019 en chine • 15/12 puis 20/12/2019 : 27 puis 60 cas ont été marché de fruits de mer de wuhan) → origine animale • 31/12/2019 : notification à l’OMS • 07/01/2020 : isolement du virus baptisé SARS-CoV-2 • En février et mars : dissémination dans le monde • 02 Mars : 1er cas au Sénégal • 11 mars: déclaration d’une pandémie par l’OMS Figure N°2 : Chronologie de l’infection au coronavirus responsable de la pandémie BIRAMAWA MAGAZINE - 15
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LA TRANSMISSION Elle peut être indirecte de par les gouttelettes de secrétions oropharyngées dispersées par la toux, éternuements ou la parole d’une personne infectée ; surtout si la distanciation est inférieure à un mètre. Après avoir été en contact avec une surface contaminée, le fait de toucher le nez, les yeux, la bouche, ou bien le visage d’une autre personne saine, va entraîner un risque de contamination. Il a été démontré qu’une personne infectée pouvait contaminer 2 à 3 personnes. Figures N°3 : la transmission indirecte Figure N°4 : propagation des animaux à l’homme 16-BIRAMAWA MAGAZINE SUJETS VULNERABLES Tout le monde peut s’infecter mais la maladie sévère affecterait plus: • Personnes âgées (>65 ans) • Les personnes avec comorbidités • Les personnes déjà malades QUELQUES DÉFINITIONS CAS SUSPECT A. Un patient atteint d'une maladie respiratoire aiguë (fièvre et au moins un signe/symptôme de maladie respiratoire (par exemple, toux, essoufflement), ET n'ayant aucune autre étiologie qui explique pleinement la présentation clinique ET/OU des antécédents de voyage ou de résidence dans un pays, une zone ou un territoire déclarant une transmission locale (voir rapport de situation) de la maladie COVID-19 au cours des 14 jours précédant l'apparition des symptômes. B. Un patient souffrant d'une maladie respiratoire aiguë ET ayant été en contact avec un cas confirmé ou probable de COVID-19 (voir définition du contact) au cours des 14 derniers jours avant l'apparition des symptômes C. Un patient atteint d'une infection respiratoire aiguë sévère (fièvre et au moins un signe/symptôme de maladie respiratoire (par exemple, toux, essoufflement) ET nécessitant une hospitalisation ET sans autre étiologie qui explique pleinement la présentation clinique ; D. Toute personne décédée dans un tableau de détresse respiratoire sans autre étiologie qui explique pleinement le tableau clinique et ayant séjourné dans une zone où sévit l’épidémie au cours des 14 derniers jours ; E. Toute personne présentant des images au scanners à type d’opacités en verre dépoli, bilatérales, sous pleurales périphériques, avec ou sans condensation en faveur de pneumopathie CAS PROBABLE A. Un cas suspect pour lequel le test COVID-19 n'est pas concluant. B. Un cas suspect pour lequel le Test de Diagnostic Rapide (TDR) COVID-19 est positif CAS CONFIRMÉ Une personne dont le laboratoire a confirmé l'infection par COVID-19, quels que soient les signes et symptômes cliniques. CAS CONTACT Un contact est une personne qui est impliquée dans l'un des domaines suivants : 1. Fournir des soins directs sans équipement de protection individuelle (EPI) pour les patients COVID-19 2. Rester dans le même environnement proche d'un patient COVID-19 (y compris le lieu de travail, la salle de classe, le foyer, les réunions). 3. Voyager ensemble à proximité immédiate (1m) avec un patient COVID-19 dans n'importe quel type de moyen de transport ... dans un délai de 14 jours après l'apparition des symptômes dans le cas considéré. BIRAMAWA MAGAZINE - 17
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CLINIQUE L’incubation qui est le délai entre l’entrée de l’agent pathogène (qui se trouve être ici le coronavirus) dans l’organisme et l’apparition des premiers signes est silencieuse et dure en moyenne 2 à 14 jours. Puis, s’installe brutalement la phase d’état avec la prédominance des signes respiratoires et infectieux. Ainsi, deux types de tableaux sont décrits : un tableau simple et un tableau grave Un tableau simple avec : • Syndrome de Réponse Inflammatoire Systémique fait de fièvre (88%), tachycardie, polypnée … • Syndrome algique (algies diffuses) avec : des céphalées d’intensités variable, allant d’une lourdeur de la tête à des douleurs intenses persistantes légèrement calmées par les antalgiques, des douleurs musculaires (myalgies) telles que des courbatures avec sensation de mal partout, des douleurs articulaires (arthralgies 15%) etc…. • Signes respiratoires à type de : toux sèche au début (68%), congestion nasale, pharyngite, laryngite (maux de gorge) • Signes digestifs faits de : douleurs abdominales, diarrhées, nausées, vomissement (5%). NB : dans le contexte de pandémie, l’anosmie (absence d’odorat) et l’agueusie (absence de goût) doivent impérativement faire penser à la maladie au coronavirus 2019. Il faut noter qu’aucun signe n’est exclu dans le cadre de la covid : du simple vertige à un état de mal épileptique voire des troubles de la conscience en passant par des hoquets. Un tableau grave avec un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) fait de : • Une dyspnée à type de polypnée superficielle • Une fréquence respiratoire supérieure à 30 cycles/min • Signes de lutte tels que les battements des ailes du nez, le tirage intercostal, • Une hypoxémie avec SpO2 < 90% Ceci pouvant aboutir à un choc septique avec défaillance multiviscérale Figure N°5 : symptomatologie de la Covid-19 18-BIRAMAWA MAGAZINE Cependant, il faut dire que, la majeure partie de ceux qui sont atteints vont développer une forme frustre de la maladie A LA PARACLINIQUE, nous aurons : • NFS : lymphopénie • La radiographie du thorax peut montrer des infiltrats multi-lobaires ou une infiltration pulmonaire ayant progressé de plus de 50% en 24 à 48 heures • Scanner thoracique +++ très parlant pouvant montrer une infiltration pulmonaire en verre dépoli rapidement progressif : + de 50% en 24 à 48 heures • Lésions à la tomodensitométrie thoracique chez les patients asymptomatiques ou paucisymptomatiques donnant une dissociation entre l’imagerie et la clinique Figure N°6 : TDM thoracique avec des images en verre dépolis BIRAMAWA MAGAZINE - 19
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Evolution-pronostic Elle est favorable dans la majorité des cas. Le temps de guérison est variable selon la gravité de la forme et l’état de santé antérieur du patient : • Formes simples 2 semaines en moyenne • formes graves : 3 – 6 semaines en moyenne Cependant, il faut signaler que la convalescence peut être très longue ! La létalité est estimée à 3% (surestimée, car il y’a la sous notification des cas de pneumonie à coronavirus) Facteurs de mauvais pronostic • Âge > 70 ans (15% chez les plus de 80 ans et 0,2 % chez les moins de 39 ans) • Insuffisance respiratoire chronique sous oxygène, asthme sévère, mucoviscidose, BPCO • Diabète • IRC, IC NYHA III ou IV • Cirrhose ≥ B • ATCD cardiovasculaire : HTA, AVC, Coronaropathie, Chirurgie cardiaque • Immunodépression • Obésité morbide avec un IMC > 40 Concernant la grossesse, il faut prendre toutes les précautions pour une prise en charge en maternité surtout si la femme est au troisième trimestre avec risque d’accouchement. En outre, il faudra guetter chez elle l’apparition d’une fièvre qui peut être un facteur de risque d’accouchement prématuré ou d’avortement spontané. Ci-joint un tableau qui renseigne sur la létalité de la COVID-19 par rapport à d’autres virus La létalité de la covid-19 est variable et est proportionnelle à l’âge, ainsi, les personnes âgées sont beaucoup plus à risque de décéder de cette infection comme nous le montre la figure 7 20-BIRAMAWA MAGAZINE Figure N°7 : Létalité en fonction de l’âge (source : Chinese center for diseases control and prevention) DIAGNOSTIC Le diagnostic se fait par le biais de prélèvements respiratoires • Écouvillonnage nasopharyngé et oropharyngé • Crachats et/ou aspiration endotrachéale Il faut un personnel formé, doté d’Équipements de Protection Individuelle (EPI) Le prélèvement sera acheminé dans un triple emballage à un laboratoire spécialisé, de type P4 ou P3 modifié (IPD) Les tests réalisés sont : • La RT-PCR +++ comme diagnostic direct • Les tests sérologiques comme diagnostic indirect: (phase aigue, convalescence) TECHNIQUE D'ÉCOUVILLONNAGE Prélèvement nasal Prélèvement oropharyngé BIRAMAWA MAGAZINE - 21
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Pour le prélèvement nasal, il faut faire moucher le patient puis introduire délicatement l’écouvillon et prélever au niveau des parois nasales internes en effectuant un mouvement rotatif. Pour le prélèvement oropharyngé, il faut introduire délicatement l’écouvillon et prélever au niveau des zones inflammatoires (amygdales, oropharynx, parois jugales…) Système à triple emballage PRISE EN CHARGE DES PATIENTS Le traitement est purement symptomatique et dépend de la gravité des signes. Il faut une surveillance étroite des patients car le patient stable peut en quelques heures devenir instable dans un état grave voire critique. Une psychothérapie de soutien précoce est nécessaire, et cette prise en charge psychologique est assurée par la cellule de prise en charge psychosociale qui est logée au sein du MSAS 22-BIRAMAWA MAGAZINE Traitement anti-infectieux Protocole actuel appliqué au Sénégal • Hydroxychloroquine : 200 mg x 3 / jours chaque 8 heures pendant 10 jours • Azithromycine : 500 mg / jour pendant 3 jours • ECG à J0 et à J3 de traitement • Traitement anticoagulant • Corticothérapie au besoin • Association avec un traitement symptomatique ++++ Il y’a des contre-indications à l’utilisation de l’hydroxychloroquine • Enfants de moins de 6 ans • Femmes enceintes ou allaitantes, • Personnes ayant une allergie connue au produit, • Personnes ayant une rétinopathie, • Personnes ayant une un déficit en G6PD • Personnes ayant un allongement de QT. Par ailleurs, cette molécule est à utiliser avec prudence chez les patients présentant des comorbidités tels qu’une hypertension artérielle, un diabète notamment insulinodépendant LA PRÉVENTION Elle consiste entre autres à une hygiène respiratoire : • Port du masque systématique pour toute personne ayant ou non des symptômes respiratoires (toux/expectoration) • Utilisation de mouchoir à usage unique pour couvrir le nez et la bouche lors de toux ou éternuements • En l’absence de mouchoir éternuer au niveau du haut du coude ou en haut de la manche • Réaliser une hygiène de la main après contact avec des sécrétions respiratoires ou des objets contaminés ou suspects. L’environnement immédiat du patient aussi doit être nettoyé (table de chevet par exemple) de même que toutes les surfaces souillées. Il faudra utiliser de la solution (ou lingette) hydro alcoolique pour nettoyer le matériel tel que téléphone, télécommande, ordinateur, etc…. EN CONCLUSION La covid-19 est une maladie émergente très contagieuse +++ Son évolution est bénigne dans la majorité des cas, cependant, le pronostic vital peut être engagé en cas de SDRA. Il n’y a pas encore un schéma thérapeutique spécifique validé par l’OMS, ainsi la lutte repose surtout sur la PRÉVENTION AVEC LE RESPECT STRICT DES MESURES BARRIÈRES : ‒ Port du masque systématique ‒ Se laver les mains avec de l’eau et du savon ou une solution ou gel hydro alcoolique ‒ Respecter la distanciation physique ‒ Eviter autant que faire se peut les rassemblements et regroupements En outre, il faudra lutter contre la STIGMATISATION qui va retarder le délai de prise en charge des patients avec un nombre élevé de décès dû à la covid-19 LA COVID-19 N’EST PAS UNE MALADIE HONTEUSE ET NUL N’EST A L’ABRI Je finirai mes propos par ces propos de Charles Nicolle Prix Nobel de Physiologie et Médecine, 1928 : « La connaissance des maladies infectieuses enseigne aux hommes qu’ils sont frères et solidaires. Nous sommes frères parce que le même danger nous menace, solidaires parce que la contagion nous vient le plus souvent de nos semblables » (Charles Nicolle, Le Destin des Maladies Infectieuses 1933) BIRAMAWA MAGAZINE - 23
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LE COIN D’AUTRUI Bonzzzouuurrr Warahamatullah, chers lecteurs, lectrices du Quinzomadaire Biramawa 24-BIRAMAWA MAGAZINE A vant le break « histoire et fiction du 4e numéro », nous nous étions arrêté à mon passage au groupe Walfadjiri, aux expériences que j’ai accumulées aux côtés de grands noms du journalisme de ce pays. Après plus de deux ans passés à faire, plusieurs fois, la Une du journal Walf Grand’Place, ma signature commençait à me peindre comme quelqu’un qui vivait de son travail aux yeux de l’opinion. Et surtout aux yeux de mes proches. C’était très difficile de faire croire à mes parents qu’à la fin du mois, je ne percevais pas un rond. Cela commençait sérieusement à me peser. Il fallait trouver une solution. À un moment donné, j’ai voulu tout plaquer et retourner à Mboro, voir des côté des ICS si je pouvais avoir un poste. J’ai même pris rendez-vous et eu à faire des tests au site de Darou Khoudoss. Financièrement, la situation était très délicate. Les cousins et oncles qui m’hébergeaient à Pikine avaient déménagé et je n’avais plus où loger. Deux choix s’imposaient alors : retourner chez mes parents à Mboro ou trouver une chambre pour me poser. Je n’avais pas les moyens de ce dernier. Je vous passerai l’épisode de comment des amis à moi, de vrais ceux-là, ont tout fait pour que je reste à Dakar poursuivre le travail que je faisais au groupe Walfadjiri. A eux, je dois une reconnaissance éternelle. Ma rencontre avec Maximillien Diouf, l’homme qui a changé ma vision du Web Un après-midi d’avril 2013, alors que je continuais à chercher le diable pour lui tirer par la queue, un ancien collègue de Walf, Kouly Kassé, est venu me faire part d’un second job qui pouvait m’aider à arranger un tout petit peu mes fins de mois. Il s’agissait d’une agence de web Marketing (Webgram) qui avait également développé un site d’informations générales et qui recherchait deux journalistes pour le mettre à jour. Les horaires de travail (08h-16h) ne s’entrechoquaient pas forcément avec ceux que j’avais à Walf (16h- 23 heures et parfois jusqu’à 01 heure du matin). J’ai donc sauté sur l’occasion quand j’ai entendu qu’il y avait de sous à empocher à la fin du mois. Ainsi, le matin, je me réveillais vers 6 heures du matin pour aller à Webgram, qui à l’époque se trouvait à Sicap Baobab, où je travaillais jusqu’à 16 heures. Ensuite, j’enchaînais au Front de Terre pour rejoindre la rédaction de Grand Place jusqu’à 00 heures. Le rythme était infernal. Mais il le fallait. J’avoue qu’au début, c’était uniquement pour avoir quoi envoyer à maman et également assurer mon transport. Mais quelle belle aventure, c’était quand même. Sur place, je traitais directement avec un certain Macoumba, qui coordonnait le travail de l’agence. En plus de Kouly et moi, il y avait 5 autres jeunes qui tapaient sur leurs machines à longueur de journée sans que je ne sache ce qu’ils faisaient vraiment. Cela m’intriguait au fil des jours. On m’a initié au back-office et à toutes ces subtilités. Ce n’était pas sorcier comme job. Il fallait juste être alerté, se brancher sur une radio et faire des brèves dès qu’il y avait une nouvelle information. En plus, bien sûr des journaux que l’on reprenait. C’est au bout de deux semaines que j’ai finalement rencontré Max. Il était passé au bureau pour payer les salaires des employés. C’était la fin du mois. J’avais également droit à la moitié de mon salaire. Puisque j’avais travaillé 15 jours. Maximillien Silmangue Diouf de son vrai nom, fait partie de la première génération de génies informatiques sortie de l’Ecole supérieur Polytechnique de Dakar. Avec certains de ses camarades de promotion, ils ont lancé la société 2Si, qui s’active dans l’Ingénierie logicielle et les Automatismes. Le Groupe 2Si est, en Afrique de l’Ouest, l’un des prestataires majeurs de solutions et de services innovants dans le domaine des TIC destinés aux entreprises, aux administrations et aux organisations. Créée en 2001 au Sénégal, 2SI a ouvert une filiale au Mali depuis Janvier 2007 et compte des références en Gambie, en Guinée-Bissau, en Guinée Conakry, et au Burkina Faso. Catholique convaincu, pratiquant, Max est également d’une probité morale irréprochable. Dès qu’il s’est aperçu que j’étais un atout pour son site, il m’a proposé une augmentation de salaire, après trois mois et un contrat de prestation après un peu plus de six mois. Au cours de notre collaboration de 2013 à 2017, il m’a toujours voué un immense respect et a toujours respecté ses engagements vis-à-vis de moi. Mieux, quand j’ai traversé l’une des plus pénibles épreuves de ma vie en 2015 (je vous épargnerai les détails), il m’a apporté tout son soutien. C’est cet homme qui m’a fait croire que le futur de mon métier de journalisme était inconBIRAMAWA MAGAZINE - 25
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à consommer pour les internautes… C’est homme m’a beaucoup appris et a beaucoup contribué à ma réussite professionnelle. J’ai essayé de lui rester loyal jusqu’au bout. Malgré les difficultés que Webgram traversaient en début 2016 avec le piratage subi par le site d’informations. Tout le travail accompli depuis 2013 s’était volatilisé un bon matin. L’hébergeur qui se trouvait en France n’arrivait pas à trouver de solution. Il a fallu à Max développer un autre site pour repartir à zéro. C’était très difficile. Beaucoup ont quitté après cet épisode. Mais je suis resté malgré les difficultés financières. Et cela avait beaucoup marqué l’homme qui me l’a fait savoir un jour dans son bureau lors d’un tête-à-tête. Je lui devais plus que ça. Webgram a continué à exister. Mais à un moment donné, le site tardait à redécoller et il fallait passer à autre chose. C’est alors que Max a décidé de me payer des indemnités de départ pour me libérer. N’eût-été cela, je ne l’aurais jamais abandonné. cevable sans le Web. C’est alors qu’il m’a initié aux nouveaux métiers du web comme le blogging. Il m’a encouragé à créer un blog et à utiliser mes contacts sur les Réseaux sociaux comme Facebook pour partager les contenus de mon blog. Il m’a également appris certaines techniques de Référencement web pour rendre visible un site internet sur le moteur de recherche Google, par exemple. Ce n’est pas tout, c’est Max qui m’a appris comment manager des pages sur les Réseaux sociaux et comment attirer l’attention du public de Facebook, différent de celui de Twitter. Allier l’humour, le sérieux et l’impertinence pour en faire un cocktail succulent L’argent et les opportunités, c’est bien. Mais placez toujours les relations humaines avant tout. Le monde professionnel n’est cruel que parce que les hommes y sont en perpétuelle compétition et se croient obligés d’être habillés en loup. Ne laissez personne vous faire croire que vous ne pouvez pas gagner votre vie en étant loyal. Dans le prochain numéro, je vais atterrir à PressAfrik et nous pourrons alors commencer à parler des grands sujets qui concernent l’actualité et la marche actuelle du monde. D’ici-là, portez-vous bien et surtout respectez les mesures barrières et autres consignes édictées par les autorités sanitaires pour se protéger et protéger vos proches du virus qui circule toujours. Ayoba FAYE Rédacteur en chef de Pressafrik 26-BIRAMAWA MAGAZINE
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ENTRETIEN EXCLUSIF Professeur Mariétou Thiam Coulibaly Enseignant-Chercheur Chef d'équipe maternité de l'hôpital régional de Thiès “La médecine a toujours été un objectif depuis mon plus jeune âge.” Pour ce numéro 5 de votre magazine nous sommes allés à la rencontre de Professeur Mariétou Thiam Coulibaly. Notre cher professeur est gynécologue obstétricienne, Maître de conférences agrégé à l’UFR en Sciences de la Santé de l’Université de Thiès, Chef du département des Sciences Infirmières et Obstétricales de ladite Université et Chef du Service Maternité de l’Hôpital Régional de Thiès. Dans cet entretien elle revient sur son parcours, son choix pour la médecine. Elle aborde également la question de la santé des femmes au Sénégal et adresse un message aux hommes qui ont « un rôle fondamental à jouer dans la santé des femmes. » « Je dirai que la médecine a toujours été un objectif pour moi depuis le plus jeune âge. J’étais attirée par deux professions : la médecine pour soigner les personnes malades et l’enseignement. » Pouvez-vous vous présenter ? Je m’appelle Mariétou Thiam Coulibaly, je suis gynécologue obstétricienne Maître de conférences agrégé à l’Unité de Formation et de Recherche en Sciences de la Santé de l’Université de Thiès Chef du département des Sciences Infirmières et Obstétricales Quelles sont les grandes lignes de votre parcours de formation et professionnel ? J’ai fait mes études primaires et secondaires à Kaolack où je suis née et j’ai grandi. Pour mes études primaires, j’ai fait mes premiers pas à l’école Dialégne puis j’ai intégré le village d’enfants SOS où j’ai eu mon CEP, pas comme pensionnaire du village mais parce que ma mère y enseignait. Ensuite, toutes mes études secondaires se sont déroulées au lycée Waldiodio Ndiaye où J’ai obtenu le Bac série D avec la mention assez bien en 1995. Après le bac, j’ai été orientée à la Faculté de Médecine de l’Université Cheikh Anta Diop, sur ma demande. J’ai donc fait toutes mes études médicales à Dakar en passant par l’internat des hôpitaux et la spécialisation en gynécologie obstétrique. Après 5 ans d’internat, j’ai fait des stages en France pendant un an et demi qui m’ont permis d’avoir le Diplôme de Formation Médicale Approfondie en gynécologie obstétrique. De retour au pays en 2012, j’ai été affectée en qualité de gynécologue obstétricienne au Centre Hospitalier Régional de Thiès. C’est en 2013 que j’ai intégrée l’Unité de Formation et de Recherche en Sciences de la Santé de l’Université de Thiès comme assistante chef de clinique. Ensuite, grâce à l’encadrement de mes maîtres, j’ai gravi les échelons jusqu’au concours d’agrégation en médecine du CAMES que j’ai réussi en Novembre 2018 à Libreville au Gabon. A l’heure actuelle, je continue mes activités hospitalières à la maternité de l’Hôpital Régional de Thiès et je suis enseignant chercheur à l’UFR Santé de Thiès. Après le Baccalauréat vous avez jeté votre dévolu sur des études en médecine puis vous vous êtes spécialisée en gynécologie-obstétrique. Qu’est ce qui a motivé ces choix ? Je dirai que la médecine a toujours été un objectif pour moi depuis le plus jeune âge. J’étais attirée par deux professions : la médecine pour soigner les personnes malades et l’enseignement. C’est en cours de formation médicale, que j’ai découvert le cursus universitaire par la voie de l’internat des hôpitaux, qui pouvait aussi me mener à l’enseignement. L’enseignement est une vocation familiale car mon père, ma mère, mes oncles, tantes et même grands-parents étaient presque tous enseignants et j’avais toujours rêvé aussi devenir un jour enseignant. Je me suis alors investie dès la cinquième année de médecine à la préparation du concours d’internat des hôpitaux BIRAMAWA MAGAZINE - 29
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de Dakar, que j’ai réussie en 2003. Après ma réussite à l’internat, le choix de la spécialisation en gynécologie obstétrique n’était qu’une suite logique, car j’avais déjà pris mon sujet de thèse en gynécologie. J’avais fait mon stage de cinquième année en gynécologie obstétrique à l’Hôpital Le Dantec et j’étais impressionnée par l’activité importante qui s’y tenait. Je voulais aussi apporter ma contribution. La rigueur et l’engagement du personnel de la Clinique Gynécologique et Obstétricale de l’Hôpital Le Dantec, particulièrement des maîtres de cette école, au service des femmes, m’avaient marquée pour toujours. Vous êtes actuellement Chef d’équipe à la Maternité de l’Hôpital Régional de Thiès. Quelles sont vos missions ? Notre principale mission au sein de l’équipe du Service de Gynécologie Obstétrique du Centre Hospitalier Régional de Thiès est de veiller à la bonne marche des activités, en y offrant des services de qualité, dans le soucis permanent de la satisfaction des patientes. L’hôpital de Thiès est une structure de référence et souvent de dernier recours, nous devons répondre à toutes les demandes dans le domaine de la santé de la reproduction au niveau de la région et même au-delà. Au côté des soins, il s’agit également pour nous d’exercer notre métier d’enseignant et chercheur. Le service est un lieu de stage pratique pour des apprenants médecins et paramédicaux et nous sommes en charge de les accompagner pour atteindre leurs objectifs. Nous évaluons aussi nos pratiques régulièrement pour les améliorer et être en phase avec les recommandations les plus récentes dans le domaine de la gynécologie obstétrique. Notre mission c’est aussi de faire en sorte que le personnel, les patientes et les apprenants puissent s’épanouir au sein de notre service. 30-BIRAMAWA MAGAZINE « Pour être gynécologue obstétricien, il faut d’abord faire la médecine générale. Puis après la soutenance de la thèse de doctorat, s’inscrire au diplôme de formation spécialisée en gynécologie obstétrique dont la durée est de 4 ans. » Pour les jeunes élèves et étudiants comment définiriez-vous la gynécologie-obstétrique ? La gynécologie obstétrique est une discipline qui s’occupe de la santé génésique de la femme pendant les différentes étapes de la vie (l’adolescence, la période d’activité génitale, la ménopause et même après). Cela implique au-delà de la femme, le couple également. Comment devient-on gynécologue-obstétricien ? Quels sont les prérequis et qualités indispensables ? Pour être gynécologue obstétricien, il faut d’abord faire la médecine générale. Puis après la soutenance de la thèse de doctorat, s’inscrire au diplôme de formation spécialisée en gynécologie obstétrique dont la durée est de 4 ans. Les études médicales sont longues, donc il faut beaucoup de patience et de l’endurance. Il faut pour exercer ce métier être disponible, attentionné, humble et rigoureux. Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans cette profession ? Ce qui me plaît le plus c’est de pouvoir aider les femmes à donner la vie et partager ainsi avec elles ces moments extraordinaires. C’est aussi l’opportunité que l’on a d’être très proche des femmes, de pouvoir les comprendre mieux, étant une femme moi-même, et leur apporter l’aide dont elles ont besoin. Quel regard portez-vous sur la santé des femmes au Sénégal ? Je pense qu’il y a encore beaucoup à faire dans le domaine de la santé des femmes dans notre pays. Il y a encore beaucoup de femmes qui meurent en donnant la vie par exemple, beaucoup qui meurent aussi de cancers gynécologiques et mammaires. Les principales raisons sont le bas niveau socio-économique, le manque de sensibilisation, l’accès difficile aux soins, l’absence de programme efficace de dépistage etc… Quel que soit la volonté des praticiens, il y a des aspects qui relèvent de la politique sanitaire. Après la gratuité des césariennes, il y a eu dernièrement des mesures importantes consentis par le gouvernement. On peut en citer la gratuité de la chimiothérapie pour le traitement des cancers gynécologiques, la CMU. Ces mesures ont un impact positif sur l’amélioration de la santé des femmes et la dynamique doit continuer sur l’augmentation des investissements dans la santé pour améliorer aussi celle des femmes. Il peut-être embarrassant de parler au Sénégal de Santé Génitale. Est-ce que les femmes sont suffisamment sensibilisées sur les risques pesant sur leur santé génitale ? Dans nos sociétés, on aborde avec beaucoup de tabous les questions relatives à la vie génitale, à la sexualité de manière générale. Ce manque de communication fait que la plupart de jeunes filles n’ont pas conscience des risques qu’elles encourent : infections sexuellement transmissibles, grossesses non désirées, abus sexuels …avec leurs conséquences désastreuses. Je pense qu’il y a encore beaucoup d’efforts à faire dans le sens de l’information, l’éducation, et la communication, mais aussi dans l’autonomisation des femmes pour qu’elles puissent prendre elles-mêmes leur santé sexuelle en main. Par ailleurs la mortalité maternelle demeure préoccupante au Sénégal. Est-ce que ce fléau à un rapport avec la santé génitale des femmes ? En effet, la mortalité maternelle reste élevée dans notre pays. Les causes sont liées aux complications pouvant survenir pendant la grossesse, l’accouchement et le post partum. Parmi elles, on peut citer les hémorragies qui demeurent la première cause et les complications des états hypertensifs associés à la grossesse. Ces décès sont pour la grande majorité évitables dans notre contexte et relèvent de défaut de surveillance et de prise en charge correcte des grossesses. Quelles sont d’après vous les autres causes de mortalité maternelle ? Il y a plusieurs autres déterminants qui interviennent dans cette mortalité : l’ignorance de femmes sur les signes de danger de la grossesse, l’accès difficile aux soins de qualité, l’insuffisance du personnel qualifié, le manque d’équipements et de structures adéquats pour les BIRAMAWA MAGAZINE - 31
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prendre en charge correctement dans certaines zones. Les conjoints ont également un rôle à jouer pour la préservation de la santé de leurs épouses. Quel est votre message à l’endroit de ces messieurs ? Ils ont un rôle fondamental dans la santé des femmes je dirai. Dans tous les domaines de la santé de la reproduction, les hommes devraient être impliqués. Il y a des situations qui relèvent du couple : la planification familiale, l’accompagnement pendant la grossesse et l’accouchement, la prise en charge de l’infertilité, etc…Cette implication des hommes n’est pas encore tout à fait une habitude dans nos cultures. Lorsque vous faites le tour dans nos maternités, c’est rare d’y retrouver des hommes qui accompagnent leurs femmes. Quand il y a un problème dans le couple, c’est la femme qui est d’abord indexée et souvent, elle se retrouve à faire toute seule le parcours de soins, face à son destin. Si les hommes étaient plus investis dans la santé des femmes beaucoup de problèmes seraient aujourd’hui résolus. Pour changer de registre, vous êtes à la fois Chef d’équipe au Service Gynécologie Obstétrique de l’Hôpital Régional de Thiès et Enseignant-chercheur. N’est-ce pas beaucoup de responsabilités ? C’est certes beaucoup de responsabilités mais je suis entourée des maîtres et collaborateurs engagés comme moi pour la cause des femmes et grâce à l’esprit d’équipe, nous travaillons en parfaite cohésion. Comment conciliez-vous ces responsabilités professionnelles avec votre vie privée ? L’une n’impacte-il pas sur 32-BIRAMAWA MAGAZINE l’autre ? La gynécologie obstétrique est une discipline prenante qui demande beaucoup de sacrifices, une présence constante et à toute heure aux côtés des patientes. Notre pays n’a pas assez de gynécologues obstétriciens pour couvrir tous les besoins, ce qui fait que la charge de travail est énorme surtout dans les structures publiques. A un certain moment, durant ma spécialisation et au début de ma carrière professionnelle, le travail passait avant toute chose et c’était une nécessité. Mais maintenant, avec une équipe plus renforcée et grâce à l’appui constant de ma famille, je parviens à allier les deux sans grande difficulté. Que diriez-vous à ces femmes sénégalaises qui, à la fois, aspirent à plus de responsabilités professionnelles et à une vie de famille épanouie ? Que ce n’est pas du tout facile mais pas impossible, il suffit de le vouloir pour y arriver. Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin. J’espère que mon parcours pourra inciter des jeunes à vouloir devenir médecins et gynécologues obstétriciens car notre pays en a besoin. Je vous remercie et souhaite pleins succès à votre journal. « Si les hommes étaient plus investis dans la santé des femmes beaucoup de problèmes seraient aujourd’hui résolus. »
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ENVIRONNEMENT Dakar une bombe à retardement pire que Beyrouth À l’image de Beyrouth poumon économique et administrative du Liban, il en est de même pour Dakar avec ses 3 137 196 habitants, soit près du quart de la population du Sénégal (23,2%), vivant sur une superficie représentant 0,3% de la superficie totale du pays, Dakar est la région la plus peuplée du Sénégal et la densité de sa population est aussi la plus élevée avec 5 704 personnes/Km2. Une de ses portes la plus prolifique reste le Port de Dakar. Le Port Autonome de Dakar (PAD), (+90% des recettes douanières du Sénégal) tel le port de Beyrouth (60 à 70% des importations libanaises), sont d’un apport stratégique considérable dans les économies de leur pays respectif. Le PAD est situé à l’intersection des lignes maritimes reliant l’Europe à l’Amérique du sud, l’Amérique du nord à l’Afrique du sud. Il bénéficie d’une position géographique exceptionnelle parce que situé sur la pointe la plus avancée de la côte ouest africaine. Le PAD est scindé en deux zones distinctes (zone sud avec les moles 1, 2,3 et zone nord avec les moles 4, 5, 8,10) séparées par un port de pêche, des ateliers de réparation navale et une zone militaire. Participant à l’émergence de la ville de Dakar depuis 1869, le port brasse d’importants volumes annuellement, avec 2.653.945 de tonnes de vracs solides conditionnés en 2010 pour une hausse 45% par rapport à 2009, qui représente 26% du trafic total est due à la reprise principalement des importations du soufre (+72 %) destiné aux ICS. 36-BIRAMAWA MAGAZINE Le terminal soufre ICS, faisant écho à l’entrepôt de nitrate d’ammonium du port de Beyrouth objet de notre étude, est entouré par le terminal à conteneurs au Sud poumon économique du Sénégal et décisif dans les échanges vers l’hinterland, à l’Est la zone des hydrocarbures avec les sea-lines d’hydrocarbures de gaz et de produits chimiques alimentant la SAR et les ICS, au Nord la voile d’or et le camp militaire de Bel-Air sont un modèle de villégiature. Non loin de là, à l’ouest et au Nord-Ouest, se trouve les routes des hydrocarbures et de Rufisque avec leurs différents réservoirs de stockage destinés à approvisionner tout le Sénégal, un peu au Nord-Est à 27km se trouve les installations de Gaz Lobou Mame Diarra Bousso. Plus au Sud à moins de 4,5 km se trouve le centre-ville du Dakar plateau et une bonne partie des ministères non transférés à Diamniadio, et surtout le Palais présidentiel tout à fait sur la bissectrice Sud. Cet environnement sulfureux et délétère ne demanderait jamais une étincelle pour s’embraser. Cette mitoyenneté du soufre avec des produits inflammables représente une menace perpétuelle. Avec plus de 300 000 tonnes annuellement manutentionnées, débarquées essentiellement, le soufre avec sa forte utilisation en plein air près du terminal à conteneurs nécessite une vigilance sans faille dans le respect des normes de sécurité, en raison de la quantité stockée de vracs et de la proximité géographique qui fait avoisiner des marchandises parfois sensibles (hydrocarbures, sea-lines, conteneurs, …) en termes de sécurité. Certains produits peuvent réagir les uns avec les autres, provoquant parfois des explosions, des incendies, des projections ou des émissions de gaz dangereux. Ces produits incompatibles doivent être séparés physiquement. D’autres produits encore réagissent violemment avec l’eau : ils doivent être entreposés de façon à ce que tout contact avec de l’eau soit impossible, même en cas d’inondation. Enfin, les produits inflammables doivent être stockés à part dans une enceinte dédiée et constamment ventilée. Dans l’obligation de la séparation des produits incompatibles/ réactions dangereuses, la mitoyenneté entre le stockage du soufre et le terminal à conteneurs BIRAMAWA MAGAZINE - 37
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en est une parfaite illustration. Or le stockage du soufre près du TAC est une des sources les plus destructrices qui peut menacer aussi bien toute la chaîne logistique, que l’environ direct du port et les milliers d’individus s’activant tout autour du port et à Dakar plateau. La prévention de l’exposition à des agents chimiques dangereux passe également par le respect de mesures d’hygiène, qui viennent en complément des mesures de prévention technique et organisationnelle. La température d’auto-ignition de la fleur de soufre (soufre en poudre) est de 190 °C. Une réaction chimique incontrôlée peut entraîner une explosion suite à la manipulation de la fleur de soufre. Le soufre liquide présente une tension de vapeur encore très faible au-dessous de 200 °C qui croît rapidement au-delà. La température d’ébullition à pression atmosphérique est de 444,6 °C. La coloration des vapeurs est jaune puis se modifie progressivement avec la température de chauffe. Température d’inflammation sans flamme pilote (poussières). Un feu de soufre solide s’étend rapidement, en l’absence de rétention, du fait de la fusion rapide du produit et se comporte comme un feu de nappe. Il ressort de l’examen des caractéristiques d’inflammabilité et d’explosibilité que le soufre est facilement inflammable. En particulier, l’ordre de grandeur de l’énergie minimale d’inflammation indique que les étincelles mécaniques, électriques et électrostatiques sont susceptibles d’enflammer les poussières de soufre. De plus, le caractère résistif du soufre favorise la création et l’accumulation des charges électrostatiques au sein du matériau et accroît donc le risque d’inflammation d’origine électrostatique. Des inflammations de poussières de soufre sont également susceptibles de se produire et d’être à l’origine d’explosions ou d’incendies. La fleur de soufre est un des rares produits, les poussières métalliques mises à part, qui s’enflamme par étincelles électriques, et sa combustion dégage des produits toxiques comme le dioxyde de soufre (SO2) et le trioxyde de soufre (SO3). Sous forme pulvérulente, l’inflammation d’un nuage de soufre en milieu confiné donne lieu à une explosion. Les risques médico-environnementaux émanant du soufre Les conséquences d’un accident de matières dangereuses dépendent de la nature du produit. Le plus souvent, son inflammation déclenche un incendie (60 % des accidents concernent des produits inflammables). Parmi les autres effets possibles : l’explosion, l’émanation toxique, la pollution de l’environnement par déversement du produit. Les risques émanant du soufre peuvent être de trois ordres : La pollution par un nuage toxique, la pollution par déversement, risques d’incendie et d’explosion, Le danger toxicologique principal en relation avec le soufre résulte de sa combustion, qui génère du dioxyde de soufre (SO2), substance toxique, et en moindre mesure de l’hydrogène sulfuré (H2S), du trioxyde de soufre (SO3) et du disulfure de carbone (CS2), également toxiques. En particulier lors de l’accident d’Afrique du Sud en décembre 1995, les gaz issus de la combustion de terrils de soufre ont provoqué des décès parmi la population. La gravité des effets des produits chimiques sur la santé dépend de plusieurs paramètres : caractéristiques du produit chimique concerné (toxicité, nature physique…) voies de pénétration dans l’organisme (respiratoire, cutanée ou digestive) mode d’exposition (niveau, fréquence, durée…) état de santé et autres expositions de la personne concernée (physiologie, prise de médicaments, consommation d’alcool ou de tabac, expositions environnementale …). Ces effets peuvent apparaître : en cas d’exposition à un produit chimique sur une brève durée (intoxication aiguë): brûlure, irritation de la peau, démangeaison, convulsion, ébriété, perte de connaissance, coma, arrêt respiratoire… après des contacts répétés avec des produits chimiques, même à faibles doses, (intoxication chronique) : eczéma ou troubles de la fertilité, silicose, mésothéliome, insuffisance rénale... Les pathologies dues à des produits chimiques peuvent apparaître plusieurs mois ou plusieurs années après l’exposition. Par contre, rejeté dans l’eau, milieu dans lequel il n’est pas soluble, le soufre ne 38-BIRAMAWA MAGAZINE se dégrade pas tant qu’il reste en suspension. Dans le cas des accidents où la concentration de la suspension est élevée, les poissons peuvent être atteints. Pour le cyprin doré, 16 000 ppm (parts per million) durant cinq heures entraînent une mortalité de 100 %. Les pollutions secondaires, issues de la combinaison des précédentes comme l’ozone (O3) et les particules très fines qui pénètrent profondément dans les bronches ont également des effets néfastes sur la santé. A Dakar, des dosages effectués récemment montent que 96% particules produites par le trafic urbain sont inférieures à 2,5 μm. A partir de travaux effectués en 2002, l’OMS considère qu’un quart des décès prématurés en Afrique sont imputables à la mauvaise qualité de l’air et donc proviennent de la pollution urbaine. L’aménagement du territoire un must, vu ce qui nous attend en cas d’explosion. Le schéma national d’aménagement et de développement du territoire devra fixer les orientations fondamentales en matière d’aménagement, d’environnement et de développement durable. Une bonne politique permettra un développement équilibré de l’ensemble du territoire national alliant le progrès social, l’efficacité économique et la protection de l’environnement. Toute perspective implique un point de vue qui varie suivant l’a priori implicite qui tient lieu d’origine à la réflexion qu’elle véhicule. Comme le souligne IBNTALAL Hassan, en l’absence de culture qui donne le sens, l’opération de développement reste sans sens. En matière de prévention des risques chimiques plusieurs types d’actions sont possibles pour aboutir à la meilleure maîtrise possible des risques chimiques. Le plan d’action constitué combine des mesures techniques (suppression ou substitution de produits ou de procédés, protection collective comme du captage à la source des émissions…) et organisationnelles (procédures d’urgence, règles d’hygiène…), ainsi que des actions d’information et de formation des travailleurs. Il nous faut répondre impérativement à la charte africaine de l’UA, qui stipule : L’étendue des obligations positives imputables à l’Etat dans une situation particulière dépend de l’origine de la menace et de la possibilité d’atténuation de tel ou tel risque. « Cela ne concerne pas exclusivement les cas de décès résultant directement d’actes des agents d’un Etat mais implique aussi l’obligation positive pour les Etats de prendre toutes les mesures nécessaires à la protection de la vie des personnes relevant de leur juridiction (le droit à la vie et environnement). La responsabilité de l’Etat dans les activités chimiques dont émanent des émissions toxiques, ou l’exploitation de sites de stockage de déchets, qu’elles soient menées par les autorités publiques elles-mêmes ou par des entreprises privées. Bien que nous soyons dans un monde à dominante de libéralisme, le droit à un environnement répond en réalité à la définition des intérêts qui prévalent dans le devenir collectif. L’intérêt général ne peut se définir, au départ, que par comparaison ceux privés (individuel, patrimoniaux, affectifs, économiques, confort, …) tournés vers soi. Quelque soit notre intérêt économique, il ne devrait pas prévaloir sur celui général. Le soufre en lui-même peut ne pas être dangereux, toutefois la combinaison de plusieurs facteurs, relatifs à la quantité exposée, au stockage du soufre, les installations autour du lieu d’entreposage, l’environnement urbain et la densité de la population, peut se révéler fatal et irréversiblement destructeur pour une ville comme Dakar au-delà de la catastrophe de Beyrouth. Mariane Seck Docteur en Droit de l’Environnement et de la Santé BIRAMAWA MAGAZINE - 39
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LES DROITS HUMAINS AKK AK YELEFU DOMU ADAMA YI Généralités sur les droits de la femme L es droits de la personne humaine sont un ensemble de droits qui garantissent la liberté de l’être humain et conditionnent le respect de 40-BIRAMAWA MAGAZINE sa dignité pour le plein épanouissement de sa personnalité. Ils ont existé depuis très longtemps, mais ils sont devenus de nos jours un sujet important et complexe qui mobilise l’opinion internationale. Depuis quelques années, le Sénégal s’est résolument inscrit dans la voie d’un assainissement des bases de sa croissance économique dont l’aboutissement doit faciliter l’atteinte des ODD par le biais d’une redistribution équitable des richesses. A cet effet, outre la création d’opportunités pour la promotion d’emplois productifs et la transformation structurelle de l’économie, la protection sociale des populations, notamment les couches vulnérables, demeure l’un des axes stratégiques les plus forts de la politique économique et sociale du pays. Et, parmi ces couches vulnérables figurent la femme dont le rôle social a considérablement évolué au fil du temps. La « femme » apparaît comme la personne de sexe féminin de tous âges, y compris les filles, les adolescentes, les femmes selon leur statut matrimonial. Elle bénéficie d’un certain nombre de droits faisant parties intégrantes des droits humains. La protection des droits des femmes se justifie par deux raisons fondamentales. Il y a, d’abord, la vulnérabilité de la femme liée à son statut au sein d’un certain nombre de sociétés ainsi qu’au modèle d’organisation sociale qui peut être patriarcal ou matriarcal. Ensuite, on a assisté à la persistance des discriminations liées au sexe occasionnant des violences sous plusieurs formes. Enfin, le souci de protection des droits et de restauration de la dignité humaine comme prévu par les textes internationaux sur les droits de l’Homme. Elimination des discriminations à l’égard des femmes Jadis, la femme jouait les seconds rôles dans la société en ce que leurs activités se limitaient à assurer l’éducation des enfants. Il lui était impossible d’occuper des fonctions politiques, administratives. Tout ceci en raison d’une primauté de l’homme sur elle. A Athènes où la démocratie fut inventée, les femmes étaient exclues de celle-ci car la démocratie athénienne était limitée. Les citoyens ne constituaient qu’une petite fraction de la population. En effet, pour être citoyen, il fallait être un homme. Ce qui fait que la femme vivait dans une situation fragile, de précarité. La première conférence mondiale sur la femme à Mexico en 1975 a retenu la nécessité de créer un instrument sur les droits humains des femmes, non assumés et non appliqués. En 1979, l’Assemblée générale des Nations unies adopte la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes connue sous le sigle de CEDEF ou CEDAW son abréviation anglaise. Cette Convention propose une révision des droits humains afin d’y intégrer de façon explicite les droits des femmes. L’adoption de ce texte se justifie par le souci de mettre fin à la discrimination suite à une prise de conscience de la situation des femmes comme étant la catégorie sociale la plus touchée par la pauvreté dans le monde. Depuis 1995, date de l’adoption du Programme d’action de Beijing sur l’autonomisation des femmes, la proportion moyenne de femmes au parlement a presque doublé dans le monde, passant de 11 % en 1995 à 22 % en janvier 2015. Les femmes au parlement ont gagné́ du terrain dans plusieurs pays. En fait, les Etats parties ont ainsi compris que la discrimination entrave la participation des femmes, dans les mêmes conditions que les hommes, à la vie politique, sociale, économique et culturelle de leur pays, qu’elle fait obstacle à l’accroissement du bien-être de la société et de la famille et qu’elle empêche les femmes de servir leur pays et l’humanité dans toute la mesure de leurs possibilités. Ils ont ainsi convenu de définir l’expression discrimination à l’égard des femmes comme « toute distinction, exclusion ou restriction fondée sur le sexe qui a pour effet ou pour but de compromettre ou de détruire la reconnaissance, la jouissance ou l’exercice par les femmes, quel que soit leur état matrimonial, sur la base de l’égalité de l’homme et de la femme, des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans les domaines politique, économique, social, culturel et civil ou dans tout autre domaine ». Il s’y ajoute la consécration d’un protocole additionnel à la CEDEF. Il appert que la promotion de l’égalité des sexes vise à éliminer les disparités entre les sexes, notamment dans l’éducation primaire et secondaire, et à tous les niveaux de l’éducation, sachant qu’en moyenne, dans les pays en voie de développement, 94 filles sont scolarisées pour 100 garçons, et que dans 2 pays sur 3, au sens restreint du terme, l’égalité des sexes à l’école est atteinte. Reste que l’objectif de l’autonomisation des femmes reste BIRAMAWA MAGAZINE - 41
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distant, dans les pays en voie de développement comme dans les pays industrialisés. En Afrique, on a assisté à l’intervention du protocole à la charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatifs aux droits des femmes adopté à Maputo le 11 Juillet 2003 et entré en vigueur le 25 Novembre 2005. Venant en complément à la Charte africaine, pour promouvoir les droits fondamentaux en Afrique et veiller à la protection de ces droits, le protocole de Maputo met en évidence les droits déjà proclamés par la charte et insiste sur la protection des femmes contre les pratiques traditionnelles dangereuses et la protection lors des situations de conflit armé. Au Sénégal, la parité résulte de la loi n° 2010-11 du 28 mai 2010 qui dispose, en son article 1er, que « la parité homme-femme est instituée dans toutes les institutions totalement ou partiellement effective ». Suite à cette consécration légale, la participation des femmes à la vie politique a augmenté, mais la parité́ est encore un objectif lointain. La nécessaire implication de la femme dans le processus de développement L’approche « Genre et développement » qui a été adoptée à la Conférence de Pékin (1995) consiste à prendre en compte la répartition des rôles et des activités des femmes et des hommes dans chaque contexte et dans chaque société pour tendre vers un équilibre des rapports de pouvoir entre les sexes. En effet, le genre et le développement constituent deux concepts qui s’entrecroisent et autour desquels se sont développées, au cours de ces dernières années, de nombreuses recherches principalement anglophones. Ces deux notions sont porteuses de pratiques visant à changer les rapports entre les femmes et les hommes. Il appert que le genre se réfère à la construction et à la répartition des rôles sociaux attribués à chaque sexe, dans une société et à une époque donnée. Ces rôles varient d’un pays à l’autre selon l’âge, la culture, la classe sociale, etc. Quant au développement, il vise l’ensemble des transformations structurelles (démographiques, économiques, sociales, mentales, politiques, etc.) qui rendent possibles et accompagnent la crois42-BIRAMAWA MAGAZINE sance économique et l’élévation du niveau de vie. D’où la nécessité de ne pas confondre « genre » avec le mot « sexe » qui évoque les caractéristiques biologiques et physiologiques qui différencient les hommes et les femmes. En effet, l’égalité entre hommes et femmes est au cœur du programme d’action de l’OIT en faveur d’un travail décent pour tous. Cette égalité conditionne les changements sociaux et institutionnels propices à un développement durable assorti d’égalité et de croissance. L’égalité entre hommes et femmes repose sur l’égalité des droits, des responsabilités et des opportunités dont chacun devrait jouir, indépendamment de son sexe. Dans le monde du travail, l’égalité entre hommes et femmes se décline de la façon suivante: 1. 2. Égalité des chances et du traitement valeur égale 3. Égalité de rémunération pour un travail de Égalité d’accès aux emplois sûrs et non dangereux pour la santé, ainsi qu’à une couverture sociale 4. lective 5. 6. Égalité d’association et de négociation colÉgalité de perspectives de carrière Un équilibre entre travail et vie privée, équitable tant pour les hommes que pour les femmes 7. Égalité de participation à la prise de décisions à tous les niveaux Étant donné qu’au travail les femmes sont souvent désavantagées par rapport aux hommes, la promotion de l’égalité entre hommes et femmes nécessite d’accorder une attention particulière aux besoins et aux aspirations des femmes. En outre, l’inégalité des attentes et des relations de pouvoir influence négativement les hommes et les garçons à cause d’idées reçues sur la condition masculine. Or, les femmes comme les hommes, et les filles comme les garçons, devraient être libres de s’épanouir et de prendre des décisions suivant leurs propres aptitudes et intérêts, sans limitations imposées par des rôles rigides attribués à l’un ou l’autre des sexes. Khadime SENE Éducateur spécialisé au Ministère de la Justice BIRAMAWA MAGAZINE - 43
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HISTOIRE DU SÉNÉGAL Sel et Santé en Afrique de l’Ouest traditionnelle Le sel est une denrée nécessaire pour la vie humaine et animale. « Le chlorure est essentiel à la digestion et à la respiration. Sans le sodium, que le corps ne peut pas fabriquer, il serait incapable de transporter des nutriments ou de l’oxygène, transmettre des impulsions nerveuses, ou déplacer les muscles, y compris le cœur. »¹ 1 KURLANSKY M, Salt A World History, 2002, U.S.A, N.Y, Ed : Walker Publishing Company, P. 10 « Chloride is essential for digestion and in respiration. Without sodium, which the body cannot manufacture, the body would be unable to transport nutrients or oxygen, transmit nerve impulses, or move muscles, including the heart. An adult human being contains about 250 grams of salt, which would fill three or four salt-shakers, but is constantly losing it through bodily functions. It is essential to replace this lost salt. » 44-BIRAMAWA MAGAZINE Son importance liée à la santé en Afrique de l’Ouest est attestée par les récits de voyage. Au XVIe siècle, V. Fernandes écrivait « Les noirs donnent plus d’or en échange de sel que toute autre marchandise. Ils le consomment eux-mêmes, comme leur bétail et prétendent que sans le sel, ni eux, ni leurs troupeaux ne pourraient subsister et prospérer (…). D’ailleurs, il y a plusieurs de leurs maladies internes et de celles de leurs bétails qu’ils guérissent en mangeant du sel. C’est pourquoi le sel est chez eux si fort apprécié ».² Les changements d’habitudes alimentaires, induits par la civilisation industrielle ont profondément modifié la relation positive que nous avions avec le sel. La substitution de sel par des bouillons artificiels est un des éléments de la « fracture sociale »³, qui en fait est devenue un problème de santé publique. Le discours médical axé sur l’excès de consommation de sel, associé à l’hypertension artérielle et les maladies cardiovasculaires dénigre un aliment irremplaçable. « Décliner une histoire du sel, c’est étendre l’étude de la période précoloniale jusqu’aux temps immédiats, c’est inscrire l’historien dans les réalités passées et présentes. »⁴ Il s’agit de donner au sel sa dignité historique en insistant sur la consommation pour la santé humaine et animale. Notre travail est construit autour de questions majeures. Pourquoi l’Homme ingère le sel ? Le sel était-il utilisé dans la médecine traditionnelle ? Mots-clés : Sel, Alimentation, Santé, Médecine traditionnelle, Covid-19. Les sels minéraux Jean Stocker soulignait que « le développement de l’humanité était lié à la possibilité d’approvisionnement en sel, le berceau de la civilisation, l’Égypte, la Mésopotamie, les rivages de la méditerranée sont des contrées où le sel abonde »⁵. L’Afrique de l’Ouest, « protégée et emprisonnée au sud et à l’ouest par l’océan qui épouse la terre dans le fracas de la barre, au nord par l’immense moutonnement ocre et silencieux du désert qui par deux fois se marie aux eaux des fleuves Sénégal et Niger »⁶englobait trois grandes régions de production : le littoral atlantique, source de sel marin, le Sahara : domaine des terres salées et du sel gemme et le centre du pays : domaine des sels végétaux. Sel gemme extrait des mines, sel de sources par ébullition et concentration, sel de cendre par ébullition, sel résultant du lessivage de certains sols ; ces sels ont toujours été utilisés pour la consommation et furent composés généralement des minéraux suivants : « sodium, calcium, potassium, lithium, rubidium, strontium, magnésium, aluminium, silicium, titane, fer et cuivre. »⁷ Alimentation humaine Étudier le lien entre le sel et l’homme ; c’est se pencher sur ses besoins vitaux. Parmi eux, l’un des plus impérieux est le besoin en sel. C’est lui qui a dicté aux hommes d’élaborer des techniques de production pour l’acquérir ; nouer des relations d’échange pour assurer son approvisionnement. En se fondant sur les travaux du médecin-colonel Léon PALES, l’introduction du sel dans l’organisme par voie alimentaire répondait à un besoin physiologique. En 1950, il écrivait « le goût des noirs pour le sel, n’est pas un goût. La « soif de sel » des noirs rejoint leur « soif d’eau ». C’est un besoin physiologique impérieux ; »⁸ Pour PALES, le fonctionnement de l’organisme humain « est étroitement lié au métabolisme du sel et de l’eau. Schématiquement (…), le tube digestif de l’homme est l’axe de construction de la figure avec sa voie d’apport alimentaire (…). Du secteur d’assimilation, les aliments nutritifs passent dans le plasma sanguin. Là, deux voies se présentent : l’une conduit dans l’intimité des tissus, l’autre a des nouveaux organes d’excrétion : les poumons, les reins et la peau. La voie d’accès à l’organisme aboutit aux liquides interstitiels ou milieu intracellulaire. Mais, déjà, il apparaît que le plasma sanguin est composé d’eau et de chlorure de sodium [sel] où l’eau représente 5% du poids du corps. Le liquide interstitiel est un 2 CadaMosto cité par MAUNY R, Tableau géographique de l’Ouest Africain au moyen-âge d’après les sources écrites, la tradition orale, l’archéologie, 1961 mémoire IFAN N°61, Dakar, p. 323. 3 FALL M. « Les fractures en notre humanités », Le SOLEIL, Mardi 09 juin 2020, P. 18-19. ⁴ UBOIS C., L’or blanc de Djibouti, Salines et sauniers (XIXe –XXe siècles), 2003, Paris, éd : KARTHALA, PP. 9. ⁵ STOCKER (J), Le sel, 1949, Paris, presses universitaires de France, Préface ⁶ MONNIER y, L’Afrique dans l’imaginaire Français, (Fin du XIXe- Début XXe Siècle), 1999, Paris, éd : L’Harmattan , P. 291 ⁷ SERVIGNE M. et PALES L., 1954, Les Sels alimentaires, Paris, éd : J.G. Malochet, P. 12. ⁸ Pales L., op cit.P.73 BIRAMAWA MAGAZINE - 45
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mélange d’eau (…) et de sel de potassium. Entre les deux domaines, l’extra et l’intracellulaire existe une cloison, enveloppe des cellules, membrane cellulaire, osmotique. Perméable à l’eau, elle est imperméable aux sels et fait nouveau et capital imperméable aux ions qui composent ces sels. Le liquide interstitiel contient pratiquement la totalité du chlorure de sodium de l’organisme. Il est en équilibre osmotique avec les sels de potassium de la cellule. Toute modification, gain ou perte, de ce sel extracellulaire, quelle qu’en soit la cause, détermine un échange d’eau entre les milieux extracellulaires. Là, est le devoir d’équilibre »⁹. On peut en déduire que les Africains par conscience ou par expérience ingéraient le sel pour la santé. Les témoignages de Cada Mosto révèlent que les peuples, plus particulièrement ceux qui vivaient dans les régions chaudes, doivent en consommer régulièrement pour l’équilibre humain. Au XVe siècle, il écrivait : « (…) à quoi emploient ce sel les marchands de Melli, ils me furent répondus qu’ils s’en usent en leurs pays quelque quantité, pour autant que la proximité qu’ils ont avec l’Equinoxial il y’a de grandes chaleurs en certain temps de l’an, au moyen de quoi le sang vient à se corrompre et putréfier, tellement que si ce n’était ce sel, ils en prendraient la mort. Mais ils y pourvoient par un tel remède ; ils prennent une petite pièce de ce sel qu’ils détrempent avec un peu d’eau dans une écuelle de laquelle ils usent et boivent tous les jours, chose qui les contregarde et guérit. »¹⁰ Au-delà de son rôle physiologique, les consommateurs recherchaient aussi le goût salé pour rendre agréables les mets. R Caillé écrivait : « Au chef de Sancougnan, (…) nous allâmes à la case qu’on nous avait destinée ; peu après on m’apporte de la part du mansea (…), une calebasse de riz, de lait et du beurre fondu le tout saupoudré de sel que nous mangeâmes à notre dîner. »¹¹ À la fois aliment et condiment, le sel occupait une place prépondérante dans la nourriture quotidienne. Les animaux n’échappent pas à cette logique. ⁹ ibid ¹⁰ DE C’ADAMOSTO Alvares, 1895, Relation des Voyages à la Côte Occidentale d’Afrique, Paris, éd : Ernest Leroux, P. 56. 11 R Caillé op cit, p. 90. 12 BOUTRAIS j., « Cure salées, cures natronées pastoralismes en savane centrafricaines », Journal des africanistes, N° 89-1 , 2019, p. 84115, P. 2. 1³ MARIKO, K. A., Souvenirs de la boucle du Niger, 1980, Dakar, éd : Les Nouvelles Editions Africaines, P. 90. 1⁴BOUTRAIS J., op cit, p. 3. 46-BIRAMAWA MAGAZINE La cure salée des animaux, une pratique thérapeutique des Pasteurs Dans l’histoire pastorale, la recherche de sel a souvent conditionné de récurrents mouvements de transhumance. Autant que l’homme, la vache a besoin de sel pour remplacer celui qui est éliminé par la sueur, l’urine et le lait. « Lorsqu’elles ressentent un déficit en sel (…), les vaches adoptent un comportement inhabituel dont les éleveurs restituent les manifestations principales : elles meuglent continûment. Si l’attente de complément minéral se prolonge, leur façon de paître change, en devenant plus discontinue ; elles perdent des forces et s’amaigrissent. »¹² Ce besoin impérieux engendrait des déplacements périodiques des troupeaux vers les prairies salées. Ce phénomène était observé dans le Nord-Est du Sahel par le vétérinaire Kélétigui A. Mariko « Après l’effroyable sécheresse qui décima bête et gens dans tout le sahel, l’hivernage s’installa dru, régulier. Partout tout verdoyait. Les bœufs reprenaient de l’embonpoint, le poil brillant, le mufle sec, l’œil luisant, ils gambadaient par les vastes plaines en routes vers les terres salées de l’Azawak. Là-bas, en plein nord est, vers le Niger où les salines de Taguidda-Tessoum accueillent chaque année des milliers, des dizaines ou des centaines de milliers de têtes de bovins, d’ovins, de caprins de chameaux, venus là faire la cure salée (…). »¹³ Au-delà de sa dimension physiologique, la cure salée revêtait une dimension culturelle. Le retour des troupeaux était l’occasion d’organiser des activités festives. « Les cures salées ou natronées donnent lieu à des scènes spectaculaires, par exemple aux environs d’In-Gall, au Niger. Aux tours des sources salées se rassemblent, chaque année, de nombreux Touaregs et Peuls nomades. »¹⁴ Ces cures salées occupaient une place centrale dans la vie de relation du monde pastoral. Mariko plaidait pour sa préservation. « Devrons –nous effacer à tout jamais de nos vues et de nos souvenirs les spectacles éclatants de couleurs et de dynamisme que représentaient, au Macina, comme dans la zone lacustre, dans l’Azawak, la Tamesna, l’Oudalan, les retours des transhumances d’immenses troupeaux, indiscutablement les plus beaux de l’Afrique occidentale ? Devrons-nous oublier pour toujours toutes ces fêtes bucoliques inséparables des cures salées (…) qui jadis rassemblent toute la population à des kilomètres à la ronde ? » ¹⁵ Il semble que la transhumance vers les terroirs salicoles du Saloum était causée par l’existence de marais et prairies salés qui bordent la rivière du même nom. Durant la saison des pluies, les pâturages salés recouvraient d’une végétation qui attirait les éleveurs. Un informateur à Ngathie, nous dit que jusqu’à une période récente, les pasteurs guidaient leurs troupeaux jusqu’aux marais salants de Ngathie pour la cure salée. Le toponyme d’un marais salant « Mbarkha-Khélé » illustre cette pratique qui était bien observé par Almada. Ce dernier écrivait au XVIe siècle, « pendant l’hiver, les Foulos font paître leurs troupeaux sur les côtes habitées par les Jolofos, les barbacins[seereer] et les Mandingues et pendant l’été, ils rentrent dans l’intérieur (…) »¹⁶. Ainsi, grâce à son rôle thérapeutique, le sel était l’or du pasteur. Autant que l’eau, le sel rythmait la dynamique pastorale. La transhumance durant l’hivernage était nécessaire pour la santé des animaux. Le Moundé chez les Peuls du Fouladou La présence du sel dans le mythe d’origine de la vache permet de dire qu’il était en partie à l’origine du Moundé. « D’après la tradition orale, trois jeunes vaquaient tranquillement à leurs occupations, lorsque soudain, une vache ayant des taches noires, rouges et blanches (mais avec une prédominance des taches noires), sortit de l’eau pour se diriger vers la berge. Aussitôt, l’un des jeunes gens se mit à la pourchasser pour essayer de l’attraper, mais il n’y réussit pas. Le second en fit de même ; il échoua à son tour. Le troisième jeune gens s’avança, s’approcha tout doucement et dit : « Hurr, hurr ! Vient ma belle à la robe magnifique ! Arrête-toi ma douce ; viens par ici ! À leur grand étonnement, la vache ne fit pas un pas de plus. Elle s’arrêta net et il s’en saisit ; ce jeune homme –là était un Peul ! Or ce Peul n’avait pas omis de noter que, lorsque la vache était sortie de l’eau, elle s’était dirigée vers un endroit précis de la berge. C’est pourquoi il s’y rendit aussi et constata que l’endroit était fortement salé. Le Peul conclut alors que pour domestiquer la vache, il faudrait lui donner régulièrement du sel. Mais, étant donné que l’animal qui avait été conduit au village était un bovidé-femelle, le Peul décida de retourner au bord du fleuve pour y chercher un bovidé-mâle. Et c’est là qu’on dit qu’il a rencontré le Génie de l’eau, le Gardien des vaches et des troupeaux. (…) Le Génie lui fixa un rendez-vous sans que rien ne se passe. Au troisième rendez-vous, le génie lui recommanda de faire le moundé. »¹⁷ D’après les témoignages recueillis au Fouladou par Moustapha BARRY, « la recherche de ce sel a conduit des Peuls -Fouta à s’installer définitivement dans la province Firdou du Kabou. »¹⁸ Le terroir était la première zone de diffusion de sel marin produit en Casamance et dans les rivières du sud. « En Mandingue le Firdou est l’endroit où on exerce le commerce (Firo= commerce ; dou= géographie). »¹⁹ Sa proximité avec les zones de production permettait aux éleveurs de se ravitailler moins cher pour la cure salée. La préparation du rite chez les Peuls du Fouladou montre que sans le sel il est impossible d’organiser la fête des vaches. En effet, « les feuilles, les racines, les écorces et les fleurs de palmier sont pilées et malaxées avec du sel »²⁰. Amadou Ndiaye pense qu’« il faut chercher le sens profond du moundé dans la quête effrénée du grand nombre de vaches. En effet, l’idée la mieux partagée chez les Peuls, est que la vache qui est arrivée la première, lors de la course, donne successivement naissance à neuf veaux femelles avant de mettre bas un veau mâle. »²¹ 1⁵ MARIKO, K. A., op cit, p. 90. 1⁶ Almada A. A., op cit.;P.73 ¹⁷ Ndiaye A., La fête de la vache chez les Peuls du Fouladou ou la perpétuation du rite du sel, Annales de la Faculté des lettres et Sciences Humaines, n°39/B 2009, P.226. 1⁸ Ibidem 1⁹BARRY M., « L’implantation des Peuls du Futa djallon dans le Fuladou » (1867-1958), 2000-2001, UCAD, Dpt Histoire, Mémoire de Maîtrise, P. 18. 2⁰BARRY M., op cit, p.9. ²² Massamba TALL, Immam de la grande mosquée de Ndiobène Tallène. BIRAMAWA MAGAZINE - 47
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La transplantation d’une pratique largement partagée par les peuples de civilisation pastorale permet de dire que l’objectif principal du Moundé est la santé des animaux. Sur la base d’une réalité, un mythe était forgé pour expliquer la domestication de la vache et la prospérité du cheptel. En ce sens, il participe à une meilleure compréhension de l’univers culturel des Peuls. Le sel dans la médecine traditionnelle Produit aux vertus thérapeutiques, le sel est présent dans la médecine traditionnelle. Il joue un rôle important dans le traitement et la prévention des maladies. Nos informateurs au Saloum dressent un catalogue de maladies qu’ils soignent avec le sel. On peut citer les maux de gorge, d’estomac, les maladies dentaires, les problèmes liés à la santé de reproduction, etc. Massamba TALL²² rapporte à l’appui de ses expériences personnelles des témoignages médicaux que « lorsqu’il souffre des maux de gorge et d’estomac, il boit de l’eau salée le matin et soir. »²³ De plus, l’usage du sel pour soigner des plaies et arrêter l’hémorragie de sang est devenu même un remède populaire en Afrique de l’Ouest. Chez les peuples du Nord-Cameroun, « le sel de potasse sous la forme liquide joue le rôle d’antiseptique de premier ordre dans le milieu traditionnel. On l’utilise pour arroser les blessures en vue de leur nettoyage, même si elle produit une vive douleur. Lors des rites d’initiation et de circoncision chez les Moundang, on verse constamment du sel sur les plaies issues de la coupure des prépuces. Il est mélangé à quelques poudres d’écorces d’arbres pour soigner les jeunes circoncis. »²⁴ En cas de douleur articulaire, « quand quelqu’un est confronté à une fatigue extrême, des problèmes de courbatures, ou des maux d’articulations, entre autres ; il peut se faire un massage composé de sel. La composition est simple : malaxer peu d’eau salée avec du beurre de karité ; puis, au coucher, masser tout le corps ou les parties atteintes. Le lendemain matin, il est recommandé de se laver avec de l’eau tiède salée. »²⁵ Conclusion Ainsi, le lien entre le sel et la médecine est évident et universel. Didier DEVAUCHELLE l’a observé depuis l’Égypte ancienne dans son article intitulé : « Sel et natron en Égypte pharaonique.»²⁶ On comprend alors, les hypothèses formulées (le sel un remède de grand-mère pour traiter le Covid-19? Selon des chercheurs de l’université d’Édimbourg, Ecosse)²⁷ ; les conseils de gargariser la gorge avec de l’eau salée pour la prévention et le traitement du Covid-19. Le fonctionnement physiologique de notre corps est tributaire de métabolismes du sel. Ceci révèle que l’Homme est un élément de la nature. Si nous voulons préserver notre santé, donnons à notre corps des aliments programmés par la nature. Les personnes victimes de Covid-19 révèlent que le virus achève plutôt des personnes dont la santé est abîmée. Le discours sanitaire doit être porté sur l’éradication de l’usage des bouillons artificiels et la conscientisation des femmes qui sont les véritables cibles de Marketing pour l’équilibre alimentaire. Le retour au passé, amorcé au Cameroun, avec le phénomène de « labellisation du sel de potasse : cuukuurisation »²⁸ qui fait la promotion de la gastronomie traditionnelle est un exemple à suivre. Omar Mallé SAKHO Chercheur UCAD, Laboratoire LARHISA ²³ Ibidem ²⁴ François W., « Sels, magico-religieux, thérapeutiques et tradition orale au Nord-Cameroun ancien », in Sel et société, Tome 2 : Santé, croyances et économie, Christine Hoët-van Cauwenberghe , Armelle Masse, Gille(= tan en sérère)s Prilaux (dir.), 2020, Paris, éd : Presses universitaires du Septentrion, p. 185. ²⁵ DABO C., Sel, « Archéologie et Patrimoine : le cas du Sinn-Saloum », 2017, UCAD, Dpt. Histoire, Mémoire de Master, P. 46. ²⁶ DEVAUCHELLE, D., « Sel et natron en Égypte pharaonique.» in Sel et société, Tome 2 : Santé, croyances et économie, Christine Hoëtvan Cauwenberghe, Armelle Masse, Gilles Prilaux (dir.), 2020, Paris, éd : Presses universitaires du Septentrion, p. 319. ²⁷ https://www.cnews.fr/monde/2020-06-29/leau-salee-pourrait-aider-traiter-le-covid-19-selon-des-chercheurs-973232 2⁸ François W., op cit, P. 48-BIRAMAWA MAGAZINE
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A L'ÈRE DU NUMÉRIQUE Les enjeux sanitaires du numérique Le numérique “disrupté” quasiment tous les secteurs de la vie humaine, la médecine n’étant pas épargnée par ce phénomène. Tantôt il est facteur de troubles de santé, tantôt il est au contraire, un puissant outil de progrès médical. Je me propose un tableau panoramique de ces deux faces dans les lignes qui suivent. I. Le numérique facteur de troubles de santé A. La nomophobie ou quand on a une peur démesurée de se séparer de son smartphone 50-BIRAMAWA MAGAZINE Parmi les maux les plus récurrents causés par le numérique, se trouve en bonne place la dépendance aux outils digitaux. Cette dépendance est surtout observée chez les jeunes, qui se connectent plusieurs heures par jour. Cette dépendance est aujourd’hui de plus en plus problématique dans la mesure où nous notons qu’une séparation entre l’utilisateur et l’outil numérique, comme le smartphone, crée un fort sentiment de mal être, c’est ce que les scientifiques ont d’ailleurs appelé la nomophobie. Ce terme est la contraction de no mobile phone, qui veut dire absence de téléphone, et de phobie, qui veut dire désigne la peur. La nomophobie évoque ainsi une peur démesurée à l’idée de se retrouver sans son téléphone. Les psychiatres la considèrent comme une maladie du monde moderne, engendrée par la communication virtuelle et la généralisation des smartphones. B. D’autres troubles du comportement nés de l’usage généralisé du numérique 1. Le phubbing : snober sans le faire exprès Phénomène très récurrent, le phubbing est la consultation ostensible de son smartphone entre collègues, amis, amoureux, et membres d’une même famille alors même qu’on nous adresse la parole. Le mot est la contraction des termes phone, pour téléphone, et snubbing, pour snober. 2. Le syndrome d’anxiété : étaler sa vie sur le net Le syndrome d’anxiété est une fragilité très commune chez beaucoup de jeunes. Il se manifeste par un besoin permanent d’étaler les différents moments de son existence, aussi dérisoire soit-ils, sur les réseaux. Une story sur snapchat ou instagram, une photo sur facebook. L’angoisse qui l’accompagne naît de la peur de ne pas trouver le “bon moment” ou la “bonne photo” à poster et de la crainte que celle-ci ne provoque pas suffisamment de réactions d’approbation. 3. La schizophrénie de profil ou jongler entre plusieurs vies La schizophrénie de profil atteint ceux qui, jonglant avec la possibilité d’avoir plusieurs identités différentes sur les réseaux sociaux et autres sites de rencontre en ligne, finissent par ne plus savoir distinguer les identités choisies de leur propre personnalité. Pris au jeu des conversations de leurs différentes masques, ils ne savent plus lequel privilégier lorsqu’il s’agit de se confronter à la vraie vie. C. La lumière bleue de l'écran : source de multiples troubles Les écrans que nous utilisons au quotidien, smartphone, ordinateur, tablette, etc. produisent une lumière bleu artificielle très nocive pour nos yeux, autant que les rayons UV. Cette lumière bleue requiert pour les muscles de l’œil davantage d’effort pour nous donner la bonne image, raison pour laquelle nous ressentons des maux de tête ou une certaine lourdeur des paupières quand l’usage de l’outil digital est prolongé. A juste titre, cela suscite des inquiétudes médicales quant à ses conséquences sur l’œil à moyen et long terme. II. Les outils numériques accompagnent aussi la médecine dans ses progrès Sur un tout autre registre, en effet, le numérique est un puissant levier de progrès sanitaire. Des avancées notoires ont été notées grâce à l’application des outils numériques à ce domaine crucial. C’est le cas de la télémédecine qui permet d’offrir des soins à distance grâce aux outils digitaux. A ne pas confondre cependant avec la télésanté qui est un autre symbole de l’intrusion positive du numérique dans la santé. La télésanté permet, grâce à des applications web, des objets connectés ou encore des sites web de fournir des services de suivi et de prévention des individus dans le but de favoriser leur bien être. De plus en plus de logiciel informatique se développent pour permettre la gestion optimale des structures sanitaires ou d’un territoire médical. Il est donc envisageable pour une ambulance d’avoir un état actualisé des lits disponibles dans son périmètre de service et d’être efficace dans l’acheminement des malades. Enfin, la collecte et le traitement algorithmique de données massives de santé devient monnaie courante dans la pratique médicale, permettant aux assureurs de mieux adapter leur accompagnement par exemple ou encore aux Etats de mener des politiques publiques à fort impact avec un meilleur ciblage des sujets concernés. Ousseynou GUEYUE fondateur de Polaris Asso BIRAMAWA MAGAZINE - 51
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Développement personnel SECRET DES PERSONNES « RÉSILIENTES » L a souffrance, ou la douleur au sens large, est une expérience de désagrément et d’aversion liée à un dommage ou à une menace chez l’individu. S’il y a bien une réalité connue de tous, c’est que tous les Humains souffrent, peut-être à des degrés différents, mais chacun à un moment ou à un autre fait face à cette réalité de la vie. Toutefois, il existe chez certaines personnes dites « résilientes » une attitude positive leur permettant, parfois plus que d’autres, de bravement surmonter certaines épreuves de la vie. Focus sur cette qualité. 1-Les personnes positives comprennent que le malheur arrive, que la souffrance fait partie de la vie. Cela ne signifie pas qu’elles en font vraiment bon accueil. Juste que lorsque les moments difficiles surviennent (Maladie, deuil, faim, discordes, agonies...), elles semblent savoir que la souffrance fait partie de toute existence humaine et cela leur empêche de se sentir victime de toute discrimination. Cette capacité leur permet de vivre dans une situation compliquée tout en gardant une dignité remarquable. 2-Les personnes résilientes sont aussi douées pour choisir soigneusement l’endroit où elles portent leur attention. Elles ont l’habitude d’évaluer les situations de manière réaliste et, généralement, parviennent à se concentrer sur les choses qu’ils peuvent changer et à accepter d’une manière ou d’une autre les choses qu’ils ne peuvent pas modifier. 3-les personnes résilientes se demandent toujours : est-ce que ce que je fais m’aide ou me fait du mal ? Cela leur permet par exemple de faire fi des situations embarrassantes pour se concentrer davantage sur les bons moments de leurs vies. Elles évitent ainsi de penser à une dispute ou une récente faillite pour se concentrer sur l’avenir. La rancœur, la jalousie ou tout autre ressentiment de haine est éliminé de leurs quotidiens. Sachons Adopter une attitude positive dans les pires moments de la vie !! Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires étrangères BIRAMAWA MAGAZINE - 53
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DECOUVERTE Fatou Kiné FALL Blogueuse culinaire - Fondatrice Inspifood By Kinouche Fatou Kiné FALL est consultante en Informatique, entrepreneure dans la conception graphique et blogueuse culinaire. « Passionnée par tout ce qui est en rapport avec la cuisine », Fatou a créé en 2017 son blog culinaire Inspifood By Kinouche. Biramawa lui consacre la rubrique Découverte de ce numéro. « Vu que j’adore manger et que je suis vraiment passionnée par tout ce qui est en rapport avec la cuisine, je crée du contenu culinaire sur les réseaux sociaux. J’y partage, au format vidéo, des recettes express pour le plaisir des papilles. » 54-BIRAMAWA MAGAZINE Pouvez-vous vous présenter ? Je m’appelle Fatou Kiné FALL. J’ai 29 ans, je suis mariée et maman d’une adorable petite fille. Je travaille en tant que Consultante BI à Paris et parallèlement je suis entrepreneure dans la conception graphique. Vu que j’adore manger et que je suis vraiment passionnée par tout ce qui est en rapport avec la cuisine, je crée du contenu culinaire sur les réseaux sociaux. J’y partage, au format vidéo, des recettes express pour le plaisir des papilles. Quelles sont les grandes lignes de votre parcours de formation et professionnel ? Alors concernant mon parcours de formation, j’ai eu mon baccalauréat S2 au lycée Taiba ICS de Mboro en 2010. Par la suite j’ai fait un DUT en Télécom et Réseaux à l’ESP Dakar de 2010 à 2012. Enfin j’ai obtenu mon diplôme d’ingénieur en Télécom et Réseaux en 2015 à l’institut Galilée Paris 13. Concernant mon parcours professionnel, j’ai été pendant 2 ans consultante en développement d’application avant de faire une reconversion dans le domaine de l’informatique décisionnelle. J’ai ainsi travaillé en tant que consultante BI chez des clients tels que EULER HERMES, BNP PARIBAS. Comment vous est venue l’idée de mettre en place cette initiative ? En fait l’idée de créer un blog culinaire ne m’a jamais traversé l’esprit. J’avais créé une page Instagram où je postais des photos de mes plats juste pour avoir un endroit de stockage où ça rendait bien. A l’époque, personne de mon entourage n’était au courant à part mon mari qui me répétait tout le temps que je devrais faire connaître la page. Un jour je recevais des amis à la maison, je leur ai montré la page qu’ils ont beaucoup appréciée d’ailleurs. Ils m’ont vraiment motivée à me lancer et à sortir de ma zone de confort. Vous avez fondé Inspifood By Kinouche. De quoi s’agit-il ? Inspifood By Kinouche est un blog culinaire que j’ai créé en 2017 mais j’ai vraiment été active vers la fin de l’année 2019. Je suis consciente qu’il est difficile de diversifier ses repas dans la semaine à cause d’un emploi du temps très chargé. Beaucoup de personnes ont pour habitude ainsi de manger des plats surgelés ou de commander dans les fast food. De ce fait, InspiFood By Kinouche a pour vocation de proposer des recettes saines, faciles et rapides pour faire plaisir à ses proches et à soi-même. BIRAMAWA MAGAZINE - 55 J’ai, dans un premier temps, commencé par poster des photos de mes plats. Ensuite, j’ai posté des photos en mode carrousel expliquant les étapes pour réaliser une recette. Enfin, vu que je suis également passionnée de montage vidéo, j’ai décidé de créer du contenu culinaire au format vidéo.
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L’alimentation est l’une des clés pour rester en bonne santé. Est-ce que Inspifood By Kinouche prend en compte cette dimension ? Bien sûr, cette dimension n’est pas prise à la légère. Je propose des recettes avec beaucoup de légumes, des aliments complets, des aliments sans gluten entre autres. Je fais un peu de tout en fait avec les ingrédients du bord. Je m’inspire de ce que j’ai dans ma cuisine pour proposer des recettes express et saines d’où le nom InspiFood By Kinouche. Il m’arrive par contre de proposer des recettes avec du gras comme le merguez mais c’est vraiment à consommer avec modération. Il faut se faire plaisir de temps en temps ;). « InspiFood By Kinouche s’adresse vraiment à toutes les personnes qui veulent manger diversifié avec des ingrédients accessibles. » A qui s’adresse Inspifood By Kinouche ? InspiFood By Kinouche s’adresse vraiment à toutes les personnes qui veulent manger diversifié avec des ingrédients accessibles. Cuisiner n’est pas synonyme de corvée bien au contraire. On peut passer d’agréables moments en cuisine et je vous montre comment à travers mes recettes express 😊. Quelles sont les perspectives de Inspifood ? InspiFood By Kinouche est tout d’abord une passion. J’espère un jour inchAllah transformer cette passion en un véritable projet professionnel. Des idées dans ce sens j’en ai tellement, mais pour l’instant je me concentre plus sur la création de contenu et on verra où cela va nous mener 😊. Comment vous suivre ou vous contacter ? Je suis très active sur Instagram, sinon vous pouvez me suivre sur Facebook, Youtube et Tiktok avec le pseudo : InspiFoodbykinouche. Si vous êtes gourmands comme moi n’hésitez pas à y faire un tour ;). Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin ? Je vous remercie vivement de m’avoir donné l’opportunité de parler de ma passion à travers votre magazine. Je vous souhaite plein de succès. Ce fut un réel plaisir. 56-BIRAMAWA MAG’ COMMENCEZ AVEC LE VOUS VOULEZ VISITER VOUS VOULEZ VISITER L’AFRIQUE? COMMENCEZ AVEC LE SENEGAL
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DIPLOVAR N°4 DiploVar ou un regard aiguisé sur l’actualité internationale Politique, Sciences Politiques, Relations Internationales, Humanitaire, votre nouvelle rubrique incontournable vous offre plus que des informations, une analyse pertinente des interactions géopolitiques qui vous entourent. Quoi de mieux qu’un résumé des points essentiels de l’actualité internationale des 15 derniers jours, des faits historiques, des portraits de personnalités ayant marqué l’histoire des relations internationales pour mettre à jour vos connaissances et rendre vos débats chocs d’idées. Les points saillants, les immanquables de l’actualité internationale vous seront présentés de façon succincte de telle sorte que rien ne vous échappera. Pour ce troisième numéro, une consultation du tableau de la VAR Diplomatique nous annonce les informations suivantes : COVID19 : Dans le monde, on compte désormais près de 21 millions cas déclarés, selon un bilan établi jeudi par l'AFP à partir de sources officielles. L'Amérique latine et les Caraïbes sont la région comptant le plus grand nombre de morts : environ 230.000. Près de la moitié des décès dus au Covid-19 ont été enregistrés dans quatre pays : les Etats-Unis (166.038), le Brésil (105.463), le Mexique (55.293) et l'Inde (47.033). Concernant l'Afrique, la réouverture des économies va y entraîner une hausse des cas, a averti la directrice régionale de l'OMS, Matshidiso Moeti. Le seuil des 750.000 morts du Covid-19 dans le monde a été franchi et l'inquiétude persiste face à une résurgence de la maladie, poussant de nombreux pays à imposer de nouvelles restrictions pour limiter sa propagation (Port de masque obligatoire, confinement partiel…) Dernière en date, l'établissement par le Royaume-Uni à partir de samedi d'une quarantaine de 14 jours aux voyageurs en provenance de France, de Monaco, des Pays-Bas et de Malte 58-BIRAMAWA MAGAZINE Alors que plusieurs laboratoires pharmaceutiques se sont lancés dans une course folle au vaccin contre le Covid-19 depuis plusieurs mois, la Russie a annoncé, par la voix de son président, avoir enregistré, mardi 11 août, “pour la première fois au monde, un vaccin contre le nouveau coronavirus”. L’institut de recherche Gamaleya, à l’origine de ce nouveau vaccin baptisé “Spoutnik V”, ne semblait pourtant pas le plus en avance dans ce domaine : son projet de vaccin n’était qu’en phase 1 (sur trois phases de développement normalement), selon la liste de l’OMS datée du 10 août des 28 candidats-vaccins soumis à des tests cliniques. LIBAN : Une très violente double Le premier explosion a secoué, mardi 4 août, le port de la capitale libanaise, Beyrouth, ravageant une grande partie de la ville. Selon le dernier bilan du ministère de la santé mercredi après-midi, au moins 113 personnes ont été tuées et des dizaines d’autres sont encore portées disparues. Réuni en urgence, le Conseil supérieur de la défense libanais a déclaré que les déflagrations étaient dues à l’explosion de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium dans le port. ministre libanais, Hassan Diab, a annoncé, samedi 8 août dans la soirée, qu’il allait proposer des élections parlementaires anticipées. Le pays est ébranlé par l’explosion meurtrière au port de Beyrouth, dont la population rend la classe politique responsable. Des milliers de manifestants se sont rassemblés dans le centreville pour exprimer leur profond rejet des dirigeants politiques auxquels ils demandent des comptes après l’explosion de mardi. COTE D’IVOIRE : Au moins quatre personnes sont mortes, mercredi 12 et jeudi 13 août, dans des violences liées à la candidature controversée à un troisième mandat du président Alassane Ouattara. La situation se tend de plus en plus à l’approche du scrutin du 31 octobre, dix ans après la crise née de la présidentielle de 2010, qui avait fait 3 000 morts et vu Alassane Ouattara accéder au pouvoir. L’opposition et des membres de la société civile avaient appelé à manifester jeudi, alors que les Autorités avaient interdit tout rassemblement. La Constitution limite à deux les mandats présidentiels, mais opposition et pouvoir sont en désaccord sur l’interprétation de la réforme adoptée en 2016 : alors que les partisans de Ouattara affirment qu’elle a remis le compteur des mandats à zéro, ses adversaires jugent anticonstitutionnelle une troisième candidature. USA : le candidat Joe Biden a choisi Kamala Harris comme colistière pour la prochaine élection présidentielle. Ce n’est pas la première fois qu’une femme est désignée sur un « ticket » présidentiel. Il y a deux précédents : la démocrate Geraldine Ferraro fut colistière de Walter Mondale, en 1984, face à Ronald Reagan, tandis que la républicaine Sarah Palin était la seconde de John McCain, face à Barack Obama, en 2008. Mais c’est la première fois qu’une femme noire – la mère de Mme Harris est indienne, son père est jamaïcain — est choisie, et a de sérieuses chances d’être élue. Dans un parti traumatisé par l’échec d’Hillary Clinton à la présidentielle il y a quatre ans et avec une base révoltée par le comportement outrancier lui, s’est empressé de féliciter M. Loukachenko. Mais son soutien est lié à l’acceptation par Minsk d’une intégration renforcée avec Moscou. du chef de l’Etat, Donald Trump, visà-vis des femmes, M. Biden avait annoncé dès la mi-mars qu’il choisirait une femme comme colistière. Et lorsque est survenue fin mai la mort de George Floyd, un Afro-Américain étouffé par un policier blanc de Minneapolis qui venait de l’arrêter, il est devenu de plus en plus évident que M. Biden choisirait une femme de couleur. BIOLORUSSIE : Soir après soir, à Minsk et dans plusieurs villes de Biélorussie, des chaînes humaines pacifiques affrontent la police antiémeute du dictateur biélorusse, Alexandre Loukachenko, depuis l’annonce des résultats de la présidentielle du 9 août, qui lui accordent, contre toute évidence, une réélection triomphale avec 80,2 % des voix. Pour l’Union européenne, l’équation diplomatique est délicate. Après la répression postélectorale de 2010, les Européens avaient infligé des sanctions aux responsables du régime Loukachenko. Celles-ci avaient été levées en 2016, après la libération des derniers ISRAEL VS EMIRATS ARABES UNIS : Les Émirats arabes unis et Israël ont convenu, jeudi 13 août 2020, de normaliser leurs relations, dans le cadre d'un accord historique négocié par les ÉtatsUnis et qui, une fois signé, ferait d'Abu Dhabi la troisième capitale arabe seulement à suivre ce chemin depuis la création de l'État hébreu. Annoncé en premier par le président américain Donald Trump sur Twitter, cet accord verra Israël mettre fin à ses récents projets d'annexion en Cisjordanie occupée, selon les Émirats. Mais le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou n'a pas confirmé, loin de là : l'annexion de pans de ce territoire palestinien occupé est « reportée », mais Israël n'y a « pas renoncé », a-t-il précisé. MOZAMBIQUE : Les Forces de défense du Mozambique (FDS) ont confirmé la perte de Mocimboa da Praia, un port riche en gaz situé dans le nord du Mozambique. prisonniers politiques, dans l’espoir d’éloigner l’autocrate de l’influence du Kremlin et de l’amener à des réformes. Stratégie dont les événements actuels montrent les limites, s’agissant d’un potentat passé maître dans l’art de jouer Bruxelles contre Moscou, et inversement. Vladimir Poutine, qui a tout à craindre de la chute d’un obligé aussi mal élu que ©Biramawa Magazine 2020 Des « terroristes » avaient lancé la semaine dernière des « attaques coordonnées » sur plusieurs villages proches du port pour tenter d'occuper la ville. Il faut rappeler que Le nord du Mozambique est le théâtre depuis 2017 d’une insurrection djihadiste qui a fait un millier de morts et a entravé le développement de l’exploitation de ses réserves de gaz offshore. Sources : les Podcasts Affaires étrangères et International de France Culture, le Point, le Monde BIRAMAWA MAGAZINE - 59
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CV N° 3 Fernand DIEME MANAGER DES ENTREPRISES TOURISTIQUES ET HÔTELIERES. Tu es à la recherche d’un emploi? Biramawa magazine met cet espace à ta disposition pour te permettre de proposer ton CV aux entreprises qui recrutent. Tu peux donc envoyer ton CV par e-mail : contact@biramawa.com 60-BIRAMAWA MAGAZINE Fernand DIEME MANAGER DES ENTREPRISES TOURISTIQUES ET HÔTELIERES Sérieux, méthodique et rigoureux, je cherche à étendre mes compétences dans une entreprise et de participer à sa croissance. Diplômes et Formations Master 2 Management des entreprises touristiques et hôtelères / Université Gaston Berger Saint-Louis , Sénégal De novembre 2018 à juillet 2019 Master 1 Management des entreprises touristiques et hôtelière / Université Gaston Berger Saint-Louis, Sénégal De juillet 2017 à avril 2018 Expériences professionnelles Réceptionniste et Night Auditor / Hôtel Le Rogniat Nord Saint-Louis, Sénégal De juillet 2019 à mars 2020 Gérer l’accueil et l’enregistrement client Prendre les demandes de réservation et établir le planning Répondre et transférer les appels et éventuellement prendre des notes et conseiller les clients et établir des offres de prix. Coordonner l'organisation des séminaires Effectuer des tâches administratives Encaisser le payement des chambres (chèque, espèce, carte crédit, virement bancaire), faire la facturation et autres prestations. Établir la situation journalière et tenir la caisse Assurer le pointage des employés du département hébergement Participer à la formation des étudiants sur les techniques d'hébergement et la pratique du logiciel GESHOTEL Stagiaire Réceptionniste / Hôtel Le Rogniat Nord Saint-Louis, Sénégal D'avril 2019 à juillet 2019 Compétences Management et gestion hôtelière Connaissance des procédures administratives Caisse informatisée et régles de tenue de caisse Bonne qualité rédactionnelle Informatique Maïtrise de du Pack Micosoft Office (Excel- Word- PowerPoint) BIRAMAWA MAGAZINE - 61 / Langues Français Anglais Allemand Atouts Notions en comptabilité sens du relationnel et de la politesse Enthousiaste et rigoureux Centres d'intérêt Football, course de longue distance, tenis lire des articles, visiter des sites touristiques  @Fernand DIEME  @Fernand Dieme  @Fernanddieme  dieme.fernand@yahoo.fr Parcelles Assainies unité 26/Dakar   28 ans  781648639

Magazine N°4 du 30 Juillet 2020


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SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE - 05 08 EDITO Waly NDIAYE CEO Biramawa «L’équipe Biramawa s’agrandit !» 10 16 édition spéciale ENTRETIEN PORTRAIT AVIS D’EXPERT 05 08 Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Appel aux dons Haicha HANNE Huissier de Justice «Le métier d’huissier bien que n’étant pas de tout repos est assez passionnant.» Dr Jean Sibadioumeg DIATTA Spécialiste en communication «Le Sénégal face aux leçons de la Covid-19 : quand la pandémie met à nu les tares du système de communication publique» 20 LE COIN D’AUTRUI Ayoba FAYE Journaliste d’investigation – Rédacteur en chef Pressafrik «J’ai reçu vos retours et suis très émus par vos compliments sur mon style d’écriture.» 25 ENTRETIEN EXCLUSIF Roger SALLAH Acteur/Comédien - Voix off - Modèle photo «Le métier d’acteur est un métier très noble.» 30 VEILLE ET INTELLIGENCE DES AFFAIRES Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB Les enjeux culturels de la production audiovisuelle et cinématographique 25 30 2-BIRAMAWA MAGAZINE SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE - 20 16 10 - - -SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE 34 AGRICULTURE Thierno NGAMB Agronome, Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience «Au-delà de Ndingler, L’anxiété demeure chez les agriculteurs.» 36 SANTÉ Dr Benjamin NDOUR Médecin généraliste La contraception moderne 40 DÉCOUVERTE Ousseynou GUEYE 36 Fondateur Polaris asso «Polaris Asso est une association française basée à Dakar que j’ai initiée en 2018.» 42 DÉVELOPPEMENT PERSONNEL Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires étrangères La lecture 42 46 DIPLOVAR Un regard aiguisé sur l’actualité internationale 48 LA CVTHÈQUE Germaine Adel Ndama DIOUF Responsable logistique 46 48 - SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE BIRAMAWA MAGAZINE - 3 40 34
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Serigne Amar Mbacké SARR Chercheur en Droit privé Expert maritime en formation Ayoba FAYE Journaliste d’investigation Rédacteur en chef Pressafrik Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB Omar Mallé SAKHO Doctorant à l’Université Cheikh Anta Diop Laboratoire LARHISA. Thierno NGAMB Agronome Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience Guilaye TINE Designer-Digital Marketer-Telemarketer CEO IN'FINITY Djiby SADIO Photographie CEO Studio 13 Alioune FALL Juriste d’Affaires Inspecteur du travail et de la sécurité Sociale Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires Étrangères Docteur Benjamin NDOUR Médecin généraliste Khadime SENE Educateur Spécialisé au Ministère de la Justice Marianne SECK Docteur en droit de l’environnement et de la santé Ousseynou GUEYE Responsable communication chez Afric’innov et fondateur de Polaris asso 4-BIRAMAWA MAGAZINE L’ÉQUIPE BIRAMAWA contactez nous:contact@biramawa.com EDITO La famille Biramawa s’agrandit ! Chers lecteurs, chères lectrices Vous êtes nombreux à exprimer le souhait que le magazine ait plus de rubriques. Nous vous en remercions. Continuez à nous faire part de vos suggestions, remarques. Pour donner suite à vos demandes, j’ai le plaisir de vous annoncer que de nouvelles rubriques vont voir le jour au fur et à mesure de nos éditions. A titre indicatif 3 nouvelles rubriques vont être lancées : Une (1) à partir de ce numéro et Deux(2) autres à partir du numéro 5 de votre magazine. Elles traiteront d’enjeux majeurs de notre époque et seront animées respectivement : 1. Pour la rubrique SANTÉ par Benjamin NDOUR, Médecin généraliste 2. Pour la rubrique ENVIRONNEMENT par Marianne Seck, Docteur en droit de l’environnement et de la santé 3. Et pour la rubrique « A L’ÈRE DU NUMÉRIQUE » par Ousseynou GUEYE, Responsable communication chez Afric’innov et fondateur de Polaris asso Par ma voix, toute l’équipe Biramawa vous remercie, chers contributeurs, et vous souhaite la bienvenue. Waly NDIAYE BIRAMAWA MAGAZINE - 5 Waly NDIAYE CEO Biramawa
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EDITION SPECIALE Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Le magazine Biramawa à travers sa rubrique " Edition spéciale "a souhaité donner la voix à la Pouponnière "Vivre Ensemble "de Mbour. Créée en 2002 la pouponnière est un "lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman ". Confrontée à des difficultés à cause de la crise sanitaire, la pouponnière fait appel à toutes les bonnes volontés. Vivre Ensemble – La Pouponnière de Mbour La Pouponnière de Mbour a vu le jour en Janvier 2002, Michèle BURON-MILLET en est la créatrice. C’est un lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman. Elle permet aux orphelins de mère ou aux enfants dont la maman ne peut pas s’occuper (pour des raisons gravissimes), de vivre protégés, leurs premières années de vie si fragile, avant de regagner leur famille au bout d’un à deux ans. Très rapidement, l’association se développe et il apparaît que tous les enfants ne peuvent rentrer chez eux (rejet de la famille ou mauvaises conditions d’accueil). En 2003, les Unités Familiales sont créées pour prendre le relais et s’occuper de ces enfants qui sortent de la Pouponnière, mais ne peuvent pas rentrer en famille. Avec le temps la Pouponnière a acquis une certaine notoriété au vu du sérieux des professionnels. Aujourd’hui la Pouponnière compte 136 salariés et 148 enfants. Vivre Ensemble c’est aussi et avant tout un séjour de rupture, crée en 2001 pour des jeunes français en dif8-BIRAMAWA MAGAZINE ficultés. Ils restent durant 9 mois et participent à des chantiers humanitaires (reconstruction, réhabilitation dans les villages ), ils sont aussi amenés à faire un stage dans la pouponnière. L’objectif étant de les remobiliser et de les valoriser à travers l’aide apporté à la population locale défavorisée. Le projet est double et complémentaire, en effet une grande partie du financement des frais de fonctionnement de la Pouponnière provient du séjour de rupture lui même. En raison de la situation sanitaire mondiale l’équipe de direction de Vivre Ensemble a dû prendre des mesures rapidement. Début mars l’association s’est vue fermer ses portes aux visiteurs, nombreux chaque jour et en provenance d’Europe. Il a fallu ensuite faire de même pour l’accueil des bénévoles, une quarantaine par mois à nous apporter leur soutien. Enfin depuis maintenant le mois de mars le confinement des enfants et du personnel c’est organisé. Notre souhait comme toujours est de préserver nos enfants, mais aussi le personnel qui s’en occupe. Nous avons réussi à composer une équipe de volontaires pour rester confinés. Aujourd’hui 250 personnes sont au centre, dont 148 enfants. L’ensemble du personnel est mutuellement très solidaire, ils sont comme une grande famille. Et ce malgré l’inquiétude pour leur famille respective à l’extérieur. Nous nous devons maintenir les salaires. Pour les salariés sur place mais aussi tout ceux, qui de chez eux, sont au chômage technique et pour qui nous souhaiterions maintenir le salaire initial. Nous devons aussi assurer l’approvisionnement de l’association en denrées alimentaires, produits d’entretien, d’hygiène, médicaments. Cette situation engendre une augmentation considérable nos dépenses quotidiennes, pour lesquelles nous avions déjà des difficultés de prise en charge tout au long de l’année. Du fait de l’absence de visiteurs et de bénévoles, nous constatons une baisse des dons au quotidien. Nous gardons aussi en tête que les jeunes accueillis en séjour de rupture peuvent à tout moment être rapatriés en France, en fonction de l’ évolution de la situation. L’avenir de la Pouponnière en deviendrait alors très incertain. Nous sommes en permanence à la recherche de soutien pour nous aider dans la prise en charge des frais de fonctionnement et le maintien des activités de l’association. Les sources de financements : (Budget total annuel 291 332 806 FCFA) ‒ Vivre Ensemble Madesahel, séjour de rupture : 44 % du budget total de la Pouponnière. ‒ L’état Sénégalais 10 000 000 CFA ‒ L’association Louly l’Ecole au Sénégal , tous les frais liés à la scolarité des enfants : 5 262 087 FCFA (année scolaire 2018-2019) ‒ La Banque Mondiale 4 520 000 CFA en 2019 ‒ 270 parrains pour environ 51 085 900 CFA par an ‒ Le reste des financements dépendent des dons de particuliers et entreprises. Nous contacter : ‒ Accueil : + 221 33 957 31 36 ‒ E-mai : contact@lapouponnieredembour.org ‒ Responsable communication : Arnoult Mathilde ‒ Tel : + 221 77 881 83 60 Nous aider : ‒ Orange Money : + 221 77 500 19 32 ‒ Faire un don en ligne :https://www.helloasso.com/ don/associations/vivre-ensemble-la-pouponniere ‒ Notre site Voici quelques chiffres : Effectif de la Pouponnière : ‒ La Pouponnière : 91 bébés de 0 à 2 ans. ‒ Les Unités Familiales : 37 enfants de 2 à 6 ans. ‒ La Grande Enfance : 20 enfants de plus de 6 ans. ‒ Enfants accueillis en ce moment : 148 ‒ Enfants accueillis et sauvés depuis janvier 2002 : 1 260 ‒ Employés à la Pouponnière : 136 pouponnieredembour ‒ Devenir parrain ‒ Faire un don par virement bancaire : IBAN : FR76 4255 9100 0008 0040 4472 464 BIC : CCOPFRPPXXX Intitulé du compte : Vivre Ensemble, la Pouponnière internet: http://www.lapouponnieredembour.org ‒ Notre page facebook: https://www.facebook.com/ BIRAMAWA MAGAZINE - 9
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ENTRETIEN POTRAIT Haicha HANNE Huissier de Justice “Le métier d’huissier bien que n’étant pas de tout repos est assez passionnant.” Haicha HANNE, huissier de Justice, a occupé le poste de coordinatrice départementale de l’Agence d’assistance à la Sécurité de Proximité (ASP) du département de Louga. Dans cet entretien elle retrace son parcours et fait une « visite guidée » du métier d’huissier de justice. Originaire de Thiès, Haicha décrit cette ville comme étant sa préférée. « Pour faire aussi simple que lui, je dirai à mes lecteurs l’huissier c’est celui qui facilite l’accès aux cours et tribunaux aux fins de l’obtention d’une décision de justice. Au sortir des juridictions, il est la personne vers qui on se tourne pour obtenir l’exécution de ces dites décisions. » Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Il ne m’a jamais été facile de parler de moi… disons que Je suis Maitre Haicha HANNE, mariée et mère d’une petite fille de trois ans et demi, cinquième née d’une fratrie de sept enfants. Je suis originaire de la région de Thiès (au Sénégal). Quel poste occupez-vous actuellement ? Je suis Huissier de justice sans charge ou en attente de titularisation. Quel a été votre parcours pour arriver au métier d’huissier de justice ? J’ai eu mon baccalauréat L2 avec la mention assez bien en 2009. Par la suite, j’ai intégré la prestigieuse Unité de Formation et de Recherche des Sciences Juridiques et politiques (UFR/SJP) de l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint Louis du Sénégal. J’ai obtenu une maitrise en droit de l’entreprise quatre (4) années plus tard. J’ai eu un master 2 professionnel en ingénierie juridique et management des entreprises après ma maitrise toujours à l’UFR/SJP. Par la suite, j’ai été recruté comme professeur de droit pénal général, droit pénal spécial et procédure pénale à l’Agence d’assistance à la Sécurité de Proximité (ASP). C’est ainsi que j’ai participé activement à la formation des agents de sécurité de proximité du pôle de Thiès. Le directeur de l’époque ayant vu le sérieux et la détermination dont je faisais montre dans mon travail a décidé de me garder dans l’Agence. C’est ainsi que j’ai été nommée Coordinatrice départementale de l’ASP du département de Louga. Poste que j’occuperai pendant presque trois ans. C’était un travail passionnant qui me faisait être en contact avec des gens de tous âges et horizons. Mais cela n’avait rien à voir avec ma formation. J’ai eu peur de désapprendre et surtout de voir mes efforts consentis à l’UGB rester vains. C’est ainsi que j’ai décidé de tenter le concours d’aptitude au stage d’huissier de justice. Je serai reçu avec quinze (15) autres personnes en fin 2017. J’étais toujours en poste à Louga. Il m’a fallu présenter une lettre de démission quand il s’est agi de commencer mon stage. En début 2018, je suis rentrée à Thiès (ma ville natale) pour y subir mon stage pratique en cabinet. J’y suis toujours. J’ai prêté serment devant la Cour d’Appel de Thiès le 23 janvier 2018 et depuis j’exerce ici. BIRAMAWA MAGAZINE - 11
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procès-verbaux de constat, de consigner toutes déclarations sur sommation, de signifier toute citation ou assignation, de procéder aux significations judiciaires et extra judiciaires, de dresser et signifier tous actes ou exploits nécessaires à l’exécution forcée des actes ou titres exécutoires, de dresser et signifier tous actes ou exploits nécessaires au recouvrement forcée des amendes pénales. Il peut en outre procéder au recouvrement amiable de toutes créances ; à tout moment et même les jours fériés, dans son ressort territorial, dresser des constats d’accident de la circulation ; dresser tout constat de conciliation ou d’accord ; gérer des immeubles et administrer des biens qui lui sont confiés ; être désigné séquestre, médiateur ou conciliateur. L’huissier exerce sa profession sur le territoire de la cour d’appel de son ressort à titre individuel ou dans le cadre d’une SCP. En quoi consiste le métier d’huissier de Justice ? Un jour, alors que j’étais en poste à Louga, un ami m’a parlé du concours d’aptitude au stage d’huissier de justice. Je ne savais pas en quoi consistait le travail d’un huissier et ce malgré ma maitrise en droit. J’ai alors décidé de prendre une semaine de congé pour faire une immersion dans un cabinet pour me faire ma propre opinion de ce qu’était le métier d’huissier de justice. Quand j’ai demandé à mon maitre de stage d’à l’époque qui était l’huissier de justice, il m’a répondu que c’était « celui qui se tient à la porte de la justice ». Il venait de me donner la définition étymologique de l’huissier (huis=porte ; sied= qui se tient). Pour faire aussi simple que lui, je dirai à mes lecteurs l’huissier c’est celui qui facilite l’accès aux cours et tribunaux aux fins de l’obtention d’une décision de justice. Au sortir des juridictions, il est la personne vers qui on se tourne pour obtenir l’exécution de ces dites décisions. Il est ainsi au début et à la fin de toutes les procédures judiciaires. C’est ce qui ressort des dispositions de l’article 07 du décret portant statut des huissiers de justice. L’huissier est un officier ministériel et un officier publique qui a pour mission : de dresser des 12-BIRAMAWA MAGAZINE « …c’est un boulot qui laisse peu de place à l’ennui. Un boulot où tous les jours tu apprends de nouvelles choses. Où tu es à mis cheval sur toutes les matières du droit. » Qu’est ce qui fait que vous aimez ce métier ? Le métier d’huissier bien que n’étant pas de tout repos est assez passionnant. Je dois dire que beaucoup de choses font que j’aime ce métier. D’abord il y’a le fait qu’on n’est pas obligé d’être tout le temps entre quatre murs, dans un bureau. Vous n’êtes pas sans savoir que le travail de l’huissier se subdivise en deux parties : la rédaction des actes et leur signification. Par signification, il convient de comprendre le fait par l’huissier de se transporter chez le requis aux fins de lui servir un acte. Ce qui laisse peu de place à l’ennui. Le travail de terrain change de la monotonie des bureaux et aide à parfaire les capacités relationnelles et de médiation. Un bon huissier est celui qui rédige de bons actes et qui parvient à les servir correctement. On a souvent en face de nous des requis réticents. Le bon huissier c’est celui qui les amène à coopérer. Autre trait qui fait que j’aime mon métier, le fait de ne pas avoir de « boss ». L’huissier exerce sa charge conformément à la réglementation en vigueur et pour son compte. Ce qui veut dire qu’il travaille pour lui-même et se fait rémunérer sur ses honoraires. Il définit lui-même ses conditions de travail. pulser un délai aux fins de l’amener à partir d’ellemême. Bien souvent on nous apporte les clés au cabinet. Nous privilégions ce genre de méthodes. Après cela dépend de l’attitude de personne qu’on a en face de nous. Il y a aussi un travail de terrain. Quelles difficultés vous pouvez rencontrer lors des constatations ou des missions d’informations et comment les surmonter ? Le travail de terrain occupe une place importante dans notre travail. Il est évident qu’il n’est pas de tout repos. On y rencontre toutes sortes de problèmes. Parfois, il n’est pas aisé de connaitre l’adresse exacte du requis. Il faut faire preuve d’ingéniosité pour y arriver. Il y’a aussi le fait que les requis sont parfois réticents. Il faut leur expliquer le pourquoi de notre visite et surtout les implications de la réception ou non de l’acte qu’on vient leur servir. Il faut de la persévérance pour servir correctement un acte. Parfois on a tendance à oublier toute la dimension de négociation à l’amiable de l’exécution des décisions de justice notamment en recouvrement mais aussi la médiation. Quelle place occupe cette partie dans votre métier ? La médiation occupe une place importante dans notre travail. Comme dit l’adage « un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès ». Il est toujours souhaitable d’avoir un dénouement pacifique d’un conflit. Pour le recouvrement à l’amiable, l’huissier de justice peut y procéder en dehors de l’obtention d’un titre exécutoire et à tout moment. Ce qui veut dire qu’un créancier peut attraire son débiteur devant un huissier pour dresser le procès-verbal de leur accord portant sur les modalités par lesquelles ce dernier entend s’acquitter de sa dette. Ce qui en fait une procédure extrajudiciaire. C’est un gain énorme en termes de temps et pour les parties et pour nous. Il en est de même pour certaines expulsions, on préfère signifier l’acte et laisser à la personne à exLa perception que l’on peut avoir des huissiers est souvent peu flatteuse. Etes vous parfois confrontée aux idées reçues ou à ces clichés ? Nous y sommes confrontés tous les jours. Beaucoup pense que l’huissier c’est celui qui vient jeter la honte ou le déshonneur. Les gens oublient que derrière chaque requis il y’a une personne qui a manqué à ses obligations. On oublie que la victime de l’histoire ce n’est pas celui dont on vient saisir les biens ou expulser mais bien celui dont le recouvrement de la créance est menacé ou celui qui ne peut plus jouir de ses biens. Si vous pouviez revenir quelques années en arrière, auriez-vous suivi la même orientation ? Que conseillez-vous aux élèves et étudiants intéressés par votre métier ? Je pense que oui même si rien ne me prédestinait à cela. J’étais assez fleur bleue, très prompt à accorder ma confiance. Avec la déformation professionnelle, j’émets des réserves, je prends les dires avec des « pincettes » et rien que pour cela je tenterais l’expérience à nouveau. De plus, c’est un boulot qui laisse peu de place à l’ennui. Un boulot où tous les jours tu apprends de nouvelles choses. Où tu es à mis cheval sur toutes les matières du droit. BIRAMAWA MAGAZINE - 13
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diplômes. J’en suis sortie avec plus que ça. Alors oui. Si c’était à refaire, je le referais. Le métier d’huissier de justice semble être très prenant. Comment conciliez-vous vie professionnelle et vie privée ? Je dois avouer que notre métier peut s’avérer très prenant parfois. Cependant, il n’est pas inconciliable à une vie privée ou une vie de couple épanouie. Si d’autres peuvent le faire pourquoi pas nous ? Le choix du conjoint est primordial car nous n’avons pas d’horaires fixes. Il nous arrive d’instrumenter la nuit ou les jours fériés. De plus, la nature de notre travail fait qu’on ne peut pas communiquer dessus. Nous gérons des dossiers sensibles et/ou confidentiels. Notre code éthique nous interdit de nous en ouvrir à nos conjoints. Cela ne doit pas être évident pour eux au quotidien. Ne pas voir son partenaire et ne pas pouvoir lui demander des comptes. C’est pourquoi je dis que le choix du conjoint est primordial. Nous gérons du stress et des problèmes à longueur de journée. Le soir, de retour à la maison, on a envie de tout sauf d’y retrouver des problèmes. Et moi j’ai trouvé l’astuce (rires) : être avec quelqu’un de plus occupé que moi. Le soir quand on rentre claqués tous les deux il est clair que pinailler est le cadet de nos soucis. Vous disiez avoir fait vos études supérieures à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Quels souvenirs gardez-vous de ce temple du Savoir ? Je garde d’excellents souvenirs de notre cher Sanar. Ce sont mes plus belles années. Et je dis souvent que s’il m’était donnée la possibilité d’y retourner, je n’en sortirais plus. Sanar a littéralement changé ma vie. La petite fille asociale qui y est entrée en est sortie grandie. Mes plus belles rencontres je les ai faites là-bas. Les amis que j’ai eu là-bas sont devenus mes meilleurs amis. Je n’ai pas seulement quitté Sanar avec des 14-BIRAMAWA MAGAZINE Entre partir à l’étranger et poursuivre vos études au Sénégal, vous avez choisi de rester. Pourquoi ce choix ? Après le bac, j’avais voulu poursuivre mes études en France. J’ai été reçue dans une université française et l’Etat du Sénégal m’avait octroyé une bourse d’étude. Je me suis heurté à un refus catégorique de mon père. J’ai intégré malgré moi (à l’époque) l’UFR/SJP. Avec le recul, je dois admettre que c’est l’un des plus beaux cadeaux que m’a fait mon père. Faire du droit et l’exercer au Sénégal m’a ouvert énormément de portes. Cela m’a permis de faire de développer un réseau de contacts qui m’aide beaucoup au quotidien. Beaucoup de jeunes sénégalais poursuivent leurs études et finissent par travailler à l’étranger : « La fuite des cerveaux ». Qu’est-ce que cela vous inspire ? Le mouvement contraire se fait observer de plus en plus aussi. Beaucoup se rendent compte de plus en plus du potentiel de nos pays. Je suis toujours heureuse de voir des gens faire le voyage pour subir des concours ici. Parfois ce n’est pas évident pour eux. Il faut un accompagnement afin de les inciter plus à faire le chemin inverse. Pour changer de registre vous êtes originaire de la région de THIES. Que pouvez-vous nous dire sur cette ville du Sénégal ? Thiès, ce n’est pas seulement ma ville natale mais aussi ma ville de cœur. Je sais que c’est ma préférée après en avoir pratiqué d’autres en comparaison. Je dis toujours que c’est ici que je veux finir mes jours et être enterrée. La vie n’est pas chère, le trafic est fluide et les gens conviviaux. Avez-vous un message à l’endroit de la Femme sénégalaise ? Je les exhorte à croire en elles et en leurs capacités. Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin C’est moi qui vous remercie pour le choix porté sur ma modeste personne. « Thiès, ce n’est pas seulement ma ville natale mais aussi ma ville de cœur. »
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AVIS D’EXPERT Dr Jean Sibadioumeg DIATTA Spécialiste en communication Chef de la division relations publiques et marketing de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis « Le Sénégal face aux leçons de la Covid-19 : quand la pandémie met à nu les tares du système de communication publique » Comme le révèle l’axiome de Watzlawick, il n’est point besoin de démontrer que de nos jours, « on ne peut pas ne pas communiquer ». La communication est au cœur des relations humaines, mais aussi du management des organisations. Au Sénégal, 2012 a été un tournant décisif dans la vie politique et surtout dans les relations gouvernants/gouvernés. Cela s’est traduit notamment par l’éclosion d’une nouvelle force citoyenne animée principalement par les jeunes qui constituent d’ailleurs plus de la moitié de la population. Les citoyens deviennent beaucoup plus regardants et plus exigeants en matière 16-BIRAMAWA MAGAZINE de gouvernance de l’Etat. On assiste à la création tous azimuts de mouvements citoyens et au renforcement de la société civile. Un autre facteur ayant contribué au renforcement de la vigilance citoyenne par rapport à la chose publique reste le développement de la connectivité internet et la diversification des réseaux sociaux numériques. Le citoyen reçoit au quotidien et de façon instantanée une pluralité de messages, d’informations de tout genre qui souvent ont besoin d’être décortiqués, élucidés. Toutes ces situations justifient l’obligation de communication de l’Etat et de ses services. Par ailleurs, à l’instar de la plupart des pays du monde, le Sénégal est secoué de plein fouet par la pandémie du coronavirus avec son lot de conséquences politiques, sociales, économiques, etc. Plusieurs mesures ont d’ailleurs été prises par le Gouvernement avec notamment la proclamation de l’État d’urgence assorti d’un couvre-feu. L’un des principaux défis à relever dans cette « guerre » contre un ennemi puissant et invisible reste celui d’une communication, d’une communication de crise, d’une communication pour le changement de comportement adossée sur un système de communication publique performant. Trois mois après l’apparition du premier cas, on note une tergiversation des autorités par rapport à la démarche adéquate à dérouler. Ce qui a eu malheureusement comme conséquences le relâchement des populations, le non-respect des mesures barrières édictées, la multiplication des cas de contamination qui rendent la situation épidémiologique inquiétante. A la place d’une communication sociale, d’une communication de contact, nous avons eu droit à la prédominance d’une campagne médiatique et informationnelle facilitée surtout par la collaboration des groupes de presse qui ont mis gracieusement leurs supports à la disposition du ministère de la santé et de l’action sociale. En réalité, tous ces écarts notés çà et là et même bien avant l’avènement du Covid-19 sont fondamentalement révélateurs d’un malaise systémique, structurel profond qui mérite d’être analysé sans complaisance en vue de promouvoir une communication publique efficace et efficiente. Pourtant, la communication publique, cette communication « formelle qui tend à l’échange et au partage d’informations d’utilité publique ainsi qu’au maintien du lien social et dont la responsabilité incombe à des institutions publiques », constitue un pilier majeur de gouvernance politique. Outre le fait d’assurer l’information nécessaire au fonctionnement des services publics, elle doit rendre compte des politiques publiques, rendre lisibles l’institution et ses décisions, montrer le sens, l’ambition, les conséquences et les contraintes des choix publics. Sa mission principale est de servir l’intérêt général et la démocratie. Une meilleure prise en compte de la communication publique aurait contribué à un management efficace de la marque « Etat du Sénégal » ; à une meilleure visibilité et une lisibilité des politiques, projets et programmes ; à une facilitation de l’accès aux données ; à une meilleure diffusion des informations relatives aux activités et réalisations gouvernementales ; au développement d’une relation de confiance entre l’Etat et les citoyens ; à l’instauration d’un climat de stabilité socio-politique. Une communication institutionnelle bien maîtrisée permettrait d’anticiper en amont la gestion des crises et, mieux encore, de les éviter. C’est donc un outil extrêmement important sur lequel devraient s’appuyer les gouvernants dans la réalisation des tâches qui leur incombent. Après observations et analyses, nous avons identifié trois facteurs qui gangrènent la communication institutionnelle au Sénégal. Le financement Contrairement aux entreprises privées qui accordent une place centrale à la communication, les institutions publiques relèguent souvent ce levier important de gouvernance à une simple formalité, voire à une simple médiatisation. Les restrictions budgétaires dues à la crise économique affectent la communication publique. Dès lors, ces institutions fonctionnent sans cellule, elles ne mettent généralement pas à la disposition de la communication un budget car celle-ci est souvent perçue comme « gadget » non prioritaire. C’est d’ailleurs pourquoi il est rare de voir une politique communicationnelle soutenue dans la plupart des organes de l’Etat. La professionnalisation des acteurs La communication publique devrait s’appuyer aujourd’hui sur une professionnalisation de ses acteurs, pratiquant des métiers reconnus et renforcés par des formations spécifiques de haut niveau. Malheureusement au Sénégal, la réalité révèle qu’avec la politisation de l’administration les chargés de communication sont souvent choisis par copinage. Il n’est pas rare de voir des responsables de communication d’institutions publiques sans expériences professionnelles et même sans diplôme requis. Mathieu Griffon déclare d’ailleurs à ce sujet : « Si la communication est souvent perçue comme des techniques innées, elle est en réalité un véritable métier qui s’apprend en théorie et dans un quotidien riche en expérience diverses et variées ». Ce manque de professionnalisation de ce métier prestigieux fait qu’on a souvent affaire à des agents qui ne s’occupent que de médiatisation au détriment de la vraie communication publique BIRAMAWA MAGAZINE - 17
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fondée sur une démarche de réflexion stratégique. Et pourtant, des universités publiques comme Gaston Berger de Saint-Louis mettent chaque année sur le marché plusieurs dizaines de jeunes sénégalais spécialisés en communication publique et territoriale qui malheureusement ne sont pas exploités. Il urge dès lors de penser à la professionnalisation des acteurs à travers la mise en place d’un corps des professionnels de la communication publique. A partir de ce moment les communicants ne dépendront plus des humeurs des autorités, mais aussi des remaniements ministériels. La prédominance de la propagande politique N’étant souvent pas recrutés selon les compétences, mais selon les relations, les chargés de communication d’institutions publiques ne gèrent généralement que l’image de ceux qui les ont nommés en ignorant royalement leurs vraies missions. Ils travaillent quotidiennement à assurer la visibilité et la notoriété de leurs leaders en foulant au pied les exigences d’une communication publique. Leur objectif étant autre que d’assurer une promotion ou une longévité institutionnelle au leader dont ils gèrent l’image. Dès lors la communication s’occupe d’un intérêt particulier en lieu et place d’un intérêt général alors que les acteurs sont payés avec les ressources publiques. 18-BIRAMAWA MAGAZINE Aujourd’hui, avec la pandémie du Covid-19 l’argument le mieux partagé est que « Rien ne sera plus comme avant ». L’humanité prône ainsi un changement radical à tous les niveaux. Il s’agit surtout de tirer les leçons de la Covid-19 en vue de créer un monde meilleur. Le Sénégal n’est pas en reste dans ce vaste champ. Parmi les secteurs où le changement de paradigme est inévitable il y a évidemment la manière de gérer les relations gouvernants/gouvernés. La communication, qui a montré ses limites avec l’avènement du coronavirus, doit véritablement faire l’objet d’une redynamisation, d’une revalorisation, d’une requalification. Elle doit être accompagnée par un financement en fonction des ambitions de gouvernance, ceci grâce à des ressources humaines hautement qualifiées qui ne dépendront ni d’une instabilité institutionnelle, ni d’une appartenance politique ou clanique. La professionnalisation des acteurs tout comme la dépolitisation de la fonction de chargé de communication constitue donc une des exigences d’une communication au service de l’émergence, car Marc Roussel soutient que « Tout problème résulte d’une rupture de communication ». Dr Jean Sibadioumeg DIATTA ’ COMMENCEZ AVEC LE VOUS VOULEZ VISITER VOUS VOULEZ VISITER L’AFRIQUE? COMMENCEZ AVEC LE SENEGAL
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LE COIN D’AUTRUI Bonzzzooouuurrr Warahmatullah… Lecteurs et lectrices de Biramawa Magazine, Bienvenus dans le « Coin d’Autrui ». Bon, après trois chroniques spéciales sur mon parcours personnel, sur l’actualité, sur tout et sur rien, on fera pour chaque numéro suivant, comme cette 4e parution, un break que vous pourrez intituler « Les Drames d’Autrui ». Eh oui, j’entretiens un blog depuis 2015, où je raconte des histoires. D’ailleurs, la prochaine chronique sur le 5e numéro qui va paraître en mi-août, va porter sur mon initiation aux métiers du Web et comment je suis devenu un rédacteur en ligne. Mais en attendant de savourer vos côtelettes de mouton à partir de vendredi, découvrez l’histoire de cette fille née « différente » dans une société ignoble et absurde. 20-BIRAMAWA MAGAZINE L e soleil s’enfonce de plus en plus laissant place à un horizon qui s’assombrit derrière la fenêtre de cette chambre d’hôpital située au troisième étage. Le crépuscule ouvre ses portes lugubres et s’apprête à avaler des heures de gloire rompues, des joies éphémères, des vies tantôt bien remplies tantôt écourtées... Sur un lit, une vieille dame mobilise ses dernières forces pour arracher au monde des ténèbres un héritage immatériel destiné à la postérité. Cette vieille dame s’appelle Karina Poireau et c’est ma grandmère. Comme si elle savait que ses yeux ne seraient pas témoins de la prochaine aube, elle m’a fait un signe de la main pour que je m’approche encore un peu plus de son lit. Plus que quelques centimètres séparaient mon visage du sien. Je me suis penchée vers elle de sorte qu’elle n’ait pas à s’épuiser davantage à hausser le ton de sa voix. Je savais qu’elle voulait me dire des choses, mais moi j’étais plutôt préoccupée par son état de santé. - Grand-mère, tu es trop faible. Tu dois te reposer pour économiser tes forces. Ainsi, demain matin tu te réveilleras en pleine forme et avec une meilleure santé... Elle a souri. Et malgré ses 90 ans, sur son visage couvert de rides, il restait toujours une preuve de sa beauté antérieure. - Tu sais ma chérie, le mot santé est toujours galvaudé quand il est utilisé pour une personne de mon âge. Le nombre de mes années vécues est forcément synonyme d’un mauvais état physique. Même si cela n’a pas toujours été le cas, en remontant l’histoire jusqu’au prophète Noé, qui selon les textes sacrés a vécu 950 ans... Elle a soufflé un peu, puis a repris la parole. - Sais-tu pourquoi tu es la seule personne à mon chevet sur ce lit d’hôpital ? - Oui grand-mère. Parce que je suis le seul parent qu’il te reste sur cette terre. Tes deux enfants, mon père et ma tante Anna sont tous les deux morts, il y a de cela une vingtaine d’années, à la bombe en Egypte, peu de temps après ma naissance... - Hum ! Ça, c’est ce que l’on a voulu te faire croire. - Mais qu’est-ce que tu veux dire par là grand-mère ? - Ton papa et ta tante ne se sont jamais rendus en Egypte ce sinistre 24 avril 2006. Quant à ta pauvre mère, elle aurait bien pu être tuée par le chagrin et le rejet de la société. Quand tu es venue au monde, elle seule voulait de toi. Dans notre société, une mère qui met au monde un albinos est perçue comme porteuse de mauvais sort. Elle est donc mise à l’écart de tout et de tous. Ton grand-père paternel était dans tous ses états lorsqu’il a appris la nouvelle de ta venue au monde. C’est un miracle si tu vis aujourd’hui ta vingtième année ma chérie. Mon mari, qui était très puissant à l’époque, a tout fait pour effacer la «tache» que tu constituais dans le sang familial. Mais que peuvent la volonté et la puissance de tous les hommes de cette terre quand l’Omnipotent entreprend de protéger un petit être sans défense...Il avait prévu de vous éliminer, ta mère et toi, au fil de la nuit. Et il avait engagé des hommes qualifiés pour faire ce genre de boulot. Ton père, ta maman et ta tante Anna sont tous passés. Mais pas toi. - Mais grand-mère, tu veux dire que c’est grand-père qui a tué ma mère et ses propres enfants, mon père et ma tante... Mais quel genre d’homme peut faire ça ? lors d’un attentat - Tu sais ma chérie, j’ai toujours cherché. En vain, à percer le secret par lequel Dieu arrive à réunir deux caractères si différents chez un seul et même individu. Ton grand-père était le plus doux et le plus tendre des humains quand il était avec moi. Mais c’était aussi le plus grand sadique et l’homme le plus craint du village quand il s’agissait de politique et de ses affaires. C’était un dictateur redouté dans ces deux domaines. - Et toi, tu arrivais quand même à vivre à ses côtés tout en sachant toutes les immondices dont il était l’auteur... - Je ne pouvais pas quitter ton grand-père comme ça sur un coup de tête. Je savais qu’il ne me laisserait jamais m’en tirer facilement. Je suis restée pour mes enfants et j’ai accepté de supporter le monstre qu’il pouvait être en dehors de la maison... - Et comment as-tu réussi à me sauver et à te sauver de cet homme ? - Ton père et ta tante ont tout organisé. Il fallait faire croire à ton grand-père que ses deux enfants et sa belle-fille avaient réussi à s’échapper de la maison familiale BIRAMAWA MAGAZINE - 21
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avec le bébé albinos. Deux heures après leur départ, j’ai chargé un des gardes de ton grand-père d’aller lui annoncer la fuite organisée. Il a aussitôt rassemblé ses troupes et est parti sans réfléchir à leur poursuite. Je savais que ton grand-père comptait dans son réseau des commissaires de polices et des commandants de brigade et qu’il n’allait pas mettre beaucoup de temps avant de mettre la main sur les fugitifs. Mais pendant qu’il était sur les traces de tes parents, toi, tu étais bel et bien dans la maison familiale. Le plan de tes parents était d’éloigner mon mari de toi, le bébé maudit. Une demi-heure après son départ, je suis sortie par la porte arrière de la grande demeure familiale avec toi. Un chauffeur engagé par ton père m’attendait à 2 heures 30 minutes précises pour m’emmener à la capitale... J’avais des contacts secrets dans cette ville et ton père avait tout mis au point pour réserver deux billets pour la France. Et nous étions dans l’avion avant midi pour un voyage dont la date du retour était tout ce qu’il y avait de plus incertain... Voilà ton histoire ma petite chérie. Celle que l’on ne t’a jamais racontée. Celle que tu devais savoir avant que je ne quitte ce monde pour toujours. Sache que trois hommes ont sacrifié leur vie pour que tu puisses survivre à des préjugés absurdes et immondes d’une société démodée. Avant leur départ, tes parents savaient qu’ils ne sortiraient pas vivants de leur plan. Ils m’ont fait promettre de tout faire pour te sauver, mais aussi de te donner tout l’amour du monde. Je ne m’appelais pas Karina. Jadis, mon nom était Sofia Diallo. J’ai changé de nom pour échapper à ton grand-père et à son opiniâtreté. Il a tout organisé pour faire croire que ses enfants avaient péri dans l’attentat de Dahab en Egypte. Et comme ton père et ta tante voyageaient beaucoup à travers le monde, les journaux ont gobé son histoire. Ta maman avait disparu sans jamais être retrouvée. Voilà ton histoire ma petite chérie adorée. Maintenant, tu sais au moins qui tu es et pourquoi tu dois te battre pour vivre la plus belle des vies. Parce que c’est ce que ton père, ta tante Anna et ta maman souhaitaient de toute leur âme pour toi. Quant à moi, j’espère simplement que tu vivras assez longtemps pour me pardonner et ausAyoba FAYE Rédacteur en chef de Pressafrik 22-BIRAMAWA MAGAZINE si pardonner à ton grand-père. Parce que ta haine contre lui ne changera en rien l’histoire déjà passée... Ma grand-mère s’est éteinte une heure après avoir fini de me raconter mon triste passé. Le plus difficile maintenant sera de vivre avec... Voilà fin de l’histoire ! Versez une petite larme en guise de compassion et n’oubliez pas de respecter les mesures barrières et consignes édictées par les autorités sanitaires pour vous protéger et protéger vos proches du virus qui circule toujours. J’ai reçu vos retours et suis très émus par vos compliments sur mon style d’écriture. Je vous adore, chers lecteurs et lectrices de Biramawa Magazine. 94 Nord Foire Azur Dakar, Sénégal +221 77 296 47 96 contact@alyfa.co www.alyfa.co BIRAMAWA MAGAZINE - 23 Des Jouets Afro - Centrés
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ENTRETIEN EXCLUSIF “Le métier d’acteur est un métier très noble.” Roger SALLAH Acteur/Comédien - Voix off - Modèle photo Roger Felmont SALLAH est un acteur sénégalais. Du court métrage « Un air de Kora » aux séries télévisées sénégalaises telles que « Pod & Marichou » il a su marquer de son empreinte le paysage télévisuel sénégalais. Dans cette interview Roger dresse son parcours et présente le métier d’acteur qu’il considère « très noble ». « Le métier d’acteur est un métier très noble. Contrairement à ce que beaucoup de gens pourraient penser. » Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Je m’appelle Roger Felmont SALLAH. Je suis sénégalais, d’origine togolaise. Je suis acteur/Comédien, Voix off , mannequin et modèle photo. Vous êtes mannequin et acteur. Que pouvez-vous nous dire sur ces 2 professions ? Ce sont deux métiers différents. Le mannequinat tourne autour des shooting photos, des défilés, des fashion week, des évènements de mode… Alors qu’en tant qu’acteur je suis amené à me produire sur des scènes, dans des séries et films etc. Cependant bien que différents, ces deux métiers se complètent. Ils relèvent du domaine de l’art. Personnellement le fait d’être mannequin a un impact posiBIRAMAWA MAGAZINE - 25 tif sur ma carrière d’acteur. Mes postures, ma façon de voir les choses, ma façon de me déplacer sur les plateaux de tournage… tout ça je l’ai appris grâce au mannequinat. Qu’est-ce qui vous a poussé vers le métier d’acteur ? De base je suis passionné d’arts. Tout ce qui gravite autour de l’art m’intéresse énormément. Que cela soit de la musique, mode, danse etc. Quand je me suis lancé dans le mannequinat, je savais aussi je voulais être acteur. J’attendais juste le bon moment pour me lancer. Il me fallait d’abord gagner de l’expérience, me faire un nom, et ensuite épouser le métier d’acteur. Je me suis lancé finalement plus tôt que prévu. (Rire) Mais finalement je m’en réjouis. Les tournages se passent bien. Les résultats sont au rendez-vous. Les réalisations faites jusque-là sont réconfortantes. J’aimerais aussi ajouter que ce qui me motive davantage à exercer le métier d’acteur est que finalement je suis porteur de voix. J’ai travaillé sur des projets engagés. Des personnes se retrouvent dans ce que je fais, dans certains rôles que je joue dans les séries. Beaucoup de personnes m’ont témoigné cela. En tant qu’acteur je peux donc, dans une certaine mesure, me considérer comme « la voix des sans voix ».
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« …j’ai joué dans un film, un court métrage qui s’intitule « Un air de Kora » qui a d’ailleurs était primé au FESPACO deuxième meilleur court métrage. » Beaucoup de gens vous ont connu grâce à la Série « Pod & Marichou ». Est-ce votre premier rôle dans une série, un film… ? Effectivement Beaucoup de gens m’ont connu à travers la Série « Pod & Marichou ». Je jouais le Rôle d’AGBO. Mais avant cela j’ai joué dans un film, un court métrage qui s’intitule « Un air de Kora » qui a d’ailleurs était primé au FESPACO deuxième meilleur court métrage. Ensuite j’ai rejoint MARODI pour faire des doublages de voix. C’est par la suite que la Série NAFY m’a été proposée. Pour la série POD et MARICHOU, j’ai commencé par de la figuration ensuite mon personnage a évolué. Et c’est comme ça que les gens ont connu AGBO. Aujourd’hui vous faites partie des acteurs très plébiscités au Sénégal. Bravo ! Comment vivez-vous cette notoriété ? Ah merci ! (Rire) Dans tout ce que je fais j’aime bien inspirer. A chaque fois que j’entreprend de faire quelque chose mon premier objectif c’est que ça soit inspirant pour les autres, les plus jeunes. On connait un peu notre histoire en tant qu’Africain, en tant que Sénégalais. Et nous nous devons 26-BIRAMAWA MAGAZINE de réaliser des choses, d’être inspirant pour nos jeunes frères. Nous nous devons également de réussir là où beaucoup de gens s’y attendent le moins. Cette notoriété je la vie tranquillement. C’est réconfortant, encourageant quand je rencontre des gens qui me disent qu’ils aiment ce que je fais. Mais il y a également des gens qui me détestent parce qu’ils n’arrivent pas à distinguer mon personnage dans les séries et ma personne dans la vraie vie. Mais c’est comme ça. A ce que je ne sache personne ne fait l’unanimité. Le plus important pour moi est de savoir pourquoi je fais ce que je fais et quel message je cherche à véhiculer en le faisant. « Il faut aussi beaucoup travailler, croire en ce qu’on fait et aimer ce qu’on fait. » C’est quoi votre secret ? (Rire) Comment en êtesvous arrivé là ? Rire ! Honnêtement je n’ai pas de secret en particulier. Mais ma force c’est ma famille. Ma maman, mon père, des frères et sœurs, mes amis me poussent à aller de l’avant. Ils m’encouragent et croient en mon talent. Grâce à ce soutien quand je suis sur un plateau je me dis que je peux le faire. I can do it ! Il faut aussi beaucoup travailler, croire en ce qu’on fait et aimer ce qu’on fait. Quel rôle vous a le plus marqué ? Et pourquoi ? Le rôle qui m’a le plus marqué c’est le rôle de Bouba dans la série Renaissance. Bouba est issu d’une famille aisée. Son père est maître tailleur. Son père souhaitait qu’il soit tailleur mais Bouba se voyait comme designer mobilier mais va finir par céder à la pression de son père. Marié Bouba avait une copine. C’est à cause de cette copine, qui malheureusement va perdre la vie dans la série suite une overdose, que Bouba était accro à la drogue. Le thème abordait dans cette série est l’addiction aux drogues. Un thème très important à mes yeux parce que concerne beaucoup de jeunes. Ce qui m’a le plus marqué, pour la préparation des rôles nous sommes allés au Centre de prise en charge intégrée des addictions à Dakar (CEPIAD) se trouvant à Fann. Nous avions des séances de travail, nous étions en contact avec nos compatriotes qui y sont pour des traitements. Ce que je tire de cette expérience et que j’aimerais partager c’est que, sans faire l’apologie des drogues, ce n’est pas parce qu’une personne est addicte aux drogues que c’est une mauvaise personne. Il ne faut donc pas les stigmatiser. Les raisons qui poussent les personnes à consommer de la drogue peuvent être diverses et variées. Que diriez-vous aux jeunes qui nous lisent et qui souhaitent être acteur comme vous ? Je dirais aux jeunes de chercher à savoir pourquoi ils veulent devenir Acteur. Et c’est « ce pourquoi » qui leur permettra de savoir s’ils vont ou pas durer dans ce métier. Personnellement je n’ai pas choisi d’être acteur parce qu’on me l’a conseillé ou pour du court terme mais parce qu’en plus d’être passionné d’art je veux inspirer les gens. Le métier d’acteur est un métier très noble. Contrairement à ce que beaucoup de gens pourraient penser. Nous sommes une vitrine, des porteurs de voix. En plus d’inspirer les jeunes, nous inspirons également ce qui exercent d’autres métiers. Je dirais également aux jeunes que le talent, la notoriété ne suffisent pas il faut également beaucoup travailler, croire en soi et en ce qu’on fait. Il faut aussi faire confiance en l’avenir. «Faire des études dans le milieu est un plus et ça je le confirme.» Il nous semble que faire des études est un plus dans le milieu du cinéma. Qu’est-ce que vous en pensez ? Faire des études dans le milieu est un plus et ça je le confirme. Il y a un discours qu’on entend très souvent dans le milieu c’est que l’acteur doit être cultivé, intelligent. Il faut une bonne culture générale, avoir un certain bagage intellectuel. Par exemple pour espérer jouer certains rôles il faut incontestablement faire des études, parler différentes langues, avoir une bonne culture générale. Il est impossible d’incarner certains rôles si on n’a pas fait des études, si on ne sait pas comment faire des recherches. En plus en dehors des plateaux de tournage, l’acteur est amené à animer des conférences, à parler en public, à donner son avis et des conseils. C’est donc encore une fois très important de faire des études, d’avoir un certain bagage intellectuel. En parlant d’études, est-ce que vous pouvez revenir sur votre parcours de formation ? J’ai eu mon BAC série L1 au Lycée Galandou DIOUF à Mermoz puis j’ai été orienté au département d’anglais de l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar. J’ai eu ma licence en Étude Africaine et post coloniale. Il fallait choisir entre Étude africaine, américaine, britannique ou linguistique-grammaire. J’ai choisi le premier cité parce que je suis quelqu’un de très enraciné. Il est important pour moi de connaître mon histoire, l’histoire du continent africain. Après ma licence j’ai fait mon master 1 en rédigeant mon rapport sur les civilisations africaines. J’ai été orienté en Master 2 mais c’est à ce moment que le métier d’acteur a pris le dessus. Faute de temps j’ai dû mettre mon Master 2 en standby. Pour changer de registre, votre personnage dans les séries parle de quelqu’un qui transgresse les règles. Comment vous décririez-vous dans la vie de tous les jours ? Alors dans la vraie vie je me décrirais comme quelqu’un qui prône le respect des règles, le respect dans les rapports humains. C’était un peu compliqué au départ de jouer ce rôle parce que BIRAMAWA MAGAZINE - 27
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ne correspondant pas à ma véritable nature. Mais c’était pour moi un challenge, un défi qu’il fallait relever. C’est important que les gens qui regardent, sachent que ce n’est pas bon ce que je fais dans certaines séries. Chaque personnage raconte une histoire, les internautes doivent donc essayer de comprendre la bible du personnage et ne pas se focaliser uniquement sur le personnage. Également comme je le disais plus haut il faut distinguer le personnage et la personne dans la vraie vie. Que faites-vous quand vous ne jouez pas ? Quels sont vos hobbies ? Je suis très sociale depuis que je suis très jeune. Je suis passé par différents mouvements d’actions catholiques : De la CVAV au scoutisme. Par ailleurs j’ai mon diplôme de moniteur de colonies de vacance. Je travaille beaucoup avec les enfants. Il m’arrive également de travailler avec l’Unicef comme ambassadeur. Je suis également membre de Lions Club. Je fais également beaucoup de sport. Je pratique le Volley Ball. Au-delà de votre vie professionnelle, quelles sont les causes qui vous tiennent à cœur ? Le respect des droits humains notamment des personnes vulnérables me tient énormément à cœur. Je le disais plus haut j’ai beaucoup travaillé avec les enfants et avec l’Unicef comme ambassadeur. Le sort notamment des enfants abandonnés, des en28-BIRAMAWA MAGAZINE fants vivant dans les rues m’importent beaucoup. Il en est de même des femmes victimes des violences physiques comme morales. Jeunesse ne veut pas dire débauche et débandade mais plutôt avoir conscience qu’on a le temps de réaliser beaucoup de choses avant de prendre de l’âge. Beaucoup de jeunes empruntent le chemin de l’entrepreneuriat. Qu’est-ce que cela vous inspire ? C’est très bien. C’est une très bonne chose. Cela reflète une prise de conscience des jeunes. Mais la question du pourquoi revient toujours. Il ne faut pas entreprendre pour entreprendre, pour faire comme tout le monde ou tout simplement parce qu’on a un projet qui nous tient à cœur. C’est quelque de chose de très sérieux, qu’il faut très bien préparer. Il est important de mettre en place des projets viables qui s’inscriront dans le long terme et qui sont inspirants. Quel est votre message à l’endroit de la jeunesse sénégalaise ? En tant que jeunes nous devons redoubler d’efforts. On fait partie des populations les plus jeunes au monde. Pour moi c’est une bénédiction, une chance qu’il faut saisir. En tant que jeunes sénégalais on aime bien nous amuser, les futilités. On n’oublie très souvent de nous focaliser sur l’essentiel ou on s’y prend très tardivement. Si demain je réalise quelque chose on ne dira pas que c’est Roger mais un Sénégalais du nom de Roger a réalisé telle chose. Nous sommes des ambassadeurs du Sénégal. Biramawa vous remercie. Quel est votre mot de la fin ? Je vous encore remercie pour l’intérêt porté sur ma personne. Je vous encourage. Que le Seigneur vous assiste et mette en lumière ce que vous faites afin que le magazine soit connu dans le monde. C’est très important. J’encourage tout un chacun à se donner à fond dans ce qu’il fait, à y croire et à prier ! La prière aussi est très importante. « Le respect des droits humains notamment des personnes vulnérables me tient énormément à cœur.» AVEC E.C.C.A, L’ASSURANCE DEVIENT ACCESSIBLE À TOUS DES SOLUTIONS OPTIMALES D’ASSURANCE POUR LES PARTICULIERS ET LES ENTREPRISES Découvrez toutes nos offres sur www.ecca-online.com ou contactez-nous par mail à l’adresse contact@ecca-online.com BIRAMAWA MAGAZINE - 29
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Veille et Intelligence des Affaires Les enjeux culturels de la production audiovisuelle et cinématographique L a production audiovisuelle et cinématographique peut avoir un impact considérable sur l’économie et la culture dans nos pays. Fort de ce constat, pour ce numéro 4 du magazine, je suis allé à la rencontre de Médoune SARR, diplômé en Sciences de l’Information et de la Communication afin de décortiquer les enjeux culturels de la production audiovisuelle et cinématographique au Sénégal. 30-BIRAMAWA MAGAZINE Pouvez-vous vous présentez ? Mon nom est Médoune SARR, et je suis titulaire d’un Master II en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. J’ai produit un Mémoire sur le placement de produits dans les séries télévisées sénégalaises, en m’intéressant spécifiquement à la réception qu’en ont les téléspectateurs. Aujourd’hui je suis très intéressé dans mes recherches, par les industries cinématographiques et audiovisuelles, plus spécifiquement, leurs enjeux économiques et culturels. Qu’appelle-t-on production audiovisuelle ? cinématographique ? L’association originelle des qualificatifs « cinématographique » et « audiovisuelle », témoigne d’emblée la porosité des frontières entre ces deux notions. Mais leur différence réside dans le fait que, la production cinématographique est une production d’œuvres destinées en priorité à une exploitation en salles de cinéma, et par ricochet, sur DVD, alors que la production audiovisuelle est destinée, dans son essence, directement aux petits écrans (télévisions et ordinateurs). Cependant, les produits en question peuvent subir des extensions, réajustements et réadaptations, pour nous amener à voir, des films (produit cinématographique) à la télévision, et des séries (produits audiovisuelles) au cinéma. Mais, fondamentalement, leur différence réside dans ce que l’on appelle dans le jargon des cinéastes, les réseaux de distribution. Pouvez-vous nous parler de la production audiovisuelle et cinématographique au Sénégal ? Au Sénégal, comme dans le monde, la production cinématographique précède, chronologiquement, la production audiovisuelle. L’histoire sénégalaise de ces industries, nous raconte que, bien avant les indépendances et l’avènement de la télévision, le cinéma existait déjà, avec des productions essentiellement étrangères. Et au lendemain des indépendances l’Etat du Sénégal a créé ce que l’on appelait les « actualités sénégalaises » qui produisaient des films de quelques minutes, montrant les nouvelles du pays et d’ailleurs, et servant par la même occasion, la communication publique. Et donc c’est ce matériel de production, propre aux actualités sénégalaises, qui sera utilisé, en dehors des missions officielles assignées par l’Etat, pour produire des films et laisser apparaître la première génération de cinéastes du Sénégal. Là, nous sommes toujours loin de l’explosion de la production audiovisuelle, telle que nous la vivons de nos jours. Mais maintenant, au Sénégal, il suffit d’allumer le petit écran pour s’en convaincre, les séries télévisées monopolisent les chaînes de télé et peignent le secteur audiovisuel sénégalais aux couleurs de cette nouvelle industrie. Presque toutes les chaînes ont, une voire plusieurs séries télévisées sénégalaises qu’elles diffusent pour le plus grand bonheur des téléspectateurs sénégalais. Ce, au détriment des télénovelas qui sont reléguées au plan ou envoyées aux oubliettes. Pod et Marichou, Idoles, Golden, Maîtresse d’un homme marié, pour n’en citer que celles-là, sont toutes des séries télévisées sénégalaises qui animent le paysage audiovisuel. Ce faisant, les séries sénégalaises font beaucoup gagner aux acteurs, médias et producteurs sénégalais, mais aussi, et à juste titre, à l’Etat et à la nation sénégalaise, avec les enjeux culturels y afférents. Quels sont, aujourd’hui, à votre avis, les enjeux internationaux des productions cinématographiques et audiovisuelles ? En dépit du fait que les productions cinématographiques et audiovisuelles sont littéralement taillées sur mesure pour répondre aux désirs, attentes et exigences du public de leurs pays d’origine, elles sont ensuite exportées dans de nombreux pays à travers le monde notamment en Europe de l’Est, en Chine et surtout en Afrique de l’Ouest et du Sud, à travers une diffusion extra nationale. Cette dernière est loin d’être fortuite car en effet, cette diffusion extra nationale des séries télévisées intègre les cultures et les territoires dans un système planétaire qui crée une culture mondiale et qui dans une certaine mesure uniformise le monde. Cette uniformisation découle sans nul doute de la diffusion des modèles culturels dominants, qu’ils soient américains ou latino-américains, sur plusieurs points du globe et essentiellement sur l’Afrique. Au Sénégal, nous constatons que la diffusion des séries télévisées sur nos écrans n’aura pas juste impacté les noms des consommateurs, mais va plutôt jusqu’à BIRAMAWA MAGAZINE - 31
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être sources d’événements particuliers ou impacter ceux existant déjà, et ce, en plus d’influencer la mode, voire la culture sénégalaise. La venue de l’actrice l’actrice de Bollywood Aruna IRINI plus connue sous le nom de « Vaidehi », en 2010, apparaît comme une parfaite illustration. Et c’est d’ailleurs à juste titre que la Tabaski fêtée cette année fut fortement impactée en ce sens qu’un tissu de soie perlé portant le nom de l’actrice était prisé par les sénégalais. Et aujourd’hui, quels sont les défis auxquels les pays sous-développés font face ? Cette diffusion extra nationale, précédemment citée, laisse penser que, sous l’influence d’un bombardement permanent de productions audiovisuelles et cinématographiques, le monde serait un, culturellement. Toutefois notons que les individus ont de tout temps été accrochés à leurs cultures et n’accepteront de s’en débarrasser si simplement et si facilement au profit d’une autre qui serait dite transportée, extra nationalisée, mondialisée. Et c’est là qu’advient la nécessité de trouver d’autres moyens de maintenir leurs cultures en vie face à l’impérialisme culturel. A cet effet, bon nombre de pays activent les leviers de la langue, de l’éducation, des médias, des industries cinématographiques et audiovisuelles dans le but de faire subsister leur culture sur la scène culturelle mondiale au lieu de se laisser engloutir. Et vu leurs taux d’audience assez élevés, les séries sénégalaises font beaucoup gagner aux acteurs, médias 32-BIRAMAWA MAGAZINE et producteurs sénégalais, mais aussi, et à juste titre à la nation sénégalaise. Car comme l’affirme le secrétaire permanent du Fonds de Promotion des Industries Cinématographiques et Audiovisuelles « il est important que les films d’animation sénégalaise soient présents dans la mesure où ils contribuent au formatage du chemin pensé de nos enfants. Ce sont des films qu’ils sont en train de regarder qui vont déterminer ce que vont devenir leur imaginaire dans le futur ». Un point de vue d’un homme de culture qui en dit long sur les enjeux culturels et même politiques qu’implique le développement de la production locale. Et à cela, il faut ajouter l’aspect linguistique, car dans ces productions sénégalaises, la langue la plus parlée reste le Wolof qui est parlé sur presque tout le territoire sénégalais et par près de 80% de la population sénégalaise et non une langue étrangère qui serait en même temps vecteur de tradition, de culture voire de civilisation. Car la langue est, en vérité, une question d’identité, d’appartenance et de culture. Elle n’est pas « qu’un assemblage de mots mais c’est aussi une façon de penser, d’imaginer et de regarder le monde ». Le Sénégal est-il prêt pour faire face à la concurrence internationale dans la production audiovisuelle et cinématographique ? Même si, beaucoup de clignotants sont au vert, il reste quand même beaucoup de chemin à parcourir, pour arriver à faire face à la concurrence internationale. Aujourd’hui, malgré son jeune âge, le cinéma sénégalais ayant débuté en 2013 avec Alain GOMIS, Maty DIOP entre autres, a remporté des trophées internationaux. En plus, les séries sénégalaises fleurissent et s’exportent, néanmoins, il se pose toujours le problème de l’industrialisation formelle ainsi que la rentabilisation des produits. Pour aujourd’hui arriver à faire face à la concurrence internationale, il serait nécessaire pour le Sénégal de se doter d’une industrie cinématographique et audiovisuelle formelle, à l’instar de Hollywood, Nollywood entre autres. A cela, il faut ajouter le problème de financement, auquel les producteurs et réalisateurs font face, et ce, malgré les efforts de l’Etat. En effet, conscient des enjeux culturels d’un développement de la production locale et tenant compte de l’importance du secteur du cinéma et de l’audiovisuel dans la culture, l’Etat du Sénégal s’est doté depuis quelques années d’un outil de promotion et de valorisation de la production sénégalaise par le financement et l’appui. Toutefois, avec un budget annuel de 2 milliards, il s’avère difficile de soutenir cette flambée de production. Ainsi, si aujourd’hui les problèmes liés à l’industrialisation et au financement venaient à être réglés, le Sénégal pourrait enfin challenger les plus grandes industries cinématographiques et audiovisuelles du monde. Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB
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AGRICULTURE «Au-delà de Ndingler, L’anxiété demeure chez les agriculteurs.» L ’agriculture Sénégalaise emploie 60% de la population rurale et compte 752 352 exploitations agricoles familiales (ANSD, 2014). Pourtant elle peine toujours à avoir un impact efficace dans la réduction de la pauvreté. Elle est toujours incapable d’épouser le dynamisme qui lui permettra d’imprimer une croissance économique respectable et soutenue. Curieusement, les risques liés à l’anxiété des agriculteurs y sont peu évoqués bien qu’ils jouent un rôle significative pour l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire. Actuellement de nombreux agronomes n’ont plus pour objectif d’inventer ou d’adapter de nouvelles techniques, mais ils cherchent à comprendre quels sont les freins humains, sociologiques et économiques à la production et à l’adoption de techniques qui pourtant sont disponibles. Les multiples causes d’anxiété chez les agriculteurs sénégalaises Les agriculteurs sénégalais distraits, inquiets, moins vigilants ou préoccupés par leur subsistance restent vulnérables tout au long de leurs activités de production : Allant de la préparation du sol, de la récolte, à la commercialisation. Cette anxiété découle de plusieurs facteurs : • des coûts élevés de facteurs de production, • des bénéfices faibles, des marchés incertains, • de la rareté des pluies, • du développement insuffisant des infrastructures de transport, de stockage et de commercialisation, • les effets des politiques commerciales. Ces facteurs nuisibles à l’activité agricole et aux emplois agricoles poussent les agriculteurs à l’abandon des terres et à recourir à l’exode rural. Certes, d’autres facteurs peuvent occasionner l’abandon des terres, tels que : la politique, l’accaparement des terres, les contraintes socio-culturelles etc..., mais les causes les plus probantes demeurent l’anxiété des agriculteurs. Car, assez généralement, c’est sous l’aiguillon du stress et de la misère que se produisent les migrations des populations. À l’heure actuelle, les programmes axés sur la dimension humaine de l’agriculture constituent le chaînon manquant… Pourquoi, ce groupe professionnel qui, pourtant pèse par son nombre, n’occupe-t-il pas une plus large place dans les réflexions en cours sur l’impact psychologique du travail ? Pourquoi le taux élevé d’abandon des terres ? Pourquoi l’urbanisation galopante des terres agricoles ? Ces questions méritent d’être posées. L’heure est à la réflexion contre le phénomène plutôt qu’à l’exploration des rendements. La personne humaine est la pierre angulaire de tout développement durable et il importe par conséquent de le préserver. Pour réaliser une agriculture réellement durable, il ne suffit pas d’une prise des questions relatives à une meilleure des terres, il faut également que la dimension humaine soit réellement prise en compte. La Loi d’Orientation Agro-Sylvo-Pastorale : début de solutions…. De la reconnaissance formelle des métiers de l’agriculture à la réforme foncière, la loi agro sylvo-pastorale a donné des orientations pour la prise en compte de la protection sociale des exploitants et des travailleurs du secteur. L’urgence aujourd’hui c’est de se préoccuper plus de l’état psychologique des agriculteurs qui devrait aussi se traduire par une stratégie nationale de prévention et gestion du taux de stress et d’abandon des terres agricoles. Thierno NGAMB Agronome Spécialiste en sécurité alimentaire et résilience BIRAMAWA MAGAZINE - 35
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La Contraception moderne SANTE Une arme contre la mortalité maternelle I. Contexte Dans les pays en développement, une femme sur 75 meurt de causes liées à la grossesse ou à l’accouchement. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a estimé qu’un tiers des nourrissons, soit 14 000 000 avaient perdu la vie à travers le monde parce que leurs mères ont eu des grossesses : « trop nombreuses ou trop rapprochées », ou parce qu’elle est « trop jeune » ou « trop âgée ». La population du Sénégal était estimée à 14 799 859 habitants en 2016. Si le rythme de croissance démographique est maintenu, la population atteindrait 22,3 millions d’habitants en 2030, soit presqu’un doublement (1,5 fois) de la population en 15 ans. Cette augmentation rapide de la population aura des conséquences sur les secteurs de développement socioéconomiques (Santé, éducation, habitat, nouveaux emplois, …). La contraception, peut jouer un rôle de premier plan dans la protection de la vie des nourrissons, des femmes et de la famille toute entière sur le continent africain. II. Définition Ainsi, la contraception se définit comme l’utilisation d’agents, de dispositifs, de méthodes ou de procédures permettant de diminuer la probabilité de conception ou d’éviter la survenue de grossesse de manière temporaire et réversible. III. Mécanismes d’action Ce que veulent les femmes c’est une contraception efficace mais peu risquée et confortable Comment agissent ces méthodes de contraception ? Il y en a : • qui bloquent l’ovulation comme la pilule, l’anneau vaginal ou le patch contraceptif, • qui empêchent la rencontre des spermatozoïdes avec l’ovule, comme le préservatif, le diaphragme ou les spermicides, • qui empêchent la nidation de l’œuf, comme le stérilet. BIRAMAWA MAGAZINE - 37
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Les différents types de contraceptifs et mode d’action IV. 1. Contraceptifs avec Hormones : Sont des moyens de contraception contenant des hormones à base d’œstrogène et ou de progestérone. Nous pouvons en citer : ீ Les pilules contraceptives : ce sont des comprimés à prendre chaque jour à la même heure. La pilule contient des hormones qui empêchent les ovaires de libérer des ovules. Elle agit également en épaississant la glaire cervicale qui empêche les spermatozoïdes d’atteindre l’ovule. ீ Les injectables : la ou les pilules doivent se prendre quotidiennement, les injectables se prennent tous les 3 mois. ீ Les implants : discrets et efficaces ; l’implant est un petit bâtonnet souple et cylindrique, en plastique, de 4 cm de long et 2 mm de diamètre. Une fois mis en place, l’implant est quasi invisible et ne se sent absolument pas. Il délivre en continu une hormone féminine diffusée directement dans le sang, supprimant ainsi le cycle menstruel et l’ovulation. Ces brins peuvent jouer leur rôle pendant 3 à 5 ans. ீ Le patch contraceptif : alternative moins contraignante que la pilule, le patch contraceptif (aussi appelé «timbre contraceptif») est pratique et simple d’utilisation, particulièrement pour les femmes qui ont tendance à multiplier les oublis de pilule. Ce timbre de moins de 5 cm, ovale ou carré, se colle directement sur la peau, se change toutes les semaines. Ainsi, il assure ainsi la protection contraceptive de la femme qui le porte. «Les hormones sont absorbées au travers de la peau. Un nouveau patch est appliqué chaque semaine. ீ l’anneau contraceptif : ce dernier a une forme circulaire, mesure moins de six centimètres de diamètre et se place au fond du vagin. Il se renouvelle chaque mois, ce qui évite d’avoir à y penser au quotidien. Il contient des capsules d’hormones qui vont progressivement s’ouvrir et libérer leur contenu, grâce à la chaleur et à l’humidité du vagin. 2. Les contraceptifs sans hormones : Ce sont des méthodes de contraception ne contenant aucune dose d’hormone. En effet, le mécanisme d’action utilisé dans ce cas est surtout, la méthode barrière, c’est-à-dire le blocage de la rencontre entre le spermatozoïde et l’ovule. Ainsi, nous pouvons citer : le diaphragme, les spermicides, le dispositif intra-utérin au cuivre… ீ le dispositif intra-utérin au cuivre : encore appelé stérilet, à tort, car il ne rend pas du tout stérile ; est un moyen de contraception sans hormone. L’insertion est faite par un professionnel de santé dans l’utérus. Ce contraceptif permet de rendre les spermatozoïdes inactifs d’où l’absence de fécondation et empêche également la fixation de l’ovule dans l’utérus grâce au cuivre. Peutêtre efficace pendant 5 à 10 ans et peut être retiré à tout moment. 38-BIRAMAWA MAGAZINE Pourtant ce choix-là existe.Il y’a des méthodes de contraceptions adaptées à tous vos besoins. ீ le préservatif : le préservatif est la seule méthode de contraception qui protège contre les maladies et infections sexuellement transmissibles. Il n’est donc pas seulement une méthode de contraception et doit devenir systématique en cas de rapport sexuel avec un nouveau partenaire. Il en existe pour les femmes et pour les hommes. 3. La contraception d’urgence : Appelée communément « pilule du lendemain », elle est utilisée en urgence pour éviter une grossesse après un rapport sexuel non ou mal protégé. Elle doit être prise dans les 72H suivant le rapport sexuel pour assurer son efficacité. Cependant, il s’agit d’une méthode de rattrapage exceptionnelle et ne doit en aucun cas être utilisé fréquemment. Seulement quand il y’a péril en la demeure ! Les hommes encore trop peut impliqués. 4. La contraception définitive ou la stérilisation : C’est une méthode de contraception chirurgicale qui consiste à ligaturer les trompes chez la femme ou les canaux déférents (« tuyaux » par ou passent les spermatozoïdes) chez l’homme. Ainsi, après cette intervention, la femme ou l’homme n’auront plus la possibilité d’enfanter. Elle est utilisée dans certaines situations ou la survenue d’une grossesse est dangereuse chez la femme. V. Avis D’expert Une arme contre la mortalité maternelle La planification familiale est un des sujets tabous en Afrique et plus particulièrement au Sénégal ; ce qui donne matière à la vulgarisation de nombreuses rumeurs d’ordre socio-culturelle, médicale, religieuse, etc. Cependant, Attention !!! Les rumeurs ne sont que des nouvelles non vérifiées qui se répandent rapidement dans la population et dont la source est souvent inconnue. La contraception permet aux femmes et aux couples de choisir quand avoir un enfant. Ce qui permet : ‒ De lutter contre la mortalité maternelle et les grossesses non désirées ; ‒ De mieux préparer l’arrivée d’un enfant et son avenir ; ‒ De participer à bâtir un continent Africain prospère et loin de la pauvreté. VI. CONCLUSION Rapprochons-nous donc des professionnels de santé ! Ils vous accompagneront, par des conseils avisés et des informations (Avantages et inconvénients), dans le choix de la bonne méthode contraceptive. Ces professionnels de santé vous assureront également un bon suivi. Dr Benjamin NDOUR Médecin généraliste BIRAMAWA MAGAZINE - 39
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Développement personnel La lecture « La lecture est à l’esprit ce que l’exercice est au corps », disait J.Addison. La lecture et ses impacts ne pourraient être exclus de notre liste d’éléments fondamentaux permettant le façonnage d’une forte personnalité. En effet, il a été démontré depuis plusieurs décennies que notre rapport à la littérature agit directement sur nos méninges et comportements. Si la lecture d’œuvres de fiction permet de se distraire, d’améliorer son vocabulaire et son sens de l’orthographe, ces effets positifs évidents ne seraient pas les seuls pour le cerveau. LECTURE ET CONNAISSANCE Lire c’est apprendre, c’est enrichir ses connaissances. Nous savons tous que les ouvrages nous guident vers la lumière qui est l’instruction. Les quotidiens, journaux, revues et magazines nous aiguillent et nous orientent à suivre le courant actuel des événements universels et à acquérir un langage intellectuel suffisant et à garantir l’aptitude de la communication avec toutes les sociétés de cette actuelle civilisation qui ne tolère guère l’ignorance. Consacrez au moins une heure, quotidiennement, pour la lecture et vous allez découvrir un phénomène bienfaiteur naissant au fond de vous-même qui réclame au fur et à mesure davantage de lecture. Les romans nous apprennent une multitude d’us et coutumes d’autres pays. C’est vrai que chacun a une idée sur le monde mais il est indiscutable qu’à partir de la lecture on puisse apprendre plus sur l’histoire, la nature, la politique… et surtout sur l’actualité internationale. La lecture se pratique partout, à n’importe quel moment et par n’importe quelle personne, pas comme d’autres activités tel le sport qui exige l’aptitude physique. UN MOYEN EFFICACE POUR STIMULER NOTRE CERVEAU Il a été scientifiquement prouvé qu’il existe un lien étroit entre la lecture et le développement du cerveau humain. Une étude récente menée aux Etats-Unis par la Emory University a démontré que lire un bon livre peut augmenter les connexions à l’intérieur du cerveau et créer des changements neurologiques persistants qui correspondent un peu à la mémoire musculaire qui permet de s’adapter aux efforts demandés. Les changements dans le cerveau après des lectures « significatives » ont notamment été enregistrés dans le cortex temporal gauche, une zone du cerveau associée à la réceptivité du langage et aux sensations motrices. Les neurones de cette région du cerveau sont notamment liés aux sensations selon lesquelles nous faisons quelque chose sans le faire réellement. Par exemple, penser à courir peut activer des neurones associés avec l’acte physique de la course. UNE RÉDUCTION DU STRESS ET LE DÉVELOPPEMENT DE L’EMPATHIE Dans sa définition simple, le stress est une réaction biologique bien réelle à une stimulation extérieure. Une étude a démontré que la lecture était le moyen le plus efficace pour vaincre le stress en un temps record. Elle permet ainsi de se délecter d’un environnement peu confortable, ce qui parfois représente un avantage certain. Vous perdre dans une œuvre de fiction vous transporte également dans la position d’une autre personne. Les fictions permettent ainsi à votre intelligence émotionnelle de se décupler dans la vie réelle. L’intelligence émotionnelle est décrite comme un type d’intelligence sociale qui permet aux personnes de gérer leurs propres émotions et celles des autres, de les discriminer et de comprendre cette information émotionnelle pour orienter leurs pensées et comportements (Del Pilar Jiménez et cols., 2019). Il est clair que dans une mondialisation avérée, cette capacité à intégrer les émotions extérieures est plus qu’indispensable. PRENONS LE TEMPS DE LIRE, C’EST DANS NOTRE INTÉRÊT ! Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires étrangères BIRAMAWA MAGAZINE - 41
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DECOUVERTE Ousseynou GUEYE Fondateur Polaris asso “Polaris Asso est une association française basée à Dakar que j’ai initiée en 2018.” « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ». Sorti de la prestigieuse école, Prytanée Militaire de SaintLouis, Ousseynou GUEYE est « depuis 2016, ambassadeur pour l’Unesco, représentant de la jeunesse francophone. » Titulaire d’un master en science politique à Paris, Ousseynou a notamment travaillé « pour le programme Google Ateliers Numériques pendant 3 ans, d’abord comme coach, puis comme Chef de Projet », une initiative du géant GOOGLE. 42-BIRAMAWA MAGAZINE Il a initié en 2018 Polaris asso, une association française basée à Dakar avec pour mission de mener les jeunes à une utilisation efficiente de l’Outil numérique. La rubrique « Découverte » du numéro 4 de votre magazine Biramawa lui est consacrée. « …nous ouvrons nos portes à d’autres associations, structures communautaires de base ou étatiques à venir construire avec nous un cadre permettant aux jeunes d’exploiter pleinement les atouts du numérique.» s - r - - Pouvez-vous vous présenter et revenir sur votre parcours de formation ? Je me nomme Ousseynou, je suis né en 1993 dans la ville de Rufisque. J’ai quitté cette belle ville à l’âge de 11 ans, ayant réussi le concours du Prytanée Militaire de Saint-Louis. Dans cette prestigieuse école, j’ai fait un séjour de 7 ans, de la sixième à la terminale, en y suivant des enseignements militaires et civils. J’ai eu l’honneur en 2011 d’avoir été lauréat au Concours Général Sénégalais puis de décrocher en 2012 mon baccalauréat. Mon parcours académique s’est poursuivi par la suite avec une licence en Science Politique à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. En 2016, je me rends en France après une année de césure durant laquelle j’ai travaillé pour l’ONG Ashoka. J’ai obtenu à Paris un Master en Science Politique. Qu’en est-il de votre parcours professionnel ? Sur le plan professionnel, j’ai eu la chance de me confronter très tôt au monde professionnel. Déjà après ma licence, j’ai fait le choix d’observer une année de césure pour travailler au sein du programme Changemaker, une initiative de l’ONG Ashoka visant à détecter et à accompagner les jeunes innovateurs sociaux africains, francophones comme anglophones. Cette expérience m’a permis de découvrir le monde de l’entrepreneuriat social dont je suis tombé amoureux et dont les principes ont depuis lors guidé mon parcours. En France, j’ai eu l’opportunité de travailler pour le programme Google Ateliers Numériques pendant 3 ans, d’abord comme coach, puis comme Chef de Projet. Mon rôle a notamment consisté à déployer cette initiative de Google France dans un certain nombre de territoire français, accompagnant ainsi des milliers de jeunes, entrepreneurs et professionnels à améliorer leur niveau sur certaines compétences numériques. Sur un tout autre registre, je suis depuis 2016, ambassadeur pour l’Unesco, représentant de la jeunesse francophone. Dans ce cadre, je contribue à porter un plaidoyer international sur les sujets de l’éducation, l’accès des jeunes à la formation de qualité, puis à l’emploi et enfin l’engagement civique. Cela m’a amené à parcourir certains pays tels que l’Arabie Saoudite, la Russie ou encore le Cap-Vert dans le but d’y échanger avec les jeunes et les organisations communautaires de base. Enfin, depuis janvier 2020, je suis de retour dans mon pays, à Dakar, où j’occupe le poste de Responsable de la Communication et de la Communication pour Afric’innov, une initiative qui soutient le développement de l’écosystème entrepreneurial africain en appuyant les hubs. « Partout dans le monde, les parents, et la famille au sens large, sont considérés comme les premiers acteurs de confiance dans l’éducation numérique des jeunes. » Vous avez fondé « Polaris asso ». Comment vous est venu l’idée de mettre en place cette initiative ? Polaris Asso est une association française basée à Dakar que j’ai initiée en 2018. A l’époque, je travaillais comme Chef de projet pour le programme Google Ateliers Numériques et j’ai eu l’opportunité de parcourir près d’une quarantaine de villes en France pour accompagner le grand public sur les usages du numérique. J’avais constaté que beaucoup de parents particiBIRAMAWA MAGAZINE - 43
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paient à nos formations avec pour objectif d’en savoir plus sur le numérique, d’acquérir des compétences pour mieux être en mesure d’accompagner leurs enfants à avoir un usage avisé des outils digitaux. De la même manière, durant mes missions avec l’Unesco dans un certain nombre de pays, j’avais remarqué une grande rupture entre les parents et les jeunes sur la question du numérique. En d’autres termes, les personnes adultes et parents sont très éloignés des réalités que vivent les jeunes sur les outils numériques et donc, n’ont ni les bonnes informations ni les compétences pour accompagner leurs enfants vers un usage avisé d’internet. Il y’a par conséquent un fort besoin chez les parents d’être outillés sur la question de la parentalité à l’ère du numérique. J’ai été consterné par le grand écart entre ce besoin des parents et le manque de solutions formulées pour y répondre. Initier Polaris Asso a été pour moi une manière de sortir de ma zone de confort et de challenger ce statut quo. Quelles sont les cibles de Polaris Asso ? Partout dans le monde, les parents, et la famille au sens large, sont considérés comme numérique des jeunes loin devant les amis proche (25%) et les enseignants (22%). les premiers acteurs de confiance dans l’éducation numérique des jeunes. Une étude que nous avons réalisée en Juin 2020 à Dakar montre le confirme : 56% des répondants estiment que la famille, au sens large est l’acteur le plus influent dans l’éducation Tout cela pour vous dire que les parents sont une cible importante de Polaris Asso. En accompagnant les parents à mieux s’outiller sur les usages du numérique, on leur donne l’opportunité de mieux accompagner les jeunes de leur entourage à utiliser à bon escient les outils numériques. Former les parents est le meilleur moyen d’avoir des jeunes ayant un usage avisé d’internet ! En plus des parents, les jeunes eux-mêmes sont également notre cible. Ils s’approchent tout naturellement de nous et des programmes ont été conçus à leur destination. 44-BIRAMAWA MAGAZINE « A l’horizon 2023, notre ambition est d’avoir un impact sur 5000 parents et 100.000 jeunes du Sénégal. » Quels sont justement vos programmes phares ? Nous développons actuellement trois programmes à fort impact. Un tout premier programme s’appelant “Family with net” vise donner aux parents et personnes adultes, toutes les informations et tous les outils nécessaires pour qu’ils puissent être en mesure de mener les jeunes de leur entourage vers un usage avisé des outils numériques. Ce programme se traduit par des différents formats d’ateliers pratiques, ludiques et interactifs. Pour les jeunes, nous développons tous les vendredis du contenu en ligne sur nos médias sociaux sous le concept de 2 Minutes Chrono. Ce sont des vidéos très dynamiques publiées sur notre page, n’excédant pas 2 minutes et abordant une thématique précise chaque semaine. Enfin, et toujours pour les jeunes, nous offrons, sur la demande de lycées ou collèges ou encore d’associations communautaires des interventions en physique sous forme d’ateliers pour les outiller à exploiter tout le positif du numérique, et à en limiter le négatif. Quels sont les perspectives de Polaris Asso ? A l’horizon 2023, notre ambition est d’avoir un impact sur 5000 parents et 100.000 jeunes du Sénégal. Au Sénégal, nous avons un écosystème bien dynamique, avec des associations évoluant dans des domaines connexes au nôtre et ayant un impact considérable au sein de notre communauté. Un de nos principaux défis est d’apprendre à collaborer, à mutualiser nos forces et à porter la même voix. Sans cela, nous ne pourrons atteindre nos objectifs réciproques. C’est pourquoi nous ouvrons nos portes à d’autres associations, structures communautaires de base ou étatiques à venir construire avec nous un cadre permettant aux jeunes d’exploiter pleinement les atouts du numérique. Comment vous contacter ? Toute personne désireuse de nous écrire peut nous envoyer un mail sur hello@polaris-asso. org Biramawa vous remercie. Quel est votre mot de la fin ? Félicitations à Biramawa pour le travail important de mise en lumière des actions positives prises dans notre communauté. Et merci de nous donner cette tribune, un prétexte pour rendre compte de notre travail portant sur l’acculturation sur les grands enjeux du numérique. BIRAMAWA MAGAZINE - 45
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DIPLOVAR N°3 DiploVar ou un regard aiguisé sur l’actualité internationale Politique, Sciences Politiques, Relations Internationales, Humanitaire, votre nouvelle rubrique incontournable vous offre plus que des informations, une analyse pertinente des interactions géopolitiques qui vous entourent. Quoi de mieux qu’un résumé des points essentiels de l’actualité internationale des 15 derniers jours, des faits historiques, des portraits de personnalités ayant marqué l’histoire des relations internationales pour mettre à jour vos connaissances et rendre vos débats chocs d’idées. Les points saillants, les immanquables de l’actualité internationale vous seront présentés de façon succincte de telle sorte que rien ne vous échappera. Pour ce troisième numéro, une consultation du tableau de la VAR Diplomatique nous annonce les informations suivantes : COVID 19 : Le rythme de la pandémie continue de s’accélérer dans le monde, avec plus de 5 millions de nouveaux cas détectés depuis le 1er juillet, soit plus d’un tiers des cas de Covid-19 déclarés depuis la fin 2019. Plus de 645 700 personnes sont mortes du Covid-19, l’OMS a rappelé que « La clé pour maîtriser la transmission est de trouver, isoler, tester et traiter les cas et les contacts ». Le Royaume-Uni décrète une quatorzaine obligatoire pour les voyageurs en provenance d’Espagne. Par ailleurs, Les Etats-Unis ont doublé leur investissement financier, à près d’un milliard de dollars au total, pour soutenir le développement d’un potentiel vaccin contre la Covid-19 mis au point par la société américaine Moderna, qui entre lundi dans la dernière phase de son essai clinique. 46-BIRAMAWA MAGAZINE Quant à la République populaire démocratique de Corée (RPDC), l’agence de presse nord-coréenne a annoncé, dimanche 26 juillet, qu’un premier cas avait été découvert et que le pays avait été placé en « état d’urgence maximale » par le dirigeant Kim Jong-un au cours d’une réunion du bureau politique qui s’était tenue la veille. MALI : Suite à l’échec de la médiation du jeudi 23 juillet entreprise par une délégation composée de cinq chefs d’Etat ouest-africains pour tenter d’apaiser les tensions au Mali. Jong-un au cours d’une réunion du bureau politique qui s’était tenue la veille. Les chefs d’État de la Cédéao se sont de nouveau mobilisés, ce lundi 27 juillet, en sommet extraordinaire virtuel, pour trouver des solutions durables à la crise malienne. L’organisation régionale menace de sanctions les opposants à son plan de sortie de crise au Mali qui prévoit notamment le maintien au pouvoir du Président Ibrahim Boubacar Keïta, la constitution rapide d’un gouvernement d’union nationale et des élections législatives partielles. Conduit par l’Imam Mahmoud Dicko, le Mouvement M5-RFP (le Rassemblement des forces patriotiques) qui n’a pas accepté les recommandations de la médiation menée le weekend dernier par la CEDEAO, rejette les résolutions et revendique toujours la démission d’IBK et prévoit de mobiliser à nouveau. CENTRE-AFRIQUE : L’ex-président centrafricain François Bozizé a annoncé samedi 25 juillet sa candidature à l’élection présidentielle de décembre 2020, un scrutin à haut risque dans ce pays plongé dans une guerre civile depuis que M. Bozizé a été renversé en 2013. Les militants du Kwa Na Kwa (KNK), le parti de M. Bozizé, étaient réunis depuis vendredi en congrès à Bangui, la capitale centrafricaine. Après six années d’exil, François Bozizé est revenu mi-décembre en catimini à Bangui, juste un an avant le scrutin présidentiel. Le pays est plongé dans la guerre civile depuis qu’il a été renversé en 2013 par une coalition de mouvements rebelles, appelée la Séleka. Ce coup d’Etat avait fait basculer ce pays pauvre dans une spirale infernale de violences, marquée par de sanglants affrontements communautaires entre la Séléka et les milices antibalaka, apparues pour soutenir le président déchu. Cette guerre a forcé près du quart des 4,7 millions d’habitants de la Centrafrique à fuir leur domicile. USA-CHINE : Une compétition acharnée pour la suprématie économique et technologique, sur fond de course au vaccin contre la Covid-19: la fermeture du consulat de Chine aux Etats-Unis, accusé d’espionnage, est une nouvelle illustration de la confrontation aux allures de nouvelle Guerre froide entre Washington et Pékin. En représailles, La Chine a ordonné vendredi 24 juillet, la fermeture du consulat des Etats-Unis dans la grande ville de Chengdu (sud-ouest). Cette décision constitue «une réponse légitime et nécessaire aux mesures déraisonnables des EtatsUnis», a souligné dans un communiqué le ministère chinois des Affaires étrangères. La diplomatie américaine a invoqué la protection de «la propriété intellectuelle » pour ordonner la fermeture du consulat chinois à Houston, au Texas. SENEGAL : le journaliste, infatigable défenseur de la démocratie et l’un des pionniers de la presse indépendante africaine, Babacar Touré est décédé le 26 juillet d’une longue maladie. Ancien président du groupe Sud, qu’il avait cofondé en 1985, La presse africaine pleure un journaliste emblématique. OUGANDA : Le président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis plus de 34 ans, a été désigné mardi candidat à la prochaine élection présidentielle prévue début 2021 par le parti au pouvoir, le Mouvement de la résistance nationale (NRM). Il avait entamé son long règne le 29 janvier 1986 et il est désormais à la quatrième place en terme de longévité à la tête de l’Etat sur le continent, derrière Teodoro Obiang Nguema, président de Guinée-Equatoriale (plus de 40 ans), le Camerounais Paul Biya (plus de 37 ans) et Denis Sassou Nguesso au Congo, qui cumule plus de 35 ans au pouvoir. UE: L’Union européenne devrait maintenir ses restrictions de voyager avec la plupart de ses partenaires internationaux. La prochaine publication de la liste des pays autorisés pourrait être plus réduite encore à cause de la progression du coronavirus. Actuellement 13 pays sont concernés par ces autorisations, y compris la Chine si le principe de réciprocité est appliqué. Selon des sources diplomatiques l’Algérie et le Maroc pourraient quitter ce tableau. La Serbie et le Monténégro avaient déjà disparu de la liste précédente. A noter, certains Etats non présents ont déjà appliqué le système de réciprocité à l’UE. Sources : le Point, le Sud Quotidien, les Podcasts Affaires étrangères et International de France Culture, le Point, le Monde ©Biramawa Magazine 2020 BIRAMAWA MAGAZINE - 47
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CV N° 2 Germaine Adel Ndama DIOUF Responsable logistique Tu es à la recherche d’un emploi? Biramawa magazine met cet espace à ta disposition pour te permettre de proposer ton CV aux entreprises qui recrutent. Tu peux donc envoyer ton CV par e-mail : contact@biramawa.com 48-BIRAMAWA MAGAZINE Germaine Adel Ndama DIOUF Contact Adresse : Keur Massar Cité Enseignant Mobile : +221 77 238 78 91 Email : dioufgermaine90@gmail.com À propos Expérimentée dans le management d’équipe, une aisance dans les rapports humains et une expérience professionnelle variée et enrichissante dans la gestion administrative, les achats et la logistique. Responsable logistique FORMATION Master 2 en Supply Chain Management | SupDeco | 2014 – 2015 Master 1 en transport et logistique | SupDeco | 2013 – 2014 Licence 3 en Management des Organisations et de la Qualité : Option Achat-Logistique | Institution Sainte Jeanne D’Arc post bac | 2012 – 2013 Licence 1 et 2 en Commerce International | Institution Sainte Jeanne d’Arc post bac | 2010 – 2012 Baccalauréat L’1 | Institution Notre Dame | 2009 – 2010 EXPERIENCE PROFESSIONNELLE Zeltex-Kalia | Chargée des Achats et Approvisionnement | Juin 2020 à nos jours • • Gestion des achats – approvisionnements de produits de construction Suivie des commandes et paiement fournisseurs Save the Children International (Bureau Régional) | Logistics Assistant | Fevrier 2018 – Juin 2019 • • • • SOS Village d’Enfants (Bureau régional) | Procurement Assistant | Juin 2017 – Janvier 2018 • • • • • • Gestion parc Automobile (flotte de véhicules) Suivi des réservations de billets d’avions et de demande de visa Organisation de séminaires Gestion administrative du bureau Traitement de dossiers de paiement Approvisionnement alimentaire, fourniture de bureau, fleet, assets, médicaments. World Vision Sénégal | Gestionnaireadministrative | Avril 2016 – Juin 2017 • • • • • • Traitement de Bon de Commande Gestion parc automobile (flotte de motos et de véhicules) Suivi des investissements (constructions salle de classe, postes de santé, centre de transformation, forages….) Approvisionnement en fournitures et matériels divers Organisation de séminaires et réunions Supervision d’une équipe de 10 personnes COMPETENCES CLES Outils maitrisés : Pack office | SAARI | GAINDE | ORBUS | Microsoft Dynamics AX 2012 (Server Supply Chain System) | LOTUS Langues : Français | Anglais | Wolof | Sérère PERSONALLITE Leadership Créatif Sens de l’écoute Sérieux LOISIRS Collectivités éducatives Scoutisme BIRAMAWA MAGAZINE - 49 Confection de produits cosmétiques pour cheveux naturels Gestion des achats locaux –approvisionnements alimentaires, fournitures de bureaux, équipements IT Mise à jour tracker procurement (suivi des bons de commande et paiements) Gestion de stocks (Produits alimentaires, produits d’entretiens et médicaux) Support aux achats internationaux (médicaments, fleet, assets) – pays de la sous-région.

Magazine N°2 du 1 Juillet 2020


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SOMMAIRE Editorial Waly NDIAYE CEO Biramawa Njooko a jal,Jërëjëf, MERCI Edition spéciale Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Appel aux dons Entretien portrait 1 «En 2010, j’ai obtenu mon baccalauréat avec la mention très bien...» Ahmadou Bamba NDIAYE Contrôleur des Impôts et des Domaines Avis d’expert Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires étrangères «Covid-19 et le monde : je note des démonstrations de forces et une vulnérabilité à grande échelle.» Le coin d’autrui Ayoba FAYE Rédacteur en chef de Pressafrik « Quand l’Omnipotent entreprend de te caser à un point J, rien ne peut résister à Sa volonté.» Entretien portrait 2 Anna Thérèse CISS Directrice Magasin Auchan Retail Sénégal «Je suis la première recrue de Auchan Retail Sénégal» 2-BIRAMAWA MAGAZINE Thierno NGAMB Agriculture Agronome Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience Ces sénégalaises qui choisissent de devenir agricultrice Droit du Travail et de la Sécurité Sociale Alioune FALL Juriste d’Affaires Inspecteur du travail et de la Sécurité Sociale La prime de transport Veille et Intelligence des Affaires Chercheur en Marketing Stratégique – UGB Moustapha FAYE Placement publicitaire dans les séries télévisées sénégalaises Découverte Alioune MBOUP CEO Africa Tourism Solutions «ATS est une société de prestations touristiques et événementielles.» DIPLOVAR Un regard aiguisé sur l’actualité internationale BIRAMAWA MAGAZINE - 3
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EDITO 4-BIRAMAWA MAGAZINE Njooko a jal,Jërëjëf, MERCI Au moment où j’écris ces lignes, Biramawa compte 1905 abonnés sur les réseaux sociaux. Le principal avantage d’une publication en ligne est de savoir exactement combien de personnes ont visité le magazine et combien de temps elles y restent pour lire nos articles. Grâce à cette technologie nous avons pu également constater que notre audience a considérablement augmenté ces deux semaines. Eu égard ce qui précède je tenais à vous dire merci chers lecteurs. Car la confiance qu’on nous accorde c’est grâce à vous. Alors continuez à nous lire, à nous faire part de vos impressions, encouragements et à partager nos publications. Cet engouement nous incite à nous améliorer. C’est pourquoi nous ne ménagerons aucun effort pour assurer la qualité du magazine et rester fidèle à nos objectifs que sont : ‒ Rester une tribune pour les professionnels passionnés ‒ Être une « lanterne » pour les jeunes en quête de vocation ‒ Vulgariser la vie sociale sénégalaise ‒ Mettre en exergue les initiatives Je remercie également tous les contributeurs qui, sans nul doute, par la qualité de leurs interventions, ont su susciter cet engouement auprès des lecteurs. Je me rappelle vous avoir contacté et sans hésiter vous avez adhéré au projet. D’aucuns se sont mêmes portés volontaires alors que j’en étais qu’au stade d’idées. Pour finir j’en profite pour vous informer, chers lecteurs, que l’équipe Biramawa s’agrandit. A partir de ce second numéro nous avons le plaisir d’accueillir la rubrique « Droit du travail et de la sécurité sociale » de Monsieur Alioune FALL. Waly NDIAYE CEO Biramawa L’ÉQUIPE BIRAMAWA Serigne Amar Mbacké SARR Chercheur en Droit privé Expert maritime en formation Ayoba FAYE Journaliste d’investigation – Rédacteur en chef Pressafrik Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB Omar Mallé SAKHO Doctorant à l’Université Cheikh Anta Diop, Laboratoire LARHISA. Thierno NGAMB Agronome, Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience Guilaye TINE Designer-Digital Marketer-Telemarketer CEO IN'FINITY Djiby SADIO Photographie CEO Studio 13 Alioune FALL Juriste d’Affaires Inspecteur du travail et de la sécurité Sociale contactez nous:contact@biramawa.com BIRAMAWA MAGAZINE - 5
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EDITION SPECIALE Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Le magazine Biramawa à travers sa rubrique " Edition spéciale "a souhaité donner la voix à la Pouponnière "Vivre Ensemble "de Mbour. Créée en 2002 la pouponnière est un "lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman ". Confrontée à des difficultés à cause de la crise sanitaire, la pouponnière fait appel à toutes les bonnes volontés. Vivre Ensemble – La Pouponnière de Mbour La Pouponnière de Mbour a vu le jour en Janvier 2002, Michèle BURON-MILLET en est la créatrice. C’est un lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman. Elle permet aux orphelins de mère ou aux enfants dont la maman ne peut pas s’occuper (pour des raisons gravissimes), de vivre protégés, leurs premières années de vie si fragile, avant de regagner leur famille au bout d’un à deux ans. Très rapidement, l’association se développe et il apparaît que tous les enfants ne peuvent rentrer chez eux (rejet de la famille ou mauvaises conditions d’accueil). En 2003, les Unités Familiales sont créées pour prendre le relais et s’occuper de ces enfants qui sortent de la Pouponnière, mais ne peuvent pas rentrer en famille. Avec le temps la Pouponnière a acquis une certaine notoriété au vu du sérieux des professionnels. Aujourd’hui la Pouponnière compte 136 salariés et 148 enfants. Vivre Ensemble c’est aussi et avant tout un séjour de rupture, crée en 2001 pour des jeunes français en dif8-BIRAMAWA MAGAZINE ficultés. Ils restent durant 9 mois et participent à des chantiers humanitaires (reconstruction, réhabilitation dans les villages ), ils sont aussi amenés à faire un stage dans la pouponnière. L’objectif étant de les remobiliser et de les valoriser à travers l’aide apporté à la population locale défavorisée. Le projet est double et complémentaire, en effet une grande partie du financement des frais de fonctionnement de la Pouponnière provient du séjour de rupture lui même. En raison de la situation sanitaire mondiale l’équipe de direction de Vivre Ensemble a dû prendre des mesures rapidement. Début mars l’association s’est vue fermer ses portes aux visiteurs, nombreux chaque jour et en provenance d’Europe. Il a fallu ensuite faire de même pour l’accueil des bénévoles, une quarantaine par mois à nous apporter leur soutien. Enfin depuis maintenant le mois de mars le confinement des enfants et du personnel c’est organisé. Notre souhait comme toujours est de préserver nos enfants, mais aussi le personnel qui s’en occupe. Nous avons réussi à composer une équipe de volontaires pour rester confinés. Aujourd’hui 250 personnes sont au centre, dont 148 enfants. L’ensemble du personnel est mutuellement très solidaire, ils sont comme une grande famille. Et ce malgré l’inquiétude pour leur famille respective à l’extérieur. Nous nous devons maintenir les salaires. Pour les salariés sur place mais aussi tout ceux, qui de chez eux, sont au chômage technique et pour qui nous souhaiterions maintenir le salaire initial. Nous devons aussi assurer l’approvisionnement de l’association en denrées alimentaires, produits d’entretien, d’hygiène, médicaments. Cette situation engendre une augmentation considérable nos dépenses quotidiennes, pour lesquelles nous avions déjà des difficultés de prise en charge tout au long de l’année. Du fait de l’absence de visiteurs et de bénévoles, nous constatons une baisse des dons au quotidien. Nous gardons aussi en tête que les jeunes accueillis en séjour de rupture peuvent à tout moment être rapatriés en France, en fonction de l’ évolution de la situation. L’avenir de la Pouponnière en deviendrait alors très incertain. Nous sommes en permanence à la recherche de soutien pour nous aider dans la prise en charge des frais de fonctionnement et le maintien des activités de l’association. Les sources de financements : (Budget total annuel 291 332 806 FCFA) ‒ Vivre Ensemble Madesahel, séjour de rupture : 44 % du budget total de la Pouponnière. ‒ L’état Sénégalais 10 000 000 CFA ‒ L’association Louly l’Ecole au Sénégal , tous les frais liés à la scolarité des enfants : 5 262 087 FCFA (année scolaire 2018-2019) ‒ La Banque Mondiale 4 520 000 CFA en 2019 ‒ 270 parrains pour environ 51 085 900 CFA par an ‒ Le reste des financements dépendent des dons de particuliers et entreprises. Nous contacter : ‒ Accueil : + 221 33 957 31 36 ‒ E-mai : contact@lapouponnieredembour.org ‒ Responsable communication : Arnoult Mathilde ‒ Tel : + 221 77 881 83 60 Nous aider : ‒ Orange Money : + 221 77 500 19 32 ‒ Faire un don en ligne :https://www.helloasso.com/ don/associations/vivre-ensemble-la-pouponniere ‒ Notre site Voici quelques chiffres : Effectif de la Pouponnière : ‒ La Pouponnière : 91 bébés de 0 à 2 ans. ‒ Les Unités Familiales : 37 enfants de 2 à 6 ans. ‒ La Grande Enfance : 20 enfants de plus de 6 ans. ‒ Enfants accueillis en ce moment : 148 ‒ Enfants accueillis et sauvés depuis janvier 2002 : 1 260 ‒ Employés à la Pouponnière : 136 pouponnieredembour ‒ Devenir parrain ‒ Faire un don par virement bancaire : IBAN : FR76 4255 9100 0008 0040 4472 464 BIC : CCOPFRPPXXX Intitulé du compte : Vivre Ensemble, la Pouponnière internet: http://www.lapouponnieredembour.org ‒ Notre page facebook: https://www.facebook.com/ BIRAMAWA MAGAZINE - 9
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ENTRETIEN POTRAIT 1 Ahmadou Bamba NDIAYE Contrôleur des Impôts et des Domaines «En 2010, j’ai obtenu mon baccalauréat avec la mention très bien...» Ahmadou Bamba NDIAYE est Contrôleur des Impôts et des Domaines. Dans cet interview il revient sur son parcours de formation marqué notamment par l’obtention en 2010 du Diplôme de Baccalauréat avec la mention Très Bien. Bamba adresse également des conseils aux jeunes qui souhaitent exercer la même profession que lui. Qui est Ahmadou Bamba NDIAYE ? Je suis un jeune sénégalais de 30 ans, marié et père de deux enfants. Je suis né à Tivaouane. Mais j’ai grandi entre Dakar, Thiès et Saint Louis. Je suis un talibé mouride, passionné par la déclamation des panégyriques de mon homonyme. Passionné aussi de films, séries, de sport, de littérature entre autres passions. « A l’âge de 06 ans, je suis allé à l’école coranique communément appelée « daaraa » pour y être initié à l’apprentissage du Saint Coran, de la sounna ou tradition prophétique ainsi que les sciences islamiques diverses. » Quel poste occupez-vous actuellement ? Actuellement, je travaille comme Contrôleur des Impôts et des Domaines au Centre des Services Fiscaux de Mbour. Je suis affecté au Bureau des Domaines dudit CSF depuis juillet 2016 où j’anime l’Unité de Gestion des Procédures domaniales numéro 01, concernant les communes de DIASS, SINDIA, POPENGUINE-NDAYANE, NGUEKOKH, MALICOUNDA, MBOUR, SANDIARA, THIADIAYE, SESSENE, NDIAGANIAO, FISSEL ET JOAL-FADIOUTH. Pouvez-vous revenir sur votre parcours de formation ? Et Ou avez-vous effectué vos études ? A l’âge de 06 ans, je suis allé à l’école coranique communément appelée « daaraa » pour y être initié à l’apprentissage du Saint Coran, de la sounna ou tradition prophétique ainsi que les sciences islamiques diverses. Après deux ans de formation, mon père m’a inscrit à l’école primaire dénommée POINT E 2. Après un séjour de quatre années dans ledit établissement, mon père a été affecté à Thiès et je suis allé le rejoindre. J’y ai fait les classes de CM1 et CM2. Après l’obtention de mon CFEE, en 2003, je suis allé au collège MBOUR 01, situé non loin de la maison familiale. Remarque, cette année 2003 a fortement marqué mon existence dans la mesure où j’y ai remporté pas mal de prix, notamment un concours national en arabe et un autre en éducation artistique organisé par le FNUAP. Jusqu’à cette année, j’alliais les études françaises et celles coraniques. Ce qui n’était pas facile du tout, combinaison qui me prenait également beaucoup d’énergie et de temps mais je savais que c’était mon intérêt personnel et ma formation spirituelle qui étaient en jeu. Ce qui m’a aidé à le supporter sans trop me plaindre. En 2007, j’ai eu mon BFEM avec comme particularité le fait que j’étais premier de mon centre d’examen. Une année auparavant, ma grande sœur avait réussi le même exploit en étant, elle aussi, première du même Centre. A l’époque, j’avais commencé à m’intéresser à l’interprétation musicale et il n’était pas rare de me voir sur le podium des journées culturelles scolaires reprendre des chansons célèbres. Le BFEM en poche, je suis allé au mythique et célèbre Lycée Malick SY de Thiès poursuivre mes études. Après trois années intenses et passionnantes passées à la vitesse de la lumière, j’ai obtenu mon baccalauréat, série L ‘1. Un exploit, j’ai envie de dire, s’est produit en 2010 lors de l’examen du Baccalauréat. Pouvez-vous nous en parler ? Mdr. En 2010, j’ai obtenu mon baccalauréat avec la MENTION TRÈS BIEN, avec une moyenne de 16, 04 devenant, encore une fois de plus, premier de mon Centre d’examens. Une chose assez rare chez un bachelier contemporain. BIRAMAWA MAGAZINE - 11
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Comment avez-vous accueilli cette belle réussite ? Vos proches devaient-être très fiers de vous ? A vrai dire, cette mention ne me surprenait guère car cela était juste venu consacrer et récompenser une dure année de travail acharné, ou j’étais à cheval entre trois classes dans lesquelles je suivais des cours en même temps, sans compter que j’étais inscrit à deux cours spéciaux de renforcement histoire de rehausser mon niveau. Mes parents, par contre, mes amis, ma famille de manière générale, ils étaient extrêmement contents, heureux et fiers de moi. Pour eux, cela relevait de l’ordre de l’exploit alors que pour moi, le résultat accompli était juste proportionnel aux efforts soutenus et résolument fournis en cours d’année. Pouvez-vous partager le secret de cette belle réussite avec nous ? D’aucuns se sont empressés de dire : « Oh c’est juste un génie, rien de plus ». Mais le génie, comme disait un de mes profs, est composé de 70% de travail sans relâche et de 30 %, à peine, de relaxation, de repos, après le sentiment d’un travail bien accompli. Pour obtenir ce que les autres n’ont pas eu, il faut faire beaucoup plus d’efforts que les autres, c’est tout. A l’époque, nous faisions des journées continues allant de 08 h a 14 h. Ensuite, je faisais des cours de renforcement entre 14h et 16 h. Une fois à la maison et après un petit repos, le groupe de travail restreint que nous avions constitué, se réunissait au CEM HLM ROUTE DE MBOUR, histoire de réviser à fond les leçons écrites le matin et faire le maximum d’exercices possible en maths, anglais, espagnol et philo surtout. Il s’agissait d’un groupe très sérieux et dynamique qui mettait en avant la réussite collective sur toute autre considération ou aspiration susceptible d’intéresser des jeunes de notre âge d’alors, 20 ans. « …le génie, comme disait un de mes profs, est composé de 70% de travail 12-BIRAMAWA MAGAZINE sans relâche et de 30 %, à peine, de relaxation, de repos, après le sentiment d’un travail bien accompli. Pour obtenir ce que les autres n’ont pas eu, il faut faire beaucoup plus d’efforts que les autres, c’est tout. » D’après vous peut-on réussir dans les études et avoir à la fois une vie sociale épanouie en tant que jeune? Tout dépend essentiellement de l’angle sous lequel on analyse la notion d’épanouissement. Nous avons eu une enfance et une adolescence très épanouies. Notre principal centre d’intérêt était la lecture de romans, de livres de tout acabit et le cinéma. Une fois à l’Université aussi, nous étions dans les mouvements culturels et cultuels mourides au sein desquels nous avons vécu des expériences inoubliables et ressenti des émotions extrêmement fortes. Vous avez fait des études en Droit à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Pourquoi avoir choisi ce parcours ? Dans notre famille, presque tout le monde a suivi des cours de droit. Mon père, mon grand frère, ma grande sœur et ma petite sœur. Pour vous dire que le droit occupe une place prépondérante, fondamentale dans nos vies. Au début, l’idée était de faire une année de droit à l ‘UGB puis, soit de partir en France y poursuivre mes études, soit de changer de discipline et d’aller titiller les Sciences Politiques. Mais après une année de droit, j’ai chopé le virus et développé un amour incommensurable pour les sciences juridiques. En plus, je me suis vite rendu compte que les études de Droit m’offraient de belles perspectives de carrière avec toutes sortes de débouchées les unes aussi intéressantes que les autres. Et donc, j’ai poursuivi l’étude des sciences du droit et sans regrets ultérieurs, aucun. Il y avait un équilibre parfait entre mes différentes activités, entre mes centres d’intérêt : études, dahiras, sport. Il y avait une fraternité sincère entre étudiants, une entraide pérenne et une culture permanente de l’excellence. C’est cela qui m’a le plus marqué et manqué, venant de l’UGB. Parlons maintenant de votre parcours professionnel. Que s’est-il passé ensuite ? En 2013, après l’obtention de ma licence en droit des entreprises privées et suite au rappel à Dieu de mon vénéré père, j’ai dû suspendre les études pour des raisons sociales. Je suis ainsi allé faire le prestigieux concours de l’ENA où j’ai, par la suite, réussi à intégrer le cycle B, de la section Impôts et Domaines de la Division Économique et Financière. Après deux ans de formation, j’ai été mis à la disposition du Centre des Moyennes Entreprises sis à Ouakam. Après un court séjour de 06 mois, j’ai ensuite été affecté au CSF de Mbour où je sers depuis juillet 2016, comme relaté ci-dessus. « Pour occuper le même poste, il faut juste avoir fait la formation à l’ENA, le reste viendra progressivement notamment avec l’expérience acquise au Bureau et sur le terrain[...]Privilégier aussi, au cours de leur cursus, les filières juridiques, politiques et économiques. Mais, au-delà, tous les profils sont éligibles et susceptibles de travailler à la DGID. » Pouvez-vous revenir sur votre vie d’étudiant à l’UGB ? Vous devez être nostalgique ? Oh que oui. J’ai passé à l’Université les plus belles années de mon existence. Quelles sont vos missions ? Mon travail tourne autour des tâches suivantes : -Accueil, information et orientation des -clients ou usagers du service public ; -Instruction des demandes de bail et de cession définitive ; -Instruction des demandes d’autorisation de céder ou d’hypothéquer des droits réels immobiliers ; -Instruction des demandes d’autorisation de construire, de lotir, de simple division et d’ouverture et d’exploitation de mines et carrières ; BIRAMAWA MAGAZINE - 13
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-Instruction et gestion du contentieux en matière domaniale ; -Liquidation et suivi des paiements d’impôts et de taxes dus pour occupation du domaine de l’État et, accessoirement, du domaine public maritime et fluvial. Quels sont les prérequis pour occuper le même poste ? Pour occuper le même poste, il faut juste avoir fait la formation à l’ENA, le reste viendra progressivement notamment avec l’expérience acquise au Bureau et sur le terrain. Une formation préalable ou postérieure en droit ou en économie peut se révéler d’une certaine utilité. Une bonne culture générale aussi diverse que variée ne serait pas de trop. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui souhaitent exercer le même métier ? Mon conseil serait de travailler, d‘encore travailler et de toujours travailler comme le préconisait le Président WADE. Comme le dit l’adage populaire, seul le travail paie mais aussi, après l’effort, le réconfort. Privilégier aussi, au cours de leur cursus, les filières juridiques, politiques et économiques. Mais, au-delà, tous les profils sont éligibles et susceptibles de travailler à la DGID. Et enfin, préparer sérieusement et rigoureusement le concours de l’ENA qui est un brin difficile. Au-delà de votre vie professionnelle quels sont vos hobbies ? En dehors de mon travail, mes activités essentielles tournent autour du sport, de la lecture, du visionnage de films et séries et enfin, de la participation aux activités cultuelles (relevant du Culte, de la foi) et culturelles de mon dahira. Je suis aussi passionné de débats politiques, économiques, culturels. 14-BIRAMAWA MAGAZINE Étant un fédérateur né, j’aime aussi réunir les gens, surtout ceux qui me sont chers, autour de sujets ou d’intérêts communs. Les pays du monde notamment le Sénégal font face à une situation très grave (COVID 19). Quels sont d’après vous les impacts de cette pandémie sur le plan fiscal ? Le monde connaît effectivement une crise sanitaire sans précédent. Dans le contexte de la mondialisation, le monde étant devenu un village planétaire, le Sénégal ne pouvait pas échapper à cette vague de contamination virale. Dès le début de la crise, les grandes nations européennes nous avaient prédit de nombreux morts. Mais les sénégalais ont fait preuve de courage, de responsabilité, d’abnégation et de professionnalisme dans la gestion de cette pandémie. Cela s’est traduit par des statistiques croissantes de cas d’infectés certes mais maitrisés par nos services de santé, avec une nette amélioration de la qualité de traitement des malades. Le Président de la République a pris une batterie de mesures parmi lesquelles la plus notable sans doute est l’annulation d’une valeur de 200 milliards représentant des dettes fiscales. Les recettes fiscales, du point de vue de leur recouvrement ont fortement chuté. Les pénalités ont assez souvent fait l’objet de renonciation au nom de la clémence administrative. Les effectifs ainsi que le temps de présence au Bureau ont été fortement réduits. Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin Je vous remercie infiniment pour m’avoir donné la possibilité de m’exprimer sans détours et de véhiculer certaines de mes idées sur cette plateforme. Je prie Dieu pour qu’il nous aide à combattre et repousser à jamais cette maladie mais aussi qu’il nous aide à gravir les échelons d’une réussite optimale, sans embuches, ambages ni anicroche. AVEC E.C.C.A, L’ASSURANCE DEVIENT ACCESSIBLE À TOUS DES SOLUTIONS OPTIMALES D’ASSURANCE POUR LES PARTICULIERS ET LES ENTREPRISES Découvrez toutes nos offres sur www.ecca-online.com ou contactez-nous par mail à l’adresse contact@ecca-online.com BIRAMAWA MAGAZINE - 15
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AVIS D’EXPERT 16-BIRAMAWA MAGAZINE COVID-19 ET LE MONDE : JE NOTE DES DÉMONSTRATIONS DE FORCE ET UNE VULNÉRABILITÉ A GRANDE ÉCHELLE Le Coronavirus secoue la planète ! 2020 ou l’année de la pandémie ! Ces « UNE » alarmantes ont fini par polluer notre quotidien. Je crois qu’il n’est pas exagéré d’accepter que la crise sanitaire actuelle est la plus importante de ces trois dernières générations. Beaucoup pourrait en effet être dit sur le CORONAVIRUS : son apparition, sa propagation ou encore ses innombrables conséquences. Mais un regard avisé arriverait à un constat simple : le VIRUS met en exergue des réalités déjà existantes. UN JEU DE PUISSANCE…COMME TOUJOURS Pour avoir une idée sur les démonstrations de force durant cette période que nous traversons, il suffit de jeter un regard sur les plans de sauvetage économique initiés un peu partout mais aussi les gros efforts fournis par les Puissances pour réaliser des infrastructures tape à l’œil. LA RIPOSTE ECONOMIQUE Début avril 2020 : la moitié de l’humanité est confinée. Cette situation engendre inévitablement une diminution des activités professionnelles, des productions, des services. Pour pallier cette situation complexe, de nombreux États et organisations internationales ont mis en place des politiques économiques de riposte. Ainsi, le 18 mars 2020, la Banque Centrale Européenne annonce un plan de sauvetage à hauteur de 870 milliards d’euros (toutes mesures confondues) tandis que la Commission européenne a présenté un plan d’emprunt commun le 27 mai 2020. Le 25 mars 2020, une enveloppe 2.000 milliards de dollars est débloquée par le trésor étasunien pour venir en aide aux particuliers, aux entreprises, et tenter de compenser une hausse temporaire de 3,3 millions de chômeurs. A Pékin, la stratégie de relance économique pour surmonter l’impact de la pandémie combine des investissements dans des technologies innovantes telles que la 5G ou la construction de routes. La construction de dizaines de nouvelles centrales au charbon est annoncée dans le cadre d’un plan de relance pour son économie de 50 billions de yuans (6,5 milliards d’euros). Coté africain, certains pays ont fait preuve de leur capacité à gérer cette crise sanitaire, même si ici, le jeu de puissance est très…très discutable. Les États africains continuent quand même de prendre un certain nombre de mesures. Par exemple, face à la propagation du coronavirus, le Gouvernement ivoirien a annoncé un plan de soutien à l’économie de 650 milliards FCFA, dont 300 milliards FCFA dédiés explicitement aux filières agricoles, selon un communiqué officiel. Au Sénégal, dès le 23 mars, les Élites ont annoncé la création d’un Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du COVID-19 (FORCE-COVID-19) doté de FCFA 1 000 milliards (€ 1,5 milliard). Une enveloppe de FCFA 50 milliards (€ 76 millions) a été consacrée à l’achat de vivres pour l’aide alimentaire d’urgence. Ces efforts africains analysés à l’échelle mondiale pourraient être minimes, mais entre pays voisins, ils valent leur pesant d’or. L’intérêt de ces plans de sauvetage est double. Premièrement, il s’agit bien sûr de sauvegarder le plus possible l’économie du pays en vue d’une reprise des activités dans un futur proche. Mais ne nous trompons pas, Il s’agit ici d’un jeu du paraître. Mettre en place des plans de sauvetage de valeurs très importantes est synonyme de puissance économique et, par conséquent, de consolidation d’une place de meneur de rang mondial en ces temps de crise. INFRASTRUCTURES HOSPITALIÈRES ET RECHERCHE DU VACCIN MIRACLE La capacité d’un pays à gérer la pandémie est un enjeu international. Chaque pays souhaite se positionner comme figure de proue de la lutte contre le virus. Cette course à la sortie de crise est particulièrement illustrée par les gestions des systèmes hospitaliers. BIRAMAWA MAGAZINE - 17
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En ce sens, la Chine a réalisé l’exploit logistique de construire un hôpital « en dur » à Wuhan, ville apparemment originelle du virus, du 24 janvier au 2 février 2020, soit en dix jours. Ce dernier fait 25 000 mètres carrés, a une capacité de 1 000 lits et a nécessité 4 000 ouvriers jour et nuit. Par ailleurs, la Chine a spécialement construit un second hôpital, mis en service le 6 février 2020 à Wuhan, d’une capacité avoisinant les 1 500 lits. Les deux hôpitaux auraient coûté l’équivalent de 39 millions d’euros au Gouvernement. Nous sommes en avril 2020.L’’USNS Mercy est amarré à Los Angeles alors que l’USNS Comfort rejoint New York. Disposant chacun de 12 blocs opératoires et de 80 lits de soins intensifs, ces anciens pétroliers, construits en 1976 et convertis en navires-hôpitaux au milieu des années 1980, peuvent accueillir un millier de patients au total. Côté européen, après le montage d’un hôpital militaire à Mulhouse –France- de nombreux ponts aériens s’effectueront pour transférer des malades entre la France et l’Allemagne. Il faut aussi noter la construction d’un hôpital en préfabriqué à Golokhvastovo, au sud-ouest de Moscou, d’une capacité prévue de 500 lits, pour un coût estimé par le Kremlin à l’équivalent de 105 millions d’euros. Cette construction intervient alors même que la Russie n’enregistrait « que » 130 décès pour 2 186 cas confirmés au 12 avril 2020. Ces infrastructures ont certes un but sanitaire mais ils se présentent aussi comme des symboles de puissance. La construction d’un hôpital d’une taille conséquente en un temps record est un luxe ostentatoire que seules certaines puissances peuvent se permettre. La recherche de vaccin est aussi à l’ordre du jour. C’est simple : la découverte de ce miracle offrirait à un pays une tribune mémorable. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio GUTERRES, a été clair : un vaccin sûr et efficace serait « le seul outil permettant un retour du monde à un sentiment de normalité ». Il « sauverait des millions de vie » et économiserait « des milliards innombrables de dollars ». 18-BIRAMAWA MAGAZINE Une petite recherche permet de constater qu’il y a plus de 100 projets en lice dans le monde, une dizaine d’essais cliniques déjà en cours et l’espoir de disposer, d’ici quelques mois, d’un vaccin efficace : jamais la recherche vaccinale n’aura été aussi massive et rapide. Dans ce contexte, le Géant Chinois s’illustre encore : dans le vaste complexe pharmaceutique Sinovac Biotech, des équipes travaillent jour et nuit. Le laboratoire pharmaceutique coté au Nasdaq a annoncé qu’il était prêt à produire 100 millions de doses de vaccin par an sous le nom commercial de « Coronavac ». Mais ce n’est pas tout : le laboratoire pharmaceutique américain Pfizer indique déjà qu’il mise sur la production de 10 à 20 millions de doses de vaccin expérimental d’ici la fin de l’année 2020. UNE VULNÉRABILITÉ A GRANDE ÉCHELLE En France, l’Institut Pasteur démarrera des essais cliniques pour son projet de vaccin le plus avancé en Juillet et espère des premiers résultats en octobre, selon sa coordinatrice. Certains pays pré achètent des stocks du vaccin avant même qu’il ne soit découvert et fabriqué. Le même scénario se retrouve dans les quelques rares pays où se trouvent des fabricants de vaccins : accaparement des stocks, commandes avant production, financement de la recherche pour bénéficier de la priorité sur les autres. Il faut montrer ses atouts et les rapports de force sont, comme toujours, perceptibles. Seulement, au-delà de toute cette bataille, une réalité est persistante. « Les grands acquis de l’homme tout comme les plus petits peuvent disparaître en un clignement d’œil ». Cette vérité est plus que jamais perceptible. Un virus est en effet venu changer radicalement la perspective. En quelques jours, on a noté des frontières fermées, tout un monde ou presque placé sous couvre-feu, des humains isolés les uns des autres et l’adoption unanime du télétravail. Aucun lobby d’aucune sorte n’a été consulté, même pas pour la forme, aucun passe-droit n’a été accordé. Les prévisions économiques prévoient que la croissance mondiale pourrait être réduite de moitié cette année, à 1,5% contre une prévision antérieure de 3 %. Selon la CEA, le COVID-19 pourrait faire chuter les recettes d’exportation de combustibles de l’Afrique à environ 101 milliards de dollars en 2020. Elle ajoute que les envois de fonds et le tourisme seront également touchés, car le virus continue de se propager dans le monde entier, ce qui entraîne une diminution des flux d’IDE, une fuite des capitaux, un resserrement du marché financier intérieur et un ralentissement des investissements - donc des pertes d’emplois. Tout ça à cause d’un petit virus. Un retournement de situation aussi spectaculaire montre parfaitement à quel point les acquis essentiels du développement humain peuvent être remis en question. Nous sommes tous semblables face à une telle catastrophe, peu importe nos différences du point de vue ethnique, religieux, financier et encore...Il n’existe ni de « grands » ni de « petits » mais simplement des Humains, parfaitement vulnérables. Selon Hervé Desbois « La vie est un bon professeur. Encore faut-il savoir l’écouter ». Des changements devront être opérés, sous plusieurs aspects de notre vécu quotidien. Mais encore faudrait-il s’en persuader car après tout, des catastrophes on en a connu dans l’histoire. Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires étrangères BIRAMAWA MAGAZINE - 19
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Coin D’AUTRUI Bonzzzouuurrr warahmatullah, chers lecteurs, lectrices du Quinzomadaire Biramawa… Nous en étions où lors de la première prise de contact ? Ah oui, j’avais atterri à Walf Grand’Place après n’avoir jamais voulu devenir un journaliste. C’est vous dire combien le destin peut être persuasif et ténu. Quand l’Omnipotent entreprend de te caser à un point J, rien ne peut résister à Sa volonté. Toutefois, Il ne t’y dépose pas souvent directement. Et c’est souvent là que se trouve la différence entre les Uns et les Autres. Du point A, à celui où vous serez assigné dans les limites du temps qui vous est imparti dans cette vie, il y a un parcours, des épreuves, des écueils, des obstacles…N’ayez pas peur d’eux. Faites-en vos meilleurs alliés. Car ils sont là pour forger celui que vous serez demain. Et d’habitude, c’est ce dernier que la postérité et l’histoire retiendront. La galère était mon plus fidèle compagnon Je n’ai pas atterri au Groupe Walfadjiri juste après ma licence en Journalisme et Communication. Comme je l’ai indiqué dans le premier numéro de votre Magazine, le journalisme ne m’intéressait pas vraiment. La preuve, pendant les vacances des Première et Deuxième années d’étude à l’ISC, au moment où mes promotionnaires cherchaient et effectuaient des stages dans les rédactions de Presse écrite, 20-BIRAMAWA MAGAZINE Radios et Télévisions de la place, moi je me précipitais dans les Niayes de Mboro pour jouer les Navétanes (championnats populaires de football entre quartiers organisés sur toute l’étendue du territoire sénégalais pendant les vacances scolaires et académiques). Je m’accrochais à un rêve qui me fuyait. Mais il est souvent très difficile de se départir d’une passion de jeunesse. Jusqu’au jour où le destin vous met en face d’un gigantesque mur noir et que vous réalisez ensuite qu’il n’y a plus qu’une seule possibilité pour continuer :Retourner en arrière et Tourner la page. Bref, après la Licence, j’ai déposé mon pauvre CV dans des agences de Communication et de Web Marketing, dans des Centres d’appel etc. Espérant naïvement, que mon téléphone allait sonner d’un jour à l’autre pour un entretien. Après trois mois, le seul appel que j’ai reçu venait d’un célèbre Centre d’appel niché à Dakar. Quand j’ai vu l’indicatif 33 8…, j’ai aussitôt sursauté du lit. De l’autre bout du fil, un gars me demande de confirmer l’identité qu’il y avait sur mon CV. Dès que ce fut fait, il me demande si j’étais prêt pour entretien téléphonique. Je lui sers avec assurance un grand OUI. La suite fut catastrophique. Je butais sur les mots, ne savais même pas quoi répondre sur certaines questions d’actualité, tergiversais avec une voix tremblotante. Ce fut tout simplement lamentable. Par politesse, le gars me fit savoir que mon profil ne correspondait pas au poste recherché et que si une autre opportunité se présentait, ils allèrent me contacter. J’ai alors fait une croix sur les Centres d’appel. Un petit frère à moi, qui travaillait dans une agence de sondage et d’études et qui nous recrutait souvent avec d’autres potes, pour effectuer des enquêtes auprès de l’opinion a alors parlé de mon profil à un des responsables de son bureau. Il y avait un poste de pigiste publicitaire qui venait de se libérer et comme il y avait sur mon CV Journalisme et COMMUNICATION, je fus convoqué pour une entrevue avec le responsable du département Pige Publicitaire. Mon excitation est retombée dès que le gars m’a signifié ce à quoi mon job consistait. Et surtout ce que je devais toucher comme salaire à la fin du mois en travaillant 6 jours sur 7, 8 heures par jour : 25 000 mille Fcfa. Je devais quitter chaque jour Pikine pour me rendre près du Canal de Soumbédioune. J’arrivais souvent en retard. Il fallait prendre les « Ndiaga Ndiaye » jusqu’au marché Petersen. Ensuite, n’ayant pas les moyens de payer un taxi, j’utilisais le premier moyen de transport connu par l’Homme (les pieds), jusqu’à Soumbédioune. Tenez-vous bien, chers lecteurs, lectrices de Biramawa, je n’ai jamais perçu ces 25 mille Fcfa parce que les retards étaient déduits de mon salaire. Ce qui fait que je me retrouvais avec 18 à 19 mille Fcfa chaque fin du mois. Pire, ce travail ne m’apportait aucune plus-value en termes de compétence. Il suffisait juste de répertorier toutes les pubs qui passaient sur une station radio dédiée et de les mettre sur une base de données électronique. Rien de spécial. Même un élève de la classe de 3e pouvait le faire. Je fus viré après six mois pour cause de retards et absences répétés. À l’époque, je ne savais que ce licenciement était une porte ouverte à ma carrière de journaliste. Galérer, je n’ai fait que ça. Entre 2007 et 2016. Par intermittence, je goûtais aux délices de la vie. C’est comme ça que j’ai appris à devenir un homme… La main tendue de Jean Meissa Diop Un mois après mon licenciement de l’agence d’étude et de sondage, j’ai décidé d’aller déposer mon CV à Walfadjiri où l’un de mes professeurs de Presse écrite dirigeait une rédaction. Je me rappelle qu’en montant sur le car « Ndiaga Ndiaye » pour y aller, les pickpockets m’ont pris le seul téléphone portable que j’avais et avec lequel je devais appeler monsieur Diop une fois devant les locaux du fameux groupe de presse. Il m’a fallu négocier plus de 30 minutes avec le vigile pour qu’il me laisse entrer. Après un entretien avec Jean Meissa, mon numéro fut donné à Moustapha Diop, qui était le Coordonnateur de la rédaction de Walf Grand’Place. Il m’a appelé cinq jours après (j’avais eu le temps de récupérer mon numéro et de trouver un portable par le biais d’un ami) pour me dire que je devais commencer un stage à Walf le lundi suivant. C’est là que tout est parti. Et c’est dans cette rédaction que je me suis découvert une qualité innée qui peut valoir plus que tous les diplômes que vous pourrez engranger durant votre cursus :La Capacité d’Adaptation. Je n’avais jamais pratiqué le journalisme auparavant. Je n’avais jamais travaillé dans une rédaction avant. C’était ma toute première fois. Et pourtant, moins de six mois après mes débuts, j’étais devenu le chouchou de Moustapha, qui avait fini par faire de moi l’Envoyé spécial de la rédaction à l’Intérieur du pays, dans un contexte de campagne électorale 2012 très tendue. Il savait que j’avais très vite compris la ligne éditoriale People du journal Walf Grand’Place. Et que je ne traitais presque jamais de la même manière un événement couvert et relayé par tous les médias. Quand je couvrais un combat de lutte, c’était dans un angle différent et bien particulier. Quand je couvrais un match de football du championnat sénégalais ou même de l’Équipe nationale, c’était toujours différent. J’avais, en plus de mes capacités rédactionnelles assez bonnes, une touche décontractée et surtout provocatrice dans mes textes. Et ça, Moustapha aimait beaucoup. « Si vous allez couvrir un événement pour écrire ce que tout le monde va publier demain dans les journaux, il vaut mieux laisser tomber et nous faire économiser du carburant », disait-il souvent en réunion de rédaction. Le stage était non-payant à Walf. Et pourtant, ce fut la plus belle expérience professionnelle de ma vie. Dans le prochain numéro, je vous dirai pourquoi et bien plus encore. D’ici-là, portez-vous bien et surtout respectez les gestes barrières et les consignes édictés par les autorités sanitaires pour lutter contre la propagation du virus qui circule toujours. Dieu veille sur tous ! Ayoba FAYE Journaliste d’investigation – Rédacteur en chef Pressafrik BIRAMAWA MAGAZINE - 21
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ENTRETIEN POTRAIT 2 Anna Thérèse CISS Directrice Magasin Auchan Retail Sénégal «Je suis la première recrue de Auchan Retail Sénégal» Du haut de ses 28 ans la jeune Anna Thérèse CISS est actuellement Directrice de magasin Auchan Retail Sénégal. Dans cette interview accordé à Biramawa Magazine elle dresse son parcours et livre les secrets de son ascension professionnelle rapide. « Être responsable de Magasin suppose de la polyvalence, de bien connaitre les services et produits, les règles de fonctionnement et savoir manager. » Qui est Anna Thérèse Ciss ? Je m’appelle Anna Therese Ciss je suis née le 24 Septembre 1991 à Tivigne Tanghor (Mont Rolland, Thies). Je suis fille unique, récemment mariée, maman d’un adorable petit garçon. Pouvez-vous revenir sur les grandes lignes de votre parcours de formation et vos expériences professionnelles ? J’ai eu mon BAC en série L1 au LTCIS MBORO, par la suite j’ai rejoint l’UCAO Saint Michel pour une Formation en Gestion des Entreprises d’une durée 2 ans en me spécialisant en Licence Comptabilité-Finance. En parallèle je suivais des cours d’Anglais à l’UCAD. J’ai eu mes 02 Licences (Anglais-Comptabilité Finance) en 2014. Et quelques jours avant j’ai été embauché en tant que Assistante comptable chez ARS (Auchan Retail Sénégal). Une fois chez Auchan, quelles sont les grandes étapes de votre évolution ? Comme consistaient à gérer notamment l’imputation des factures, le rapprochement bancaire, la gestion de la trésorerie, le paiement fournisseurs directs et les prestataires de services etc… Au bout de 2 ans, et plus précisément en Avril 2016 j’ai été promu au poste de Manager de Rayon Caisse dans l’un des premiers magasins AUCHAN. Je gérais une équipe 15 collaborateurs et mes missions étaient principalement centrées sur le contrôle des recettes journalières (encaissement-versement), la formation des nouveaux managers de caisse… Depuis quelques mois je suis Directrice de Magasin. Pourquoi avoir choisi de rester chez Auchan ? Auchan m’a ouvert ses portes et participe à mon épanouissement professionnel. Au bout de quelques années je peux dire j’ai beaucoup gagné en expérience en plus de me retrouver dans les valeurs de l’entreprise qui sont l’excellence, l’ouverture et la confiance. Mon souhait le plus cher est de continuer à grandir au sein de la société et de gagner en responsabilités. susmentionné, j’ai commencé en tant qu’Assistante Comptable. Mes missions Vous êtes actuellement Directrice de Magasin Auchan Sénégal ? Bravo ! Vous devez être fière de vous ? Très fière de moi parce que je suis la première recrue de ARS (Rire). Je suis également très fière d’appartenir à cette société qui m’a fait confiance et fait de moi ce que je suis devenu aujourd’hui. Comment expliquez-vous cette ascension ? Je touche du bois ! J’avoue que ça a l’air très rapide. Mais c’est le fruit de beaucoup travail, de sacrifice aussi. J’en suis là parce que j’ai travaillé jour et nuit. Et cela me conforte dans l’idée que ARS récompense le travail. « La Grande distribution est un secteur très complexe. Peu importe le cursus, avec la volonté et l’accompagnement on peut exercer les différents métiers ». Pouvez-vous nous décrire vos missions en tant que Responsable de Magasin ? Être responsable de Magasin suppose de la polyvalence, de bien connaitre les services et produits, les règles de fonctionnement et savoir manager. Mes principales missions consistent à contribuer à la fidélisation de la clientèle et le développement du magasin, le management des équipes, la gestion de l’activité de la surface de vente, de la relation client et des flux de marchandises… Nous imaginons que vous faites face à des difficultés ? Si oui lesquelles ? Des difficultés, je dirais non. Mais il y a des défis à relever au quotidien et qui s’inscrivent en ligne droite avec les valeurs de AUCHAN. Il faut savoir gérer la clientèle et ses collègues. Comme diraient d’aucuns « le client est roi ». Je me dois donc de veiller dans la mesure du possible à ce qu’aucun client ne quitte pas notre magasin irrité. Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce poste ? C’est un poste qui me permet de rendre service à l’humain. La satisfaction des clients m’importe plus dans ce métier. C’est pourquoi je me donne les moyens pour que les clients qui entrent dans mon magasin en ressortent sourire aux lèvres. BIRAMAWA MAGAZINE - 23
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Comment décririez-vous un bon manager ? Quelles sont les qualités indispensables ? Des qualités, je peux en citer plusieurs. Mais avant tout je pense qu’il faut beaucoup de courage. Comme vous le savez dire oui ou non quand il le faut n’est pas toujours aisé. Je pense aussi qu’un bon manager doit être juste, enthousiaste et généreux. Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui souhaite exercer le même métier que vous ? Quel cursus suivre ? Quels sont les prérequis ? Comme je l’ai dit plus haut, il faut beaucoup de courage pour travailler dans la GD (Grande distribution), être performant et persévérant dans sa façon de faire. La Grande distribution est un secteur très complexe. Peu importe le cursus, avec la volonté et l’accompagnement on peut exercer les différents métiers. Pour changer de registre Comment décririez-vous votre vie en dehors du travail ? En dehors du travail je n’ai pas une vie trop mouvementée. Comme toute bonne maman je m’occupe de mon fils, je lui consacre beaucoup de mon temps libre (Rire). Quels sont vos hobbies ? Je suis presque insulaire, j’ai grandi 24-BIRAMAWA MAGAZINE sur une île (Île de Gorée). J’adore aller à la plage, au restaurant et faire du shopping. Et j’avoue que cela me fait du bien (Rire). Nous avons pu comprendre qu’être responsable de magasin équivaut à beaucoup de responsabilités. Votre travail n’impacte-il pas sur votre vie privée ? Non du tout, tout est question d’organisation et de planification, mon travail n’impacte pas du tout sur ma vie privée. ponsabilité professionnelle et à une vie familiale épanouie ? Je dirais que c’est bien possible, d’avoir un poste de responsabilité et une vie de famille épanouie. La femme a la capacité de faire beaucoup de choses à la fois. Il suffit que nous ayons confiance en nous et des objectifs bien définis pour atteindre le sommet. Biramawa vous remercie pour cette interview. Votre mot de la fin ? Un grand merci à vous Biramawa, merci pour l’intérêt tout particulier porté à ma modeste personne et très bonne continuation à vous !! « La femme a la capacité de faire beaucoup de chose à la fois. Il suffit que nous ayons confiance en nous et des objectifs bien définis pour atteindre le sommet. » Après quelques années d’expérience, quelle serait votre message à l’endroit des femmes sénégalaises qui aspirent, à la fois, à plus de res
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AGRICULTURE Ces sénégalaises qui choisissent de devenir agricultrice A u Sénégal, les femmes participent largement à la production agricole et à la transformation des produits, et leur rôle est essentiel dans l’atteinte à la sécurité Les sénégalaises attaquent…. alimentaire. Pourtant elles jouissent rarement des mêmes droits que les hommes. Selon un calcul de l’organisation des Nations unies, en ce qui concerne le continent africain, si les femmes avaient le même accès que les hommes aux ressources productives, elles pourraient augmenter de 20 à 30% les rendements des exploitations agricoles. 26-BIRAMAWA MAGAZINE Traditionnellement très présentes dans la main d’œuvre, la vente et la valorisation des sous-produits, les femmes sénégalaises sont actuellement en première ligne dans le développement de la chaîne de valeur agricole. Certaines, éduquées, sont d’ailleurs en train de quitter les villes ou les bureaux pour se lancer dans le secteur, sentant à la fois un potentiel de développement et des besoins de participer à l’autosuffisance alimentaire de leur pays. Aujourd’hui, elles empruntent dans les banques pour créer leur propre exploitation, cultivent des centaines d’hectares, et se lancent à la fois dans l’agroalimentaire. Aminata Dominique DIOUF, 30 ans, directrice générale du Domaine agricole de Nema, s’est installée comme agricultrice. Quatre ans et demi après, la jeune femme ne regrette absolument pas son choix, malgré les nombreuses contraintes du métier. Son cas n’est pas isolé. De plus en plus de femmes choisissent cette voie. Pour mettre en avant leur travail au quotidien, le magazine BIRAMAWA souhaite dévoiler ses vaillantes femmes. Une des agricultrices, Aminata Dominique DIOUF, s’est prêtée au jeu de l’interview. Portraits de vaillantes… Présentation du domaine agricole de NEMA Située dans le village de Nemanding, région de Fatick, Le domaine agricole d’Aminata Dominique DIOUF est l’un des plus grands du Sénégal. Il se positionne aujourd’hui comme l’un des leaders sénégalais sur le marché. Un domaine de 300 ha hautement mécanisé, avec plus de 150 employés, aux allures des fermes américaines, veut relever le défi de la modernité agricole. Quel est ton parcours dans le milieu agricole ? Comment en es-tu arrivée au métier d’agricultrice ? A 9 ans je suis tombée amoureuse du métier agricole même si je ne savais pas vraiment ce qu’était l’agriculture. J’ai baigné dans le milieu depuis toute petite. Après le bac au Sénégal, J’ai décidé naturellement de suivre au Canada un cursus en agriculture. J’ai obtenu mon diplôme en Gestion et Exploitation d’entreprise agricole à l’Institut de technologie agroalimentaire (ITA). visité des champs à perte de vue et ce qui m’avait le plus marqué, c’est la manière dont les jeunes américains se sacrifient pour le développement de leur agriculture. Ce jour-là, j’ai décidé de devenir agricultrice. J’ai dit à mon père que je voulais revenir au Sénégal après avoir fini mes études. le maraîchage et l’apiculture, nous allons bientôt se lancer dans la transformation de la mangue et de l’anacarde. Nous avons déjà installé nos usines de transformation pas longtemps, mais à cause du COVID 19, on était obligé de suspendre toutes activités. Malgré les contraintes du métier, êtes-vous toujours heureuse de votre choix ? Si je me rencontre qu’en 2050 on est supposé être 9 milliards d’habitants et 3 milliards en Afrique et 3 milliards en chine, seul l’Afrique a des terres vierges et représente 60% des terres cultivables. L’enjeu majeur sera aussi de nourrir deux fois plus d’Africains, alors que l’agriculture sur le continent est cinq à six fois moins productive que la moyenne mondiale. J’avoue que je ne regrette pas mon choix. Qu’est-ce qui vous a incité à investir au Sénégal ? Ce qui m’a fait revenir au Sénégal, je suis tombé sur un reportage du président Thomas SANKARE qui m’a vraiment interpellé. Dans le reportage il disait « Consommons ce que nous mangeons au lieu d’importer, c’est normal que la personne qui vous donne à manger, vous dicte ses lois ». Plus tard aussi, j’ai eu la chance d’aller aux États-Unis. Là-bas j’ai Ce qui me donne le plus de satisfaction est que les projections montrent toujours que tous les africains doivent se tourner vers leur continent pour nourrir le monde. Quelles sont les perspectives pour le domaine agricole de NEMA ? Nous sommes dans l’arboriculture, BIRAMAWA MAGAZINE - 27 Quel(s) conseil(s), donneriez-vous aux jeunes filles qui veulent investir dans l’agriculture ? Au Sénégal, les femmes restent plus impliquées dans le petit élevage et les jardins de case plutôt que dans les grandes exploitations agricoles. Elles ont beaucoup de difficulté à progresser parce qu’elles n’ont pas la terre. Et l’accès à la terre est indispensable pour produire de la nourriture et créer des revenus. Je conseille aux jeunes filles de ne pas se préoccuper des préjugés, de croire en soi, d’avoir un bon conjoint qui te soutienne et qui comprend ton métier, ce qui est très important et se rappeler qu’à chaque problème, il y a une solution pour ne jamais baisser les bras ! Thierno NGAMB Agronome, Spécialiste en sécurité alimentaire et résilience
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Droit du Travail et de la Sécurité Sociale La prime de transport 28-BIRAMAWA MAGAZINE L ’indemnité de transport communément appelée prime de transport est, comme mentionnée par l’article 46 de la convention collective nationale interprofessionnelle, une participation de l’employeur aux frais de transport. Le montant est fixé par une décision de la commission mixte paritaire. Depuis le 1er mai 2016, l’indemnité de transport est passée de 16.500 FCFA à 20.800 par mois si le travailleur fait un trajet de 3 km (à vue d’oiseau) pour arriver à son poste de travail. Pour sa détermination, il est pris en compte le coût du transport sur 26 jours, soit 800 FCFA par jours. On comprend tout de suite que les dimanches ou jours de repos hebdomadaires ne sont pas inclus. Cela s’explique par le fait que cette indemnité est considérée comme un remboursement de frais. A ce titre, elle n’est pas imposable et ne supporte pas de charges sociales sauf si le montant effectivement payé dépasse les 20.800. Dans ce cas, le surplus est réintégré dans la base de calcul. Il faut rappeler que cette indemnité rembourse les frais de transport engagés. S’ils ne le sont pas, l’employeur n’est pas tenu de la payer. Par exemple, le travailleur qui s’absente peut se voir amputé de cette prime au prorata des jours absentés. Celui qui part en congé n’en bénéficie pas puisqu’il n’a engagé aucun frais pour son transport. Toujours sur la prime de transport.... Elle n’est pas due dans le cas où c’est l’employeur qui fournit un moyen de transport aux travailleurs à titre gratuit. C’est le cas des entreprises qui disposent de bus de ramassage permettant aux agents de rallier le lieu de travail. La prime ne peut être réclamée par un travailleur qui bénéficie déjà d’un titre de transport à la charge de l’employeur. À y voir de plus près cette situation où l’employeur transporte lui-même les travailleurs est théoriquement plus bénéfique pour ces derniers puisque la prime de transport a vocation à constituer une participation à hauteur de 80% de l’employeur. L’évaluation du coût du voyage étant de 500 fcfa par voyage. 2 voyages par jours sur 26 jours==> 52 voyages 500 fcfa x 52 voyages ==> 26000 fcfa 26000 fcfa x 80% ==>20800 fcfa ==> participation de l’employeur aux frais de transport. Soit pour l’employeur 400 fcfa par voyage ou 800 fcfa par jour. Il peut arriver que les travailleurs par le biais de leurs représentants réclament la généralisation du paiement de la prime de transport sans tenir compte de la distance entre la résidence du travailleur et son poste de travail. Il est possible que l’employeur accède à cette demande. Ce dernier ne commet alors rien d’illégal puisque la mesure est favorable. Alioune FALL Juriste d’Affaires Inspecteur du Travail et de la Sécurité Sociale BIRAMAWA MAGAZINE - 29
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Veille et Intelligence des Affaires Placement publicitaire dans les séries télévisées sénégalaises Le placement publicitaire est une forme de communication commerciale qui consiste à inclure dans une ou plusieurs scènes d’un film long-métrage, d’une série télévisée ou d’une web-série, un produit, un service, une marque, ou à y faire référence, moyennant un paiement ou autre contrepartie. Dans le même sillage, le produit ou service peut faire l’objet d’une négociation entre l’entreprise et le réalisateur en compensation d’une présence visuelle ou sonore. Ainsi, on peut constater la présence, dans un film, d’un logo, d’un produit matériel ou l’usage des locaux d’une entreprise pour servir de décor lors du tournage. Ce sertissage de la publicité dans la diégèse des téléfilms donne au cinéma des orientations mercantiles. Par ricochet, le placement de produit 30-BIRAMAWA MAGAZINE constitue, contrairement à la publicité classique, une voie de contournement du zapping des téléspectateurs afin d’atteindre une audience plus élargie et ciblée et dans un contexte singulier. La publicité classique se fait sous forme de spot placé au début, lors d’un arrêt ou en fin de scène. Durant ce passage, le téléspectateur dispose d’une latitude de zapper au cas où il est désintéressé par le produit. Aujourd’hui le placement publicitaire a connu une ampleur dans les séries télévisées sénégalaises. Toutefois, il convient de retenir, qu’un producteur ne peut pas s’associer avec toutes les entreprises dont il a besoin pour son film ; de même, l’entreprise n’aura pas une politique de placement cohérente si elle compte donner un avis favorable à toutes les demandes des producteurs. Il importe alors de décrypter cette alliance afin de ressortir les stratégies les plus adaptées au contexte sénégalais en tenant compte de la période de réalisation et les singularités des besoins de l’univers de la communication commerciale. Le couple séries télévisées et placement publicitaire : une union hétéroclite inéluctable Le but des œuvres cinématographiques est de créer un lien de « bon objet » entre le spectateur et le film. Ce dernier a donc pour objectif de faire vivre à son spectateur une expérience particulière l’amenant à oublier ses soucis quotidiens, une renonciation à sa personnalité diurne, un besoin de s’identifier à un personnage par son style, son héroïsme. L’industrie du cinéma a alors attiré l’attention des industriels qui en feront un canal pour communiquer sur leurs produits/services. Aux Etats Unis, Ford peut être considéré comme le premier industriel qui a mis en chantier le placement publicitaire en mettant à disposition ses véhicules aux producteurs de films Hollywood apportant ainsi une touche économique à cet art. Au demeurant, il mérite de revisiter l’intérêt du placement de produits ou services dans les séries télévisées. Si la contribution de l’annonceur semble modique, elle génère un retour sur investissement au poids de l’or par le truchement d’un effet boule de neige. Car, le placement publicitaire a une forte incidence sur la notoriété de l’entreprise et de ses produits. En sus, il accroit l’image de marque et facilite la conquête de nouveaux clients avec des téléspectateurs pouvant remplir un rôle de clients ambassadeurs. Cela permettra alors d’élargir la cible, de multiplier l’audience et d’augmenter les ventes de l’annonceur. Placés dans les œuvres cinématographiques, les produits et les marques contribuent à la construction d’un univers diégétique et de personnages filmiques. Au plan international, des entreprises de grande taille ont longtemps usé de ce moyen de communication pour aiguillonner les besoins et désirs des téléspectateurs. On peut noter la présence du Distributeur Pepsi dans Virutal Hills, l’Ipad d’Apple dans la série TV Modern Family entre autres. La série Adja, une illustration du placement publicitaire Adja, une série télévisée sénégalaise conçue et produite par MARODI pour son client PATISEN a été lancée durant le ramadan 2018. La particularité de cette série est que les personnages portent des noms faisant référence à des produits et marques de PATISEN. En effet, le nom du père de famille Pathé Séne renvoie au groupe PATISEN ; Adja, la mère de famille, est la référence de la marque phare du groupe ; Mamy et Amy, les deux filles, renvoient à des bouillons produits par le groupe. Hormis les noms des personnages, on retrouve des publicités portant sur des produits du groupe comme le bouillon Joker. Il s’en suit des séances gastronomiques avec exclusivement les produits du groupe tels que l’huile et le beurre adja et le Chocopain. Au-delà du choix de cette famille reflétant le visage parfait de la femme sénégalaise, la singularité des produits du groupe PATISEN reste le jargon local utilisé pour qualifier ses produits. La première saison a connu un succès éclatant auprès des téléspectateurs et internautes sénégalais avec une audience estimée à 129090723 vues, 1432690 like pour la partie visualisée sur internet. D’autres entreprises saisissent cette occasion pour publier leurs produits à l’instar du supermarché SUPECO, l’entreprise 6point9, Samsung etc. Cette alliance stratégique, quoique profitable, présente souvent des limites qui peuvent engendrer la rupture du contrat entre la maison de production et l’annonceur ou la télévision. Dans cette perspective, on a assisté cette année à un schisme de l’union entre PATISEN et la TFM. L’encadrement juridique du BIRAMAWA MAGAZINE - 31 placement publicitaire Le placement publicitaire reste une substantifique moelle qui mérite d’être encadrée pour faciliter la communication commerciale des entreprises et accroître le profit de maisons de production et le chiffre d’affaires des télévisions. Comme axes stratégiques, l’encadrement doit être orienté vers l’interdiction de produits pouvant porter atteinte à la santé morale ou physique des consommateurs, de l’incitation à la vente de produits illicites ou dont la vente est prohibée sur le territoire mais aussi d’éviter la surcharge des publicités tant décriée par les téléspectateurs. Placement publicitaire et sensibilisation Les autorités publiques gagneraient à utiliser le placement pour sensibiliser les populations sur les questions d’utilité publique. Par exemple le ministère de la santé pourrait user du placement pour communiquer notamment sur les bonnes règles d’hygiène, les mesures de prévention contre certaines maladies contagieuses. Il en est de même pour les ministères du tourisme et de l’environnement qui, grâce au placement, pourraient mettre l’accent sur l’importance de la préservation de la nature, la promotion des sites touristiques etc. Au regard de ce qui précède on peut retenir que le placement publicitaire présente des avantages pour les producteurs, les annonceurs, les consommateurs… Pour encourager cette pratique il appartient aux producteurs de motiver davantage les acteurs pour les doubles rôles joués : être un personnage et faire de la publicité. Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique UGB
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D E C O U V E R T E Alioune MBOUP CEO Africa Tourism Solutions «ATS est une société de prestations touristiques et événementielles» Alioune MBOUP fait partie de ces sénégalais qui ont quitté l’hexagone pour investir et travailler au Sénégal. Depuis 2018 il a créé ATS, « société de prestations touristiques et événementielles ». Biramawa magazine lui consacre pour ce numéro la rubrique « Découverte ». Il encourage les sénégalais de la Diaspora à rentrer, à investir au Sénégal. « Nous proposons des solutions inclusives et novatrices en vue d’offrir à nos clients une véritable expérience du tourisme sur le continent Africain. » Présentez-vous svp ? Je m’appelle Alioune Mboup. J’ai vécu au Sénégal depuis ma naissance avant d’aller aux États Unis où j’ai passé 8 années pour poursuivre mes études. Passionné par le continent Africain, je suis revenu m’installer définitivement au Sénégal en 2018 pour travailler dans le milieu du tourisme et de l’événementiel. Pouvez-vous revenir sur votre parcours de formation et professionnel ? Après le BFEM, J’ai été recruté par SEED Academy (Sports for Education and Economic Development) qui m’a formé dans le basket et m’a aidé à avoir une bourse entière après l’obtention de mon bac en 2011. C’est ainsi que je suis parti aux États-Unis où j’ai pu concilier le basket et les études. Par la suite, j’ai acquis une Licence en Finance et comptabilité au Kansas à Cloud County Community College, puis une Maîtrise en Finance et comptabilité à Henderson State University en Arkaksas. Et après j’ai fait mon Master en Administration des Affaires (MBA), Gestion du Commerce International et Management du Sport à Lynn University en Floride. Pour le domaine professionnel, j’ai été représentant du service clientèle pour AT&T , ce qui m’a beaucoup aidé à comprendre les besoins des clients et comment les satisfaire. Quand je faisais mon Master en Floride, j’avais déjà arrêté de jouer au Basket donc j’étais à la recherche d’un travail, ce qui m’a amené à travailler au Club Monaco, une branche de Ralph Lauren et en tant qu’associé aux ventes et au bout de 6 mois, j’ai été promu au poste de Manager sur la base d’une excellente performance au travail. Après avoir soutenu mon Master, je recevais une offre de Broken Sound Country Club pour être le gestionnaire des comptes recevables, j’ai accepté tout en gardant mon poste de manager à temps partiel. Après 8 mois de travail, j’étais promu au poste de coordonnateur des comptes clients basé sur un excellent rendement au travail. Pendant 1 an et demi, j’avais deux jobs en même temps ce qui m’occupait et me prenait beaucoup de temps. Début 2018, j’ai démissionné de ces fonctions pour revenir au Sénégal et créer Africa Tourism Solutions. Vous êtes actuellement CEO de ATS. Que pouvez-vous nous dire sur ATS ? Africa Tourism Solutions (ATS) est une société de prestations touristiques et événementielles. Nous proposons des solutions inclusives et novatrices en vue d’offrir à nos clients une véritable expérience du tourisme sur le continent Africain. C’est une entreprise que Mouhamed Al Bachir Lo et moi avons fondé. Nous avons quitté respectivement l’Angleterre et les États-Unis pour revenir au pays. Pour nous, ATS ce n’est pas seulement une agence, c’est l’image d’une Afrique revalorisée sur le plan historique, touristique et culturel. Nous voulons révéler la grandeur et l’authenticité du continent Noir qui est souvent victime de préjugés. Il y a une perception mondiale qui dépeint l‘Afrique comme un continent dangereux et misérable, alors que l’Afrique a une valeur incommensurable et sur tous les plans. Nous nous sommes engagés à briser ce stéréotype en proposant des expériences riches, uniques et authentiques au Sénégal et éventuellement à travers l’Afrique. ATS a l’ambition d’inspirer la jeunesse Africaine et l’incite à découvrir toute la beauté du continent dans lequel elle vit. C’est par l’éducation de cette jeunesse, que, nous pouvons garantir un avenir meilleur et la préservation de la culture et du patrimoine Africains. Quels sont les projets présents et futurs de ATS ? Notre projet a toujours été de développer le tourisme local et l’évènementiel au Sénégal. Nous faisons en sorte que nos clients aient une expérience unique car il y a beaucoup de choses à découvrir au Sénégal. Nos projets futurs ont été mis en suspens avec la pandémie de COVID19. Au début de l’année, nous avions commencé des projets d’expansion en collaboration avec d’autres pays Africains pour développer le tourisme inter-régional et par la création d’évènements qui pourraient attirer des touristes, des investisseurs, des artistes... A qui s’adresse ATS ? (Votre cible) Notre cible est plurielle. Au niveau local, nous nous intéressons au Sénégalais de la classe moyenne qui veulent découvrir leur pays. Nous ciblons également les entreprises en leur proposant des packages pour leurs employés mais aussi par l’organisation d’évènements (MICE) comme des séminaires, team building, transferts hôtels/aéroports. Nous proposons nos services aux écoles pour les voyages pédagogiques de leurs élèves et étudiants à travers le Sénégal. BIRAMAWA MAGAZINE - 33
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Au niveau international, nous recevons des aventuriers qui veulent découvrir l’Afrique dans toute sa vivacité, la diaspora Africaine et des personnes qui s’intéressent au tourisme responsable. En outre, les touristes constituent un point important de nos services. Nous travaillons à distance avec des organismes qui séjournent et organisent des évènements au Sénégal. A cause du Covid le secteur hôtelier et touristique est fortement impacté, Comment ATS compte faire face ? En effet, face au Covid-19, le secteur est fortement secoué. Nous avons travaillé sur de nouvelles offres pour booster le tourisme local. C’est un moment qui nous a permis de revoir notre modèle et d’écrire les projets d’événements que nous comptons organiser après la pandémie. Les membres du personnel suivent aussi des formations afin d’être plus productifs. 34-BIRAMAWA MAGAZINE « J’ai toujours cru qu’il y’a assez d’opportunités au Sénégal, j’aime mon pays et le fait d’être auprès de ma famille me manquait aussi. » Plus haut vous disiez avoir fait vos études et avoir travaillé aux USA. Qu’est ce qui a motivé votre choix de rentrer au Sénégal ? La liberté d’expression qu’offre l’entrepreneuriat m’a poussé à rentrer. J’ai toujours cru qu’il y’a assez d’opportunités au Sénégal, j’aime mon pays et le fait d’être auprès de ma famille me manquait aussi. Que diriez-vous aux jeunes sénégalais de la diaspora qui envisagent de faire comme vous ? Je leur conseille de voyager si possible et éventuellement revenir après avoir acquis de l’expérience. Si nous jeunes Africains nous ne rentrons pas pour contribuer au développement de notre continent, qui le fera à notre place ? Comment contacter ATS ? Vous pouvez visiter notre site web via l’adresse suivante www.africatourismsolutions.com et nous contacter par WhatsApp au +221 77 480 78 78 ou par email à infos@africatourismsolutions.com ou africatourismsolutions@gmail.com Nous sommes également sur les réseaux sociaux sous le nom Africa Tourism Solutions. Votre mot de la fin Je félicite vivement Waly et son équipe pour cette belle initiative qu’est BIRAMAWA et je vous encourage.
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D iploVar ou un regard aiguisé sur l’actualité internationale Politique, Sciences Politiques, Relations Internationales, Humanitaire, votre nouvelle rubrique incontournable vous offre plus que des informations, une analyse pertinente des interactions géopolitiques qui vous entourent. Quoi de mieux qu’un résumé des points essentiels de l’actualité internationale des 15 derniers jours, des faits historiques, des portraits de personnalités ayant marqué l’histoire des relations internationales pour mettre à jour vos connaissances et rendre vos débats chocs d’idées. Les points saillants, les immanquables de l’actualité internationale vous seront présentés de façon succincte de telle sorte que rien ne vous échappera. Pour cette première, une consultation du tableau de la VAR Diplomatique nous annonce les informations suivantes : 36-BIRAMAWA MAGAZINE COVID19 : La pandémie a fait au moins 500.000 morts dans le monde depuis l’apparition de l’épidémie en décembre. Les Etats-Unis sont le pays le plus touché, avec 124.732 décès, suivent le Brésil avec 54.971 morts, le Royaume-Uni avec 43.414, l’Italie avec 34.708 et la France 29. Contrairement aux cr aint es de l’OMS, le continent africain est moins impacté que le reste du monde. Le nombre de décès liés à la Covid19 reste peu élevé, 3246 décès pour tout le continent. Plus de 30 milliards de dollars vont être nécessaires pour mettre au point les vaccins et traitements contre la covid19, a indiqué l’Organisation Mondiale de la Santé, à la veille d’une d’une conférence des donateurs. conférence des donateurs. RUSSIE : le déconfinement diplomatique de Poutine qui relance son agenda politique avec le référendum constitutionnel qui lui permettra de rester au pouvoir jusqu’en 2036. Le référendum est prévu au premier juillet sans possibilité de campagne « pour ou contre » en raison du coronavirus. GEORGES FLOYD : Les statues symboles de l’esclavage ou du colonialisme font actuellement l’objet de contestation partout dans le monde. Après celle d’Edouard COLSTON (ancien transporteur d’esclave) déboulonnée en Grande Bretagne d’autres devraient suivre. ONU : le 26 juin, le 75E anniversaire de l’ONU a été célébré dans la sobriété. Dans tous les messages on entend une réelle préoccup a t ion des diplomates quant aux ass auts r é pé - tés dont l’ONU et le multilatéralisme f ont l’objet. L’évènement de cette jo ur né e ronde sée fut une table organipar l’Alliance pour le multilatéralisme co-créé il y a un an par la France et l’Allemagne. Les étaient : l’accès universel à la santé et la lutte contre les ‘’infodémies’’, c’est-à-dire toutes ces fausses informations à propos de l’épidémie, véhiculées sur les réseaux sociaux en majorité. thèmes abordés La peur du virus freine l’accès aux services et à l’aide. Sources : Onu.org, le Point, les Podcasts Affaires étrangères et International de France Culture, Challenges.fr ©Biramawa Magazine BIRAMAWA MAGAZINE - 37 Le SG a appelé à réinventer le monde avec davantage de multilatéralisme. La CPI : est dans le collimateur des USA, TRUMP a signé un décret présidentiel permettant de sanctionner des magistrats de la CPI. Il leur reproche d’avoir lancer une enquête sur de possible crime de guerre et crime contre l’humanité commis par les US dans la guerre d’Afghanistan. CHINE VS INDE : on note une tension frontalière entre l’Inde et la Chine, avec des affrontements entre les soldats des deux pays coutant la vie à 20 soldats indiens et un nombre inconnu du côté chinois. Les deux pays se sont livrés une guerre frontalière en 1962. Les responsables militaires et les diplomates des deux pays continuent toutefois de discuter pour tenter de désamorcer les tensions. Par ailleurs, le contexte géopolitique empêche une véritable normalisation avec la stratégie d’isolement de la chine par Trump qui courtise l’Inde. GABON : L’Assemblée nationale vient de proposer la dépénalisation de l’homosexualité ce qui a suscité des contestations car L’homosexualité est considérée comme un tabou et contraire aux us et coutumes gabonais. MALAWI : l’opposant Lazarus CHAKWERA élu finalement Président avec 58.57 des voix après une longue bataille électorale. Le Président sortant dénonce des irrégularités et sollicite une nouvelle élection. LE 19 JUIN : a été célébrée la Journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit. Il faut noter aussi que la pandémie de la covid19 a des conséquences désastreuses pour les victimes et les personnes rescapées de violence sexuelles liées aux conflits.

Magazine N°3 du 15 Juillet 2020


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EDITO Serigne Amar Mbacké SARR Chercheur en Droit privé Expert maritime en formation Ayoba FAYE Journaliste d’investigation – Rédacteur en chef Pressafrik Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB Omar Mallé SAKHO Doctorant à l’Université Cheikh Anta Diop, Laboratoire LARHISA. Thierno NGAMB Agronome, Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience Guilaye TINE Designer-Digital Marketer-Telemarketer CEO IN'FINITY Djiby SADIO Photographie CEO Studio 13 Alioune FALL Juriste d’Affaires Inspecteur du travail et de la sécurité Sociale Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires Étrangères 4-BIRAMAWA MAGAZINE L’ÉQUIPE BIRAMAWA contactez nous:contact@biramawa.com Débarassonsnous de nos Waly NDIAYE œillères ! CEO Biramawa Elzo Jamdong : Auteur – Compositeur - Interprète « Parce que je savais que je préfère vivre de ma créativité artistique et de tout ce qui gravite autour que suivre un parcours professionnel « classique » . » Fatoumata WATT : Avocate au Barreau du Sénégal « Je suis Avocate, oui mais la précision de taille est que je n’ai pas choisi ce métier. Ce métier m’a choisi ! » Chers lecteurs, chères lectrices Pour ce numéro j’ai souhaité mettre l’accent sur nos choix de parcours professionnel. D’aucuns, comme Elzo Jamdong, définissent très tôt leur choix de parcours puis en travaillant farouchement finissent par atteindre leurs objectifs. Hélas! Ce n’est pas le cas pour tout le monde. Fatoumata WATT par exemple, Avocate au barreau du Sénégal se voyait « plutôt en fonctionnaire, diplomate ». Même dans ses « rêves les plus fous », elle n’a songé à « porter la robe noire ». J’en déduis qu’il est toujours important de définir très tôt son avenir professionnel. Fixons-nous des objectifs, Définissons notre plan de carrière, Donnons-nous les moyens d’atteindre les objectifs fixés ! Mais n’oublions pas que la vie, le marché du travail ont leurs réalités. Des réalités qui parfois transcendent nos objectifs, nos passions, les efforts consentis. Ne portons donc pas des œillères, laissons la porte entrouverte. Se fixer des objectifs professionnels mais ne pas hésiter à saisir les opportunités qui se présentent ! Waly NDIAYE BIRAMAWA MAGAZINE - 5
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EDITION SPECIALE Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Le magazine Biramawa à travers sa rubrique " Edition spéciale "a souhaité donner la voix à la Pouponnière "Vivre Ensemble "de Mbour. Créée en 2002 la pouponnière est un "lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman ". Confrontée à des difficultés à cause de la crise sanitaire, la pouponnière fait appel à toutes les bonnes volontés. Vivre Ensemble – La Pouponnière de Mbour La Pouponnière de Mbour a vu le jour en Janvier 2002, Michèle BURON-MILLET en est la créatrice. C’est un lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman. Elle permet aux orphelins de mère ou aux enfants dont la maman ne peut pas s’occuper (pour des raisons gravissimes), de vivre protégés, leurs premières années de vie si fragile, avant de regagner leur famille au bout d’un à deux ans. Très rapidement, l’association se développe et il apparaît que tous les enfants ne peuvent rentrer chez eux (rejet de la famille ou mauvaises conditions d’accueil). En 2003, les Unités Familiales sont créées pour prendre le relais et s’occuper de ces enfants qui sortent de la Pouponnière, mais ne peuvent pas rentrer en famille. Avec le temps la Pouponnière a acquis une certaine notoriété au vu du sérieux des professionnels. Aujourd’hui la Pouponnière compte 136 salariés et 148 enfants. Vivre Ensemble c’est aussi et avant tout un séjour de rupture, crée en 2001 pour des jeunes français en dif8-BIRAMAWA MAGAZINE ficultés. Ils restent durant 9 mois et participent à des chantiers humanitaires (reconstruction, réhabilitation dans les villages ), ils sont aussi amenés à faire un stage dans la pouponnière. L’objectif étant de les remobiliser et de les valoriser à travers l’aide apporté à la population locale défavorisée. Le projet est double et complémentaire, en effet une grande partie du financement des frais de fonctionnement de la Pouponnière provient du séjour de rupture lui même. En raison de la situation sanitaire mondiale l’équipe de direction de Vivre Ensemble a dû prendre des mesures rapidement. Début mars l’association s’est vue fermer ses portes aux visiteurs, nombreux chaque jour et en provenance d’Europe. Il a fallu ensuite faire de même pour l’accueil des bénévoles, une quarantaine par mois à nous apporter leur soutien. Enfin depuis maintenant le mois de mars le confinement des enfants et du personnel c’est organisé. Notre souhait comme toujours est de préserver nos enfants, mais aussi le personnel qui s’en occupe. Nous avons réussi à composer une équipe de volontaires pour rester confinés. Aujourd’hui 250 personnes sont au centre, dont 148 enfants. L’ensemble du personnel est mutuellement très solidaire, ils sont comme une grande famille. Et ce malgré l’inquiétude pour leur famille respective à l’extérieur. Nous nous devons maintenir les salaires. Pour les salariés sur place mais aussi tout ceux, qui de chez eux, sont au chômage technique et pour qui nous souhaiterions maintenir le salaire initial. Nous devons aussi assurer l’approvisionnement de l’association en denrées alimentaires, produits d’entretien, d’hygiène, médicaments. Cette situation engendre une augmentation considérable nos dépenses quotidiennes, pour lesquelles nous avions déjà des difficultés de prise en charge tout au long de l’année. Du fait de l’absence de visiteurs et de bénévoles, nous constatons une baisse des dons au quotidien. Nous gardons aussi en tête que les jeunes accueillis en séjour de rupture peuvent à tout moment être rapatriés en France, en fonction de l’ évolution de la situation. L’avenir de la Pouponnière en deviendrait alors très incertain. Nous sommes en permanence à la recherche de soutien pour nous aider dans la prise en charge des frais de fonctionnement et le maintien des activités de l’association. Les sources de financements : (Budget total annuel 291 332 806 FCFA) ‒ Vivre Ensemble Madesahel, séjour de rupture : 44 % du budget total de la Pouponnière. ‒ L’état Sénégalais 10 000 000 CFA ‒ L’association Louly l’Ecole au Sénégal , tous les frais liés à la scolarité des enfants : 5 262 087 FCFA (année scolaire 2018-2019) ‒ La Banque Mondiale 4 520 000 CFA en 2019 ‒ 270 parrains pour environ 51 085 900 CFA par an ‒ Le reste des financements dépendent des dons de particuliers et entreprises. Nous contacter : ‒ Accueil : + 221 33 957 31 36 ‒ E-mai : contact@lapouponnieredembour.org ‒ Responsable communication : Arnoult Mathilde ‒ Tel : + 221 77 881 83 60 Nous aider : ‒ Orange Money : + 221 77 500 19 32 ‒ Faire un don en ligne :https://www.helloasso.com/ don/associations/vivre-ensemble-la-pouponniere ‒ Notre site Voici quelques chiffres : Effectif de la Pouponnière : ‒ La Pouponnière : 91 bébés de 0 à 2 ans. ‒ Les Unités Familiales : 37 enfants de 2 à 6 ans. ‒ La Grande Enfance : 20 enfants de plus de 6 ans. ‒ Enfants accueillis en ce moment : 148 ‒ Enfants accueillis et sauvés depuis janvier 2002 : 1 260 ‒ Employés à la Pouponnière : 136 pouponnieredembour ‒ Devenir parrain ‒ Faire un don par virement bancaire : IBAN : FR76 4255 9100 0008 0040 4472 464 BIC : CCOPFRPPXXX Intitulé du compte : Vivre Ensemble, la Pouponnière internet: http://www.lapouponnieredembour.org ‒ Notre page facebook: https://www.facebook.com/ BIRAMAWA MAGAZINE - 9
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ENTRETIEN POTRAIT “Ce métier m’a choisi !” Fatoumata WATT Avocate au Barreau du Sénégal Originaire de Joal-Fadiouth, Fatoumata est avocate au Barreau du Sénégal. Sortie de l’UGB en 2017, elle est titulaire d’un DEA en Droit. Depuis 2018 elle a embrassé le métier d’Avocat. Dans cette interview, Maître WATT revient plus en détails sur son parcours et présente son métier. Pouvez-vous vous présenter et revenir sur votre parcours de formation ? A l’état civil, mon nom est Fatoumata WATT. Mais la plupart me connait sous le surnom de Mimie. Je suis née à Dakar, Hann Sur Mer plus précisément. Toutefois, j’ai grandi au Sud du département de Mbour, commune de Joal-Fadiouth ou j’ai effectué mes études élémentaires et secondaires. J’ai obtenu mon baccalauréat en 2010, série L2, au Lycée Léopold Sédar Senghor de Joal-Fadiouth. Le Bac en poche, j’ai rejoint l’Unité de Formation et de Recherches des Sciences Juridiques et Politique de la prestigieuse Université Gaston Berger de Saint-Louis (UGB). En février 2017, je suis sortie diplômée de L’UGB d’un BAC+5. A l’époque (époque du système classique et non LMD) le diplôme de BAC +5 était le DEA (Diplôme d’Etudes Approfondies). Un an après mes études universitaires, j’ai réussi l’examen d’entrée au Barreau du Sénégal c’est – à - dire en décembre 2018. Vous êtes donc avocate, pourquoi avoir choisi ce métier ? Je suis Avocate, oui mais la précision de taille est que je n’ai pas choisi ce métier. Ce métier m’a choisi ! J’ai intégré le Barreau du Sénégal par un pur hasard. Que dis-je ? Par le bon vouloir de la Providence. Car dit-on le hasard c’est lorsque Dieu se promène incognito ! En réalité, c’est une ancienne promo de la fac qui m’a convaincu de faire l’examen du Barreau. Être Avocate n’a jamais été mon métier de rêve. Je me voyais plutôt en fonctionnaire, diplomate. Même dans mes rêves les plus fous, je n’ai songé à porter la robe noire. Il ne s’agit donc pas d’un métier que j’ai choisi, ni orienté ma formation en ce sens. Le métier m’est venu juste comme ça. « Outre les aptitudes rédactionnelles et oratoires, un avocat doit avoir une compétence opérationnelle. Il doit aussi avoir le sens de l’écoute. » En quoi consiste le travail d’un avocat au quotidien ? Tout d’abord, il est important de préciser que l’avocat est avant tout un juriste. A ce titre, il fait toutes les activités juridiques. Cette précision faite, il importe de rappeler que l’avocat n’est pas n’importe quel juriste. La mission première de l’avocat est une mission de représentation, d’assistance et d’assurer la défense des intérêts d’autrui. Le travail journalier d’un avocat consiste donc à exercer sa mission, celle de représenter, d’assister et de suivre ses dossiers au tribunal. Ce quotidien correspond à celui de l’avocat qui ne fait que du contentieux. Mais comme rappelé ci – haut, à côté de l’avocat –contentieux, nous avons l’avocat conseil. Ce dernier fait journellement des consultances, apporte ses conseils aux clients dans tous les domaines du droit. Le plaidoyer semble être une partie importante de votre métier, comment vous le préparer ? Pour moi, il n’y a pas un modèle type ou standard qui aide à préparer une plaidoirie. Je suis d’avis que la plaidoirie se prépare de manière casuistique. L’approche qu’on adopte lors d’une plaidoirie est tributaire de la nature de l’affaire en question. Elle reflète aussi la personnalité du plaideur et le message que ce dernier veut faire passer. Il peut arriver que la plaidoirie dépende même de la composition du tribunal appelé à connaître de l’affaire. Somme toute faite, la préparation d’une plaidoirie dépend d’une multitude de facteurs. Par ailleurs il y a-t-il un travail d’investigation qui peut être fait par avocat ? Le quotidien d’un avocat est fait d’investigation. Il est presque impossible de bien traiter un dossier sans faire des investigations. Qu’il s’agisse d’un dossier judiciaire ou juridique, l’avocat doit aller au fond des choses. Il doit faire le tour de la question, comme on a coutume de dire. Au-delà des aptitudes rédactionnelles et oratoires quelles sont les qualités indispensables pour ce métier ? Outre les aptitudes rédactionnelles et oratoires, un avocat doit avoir une compétence opérationnelle. Il doit aussi avoir le sens de l’écoute. BIRAMAWA MAGAZINE - 11
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Pouvez-vous revenir sur la différence entre un avocat et procureur ? Un procureur est un fonctionnaire de l’état, magistrat du parquet chargé de mettre en œuvre l’action publique pour l’application des peines. L’avocat exerce une profession libérale, investie d’une mission de représentation, d’assistance et de conseil dans les domaines juridique et judiciaire. Le métier d’avocat est un métier d’élite. Au Sénégal par exemple la sélection est très corsée. On parle d’examen mais on a l’impression qu’il s’agit d’un concours. Alors il faut beaucoup de rigueur dans la préparation de l’examen. Pour le surplus, je dirai sans risque de me tromper que le métier d’avocat fait partie des meilleurs métiers au monde. C’est un métier fascinant, exaltant mais aussi stressant. De manière plus général quel est votre message à l’endroit de la jeunesse féminine sénégalaise ? « Pour moi, les femmes ont fait leurs preuves et ont montré de quoi elles étaient capables. » Le sens commun voudrait que « le barreau fasse briller les femmes engagées ». Qu’en pensez-vous ? Pour moi, les femmes ont fait leurs preuves et ont montré de quoi elles étaient capables. Les femmes sont dans toutes les hautes institutions des pays. La tendance actuelle met d’ailleurs les femmes au devant de la scène. Il n’est plus question de « les faire briller » mais juste de reconnaître et d’accepter que le nouveau leadership est féminin. Si vous permettez la diversion, attendez-vous d’ici quelques années à ce que la plupart des pays/ institutions soient dirigés par des femmes. Comment garder l’équilibre entre vie privée et professionnelle ? Il suffit juste de savoir faire la part des choses. Il ne faut laisser aucune vie s’immiscer dans l’autre. Quels conseils donneriez-vous à un étudiant tenté par le métier d’avocat ? 12-BIRAMAWA MAGAZINE En tant que jeune et femme / fille de surcroît, nous faisons face à de multiples défis. Rien ne nous est donné, alors il nous faut nous battre pour faire croître davantage cette courbe ascendante de notre place dans la société. Le constat général est que de plus en plus la jeunesse féminine de mon pays est engagée. Les jeunes femmes/filles s’activent fortement dans presque tous les domaines d’activités. Nos aînées ont placé la barre très haute, il nous appartient de maintenir haut le flambeau. Mon message est simple : croyons en nos capacités et battons-nous. Pour finir, vous êtes originaire de Joal-Fadiouth. Que pouvez-vous nous dire sur cette célèbre localité du Sénégal ? Le village de fadiouth est une île paradisiaque. Il est très petit de par sa taille mais tellement riche en potentialités. C’est une île à majorité sérère et chrétienne. Grandir dans cette localité fait de vous une personne imbue de valeurs que la société considère comme essentielles. C’est un endroit où il fait bon vivre. Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin C’est moi qui vous remercie pour avoir pensé à ma modeste personne. J’apprécie à sa juste valeur cette initiative visant à susciter des vocations chez les jeunes sénégalais. Je vous encourage et prie afin que le magazine soit un plein succès. « La tendance actuelle met d’ailleurs les femmes au-devant de la scène. Il n’est plus question de « les faire briller » mais juste de reconnaître et d’accepter que le nouveau leadership est féminin. »
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AVIS D’EXPERT L’exploitation sexuelle des enfants par l’utilisation des TIC : focus sur la fonction familiale de protection D ans un contexte marqué par la globalisation des risques, des crimes et des menaces sur la cybersécurité, les Etats ont un réel besoin d’élaborer des stratégies appropriées de politique criminelle qui combinent les réponses étatiques et sociétales. Notre sécurité, nos modes de vie et nos façons de vivre sont aujourd’hui fortement dépendants des systèmes d’informations. En effet, les technologies de l’information et de la communication constituent un outil incontournable de collecte, de stockage, de traitement et de transmission de l’information dans tous les domaines, qu’il s’agisse du champ structuré du savoir, de la gestion des entreprises, de la médecine, des transports et même des relations personnelles. Hélas ! Cette irruption des technologies de l’information et de la communication dans la vie quotidienne des individus engendre également des méfaits. Certaines personnes mal intentionnées usent les TIC pour porter atteinte aux biens d’autrui ou à certaines valeurs essentielles auxquelles notre société est particulièrement attachée, à savoir la dignité humaine, l’honneur ou la vie privée. Les possibilités offertes par ces nouveaux outils ont conduit à changer progressivement la physionomie de la société et a modifié fondamentalement les formes de la criminalité au détriment des personnes vulnérables comme les mineurs. 14-BIRAMAWA MAGAZINE Khadime SENE Éducateur spécialisé En effet le développement contemporain des TIC expose les personnes mineures à de nouvelles menaces notamment « des violations graves du droit fondamental de l’enfant à une éducation et un développement harmonieux ». Car « internet est à même de produire un environnement menaçant pour l’enfant et nuisible à son bien-être ». Aujourd’hui, l’usage du téléphone mobile, la diversité des supports audio, le développement des réseaux de proxénètes, le libertinage sexuel, la précocité des rapports sexuels, la non-maîtrise du tourisme à finalité sexuelle, la multiplication des cybercafés, l’accessibilité aux sites de pornographie…. fragilisent davantage les modèles de socialisation et désorientent les adolescentes et adolescents vers des chemins de perversion et de déviation graves. Le contrôle des parents sur l’usage des TIC Les TIC, à l’image d’Internet et des réseaux sociaux, peuvent participer à l’épanouissement des enfants, mais présentent de risques qui souvent ne sont pas évalués par les parents à leur juste valeur. Parmi les risques nous pouvons citer les contenus pornographiques, les harcèlements, les mauvaises rencontres, la cyberdépendance, la diminution ou la perte de motivation pour les activités socialisantes menées dans la vie réelle. A cela nous pouvons également ajouter les risques relatifs aux troubles identitaires qui peuvent être développés principalement par les enfants en situation de vulnérabilité ou faisant un usage abusif ou inapproprié des réseaux sociaux. Ces risques pourraient déboucher sur des troubles pathologiques à l’âge adulte. Ceuxci se traduisant le plus souvent par une immaturité et une personnalité psychosociale faible. L’adolescence est la période de la construction identitaire. Il y a ainsi une prise de distance par rapport aux règles et valeurs parentales, conduisant les adolescents à s’éloigner des schémas, à braver les interdits et à explorer d’autres possibilités. Cette situation rend la tâche très difficile aux parents qui, en vertu de leurs obligations parentales, doivent, quand même, réglementer l’usage des TIC. D’autant plus qu’ils n’ont pas souvent les compétences requises. Il est donc important pour ces derniers d’instaurer un climat chaleureux et positif avec les enfants. Les parents doivent privilégier le dialogue, la sensibilisation. La responsabilisation des enfants étant décisive pour faire face aux risques liés à l’utilisation des TIC. Des faits constitutifs d’exploitation sexuelle par l’utilisation des TIC Dans un souci de protection, il a été identifié au moins six cas constituant des menaces pour les mineurs sur Internet. Ceci dans l’optique de sensibiliser les familles et les enfants sur les risques liés à l’utilisation des TIC. 1. Le matériel d’abus sexuels d’enfants (MASE) Il renvoie à tout contenu représentant l’abus sexuel d’un enfant et/ou toute représentation des organes sexuels d’un enfant. Ce type de matériel comprend la mise en scène d’enfants, garçons et filles et peut être classifié selon différents degrés de violence de l’abus et des actes mis en scène, pouvant aller d’un comportement sexuellement explicite à une agression brutale. 2. Les matériels d’abus sexuels d’enfants générés informatiquement Il est à préciser que le terme de « matériels d’abus sexuels d’enfants » renvoie à tout matériel représentant des enfants d’une façon sexualisée et/ou impliqués dans des activités sexuelles, avec la particularité que leur production n’implique aucun réel abus physique sur de vrais enfants, mais qu’ils sont artificiellement créés pour apparaître comme si de véritables enfants étaient représentés. Sont par conséquent inclus dans les matériels d’abus sexuels d’enfants qu’on appelle la « pornographie virtuelle enfantine ». 3. La sollicitation en ligne d’enfants à des fins sexuelles ou « grooming » en ligne Elle consiste à établir une communication avec un enfant via Internet, dans le but de lier une relation de confiance avec lui, ou d’exercer un moyen de pression, visant à faciliter un contact sexuel en ligne ou hors ligne. Cela peut donc comprendre des actes de manipulation ou d’incitation à se livrer à d’autres formes d’activités sexuelles illégales tels que le fait de réaliser des actes sexuels devant une webcam ou la production de matériel d’abus sexuels d’enfants ou encore de matériels sexuels autoproduits. 4. Le « sexting » Il fait référence au processus au cours duquel des enfants partagent intentionnellement des messages sexuellement explicites ou des images sexualisées d’euxmêmes et autoproduites par téléphone portable ou messagerie instantanée. Les messages écrits, photographies, images, vidéos ou messages audio enregistrés sont souvent partagées avec des pairs. 5. Relativement au chantage sexuel d’enfants, appelé aussi « sextortion » C’est une forme de chantage sur un adulte ou un enfant réalisé avec l’aide d’images autoproduites de cette personne, en vue de lui extorquer des faveurs sexuelles, de l’argent, ou tout autre avantage, en le menaçant de partager ce contenu sans son consentement (en publiant les photos sur les réseaux sociaux). 6. La retransmission en direct d’abus sexuels sur enfants ou Streaming en direct d’abus sexuels sur enfants, Il convient de préciser qu’en général, les délinquants pédosexuels qui visionnent l’abus sexuel d’un enfant en ligne, accèdent au contenu grâce à des intermédiaires qui sont parfois des membres de la famille de l’enfant ou des membres de sa communauté qui le contraignent, ou le manipulent, à se livrer aux dits actes face à une webcam. Ils conviennent de l’heure et de la date auxquelles le délinquant pédosexuel se connectera pour visionner l’abus sexuel en utilisant une plateforme de retransmission en direct, comme Skype par exemple. Ces rendez-vous peuvent être convenus lors d’un échange par messagerie instantanée, par email ou par téléphone. Les deux parties conviennent d’un tarif que la personne visionnant l’abus sexuel sur enfants devra payer. Très souvent, le paiement est effectué par petits montants pour éviter d’attirer d’éventuels soupçons. Eu égard à ce qui précède il importe, chers parents, chères autorités de se pencher sur des solutions durables afin de lutter de manière efficace contre cette problématique. Intéressons-nous davantage à la protection des enfants dans le monde virtuel. Les formes de violence à l’encontre des enfants, y compris l’exploitation sexuelle en ligne, sont inacceptables et constituent une attaque directe à la dignité inviolable et inhérente de chaque enfant. BIRAMAWA MAGAZINE - 15
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COIN D’AUTRUI Bonzzzouuurrr Warahamatullah, chers lecteurs, lectrices du Quinzomadaire D ans le deuxième numéro de votre magazine, j’ai évoqué ma Capacité d’Adaptation. Je ne dois pas m’en glorifier. C’est un don inné. Une fenêtre ouverte par le Seigneur sur ce crâne, parmi les moins pourvus, certainement pour combler mon gap intellectuel. Il y a un célèbre proverbe Wolof qui dit « Yalla du tecc bunt, tecc folantérr, kheucc rideaux ». En français simple, « Dieu ne ferme jamais toutes les portes à quelqu’un ». Elève très moyen à l’école et piètre étudiant à l’Université, il me fallait ce petit coup de pouce de la Providence pour devenir quelqu’un, tisser une toile. Puisque comme dit Martin Luther King, « tout le monde peut être important, car tout le monde peut servir à quelque chose ». Mais le mérite, ce n’est pas d’avoir le don. Le mérite, c’est d’abord de trouver ce que l’on a et ensuite savoir comment l’exploiter pour dîner à la table des « élus ». Des dons, vous en disposez, chacun, au moins un. Je pense qu’ils viennent avec nous au monde. Ils s’exprimeront sans votre aval, à chaque fois que votre corps fera appel à eux, face à une situation donnée. Mais leur puissance réside dans la faculté que vous aurez à les mettre en exercice. Plus tôt vous détecterez cette spécificité, plus tôt vous serez apte à dompter les écueils les plus abominables. Par exemple, pour ce qui s’agit de mon cas, à bien y réfléchir, ma Capacité d’Adaptation, j’ai eu à m’en servir maintes fois, sans le savoir, au courant de mon enfance, de mon adolescence, de ma jeunesse… “Yalla du tecc bunt, tecc folantérr, kheucc rideaux” A titre d’exemple, en catégorie Cadet et Junior avec l’Etics, on jouait toujours sur des pelouses sablonneuses. La plupart de mes réflexes de gardien de but étaient donc accentués sur la façon de maîtriser les trajectoires capricieuses des tirs adverses dictées par de troublants rebonds. Eh bien, mon premier match sur du gazon, c’était en Huitièmes de finale de Coupe du Sénégal (Junior) contre l’US Rail au Stade Lat Dior de Thiès. C’est l’un des après-midis que je n’arriverai jamais à extirper de mes souvenirs. Tant il a été cauchemardesque. Sous une fine pluie de juillet 1998, moi, qui pensais que ce serait plus simple d’arrêter les balles sur du gazon bien taillé, suis allé à sept (7) reprises les chercher au fond de mes filets. Elles me passaient sous les doigts, sous le coude, entre les jambes, sous les aisselles… Un joueur du camp adverse 16-BIRAMAWA MAGAZINE que ses partenaires surnommaient Tigana, distribuait les passes décisives aux attaquants comme de petits pains. Et moi, j’étais devenu une passoire, le temps d’un après-midi. Je puis jurer que si le match s’était déroulé sur un terrain sablonneux, au moins 4 des 7 buts seraient sauvés par votre serviteur. Hélas, je ne m’étais jamais préparé à la vitesse et la puissance d’une balle roulant sur du gazon. J’avais pris un très grand coup au moral. Comme tous mes coéquipiers d’alors d’ailleurs. Et tenez-vous bien, trois semaines plus tard, on a été programmé pour affronter le Stade de Mbour en Demi-finale de Ligue régionale… encore au Stade Lat Dior. Pire, la moitié de l’équipe était forfait. Coach Bouna a eu beaucoup de mal à confectionner un bon Onze de départ. Il était même obligé de surclasser certains de nos petits frères cadets pour embellir le banc de touche. L’équipe que nous avions en face était physiquement supérieure. Nous étions de très petits gabarits. Mais en un quart d’heure, les Mbourois ont tellement couru derrière le ballon qu’ils n’en pouvaient plus. Après 30 minutes de jeu, nous menions 2 à 0. Mais c’était un de ces chaudes matinées caniculaires de Thiès où le soleil était subitement descendu pour regarder le beau spectacle que nous servions aux spectateurs qui étaient aux anges dans les gradins. Malheureusement, la chaleur était un adversaire redoutable pour mes coéquipiers qui commençaient à s’essouffler. Les attaques adverses commencèrent alors à se multiplier dans ma surface de réparation à 10 minutes de la mi-temps. Les tirs venaient de partout. Et j’enchaînais les arrêts spectaculaires. Même à deux contre un, j’arrivais à tromper les attaquants mbourois et à leur faire déjouer. J’avais tels des aimants sur mes gants qui attiraient toutes les balles On parvînt à maintenir notre avance de deux buts jusqu’à la mitemps. En deuxième mi-temps, ce fut trop éprouvant. Mes coéquipiers étaient à bout de souffle. Et on n’avait pas de remplaçants. L’équipe adverse multipliait les occasions de but. Sans réussir, dans les 15 premières minutes de la deuxième mi-temps à percer le mur que j’étais devenu. Mais à force de tomber et de se relever, d’aller à des duels aériens avec des attaquants costauds, j’ai également fini par céder à la fatigue. Les Mbourois ont alors réussi une Remontada dans le dernier quart d’heure du match pour l’emporter 3-2. Mais à la fin du match, tout le monde est venu nous féliciter pour le beau jeu que nous avions produit ce jour-là. Quant à moi, je savourais ma revanche sur le gazon du stade Lat Dior. Sans jamais m’entraîner sur ce type de pelouse, je m’étais adapté entre deux rencontres espacées de trois semaines. Un peu longue l’anecdote. Non ? Vous souffrirez souvent ici que je me la raconte avec ma pseudo-carrière de footballeur. Comme si j’avais réussi à gagner quelque chose, à part UNE coupe de championnat Navétanes (Mort de rire). Bref, c’était juste pour vous dire que j’avais ce don inné en moi de s’adapter à mon milieu. Mais que je l’ai tardivement découvert. Savoir se faire petit parmi les grands esprits L’un de mes mentors de jeunesse, un certain Cheikh Ndoye (il m’a beaucoup appris dans la vie) m’a dit un jour : « ce qui est dangereux avec toi, c’est que quand tu arrives dans une discussion sur un sujet sur lequel tu ne sais absolument rien du tout, tu te débrouilles toujours pour avoir le dernier mot. Au début tu es là, invisible, tu observes les gens, écoutes tout le monde, apprends de chaque version pour imposer ton analyse. Ca beaucoup de personnes ne le l’ont pas remarqué de toi ». Je pense que c’est la même tactique que j’ai appliquée à mon arrivée à la rédaction de Walf Grand’Place. Deux semaines après le début de mon stage, je n’avais pas écrit le moindre papier. J’étais dans un monde encore inconnu. Je regardais bien ce qui se faisait, observais bien les uns et les autres, photographiais dans ma mémoire toutes les remarques sur l’écriture journaliste, les angles de traitement…pendant les réunions de rédaction. Une fois à la maison, je lisais les articles de l’édition de la veille. En dix jours, je savais ce qu’il fallait faire, que ne pas écrire et comment sortir des sentiers battus. « Vous n’en saurez jamais assez tant que vous vous précipiterez partout à vous glorifier du peu que vous savez » L’apprentissage est un chemin sans terme. Et j’avais une chance immense de travailler dans un immeuble où l’on pouvait trouver toutes les sommités en termes d’écriture et de rigueur. On ne peut pas avoir Tidiane Kassé dans une pièce à côté et ne pas en profiter. Ses chroniques « A la Volée » dans le quotidien Walf Sports d’alors étaient d’une rare saveur pour le petit esprit que je suis. Idem pour les « Avis d’Inexpert » de Jean Meissa Diop, les mini-dossiers bien rédigés de Faydi Dramé, les papiers en Politique d’Ousseynou Baldé, les savoureuses enquêtes Société de Ndèye Awa Lô, la simplicité et la rigueur de Oumy Diakhaté… J’ai été gâté d’avoir côtoyé toute ce beau monde. Mais surtout, j’ai bien profité de leurs compétences et de leurs expériences. Je vous signalais l’autre jour que durant tout mon séjour Walfadjiri, à part les trois derniers mois de 2013 où j’avais droit à un chèque de 50 000 Fcfa, je touchais zéro Kopeck. Mais ce que j’ai gagné durant ces trois années comme capital expérience et savoir en valait le coup, messieurs dames. C’était à la fois une école et une vitrine pour quelqu’un comme moi qui n’était encore personne, qui ne savait rien. BIRAMAWA MAGAZINE - 17
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C’est ainsi que j’enchaînais les papiers « A la Une » et en Appel, les reportages sur des sujets brûlants, les mini-dossiers et les grandes interviews. Alors que la campagne présidentielle de 2012 battait son plein, j’étais tantôt avec Wade, tantôt avec Macky. J’ai d’ailleurs réalisé le premier portrait de ce dernier, après être parti dans son Fatick natal rencontrer ses amis d’enfance, la famille de son homonyme Macky Gassama, son défunt oncle Timbo qui m’a alors gratifié, en exclusivité, de la seule photo de l’actuel Président pendant qu’il était écolier. Walf Grand’Place l’avait affiché à la Une ce samedi, veille du second tour de la Présidentielle qui allait précipiter Macky à la magistrature suprême. Avant midi, il ne restait plus un seul exemplaire du journal dans les kiosques. Ce ne fut pas mon plus beau souvenir de cette couverture de la campagne présidentielle de 2012. Je vous raconte ? Bon allons-y ! On était dans le cortège du candidat Macky Sall, qui avait entamé la campagne du second tour par une tournée auprès des différents chefs religieux de Touba. De 08 heures du matin ce vendredi-là à samedi 03 heures du matin, nous l’avons suivi dans presque tous les villages où résidaient des guides influents de la communauté mouride. Et c’est Moustapha Cissé Lo qui introduisait Macky partout. Vers 01 heures du matin, alors qu’on était à Taif, dans le salon du Khalife, le fils de ce dernier est allé sortir un revolver pour faire sa fête à Cissé Lo qu’on surnommait à l’époque El Pistolero. N’eût-été certains chambellans et les éléments du GIGN, le pire pouvait se produire cette nuit-là. A Dakar, alors qu’on avait déjà bouclé le journal, j’ai appelé Moustapha Diop pour lui parler du scoop. Il s’apprêtait à rentrer chez lui. Mais il est retourné à l’imprimerie pour changer le papier à la Une par cet événement. C’est quand je suis rentré de ce périple que j’ai produit le papier qui m’a fait gagner l’estime de Jean Meissa. C’était sur les deux types de classes maraboutiques qui existaient à Touba… Bon, on appuie sur la touche pause jusqu’au prochain numéro. En espérant bien sûr que les problèmes de mouton ne viennent pas casser l’ambiance délirante qui suinte de ma plume. D’ici-là, portez-vous bien et surtout respectez les mesures barrières et toutes les autres consignes édictées par les autorités sanitaires pour se protéger et protéger votre entourage de ce virus qui circule toujours. Bonne lecture ! Ayoba FAYE Rédacteur en chef de Pressafrik 18-BIRAMAWA MAGAZINE 94 Nord Foire Azur Dakar, Sénégal +221 77 296 47 96 contact@alyfa.co www.alyfa.co BIRAMAWA MAGAZINE - 19 Des Jouets Afro - Centrés
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ENTRETIEN EXCLUSIF Elzo jamdong Auteur - Compositeur - Interprète “Je pense que le plus important est de savoir où on veut aller et ce que l’on veut réaliser.” Elzo Jamdong de son vrai nom Elhadji Diallo est un auteur-compositeur-interprète qu’on ne présente plus. Titulaire d’une licence Langues Etrangères Appliquées et d’un Master 2 Négociations en commerce internationale, Elzo a, cependant, préféré « vivre de sa créativité artistique ». Dans cette entretien il retrace son parcours de formation et évoque son choix de suivre sa passion qu’est la musique. Elzo adresse également un message aux jeunes talents. «Ce dont les jeunes ont le plus besoin je pense que ce sont des adultes de tous les secteurs (entrepreneurs, employés de grandes boites, sportifs, chanteurs) qui sachent répondre à toutes leurs questions sans aucun tabou.» Qui est Elzo Jamdong? Bonjour je suis un enfant du Sénégal et un citoyen du monde. Vous vous considérez comme rappeur ou musicien ? Les 2 ! Rappeur compositeur pour mon propre compte et donc interprète mais aussi auteur compositeur pour d’autres artistes même hors-rap. Pouvez-vous retracer votre parcours de formation ? J’ai eu mon baccalauréat au Cours Sainte-Marie de Hann Dakar avant de m’envoler en France où j’ai obtenu une licence Langues Étrangères Appliquées (Anglais Espagnol) et un Master Négociations en Commerce International. Diplômé mais vous avez choisi de faire de la musique à temps plein. Pourquoi avoir suivi cette voie ? Parce que je savais que je préfère vivre de ma créativité artistique et de tout ce qui gravite autour que suivre un parcours professionnel « classique » Et si c’était à refaire ? Je ne changerais rien honnêtement. Comment ont été vos débuts dans la musique ? Ce n’était pas facile du tout. Je travaillais dans un hôtel en tant que réceptionniste la première moitié de l’année et la seconde moitié je me consacrais à mes enregistrements, mes tournages de clip et mes concerts. « Je suggère à tous les jeunes qui peuvent faire des études d’en faire… » Quel est le rapport entre vos études et votre musique ? Est-ce que vos études vous servent aujourd’hui ? Oui tous les jours ! Que ce soit pour comprendre le business de la musique, analyser le marché, étudier les divers contrats qui nous sont proposés ou faire des recherches sur un thème qui m’intéresse. Quels conseils donnerez-vous aux jeunes élèves et étudiants qui ont du talent et qui sont passionnés de musique ? Je suggère à tous les jeunes qui peuvent faire des études d’en faire surtout s’ils ont un projet professionnel bien défini et si c’est la formation qu’ils suivent qui va les mener à leur objectif de carrière. Je pense que le plus important est de savoir où on veut aller et ce que l’on veut réaliser. Ce dont les jeunes ont le plus besoin je pense que ce sont des adultes de tous les secteurs (entrepreneurs, employés de grandes boites, sportifs, chanteurs) qui sachent répondre à toutes leurs questions sans aucun tabou. Parce que quand on est jeunes on s’imagine des choses et l’on a rarement l’opportunité de croiser une personne active dans le domaine qui nous intéresse pour qu’elle nous partage les points marquants de son parcours et les ficelles de son métier. Je trouve que l’enseignement classique est trop généraliste et on ne se préoccupe pas assez des envies des enfants, c’est pour cela que beaucoup d’élèves ne sont pas à l’aise avec certaines matières car ils ne voient pas l’utilité de ces dernières dans la vie de tous les jours. Le magazine a pour objectif de faire une « BIRAMAWA MAGAZINE - 21
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visite guidée » des professions. Et Si ce n’est pas indiscret nous voudrions savoir si la musique « nourrit » son homme ? Oui bien sûr mais pas tout le monde si on parle de la même chose. En effet tous les chanteurs ou tous les rappeurs de notre pays comme dans tous les pays ne gagnent pas de quoi s’acheter une maison et se payer des vacances à Dubaï ça c’est sûr (rires). Je pense que pour répondre à cette question on va se focaliser sur les artistes connus du grand public même si paradoxalement il y a des artistes pas connus du tout qui jouent en live dans des hôtels et restos de la place qui s’en sortent bien financièrement. Je dirais qu’il y a 2 catégories d’artistes connus si on se base sur les revenus financiers. La première catégorie c’est ceux dont les revenus venant de la musique sont suffisants pour vivre, gérer une famille et même faire travailler et payer des salariés mais ils représentent une minorité. La deuxième c’est ceux qui ont le succès d’estime mais n’ont pas encore assez d’affaires bien payées pour être stables financièrement. Ces derniers ont parfois une activité parallèle à la musique pour avoir d’autres rentrées d’argent. On doit être sur du 2080 entre les deux catégories. « Je pense que le plus important est de savoir où on veut aller et ce que l’on veut réaliser…» J’imagine que, pour les besoins de votre carrière, vous êtes amenés à beaucoup voyager. Comment gérez-vous cela par rapport à votre vie personnelle ? Ça se passe très bien parce que le fait d’être mobile fait même partie de ce que j’aime le plus dans ma carrière. En parlant de sphère privée, d’après vous est ce qu’on peut réussir sa carrière dans la musique et avoir une vie personnelle épanouie ? Absolument ! Pour moi la réussite c’est un tout. Atteindre des objectifs, battre des records etc sans être en paix avec soi-même n’est pas réussir. Au-delà de la musique, en tant que citoyen sénégalais quelles sont les causes qui tiennent Elzo à cœur ? 22-BIRAMAWA MAGAZINE Je suis pour la justice et l’égalité dans tous les domaines. On ne part pas tous avec les mêmes moyens mais même parallèlement à l’Etat tous ceux qui ont un certain statut devraient aider les plus démunis. Respectons aussi les femmes et donnons-leur la reconnaissance sociale qu’elles méritent. Par ailleurs j’apporte constamment mon soutien à ceux qui viennent en aide aux orphelins car chaque enfant doit pouvoir accéder à l’éducation mais surtout comme je l’ai dit plus haut à une écoute active et un accompagnement de près. Vous avez fait vos études en France. Pourquoi avoir choisi de revenir très tôt au Sénégal ? Pour essayer de rester connecté au maximum avec ce qui se passe même si je ne vais pas critiquer ceux qui ont fondé leur famille à l’étranger. Que vous pouvez-dire à ces sénégalais de la diaspora qui appréhendent l’idée de rentrer ou de mener des activités économiques au Sénégal ? Tout est à faire au Sénégal il y a encore de la place dans tous les domaines je dis bien tous les domaines contrairement à l’Europe ou les Etats-Unis où la plupart des secteurs sont déjà saturés. Je vois beaucoup d’enfants du pays comme moi et même des sénégalais nés en Europe venir s’installer et démarrer leur business en restauration en commerce en communication et cela marche très bien. Nous connaissons les réalités telles que la corruption et elles peuvent être décourageantes mais rien n’est immuable il faut toujours essayer et se donner au maximum avant de juger ou d’abandonner. Quel est le message de Elzo à l’endroit de la jeunesse sénégalaise ? Je me permets de me paraphraser : “Gëm suñu boop, saam suñu boop, Ku bëgg dëk ci ay bum ñu toop” Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin Jaam dong la. « Respectons aussi les femmes et donnons-leur la reconnaissance sociale qu’elles méritent. »
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QUI SOMMES-NOUS? Africa Tourism Solutions est l’expression d’une Afrique revalorisée sur le plan culturel, touristique, sportif et économique. Notre objectif est de proposer des services en tourisme et événementiel à Dakar et partout au Sénégal. Nous vous proposons une expérience authentique, inclusive et novatrice. Pour vous servir au mieux, nous conceptualisons des voyages à thème, en groupe ou en solo, des excursions, safaris, croisières, la réservation d'hôtels et de billets d'avion, l'organisation d'événements, de team buildings... Notre gamme de services répond aux besoins d’une clientèle exigeante. Avec ATS, optez pour une solution complète et découvrez les multiples facettes du tourisme en terre Africaine. ATS BUSINESS: Parce que l’on passe le plus clair de son temps en entreprise, il est essentiel de trouver des moments détente pour renforcer l’esprit d’équipe entre collègues. Nous avons créée une ingénierie complète destinée aux administrations publiques, entreprises, ONG... ATS EVENTS: Nous développons des services événementiels pour particuliers et entreprises. Confiez nous la gestion de vos événements, nous donnerons vie à votre imagination... ATS SCHOOL: Pour faire découvrir le Sénégal aux apprenants, nous offrons des prestations sur mesure pour les écoles, instituts et universités. Avec ATS, partez l’esprit libre! Pour plus d’informations, contactez-nous: infos@africatourismsolutions.com events@africatourismsolutions.com +221 33 825 12 79/ +221 77 480 78 78 www.africatourismsolutions.com Immeuble SICAP Point E lot 8, Dakar, Sénégal BIRAMAWA MAGAZINE - 25
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Droit du Travail et de la Sécurité Sociale L a première ordonnance prise durant la pandémie (Ordonnance n°001-2020 du 08 avril 2020) concerne le droit du travail ; les droits des travailleurs qu’il fallait tenir à l’abri des conséquences néfastes de la pandémie. Il faut rappeler qu’au-delà de l’interdiction temporaire du licenciement non motivé par une faute lourde, l’ordonnance a complété le dispositif de l’article L.65 du Code du Travail relatif au chômage technique en limitant la durée et en instituant une rémunération minimale pour le salarié concerné. Elle a aussi emprunté au licenciement économique sa procédure pour encourager le dialogue social et accompagner les parties dans la recherche de solutions alternatives au chômage technique. Enfin, il est important de signaler que les dérogations prévues par l’ordonnance précitée devaient cesser de produire leurs effets dans les limites de temps de la loi d’habilitation n°2020-13 du 02 avril 2020. Maintenant que la loi d’habilitation a pris fin, il convient de fermer la parenthèse du « droit du travail de crise » pour revenir à celui de notre quotidien, le droit du travail normal. Dans un texte précédent, nous avions alerté que rien ne serait plus comme avant. Exact ! La mise en œuvre de l’ordonnance a révélé des choses qui ne doivent pas échapper au surligneur. Et en attendant, que l’administration du travail fasse le bilan des « produits » sortis de sa machine normative hyper active lors de la pandémie, nous allons nous essayer à en relever quelques éléments. 26-BIRAMAWA MAGAZINE Ordonnance sur le droit du travail…cette parenthèse normative qui se referme 1. Sur l’interdiction du licenciement D’abord, sur l’interdiction de licenciement, certains employeurs ont été pris de court par la rétroactivité des effets de l’ordonnance, les salariés qui se sont faits licencier après le 14 mars 2020 ont saisi l’Inspection du Travail et de la Sécurité sociale pour demander leur réintégration. Ce qui, somme toute, est logique à partir du moment où, dans la lettre de notification le motif allégué n’est pas la faute lourde. Avant le 8 avril 2020, date de la prise de l’ordonnance, quels moyens disposaient les employeurs pour savoir que le licenciement non motivé par une faute lourde allait être nul et de nul effet ? Ils ne pouvaient pas être aussi devins. Si certains ont obtempéré en rapportant tout simplement les décisions de licenciement, d’autres ont maintenus les sanctions pour, ensuite, se prendre une mise en demeure de l’Inspection du Travail et de la Sécurité sociale. Et Les plus téméraires ont été dans leur défiance habituelle en pronostiquant sur la lenteur et la portée de l’action administrative et judiciaire. Finalement l’un des effets pervers de l’ordonnance est le recours systématique au licenciement pour faute lourde même si les faits reprochés au travailleur n’étaient pas d’une certaine gravité. Entre la réaction de l’administration du travail et l’entrée en scène du juge dans le cadre du contentieux, le temps agira en faveur de la constitution d’une provision suffisante pour financer une condamnation. Pour cette question et pour tant d’autres, ce qui a fait défaut, c’est la volonté des autorités étatiques de doter l’Inspection du Travail et de la Sécurité sociale des moyens d’actions efficacement dissuasifs notamment d’un pouvoir d’amende directe dès lors que la violation de la loi se fait de manière flagrante. Sur ce point, l’ordonnance n’a fait que révéler un problème ancien qui continue de saper les efforts des inspections du travail et qui ne permet pas une réelle protection des travailleurs face aux abus de leurs employeurs. L’action de l’Inspecteur du Travail et de la Sécurité sociale dans la protection du mandat du délégué du personnel s’est trouvée influencer par l’ordonnance. Celle-ci, en dérogeant à l’article L.214 du Code du Travail, oblige que l’Inspecteur du Travail et de la Sécurité sociale aille à la recherche d’une faute lourde pour motiver sa décision portant autorisation de licencier le délégué du personnel mis en cause. Auparavant, la question de la proportionnalité entre la faute commise et la sanction infligée n’impliquait pas forcément l’exigence de rechercher une faute lourde ; ou du moins, la question n’était pas suffisamment tranchée. Entre le 14 mars et le 2 juillet 2020, on est, au moins, sûr que l’Inspecteur du Travail et de la Sécurité sociale ne peut autoriser le licenciement du délégué du personnel que s’il parvient à établir l’existence d’une faute lourde qui est un manquement d’une gravité telle qu’il empêche le maintien de la relation de travail. Qu’en est-il de la faute commise durant la pandémie et sanctionnée par le licenciement après le 2 juillet c’est-à-dire à la fin de l’habilitation ? En l’état actuel de la réglementation, rien n’indique que l’employeur ne puisse licencier un travailleur pour une faute simple dès lors que l’interdiction induite par l’ordonnance n’est plus en vigueur. Aucune disposition ne fixe un intervalle de temps entre la commission d’une faute et la sanction. En l’espèce, il n’y a que le juge qui peut instituer un délai dit raisonnable ; ce qui sera donc une appréciation faite au cas par cas. 2. Relativement au chômage technique… Concernant le chômage technique, la parenthèse qui se ferme emporte avec elle une solution qui ferait mieux de rester pour constituer une réponse aux innombrables questions qui se posent sur les modalités d’application de l’article L.65 du Code du Travail. Aucune convention collective encore moins un accord collectif d’entreprise ou d’établissement ne le complète notamment en ce qui concerne sa durée ou la rémunération qui l’accompagne. Déjà laconique sur la question, l’article sus évoqué n’encadre pas la durée du chômage technique, ni ne pose le principe de sa rémunération partielle comme une obligation. Et dans ce trou béant baignent les abus de certains employeurs. Ainsi, il faut, au plus vite régler cette question qui n’est pas moins essentielle que celle de l’âge de la retraite qui a valu une petite réforme en juin 2020. Il ne sera pas trop d’être méticuleux dans la rédaction pour diverses raisons dont notamment : ‒ l’impératif de distinguer carrément le chômage technique du télétravail ; ce dernier, encore appelé travail à distance, est un aménagement de l’espace de travail. Ce n’est pas parce que le salarié reste à la maison qu’il ne travaille pas. Non seulement, il est occupé à faire les mêmes tâches qu’il aurait fait s’il était au bureau, mais il voit son intimité et son espace familial encombrés au point de déranger ce qui, en temps normal, constituait sa vie privée. Alors celui qui est en télétravail est en situation de travail ; ‒ la nécessité de ne pas confondre la réduction des heures de travail au chômage technique partiel. On ne sait pas ce que c’est le chômage technique partiel au regard de l’article L.65 du Code du Travail. En revanche, on sait que la réduction des heures de travail est une mesure alternative au licenciement pour motif économique dans le droit du travail normal et qui a été empruntée au droit du travail de crise. En faire une mesure alternative est assez suffisant pour le distinguer du chômage technique. Cette confusion, on la doit à l’article 4 de l’ordonnance qui oblige le travailleur, pendant la durée du chômage technique, de se mettre à la disposition de l’employeur pour éventuellement exécuter des tâches ponctuelles relevant de son domaine de compétence. Cela a été une opportunité d’occuper partiellement les travailleurs à son poste de travail ou à la maison (télétravail). In fine, l’ordonnance a le mérite d’attirer l’attention du public sur l’importance de leurs droits en tant que travailleur et à quel point cette question est liée avec leurs moyens de subsistances. Si elle augure une réforme en profondeur du Code du Travail et de l’Inspection du Travail et de la Sécurité sociale, c’est que la bonne leçon a été tirée. Un droit du travail militant du développement économique et social est un droit du travail qui donne une bonne articulation entre la protection du travailleur et la sauvegarde de l’outil de production. C’est aussi et surtout une Inspection du Travail et de la Sécurité sociale proactive, contribuant activement à l’élaboration des meilleures stratégies de promotion de l’emploi et de la protection sociale. Alioune FALL Juristes d’Affaires, Inspecteur du Travail et de la Sécurité sociale BIRAMAWA MAGAZINE - 27
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Veille et Intelligence des Affaires Internationalisation des entreprises, regards croisés sur les facteurs de succès et/ou d’échec L ’expansion internationale des entreprises a connu un rythme accéléré ces dernières années. Si les mutations économiques et le développement des échanges internationaux ont accru la nécessité d’internationaliser les activités, les stratégies adoptées sont multiples. La stratégie d’internationalisation permet aux entreprises de trouver de nouveaux débouchés dans leurs pays d’accueil. Il importe alors de retenir qu’elle doit reposer sur une évaluation des compétences-clés de l’entreprise afin de garantir une meilleure répartition des risques et une réduction des coûts liés à l’acquisition d’avantages dans les marchés cibles. 28-BIRAMAWA MAGAZINE a politique d’internationalisation requiert un certain nombre de choix stratégiques tels que la sélection du marché, le rythme de développement, le mode d’entrée et une décision d’adaptation ou de standardisation. Cette étape constitue le socle et doit être suivie de la phase opérationnelle de mise en œuvre du processus d’internationalisation. En revanche, il semble que certaines entreprises, surtout de la distribution moderne, ne suivent pas la logique de ce schéma stratégique. Ainsi, l’on assiste souvent à un marché cible hostile et des acteurs locaux non malléables au gré de l’enseigne internationale. Carrefour au Japon L’échec de l’implantation des hypermarchés de Carrefour au pays du Soleil-Levant reste l’un des plus déterminants dans la politique d’internationalisation des enseignes. Si certains des choix stratégiques comme le marché cible et le rythme de développement ont été respectés, ce ne fut pas le cas pour le mode d’entrée et l’adaptation aux réalités du marché japonais. Ce dernier est composé d’un système grossiste inéluctable avec des consommateurs exigeants sur les attributs sanitaires des produits. Nonobstant ce système incontournable, Carrefour a opté pour une implantation massive et rapide avec une dizaine d’hypermarchés installés sur le sol japonais. Néanmoins, le géant français de la distribution n’a pas pu décrocher la timbale face à une insatisfaction des consommateurs japonais, un faible capacité d’innovation, l’absence d’alliance stratégique avec les partenaires locaux et des grossistes réfractaires à son implantation. Dépité de cette situation, Carrefour a décidé d’accrocher ses patins en 2008. Auchan au Sénégal, la stratégie du low price L’enseigne Auchan a levé son rideau métallique au Sénégal en 2014. Auchan Retail Sénégal s’est très vite placée aux premières loges de la distribution moderne avec une pénétration par les prix, une diversité de l’offre et la qualité de service. Dans son entretien avec le journal Le Soleil du 11 décembre 2017, le Directeur Général Laurent Leclerc a élucidé les choix qui ont guidé sa politique d’internationalisation. « Dans chaque pays, nous avons une approche locale en synergie avec les écosystèmes nationaux autour de 4 axes fondamentaux : répondre aux besoins de consommation de l’ensemble des clients du pays, participer, en synergie avec les écosystèmes locaux, au développement économique du pays, encourager l’emploi et l’employabilité dans chaque pays et agir en acteur responsable. Nous voulons contribuer à la démocratisation d’un commerce moderne, accessible à tous et répondant aux attentes de la grande majorité de la population sénégalaise. C’est un investissement de 65 milliards de FCFA en 5 ans, et plus de 1500 emplois créés. Nous avons près de 1.000 collaborateurs, dont 98 % de Sénégalais. » Cette décision va fructifier avec une extension des supermarchés du groupe sur l’étendue du territoire sénégalais et une boulimie des clients disposés en rang d’oignons devant les magasins. En 2018, des entreprises locales, couvertes par l’union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois), se sont mobilisées pour faire face à l’expansion du leader de la distribution, qu’ils accusent de dumping et de concurrence déloyale, avec leur fameux slogan « Auchan dégage ». Pour contraindre ce mouvement, l’union nationale des consommateurs du Sénégal s’est invitée au combat en lançant le slogan « Auchan reste » en parallèle à « Auchan dégage », fortifiant ainsi la position de l’enseigne. Il convient alors de retenir que la prise en compte des réalités du marché cible, la collaboration avec des acteurs locaux et une implantation progressive restent des choix stratégiques que les entreprises doivent opérer dans leur politique d’internationalisation. Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB BIRAMAWA MAGAZINE - 29 L
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Développement personnel La perte de temps Pour cette première, la rubrique développement personnel va mettre l’accent sur un élément dévastateur dans votre volonté d’entreprendre : la Perte de temps. E n effet, dans un monde qui va trop vite, la perte de temps est presque devenue un crime. Certaines pertes de temps dans nos vies sapent notre énergie et nous empêchent non seulement d’être productifs, mais aussi d’obtenir un réel succès. Au Canada par exemple, certaines entreprises licencient leurs employés et les poursuivent en justice pour « Vol de Temps ». Ils ont compris que cette ressource est aussi précieuse que l’or, car elle influence directement leurs profits, leurs investissements et leurs perspectives d’avenir. Les causes de cette perte de temps chez l’humain sont multiples : Les technologies qui nous entourent peuvent faciliter le travail, augmenter l’efficacité, favoriser la communication et le marketing, mais aussi distraire, ralentir et détourner les individus de l’essentiel. L’accumulation de dossiers et un environnement brouillon font perdre un temps précieux, de même que notre rythme de vie trépidant qui nous impose parfois des situations d’inertie (cas des embouteillages). Pour faire face à cette perte de temps, plusieurs pratiques sont aujourd’hui décrites sur internet. Il est possible pour vous de les appréhender afin de voir comment les insérer dans votre routine : Loi de Pareto, Méthode Nerac, Méthode de la Planification journalière…. Au demeurant, il faut savoir qu’une démarche miracle n’existe pas. La gestion du temps est une donnée assez personnelle et vous seul avez le pouvoir de définir les éléments constitutifs de votre quotidien. Agissez dès maintenant si vous pensez être « désordonné » car, comme le dit si bien Alain Lakein, « Maîtriser son temps, c’est maîtriser sa vie ». Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires étrangères BIRAMAWA MAGAZINE - 31
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DECOUVERTE “J’ai grandi au milieu des livres.” Ndèye Fatou DIENG Ecrivain Biramawa consacre sa rubrique « Découverte » à Ndèye Fatou DIENG, juriste de formation, Auteure et peintre amateur. Elle est l’auteure du roman « Ces moments-là » qui a obtenu le Prix Aminata Sow FALL pour la Créativité 2017 et est finaliste du prix Orange 2020. « Mélange de fiction et de réalité », le roman se veut un « hommage à l’amitié ». « J’ai grandi au milieu des livres. Quand les petites filles de mon âge jouaient à la corde, moi je lisais… » Bonjour Ndeye Fatou, pouvez- vous vous présenter à nos lecteurs ? Merci Biramawa de m’accorder cette interview. Alors, je m’appelle Ndèye Fatou Dieng. J’ai 29 ans. Je suis juriste de formation. Auteure et peintre amateur. Vous êtes juriste de profes32-BIRAMAWA MAGAZINE sion. Comment utilisez vous vos talents d’écriture dans votre métier ? Alors, très souvent, c’est l’inverse qui se produit. Ce sont mes talents de juriste qui peuvent me servir dans l’écriture. Pour des domaines qui me sont étrangers je suis toujours obligée de faire des recherches approfondies. Pour le droit, c’est moins compliqué. Le droit et l’écriture sont deux domaines assez différents de prime abord. Le droit est rigide, l’écriture est fluide. Néanmoins il faut reconnaître une chose, c’est qu’un juriste est avant tout un littéraire. Déjà, c’est sur la base des matières littéraires que la sélection en faculté de droit se fait. Un bon juriste est avant tout un bon littéraire car l’exercice juridique commande aussi une certaine maîtrise, une certaine dextérité langagière, en ce sens, être écrivain, m’aide beaucoup aussi car les mots sont mon univers. Et les deux (mon métier de juriste et l’écriture), à bien y réfléchir ne sont pas si éloignés. L’un comme l’autre exige une bonne connaissance des règles, une pratique assidue (la lecture pour l’écrivain et les exercices pour le juriste) et un esprit libre capable de transcender l’évidence pour aller au-delà et extraire de la réalité tout le possible et même l’impossible avec un peu d’audace Comment est née votre passion pour l’écriture ? J’ai grandi au milieu des livres. Quand les petites filles de mon âge jouaient à la corde, moi je lisais, je m’enfermais dans une bibliothèque et je dévorais les livres, toute petite, j’avais découvert un univers que je ne devais jamais quitter. « Mon inspiration me vient principalement de ce que je vois, ce qui m’entoure. » Vous avez publié le 11 décembre 2018 « Ces moments-là » aux éditions Harmattan Sénégal. Que pouvez-vous nous dire sur ce roman ? C’est un hommage à l’amitié. Il y est question en grande partie des liens indéfectibles qui existent entre les humains. L’amitié étant le plus abouti. Ces moments-là c’est l’histoire de Rafael et d’Alia. Deux jeunes gens qui se sont connus à l’université et que les turpitudes de la vie ont séparé. Chacun évoluant de son côté avant de se retrouver 10 ans plus tard sur les bancs de l’université qui les a unis. S’agit-il d’un roman fiction ou est en partie inspiré de faits réels ? où avez-vous puiser votre inspiration ? C’est un mélange de fiction et de réalité. J’y aborde sous un autre nom Ebola et comment nos vies auraient été impactées si cette épidémie avait fait plus d’une victime. Mon inspiration me vient principalement de ce que je vois, ce qui m’entoure. Des questions que je me pose également sur le sens de la vie et sur l’humain. Le fil rouge du roman reste l’amour. Pourquoi ce sujet ? Ah non ! Encore une fois le fil rouge du roman reste l’amitié. Il gèlera en enfer avant que je n’écrive une histoire d’amour (enfin, c’est ce que je disais). Le roman a obtenu le Prix Aminata Sow Fall pour la Créativité 2017 et est aussi finaliste du prix Orange 2020. Comment avez-vous vécu ces distinctions ? Avec surprise et peur. On dit que les belles choses de la vie arrivent quand on s’y attend le moins. C’est ce qui m’est arrivé avec ces deux distinctions. Avec peur, parce que je sais que c’est un encouragement à mieux faire et une mise en garde, même si cette mise en garde, c’est moi-même qui me l’adresse. Je sais que désormais, je n’ai pas le droit de donner moins que le meilleur de moi-même. Quel conseil donneriez-vous aux jeunes sénégalais qui veulent se lancer dans l’écriture ? Lisez. Lisez. Encore une fois lisez. Il n’y a pas de secret. Il faut beaucoup lire. Apprendre des autres. Maîtriser ses classiques, se construire une base, découvrir ce qui se fait ici et ailleurs. Lire… L’intrigue de votre roman se déroule en période d’épidémie. Nous vivons actuellement la pandémie de la COVID 19, quelles leçons faut-il tirer de la situation ? Il est vrai que l’on vit actuellement dans le contexte de Ces moments-là. C’est très effrayant quand on quitte la fiction pour une réalité similaire. Les leçons qu’il faudrait en tirer ? Être plus rigoureux que certains des personnages du roman et suivre à la lettre les instructions des autorités sanitaires. Il est plus que jamais important de se considérer comme le gardien de son frère. Comment nos lecteurs vivant au Sénégal et à l’étranger peuvent-ils pour acquérir « Ces moments-là » ? Ces moments-là est disponible chez Harmattan pour les lecteurs vivants au Sénégal. Pour ceux qui sont à l’étranger, c’est aussi disponible à la Fnac et sur le site de Harmattan France. Biramawa vous remercie. Quel est votre mot de la fin ? Je vous remercie encore une fois pour cette interview. Vous encourager également dans cette aventure que vous venez de commencer. BIRAMAWA MAGAZINE - 33
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DIPLOVAR N°2 DiploVar ou un regard aiguisé sur l’actualité internationale Politique, Sciences Politiques, Relations Internationales, Humanitaire, votre nouvelle rubrique incontournable vous offre plus que des informations, une analyse pertinente des interactions géopolitiques qui vous entourent. Quoi de mieux qu’un résumé des points essentiels de l’actualité internationale des 15 derniers jours, des faits historiques, des portraits de personnalités ayant marqué l’histoire des relations internationales pour mettre à jour vos connaissances et rendre vos débats chocs d’idées. Les points saillants, les immanquables de l’actualité internationale vous seront présentés de façon succincte de telle sorte que rien ne vous échappera. Pour ce deuxième numéro, une consultation du tableau de la VAR Diplomatique nous annonce les informations suivantes : COVID19 : A ce jour, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles, la pandémie du coronavirus a fait au moins 561.551 morts dans le monde depuis que le bureau de l’OMS en Chine a fait état de l’apparition de la maladie fin décembre. Plus de 12.580.980 cas d’infection ont été officiellement diagnostiqués dans 196 pays et territoires. 34-BIRAMAWA MAGAZINE Le Président Brésilien Jair Bolsonaro qui avait minimisé et traité le coronavirus de « grippette », a été testé positif, longtemps critiqué pour sa gestion irresponsable de la covid, le brésil compte à ce jour 60.000 morts. Par ailleurs, Les pharmacies sont autorisées à réaliser des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) qui permettent de savoir, en quelques minutes, si l’on a fabriqué des anticorps contre le coronavirus. Un épidémiologiste et un spécialiste de la santé animale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sont actuellement en Chine pour une mission exploratoire visant à déterminer l’origine du nouveau coronavirus. MALI : Le Mali traverse une période de tensions depuis les élections législatives de mars dernier qui aggrave une situation déjà délicate compte tenu de la présence de djihadistes. Plusieurs figures de l’opposition malienne ont été arrêtées samedi 11 juillet 2020, au lendemain d’une journée de mobilisation émaillée de troubles quasi insurrectionnels qui ont fait quatre morts. Le Premier ministre malien a déclaré vouloir former «très rapidement» un gouvernement d’ouverture. Pour apaiser la tension, Le Chef de l’État Ibrahim Boubacar Keïta a décidé d’abroger les décrets de nomination des membres restants de la Cour Constitutionnelle afin de trouver une solution diligente au contentieux électoral issu des dernières législatives dans un discours à la nation. USA/OMS : Donald Trump a officiellement lancé la procédure de retrait des États-Unis de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), mettant à exécution ses menaces de quitter l’agence onusienne qu’il accuse d’avoir tardé à réagir face à la pandémie de coronavirus. Des responsables de santé et des adversaires du président ont critiqué sa décision de retirer le plus gros contributeur de l’organisation basée à Genève, responsable de la lutte mondiale contre les maladies et contre le Covid-19 qui continue à se répandre dans le monde. BURKINA FASO : l’Organisation humanitaire Human Rights Watch a déclaré mercredi 8 juillet que des fosses communes contenant au moins 180 corps ont été découvertes à Djibo au nord du Burkina Faso, suite à des exécutions extrajudiciaires menées par les forces de sécurité gouvernementales. Ces personnes sont majoritairement d’origine PEUL, un ciblage ethnique selon certains car accusés d’aider les Jihadistes. Les autorités ont décidé d’ouvrir une enquête. La CHINE VS HONG KONG : La Chine ignore les critiques et impose sa loi sur la sécurité à Hong Kong, alors que l’accord avec le Royaume Uni prévoyait que pendant un demi-siècle, le territoire serait gouverné selon le principe : un pays deux systèmes. Cette loi sur la sécurité destinée contre la sécession, la collision avec les forces étrangères, la subversion et le terrorisme, est assortie à de peines de prison à vie. Les hongkongais, seuls au monde face au rouleau compresseur de Pékin qui se refusant toute mesure de sanction, fait fi de la pression étrangère et impose son diktat malgré le durcissement du ton de l’UE et des USA. D’ailleurs, un Projet franco-allemand de riposte est actuellement en gestation et le Royaume Uni est prêt à offrir le refuge à 3 millions hongkongais. CÔTE D’IVOIRE : le décès du Premier Ministre Amadou Gon COULIBAY, qui était désigné comme le candidat du parti au pouvoir, à la présidentielle prévue en octobre 2020, plonge le pays dans une situation d’incertitudes. Le Président Alassane Ouattara est d’ailleurs invité à briguer un troisième mandat par son parti RHDP, on parle également de l’actuel Ministre de la Défense, Ahmed BAKAYOKO pour reprendre le flambeau. PAPE FRANCOIS : Suite à la décision controversée de la Turquie de convertir en mosquée, l’ex-basilique Sainte-Sophie, le Pape François s’est dit très affligé. Les paroles du pape représentent le premier commentaire du Vatican sur la décision controversée de la Turquie, qui a fait réagir à travers le monde. Œuvre architecturale majeure construite au VIe siècle par les Byzantins qui y couronnaient leurs empereurs, Sainte-Sophie est un site classé au patrimoine mondial par l’Unesco, et l’une des principales attractions touristiques d’Istanbul avec quelque 3,8 millions de visiteurs en 2019. Plusieurs pays, notamment la Russie et la Grèce, qui suivent de près le sort du patrimoine byzantin en Turquie, ainsi que les États-Unis et la France, avaient notamment mis en garde Ankara contre la transformation de Sainte-Sophie en lieu de culte musulman, une mesure pour laquelle le président turc Recep Tayyip Erdogan, issu d’un parti islamo-conservateur, milite depuis des années. ECO : L’éco sera-t-il un jour la monnaie unique de toute l’Afrique de l’Ouest ou ne restera-t-il au mieux qu’un avatar du franc CFA ? Quand fera-t-il son apparition sur les étiquettes et dans les porte-monnaie de cette région qui regroupe près de 400 millions d’habitants ? Alors que la réforme censée aboutir à la disparition du CFA progresse, les divergences entre les huit pays de la zone franc et le groupe réuni autour du Nigeria menacent de réduire l’ambition ou bien même d’enterrer ce projet. Iran : Une « erreur humaine », serait à l’origine du crash du vol PS-752, abattu peu après son décollage de Téhéran le 8 janvier, et qui a fait 176 morts. Une « erreur humaine », le mauvais réglage d’un radar militaire, est « l’élément-clé » à l’origine du drame du Boeing 737 ukrainien abattu le 8 janvier près de Téhéran (176 morts), selon un rapport de l’Aviation civile iranienne (CAO). SOUDAN : La mutilation des organes génitaux des femmes est à présent considérée comme un crime et sera passible d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison. Le Conseil souverain, la plus haute instance du pouvoir au Soudan, a approuvé, vendredi 10 juillet, une loi pénalisant l’excision, une pratique ancestrale qui reste très répandue dans le pays. Sources : Onu.org, le Point, les Podcasts Affaires étrangères et International de France Culture, Challenges.fr, le Point, le Monde ©Biramawa Magazine 2020 BIRAMAWA MAGAZINE - 35
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CV N° 1 Boubacar NDIR Economiste-Ingénieur en Econométrie Appliquée Tu es à la recherche d’un emploi? Biramawa magazine met cet espace à ta disposition pour te permettre de proposer ton CV aux entreprises qui recrutent. Tu peux donc envoyer ton CV par e-mail : contact@biramawa.com 36-BIRAMAWA MAGAZINE FORMATION 2017 - 2019 : Boubacar NDIR 26 ans | Sénégalais | Célibataire Economiste - Ingénieur en Econométrie Appliquée Profil Consciencieux et dynamique avec une grande passion pour la data et les logiciels, je mets en valeur mes compétences pour faire parler les données et fournir des éléments de réponse fiables et quantifiés. Disponibilité : Immédiat. Secteur d’activité : Fonction publique | Banque-Assurance | Audit-Conseil | ONG | Entreprises | OI | Centres de Recherche. Contrat souhaité : CDI | CDD | Intermittent. Temps de travail : Temps plein | Temps partiel | Alternance. Contactez-moi +221 77 800 43 07 +221 76 502 89 60 Golf, Cité Aliou SOW - Dakar boubacarndir7@gmail.com Langue Logiciels Econométrie : Panel - Temporelle - Qualitative - Spatiale - etc. Evaluation d’impact : Diff-in-Diff - Randomisation - Appariement. Système d’information géographique : Cartographie - Calcul de superficie - Géoréférencement - etc. Planification opérationnelle : Méthodes WBS, CBS et OBS. Recherche opérationnelle : Optimisation linéaire - Théorie des graphes - Problèmes de flot maximal et d’ordonnancement. Economie | Enquête | Analyse et traitement de données | Modélisation | Statistique | Microéconomie | Macroéconomie | Théorie des Jeux. Pack Microsoft Office & MsProjet - Internet Stata - R - Eviews - Sphinx - EpiData. Gretl - QGIS - ArcGIS - Statistica - SPSS. Delta - Matlab - Scilab - SAS - etc. INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES Président de l’Amicale des Etudiants de Mboro à l’UADB (2019). CENTRES D’INTERET Documentaire Lecture Jeux Vidéos Basketball Jogging BIRAMAWA MAGAZINE - 37 95% Master en Econométrie Appliquée option Economie du Développement. UADB, Diourbel, Sénégal. Mémoire : Les déterminants de l’investissement domestique privé en Afrique : prise en compte de la dimension spatiale. Mention Bien. 2014 - 2017 : Licence en Economie Appliquée spécialisation en Analyse et Politique Economique. UADB, Diourbel, Sénégal. Mémoire : Développement financier et croissance économique en Afrique de l’Ouest : quelques faits stylisés. 2014 : Baccalauréat Série S2. Lycée de Mboro, Thiès, Sénégal. EXPERIENCE PROFESSIONNELLE Oct - Nov 2018 : Stage à Orabank - Direction de la clientèle. Enquêtes | Questionnaire | Souscription OPV | Diverses opérations sous le logiciel Delta | etc. COMPETENCES
Magazine N°2 du 1 Juillet 2020

Magazine N°2 du 1 Juillet 2020


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SOMMAIRE Editorial Waly NDIAYE CEO Biramawa Njooko a jal,Jërëjëf, MERCI Edition spéciale Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Appel aux dons Entretien portrait 1 «En 2010, j’ai obtenu mon baccalauréat avec la mention très bien...» Ahmadou Bamba NDIAYE Contrôleur des Impôts et des Domaines Avis d’expert Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires étrangères «Covid-19 et le monde : je note des démonstrations de forces et une vulnérabilité à grande échelle.» Le coin d’autrui Ayoba FAYE Rédacteur en chef de Pressafrik « Quand l’Omnipotent entreprend de te caser à un point J, rien ne peut résister à Sa volonté.» Entretien portrait 2 Anna Thérèse CISS Directrice Magasin Auchan Retail Sénégal «Je suis la première recrue de Auchan Retail Sénégal» 2-BIRAMAWA MAGAZINE Thierno NGAMB Agriculture Agronome Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience Ces sénégalaises qui choisissent de devenir agricultrice Droit du Travail et de la Sécurité Sociale Alioune FALL Juriste d’Affaires Inspecteur du travail et de la Sécurité Sociale La prime de transport Veille et Intelligence des Affaires Chercheur en Marketing Stratégique – UGB Moustapha FAYE Placement publicitaire dans les séries télévisées sénégalaises Découverte Alioune MBOUP CEO Africa Tourism Solutions «ATS est une société de prestations touristiques et événementielles.» DIPLOVAR Un regard aiguisé sur l’actualité internationale BIRAMAWA MAGAZINE - 3
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EDITO 4-BIRAMAWA MAGAZINE Njooko a jal,Jërëjëf, MERCI Au moment où j’écris ces lignes, Biramawa compte 1905 abonnés sur les réseaux sociaux. Le principal avantage d’une publication en ligne est de savoir exactement combien de personnes ont visité le magazine et combien de temps elles y restent pour lire nos articles. Grâce à cette technologie nous avons pu également constater que notre audience a considérablement augmenté ces deux semaines. Eu égard ce qui précède je tenais à vous dire merci chers lecteurs. Car la confiance qu’on nous accorde c’est grâce à vous. Alors continuez à nous lire, à nous faire part de vos impressions, encouragements et à partager nos publications. Cet engouement nous incite à nous améliorer. C’est pourquoi nous ne ménagerons aucun effort pour assurer la qualité du magazine et rester fidèle à nos objectifs que sont : ‒ Rester une tribune pour les professionnels passionnés ‒ Être une « lanterne » pour les jeunes en quête de vocation ‒ Vulgariser la vie sociale sénégalaise ‒ Mettre en exergue les initiatives Je remercie également tous les contributeurs qui, sans nul doute, par la qualité de leurs interventions, ont su susciter cet engouement auprès des lecteurs. Je me rappelle vous avoir contacté et sans hésiter vous avez adhéré au projet. D’aucuns se sont mêmes portés volontaires alors que j’en étais qu’au stade d’idées. Pour finir j’en profite pour vous informer, chers lecteurs, que l’équipe Biramawa s’agrandit. A partir de ce second numéro nous avons le plaisir d’accueillir la rubrique « Droit du travail et de la sécurité sociale » de Monsieur Alioune FALL. Waly NDIAYE CEO Biramawa L’ÉQUIPE BIRAMAWA Serigne Amar Mbacké SARR Chercheur en Droit privé Expert maritime en formation Ayoba FAYE Journaliste d’investigation – Rédacteur en chef Pressafrik Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB Omar Mallé SAKHO Doctorant à l’Université Cheikh Anta Diop, Laboratoire LARHISA. Thierno NGAMB Agronome, Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience Guilaye TINE Designer-Digital Marketer-Telemarketer CEO IN'FINITY Djiby SADIO Photographie CEO Studio 13 Alioune FALL Juriste d’Affaires Inspecteur du travail et de la sécurité Sociale contactez nous:contact@biramawa.com BIRAMAWA MAGAZINE - 5
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EDITION SPECIALE Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Le magazine Biramawa à travers sa rubrique " Edition spéciale "a souhaité donner la voix à la Pouponnière "Vivre Ensemble "de Mbour. Créée en 2002 la pouponnière est un "lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman ". Confrontée à des difficultés à cause de la crise sanitaire, la pouponnière fait appel à toutes les bonnes volontés. Vivre Ensemble – La Pouponnière de Mbour La Pouponnière de Mbour a vu le jour en Janvier 2002, Michèle BURON-MILLET en est la créatrice. C’est un lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman. Elle permet aux orphelins de mère ou aux enfants dont la maman ne peut pas s’occuper (pour des raisons gravissimes), de vivre protégés, leurs premières années de vie si fragile, avant de regagner leur famille au bout d’un à deux ans. Très rapidement, l’association se développe et il apparaît que tous les enfants ne peuvent rentrer chez eux (rejet de la famille ou mauvaises conditions d’accueil). En 2003, les Unités Familiales sont créées pour prendre le relais et s’occuper de ces enfants qui sortent de la Pouponnière, mais ne peuvent pas rentrer en famille. Avec le temps la Pouponnière a acquis une certaine notoriété au vu du sérieux des professionnels. Aujourd’hui la Pouponnière compte 136 salariés et 148 enfants. Vivre Ensemble c’est aussi et avant tout un séjour de rupture, crée en 2001 pour des jeunes français en dif8-BIRAMAWA MAGAZINE ficultés. Ils restent durant 9 mois et participent à des chantiers humanitaires (reconstruction, réhabilitation dans les villages ), ils sont aussi amenés à faire un stage dans la pouponnière. L’objectif étant de les remobiliser et de les valoriser à travers l’aide apporté à la population locale défavorisée. Le projet est double et complémentaire, en effet une grande partie du financement des frais de fonctionnement de la Pouponnière provient du séjour de rupture lui même. En raison de la situation sanitaire mondiale l’équipe de direction de Vivre Ensemble a dû prendre des mesures rapidement. Début mars l’association s’est vue fermer ses portes aux visiteurs, nombreux chaque jour et en provenance d’Europe. Il a fallu ensuite faire de même pour l’accueil des bénévoles, une quarantaine par mois à nous apporter leur soutien. Enfin depuis maintenant le mois de mars le confinement des enfants et du personnel c’est organisé. Notre souhait comme toujours est de préserver nos enfants, mais aussi le personnel qui s’en occupe. Nous avons réussi à composer une équipe de volontaires pour rester confinés. Aujourd’hui 250 personnes sont au centre, dont 148 enfants. L’ensemble du personnel est mutuellement très solidaire, ils sont comme une grande famille. Et ce malgré l’inquiétude pour leur famille respective à l’extérieur. Nous nous devons maintenir les salaires. Pour les salariés sur place mais aussi tout ceux, qui de chez eux, sont au chômage technique et pour qui nous souhaiterions maintenir le salaire initial. Nous devons aussi assurer l’approvisionnement de l’association en denrées alimentaires, produits d’entretien, d’hygiène, médicaments. Cette situation engendre une augmentation considérable nos dépenses quotidiennes, pour lesquelles nous avions déjà des difficultés de prise en charge tout au long de l’année. Du fait de l’absence de visiteurs et de bénévoles, nous constatons une baisse des dons au quotidien. Nous gardons aussi en tête que les jeunes accueillis en séjour de rupture peuvent à tout moment être rapatriés en France, en fonction de l’ évolution de la situation. L’avenir de la Pouponnière en deviendrait alors très incertain. Nous sommes en permanence à la recherche de soutien pour nous aider dans la prise en charge des frais de fonctionnement et le maintien des activités de l’association. Les sources de financements : (Budget total annuel 291 332 806 FCFA) ‒ Vivre Ensemble Madesahel, séjour de rupture : 44 % du budget total de la Pouponnière. ‒ L’état Sénégalais 10 000 000 CFA ‒ L’association Louly l’Ecole au Sénégal , tous les frais liés à la scolarité des enfants : 5 262 087 FCFA (année scolaire 2018-2019) ‒ La Banque Mondiale 4 520 000 CFA en 2019 ‒ 270 parrains pour environ 51 085 900 CFA par an ‒ Le reste des financements dépendent des dons de particuliers et entreprises. Nous contacter : ‒ Accueil : + 221 33 957 31 36 ‒ E-mai : contact@lapouponnieredembour.org ‒ Responsable communication : Arnoult Mathilde ‒ Tel : + 221 77 881 83 60 Nous aider : ‒ Orange Money : + 221 77 500 19 32 ‒ Faire un don en ligne :https://www.helloasso.com/ don/associations/vivre-ensemble-la-pouponniere ‒ Notre site Voici quelques chiffres : Effectif de la Pouponnière : ‒ La Pouponnière : 91 bébés de 0 à 2 ans. ‒ Les Unités Familiales : 37 enfants de 2 à 6 ans. ‒ La Grande Enfance : 20 enfants de plus de 6 ans. ‒ Enfants accueillis en ce moment : 148 ‒ Enfants accueillis et sauvés depuis janvier 2002 : 1 260 ‒ Employés à la Pouponnière : 136 pouponnieredembour ‒ Devenir parrain ‒ Faire un don par virement bancaire : IBAN : FR76 4255 9100 0008 0040 4472 464 BIC : CCOPFRPPXXX Intitulé du compte : Vivre Ensemble, la Pouponnière internet: http://www.lapouponnieredembour.org ‒ Notre page facebook: https://www.facebook.com/ BIRAMAWA MAGAZINE - 9
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ENTRETIEN POTRAIT 1 Ahmadou Bamba NDIAYE Contrôleur des Impôts et des Domaines «En 2010, j’ai obtenu mon baccalauréat avec la mention très bien...» Ahmadou Bamba NDIAYE est Contrôleur des Impôts et des Domaines. Dans cet interview il revient sur son parcours de formation marqué notamment par l’obtention en 2010 du Diplôme de Baccalauréat avec la mention Très Bien. Bamba adresse également des conseils aux jeunes qui souhaitent exercer la même profession que lui. Qui est Ahmadou Bamba NDIAYE ? Je suis un jeune sénégalais de 30 ans, marié et père de deux enfants. Je suis né à Tivaouane. Mais j’ai grandi entre Dakar, Thiès et Saint Louis. Je suis un talibé mouride, passionné par la déclamation des panégyriques de mon homonyme. Passionné aussi de films, séries, de sport, de littérature entre autres passions. « A l’âge de 06 ans, je suis allé à l’école coranique communément appelée « daaraa » pour y être initié à l’apprentissage du Saint Coran, de la sounna ou tradition prophétique ainsi que les sciences islamiques diverses. » Quel poste occupez-vous actuellement ? Actuellement, je travaille comme Contrôleur des Impôts et des Domaines au Centre des Services Fiscaux de Mbour. Je suis affecté au Bureau des Domaines dudit CSF depuis juillet 2016 où j’anime l’Unité de Gestion des Procédures domaniales numéro 01, concernant les communes de DIASS, SINDIA, POPENGUINE-NDAYANE, NGUEKOKH, MALICOUNDA, MBOUR, SANDIARA, THIADIAYE, SESSENE, NDIAGANIAO, FISSEL ET JOAL-FADIOUTH. Pouvez-vous revenir sur votre parcours de formation ? Et Ou avez-vous effectué vos études ? A l’âge de 06 ans, je suis allé à l’école coranique communément appelée « daaraa » pour y être initié à l’apprentissage du Saint Coran, de la sounna ou tradition prophétique ainsi que les sciences islamiques diverses. Après deux ans de formation, mon père m’a inscrit à l’école primaire dénommée POINT E 2. Après un séjour de quatre années dans ledit établissement, mon père a été affecté à Thiès et je suis allé le rejoindre. J’y ai fait les classes de CM1 et CM2. Après l’obtention de mon CFEE, en 2003, je suis allé au collège MBOUR 01, situé non loin de la maison familiale. Remarque, cette année 2003 a fortement marqué mon existence dans la mesure où j’y ai remporté pas mal de prix, notamment un concours national en arabe et un autre en éducation artistique organisé par le FNUAP. Jusqu’à cette année, j’alliais les études françaises et celles coraniques. Ce qui n’était pas facile du tout, combinaison qui me prenait également beaucoup d’énergie et de temps mais je savais que c’était mon intérêt personnel et ma formation spirituelle qui étaient en jeu. Ce qui m’a aidé à le supporter sans trop me plaindre. En 2007, j’ai eu mon BFEM avec comme particularité le fait que j’étais premier de mon centre d’examen. Une année auparavant, ma grande sœur avait réussi le même exploit en étant, elle aussi, première du même Centre. A l’époque, j’avais commencé à m’intéresser à l’interprétation musicale et il n’était pas rare de me voir sur le podium des journées culturelles scolaires reprendre des chansons célèbres. Le BFEM en poche, je suis allé au mythique et célèbre Lycée Malick SY de Thiès poursuivre mes études. Après trois années intenses et passionnantes passées à la vitesse de la lumière, j’ai obtenu mon baccalauréat, série L ‘1. Un exploit, j’ai envie de dire, s’est produit en 2010 lors de l’examen du Baccalauréat. Pouvez-vous nous en parler ? Mdr. En 2010, j’ai obtenu mon baccalauréat avec la MENTION TRÈS BIEN, avec une moyenne de 16, 04 devenant, encore une fois de plus, premier de mon Centre d’examens. Une chose assez rare chez un bachelier contemporain. BIRAMAWA MAGAZINE - 11
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Comment avez-vous accueilli cette belle réussite ? Vos proches devaient-être très fiers de vous ? A vrai dire, cette mention ne me surprenait guère car cela était juste venu consacrer et récompenser une dure année de travail acharné, ou j’étais à cheval entre trois classes dans lesquelles je suivais des cours en même temps, sans compter que j’étais inscrit à deux cours spéciaux de renforcement histoire de rehausser mon niveau. Mes parents, par contre, mes amis, ma famille de manière générale, ils étaient extrêmement contents, heureux et fiers de moi. Pour eux, cela relevait de l’ordre de l’exploit alors que pour moi, le résultat accompli était juste proportionnel aux efforts soutenus et résolument fournis en cours d’année. Pouvez-vous partager le secret de cette belle réussite avec nous ? D’aucuns se sont empressés de dire : « Oh c’est juste un génie, rien de plus ». Mais le génie, comme disait un de mes profs, est composé de 70% de travail sans relâche et de 30 %, à peine, de relaxation, de repos, après le sentiment d’un travail bien accompli. Pour obtenir ce que les autres n’ont pas eu, il faut faire beaucoup plus d’efforts que les autres, c’est tout. A l’époque, nous faisions des journées continues allant de 08 h a 14 h. Ensuite, je faisais des cours de renforcement entre 14h et 16 h. Une fois à la maison et après un petit repos, le groupe de travail restreint que nous avions constitué, se réunissait au CEM HLM ROUTE DE MBOUR, histoire de réviser à fond les leçons écrites le matin et faire le maximum d’exercices possible en maths, anglais, espagnol et philo surtout. Il s’agissait d’un groupe très sérieux et dynamique qui mettait en avant la réussite collective sur toute autre considération ou aspiration susceptible d’intéresser des jeunes de notre âge d’alors, 20 ans. « …le génie, comme disait un de mes profs, est composé de 70% de travail 12-BIRAMAWA MAGAZINE sans relâche et de 30 %, à peine, de relaxation, de repos, après le sentiment d’un travail bien accompli. Pour obtenir ce que les autres n’ont pas eu, il faut faire beaucoup plus d’efforts que les autres, c’est tout. » D’après vous peut-on réussir dans les études et avoir à la fois une vie sociale épanouie en tant que jeune? Tout dépend essentiellement de l’angle sous lequel on analyse la notion d’épanouissement. Nous avons eu une enfance et une adolescence très épanouies. Notre principal centre d’intérêt était la lecture de romans, de livres de tout acabit et le cinéma. Une fois à l’Université aussi, nous étions dans les mouvements culturels et cultuels mourides au sein desquels nous avons vécu des expériences inoubliables et ressenti des émotions extrêmement fortes. Vous avez fait des études en Droit à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Pourquoi avoir choisi ce parcours ? Dans notre famille, presque tout le monde a suivi des cours de droit. Mon père, mon grand frère, ma grande sœur et ma petite sœur. Pour vous dire que le droit occupe une place prépondérante, fondamentale dans nos vies. Au début, l’idée était de faire une année de droit à l ‘UGB puis, soit de partir en France y poursuivre mes études, soit de changer de discipline et d’aller titiller les Sciences Politiques. Mais après une année de droit, j’ai chopé le virus et développé un amour incommensurable pour les sciences juridiques. En plus, je me suis vite rendu compte que les études de Droit m’offraient de belles perspectives de carrière avec toutes sortes de débouchées les unes aussi intéressantes que les autres. Et donc, j’ai poursuivi l’étude des sciences du droit et sans regrets ultérieurs, aucun. Il y avait un équilibre parfait entre mes différentes activités, entre mes centres d’intérêt : études, dahiras, sport. Il y avait une fraternité sincère entre étudiants, une entraide pérenne et une culture permanente de l’excellence. C’est cela qui m’a le plus marqué et manqué, venant de l’UGB. Parlons maintenant de votre parcours professionnel. Que s’est-il passé ensuite ? En 2013, après l’obtention de ma licence en droit des entreprises privées et suite au rappel à Dieu de mon vénéré père, j’ai dû suspendre les études pour des raisons sociales. Je suis ainsi allé faire le prestigieux concours de l’ENA où j’ai, par la suite, réussi à intégrer le cycle B, de la section Impôts et Domaines de la Division Économique et Financière. Après deux ans de formation, j’ai été mis à la disposition du Centre des Moyennes Entreprises sis à Ouakam. Après un court séjour de 06 mois, j’ai ensuite été affecté au CSF de Mbour où je sers depuis juillet 2016, comme relaté ci-dessus. « Pour occuper le même poste, il faut juste avoir fait la formation à l’ENA, le reste viendra progressivement notamment avec l’expérience acquise au Bureau et sur le terrain[...]Privilégier aussi, au cours de leur cursus, les filières juridiques, politiques et économiques. Mais, au-delà, tous les profils sont éligibles et susceptibles de travailler à la DGID. » Pouvez-vous revenir sur votre vie d’étudiant à l’UGB ? Vous devez être nostalgique ? Oh que oui. J’ai passé à l’Université les plus belles années de mon existence. Quelles sont vos missions ? Mon travail tourne autour des tâches suivantes : -Accueil, information et orientation des -clients ou usagers du service public ; -Instruction des demandes de bail et de cession définitive ; -Instruction des demandes d’autorisation de céder ou d’hypothéquer des droits réels immobiliers ; -Instruction des demandes d’autorisation de construire, de lotir, de simple division et d’ouverture et d’exploitation de mines et carrières ; BIRAMAWA MAGAZINE - 13
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-Instruction et gestion du contentieux en matière domaniale ; -Liquidation et suivi des paiements d’impôts et de taxes dus pour occupation du domaine de l’État et, accessoirement, du domaine public maritime et fluvial. Quels sont les prérequis pour occuper le même poste ? Pour occuper le même poste, il faut juste avoir fait la formation à l’ENA, le reste viendra progressivement notamment avec l’expérience acquise au Bureau et sur le terrain. Une formation préalable ou postérieure en droit ou en économie peut se révéler d’une certaine utilité. Une bonne culture générale aussi diverse que variée ne serait pas de trop. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui souhaitent exercer le même métier ? Mon conseil serait de travailler, d‘encore travailler et de toujours travailler comme le préconisait le Président WADE. Comme le dit l’adage populaire, seul le travail paie mais aussi, après l’effort, le réconfort. Privilégier aussi, au cours de leur cursus, les filières juridiques, politiques et économiques. Mais, au-delà, tous les profils sont éligibles et susceptibles de travailler à la DGID. Et enfin, préparer sérieusement et rigoureusement le concours de l’ENA qui est un brin difficile. Au-delà de votre vie professionnelle quels sont vos hobbies ? En dehors de mon travail, mes activités essentielles tournent autour du sport, de la lecture, du visionnage de films et séries et enfin, de la participation aux activités cultuelles (relevant du Culte, de la foi) et culturelles de mon dahira. Je suis aussi passionné de débats politiques, économiques, culturels. 14-BIRAMAWA MAGAZINE Étant un fédérateur né, j’aime aussi réunir les gens, surtout ceux qui me sont chers, autour de sujets ou d’intérêts communs. Les pays du monde notamment le Sénégal font face à une situation très grave (COVID 19). Quels sont d’après vous les impacts de cette pandémie sur le plan fiscal ? Le monde connaît effectivement une crise sanitaire sans précédent. Dans le contexte de la mondialisation, le monde étant devenu un village planétaire, le Sénégal ne pouvait pas échapper à cette vague de contamination virale. Dès le début de la crise, les grandes nations européennes nous avaient prédit de nombreux morts. Mais les sénégalais ont fait preuve de courage, de responsabilité, d’abnégation et de professionnalisme dans la gestion de cette pandémie. Cela s’est traduit par des statistiques croissantes de cas d’infectés certes mais maitrisés par nos services de santé, avec une nette amélioration de la qualité de traitement des malades. Le Président de la République a pris une batterie de mesures parmi lesquelles la plus notable sans doute est l’annulation d’une valeur de 200 milliards représentant des dettes fiscales. Les recettes fiscales, du point de vue de leur recouvrement ont fortement chuté. Les pénalités ont assez souvent fait l’objet de renonciation au nom de la clémence administrative. Les effectifs ainsi que le temps de présence au Bureau ont été fortement réduits. Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin Je vous remercie infiniment pour m’avoir donné la possibilité de m’exprimer sans détours et de véhiculer certaines de mes idées sur cette plateforme. Je prie Dieu pour qu’il nous aide à combattre et repousser à jamais cette maladie mais aussi qu’il nous aide à gravir les échelons d’une réussite optimale, sans embuches, ambages ni anicroche. AVEC E.C.C.A, L’ASSURANCE DEVIENT ACCESSIBLE À TOUS DES SOLUTIONS OPTIMALES D’ASSURANCE POUR LES PARTICULIERS ET LES ENTREPRISES Découvrez toutes nos offres sur www.ecca-online.com ou contactez-nous par mail à l’adresse contact@ecca-online.com BIRAMAWA MAGAZINE - 15
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AVIS D’EXPERT 16-BIRAMAWA MAGAZINE COVID-19 ET LE MONDE : JE NOTE DES DÉMONSTRATIONS DE FORCE ET UNE VULNÉRABILITÉ A GRANDE ÉCHELLE Le Coronavirus secoue la planète ! 2020 ou l’année de la pandémie ! Ces « UNE » alarmantes ont fini par polluer notre quotidien. Je crois qu’il n’est pas exagéré d’accepter que la crise sanitaire actuelle est la plus importante de ces trois dernières générations. Beaucoup pourrait en effet être dit sur le CORONAVIRUS : son apparition, sa propagation ou encore ses innombrables conséquences. Mais un regard avisé arriverait à un constat simple : le VIRUS met en exergue des réalités déjà existantes. UN JEU DE PUISSANCE…COMME TOUJOURS Pour avoir une idée sur les démonstrations de force durant cette période que nous traversons, il suffit de jeter un regard sur les plans de sauvetage économique initiés un peu partout mais aussi les gros efforts fournis par les Puissances pour réaliser des infrastructures tape à l’œil. LA RIPOSTE ECONOMIQUE Début avril 2020 : la moitié de l’humanité est confinée. Cette situation engendre inévitablement une diminution des activités professionnelles, des productions, des services. Pour pallier cette situation complexe, de nombreux États et organisations internationales ont mis en place des politiques économiques de riposte. Ainsi, le 18 mars 2020, la Banque Centrale Européenne annonce un plan de sauvetage à hauteur de 870 milliards d’euros (toutes mesures confondues) tandis que la Commission européenne a présenté un plan d’emprunt commun le 27 mai 2020. Le 25 mars 2020, une enveloppe 2.000 milliards de dollars est débloquée par le trésor étasunien pour venir en aide aux particuliers, aux entreprises, et tenter de compenser une hausse temporaire de 3,3 millions de chômeurs. A Pékin, la stratégie de relance économique pour surmonter l’impact de la pandémie combine des investissements dans des technologies innovantes telles que la 5G ou la construction de routes. La construction de dizaines de nouvelles centrales au charbon est annoncée dans le cadre d’un plan de relance pour son économie de 50 billions de yuans (6,5 milliards d’euros). Coté africain, certains pays ont fait preuve de leur capacité à gérer cette crise sanitaire, même si ici, le jeu de puissance est très…très discutable. Les États africains continuent quand même de prendre un certain nombre de mesures. Par exemple, face à la propagation du coronavirus, le Gouvernement ivoirien a annoncé un plan de soutien à l’économie de 650 milliards FCFA, dont 300 milliards FCFA dédiés explicitement aux filières agricoles, selon un communiqué officiel. Au Sénégal, dès le 23 mars, les Élites ont annoncé la création d’un Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du COVID-19 (FORCE-COVID-19) doté de FCFA 1 000 milliards (€ 1,5 milliard). Une enveloppe de FCFA 50 milliards (€ 76 millions) a été consacrée à l’achat de vivres pour l’aide alimentaire d’urgence. Ces efforts africains analysés à l’échelle mondiale pourraient être minimes, mais entre pays voisins, ils valent leur pesant d’or. L’intérêt de ces plans de sauvetage est double. Premièrement, il s’agit bien sûr de sauvegarder le plus possible l’économie du pays en vue d’une reprise des activités dans un futur proche. Mais ne nous trompons pas, Il s’agit ici d’un jeu du paraître. Mettre en place des plans de sauvetage de valeurs très importantes est synonyme de puissance économique et, par conséquent, de consolidation d’une place de meneur de rang mondial en ces temps de crise. INFRASTRUCTURES HOSPITALIÈRES ET RECHERCHE DU VACCIN MIRACLE La capacité d’un pays à gérer la pandémie est un enjeu international. Chaque pays souhaite se positionner comme figure de proue de la lutte contre le virus. Cette course à la sortie de crise est particulièrement illustrée par les gestions des systèmes hospitaliers. BIRAMAWA MAGAZINE - 17
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En ce sens, la Chine a réalisé l’exploit logistique de construire un hôpital « en dur » à Wuhan, ville apparemment originelle du virus, du 24 janvier au 2 février 2020, soit en dix jours. Ce dernier fait 25 000 mètres carrés, a une capacité de 1 000 lits et a nécessité 4 000 ouvriers jour et nuit. Par ailleurs, la Chine a spécialement construit un second hôpital, mis en service le 6 février 2020 à Wuhan, d’une capacité avoisinant les 1 500 lits. Les deux hôpitaux auraient coûté l’équivalent de 39 millions d’euros au Gouvernement. Nous sommes en avril 2020.L’’USNS Mercy est amarré à Los Angeles alors que l’USNS Comfort rejoint New York. Disposant chacun de 12 blocs opératoires et de 80 lits de soins intensifs, ces anciens pétroliers, construits en 1976 et convertis en navires-hôpitaux au milieu des années 1980, peuvent accueillir un millier de patients au total. Côté européen, après le montage d’un hôpital militaire à Mulhouse –France- de nombreux ponts aériens s’effectueront pour transférer des malades entre la France et l’Allemagne. Il faut aussi noter la construction d’un hôpital en préfabriqué à Golokhvastovo, au sud-ouest de Moscou, d’une capacité prévue de 500 lits, pour un coût estimé par le Kremlin à l’équivalent de 105 millions d’euros. Cette construction intervient alors même que la Russie n’enregistrait « que » 130 décès pour 2 186 cas confirmés au 12 avril 2020. Ces infrastructures ont certes un but sanitaire mais ils se présentent aussi comme des symboles de puissance. La construction d’un hôpital d’une taille conséquente en un temps record est un luxe ostentatoire que seules certaines puissances peuvent se permettre. La recherche de vaccin est aussi à l’ordre du jour. C’est simple : la découverte de ce miracle offrirait à un pays une tribune mémorable. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio GUTERRES, a été clair : un vaccin sûr et efficace serait « le seul outil permettant un retour du monde à un sentiment de normalité ». Il « sauverait des millions de vie » et économiserait « des milliards innombrables de dollars ». 18-BIRAMAWA MAGAZINE Une petite recherche permet de constater qu’il y a plus de 100 projets en lice dans le monde, une dizaine d’essais cliniques déjà en cours et l’espoir de disposer, d’ici quelques mois, d’un vaccin efficace : jamais la recherche vaccinale n’aura été aussi massive et rapide. Dans ce contexte, le Géant Chinois s’illustre encore : dans le vaste complexe pharmaceutique Sinovac Biotech, des équipes travaillent jour et nuit. Le laboratoire pharmaceutique coté au Nasdaq a annoncé qu’il était prêt à produire 100 millions de doses de vaccin par an sous le nom commercial de « Coronavac ». Mais ce n’est pas tout : le laboratoire pharmaceutique américain Pfizer indique déjà qu’il mise sur la production de 10 à 20 millions de doses de vaccin expérimental d’ici la fin de l’année 2020. UNE VULNÉRABILITÉ A GRANDE ÉCHELLE En France, l’Institut Pasteur démarrera des essais cliniques pour son projet de vaccin le plus avancé en Juillet et espère des premiers résultats en octobre, selon sa coordinatrice. Certains pays pré achètent des stocks du vaccin avant même qu’il ne soit découvert et fabriqué. Le même scénario se retrouve dans les quelques rares pays où se trouvent des fabricants de vaccins : accaparement des stocks, commandes avant production, financement de la recherche pour bénéficier de la priorité sur les autres. Il faut montrer ses atouts et les rapports de force sont, comme toujours, perceptibles. Seulement, au-delà de toute cette bataille, une réalité est persistante. « Les grands acquis de l’homme tout comme les plus petits peuvent disparaître en un clignement d’œil ». Cette vérité est plus que jamais perceptible. Un virus est en effet venu changer radicalement la perspective. En quelques jours, on a noté des frontières fermées, tout un monde ou presque placé sous couvre-feu, des humains isolés les uns des autres et l’adoption unanime du télétravail. Aucun lobby d’aucune sorte n’a été consulté, même pas pour la forme, aucun passe-droit n’a été accordé. Les prévisions économiques prévoient que la croissance mondiale pourrait être réduite de moitié cette année, à 1,5% contre une prévision antérieure de 3 %. Selon la CEA, le COVID-19 pourrait faire chuter les recettes d’exportation de combustibles de l’Afrique à environ 101 milliards de dollars en 2020. Elle ajoute que les envois de fonds et le tourisme seront également touchés, car le virus continue de se propager dans le monde entier, ce qui entraîne une diminution des flux d’IDE, une fuite des capitaux, un resserrement du marché financier intérieur et un ralentissement des investissements - donc des pertes d’emplois. Tout ça à cause d’un petit virus. Un retournement de situation aussi spectaculaire montre parfaitement à quel point les acquis essentiels du développement humain peuvent être remis en question. Nous sommes tous semblables face à une telle catastrophe, peu importe nos différences du point de vue ethnique, religieux, financier et encore...Il n’existe ni de « grands » ni de « petits » mais simplement des Humains, parfaitement vulnérables. Selon Hervé Desbois « La vie est un bon professeur. Encore faut-il savoir l’écouter ». Des changements devront être opérés, sous plusieurs aspects de notre vécu quotidien. Mais encore faudrait-il s’en persuader car après tout, des catastrophes on en a connu dans l’histoire. Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires étrangères BIRAMAWA MAGAZINE - 19
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Coin D’AUTRUI Bonzzzouuurrr warahmatullah, chers lecteurs, lectrices du Quinzomadaire Biramawa… Nous en étions où lors de la première prise de contact ? Ah oui, j’avais atterri à Walf Grand’Place après n’avoir jamais voulu devenir un journaliste. C’est vous dire combien le destin peut être persuasif et ténu. Quand l’Omnipotent entreprend de te caser à un point J, rien ne peut résister à Sa volonté. Toutefois, Il ne t’y dépose pas souvent directement. Et c’est souvent là que se trouve la différence entre les Uns et les Autres. Du point A, à celui où vous serez assigné dans les limites du temps qui vous est imparti dans cette vie, il y a un parcours, des épreuves, des écueils, des obstacles…N’ayez pas peur d’eux. Faites-en vos meilleurs alliés. Car ils sont là pour forger celui que vous serez demain. Et d’habitude, c’est ce dernier que la postérité et l’histoire retiendront. La galère était mon plus fidèle compagnon Je n’ai pas atterri au Groupe Walfadjiri juste après ma licence en Journalisme et Communication. Comme je l’ai indiqué dans le premier numéro de votre Magazine, le journalisme ne m’intéressait pas vraiment. La preuve, pendant les vacances des Première et Deuxième années d’étude à l’ISC, au moment où mes promotionnaires cherchaient et effectuaient des stages dans les rédactions de Presse écrite, 20-BIRAMAWA MAGAZINE Radios et Télévisions de la place, moi je me précipitais dans les Niayes de Mboro pour jouer les Navétanes (championnats populaires de football entre quartiers organisés sur toute l’étendue du territoire sénégalais pendant les vacances scolaires et académiques). Je m’accrochais à un rêve qui me fuyait. Mais il est souvent très difficile de se départir d’une passion de jeunesse. Jusqu’au jour où le destin vous met en face d’un gigantesque mur noir et que vous réalisez ensuite qu’il n’y a plus qu’une seule possibilité pour continuer :Retourner en arrière et Tourner la page. Bref, après la Licence, j’ai déposé mon pauvre CV dans des agences de Communication et de Web Marketing, dans des Centres d’appel etc. Espérant naïvement, que mon téléphone allait sonner d’un jour à l’autre pour un entretien. Après trois mois, le seul appel que j’ai reçu venait d’un célèbre Centre d’appel niché à Dakar. Quand j’ai vu l’indicatif 33 8…, j’ai aussitôt sursauté du lit. De l’autre bout du fil, un gars me demande de confirmer l’identité qu’il y avait sur mon CV. Dès que ce fut fait, il me demande si j’étais prêt pour entretien téléphonique. Je lui sers avec assurance un grand OUI. La suite fut catastrophique. Je butais sur les mots, ne savais même pas quoi répondre sur certaines questions d’actualité, tergiversais avec une voix tremblotante. Ce fut tout simplement lamentable. Par politesse, le gars me fit savoir que mon profil ne correspondait pas au poste recherché et que si une autre opportunité se présentait, ils allèrent me contacter. J’ai alors fait une croix sur les Centres d’appel. Un petit frère à moi, qui travaillait dans une agence de sondage et d’études et qui nous recrutait souvent avec d’autres potes, pour effectuer des enquêtes auprès de l’opinion a alors parlé de mon profil à un des responsables de son bureau. Il y avait un poste de pigiste publicitaire qui venait de se libérer et comme il y avait sur mon CV Journalisme et COMMUNICATION, je fus convoqué pour une entrevue avec le responsable du département Pige Publicitaire. Mon excitation est retombée dès que le gars m’a signifié ce à quoi mon job consistait. Et surtout ce que je devais toucher comme salaire à la fin du mois en travaillant 6 jours sur 7, 8 heures par jour : 25 000 mille Fcfa. Je devais quitter chaque jour Pikine pour me rendre près du Canal de Soumbédioune. J’arrivais souvent en retard. Il fallait prendre les « Ndiaga Ndiaye » jusqu’au marché Petersen. Ensuite, n’ayant pas les moyens de payer un taxi, j’utilisais le premier moyen de transport connu par l’Homme (les pieds), jusqu’à Soumbédioune. Tenez-vous bien, chers lecteurs, lectrices de Biramawa, je n’ai j q s a m P p I l r b s 3 m r l m G 2 d a L D U l c f P m N p t jamais perçu ces 25 mille Fcfa parce que les retards étaient déduits de mon salaire. Ce qui fait que je me retrouvais avec 18 à 19 mille Fcfa chaque fin du mois. Pire, ce travail ne m’apportait aucune plus-value en termes de compétence. Il suffisait juste de répertorier toutes les pubs qui passaient sur une station radio dédiée et de les mettre sur une base de données électronique. Rien de spécial. Même un élève de la classe de 3e pouvait le faire. Je fus viré après six mois pour cause de retards et absences répétés. À l’époque, je ne savais que ce licenciement était une porte ouverte à ma carrière de journaliste. Galérer, je n’ai fait que ça. Entre 2007 et 2016. Par intermittence, je goûtais aux délices de la vie. C’est comme ça que j’ai appris à devenir un homme… La main tendue de Jean Meissa Diop Un mois après mon licenciement de l’agence d’étude et de sondage, j’ai décidé d’aller déposer mon CV à Walfadjiri où l’un de mes professeurs de Presse écrite dirigeait une rédaction. Je me rappelle qu’en montant sur le car « Ndiaga Ndiaye » pour y aller, les pickpockets m’ont pris le seul téléphone portable que j’avais et avec lequel je devais appeler monsieur Diop une fois devant les locaux du fameux groupe de presse. Il m’a fallu négocier plus de 30 minutes avec le vigile pour qu’il me laisse entrer. Après un entretien avec Jean Meissa, mon numéro fut donné à Moustapha Diop, qui était le Coordonnateur de la rédaction de Walf Grand’Place. Il m’a appelé cinq jours après (j’avais eu le temps de récupérer mon numéro et de trouver un portable par le biais d’un ami) pour me dire que je devais commencer un stage à Walf le lundi suivant. C’est là que tout est parti. Et c’est dans cette rédaction que je me suis découvert une qualité innée qui peut valoir plus que tous les diplômes que vous pourrez engranger durant votre cursus :La Capacité d’Adaptation. Je n’avais jamais pratiqué le journalisme auparavant. Je n’avais jamais travaillé dans une rédaction avant. C’était ma toute première fois. Et pourtant, moins de six mois après mes débuts, j’étais devenu le chouchou de Moustapha, qui avait fini par faire de moi l’Envoyé spécial de la rédaction à l’Intérieur du pays, dans un contexte de campagne électorale 2012 très tendue. Il savait que j’avais très vite compris la ligne éditoriale People du journal Walf Grand’Place. Et que je ne traitais presque jamais de la même manière un événement couvert et relayé par tous les médias. Quand je couvrais un combat de lutte, c’était dans un angle différent et bien particulier. Quand je couvrais un match de football du championnat sénégalais ou même de l’Équipe nationale, c’était toujours différent. J’avais, en plus de mes capacités rédactionnelles assez bonnes, une touche décontractée et surtout provocatrice dans mes textes. Et ça, Moustapha aimait beaucoup. « Si vous allez couvrir un événement pour écrire ce que tout le monde va publier demain dans les journaux, il vaut mieux laisser tomber et nous faire économiser du carburant », disait-il souvent en réunion de rédaction. Le stage était non-payant à Walf. Et pourtant, ce fut la plus belle expérience professionnelle de ma vie. Dans le prochain numéro, je vous dirai pourquoi et bien plus encore. D’ici-là, portez-vous bien et surtout respectez les gestes barrières et les consignes édictés par les autorités sanitaires pour lutter contre la propagation du virus qui circule toujours. Dieu veille sur tous ! Ayoba FAYE Journaliste d’investigation – Rédacteur en chef Pressafrik BIRAMAWA MAGAZINE - 21
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ENTRETIEN POTRAIT 2 Anna Thérèse CISS Directrice Magasin Auchan Retail Sénégal «Je suis la première recrue de Auchan Retail Sénégal» Du haut de ses 28 ans la jeune Anna Thérèse CISS est actuellement Directrice de magasin Auchan Retail Sénégal. Dans cet interview accordé à Biramawa Magazine elle dresse son parcours et livre les secrets de son ascension professionnelle rapide. « Être responsable de Magasin suppose de la polyvalence, de bien connaitre les services et produits, les règles de fonctionnement et savoir manager. » Qui est Anna Thérèse Ciss ? Je m’appelle Anna Therese Ciss je suis née le 24 Septembre 1991 à Tivigne Tanghor (Mont Rolland, Thies). Je suis fille unique, récemment mariée, maman d’un adorable petit garçon. Pouvez-vous revenir sur les grandes lignes de votre parcours de formation et vos expériences professionnelles ? J’ai eu mon BAC en série L1 au LTCIS MBORO, par la suite j’ai rejoint l’UCAO Saint Michel pour une Formation en Gestion des Entreprises d’une durée 2 ans en me spécialisant en Licence Comptabilité-Finance. En parallèle je suivais des cours d’Anglais à l’UCAD. J’ai eu mes 02 Licences (Anglais-Comptabilité Finance) en 2014. Et quelques jours avant j’ai été embauché en tant que Assistante comptable chez ARS (Auchan Retail Sénégal). Une fois chez Auchan, quelles sont les grandes étapes de votre évolution ? Comme consistaient à gérer notamment l’imputation des factures, le rapprochement bancaire, la gestion de la trésorerie, le paiement fournisseurs directs et les prestataires de services etc… Au bout de 2 ans, et plus précisément en Avril 2016 j’ai été promu au poste de Manager de Rayon Caisse dans l’un des premiers magasins AUCHAN. Je gérais une équipe 15 collaborateurs et mes missions étaient principalement centrées sur le contrôle des recettes journalières (encaissement-versement), la formation des nouveaux managers de caisse… Depuis quelques mois je suis Directrice de Magasin. Pourquoi avoir choisi de rester chez Auchan ? Auchan m’a ouvert ses portes et participe à mon épanouissement professionnel. Au bout de quelques années je peux dire j’ai beaucoup gagné en expérience en plus de me retrouver dans les valeurs de l’entreprise qui sont l’excellence, l’ouverture et la confiance. Mon souhait le plus cher est de continuer à grandir au sein de la société et de gagner en responsabilités. susmentionné, j’ai commencé en tant qu’Assistante Comptable. Mes missions Vous êtes actuellement Directrice de Magasin Auchan Sénégal ? Bravo ! Vous devez être fière de vous ? Très fière de moi parce que je suis la première recrue de ARS (Rire). Je suis également très fière d’appartenir à cette société qui m’a fait confiance et fait de moi ce que je suis devenu aujourd’hui. Comment expliquez-vous cette ascension ? Je touche du bois ! J’avoue que ça a l’air très rapide. Mais c’est le fruit de beaucoup travail, de sacrifice aussi. J’en suis là parce que j’ai travaillé jour et nuit. Et cela me conforte dans l’idée que ARS récompense le travail. « La Grande distribution est un secteur très complexe. Peu importe le cursus, avec la volonté et l’accompagnement on peut exercer les différents métiers ». Pouvez-vous nous décrire vos missions en tant que Responsable de Magasin ? Être responsable de Magasin suppose de la polyvalence, de bien connaitre les services et produits, les règles de fonctionnement et savoir manager. Mes principales missions consistent à contribuer à la fidélisation de la clientèle et le développement du magasin, le management des équipes, la gestion de l’activité de la surface de vente, de la relation client et des flux de marchandises… Nous imaginons que vous faites face à des difficultés ? Si oui lesquelles ? Des difficultés, je dirais non. Mais il y a des défis à relever au quotidien et qui s’inscrivent en ligne droite avec les valeurs de AUCHAN. Il faut savoir gérer la clientèle et ses collègues. Comme diraient d’aucuns « le client est roi ». Je me dois donc de veiller dans la mesure du possible à ce qu’aucun client ne quitte pas notre magasin irrité. Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce poste ? C’est un poste qui me permet de rendre service à l’humain. La satisfaction des clients m’importe plus dans ce métier. C’est pourquoi je me donne les moyens pour que les clients qui entrent dans mon magasin en ressortent sourire aux lèvres. BIRAMAWA MAGAZINE - 23
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Comment décririez-vous un bon manager ? Quelles sont les qualités indispensables ? Des qualités, je peux en citer plusieurs. Mais avant tout je pense qu’il faut beaucoup de courage. Comme vous le savez dire oui ou non quand il le faut n’est pas toujours aisé. Je pense aussi qu’un bon manager doit être juste, enthousiaste et généreux. Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui souhaite exercer le même métier que vous ? Quel cursus suivre ? Quels sont les prérequis ? Comme je l’ai dit plus haut, il faut beaucoup de courage pour travailler dans la GD (Grande distribution), être performant et persévérant dans sa façon de faire. La Grande distribution est un secteur très complexe. Peu importe le cursus, avec la volonté et l’accompagnement on peut exercer les différents métiers. Pour changer de registre Comment décririez-vous votre vie en dehors du travail ? En dehors du travail je n’ai pas une vie trop mouvementée. Comme toute bonne maman je m’occupe de mon fils, je lui consacre beaucoup de mon temps libre (Rire). Quels sont vos hobbies ? Je suis presque insulaire, j’ai grandi 24-BIRAMAWA MAGAZINE sur une île (Île de Gorée). J’adore aller à la plage, au restaurant et faire du shopping. Et j’avoue que cela me fait du bien (Rire). Nous avons pu comprendre qu’être responsable de magasin équivaut à beaucoup de responsabilités. Votre travail n’impacte-il pas sur votre vie privée ? Non du tout, tout est question d’organisation et de planification, mon travail n’impacte pas du tout sur ma vie privée. ponsabilité professionnelle et à une vie familiale épanouie ? Je dirais que c’est bien possible, d’avoir un poste de responsabilité et une vie de famille épanouie. La femme a la capacité de faire beaucoup de choses à la fois. Il suffit que nous ayons confiance en nous et des objectifs bien définis pour atteindre le sommet. Biramawa vous remercie pour cet interview. Votre mot de la fin ? Un grand merci à vous Biramawa, merci pour l’intérêt tout particulier porté à ma modeste personne et très bonne continuation à vous !! « La femme a la capacité de faire beaucoup de chose à la fois. Il suffit que nous ayons confiance en nous et des objectifs bien définis pour atteindre le sommet. » Après quelques années d’expérience, quelle serait votre message à l’endroit des femmes sénégalaises qui aspirent, à la fois, à plus de res
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AGRICULTURE Ces sénégalaises qui choisissent de devenir agricultrice A u Sénégal, les femmes participent largement à la production agricole et à la transformation des produits, et leur rôle est essentiel dans l’atteinte à la sécurité Les sénégalaises attaquent…. alimentaire. Pourtant elles jouissent rarement des mêmes droits que les hommes. Selon un calcul de l’organisation des Nations unies, en ce qui concerne le continent africain, si les femmes avaient le même accès que les hommes aux ressources productives, elles pourraient augmenter de 20 à 30% les rendements des exploitations agricoles. 26-BIRAMAWA MAGAZINE Traditionnellement très présentes dans la main d’œuvre, la vente et la valorisation des sous-produits, les femmes sénégalaises sont actuellement en première ligne dans le développement de la chaîne de valeur agricole. Certaines, éduquées, sont d’ailleurs en train de quitter les villes ou les bureaux pour se lancer dans le secteur, sentant à la fois un potentiel de développement et des besoins de participer à l’autosuffisance alimentaire de leur pays. Aujourd’hui, elles empruntent dans les banques pour créer leur propre exploitation, cultivent des centaines d’hectares, et se lancent à la fois dans l’agroalimentaire. Aminata Dominique DIOUF, 30 ans, directrice générale du Domaine agricole de Nema, s’est installée comme agricultrice. Quatre ans et demi après, la jeune femme ne regrette absolument pas son choix, malgré les nombreuses contraintes du métier. Son cas n’est pas isolé. De plus en plus de femmes choisissent cette voie. Pour mettre en avant leur travail au quotidien, le magazine BIRAMAWA souhaite dévoiler ses vaillantes femmes. Une des agricultrices, Aminata Dominique DIOUF, s’est prêtée au jeu de l’interview. Portraits de vaillantes… Présentation du domaine agricole de NEMA Située dans le village de Nemanding, région de Fatick, Le domaine agricole d’Aminata Dominique DIOUF est l’un des plus grands du Sénégal. Il se positionne aujourd’hui comme l’un des leaders sénégalais sur le marché. Un domaine de 300 ha hautement mécanisé, avec plus de 150 employés, aux allures des fermes américaines, veut relever le défi de la modernité agricole. Quel est ton parcours dans le milieu agricole ? Comment en es-tu arrivée au métier d’agricultrice ? A 9 ans je suis tombée amoureuse du métier agricole même si je ne savais pas vraiment ce qu’était l’agriculture. J’ai baigné dans le milieu depuis toute petite. Après le bac au Sénégal, J’ai décidé naturellement de suivre au Canada un cursus en agriculture. J’ai obtenu mon diplôme en Gestion et Exploitation d’entreprise agricole à l’Institut de technologie agroalimentaire (ITA). visité des champs à perte de vue et ce qui m’avait le plus marqué, c’est la manière dont les jeunes américains se sacrifient pour le développement de leur agriculture. Ce jour-là, j’ai décidé de devenir agricultrice. J’ai dit à mon père que je voulais revenir au Sénégal après avoir fini mes études. le maraîchage et l’apiculture, nous allons bientôt se lancer dans la transformation de la mangue et de l’anacarde. Nous avons déjà installé nos usines de transformation pas longtemps, mais à cause du COVID 19, on était obligé de suspendre toutes activités. Malgré les contraintes du métier, êtes-vous toujours heureuse de votre choix ? Si je me rencontre qu’en 2050 on est supposé être 9 milliards d’habitants et 3 milliards en Afrique et 3 milliards en chine, seul l’Afrique a des terres vierges et représente 60% des terres cultivables. L’enjeu majeur sera aussi de nourrir deux fois plus d’Africains, alors que l’agriculture sur le continent est cinq à six fois moins productive que la moyenne mondiale. J’avoue que je ne regrette pas mon choix. Qu’est-ce qui vous a incité à investir au Sénégal ? Ce qui m’a fait revenir au Sénégal, je suis tombé sur un reportage du président Thomas SANKARE qui m’a vraiment interpellé. Dans le reportage il disait « Consommons ce que nous mangeons au lieu d’importer, c’est normal que la personne qui vous donne à manger, vous dicte ses lois ». Plus tard aussi, j’ai eu la chance d’aller aux États-Unis. Là-bas j’ai Ce qui me donne le plus de satisfaction est que les projections montrent toujours que tous les africains doivent se tourner vers leur continent pour nourrir le monde. Quelles sont les perspectives pour le domaine agricole de NEMA ? Nous sommes dans l’arboriculture, BIRAMAWA MAGAZINE - 27 Quel(s) conseil(s), donneriez-vous aux jeunes filles qui veulent investir dans l’agriculture ? Au Sénégal, les femmes restent plus impliquées dans le petit élevage et les jardins de case plutôt que dans les grandes exploitations agricoles. Elles ont beaucoup de difficulté à progresser parce qu’elles n’ont pas la terre. Et l’accès à la terre est indispensable pour produire de la nourriture et créer des revenus. Je conseille aux jeunes filles de ne pas se préoccuper des préjugés, de croire en soi, d’avoir un bon conjoint qui te soutienne et qui comprend ton métier, ce qui est très important et se rappeler qu’à chaque problème, il y a une solution pour ne jamais baisser les bras ! Thierno NGAMB Agronome, Spécialiste en sécurité alimentaire et résilience
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Droit du Travail et de la Sécurité Sociale La prime de transport 28-BIRAMAWA MAGAZINE L ’indemnité de transport communément appelée prime de transport est, comme mentionnée par l’article 46 de la convention collective nationale interprofessionnelle, une participation de l’employeur aux frais de transport. Le montant est fixé par une décision de la commission mixte paritaire. Depuis le 1er mai 2016, l’indemnité de transport est passée de 16.500 FCFA à 20.800 par mois si le travailleur fait un trajet de 3 km (à vue d’oiseau) pour arriver à son poste de travail. Pour sa détermination, il est pris en compte le coût du transport sur 26 jours, soit 800 FCFA par jours. On comprend tout de suite que les dimanches ou jours de repos hebdomadaires ne sont pas inclus. Cela s’explique par le fait que cette indemnité est considérée comme un remboursement de frais. A ce titre, elle n’est pas imposable et ne supporte pas de charges sociales sauf si le montant effectivement payé dépasse les 20.800. Dans ce cas, le surplus est réintégré dans la base de calcul. Il faut rappeler que cette indemnité rembourse les frais de transport engagés. S’ils ne le sont pas, l’employeur n’est pas tenu de la payer. Par exemple, le travailleur qui s’absente peut se voir amputé de cette prime au prorata des jours absentés. Celui qui part en congé n’en bénéficie pas puisqu’il n’a engagé aucun frais pour son transport. Toujours sur la prime de transport.... Elle n’est pas due dans le cas où c’est l’employeur qui fournit un moyen de transport aux travailleurs à titre gratuit. C’est le cas des entreprises qui disposent de bus de ramassage permettant aux agents de rallier le lieu de travail. La prime ne peut être réclamée par un travailleur qui bénéficie déjà d’un titre de transport à la charge de l’employeur. À y voir de plus près cette situation où l’employeur transporte lui-même les travailleurs est théoriquement plus bénéfique pour ces derniers puisque la prime de transport a vocation à constituer une participation à hauteur de 80% de l’employeur. L’évaluation du coût du voyage étant de 500 fcfa par voyage. 2 voyages par jours sur 26 jours==> 52 voyages 500 fcfa x 52 voyages ==> 26000 fcfa 26000 fcfa x 80% ==>20800 fcfa ==> participation de l’employeur aux frais de transport. Soit pour l’employeur 400 fcfa par voyage ou 800 fcfa par jour. Il peut arriver que les travailleurs par le biais de leurs représentants réclament la généralisation du paiement de la prime de transport sans tenir compte de la distance entre la résidence du travailleur et son poste de travail. Il est possible que l’employeur accède à cette demande. Ce dernier ne commet alors rien d’illégal puisque la mesure est favorable. Alioune FALL Juriste d’Affaires Inspecteur du Travail et de la Sécurité Sociale BIRAMAWA MAGAZINE - 29
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Veille et Intelligence des Affaires Placement publicitaire dans les séries télévisées sénégalaises Le placement publicitaire est une forme de communication commerciale qui consiste à inclure dans une ou plusieurs scènes d’un film long-métrage, d’une série télévisée ou d’une web-série, un produit, un service, une marque, ou à y faire référence, moyennant un paiement ou autre contrepartie. Dans le même sillage, le produit ou service peut faire l’objet d’une négociation entre l’entreprise et le réalisateur en compensation d’une présence visuelle ou sonore. Ainsi, on peut constater la présence, dans un film, d’un logo, d’un produit matériel ou l’usage des locaux d’une entreprise pour servir de décor lors du tournage. Ce sertissage de la publicité dans la diégèse des téléfilms donne au cinéma des orientations mercantiles. Par ricochet, le placement de produit 30-BIRAMAWA MAGAZINE constitue, contrairement à la publicité classique, une voie de contournement du zapping des téléspectateurs afin d’atteindre une audience plus élargie et ciblée et dans un contexte singulier. La publicité classique se fait sous forme de spot placé au début, lors d’un arrêt ou en fin de scène. Durant ce passage, le téléspectateur dispose d’une latitude de zapper au cas où il est désintéressé par le produit. Aujourd’hui le placement publicitaire a connu une ampleur dans les séries télévisées sénégalaises. Toutefois, il convient de retenir, qu’un producteur ne peut pas s’associer avec toutes les entreprises dont il a besoin pour son film ; de même, l’entreprise n’aura pas une politique de placement cohérente si elle compte donner un avis favorable à toutes les demandes des producteurs. Il importe alors de décrypter cette alliance afin de ressortir les stratégies les plus adaptées au contexte sénégalais en tenant compte de la période de réalisation et les singularités des besoins de l’univers de la communication commerciale. Le couple séries télévisées et placement publicitaire : une union hétéroclite inéluctable Le but des œuvres cinématographiques est de créer un lien de « bon objet » entre le spectateur et le film. Ce dernier a donc pour objectif de faire vivre à son spectateur une expérience particulière l’amenant à oublier ses soucis quotidiens, une renonciation à sa personnalité diurne, un besoin de s’identifier à un personnage par son style, son héroïsme. L’industrie du cinéma a alors attiré l’attention des industriels qui en feront un canal pour communiquer sur leurs produits/services. Aux Etats Unis, Ford peut être considéré comme le premier industriel qui a mis en chantier le placement publicitaire en mettant à disposition ses véhicules aux producteurs de films Hollywood apportant ainsi une touche économique à cet art. Au demeurant, il mérite de revisiter l’intérêt du placement de produits ou services dans les séries télévisées. Si la contribution de l’annonceur semble modique, elle génère un retour sur investissement au poids de l’or par le truchement d’un effet boule de neige. Car, le placement publicitaire a une forte incidence sur la notoriété de l’entreprise et de ses produits. En sus, il accroit l’image de marque et facilite la conquête de nouveaux clients avec des téléspectateurs pouvant remplir un rôle de clients ambassadeurs. Cela permettra alors d’élargir la cible, de multiplier l’audience et d’augmenter les ventes de l’annonceur. Placés dans les œuvres cinématographiques, les produits et les marques contribuent à la construction d’un univers diégétique et de personnages filmiques. Au plan international, des entreprises de grande taille ont longtemps usé de ce moyen de communication pour aiguillonner les besoins et désirs des téléspectateurs. On peut noter la présence du Distributeur Pepsi dans Virutal Hills, l’Ipad d’Apple dans la série TV Modern Family entre autres. La série Adja, une illustration du placement publicitaire Adja, une série télévisée sénégalaise conçue et produite par MARODI pour son client PATISEN a été lancée durant le ramadan 2018. La particularité de cette série est que les personnages portent des noms faisant référence à des produits et marques de PATISEN. En effet, le nom du père de famille Pathé Séne renvoie au groupe PATISEN ; Adja, la mère de famille, est la référence de la marque phare du groupe ; Mamy et Amy, les deux filles, renvoient à des bouillons produits par le groupe. Hormis les noms des personnages, on retrouve des publicités portant sur des produits du groupe comme le bouillon Joker. Il s’en suit des séances gastronomiques avec exclusivement les produits du groupe tels que l’huile et le beurre adja et le Chocopain. Au-delà du choix de cette famille reflétant le visage parfait de la femme sénégalaise, la singularité des produits du groupe PATISEN reste le jargon local utilisé pour qualifier ses produits. La première saison a connu un succès éclatant auprès des téléspectateurs et internautes sénégalais avec une audience estimée à 129090723 vues, 1432690 like pour la partie visualisée sur internet. D’autres entreprises saisissent cette occasion pour publier leurs produits à l’instar du supermarché SUPECO, l’entreprise 6point9, Samsung etc. Cette alliance stratégique, quoique profitable, présente souvent des limites qui peuvent engendrer la rupture du contrat entre la maison de production et l’annonceur ou la télévision. Dans cette perspective, on a assisté cette année à un schisme de l’union entre PATISEN et la TFM. L’encadrement juridique du BIRAMAWA MAGAZINE - 31 placement publicitaire Le placement publicitaire reste une substantifique moelle qui mérite d’être encadrée pour faciliter la communication commerciale des entreprises et accroître le profit de maisons de production et le chiffre d’affaires des télévisions. Comme axes stratégiques, l’encadrement doit être orienté vers l’interdiction de produits pouvant porter atteinte à la santé morale ou physique des consommateurs, de l’incitation à la vente de produits illicites ou dont la vente est prohibée sur le territoire mais aussi d’éviter la surcharge des publicités tant décriée par les téléspectateurs. Placement publicitaire et sensibilisation Les autorités publiques gagneraient à utiliser le placement pour sensibiliser les populations sur les questions d’utilité publique. Par exemple le ministère de la santé pourrait user du placement pour communiquer notamment sur les bonnes règles d’hygiène, les mesures de prévention contre certaines maladies contagieuses. Il en est de même pour les ministères du tourisme et de l’environnement qui, grâce au placement, pourraient mettre l’accent sur l’importance de la préservation de la nature, la promotion des sites touristiques etc. Au regard de ce qui précède on peut retenir que le placement publicitaire présente des avantages pour les producteurs, les annonceurs, les consommateurs… Pour encourager cette pratique il appartient aux producteurs de motiver davantage les acteurs pour les doubles rôles joués : être un personnage et faire de la publicité. Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique UGB
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D E C O U V E R T E Alioune MBOUP CEO Africa Tourism Solutions «ATS est une société de prestations touristiques et événementielles» Alioune MBOUP fait partie de ces sénégalais qui ont quitté l’hexagone pour investir et travailler au Sénégal. Depuis 2018 il a créé ATS, « société de prestations touristiques et événementielles ». Biramawa magazine lui consacre pour ce numéro la rubrique « Découverte ». Il encourage les sénégalais de la Diaspora à rentrer, à investir au Sénégal. « Nous proposons des solutions inclusives et novatrices en vue d’offrir à nos clients une véritable expérience du tourisme sur le continent Africain. » Présentez-vous svp ? Je m’appelle Alioune Mboup. J’ai vécu au Sénégal depuis ma naissance avant d’aller aux États Unis où j’ai passé 8 années pour poursuivre mes études. Passionné par le continent Africain, je suis revenu m’installer définitivement au Sénégal en 2018 pour travailler dans le milieu du tourisme et de l’événementiel. Pouvez-vous revenir sur votre parcours de formation et professionnel ? Après le BFEM, J’ai été recruté par SEED Academy (Sports for Education and Economic Development) qui m’a formé dans le basket et m’a aidé à avoir une bourse entière après l’obtention de mon bac en 2011. C’est ainsi que je suis parti aux États-Unis où j’ai pu concilier le basket et les études. Par la suite, j’ai acquis une Licence en Finance et comptabilité au Kansas à Cloud County Community College, puis une Maîtrise en Finance et comptabilité à Henderson State University en Arkaksas. Et après j’ai fait mon Master en Administration des Affaires (MBA), Gestion du Commerce International et Management du Sport à Lynn University en Floride. Pour le domaine professionnel, j’ai été représentant du service clientèle pour AT&T , ce qui m’a beaucoup aidé à comprendre les besoins des clients et comment les satisfaire. Quand je faisais mon Master en Floride, j’avais déjà arrêté de jouer au Basket donc j’étais à la recherche d’un travail, ce qui m’a amené à travailler au Club Monaco, une branche de Ralph Lauren et en tant qu’associé aux ventes et au bout de 6 mois, j’ai été promu au poste de Manager sur la base d’une excellente performance au travail. Après avoir soutenu mon Master, je recevais une offre de Broken Sound Country Club pour être le gestionnaire des comptes recevables, j’ai accepté tout en gardant mon poste de manager à temps partiel. Après 8 mois de travail, j’étais promu au poste de coordonnateur des comptes clients basé sur un excellent rendement au travail. Pendant 1 an et demi, j’avais deux jobs en même temps ce qui m’occupait et me prenait beaucoup de temps. Début 2018, j’ai démissionné de ces fonctions pour revenir au Sénégal et créer Africa Tourism Solutions. Vous êtes actuellement CEO de ATS. Que pouvez-vous nous dire sur ATS ? Africa Tourism Solutions (ATS) est une société de prestations touristiques et événementielles. Nous proposons des solutions inclusives et novatrices en vue d’offrir à nos clients une véritable expérience du tourisme sur le continent Africain. C’est une entreprise que Mouhamed Al Bachir Lo et moi avons fondé. Nous avons quitté respectivement l’Angleterre et les États-Unis pour revenir au pays. Pour nous, ATS ce n’est pas seulement une agence, c’est l’image d’une Afrique revalorisée sur le plan historique, touristique et culturel. Nous voulons révéler la grandeur et l’authenticité du continent Noir qui est souvent victime de préjugés. Il y a une perception mondiale qui dépeint l‘Afrique comme un continent dangereux et misérable, alors que l’Afrique a une valeur incommensurable et sur tous les plans. Nous nous sommes engagés à briser ce stéréotype en proposant des expériences riches, uniques et authentiques au Sénégal et éventuellement à travers l’Afrique. ATS a l’ambition d’inspirer la jeunesse Africaine et l’incite à découvrir toute la beauté du continent dans lequel elle vit. C’est par l’éducation de cette jeunesse, que, nous pouvons garantir un avenir meilleur et la préservation de la culture et du patrimoine Africains. Quels sont les projets présents et futurs de ATS ? Notre projet a toujours été de développer le tourisme local et l’évènementiel au Sénégal. Nous faisons en sorte que nos clients aient une expérience unique car il y a beaucoup de choses à découvrir au Sénégal. Nos projets futurs ont été mis en suspens avec la pandémie de COVID19. Au début de l’année, nous avions commencé des projets d’expansion en collaboration avec d’autres pays Africains pour développer le tourisme inter-régional et par la création d’évènements qui pourraient attirer des touristes, des investisseurs, des artistes... A qui s’adresse ATS ? (Votre cible) Notre cible est plurielle. Au niveau local, nous nous intéressons au Sénégalais de la classe moyenne qui veulent découvrir leur pays. Nous ciblons également les entreprises en leur proposant des packages pour leurs employés mais aussi par l’organisation d’évènements (MICE) comme des séminaires, team building, transferts hôtels/aéroports. Nous proposons nos services aux écoles pour les voyages pédagogiques de leurs élèves et étudiants à travers le Sénégal. BIRAMAWA MAGAZINE - 33
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Au niveau international, nous recevons des aventuriers qui veulent découvrir l’Afrique dans toute sa vivacité, la diaspora Africaine et des personnes qui s’intéressent au tourisme responsable. En outre, les touristes constituent un point important de nos services. Nous travaillons à distance avec des organismes qui séjournent et organisent des évènements au Sénégal. A cause du Covid le secteur hôtelier et touristique est fortement impacté, Comment ATS compte faire face ? En effet, face au Covid-19, le secteur est fortement secoué. Nous avons travaillé sur de nouvelles offres pour booster le tourisme local. C’est un moment qui nous a permis de revoir notre modèle et d’écrire les projets d’événements que nous comptons organiser après la pandémie. Les membres du personnel suivent aussi des formations afin d’être plus productifs. 34-BIRAMAWA MAGAZINE « J’ai toujours cru qu’il y’a assez d’opportunités au Sénégal, j’aime mon pays et le fait d’être auprès de ma famille me manquait aussi. » Plus haut vous disiez avoir fait vos études et avoir travaillé aux USA. Qu’est ce qui a motivé votre choix de rentrer au Sénégal ? La liberté d’expression qu’offre l’entrepreneuriat m’a poussé à rentrer. J’ai toujours cru qu’il y’a assez d’opportunités au Sénégal, j’aime mon pays et le fait d’être auprès de ma famille me manquait aussi. Que diriez-vous aux jeunes sénégalais de la diaspora qui envisagent de faire comme vous ? Je leur conseille de voyager si possible et éventuellement revenir après avoir acquis de l’expérience. Si nous jeunes Africains nous ne rentrons pas pour contribuer au développement de notre continent, qui le fera à notre place ? Comment contacter ATS ? Vous pouvez visiter notre site web via l’adresse suivante www.africatourismsolutions.com et nous contacter par WhatsApp au +221 77 480 78 78 ou par email à infos@africatourismsolutions.com ou africatourismsolutions@gmail.com Nous sommes également sur les réseaux sociaux sous le nom Africa Tourism Solutions. Votre mot de la fin Je félicite vivement Waly et son équipe pour cette belle initiative qu’est BIRAMAWA et je vous encourage.
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D iploVar ou un regard aiguisé sur l’actualité internationale Politique, Sciences Politiques, Relations Internationales, Humanitaire, votre nouvelle rubrique incontournable vous offre plus que des informations, une analyse pertinente des interactions géopolitiques qui vous entourent. Quoi de mieux qu’un résumé des points essentiels de l’actualité internationale des 15 derniers jours, des faits historiques, des portraits de personnalités ayant marqué l’histoire des relations internationales pour mettre à jour vos connaissances et rendre vos débats chocs d’idées. Les points saillants, les immanquables de l’actualité internationale vous seront présentés de façon succincte de telle sorte que rien ne vous échappera. Pour cette première, une consultation du tableau de la VAR Diplomatique nous annonce les informations suivantes : 36-BIRAMAWA MAGAZINE COVID19 : La pandémie a fait au moins 500.000 morts dans le monde depuis l’apparition de l’épidémie en décembre. Les Etats-Unis sont le pays le plus touché, avec 124.732 décès, suivent le Brésil avec 54.971 morts, le Royaume-Uni avec 43.414, l’Italie avec 34.708 et la France 29. Contrairement aux cr aint es de l’OMS, le continent africain est moins impacté que le reste du monde. Le nombre de décès liés à la Covid19 reste peu élevé, 3246 décès pour tout le continent. Plus de 30 milliards de dollars vont être nécessaires pour mettre au point les vaccins et traitements contre la covid19, a indiqué l’Organisation Mondiale de la Santé, à la veille d’une d’une conférence des donateurs. conférence des donateurs. RUSSIE : le déconfinement diplomatique de Poutine qui relance son agenda politique avec le référendum constitutionnel qui lui permettra de rester au pouvoir jusqu’en 2036. Le référendum est prévu au premier juillet sans possibilité de campagne « pour ou contre » en raison du coronavirus. GEORGES FLOYD : Les statues symboles de l’esclavage ou du colonialisme font actuellement l’objet de contestation partout dans le monde. Après celle d’Edouard COLSTON (ancien transporteur d’esclave) déboulonnée en Grande Bretagne d’autres devraient suivre. ONU : le 26 juin, le 75E anniversaire de l’ONU a été célébré dans la sobriété. Dans tous les messages on entend une réelle préoccup a t ion des diplomates quant aux as sauts r é pé - tés dont l’ONU et le multilatéralisme f ont l’objet. L’évènement de cette jo ur né e ronde sée fut une table organipar l’Alliance pour le multilatéralisme co-créé il y a un an par la France et l’Allemagne. Les étaient : l’accès universel à la santé et la lutte contre les ‘’infodémies’’, c’est-à-dire toutes ces fausses informations à propos de l’épidémie, véhiculées sur les réseaux sociaux en majorité. thèmes abordés La peur du virus freine l’accès aux services et à l’aide. Sources : Onu.org, le Point, les Podcasts Affaires étrangères et International de France Culture, Challenges.fr ©Biramawa Magazine BIRAMAWA MAGAZINE - 37 Le SG a appelé à réinventer le monde avec davantage de multilatéralisme. La CPI : est dans le collimateur des USA, TRUMP a signé un décret présidentiel permettant de sanctionner des magistrats de la CPI. Il leur reproche d’avoir lancer une enquête sur de possible crime de guerre et crime contre l’humanité commis par les US dans la guerre d’Afghanistan. CHINE VS INDE : on note une tension frontalière entre l’Inde et la Chine, avec des affrontements entre les soldats des deux pays coutant la vie à 20 soldats indiens et un nombre inconnu du côté chinois. Les deux pays se sont livrés une guerre frontalière en 1962. Les responsables militaires et les diplomates des deux pays continuent toutefois de discuter pour tenter de désamorcer les tensions. Par ailleurs, le contexte géopolitique empêche une véritable normalisation avec la stratégie d’isolement de la chine par Trump qui courtise l’Inde. GABON : L’Assemblée nationale vient de proposer la dépénalisation de l’homosexualité ce qui a suscité des contestations car L’homosexualité est considérée comme un tabou et contraire aux us et coutumes gabonais. MALAWI : l’opposant Lazarus CHAKWERA élu finalement Président avec 58.57 des voix après une longue bataille électorale. Le Président sortant dénonce des irrégularités et sollicite une nouvelle élection. LE 19 JUIN : a été célébrée la Journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit. Il faut noter aussi que la pandémie de la covid19 a des conséquences désastreuses pour les victimes et les personnes rescapées de violence sexuelles liées aux conflits.
Magazine N°2 du 1 Juillet 2020

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SOMMAIRE Editorial Waly NDIAYE CEO Biramawa Njooko a jal,Jërëjëf, MERCI Edition spéciale Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Appel aux dons Entretien portrait 1 «En 2010, j’ai obtenu mon baccalauréat avec la mention très bien...» Ahmadou Bamba NDIAYE Contrôleur des Impôts et des Domaines Avis d’expert Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires étrangères «Covid-19 et le monde : je note des démonstrations de forces et une vulnérabilité à grande échelle.» Le coin d’autrui Ayoba FAYE Rédacteur en chef de Pressafrik « Quand l’Omnipotent entreprend de te caser à un point J, rien ne peut résister à Sa volonté.» Entretien portrait 2 Anna Thérèse CISS Directrice Magasin Auchan Retail Sénégal «Je suis la première recrue de Auchan Retail Sénégal» 2-BIRAMAWA MAGAZINE Thierno NGAMB Agriculture Agronome Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience Ces sénégalaises qui choisissent de devenir agricultrice Droit du Travail et de la Sécurité Sociale Alioune FALL Juriste d’Affaires Inspecteur du travail et de la Sécurité Sociale La prime de transport Veille et Intelligence des Affaires Chercheur en Marketing Stratégique – UGB Moustapha FAYE Placement publicitaire dans les séries télévisées sénégalaises Découverte Alioune MBOUP CEO Africa Tourism Solutions «ATS est une société de prestations touristiques et événementielles.» DIPLOVAR Un regard aiguisé sur l’actualité internationale BIRAMAWA MAGAZINE - 3
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EDITO 4-BIRAMAWA MAGAZINE Njooko a jal,Jërëjëf, MERCI Au moment où j’écris ces lignes, Biramawa compte 1905 abonnés sur les réseaux sociaux. Le principal avantage d’une publication en ligne est de savoir exactement combien de personnes ont visité le magazine et combien de temps elles y restent pour lire nos articles. Grâce à cette technologie nous avons pu également constater que notre audience a considérablement augmenté ces deux semaines. Eu égard ce qui précède je tenais à vous dire merci chers lecteurs. Car la confiance qu’on nous accorde c’est grâce à vous. Alors continuez à nous lire, à nous faire part de vos impressions, encouragements et à partager nos publications. Cet engouement nous incite à nous améliorer. C’est pourquoi nous ne ménagerons aucun effort pour assurer la qualité du magazine et rester fidèle à nos objectifs que sont : ‒ Rester une tribune pour les professionnels passionnés ‒ Être une « lanterne » pour les jeunes en quête de vocation ‒ Vulgariser la vie sociale sénégalaise ‒ Mettre en exergue les initiatives Je remercie également tous les contributeurs qui, sans nul doute, par la qualité de leurs interventions, ont su susciter cet engouement auprès des lecteurs. Je me rappelle vous avoir contacté et sans hésiter vous avez adhéré au projet. D’aucuns se sont mêmes portés volontaires alors que j’en étais qu’au stade d’idées. Pour finir j’en profite pour vous informer, chers lecteurs, que l’équipe Biramawa s’agrandit. A partir de ce second numéro nous avons le plaisir d’accueillir la rubrique « Droit du travail et de la sécurité sociale » de Monsieur Alioune FALL. Waly NDIAYE CEO Biramawa L’ÉQUIPE BIRAMAWA Serigne Amar Mbacké SARR Chercheur en Droit privé Expert maritime en formation Ayoba FAYE Journaliste d’investigation – Rédacteur en chef Pressafrik Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB Omar Mallé SAKHO Doctorant à l’Université Cheikh Anta Diop, Laboratoire LARHISA. Thierno NGAMB Agronome, Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience Guilaye TINE Designer-Digital Marketer-Telemarketer CEO IN'FINITY Djiby SADIO Photographie CEO Studio 13 Alioune FALL Juriste d’Affaires Inspecteur du travail et de la sécurité Sociale contactez nous:contact@biramawa.com BIRAMAWA MAGAZINE - 5
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EDITION SPECIALE Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Le magazine Biramawa à travers sa rubrique " Edition spéciale "a souhaité donner la voix à la Pouponnière "Vivre Ensemble "de Mbour. Créée en 2002 la pouponnière est un "lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman ". Confrontée à des difficultés à cause de la crise sanitaire, la pouponnière fait appel à toutes les bonnes volontés. Vivre Ensemble – La Pouponnière de Mbour La Pouponnière de Mbour a vu le jour en Janvier 2002, Michèle BURON-MILLET en est la créatrice. C’est un lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman. Elle permet aux orphelins de mère ou aux enfants dont la maman ne peut pas s’occuper (pour des raisons gravissimes), de vivre protégés, leurs premières années de vie si fragile, avant de regagner leur famille au bout d’un à deux ans. Très rapidement, l’association se développe et il apparaît que tous les enfants ne peuvent rentrer chez eux (rejet de la famille ou mauvaises conditions d’accueil). En 2003, les Unités Familiales sont créées pour prendre le relais et s’occuper de ces enfants qui sortent de la Pouponnière, mais ne peuvent pas rentrer en famille. Avec le temps la Pouponnière a acquis une certaine notoriété au vu du sérieux des professionnels. Aujourd’hui la Pouponnière compte 136 salariés et 148 enfants. Vivre Ensemble c’est aussi et avant tout un séjour de rupture, crée en 2001 pour des jeunes français en dif8-BIRAMAWA MAGAZINE ficultés. Ils restent durant 9 mois et participent à des chantiers humanitaires (reconstruction, réhabilitation dans les villages ), ils sont aussi amenés à faire un stage dans la pouponnière. L’objectif étant de les remobiliser et de les valoriser à travers l’aide apporté à la population locale défavorisée. Le projet est double et complémentaire, en effet une grande partie du financement des frais de fonctionnement de la Pouponnière provient du séjour de rupture lui même. En raison de la situation sanitaire mondiale l’équipe de direction de Vivre Ensemble a dû prendre des mesures rapidement. Début mars l’association s’est vue fermer ses portes aux visiteurs, nombreux chaque jour et en provenance d’Europe. Il a fallu ensuite faire de même pour l’accueil des bénévoles, une quarantaine par mois à nous apporter leur soutien. Enfin depuis maintenant le mois de mars le confinement des enfants et du personnel c’est organisé. Notre souhait comme toujours est de préserver nos enfants, mais aussi le personnel qui s’en occupe. Nous avons réussi à composer une équipe de volontaires pour rester confinés. Aujourd’hui 250 personnes sont au centre, dont 148 enfants. L’ensemble du personnel est mutuellement très solidaire, ils sont comme une grande famille. Et ce malgré l’inquiétude pour leur famille respective à l’extérieur. Nous nous devons maintenir les salaires. Pour les salariés sur place mais aussi tout ceux, qui de chez eux, sont au chômage technique et pour qui nous souhaiterions maintenir le salaire initial. Nous devons aussi assurer l’approvisionnement de l’association en denrées alimentaires, produits d’entretien, d’hygiène, médicaments. Cette situation engendre une augmentation considérable nos dépenses quotidiennes, pour lesquelles nous avions déjà des difficultés de prise en charge tout au long de l’année. Du fait de l’absence de visiteurs et de bénévoles, nous constatons une baisse des dons au quotidien. Nous gardons aussi en tête que les jeunes accueillis en séjour de rupture peuvent à tout moment être rapatriés en France, en fonction de l’ évolution de la situation. L’avenir de la Pouponnière en deviendrait alors très incertain. Nous sommes en permanence à la recherche de soutien pour nous aider dans la prise en charge des frais de fonctionnement et le maintien des activités de l’association. Les sources de financements : (Budget total annuel 291 332 806 FCFA) ‒ Vivre Ensemble Madesahel, séjour de rupture : 44 % du budget total de la Pouponnière. ‒ L’état Sénégalais 10 000 000 CFA ‒ L’association Louly l’Ecole au Sénégal , tous les frais liés à la scolarité des enfants : 5 262 087 FCFA (année scolaire 2018-2019) ‒ La Banque Mondiale 4 520 000 CFA en 2019 ‒ 270 parrains pour environ 51 085 900 CFA par an ‒ Le reste des financements dépendent des dons de particuliers et entreprises. Nous contacter : ‒ Accueil : + 221 33 957 31 36 ‒ E-mai : contact@lapouponnieredembour.org ‒ Responsable communication : Arnoult Mathilde ‒ Tel : + 221 77 881 83 60 Nous aider : ‒ Orange Money : + 221 77 500 19 32 ‒ Faire un don en ligne :https://www.helloasso.com/ don/associations/vivre-ensemble-la-pouponniere ‒ Notre site Voici quelques chiffres : Effectif de la Pouponnière : ‒ La Pouponnière : 91 bébés de 0 à 2 ans. ‒ Les Unités Familiales : 37 enfants de 2 à 6 ans. ‒ La Grande Enfance : 20 enfants de plus de 6 ans. ‒ Enfants accueillis en ce moment : 148 ‒ Enfants accueillis et sauvés depuis janvier 2002 : 1 260 ‒ Employés à la Pouponnière : 136 pouponnieredembour ‒ Devenir parrain ‒ Faire un don par virement bancaire : IBAN : FR76 4255 9100 0008 0040 4472 464 BIC : CCOPFRPPXXX Intitulé du compte : Vivre Ensemble, la Pouponnière internet: http://www.lapouponnieredembour.org ‒ Notre page facebook: https://www.facebook.com/ BIRAMAWA MAGAZINE - 9
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ENTRETIEN POTRAIT 1 Ahmadou Bamba NDIAYE Contrôleur des Impôts et des Domaines «En 2010, j’ai obtenu mon baccalauréat avec la mention très bien...» Ahmadou Bamba NDIAYE est Contrôleur des Impôts et des Domaines. Dans cet interview il revient sur son parcours de formation marqué notamment par l’obtention en 2010 du Diplôme de Baccalauréat avec la mention Très Bien. Bamba adresse également des conseils aux jeunes qui souhaitent exercer la même profession que lui. Qui est Ahmadou Bamba NDIAYE ? Je suis un jeune sénégalais de 30 ans, marié et père de deux enfants. Je suis né à Tivaouane. Mais j’ai grandi entre Dakar, Thiès et Saint Louis. Je suis un talibé mouride, passionné par la déclamation des panégyriques de mon homonyme. Passionné aussi de films, séries, de sport, de littérature entre autres passions. « A l’âge de 06 ans, je suis allé à l’école coranique communément appelée « daaraa » pour y être initié à l’apprentissage du Saint Coran, de la sounna ou tradition prophétique ainsi que les sciences islamiques diverses. » Quel poste occupez-vous actuellement ? Actuellement, je travaille comme Contrôleur des Impôts et des Domaines au Centre des Services Fiscaux de Mbour. Je suis affecté au Bureau des Domaines dudit CSF depuis juillet 2016 où j’anime l’Unité de Gestion des Procédures domaniales numéro 01, concernant les communes de DIASS, SINDIA, POPENGUINE-NDAYANE, NGUEKOKH, MALICOUNDA, MBOUR, SANDIARA, THIADIAYE, SESSENE, NDIAGANIAO, FISSEL ET JOAL-FADIOUTH. Pouvez-vous revenir sur votre parcours de formation ? Et Ou avez-vous effectué vos études ? A l’âge de 06 ans, je suis allé à l’école coranique communément appelée « daaraa » pour y être initié à l’apprentissage du Saint Coran, de la sounna ou tradition prophétique ainsi que les sciences islamiques diverses. Après deux ans de formation, mon père m’a inscrit à l’école primaire dénommée POINT E 2. Après un séjour de quatre années dans ledit établissement, mon père a été affecté à Thiès et je suis allé le rejoindre. J’y ai fait les classes de CM1 et CM2. Après l’obtention de mon CFEE, en 2003, je suis allé au collège MBOUR 01, situé non loin de la maison familiale. Remarque, cette année 2003 a fortement marqué mon existence dans la mesure où j’y ai remporté pas mal de prix, notamment un concours national en arabe et un autre en éducation artistique organisé par le FNUAP. Jusqu’à cette année, j’alliais les études françaises et celles coraniques. Ce qui n’était pas facile du tout, combinaison qui me prenait également beaucoup d’énergie et de temps mais je savais que c’était mon intérêt personnel et ma formation spirituelle qui étaient en jeu. Ce qui m’a aidé à le supporter sans trop me plaindre. En 2007, j’ai eu mon BFEM avec comme particularité le fait que j’étais premier de mon centre d’examen. Une année auparavant, ma grande sœur avait réussi le même exploit en étant, elle aussi, première du même Centre. A l’époque, j’avais commencé à m’intéresser à l’interprétation musicale et il n’était pas rare de me voir sur le podium des journées culturelles scolaires reprendre des chansons célèbres. Le BFEM en poche, je suis allé au mythique et célèbre Lycée Malick SY de Thiès poursuivre mes études. Après trois années intenses et passionnantes passées à la vitesse de la lumière, j’ai obtenu mon baccalauréat, série L ‘1. Un exploit, j’ai envie de dire, s’est produit en 2010 lors de l’examen du Baccalauréat. Pouvez-vous nous en parler ? Mdr. En 2010, j’ai obtenu mon baccalauréat avec la MENTION TRÈS BIEN, avec une moyenne de 16, 04 devenant, encore une fois de plus, premier de mon Centre d’examens. Une chose assez rare chez un bachelier contemporain. BIRAMAWA MAGAZINE - 11
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Comment avez-vous accueilli cette belle réussite ? Vos proches devaient-être très fiers de vous ? A vrai dire, cette mention ne me surprenait guère car cela était juste venu consacrer et récompenser une dure année de travail acharné, ou j’étais à cheval entre trois classes dans lesquelles je suivais des cours en même temps, sans compter que j’étais inscrit à deux cours spéciaux de renforcement histoire de rehausser mon niveau. Mes parents, par contre, mes amis, ma famille de manière générale, ils étaient extrêmement contents, heureux et fiers de moi. Pour eux, cela relevait de l’ordre de l’exploit alors que pour moi, le résultat accompli était juste proportionnel aux efforts soutenus et résolument fournis en cours d’année. Pouvez-vous partager le secret de cette belle réussite avec nous ? D’aucuns se sont empressés de dire : « Oh c’est juste un génie, rien de plus ». Mais le génie, comme disait un de mes profs, est composé de 70% de travail sans relâche et de 30 %, à peine, de relaxation, de repos, après le sentiment d’un travail bien accompli. Pour obtenir ce que les autres n’ont pas eu, il faut faire beaucoup plus d’efforts que les autres, c’est tout. A l’époque, nous faisions des journées continues allant de 08 h a 14 h. Ensuite, je faisais des cours de renforcement entre 14h et 16 h. Une fois à la maison et après un petit repos, le groupe de travail restreint que nous avions constitué, se réunissait au CEM HLM ROUTE DE MBOUR, histoire de réviser à fond les leçons écrites le matin et faire le maximum d’exercices possible en maths, anglais, espagnol et philo surtout. Il s’agissait d’un groupe très sérieux et dynamique qui mettait en avant la réussite collective sur toute autre considération ou aspiration susceptible d’intéresser des jeunes de notre âge d’alors, 20 ans. « …le génie, comme disait un de mes profs, est composé de 70% de travail 12-BIRAMAWA MAGAZINE sans relâche et de 30 %, à peine, de relaxation, de repos, après le sentiment d’un travail bien accompli. Pour obtenir ce que les autres n’ont pas eu, il faut faire beaucoup plus d’efforts que les autres, c’est tout. » D’après vous peut-on réussir dans les études et avoir à la fois une vie sociale épanouie en tant que jeune? Tout dépend essentiellement de l’angle sous lequel on analyse la notion d’épanouissement. Nous avons eu une enfance et une adolescence très épanouies. Notre principal centre d’intérêt était la lecture de romans, de livres de tout acabit et le cinéma. Une fois à l’Université aussi, nous étions dans les mouvements culturels et cultuels mourides au sein desquels nous avons vécu des expériences inoubliables et ressenti des émotions extrêmement fortes. Vous avez fait des études en Droit à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Pourquoi avoir choisi ce parcours ? Dans notre famille, presque tout le monde a suivi des cours de droit. Mon père, mon grand frère, ma grande sœur et ma petite sœur. Pour vous dire que le droit occupe une place prépondérante, fondamentale dans nos vies. Au début, l’idée était de faire une année de droit à l ‘UGB puis, soit de partir en France y poursuivre mes études, soit de changer de discipline et d’aller titiller les Sciences Politiques. Mais après une année de droit, j’ai chopé le virus et développé un amour incommensurable pour les sciences juridiques. En plus, je me suis vite rendu compte que les études de Droit m’offraient de belles perspectives de carrière avec toutes sortes de débouchées les unes aussi intéressantes que les autres. Et donc, j’ai poursuivi l’étude des sciences du droit et sans regrets ultérieurs, aucun. Il y avait un équilibre parfait entre mes différentes activités, entre mes centres d’intérêt : études, dahiras, sport. Il y avait une fraternité sincère entre étudiants, une entraide pérenne et une culture permanente de l’excellence. C’est cela qui m’a le plus marqué et manqué, venant de l’UGB. Parlons maintenant de votre parcours professionnel. Que s’est-il passé ensuite ? En 2013, après l’obtention de ma licence en droit des entreprises privées et suite au rappel à Dieu de mon vénéré père, j’ai dû suspendre les études pour des raisons sociales. Je suis ainsi allé faire le prestigieux concours de l’ENA où j’ai, par la suite, réussi à intégrer le cycle B, de la section Impôts et Domaines de la Division Économique et Financière. Après deux ans de formation, j’ai été mis à la disposition du Centre des Moyennes Entreprises sis à Ouakam. Après un court séjour de 06 mois, j’ai ensuite été affecté au CSF de Mbour où je sers depuis juillet 2016, comme relaté ci-dessus. « Pour occuper le même poste, il faut juste avoir fait la formation à l’ENA, le reste viendra progressivement notamment avec l’expérience acquise au Bureau et sur le terrain[...]Privilégier aussi, au cours de leur cursus, les filières juridiques, politiques et économiques. Mais, au-delà, tous les profils sont éligibles et susceptibles de travailler à la DGID. » Pouvez-vous revenir sur votre vie d’étudiant à l’UGB ? Vous devez être nostalgique ? Oh que oui. J’ai passé à l’Université les plus belles années de mon existence. Quelles sont vos missions ? Mon travail tourne autour des tâches suivantes : -Accueil, information et orientation des -clients ou usagers du service public ; -Instruction des demandes de bail et de cession définitive ; -Instruction des demandes d’autorisation de céder ou d’hypothéquer des droits réels immobiliers ; -Instruction des demandes d’autorisation de construire, de lotir, de simple division et d’ouverture et d’exploitation de mines et carrières ; BIRAMAWA MAGAZINE - 13
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-Instruction et gestion du contentieux en matière domaniale ; -Liquidation et suivi des paiements d’impôts et de taxes dus pour occupation du domaine de l’État et, accessoirement, du domaine public maritime et fluvial. Quels sont les prérequis pour occuper le même poste ? Pour occuper le même poste, il faut juste avoir fait la formation à l’ENA, le reste viendra progressivement notamment avec l’expérience acquise au Bureau et sur le terrain. Une formation préalable ou postérieure en droit ou en économie peut se révéler d’une certaine utilité. Une bonne culture générale aussi diverse que variée ne serait pas de trop. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui souhaitent exercer le même métier ? Mon conseil serait de travailler, d‘encore travailler et de toujours travailler comme le préconisait le Président WADE. Comme le dit l’adage populaire, seul le travail paie mais aussi, après l’effort, le réconfort. Privilégier aussi, au cours de leur cursus, les filières juridiques, politiques et économiques. Mais, au-delà, tous les profils sont éligibles et susceptibles de travailler à la DGID. Et enfin, préparer sérieusement et rigoureusement le concours de l’ENA qui est un brin difficile. Au-delà de votre vie professionnelle quels sont vos hobbies ? En dehors de mon travail, mes activités essentielles tournent autour du sport, de la lecture, du visionnage de films et séries et enfin, de la participation aux activités cultuelles (relevant du Culte, de la foi) et culturelles de mon dahira. Je suis aussi passionné de débats politiques, économiques, culturels. 14-BIRAMAWA MAGAZINE Étant un fédérateur né, j’aime aussi réunir les gens, surtout ceux qui me sont chers, autour de sujets ou d’intérêts communs. Les pays du monde notamment le Sénégal font face à une situation très grave (COVID 19). Quels sont d’après vous les impacts de cette pandémie sur le plan fiscal ? Le monde connaît effectivement une crise sanitaire sans précédent. Dans le contexte de la mondialisation, le monde étant devenu un village planétaire, le Sénégal ne pouvait pas échapper à cette vague de contamination virale. Dès le début de la crise, les grandes nations européennes nous avaient prédit de nombreux morts. Mais les sénégalais ont fait preuve de courage, de responsabilité, d’abnégation et de professionnalisme dans la gestion de cette pandémie. Cela s’est traduit par des statistiques croissantes de cas d’infectés certes mais maitrisés par nos services de santé, avec une nette amélioration de la qualité de traitement des malades. Le Président de la République a pris une batterie de mesures parmi lesquelles la plus notable sans doute est l’annulation d’une valeur de 200 milliards représentant des dettes fiscales. Les recettes fiscales, du point de vue de leur recouvrement ont fortement chuté. Les pénalités ont assez souvent fait l’objet de renonciation au nom de la clémence administrative. Les effectifs ainsi que le temps de présence au Bureau ont été fortement réduits. Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin Je vous remercie infiniment pour m’avoir donné la possibilité de m’exprimer sans détours et de véhiculer certaines de mes idées sur cette plateforme. Je prie Dieu pour qu’il nous aide à combattre et repousser à jamais cette maladie mais aussi qu’il nous aide à gravir les échelons d’une réussite optimale, sans embuches, ambages ni anicroche. AVEC E.C.C.A, L’ASSURANCE DEVIENT ACCESSIBLE À TOUS DES SOLUTIONS OPTIMALES D’ASSURANCE POUR LES PARTICULIERS ET LES ENTREPRISES Découvrez toutes nos offres sur www.ecca-online.com ou contactez-nous par mail à l’adresse contact@ecca-online.com BIRAMAWA MAGAZINE - 15
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AVIS D’EXPERT 16-BIRAMAWA MAGAZINE COVID-19 ET LE MONDE : JE NOTE DES DÉMONSTRATIONS DE FORCE ET UNE VULNÉRABILITÉ A GRANDE ÉCHELLE Le Coronavirus secoue la planète ! 2020 ou l’année de la pandémie ! Ces « UNE » alarmantes ont fini par polluer notre quotidien. Je crois qu’il n’est pas exagéré d’accepter que la crise sanitaire actuelle est la plus importante de ces trois dernières générations. Beaucoup pourrait en effet être dit sur le CORONAVIRUS : son apparition, sa propagation ou encore ses innombrables conséquences. Mais un regard avisé arriverait à un constat simple : le VIRUS met en exergue des réalités déjà existantes. UN JEU DE PUISSANCE…COMME TOUJOURS Pour avoir une idée sur les démonstrations de force durant cette période que nous traversons, il suffit de jeter un regard sur les plans de sauvetage économique initiés un peu partout mais aussi les gros efforts fournis par les Puissances pour réaliser des infrastructures tape à l’œil. LA RIPOSTE ECONOMIQUE Début avril 2020 : la moitié de l’humanité est confinée. Cette situation engendre inévitablement une diminution des activités professionnelles, des productions, des services. Pour pallier cette situation complexe, de nombreux États et organisations internationales ont mis en place des politiques économiques de riposte. Ainsi, le 18 mars 2020, la Banque Centrale Européenne annonce un plan de sauvetage à hauteur de 870 milliards d’euros (toutes mesures confondues) tandis que la Commission européenne a présenté un plan d’emprunt commun le 27 mai 2020. Le 25 mars 2020, une enveloppe 2.000 milliards de dollars est débloquée par le trésor étasunien pour venir en aide aux particuliers, aux entreprises, et tenter de compenser une hausse temporaire de 3,3 millions de chômeurs. A Pékin, la stratégie de relance économique pour surmonter l’impact de la pandémie combine des investissements dans des technologies innovantes telles que la 5G ou la construction de routes. La construction de dizaines de nouvelles centrales au charbon est annoncée dans le cadre d’un plan de relance pour son économie de 50 billions de yuans (6,5 milliards d’euros). Coté africain, certains pays ont fait preuve de leur capacité à gérer cette crise sanitaire, même si ici, le jeu de puissance est très…très discutable. Les États africains continuent quand même de prendre un certain nombre de mesures. Par exemple, face à la propagation du coronavirus, le Gouvernement ivoirien a annoncé un plan de soutien à l’économie de 650 milliards FCFA, dont 300 milliards FCFA dédiés explicitement aux filières agricoles, selon un communiqué officiel. Au Sénégal, dès le 23 mars, les Élites ont annoncé la création d’un Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du COVID-19 (FORCE-COVID-19) doté de FCFA 1 000 milliards (€ 1,5 milliard). Une enveloppe de FCFA 50 milliards (€ 76 millions) a été consacrée à l’achat de vivres pour l’aide alimentaire d’urgence. Ces efforts africains analysés à l’échelle mondiale pourraient être minimes, mais entre pays voisins, ils valent leur pesant d’or. L’intérêt de ces plans de sauvetage est double. Premièrement, il s’agit bien sûr de sauvegarder le plus possible l’économie du pays en vue d’une reprise des activités dans un futur proche. Mais ne nous trompons pas, Il s’agit ici d’un jeu du paraître. Mettre en place des plans de sauvetage de valeurs très importantes est synonyme de puissance économique et, par conséquent, de consolidation d’une place de meneur de rang mondial en ces temps de crise. INFRASTRUCTURES HOSPITALIÈRES ET RECHERCHE DU VACCIN MIRACLE La capacité d’un pays à gérer la pandémie est un enjeu international. Chaque pays souhaite se positionner comme figure de proue de la lutte contre le virus. Cette course à la sortie de crise est particulièrement illustrée par les gestions des systèmes hospitaliers. BIRAMAWA MAGAZINE - 17
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En ce sens, la Chine a réalisé l’exploit logistique de construire un hôpital « en dur » à Wuhan, ville apparemment originelle du virus, du 24 janvier au 2 février 2020, soit en dix jours. Ce dernier fait 25 000 mètres carrés, a une capacité de 1 000 lits et a nécessité 4 000 ouvriers jour et nuit. Par ailleurs, la Chine a spécialement construit un second hôpital, mis en service le 6 février 2020 à Wuhan, d’une capacité avoisinant les 1 500 lits. Les deux hôpitaux auraient coûté l’équivalent de 39 millions d’euros au Gouvernement. Nous sommes en avril 2020.L’’USNS Mercy est amarré à Los Angeles alors que l’USNS Comfort rejoint New York. Disposant chacun de 12 blocs opératoires et de 80 lits de soins intensifs, ces anciens pétroliers, construits en 1976 et convertis en navires-hôpitaux au milieu des années 1980, peuvent accueillir un millier de patients au total. Côté européen, après le montage d’un hôpital militaire à Mulhouse –France- de nombreux ponts aériens s’effectueront pour transférer des malades entre la France et l’Allemagne. Il faut aussi noter la construction d’un hôpital en préfabriqué à Golokhvastovo, au sud-ouest de Moscou, d’une capacité prévue de 500 lits, pour un coût estimé par le Kremlin à l’équivalent de 105 millions d’euros. Cette construction intervient alors même que la Russie n’enregistrait « que » 130 décès pour 2 186 cas confirmés au 12 avril 2020. Ces infrastructures ont certes un but sanitaire mais ils se présentent aussi comme des symboles de puissance. La construction d’un hôpital d’une taille conséquente en un temps record est un luxe ostentatoire que seules certaines puissances peuvent se permettre. La recherche de vaccin est aussi à l’ordre du jour. C’est simple : la découverte de ce miracle offrirait à un pays une tribune mémorable. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio GUTERRES, a été clair : un vaccin sûr et efficace serait « le seul outil permettant un retour du monde à un sentiment de normalité ». Il « sauverait des millions de vie » et économiserait « des milliards innombrables de dollars ». 18-BIRAMAWA MAGAZINE Une petite recherche permet de constater qu’il y a plus de 100 projets en lice dans le monde, une dizaine d’essais cliniques déjà en cours et l’espoir de disposer, d’ici quelques mois, d’un vaccin efficace : jamais la recherche vaccinale n’aura été aussi massive et rapide. Dans ce contexte, le Géant Chinois s’illustre encore : dans le vaste complexe pharmaceutique Sinovac Biotech, des équipes travaillent jour et nuit. Le laboratoire pharmaceutique coté au Nasdaq a annoncé qu’il était prêt à produire 100 millions de doses de vaccin par an sous le nom commercial de « Coronavac ». Mais ce n’est pas tout : le laboratoire pharmaceutique américain Pfizer indique déjà qu’il mise sur la production de 10 à 20 millions de doses de vaccin expérimental d’ici la fin de l’année 2020. UNE VULNÉRABILITÉ A GRANDE ÉCHELLE En France, l’Institut Pasteur démarrera des essais cliniques pour son projet de vaccin le plus avancé en Juillet et espère des premiers résultats en octobre, selon sa coordinatrice. Certains pays pré achètent des stocks du vaccin avant même qu’il ne soit découvert et fabriqué. Le même scénario se retrouve dans les quelques rares pays où se trouvent des fabricants de vaccins : accaparement des stocks, commandes avant production, financement de la recherche pour bénéficier de la priorité sur les autres. Il faut montrer ses atouts et les rapports de force sont, comme toujours, perceptibles. Seulement, au-delà de toute cette bataille, une réalité est persistante. « Les grands acquis de l’homme tout comme les plus petits peuvent disparaître en un clignement d’œil ». Cette vérité est plus que jamais perceptible. Un virus est en effet venu changer radicalement la perspective. En quelques jours, on a noté des frontières fermées, tout un monde ou presque placé sous couvre-feu, des humains isolés les uns des autres et l’adoption unanime du télétravail. Aucun lobby d’aucune sorte n’a été consulté, même pas pour la forme, aucun passe-droit n’a été accordé. Les prévisions économiques prévoient que la croissance mondiale pourrait être réduite de moitié cette année, à 1,5% contre une prévision antérieure de 3 %. Selon la CEA, le COVID-19 pourrait faire chuter les recettes d’exportation de combustibles de l’Afrique à environ 101 milliards de dollars en 2020. Elle ajoute que les envois de fonds et le tourisme seront également touchés, car le virus continue de se propager dans le monde entier, ce qui entraîne une diminution des flux d’IDE, une fuite des capitaux, un resserrement du marché financier intérieur et un ralentissement des investissements - donc des pertes d’emplois. Tout ça à cause d’un petit virus. Un retournement de situation aussi spectaculaire montre parfaitement à quel point les acquis essentiels du développement humain peuvent être remis en question. Nous sommes tous semblables face à une telle catastrophe, peu importe nos différences du point de vue ethnique, religieux, financier et encore...Il n’existe ni de « grands » ni de « petits » mais simplement des Humains, parfaitement vulnérables. Selon Hervé Desbois « La vie est un bon professeur. Encore faut-il savoir l’écouter ». Des changements devront être opérés, sous plusieurs aspects de notre vécu quotidien. Mais encore faudrait-il s’en persuader car après tout, des catastrophes on en a connu dans l’histoire. Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires étrangères BIRAMAWA MAGAZINE - 19
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Coin D’AUTRUI Bonzzzouuurrr warahmatullah, chers lecteurs, lectrices du Quinzomadaire Biramawa… Nous en étions où lors de la première prise de contact ? Ah oui, j’avais atterri à Walf Grand’Place après n’avoir jamais voulu devenir un journaliste. C’est vous dire combien le destin peut être persuasif et ténu. Quand l’Omnipotent entreprend de te caser à un point J, rien ne peut résister à Sa volonté. Toutefois, Il ne t’y dépose pas souvent directement. Et c’est souvent là que se trouve la différence entre les Uns et les Autres. Du point A, à celui où vous serez assigné dans les limites du temps qui vous est imparti dans cette vie, il y a un parcours, des épreuves, des écueils, des obstacles…N’ayez pas peur d’eux. Faites-en vos meilleurs alliés. Car ils sont là pour forger celui que vous serez demain. Et d’habitude, c’est ce dernier que la postérité et l’histoire retiendront. La galère était mon plus fidèle compagnon Je n’ai pas atterri au Groupe Walfadjiri juste après ma licence en Journalisme et Communication. Comme je l’ai indiqué dans le premier numéro de votre Magazine, le journalisme ne m’intéressait pas vraiment. La preuve, pendant les vacances des Première et Deuxième années d’étude à l’ISC, au moment où mes promotionnaires cherchaient et effectuaient des stages dans les rédactions de Presse écrite, 20-BIRAMAWA MAGAZINE Radios et Télévisions de la place, moi je me précipitais dans les Niayes de Mboro pour jouer les Navétanes (championnats populaires de football entre quartiers organisés sur toute l’étendue du territoire sénégalais pendant les vacances scolaires et académiques). Je m’accrochais à un rêve qui me fuyait. Mais il est souvent très difficile de se départir d’une passion de jeunesse. Jusqu’au jour où le destin vous met en face d’un gigantesque mur noir et que vous réalisez ensuite qu’il n’y a plus qu’une seule possibilité pour continuer :Retourner en arrière et Tourner la page. Bref, après la Licence, j’ai déposé mon pauvre CV dans des agences de Communication et de Web Marketing, dans des Centres d’appel etc. Espérant naïvement, que mon téléphone allait sonner d’un jour à l’autre pour un entretien. Après trois mois, le seul appel que j’ai reçu venait d’un célèbre Centre d’appel niché à Dakar. Quand j’ai vu l’indicatif 33 8…, j’ai aussitôt sursauté du lit. De l’autre bout du fil, un gars me demande de confirmer l’identité qu’il y avait sur mon CV. Dès que ce fut fait, il me demande si j’étais prêt pour entretien téléphonique. Je lui sers avec assurance un grand OUI. La suite fut catastrophique. Je butais sur les mots, ne savais même pas quoi répondre sur certaines questions d’actualité, tergiversais avec une voix tremblotante. Ce fut tout simplement lamentable. Par politesse, le gars me fit savoir que mon profil ne correspondait pas au poste recherché et que si une autre opportunité se présentait, ils allèrent me contacter. J’ai alors fait une croix sur les Centres d’appel. Un petit frère à moi, qui travaillait dans une agence de sondage et d’études et qui nous recrutait souvent avec d’autres potes, pour effectuer des enquêtes auprès de l’opinion a alors parlé de mon profil à un des responsables de son bureau. Il y avait un poste de pigiste publicitaire qui venait de se libérer et comme il y avait sur mon CV Journalisme et COMMUNICATION, je fus convoqué pour une entrevue avec le responsable du département Pige Publicitaire. Mon excitation est retombée dès que le gars m’a signifié ce à quoi mon job consistait. Et surtout ce que je devais toucher comme salaire à la fin du mois en travaillant 6 jours sur 7, 8 heures par jour : 25 000 mille Fcfa. Je devais quitter chaque jour Pikine pour me rendre près du Canal de Soumbédioune. J’arrivais souvent en retard. Il fallait prendre les « Ndiaga Ndiaye » jusqu’au marché Petersen. Ensuite, n’ayant pas les moyens de payer un taxi, j’utilisais le premier moyen de transport connu par l’Homme (les pieds), jusqu’à Soumbédioune. Tenez-vous bien, chers lecteurs, lectrices de Biramawa, je n’ai j q s a m P p I l r b s 3 m r l m G 2 d a L D U l c f P m N p t jamais perçu ces 25 mille Fcfa parce que les retards étaient déduits de mon salaire. Ce qui fait que je me retrouvais avec 18 à 19 mille Fcfa chaque fin du mois. Pire, ce travail ne m’apportait aucune plus-value en termes de compétence. Il suffisait juste de répertorier toutes les pubs qui passaient sur une station radio dédiée et de les mettre sur une base de données électronique. Rien de spécial. Même un élève de la classe de 3e pouvait le faire. Je fus viré après six mois pour cause de retards et absences répétés. À l’époque, je ne savais que ce licenciement était une porte ouverte à ma carrière de journaliste. Galérer, je n’ai fait que ça. Entre 2007 et 2016. Par intermittence, je goûtais aux délices de la vie. C’est comme ça que j’ai appris à devenir un homme… La main tendue de Jean Meissa Diop Un mois après mon licenciement de l’agence d’étude et de sondage, j’ai décidé d’aller déposer mon CV à Walfadjiri où l’un de mes professeurs de Presse écrite dirigeait une rédaction. Je me rappelle qu’en montant sur le car « Ndiaga Ndiaye » pour y aller, les pickpockets m’ont pris le seul téléphone portable que j’avais et avec lequel je devais appeler monsieur Diop une fois devant les locaux du fameux groupe de presse. Il m’a fallu négocier plus de 30 minutes avec le vigile pour qu’il me laisse entrer. Après un entretien avec Jean Meissa, mon numéro fut donné à Moustapha Diop, qui était le Coordonnateur de la rédaction de Walf Grand’Place. Il m’a appelé cinq jours après (j’avais eu le temps de récupérer mon numéro et de trouver un portable par le biais d’un ami) pour me dire que je devais commencer un stage à Walf le lundi suivant. C’est là que tout est parti. Et c’est dans cette rédaction que je me suis découvert une qualité innée qui peut valoir plus que tous les diplômes que vous pourrez engranger durant votre cursus :La Capacité d’Adaptation. Je n’avais jamais pratiqué le journalisme auparavant. Je n’avais jamais travaillé dans une rédaction avant. C’était ma toute première fois. Et pourtant, moins de six mois après mes débuts, j’étais devenu le chouchou de Moustapha, qui avait fini par faire de moi l’Envoyé spécial de la rédaction à l’Intérieur du pays, dans un contexte de campagne électorale 2012 très tendue. Il savait que j’avais très vite compris la ligne éditoriale People du journal Walf Grand’Place. Et que je ne traitais presque jamais de la même manière un événement couvert et relayé par tous les médias. Quand je couvrais un combat de lutte, c’était dans un angle différent et bien particulier. Quand je couvrais un match de football du championnat sénégalais ou même de l’Équipe nationale, c’était toujours différent. J’avais, en plus de mes capacités rédactionnelles assez bonnes, une touche décontractée et surtout provocatrice dans mes textes. Et ça, Moustapha aimait beaucoup. « Si vous allez couvrir un événement pour écrire ce que tout le monde va publier demain dans les journaux, il vaut mieux laisser tomber et nous faire économiser du carburant », disait-il souvent en réunion de rédaction. Le stage était non-payant à Walf. Et pourtant, ce fut la plus belle expérience professionnelle de ma vie. Dans le prochain numéro, je vous dirai pourquoi et bien plus encore. D’ici-là, portez-vous bien et surtout respectez les gestes barrières et les consignes édictés par les autorités sanitaires pour lutter contre la propagation du virus qui circule toujours. Dieu veille sur tous ! Ayoba FAYE Journaliste d’investigation – Rédacteur en chef Pressafrik BIRAMAWA MAGAZINE - 21
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ENTRETIEN POTRAIT 2 Anna Thérèse CISS Directrice Magasin Auchan Retail Sénégal «Je suis la première recrue de Auchan Retail Sénégal» Du haut de ses 28 ans la jeune Anna Thérèse CISS est actuellement Directrice de magasin Auchan Retail Sénégal. Dans cet interview accordé à Biramawa Magazine elle dresse son parcours et livre les secrets de son ascension professionnelle rapide. « Être responsable de Magasin suppose de la polyvalence, de bien connaitre les services et produits, les règles de fonctionnement et savoir manager. » Qui est Anna Thérèse Ciss ? Je m’appelle Anna Therese Ciss je suis née le 24 Septembre 1991 à Tivigne Tanghor (Mont Rolland, Thies). Je suis fille unique, récemment mariée, maman d’un adorable petit garçon. Pouvez-vous revenir sur les grandes lignes de votre parcours de formation et vos expériences professionnelles ? J’ai eu mon BAC en série L1 au LTCIS MBORO, par la suite j’ai rejoint l’UCAO Saint Michel pour une Formation en Gestion des Entreprises d’une durée 2 ans en me spécialisant en Licence Comptabilité-Finance. En parallèle je suivais des cours d’Anglais à l’UCAD. J’ai eu mes 02 Licences (Anglais-Comptabilité Finance) en 2014. Et quelques jours avant j’ai été embauché en tant que Assistante comptable chez ARS (Auchan Retail Sénégal). Une fois chez Auchan, quelles sont les grandes étapes de votre évolution ? Comme consistaient à gérer notamment l’imputation des factures, le rapprochement bancaire, la gestion de la trésorerie, le paiement fournisseurs directs et les prestataires de services etc… Au bout de 2 ans, et plus précisément en Avril 2016 j’ai été promu au poste de Manager de Rayon Caisse dans l’un des premiers magasins AUCHAN. Je gérais une équipe 15 collaborateurs et mes missions étaient principalement centrées sur le contrôle des recettes journalières (encaissement-versement), la formation des nouveaux managers de caisse… Depuis quelques mois je suis Directrice de Magasin. Pourquoi avoir choisi de rester chez Auchan ? Auchan m’a ouvert ses portes et participe à mon épanouissement professionnel. Au bout de quelques années je peux dire j’ai beaucoup gagné en expérience en plus de me retrouver dans les valeurs de l’entreprise qui sont l’excellence, l’ouverture et la confiance. Mon souhait le plus cher est de continuer à grandir au sein de la société et de gagner en responsabilités. susmentionné, j’ai commencé en tant qu’Assistante Comptable. Mes missions Vous êtes actuellement Directrice de Magasin Auchan Sénégal ? Bravo ! Vous devez être fière de vous ? Très fière de moi parce que je suis la première recrue de ARS (Rire). Je suis également très fière d’appartenir à cette société qui m’a fait confiance et fait de moi ce que je suis devenu aujourd’hui. Comment expliquez-vous cette ascension ? Je touche du bois ! J’avoue que ça a l’air très rapide. Mais c’est le fruit de beaucoup travail, de sacrifice aussi. J’en suis là parce que j’ai travaillé jour et nuit. Et cela me conforte dans l’idée que ARS récompense le travail. « La Grande distribution est un secteur très complexe. Peu importe le cursus, avec la volonté et l’accompagnement on peut exercer les différents métiers ». Pouvez-vous nous décrire vos missions en tant que Responsable de Magasin ? Être responsable de Magasin suppose de la polyvalence, de bien connaitre les services et produits, les règles de fonctionnement et savoir manager. Mes principales missions consistent à contribuer à la fidélisation de la clientèle et le développement du magasin, le management des équipes, la gestion de l’activité de la surface de vente, de la relation client et des flux de marchandises… Nous imaginons que vous faites face à des difficultés ? Si oui lesquelles ? Des difficultés, je dirais non. Mais il y a des défis à relever au quotidien et qui s’inscrivent en ligne droite avec les valeurs de AUCHAN. Il faut savoir gérer la clientèle et ses collègues. Comme diraient d’aucuns « le client est roi ». Je me dois donc de veiller dans la mesure du possible à ce qu’aucun client ne quitte pas notre magasin irrité. Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce poste ? C’est un poste qui me permet de rendre service à l’humain. La satisfaction des clients m’importe plus dans ce métier. C’est pourquoi je me donne les moyens pour que les clients qui entrent dans mon magasin en ressortent sourire aux lèvres. BIRAMAWA MAGAZINE - 23
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Comment décririez-vous un bon manager ? Quelles sont les qualités indispensables ? Des qualités, je peux en citer plusieurs. Mais avant tout je pense qu’il faut beaucoup de courage. Comme vous le savez dire oui ou non quand il le faut n’est pas toujours aisé. Je pense aussi qu’un bon manager doit être juste, enthousiaste et généreux. Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui souhaite exercer le même métier que vous ? Quel cursus suivre ? Quels sont les prérequis ? Comme je l’ai dit plus haut, il faut beaucoup de courage pour travailler dans la GD (Grande distribution), être performant et persévérant dans sa façon de faire. La Grande distribution est un secteur très complexe. Peu importe le cursus, avec la volonté et l’accompagnement on peut exercer les différents métiers. Pour changer de registre Comment décririez-vous votre vie en dehors du travail ? En dehors du travail je n’ai pas une vie trop mouvementée. Comme toute bonne maman je m’occupe de mon fils, je lui consacre beaucoup de mon temps libre (Rire). Quels sont vos hobbies ? Je suis presque insulaire, j’ai grandi 24-BIRAMAWA MAGAZINE sur une île (Île de Gorée). J’adore aller à la plage, au restaurant et faire du shopping. Et j’avoue que cela me fait du bien (Rire). Nous avons pu comprendre qu’être responsable de magasin équivaut à beaucoup de responsabilités. Votre travail n’impacte-il pas sur votre vie privée ? Non du tout, tout est question d’organisation et de planification, mon travail n’impacte pas du tout sur ma vie privée. ponsabilité professionnelle et à une vie familiale épanouie ? Je dirais que c’est bien possible, d’avoir un poste de responsabilité et une vie de famille épanouie. La femme a la capacité de faire beaucoup de choses à la fois. Il suffit que nous ayons confiance en nous et des objectifs bien définis pour atteindre le sommet. Biramawa vous remercie pour cet interview. Votre mot de la fin ? Un grand merci à vous Biramawa, merci pour l’intérêt tout particulier porté à ma modeste personne et très bonne continuation à vous !! « La femme a la capacité de faire beaucoup de chose à la fois. Il suffit que nous ayons confiance en nous et des objectifs bien définis pour atteindre le sommet. » Après quelques années d’expérience, quelle serait votre message à l’endroit des femmes sénégalaises qui aspirent, à la fois, à plus de res
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AGRICULTURE Ces sénégalaises qui choisissent de devenir agricultrice A u Sénégal, les femmes participent largement à la production agricole et à la transformation des produits, et leur rôle est essentiel dans l’atteinte à la sécurité Les sénégalaises attaquent…. alimentaire. Pourtant elles jouissent rarement des mêmes droits que les hommes. Selon un calcul de l’organisation des Nations unies, en ce qui concerne le continent africain, si les femmes avaient le même accès que les hommes aux ressources productives, elles pourraient augmenter de 20 à 30% les rendements des exploitations agricoles. 26-BIRAMAWA MAGAZINE Traditionnellement très présentes dans la main d’œuvre, la vente et la valorisation des sous-produits, les femmes sénégalaises sont actuellement en première ligne dans le développement de la chaîne de valeur agricole. Certaines, éduquées, sont d’ailleurs en train de quitter les villes ou les bureaux pour se lancer dans le secteur, sentant à la fois un potentiel de développement et des besoins de participer à l’autosuffisance alimentaire de leur pays. Aujourd’hui, elles empruntent dans les banques pour créer leur propre exploitation, cultivent des centaines d’hectares, et se lancent à la fois dans l’agroalimentaire. Aminata Dominique DIOUF, 30 ans, directrice générale du Domaine agricole de Nema, s’est installée comme agricultrice. Quatre ans et demi après, la jeune femme ne regrette absolument pas son choix, malgré les nombreuses contraintes du métier. Son cas n’est pas isolé. De plus en plus de femmes choisissent cette voie. Pour mettre en avant leur travail au quotidien, le magazine BIRAMAWA souhaite dévoiler ses vaillantes femmes. Une des agricultrices, Aminata Dominique DIOUF, s’est prêtée au jeu de l’interview. Portraits de vaillantes… Présentation du domaine agricole de NEMA Située dans le village de Nemanding, région de Fatick, Le domaine agricole d’Aminata Dominique DIOUF est l’un des plus grands du Sénégal. Il se positionne aujourd’hui comme l’un des leaders sénégalais sur le marché. Un domaine de 300 ha hautement mécanisé, avec plus de 150 employés, aux allures des fermes américaines, veut relever le défi de la modernité agricole. Quel est ton parcours dans le milieu agricole ? Comment en es-tu arrivée au métier d’agricultrice ? A 9 ans je suis tombée amoureuse du métier agricole même si je ne savais pas vraiment ce qu’était l’agriculture. J’ai baigné dans le milieu depuis toute petite. Après le bac au Sénégal, J’ai décidé naturellement de suivre au Canada un cursus en agriculture. J’ai obtenu mon diplôme en Gestion et Exploitation d’entreprise agricole à l’Institut de technologie agroalimentaire (ITA). visité des champs à perte de vue et ce qui m’avait le plus marqué, c’est la manière dont les jeunes américains se sacrifient pour le développement de leur agriculture. Ce jour-là, j’ai décidé de devenir agricultrice. J’ai dit à mon père que je voulais revenir au Sénégal après avoir fini mes études. le maraîchage et l’apiculture, nous allons bientôt se lancer dans la transformation de la mangue et de l’anacarde. Nous avons déjà installé nos usines de transformation pas longtemps, mais à cause du COVID 19, on était obligé de suspendre toutes activités. Malgré les contraintes du métier, êtes-vous toujours heureuse de votre choix ? Si je me rencontre qu’en 2050 on est supposé être 9 milliards d’habitants et 3 milliards en Afrique et 3 milliards en chine, seul l’Afrique a des terres vierges et représente 60% des terres cultivables. L’enjeu majeur sera aussi de nourrir deux fois plus d’Africains, alors que l’agriculture sur le continent est cinq à six fois moins productive que la moyenne mondiale. J’avoue que je ne regrette pas mon choix. Qu’est-ce qui vous a incité à investir au Sénégal ? Ce qui m’a fait revenir au Sénégal, je suis tombé sur un reportage du président Thomas SANKARE qui m’a vraiment interpellé. Dans le reportage il disait « Consommons ce que nous mangeons au lieu d’importer, c’est normal que la personne qui vous donne à manger, vous dicte ses lois ». Plus tard aussi, j’ai eu la chance d’aller aux États-Unis. Là-bas j’ai Ce qui me donne le plus de satisfaction est que les projections montrent toujours que tous les africains doivent se tourner vers leur continent pour nourrir le monde. Quelles sont les perspectives pour le domaine agricole de NEMA ? Nous sommes dans l’arboriculture, BIRAMAWA MAGAZINE - 27 Quel(s) conseil(s), donneriez-vous aux jeunes filles qui veulent investir dans l’agriculture ? Au Sénégal, les femmes restent plus impliquées dans le petit élevage et les jardins de case plutôt que dans les grandes exploitations agricoles. Elles ont beaucoup de difficulté à progresser parce qu’elles n’ont pas la terre. Et l’accès à la terre est indispensable pour produire de la nourriture et créer des revenus. Je conseille aux jeunes filles de ne pas se préoccuper des préjugés, de croire en soi, d’avoir un bon conjoint qui te soutienne et qui comprend ton métier, ce qui est très important et se rappeler qu’à chaque problème, il y a une solution pour ne jamais baisser les bras ! Thierno NGAMB Agronome, Spécialiste en sécurité alimentaire et résilience
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Veille et Intelligence des Affaires Placement publicitaire dans les séries télévisées sénégalaises Le placement publicitaire est une forme de communication commerciale qui consiste à inclure dans une ou plusieurs scènes d’un film long-métrage, d’une série télévisée ou d’une web-série, un produit, un service, une marque, ou à y faire référence, moyennant un paiement ou autre contrepartie. Dans le même sillage, le produit ou service peut faire l’objet d’une négociation entre l’entreprise et le réalisateur en compensation d’une présence visuelle ou sonore. Ainsi, on peut constater la présence, dans un film, d’un logo, d’un produit matériel ou l’usage des locaux d’une entreprise pour servir de décor lors du tournage. Ce sertissage de la publicité dans la diégèse des téléfilms donne au cinéma des orientations mercantiles. Par ricochet, le placement de produit 28-BIRAMAWA MAGAZINE constitue, contrairement à la publicité classique, une voie de contournement du zapping des téléspectateurs afin d’atteindre une audience plus élargie et ciblée et dans un contexte singulier. La publicité classique se fait sous forme de spot placé au début, lors d’un arrêt ou en fin de scène. Durant ce passage, le téléspectateur dispose d’une latitude de zapper au cas où il est désintéressé par le produit. Aujourd’hui le placement publicitaire a connu une ampleur dans les séries télévisées sénégalaises. Toutefois, il convient de retenir, qu’un producteur ne peut pas s’associer avec toutes les entreprises dont il a besoin pour son film ; de même, l’entreprise n’aura pas une politique de placement cohérente si elle compte donner un avis favorable à toutes les demandes des producteurs. Il importe alors de décrypter cette alliance afin de ressortir les stratégies les plus adaptées au contexte sénégalais en tenant compte de la période de réalisation et les singularités des besoins de l’univers de la communication commerciale. Le couple séries télévisées et placement publicitaire : une union hétéroclite inéluctable Le but des œuvres cinématographiques est de créer un lien de « bon objet » entre le spectateur et le film. Ce dernier a donc pour objectif de faire vivre à son spectateur une expérience particulière l’amenant à oublier ses soucis quotidiens, une renonciation à sa personnalité diurne, un besoin de s’identifier à un personnage par son style, son héroïsme. L’industrie du cinéma a alors attiré l’attention des industriels qui en feront un canal pour communiquer sur leurs produits/services. Aux Etats Unis, Ford peut être considéré comme le premier industriel qui a mis en chantier le placement publicitaire en mettant à disposition ses véhicules aux producteurs de films Hollywood apportant ainsi une touche économique à cet art. Au demeurant, il mérite de revisiter l’intérêt du placement de produits ou services dans les séries télévisées. Si la contribution de l’annonceur semble modique, elle génère un retour sur investissement au poids de l’or par le truchement d’un effet boule de neige. Car, le placement publicitaire a une forte incidence sur la notoriété de l’entreprise et de ses produits. En sus, il accroit l’image de marque et facilite la conquête de nouveaux clients avec des téléspectateurs pouvant remplir un rôle de clients ambassadeurs. Cela permettra alors d’élargir la cible, de multiplier l’audience et d’augmenter les ventes de l’annonceur. Placés dans les œuvres cinématographiques, les produits et les marques contribuent à la construction d’un univers diégétique et de personnages filmiques. Au plan international, des entreprises de grande taille ont longtemps usé de ce moyen de communication pour aiguillonner les besoins et désirs des téléspectateurs. On peut noter la présence du Distributeur Pepsi dans Virutal Hills, l’Ipad d’Apple dans la série TV Modern Family entre autres. La série Adja, une illustration du placement publicitaire Adja, une série télévisée sénégalaise conçue et produite par MARODI pour son client PATISEN a été lancée durant le ramadan 2018. La particularité de cette série est que les personnages portent des noms faisant référence à des produits et marques de PATISEN. En effet, le nom du père de famille Pathé Séne renvoie au groupe PATISEN ; Adja, la mère de famille, est la référence de la marque phare du groupe ; Mamy et Amy, les deux filles, renvoient à des bouillons produits par le groupe. Hormis les noms des personnages, on retrouve des publicités portant sur des produits du groupe comme le bouillon Joker. Il s’en suit des séances gastronomiques avec exclusivement les produits du groupe tels que l’huile et le beurre adja et le Chocopain. Au-delà du choix de cette famille reflétant le visage parfait de la femme sénégalaise, la singularité des produits du groupe PATISEN reste le jargon local utilisé pour qualifier ses produits. La première saison a connu un succès éclatant auprès des téléspectateurs et internautes sénégalais avec une audience estimée à 129090723 vues, 1432690 like pour la partie visualisée sur internet. D’autres entreprises saisissent cette occasion pour publier leurs produits à l’instar du supermarché SUPECO, l’entreprise 6point9, Samsung etc. Cette alliance stratégique, quoique profitable, présente souvent des limites qui peuvent engendrer la rupture du contrat entre la maison de production et l’annonceur ou la télévision. Dans cette perspective, on a assisté cette année à un schisme de l’union entre PATISEN et la TFM. L’encadrement juridique du BIRAMAWA MAGAZINE - 29 placement publicitaire Le placement publicitaire reste une substantifique moelle qui mérite d’être encadrée pour faciliter la communication commerciale des entreprises et accroître le profit de maisons de production et le chiffre d’affaires des télévisions. Comme axes stratégiques, l’encadrement doit être orienté vers l’interdiction de produits pouvant porter atteinte à la santé morale ou physique des consommateurs, de l’incitation à la vente de produits illicites ou dont la vente est prohibée sur le territoire mais aussi d’éviter la surcharge des publicités tant décriée par les téléspectateurs. Placement publicitaire et sensibilisation Les autorités publiques gagneraient à utiliser le placement pour sensibiliser les populations sur les questions d’utilité publique. Par exemple le ministère de la santé pourrait user du placement pour communiquer notamment sur les bonnes règles d’hygiène, les mesures de prévention contre certaines maladies contagieuses. Il en est de même pour les ministères du tourisme et de l’environnement qui, grâce au placement, pourraient mettre l’accent sur l’importance de la préservation de la nature, la promotion des sites touristiques etc. Au regard de ce qui précède on peut retenir que le placement publicitaire présente des avantages pour les producteurs, les annonceurs, les consommateurs… Pour encourager cette pratique il appartient aux producteurs de motiver davantage les acteurs pour les doubles rôles joués : être un personnage et faire de la publicité. Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique UGB
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Droit du Travail et de la Sécurité Sociale La prime de transport 30-BIRAMAWA MAGAZINE L ’indemnité de transport communément appelée prime de transport est, comme mentionnée par l’article 46 de la convention collective nationale interprofessionnelle, une participation de l’employeur aux frais de transport. Le montant est fixé par une décision de la commission mixte paritaire. Depuis le 1er mai 2016, l’indemnité de transport est passée de 16.500 FCFA à 20.800 par mois si le travailleur fait un trajet de 3 km (à vue d’oiseau) pour arriver à son poste de travail. Pour sa détermination, il est pris en compte le coût du transport sur 26 jours, soit 800 FCFA par jours. On comprend tout de suite que les dimanches ou jours de repos hebdomadaires ne sont pas inclus. Cela s’explique par le fait que cette indemnité est considérée comme un remboursement de frais. A ce titre, elle n’est pas imposable et ne supporte pas de charges sociales sauf si le montant effectivement payé dépasse les 20.800. Dans ce cas, le surplus est réintégré dans la base de calcul. Il faut rappeler que cette indemnité rembourse les frais de transport engagés. S’ils ne le sont pas, l’employeur n’est pas tenu de la payer. Par exemple, le travailleur qui s’absente peut se voir amputé de cette prime au prorata des jours absentés. Celui qui part en congé n’en bénéficie pas puisqu’il n’a engagé aucun frais pour son transport. Toujours sur la prime de transport.... Elle n’est pas due dans le cas où c’est l’employeur qui fournit un moyen de transport aux travailleurs à titre gratuit. C’est le cas des entreprises qui disposent de bus de ramassage permettant aux agents de rallier le lieu de travail. La prime ne peut être réclamée par un travailleur qui bénéficie déjà d’un titre de transport à la charge de l’employeur. À y voir de plus près cette situation où l’employeur transporte lui-même les travailleurs est théoriquement plus bénéfique pour ces derniers puisque la prime de transport a vocation à constituer une participation à hauteur de 80% de l’employeur. L’évaluation du coût du voyage étant de 500 fcfa par voyage. 2 voyages par jours sur 26 jours==> 52 voyages 500 fcfa x 52 voyages ==> 26000 fcfa 26000 fcfa x 80% ==>20800 fcfa ==> participation de l’employeur aux frais de transport. Soit pour l’employeur 400 fcfa par voyage ou 800 fcfa par jour. Il peut arriver que les travailleurs par le biais de leurs représentants réclament la généralisation du paiement de la prime de transport sans tenir compte de la distance entre la résidence du travailleur et son poste de travail. Il est possible que l’employeur accède à cette demande. Ce dernier ne commet alors rien d’illégal puisque la mesure est favorable. Alioune FALL Juriste d’Affaires Inspecteur du Travail et de la Sécurité Sociale BIRAMAWA MAGAZINE - 31
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D E C O U V E R T E Alioune MBOUP CEO Africa Tourism Solutions «ATS est une société de prestations touristiques et événementielles» Alioune MBOUP fait partie de ces sénégalais qui ont quitté l’hexagone pour investir et travailler au Sénégal. Depuis 2018 il a créé ATS, « société de prestations touristiques et événementielles ». Biramawa magazine lui consacre pour ce numéro la rubrique « Découverte ». Il encourage les sénégalais de la Diaspora à rentrer, à investir au Sénégal. « Nous proposons des solutions inclusives et novatrices en vue d’offrir à nos clients une véritable expérience du tourisme sur le continent Africain. » Présentez-vous svp ? Je m’appelle Alioune Mboup. J’ai vécu au Sénégal depuis ma naissance avant d’aller aux États Unis où j’ai passé 8 années pour poursuivre mes études. Passionné par le continent Africain, je suis revenu m’installer définitivement au Sénégal en 2018 pour travailler dans le milieu du tourisme et de l’événementiel. Pouvez-vous revenir sur votre parcours de formation et professionnel ? Après le BFEM, J’ai été recruté par SEED Academy (Sports for Education and Economic Development) qui m’a formé dans le basket et m’a aidé à avoir une bourse entière après l’obtention de mon bac en 2011. C’est ainsi que je suis parti aux États-Unis où j’ai pu concilier le basket et les études. Par la suite, j’ai acquis une Licence en Finance et comptabilité au Kansas à Cloud County Community College, puis une Maîtrise en Finance et comptabilité à Henderson State University en Arkaksas. Et après j’ai fait mon Master en Administration des Affaires (MBA), Gestion du Commerce International et Management du Sport à Lynn University en Floride. Pour le domaine professionnel, j’ai été représentant du service clientèle pour AT&T , ce qui m’a beaucoup aidé à comprendre les besoins des clients et comment les satisfaire. Quand je faisais mon Master en Floride, j’avais déjà arrêté de jouer au Basket donc j’étais à la recherche d’un travail, ce qui m’a amené à travailler au Club Monaco, une branche de Ralph Lauren et en tant qu’associé aux ventes et au bout de 6 mois, j’ai été promu au poste de Manager sur la base d’une excellente performance au travail. Après avoir soutenu mon Master, je recevais une offre de Broken Sound Country Club pour être le gestionnaire des comptes recevables, j’ai accepté tout en gardant mon poste de manager à temps partiel. Après 8 mois de travail, j’étais promu au poste de coordonnateur des comptes clients basé sur un excellent rendement au travail. Pendant 1 an et demi, j’avais deux jobs en même temps ce qui m’occupait et me prenait beaucoup de temps. Début 2018, j’ai démissionné de ces fonctions pour revenir au Sénégal et créer Africa Tourism Solutions. Vous êtes actuellement CEO de ATS. Que pouvez-vous nous dire sur ATS ? Africa Tourism Solutions (ATS) est une société de prestations touristiques et événementielles. Nous proposons des solutions inclusives et novatrices en vue d’offrir à nos clients une véritable expérience du tourisme sur le continent Africain. C’est une entreprise que Mouhamed Al Bachir Lo et moi avons fondé. Nous avons quitté respectivement l’Angleterre et les États-Unis pour revenir au pays. Pour nous, ATS ce n’est pas seulement une agence, c’est l’image d’une Afrique revalorisée sur le plan historique, touristique et culturel. Nous voulons révéler la grandeur et l’authenticité du continent Noir qui est souvent victime de préjugés. Il y a une perception mondiale qui dépeint l‘Afrique comme un continent dangereux et misérable, alors que l’Afrique a une valeur incommensurable et sur tous les plans. Nous nous sommes engagés à briser ce stéréotype en proposant des expériences riches, uniques et authentiques au Sénégal et éventuellement à travers l’Afrique. ATS a l’ambition d’inspirer la jeunesse Africaine et l’incite à découvrir toute la beauté du continent dans lequel elle vit. C’est par l’éducation de cette jeunesse, que, nous pouvons garantir un avenir meilleur et la préservation de la culture et du patrimoine Africains. Quels sont les projets présents et futurs de ATS ? Notre projet a toujours été de développer le tourisme local et l’évènementiel au Sénégal. Nous faisons en sorte que nos clients aient une expérience unique car il y a beaucoup de choses à découvrir au Sénégal. Nos projets futurs ont été mis en suspens avec la pandémie de COVID19. Au début de l’année, nous avions commencé des projets d’expansion en collaboration avec d’autres pays Africains pour développer le tourisme inter-régional et par la création d’évènements qui pourraient attirer des touristes, des investisseurs, des artistes... A qui s’adresse ATS ? (Votre cible) Notre cible est plurielle. Au niveau local, nous nous intéressons au Sénégalais de la classe moyenne qui veulent découvrir leur pays. Nous ciblons également les entreprises en leur proposant des packages pour leurs employés mais aussi par l’organisation d’évènements (MICE) comme des séminaires, team building, transferts hôtels/aéroports. Nous proposons nos services aux écoles pour les voyages pédagogiques de leurs élèves et étudiants à travers le Sénégal. BIRAMAWA MAGAZINE - 33
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Au niveau international, nous recevons des aventuriers qui veulent découvrir l’Afrique dans toute sa vivacité, la diaspora Africaine et des personnes qui s’intéressent au tourisme responsable. En outre, les touristes constituent un point important de nos services. Nous travaillons à distance avec des organismes qui séjournent et organisent des évènements au Sénégal. A cause du Covid le secteur hôtelier et touristique est fortement impacté, Comment ATS compte faire face ? En effet, face au Covid-19, le secteur est fortement secoué. Nous avons travaillé sur de nouvelles offres pour booster le tourisme local. C’est un moment qui nous a permis de revoir notre modèle et d’écrire les projets d’événements que nous comptons organiser après la pandémie. Les membres du personnel suivent aussi des formations afin d’être plus productifs. 34-BIRAMAWA MAGAZINE « J’ai toujours cru qu’il y’a assez d’opportunités au Sénégal, j’aime mon pays et le fait d’être auprès de ma famille me manquait aussi. » Plus haut vous disiez avoir fait vos études et avoir travaillé aux USA. Qu’est ce qui a motivé votre choix de rentrer au Sénégal ? La liberté d’expression qu’offre l’entrepreneuriat m’a poussé à rentrer. J’ai toujours cru qu’il y’a assez d’opportunités au Sénégal, j’aime mon pays et le fait d’être auprès de ma famille me manquait aussi. Que diriez-vous aux jeunes sénégalais de la diaspora qui envisagent de faire comme vous ? Je leur conseille de voyager si possible et éventuellement revenir après avoir acquis de l’expérience. Si nous jeunes Africains nous ne rentrons pas pour contribuer au développement de notre continent, qui le fera à notre place ? Comment contacter ATS ? Vous pouvez visiter notre site web via l’adresse suivante www.africatourismsolutions.com et nous contacter par WhatsApp au +221 77 480 78 78 ou par email à infos@africatourismsolutions.com ou africatourismsolutions@gmail.com Nous sommes également sur les réseaux sociaux sous le nom Africa Tourism Solutions. Votre mot de la fin Je félicite vivement Waly et son équipe pour cette belle initiative qu’est BIRAMAWA et je vous encourage.
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D iploVar ou un regard aiguisé sur l’actualité internationale Politique, Sciences Politiques, Relations Internationales, Humanitaire, votre nouvelle rubrique incontournable vous offre plus que des informations, une analyse pertinente des interactions géopolitiques qui vous entourent. Quoi de mieux qu’un résumé des points essentiels de l’actualité internationale des 15 derniers jours, des faits historiques, des portraits de personnalités ayant marqué l’histoire des relations internationales pour mettre à jour vos connaissances et rendre vos débats chocs d’idées. Les points saillants, les immanquables de l’actualité internationale vous seront présentés de façon succincte de telle sorte que rien ne vous échappera. Pour cette première, une consultation du tableau de la VAR Diplomatique nous annonce les informations suivantes : 36-BIRAMAWA MAGAZINE COVID19 : La pandémie a fait au moins 500.000 morts dans le monde depuis l’apparition de l’épidémie en décembre. Les Etats-Unis sont le pays le plus touché, avec 124.732 décès, suivent le Brésil avec 54.971 morts, le Royaume-Uni avec 43.414, l’Italie avec 34.708 et la France 29. Contrairement aux cr aint es de l’OMS, le continent africain est moins impacté que le reste du monde. Le nombre de décès liés à la Covid19 reste peu élevé, 3246 décès pour tout le continent. Plus de 30 milliards de dollars vont être nécessaires pour mettre au point les vaccins et traitements contre la covid19, a indiqué l’Organisation Mondiale de la Santé, à la veille d’une d’une conférence des donateurs. conférence des donateurs. RUSSIE : le déconfinement diplomatique de Poutine qui relance son agenda politique avec le référendum constitutionnel qui lui permettra de rester au pouvoir jusqu’en 2036. Le référendum est prévu au premier juillet sans possibilité de campagne « pour ou contre » en raison du coronavirus. GEORGES FLOYD : Les statues symboles de l’esclavage ou du colonialisme font actuellement l’objet de contestation partout dans le monde. Après celle d’Edouard COLSTON (ancien transporteur d’esclave) déboulonnée en Grande Bretagne d’autres devraient suivre. ONU : le 26 juin, le 75E anniversaire de l’ONU a été célébré dans la sobriété. Dans tous les messages on entend une réelle préoccup a t ion des diplomates quant aux as sauts r é pé - tés dont l’ONU et le multilatéralisme f ont l’objet. L’évènement de cette jo ur né e ronde sée fut une table organipar l’Alliance pour le multilatéralisme co-créé il y a un an par la France et l’Allemagne. Les étaient : l’accès universel à la santé et la lutte contre les ‘’infodémies’’, c’est-à-dire toutes ces fausses informations à propos de l’épidémie, véhiculées sur les réseaux sociaux en majorité. thèmes abordés La peur du virus freine l’accès aux services et à l’aide. Sources : Onu.org, le Point, les Podcasts Affaires étrangères et International de France Culture, Challenges.fr ©Biramawa Magazine BIRAMAWA MAGAZINE - 37 Le SG a appelé à réinventer le monde avec davantage de multilatéralisme. La CPI : est dans le collimateur des USA, TRUMP a signé un décret présidentiel permettant de sanctionner des magistrats de la CPI. Il leur reproche d’avoir lancer une enquête sur de possible crime de guerre et crime contre l’humanité commis par les US dans la guerre d’Afghanistan. CHINE VS INDE : on note une tension frontalière entre l’Inde et la Chine, avec des affrontements entre les soldats des deux pays coutant la vie à 20 soldats indiens et un nombre inconnu du côté chinois. Les deux pays se sont livrés une guerre frontalière en 1962. Les responsables militaires et les diplomates des deux pays continuent toutefois de discuter pour tenter de désamorcer les tensions. Par ailleurs, le contexte géopolitique empêche une véritable normalisation avec la stratégie d’isolement de la chine par Trump qui courtise l’Inde. GABON : L’Assemblée nationale vient de proposer la dépénalisation de l’homosexualité ce qui a suscité des contestations car L’homosexualité est considérée comme un tabou et contraire aux us et coutumes gabonais. MALAWI : l’opposant Lazarus CHAKWERA élu finalement Président avec 58.57 des voix après une longue bataille électorale. Le Président sortant dénonce des irrégularités et sollicite une nouvelle élection. LE 19 JUIN : a été célébrée la Journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit. Il faut noter aussi que la pandémie de la covid19 a des conséquences désastreuses pour les victimes et les personnes rescapées de violence sexuelles liées aux conflits.
Biramawa magagazine N°1 du 17 Juin 2020

Biramawa magazine N°1


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SOMMAIRE EDITO L’ÉQUIPE BIRAMAWA Serigne Amar Mbacké SARR Chercheur en Droit privé/Expert maritime en formation Ayoba FAYE Journaliste d’investigation – Rédacteur en chef Pressafrik Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB Omar Mallé SAKHO Doctorant à l’Université Cheikh Anta Diop, Laboratoire LARHISA. Thierno NGAMB Agronome, Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience Guilaye TINE Designer-Digital Marketer-Telemarketer CEO IN'FINITY Djiby SADIO Photographie P.7 Madame Soukeyna SAGNA Responsable du recrutement et de la formation Terrou-Bi Resort “Ce que je peux dire est que la formation Ressources Humaines …” VEILLE ET INTELLIGENCE DES AFFAIRES Waly NDIAYE Fondateur &CEO BIRAMAWA P.6 “Vous découvrez Biramawa, le ENTRETIEN PORTRAIT 1 premier quinzomadaire sénégalais” contactez nous: contact@biramawa.com Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique - UGB P.10 2 BIRAMAWA MAGAZINE Covid-19 au Sénégal, des stratégies pour sortir le secteur touristique et hôtelier de l’ornière LE COIN D’AUTRUI AGRICULTURE Thierno NGAMB Ayoba FAYE Rédacteur en chef Pressafrik P.14 “Votre parcours scolaire et universitaire n’est pas forcémment gage de réussite ...” AVIS D’EXPERT Agronome, Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience P.26 “Chers Citadins, Investissez dans l’agriculture” HISTOIRE ÉCONOMIQUE DU SÉNÉGAL Alioune FALL Omar Mallé SAKHO Juriste d’Affaires Inspecteur du travail. P.16 Ordonnance sur le droit du travail, cette parenthèse normative ...commentée ENTRETIEN PORTRAIT 2 Chercheur UCAD, Laboratoire LARHISA P.28 Le Rôle du Sel dans l’histoire du Saloum DÉCOUVERTE Cheikh Matar FALL 1 er Sécretaire de l’Ambassade du Sénégal en RDC P.20 “C’est un honneur de représenter et de servir son pays ...” P.32 Racky DAFFE CEO Alyfa "Alyfa est une entreprise qui conçoit et distribue des jouets reflétant uniquement la culture africaine." BIRAMAWA MAGAZINE 3
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ÉDITORIAL Chères lectrices, chers lecteurs Vous découvrez Biramawa, le premier quinzomadaire sénégalais. Il est gratuit et facilement accessible en ligne. Le magazine se veut créer un lien étroit avec ses lecteurs et contributeurs en abordant des sujets qui leur seront certainement très utiles. Il sera une tribune pour ces professionnels, Hommes et Femmes, de tout secteur confondu, qui souhaitent partager leurs expériences, leurs parcours, des conseils… Biramawa se veut également une « lanterne » pour les jeunes générations en quête de vocation. Il peut être difficile, pour un jeune, d’avoir une idée précise de ce qu’il fera dans l’avenir. La connaissance des métiers étant très importante à la constitution d’un projet professionnel, Biramawa vous fera, chers jeunes, une visite guidée des différents métiers. Le magazine sortira des frontières et ira à la rencontre des sénégalais de la diaspora sénégalaise et nous aspirons à ce que ce magazine serve également aux jeunes vivant à l’étranger. Biramawa valorisera les initiatives. Celles émanant d’associations, d’entreprises, de porteurs de projets, de jeunes qui s’investissent, inventent, créent, se dépassent, innovent et font rayonner le Sénégal, leur localité... Le magazine entend enfin vulgariser la vie sociale Sénégalaise. Nous nous donnons comme objectif, à travers une grande diversité de thématiques, de développer des sujets sur le Sénégal dans toutes ses dimensions politiques, économiques, sociales et culturelles. Avant de conclure je tenais à remercier chaleureusement Madame Soukeyna SAGNA, Madame Racky DAFFE, Monsieur Cheikh Matar FALL et Monsieur Alioune FALL d’avoir bien voulu accompagner le lancement du magazine. Je remercie également d’avance tous ces professionnels qui ont déjà accepté ou qui accepteront de faire partie de l’aventure Biramawa. Et enfin Diokondial à ma Femme, la Famille, nos Partenaires et à toute l’équipe BIRAMAWA qui ne ménage aucun effort pour assurer la qualité du magazine. Waly NDIAYE Fondateur et CEO Biramawa 4 BIRAMAWA MAGAZINE ENTRETIEN PORTRAIT 1
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« Ce que je peux dire est que la formation Ressources Humaines ouvre une grande diversité de métiers, et cela, dans tous secteurs d’activité économique… » Pouvez-vous vous présentez ? Je m’appelle Soukeyna Sagna. Je suis actuellement le responsable du recrutement et de la formation pour le Terrou-Bi Resort, un établissement hôtelier 5 étoiles se situant sur la corniche Ouest de Dakar. Pouvez-vous revenir sur votre parcours de formation ? Après un Bac au Sénégal, j’ai poursuivi mes études en France. Je suis diplômée d’un Master 2 en Ressources humaines spécialisé en formation professionnelle. Parlez-nous de vos expériences professionnelles Mon expérience professionnelle a démarré au sein du Groupe Vedior France en 2006 (Actuel Randstad) en tant qu’assistante formation. Animée par le désir de rentrer au Sénégal, je suis revenue en 2009. J’ai occupé le poste de Responsable éducative et insertion professionnelle à la Maison du Rugby, association à but non lucratif qui œuvre pour l’éducation des jeunes issus de milieux défavorisés en passant par les valeurs du Rugby. J’ai intégré, par la suite, le Terrou-Bi Resort. Que diriez-vous aux sénégalais de la diaspora qui, comme vous, sont animés par le désir de rentrer au bercail ? D’aucuns considèrent que c’est un pari risqué. Partagez-vous ce point de vue ? Conseil : Une personne qui a l’opportunité de renter au pays doit le faire 6 BIRAMAWA MAGAZINE sans hésiter parce qu’après tout on est toujours mieux chez soi. Rentrer au Sénégal après avoir entamé une carrière à l’étranger est un pari risqué. Il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte. L’environnement professionnel n’est pas le même. Cela nécessite une réelle capacité d’adaptation. Mais on le fait par conviction et souvent aussi pour des raisons personnelles liées à la famille. Ce sont deux bonnes raisons. Contribuer à son niveau au développement de son pays en étant près de sa famille, que peut-on demander de mieux ☺. Vous êtes actuellement Responsable du recrutement et de la formation au sein de Le Terrou-Bi Resort. Pourquoi avoir choisi les ressources humaines ? J’ai choisi d’être formée et de travailler dans les ressources humaines par pure conviction personnelle. Ce sont des métiers tournés vers l’humain et je suis convaincue que la première force d’une entreprise, ce sont ces femmes et ces hommes. La passion de mon métier est de recruter et de développer les talents qui font la force d’une entreprise. C’est pour cette raison que j’ai choisi cette filière. Comment définiriez-vous votre rôle au sein de Terrou-Bi Resort ? Je suis en charge de mettre en œuvre la politique de recrutement et de formation définie par la direction. Je m’occupe aussi de tout l’aspect intégration du nouvel employé, qui est une phase très importante du recrutement. Pour finir je travaille sur les projets annexes liés aux Ressources humaines. C’est une position à la fois stratégique et opérationnelle. Les stratégies RH doivent, certes, être en accord avec la vision de l’entreprise mais il est aussi très important d’écouter et de comprendre les besoins du collaborateur. Pour cela il faut être sur le terrain. C’est ce qui fait du Responsable RH d’aujourd’hui un business partner. Que préférez-vous dans votre métier ? Participer au développement des compétences du collaborateur. Le suivre depuis son arrivée jusqu’à son départ tout en l’accompagnant dans son évolution de carrière. Quelles sont les qualités indispensables pour exercer cette profession ? Il est fondamental d’avoir le sens de l’écoute, d’avoir de l’empathie et aimer être aux services des autres. Il faut aussi une grande aptitude professionnelle puisque notre métier est soumis à une forte contrainte adminis-trative. Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui sou-haite exercer le même métier que vous ? Ce que je peux dire est que la formation Ressources Humaines ouvre une grande diversité de métiers, et cela, dans tous secteurs d’activité éco-nomique : Gestion des carrières, administratif et paie etc…Les RH interviennent au cœur de l’entreprise. Ce qui en fait des postes incontournables et passionnants. Sauf erreur de ma part les postes RH sont de plus en plus occupés par des femmes. Est-ce un hasard ? En effet c’est un constat, cette présence massive est peutêtre due aux qualités humaines prêtées aux femmes et qui sont indispensables à nos métiers. (Je dis bien peut être ☺) « Il est avéré qu’au Sénégal il y a un réel besoin de former les jeunes qui sont sortis très tôt du système scolaire ou qui ne s’y sentent pas à l’aise... Le Terrou-Bi a expérimenté …avec l’appui de l’Etat du Sénégal, un projet d’apprentissage par alternance qui a permis à près de 85 jeunes d’avoir accès à une formation diplômante gratuite. Ils sortent opérationnels de cette formation.» Responsable au sein d’une société et mère de famille : C’est n’est-ce pas beaucoup de responsabilités ? Beaucoup de responsabilité, je dirais NON. Avez-vous une méthode particulière pour concilier les deux ? Il y a des responsabilités, des défis et des challenges au quotidien. En tant que femme et professionnelle, nous sommes tenues de mener de front plusieurs activités : le ménage, les enfants, le travail. Cela demande un sens de l’organisation aigue. jeunes d’avoir accès à une formation diplômante gratuite. Ils sortent opérationnels de cette formation. 24 d’entre eux ont eu accès à un contrat de travail. Le Sénégal fait face à une situation sans précédent à cause de la pandémie. Qu’est-ce que cela vous inspire ? D’après vous quelles leçons pouvons-nous Votre mot de la fin? Mon mot va à l’endroit des femmes. Je les encourage à continuer sur le chemin de l’autonomisation. Elles sont capables de réaliser de grandes choses. On le voit de plus en plus dans notre société. « Le message pour la femme sénégalaise est de continuer à œuvrer pour son autonomisation. » BIRAMAWA MAGAZINE 7 Au-delà de vos activités professionnelles, est ce qu’il y a des projets ou des causes qui vous tiennent à cœur ? Si oui lesquels ? Le projet qui me tient à cœur est lié à mon activité professionnelle. C’est la formation professionnelle. Il est avéré qu’au Sénégal il y a un réel besoin de former les jeunes qui sont sortis très tôt du système scolaire ou qui ne s’y sentent pas à l’aise. Il y a beaucoup de métiers pour lesquels nous pouvons mettre en place un système de formation professionnelle en alternance parce qu’étant des métiers manuels. Le jeune ne sera pas obligé de passer beaucoup de temps dans une salle de classe vu qu’il n’y est pas à l’aise. Il peut apprendre le métier qui lui plait par le biais de cette alternance en entreprise. Le Terrou-Bi a expérimenté ce projet avec l’appui de l’Etat du Sénégal, un projet d’apprentissage par alternance qui a permis à près de 85 en tirer ? Le Sénégal fait face à une crise sanitaire mondiale qui va avoir un fort impact sur notre économie. Beaucoup d’entreprises formelles comme informelles ont été obligées d’arrêter leurs activités. Il sera difficile d’éviter les conséquences en termes d’emploi dans certains secteurs. Il est donc important de préparer l’après Covid-19 en réfléchissant sur une restructuration économique. Quel message souhaitez-vous adresser aux femmes sénégalaises qui nous lisent ? Le message pour la femme sénégalaise est de continuer à œuvrer pour son autonomisation. Elle doit toujours aller dans le sens de son indépendance pour ne pas se retrouver un jour « contrainte ». La femme sénégalaise sort progressivement des stéréotypes qui l’ont longtemps caractérisée. Il est important de continuer dans ce sens.
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VEILLE ET INTELLIGENCE DES AFFAIRES Covid-19 au Sénégal, des stratégies pour sortir le secteur touristique et hôtelier de l’ornière « Il faut…opter pour une promotion du tourisme domestique en cette période où l’ouverture proche des frontières est encore incertaine. » L a pandémie du coronavirus n’a pas encore révélé tous ses secrets. Chaque période qui passe avec son lot de conséquences. L’industrie touristique et hôtelière n’est pas en reste. Suite à la déclaration du Président de la république, Monsieur Macky Sall, le 19 mars 2020, une nouvelle danse s’est installée sur le terrain des entreprises touristiques et hôtelières. Dans son discours, on peut retenir « la suppression de l’accueil des bateaux de croisière ainsi que le renforcement systématique des contrôles sanitaires au niveau des frontières terrestres, aériennes et maritimes. » Cette mesure est marquée, comme l’indique le Ministre des transports aériens et du tourisme Alioune Sarr, par une « suspension des vols en provenance et à destination du Sénégal. ». Depuis cette date, plusieurs mesures se sont succédé allant de l’état d’urgence qui comprend certaines restrictions telles que le respect d’un couvrefeu, les rassemblements dans les sites comme les restaurants, les bars, les plages et hôtels, suspension des navires à passagers ainsi que l’interdiction des manifestations publiques sur tout l’étendue du territoire. Par ricochet, cet effet domino n’a pas passé de la pommade aux entreprises du secteur touristique (hôtels, agences de voyage, restaurants etc.). Le Sénégal, cette destination allégorique, a longtemps offert à ses visiteurs sa singularité gastronomique délectable, son hospitalité baptisée sous la « téranga sénégalaise », ses beaux paysages et la splendeur de ses zones de détente. Ce décor emblématique ne manquera pas de respirer à plein nez les effets du coronavirus qui viennent inonder les alvéoles pulmonaires de l’industrie touristique sénégalaise. Plages désertes, hôtels vidés de sa clientèle, voyages découvertes en suspens, l’agonie du secteur, gage de la stabilité, risque de redresser sa place prépondérante dans l’économie du pays. Pourtant, en 2017, le Sénégal avait déjà mis en place son riche projet de développement du tourisme et des entreprises (PDTE) pour une durée de cinq ans (2017-2022). 10 BIRAMAWA MAGAZINE En plus de sa mission d’aide aux entreprises exportatrices et l’amélioration de l’environnement des affaires, ce projet contribuerait au renforcement de l’attractivité du secteur touristique. Son objectif principal étant de « créer les conditions nécessaires à l’augmentation des investissements privés dans le secteur du tourisme dans la zone de Saly et à renforcer le développement des entreprises privées au Sénégal » avec un coût global estimé à 74 millions de dollars financé par un crédit de l’association internationale de développement (IDA). Avec 700 kilomètres de côtes et 530 kilomètres de plages, le climat des affaires était favorable à l’activité touristique au Sénégal avant l’arrivée de la pandémie. En effet, le Sénégal dispose de six pôles touristiques. La presqu’île du Cap-Vert qui se vante de son parfum séduisant avec le beau paysage de la capitale sénégalaise, la ville historique de Gorée, riche en émotion ; le monument de la renaissance africaine. D’une statue longue de 52 mètres, le monument de la renaissance est classé parmi les plus longs au monde. En sus, la presqu’île compose le Lac-Rose, une destination favorable aux excursions, l’aéroport de Diass d’une capacité de 3 millions de passagers et le centre de conférence de Diamniadio. Le pôle centre arboré de Thiès et Diourbel doit son emblème à la station balnéaire de Saly Portudal située sur la petite Côte, la réserve de Bandia et le port de pêche artisanal de Joal Fadiouth. Le pôle du Sine-Saloum fasciné par la double classification en tant que réserve mondiale de la biosphère et au patrimoine mondial de l’Unesco par le biais de ses vastes et captivant îles et la richesse des sites mégalithiques de Kaolack. Le pôle du Sénégal Oriental est formé par le site sauvage et montagneux du Fouta Djallon abritant les peuples Bassari et Bédik mais aussi des Chutes de Dindéfélo. Il s’y ajoute le pôle de la région naturelle de la Casamance qui affriole par la fameuse île de Carabane située à l’embouchure du fleuve, la richesse culturelle d’Oussouye et la splendeur des plages de Kafountine. Enfin, le Sénégal attire par l’île historique de BIRAMAWA MAGAZINE 11
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Saint-Louis qui doit son décor à la vallée du Fleuve Sénégal, le Fort de Podor, le Parc des oiseaux de Djoudj et le magnifique désert de Lompoul. L’industrie touristique sénégalaise continuera-t-elle d’attirer des investissements le lendemain de cette crise ? Les entreprises de ce secteur résisteront-elles face au poids de cette pandémie ? Les institutions financières continueront-elles d’accorder du crédit aux entreprises touristique et hôtelière ? Et à quel taux ? Ces différentes questions valent leur pesant d’or dans ce contexte actuel, car lorsque l’économie agonise, le capitaliste réoriente son regard. Les organismes internationaux ainsi que les experts ont commencé à s’inquiéter de l’avenir de ce secteur en léthargie car déjà frappé par l’érosion côtière à Mbour, l’avancée de la mer du côté de Guet-Ndar à Saint-Louis entre autres. L’organisation mondiale du tourisme (OMT) estime que les arrivées de touristes internationaux pourraient connaître une baisse de 20 à 30% en 2020 par rapport à 2019. Dans le particulier du Sénégal, le Président du Conseil sénégalais du tourisme (CST) a évoqué le cas « de nombreux touristes qui ont déjà annulé leur déplacement » selon le communiqué de l’agence de presse sénégalaise du 7 mars 2020. Il requiert alors une adaptation stratégique pour éviter la noyade à ce secteur qui a accueilli 1006600 touristes en 2017 soit une contribution 423 millions de dollars (World economic forum, World Travel and Tourism Report 2017). La contribution des touristes internationaux dans le PIB du Sénégal est estimée à 63,8% contre 36,2% pour les nationaux (Diémé M, 2017). Il faut donc opter pour une promotion du tourisme domestique en cette période où l’ouverture proche des frontières est encore incertaine. En l’espèce, nombreux sont les sénégalais qui n’ont jamais contemplé le coucher du soleil dans les luxueuses îles du Saloum ou encore dé"Il requiert alors une adaptation stratégique pour éviter la noyade à ce secteur qui a accueilli 1006600 touristes en 2017 soit une contribution de 423 millions de dollars..." couvrir les somptueuses plages de la station balnéaire de Saly Portudal. Inciter à la fréquentation des sites touristiques par les nationaux reste aujourd’hui une stratégie que les entreprises peuvent développer afin de stimuler les besoins des consommateurs sénégalais, déjà modifiés par la pandémie. Car, l’adaptation à cette nouvelle tournure économique est devenue un impératif. Si la contribution des touristes locaux (63,7%) est supérieure à celle des touristes internationaux (36,3%) en 2016, c’est grâce aux pays comme l’Afrique du Sud, l’Ile Maurice, le Maroc et l’Egypte qui ont jeté leur dévolu sur le tourisme local. L’appui de l’Etat pour canaliser cette formule sera alors un « déconfinement », un renforcement des mesures d’hygiène et des gestes barrières ainsi qu’une limitation du nombre de visiteurs dans les sites d’hébergement, les restaurants et autres espaces de loisirs. Pour soutenir l’investissement dans ce secteur, une diminution périodique des charges fiscales est nécessaire. Il convient de saluer les efforts du gouvernement sénégalais annoncés dans cette perspective avec un appui au secteur à hauteur de 77 millions dans son plan de résilience. En sus, une enveloppe de 12 millions déclarée pour rétribuer les hôteliers ayant accepté de recevoir des malades du coronavirus, 15 millions pour le crédit hôtelier et touristique et 200 millions comme fonds de garantie afin de permettre aux entreprises de tirer profit des prêts des institutions financières. Pour attirer la clientèle locale, une stratégie « low-price », aussi bien au sein des sites d’hébergement que les agences de voyage, pourrait aguicher les touristes nationaux, longtemps confinés, à la découverte de ces espaces splendides. En adéquation avec les gestes barrières, le netmarketing reste le mieux adapté pour faciliter la communication et toucher plus de clients nationaux. "Pour soutenir l'investissement dans ce secteur ,une diminution périodique des charges fiscales est nécessaire." Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB 12 BIRAMAWA MAGAZINE BIRAMAWA MAGAZINE 13
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LE COIN D'AUTRUI pez-vous, je suis apte pour la « fameuse » crise de la quarantaine. Bonzzzouuurrr Warahmatullah et bienvenu dans le « Coin d’Autrui » C’est désormais avec vous, lecteurs du magazine en ligne Biramawa, que je vais partager mes humeurs, mes pensées les plus libres, le peu d’expérience qui dort dans un coin de mon crâne… Et bien sûr mes folies (trop de sérieux m’étouffe). Un échange que je voudrais… décontracté, digeste et sans tabous. Tout en respectant les convictions les plus sensibles des uns et des autres. Ce sera le coin de chacun d’entre vous, le coin de l’autre quoi. Pour commencer, faisons une petite prise de contact. Comme le font nos Profs, la première fois qu’on les rencontre dans le cadre scolaire. Mon nom est Ayoba Faye. Je pèse moins de 70 kilos et fait flirte avec le mètre 90. Sérère de père et de mère, de grand-père et de grandmère, d’arrière-grand-père et d’arrière-grand-mère… A première vue, ma corpulence malhonnête vous poussera à me mettre dans le rang des trentenaires. Détrom14 BIRAMAWA MAGAZINE Bon, vous connaissez mon nom, mes origines, mon poids, mon âge… Ah oui, il vous reste peut-être à savoir ce que je fais de mes journées. Je suis journaliste, rédacteur en chef d’un célèbre journal en ligne panafricain basé à Dakar. Mais ça, c’est une étape d’un long chemin dont j’espère que la narration aidera les plus jeunes à s’accomplir. Je ne voulais pas devenir journaliste. Dans ma tête d’adolescent et de jeune, je n’avais qu’un seul rêve : devenir footballeur professionnel. À l’école, j’étais un élève très moyen. J’ai doublé deux fois des classes de la 6e à la Terminale. Et même si je n’ai jamais passé un examen deux fois, je les ai tous passés au second tour. Ce n’est pas que j’étais nul en classe. Mais j’étais trop distrait par mes ambitions footballistiques. De la 3e à la Terminale, il ne m’arrivait presque jamais d’ouvrir mes cahiers pour revoir mes cours. Un de mes anciens Profs m’en a fait la remarque un jour en me rendant un devoir d’Histoire. « Ayoba, tu n’as pas appris la leçon. Tu t’en sors uniquement parce que tu as une bonne culture générale », me dit-il avant me rendre ma copie avec la note 12/20. « Votre parcours scolaire et universitaire n’est pas forcément gage de réussite ou symptôme d’un échec professionnel et social » À l’université Cheikh Anta Diop où je me suis inscrit à et de Communication (ISC). N’allez pas chercher l’école, elle n’existe plus. Les gérants ont mis la clé sous le paillasson depuis maintenant plus d’un lustre. Jean Meissa Diop, Yves Jacques Sow, Djib Diédhiou, Mansour Kandji, ont été de bons profs pour moi. C’est d’ailleurs le premier nommé qui m’a pris en stage au quotidien Walf Grand’ Place dont il était le Directeur de publication d’alors. Et c’est véritablement dans cette rédaction que je suis devenu un journaliste. Eh oui, vous pouvez prendre tous les cours du monde en journalisme, apprendre les B.a.Ba du métier. Si vous n’avez pas eu la chance de passer par Walfadjiri, se frotter à la rigueur de feu Kamou, de Hanne, se ridiculiser face à la plume du doyen Tidiane Kassé, se casser les dents sur la méthodologie et l’orthographe et la grammaire de Jean Meissa Diop… Croyezmoi, cela peut avoir des conséquences sur votre qualité de rédacteur. la Faculté des Lettres et Sciences humaines en 2001, j’étais un piètre étudiant. J’ai d’ailleurs « cartouché » en Deuxième Année de Lettres Modernes. Entre 2004 et 2007, vous trouverez un assez grand trou sur mon Curriculum Vitae. J’étais de retour dans les Niayes et m’accrochais encore à mon vieux rêve que les années qui passent consumaient. C’est en 2008 que je me suis finalement résigné, après avoir quand même, entre 1999 et 2001 accédé à l’équipe première de l’Etics de Mboro (Deuxième puis Première Division). « Tourner une page, quel choix éprouvant » C’est en 2007 que j’ai débuté mes études en Journalisme et Communication à l’Institut supérieur de Commerce C’est à Walf Grand’Place que les Moustapha Diop et Faydi Dramé m’ont appris comment écrire en journalisme et surtout comment se distinguer du lot et sortir des sentiers battus. Les trois années passées dans cette maison ont beaucoup contribué à canaliser ma plume, à l’affiner, à la polir et surtout à la rendre objective et simple. Les inepties et prises de parti qui découlent souvent de mes posts sur les Réseaux sociaux n’étant que les vestiges ténus de ma nature humaine… C’était une première prise de contact. L’histoire continue, bien sûr, dans le prochain numéro de votre magazine. D’ici là, portez-vous bien et veillez à ce que les personnes âgées et immunodéficientes autour de vous ne soient pas exposées à ce nouveau virus qui circule toujours. COIN D'AUTRUI Ayoba FAYE Rédacteur en chef Pressafrik BIRAMAWA MAGAZINE 15
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AVIS D'EXPERT Ordonnance sur le droit du travail, cette parenthèse normative… commentée Dans ce contexte exceptionnel et inédit où toutes les pendules se sont mises à l’heure de la survie, les mesures palliatives et autres thérapies sont aussi atypiques que dictées par l’urgence. Pourquoi le Pr RAOULT devrait suivre les protocoles habituels pour administrer un médicament qui, s’il n’est pas le plus efficace est une aubaine dans une situation de rareté d’espoir ? Pourquoi, l’activité économique devrait continuer à rouler sur les mêmes paradigmes et selon les mêmes lois ? L’humain est par nature résilient ; face aux difficultés, il s’adapte ; chacun s’adapte à la mesure de ses possibilités et de ses moyens. L’état d’urgence et la prise d’ordonnance s’inscrivent dans cette dynamique et pour une fois, le Chef de l’Etat a compris la nécessité de jouer prioritairement sur le levier qu’est le travail. Aménageant des dérogations à certaines dispositions du Code du travail, l’ordonnance No 012020 du 8 avril 2020 est une parenthèse normative qui poursuit trois objectifs : la sauvegarde de l’emploi, le maintien des moyens de subsistance et la survie du dialogue social au sein de l’entreprise. Et pour y parvenir, la posture de l’Etat est, pour le moins, courageuse. Cette parenthèse normative… D’abord sur la parenthèse, il faut comprendre, comme le précise l’article 5 de l’ordonnance, que les mesures prises dans le contexte de la pandémie n’iront pas au-delà ; comme quand on prescrit une ordonnance médicale à un patient qui devra, après la maladie, reprendre une vie normale sans prise de gélules. Ainsi, on peut s’assurer que le droit du travail reprendra une vie normale à la fin de la pandémie ou du moins de la période couverte par l’habilitation. Mais compter ses effets à partir de la date de la prise d’ordonnance (8 avril 2020) ne ferait qu’acter une inégalité des chances entre ce travailleur qui, bien avant, a perdu son emploi et celui qui, suivant le plus grand hasard l’a perdu que très récemment. Notons que les premières mesures d’arrêt de certaines activités économique remontent au 15 mars 2020. Et pour faire justice, les dispositions de l’ordonnance rétroagiront jusqu’au 14 mars 2020. ͩ .La sauvegarde de l’emploi Désormais et pour la période de l’habilitation, en dehors de la faute lourde, aucun autre motif ne peut être avancé pour licencier un travailleur ; quand bien même ce motif l’aurait justifié en temps normal. Cette mesure a pour conséquence : la suspension totale de l’application l’article L60 qui permettait d’invoquer le motif économique pour licencier des travailleurs. Bien évidemment, cette procédure serait la plus prisée et, peut-être, enregistrerait une plus grande saignée. Qui, encore, peut douter du sacré pétrin dans lequel cette pandémie va plonger l’économie – certains secteurs plus que d’autres – dans son ensemble. La suspension, en partie, de l’article L49 alinéa 2 qui, dans un contrat à durée indéterminée, donne à toutes les parties la possibilité de rompre le lien contractuel. Cette disposition bien qu’elle s’adresse aux deux parties ne semble pas opérer pour le travailleur au sens de l’ordonnance car c’est le licenciement qui est visé. La suspension partielle de l’article L.214 qui oblige l’employeur à requérir l’autorisation préalable de l’Inspecteur du Travail et de la Sécurité sociale avant tout licenciement de délégué du personnel. Toutefois, l’employeur doit demander l’autorisation de l’Inspecteur pour licencier un délégué du personnel qui commet une faute lourde. ͩ .Le maintien des moyens de subsistance L’exclusion du licenciement orientera vers les autres mesures thérapeutiques qui ont toujours existé. Les entreprises, en dehors de la pandémie, connaissent des difficultés parfois conjoncturelles. Ainsi, le chômage technique peut être décidé par un employeur dont l’activité de l’entreprise traverse « une mauvaise passe »1 Cette disposition de l’article L65 qu’on juge laconique – à raison – dans son application pose surtout le problème d’une œuvre réglementaire inachevée car le droit négocié devait prendre le relai. Mais le constat est que les partenaires sociaux n’ont pas joué le jeu. De ce fait, sa procédure était simplement consultative : information de l’Inspecteur du Travail, consultation des délégués du personnel, absence d’obligation de maintenir une partie du salaire. BIRAMAWA MAGAZINE 17
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Dans la parenthèse, l’employeur qui en fait recours doit maintenir une rémunération qui ne peut être inférieure à 70% du salaire net moyen des trois derniers mois d’activité sans que le montant soit inférieur au SMIG. Sa durée ne doit pas excéder la parenthèse. ͫ .La survie du dialogue social On assiste à un cocktail composé des dispositions de l’article L61 et L65 du code du travail. Le chômage technique emprunté au licenciement pour motif économique sa procédure. Désormais, l’employeur qui entend recourir au chômage technique a l’obligation de consulter les représentants du personnel aux fins de rechercher avec ces derniers des solutions alternatives. Mais, des solutions « mixées » car, à côté, de la réduction des heures de travail, du travail par roulement, du chômage partiel ou du redéploiement du personnel figure en bonne place l’anticipation des congés. Les solutions alternatives ne sont pas exhaustives, le télétravail qui n’est pas en déphasage avec le droit du travail sénégalais est en train de faire ses premières expériences. Un outil qui sera, à coup sûr, utilisé dans le grand chantier de la prochaine réforme de la législation du travail sénégalaise. Rester chez soi à travailler empêche de faire un usage hasardeux du très précautionneux droit de retrait prévu dans le décret n° 20061261 du 15 novembre 2006 fixant les mesures générales d’hygiène et de sécurité dans les établissements de toute nature. C’est en toute conscience de la délicatesse de la situation de l’économie que cette ordonnance a été prescrite. Alors, autant ne pas le dire parce qu’on le sait, 18 BIRAMAWA MAGAZINE le sacrifice qui est demandé aux chefs d’entreprise est énorme. Mais on en attend pas moins. Mieux, on devrait s’attendre à ce que dans le grand sacrifice national chacun, aussi stoïque que digne, en supporte la part qui lui revient. Quand les mesures d’accompagnement arrêtées par l’Etat devront suivre, la nation se rappellera de ceux qui ont essayé de tenir. Parmi ceux-là, il y en a qui étaient déjà à la rue avant la pandémie qui devront se montrer assez imaginatifs au risque de périr, d’autres en profiteront pour se défiler mais aucune thérapie n’est facile. Il faut parfois se faire aider - par la contrainte - pour que la pilule qui fait du bien soit ingurgitée. Et devant l’urgence, l’Inspection du Travail et le Tribunal du travail doivent s’organiser et donner à leurs actions plus d’envergure et de rythme pour ne laisser aucune place au dilatoire et à l’abus de droit. Finalement, le droit du travail ne peut recouvrer sa vertu que quand il se met au service de l’économie, dans un élan de redistribution entre acteurs. Le droit en soi est un outil dont il faut savoir faire usage pour calibrer les comportements sociaux et les rendre compatibles au bien-être collectif. 1Voir les causes du chômage technique (article L65) Alioune FALL Juriste, Inspecteur du Travail et de la Sécurité sociale Wax Panther est une marque de mode éthique et solidaire. Nous proposons des vêtements et accessoires en pagnes recyclés, confectionnés par des personnes en réinsertion professionnelle. https://wax-panther.com BIRAMAWA MAGAZINE 19
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ENTRETIEN PORTRAIT 2 Pouvez-vous vous présenter ? Je suis Cheikh Matar FALL, j’ai 28 ans , je suis diplomate de carrière, Chancelier des Affaires étrangères et actuellement, Premier Secrétaire de l’Ambassade du Sénégal en RDC. « C’est un honneur de représenter et de servir son pays loin de ses terres, il y a un sentiment de fierté qui t’anime après chaque mission accomplie.C’est un métier véritablement passionnant. » Pouvez-vous revenir sur votre parcours de formation ? Après mon Bac littéraire, j’ai été orienté à la faculté des sciences juridiques et politique de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et c’est à partir de la troisième année de droit des affaires que j’ai réussi au concours de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA). J’ai alors rejoint cette prestigieuse école pour faire deux années de formation en diplomatie, précisément avec la promotion 2013-2015. J’ai également suivi une Formation militaire dite Formation initiale du Combattant (FIC) à l’Ecole Nationale des Sous-Officiers d’Active (ENSOA) dans le cadre de la formation à l’ENA. Par ailleurs, je suis alumni du programme Young African Leadership Initiave (YALI) en Public Management de la session 9 au CESAG à Dakar. Parlez-nous de vos expériences professionnelles Après la formation à l’ENA, j’ai été naturellement affecté au Ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur. Durant mes deux ans, J’ai eu à servir à la Direction des Affaires juridiques et consulaires (DAJC), d’abord, à la division des droits humains, du contentieux et de la consultation ; division qui traite des questions relatives aux droits humains, de la gestion des dossiers des consuls honoraires, des contentieux de l’Etat du Sénégal et des consultations sur des questions d’ordre juridique. Je suis également passé à la division de la chancellerie qui s’occupe quant à elle, des affaires consulaires, des dossiers relatifs aux demandes de visa ainsi qu’au survol du territoire sénégalais. Aussi, j’ai participé à un séminaire sur le partage des expériences du développement économique sino-africain à Beijing (Chine). Par ailleurs, j’ai eu à effectuer des missions à l’intérieur du Sénégal et à l’étranger : D’abord à Kidira, dans la région de Tambacounda, à la frontière avec la République du Mali, avec L’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) au Sénégal. Ensuite, j’ai été membre de la délégation sénégalaise ayant pris part à la 29me session du Comité Africain d’Experts sur les Droits et le Bienêtre de l’Enfant (CAEDBE), à Maseru au Lesotho. Enfin, j’ai eu à effectuer une mission à Munich en Allemagne. Depuis octobre 2018, j’ai été affecté à notre re-présentation diplomatique en République Démocratique du Congo, en qualité de Premier Secrétaire. Vous êtes actuellement 1er Secrétaire de l’ambassade du Sénégal en RDC. Quelles sont vos missions ? Je suis le chef du bureau des Affaires consulaires qui s’occupe principa-lement de la gestion administrative de nos compatriotes, de l’assistance consulaire ainsi que de la délivrance de visa aux étrangers désirant se rendre au Sénégal. Il m’arrive également de faire le suivi de la coopération bilatérale entre le Sénégal et la RDC, sans parler des taches que Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur veut bien me confier. Quelles sont les difficultés ? Des difficultés mineures je dirais, qui sont la plupart du temps liées à l’incompréhension qui peut naitre entre l’usager et l’administration. Quelles sont les choses qui vous plaisent le plus dans vos missions ? C’est un honneur de représenter et de servir son pays loin de ses terres, il y a un sentiment de fierté qui t’anime après chaque mission accomplie. C’est un métier vérita-blement passionnant. « Honneur et Excellence » est notre credo. « En ce qui concerne les prérequis, je vais partager les propos de Mankeur NDIAYE, Diplomate et Ancien Ministre des Affaires étrangers, qui dans son livre, Diplomatie, 20 ans à la place, à la page 29, définit le métier de diplomate comme étant « une somme de valeurs, de principes éthiques et moraux, de savoir-faire et de savoir être, un sens aigu du regard et une grande capacité d’esprit d’anticipation et de prévision. » En tant que Diplomate, vous êtes appelés à beaucoup voyager. Cela ne vous fait-il pas douter ? Si j’étais aérophobe cer-tainement oui mais ce n’est pas mon cas. BIRAMAWA MAGAZINE 21
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On est diplomate ou on le devient ? D’après-vous quels sont les prérequis ? On le devient car un diplomate est en constante formation, il évolue avec le monde. En ce qui concerne les prérequis, je vais partager les propos de Mankeur NDIAYE, Diplomate et Ancien Ministre des Affaires étrangères, qui dans son livre, Diplomatie, 20 ans à la place, à la page 29, définit le métier de diplomate comme étant « une somme de valeurs, de principes éthiques et moraux, de savoir-faire et de savoir être, un sens aigu du regard et une grande capacité d’esprit d’anticipation et de prévision. Elle est, en vérité au carDiplomatie et Vie personnelle épanouie: Sont-elles conciliables ? Une question qui revient toujours, On parle même de célibataire géographique pour désigner les diplomates mariés qui sont séparés de leurs familles, ce qui montre que c’est parfois délicat de concilier les deux même si ce n’est pas impossible. D’ailleurs Albert CHAM-BON, dans son livre intitulé Mais que font les diplomates entre deux cocktails ? pense que : « un métier de diplo-mate est un métier ou il faudrait être orphelin et célibataire. La solitude du diplomate est, par ailleurs, encore plus mo-rale que physique. Certes il est un homme sollicité, entouré, invité, mais ces attentions se rapportent essentielle-ment à sa fonction, et il ne tarde pas à éprouver comme un constant sen-timent d’isolement qui l’amène, au fil des années, à se replier sur lui-même… » En ce qui me concerne, je trouve que c’est juste une question de compréhension et d’organisation, pour preuve, il y a des femmes diplomates qui arrivent à très bien concilier leur travail et leur ménage. 22 BIRAMAWA MAGAZINE refour de l’habileté et non de l’espièglerie, de la finesse dans le paraître et le comportement, de la prudence et de la sûreté dans le jugement et dans la lecture des faits et gestes, de l’objectivité dans l’interprétation des événements historiques ». J’y ajouterais juste que comme le soldat, le diplomate doit toujours être animé par le devoir de sacrifice pour défendre les intérêts de son pays. Il est en mission pour sa patrie. Quels conseils donneriez-vous aux plus jeunes qui souhaitent faire la même chose que vous ? Se former, bien se former, croire en eux et se donner tous les moyens pour accomplir leur légende personnelle. « Je pense qu’on a trop rêvé et le monde ne nous attend pas, nous sommes dans le temps de l’accomplissement, donc réveillons-nous et soyons des personnes qui sont dans l’accomplissement permanent d’actions qui permettront au Sénégal d’aller de l’avant. » Pour changer de registre qu’estce que la situation actuelle (COVID 19) vous inspire ? Nous ne sommes que peu de chose, ainsi commençait la chronique un journaliste belge pour faire le tableau du monde face à cette pandémie de covid-19. Et je partage entièrement ce point de vue ; pour la première fois, nous sommes tous égaux face au covid-19, riche comme pauvre, footballeur comme supporteurs, homme politique comme citoyen lambda, star planétaire comme inconnu, pays développé comme pays sous-développé. Ce qui montre si besoin en était, qu’il faut toujours faire preuve d’humilité et savoir que rien n’est acquis à l’avance. Soyons humbles ! J’imagine que vous-aussi vous êtes impacté (COVID-19) ? Oui, j’habite dans une zone confinée. Quelles leçons peut-on en tirer (COvid-19) D’abord, je reste convaincu que cette malheureuse situation est le résultat d’un manque de leadership international. En effet, aucune personnalité publique n’est capable aujourd’hui d’incarner le leadership international pour réunir les chefs d’Etats afin de discuter des défis internationaux. Un leader avec une vision aurait dès le départ de l’épidémie à Wuhan convoqué un sommet international sur la question sanitaire afin de maîtriser, limiter et endiguer le virus en chine. Cependant « Quand le malheur ne serait bon qu’à mettre un sot à la raison, toujours serait-ce à juste cause, A quelque chose malheur est bon ! », disait Jean de la Fontaine. Sur ce, je pense qu’il faudrait profiter du coronavirus pour repartir sur de nouvelles bases, un ordre international nouveau pour reprendre le Président de la République, Son Excellence, Monsieur Macky SALL, un ordre basé sur l’humanisme et l’éthique dans la coopération internationale. A ce propos, le diplomate et non moins ancien Secrétaire d’Etat américain, Henry Kissinger se posait la question suivante : le nouvel ordre mondial se fera par le chaos ou par notre propre intelligence. En effet, Il a fallu la guerre des 30 ans pour que les Etats se mettent autour d’une table afin de signer le traité de paix de Westphalie en 1648, traité qui permettait au monde de repartir sur une nouvelle base à savoir, le respect de la souveraineté entre les Etats. Ainsi, partant sur ce principe, peuton considérer le chaos sanitaire du coronavirus comme la base du nouvel ordre mondial ? A cette question, mon côté pessimiste répondra par la négative car depuis longtemps chaque crise a nourri de l’espérance d’une prise de conscience collective mais il suffit de la résoudre pour qu’au lendemain, on recommence nos habitudes. Mon côté optimiste pense inéluctablement qu’on basculera vers un nouvel ordre mondial. En effet, cette crise a bouleversé la normalité. En l’espace de quelques semaines, on a assisté, à la remise en cause de la solidarité au sein de l’Union Européenne, à une interrogation sur l’efficacité des Organisations internationales, l’OMS en particulier, à la récession économique, au duel à distance entre les USA et la Chine, sans évoquer la limitation des libertés individuelle dans des pays dits démocratiques. Tous ces évènements montrent qu’il y’aura forcément un après covid-19. Et j’espère que mon côté optimiste aura raison de nous. Quelle est la cause ou les causes qui vous tiennent-elles à cœur ? La lutte contre le réchauffement climatique, la lutte contre le chômage, la bonne gouvernance dans la gestion des choses publiques, la lutte contre la pauvreté dans le monde entre autres. Quel est votre message à l’endroit de la jeunesse sénégalaise ? Selon René Char, “ Il n’y a que deux conduites avec la vie : ou on la rêve ou on l’accomplit”, je pense qu’on a trop rêvé et le monde ne nous attend pas, nous sommes dans le temps de l’accomplissement, donc réveillons-nous et soyons des personnes qui sont dans l’accomplissement permanent d’actions qui permettront au Sénégal d’aller de l’avant. Votre mot de la fin Se laver les mains, Porter des masques et appliquer la distanciation sociale afin de combattre définitivement cette pandémie du covid19. « …je pense qu’il faudrait profiter du coronavirus pour repartir sur de nouvelles bases, un ordre international nouveau pour reprendre le Président de la République, Son Excellence, Monsieur Macky SALL, un ordre basé sur l’humanisme et l’éthique dans la coopération internationale. » Cheikh Matar FALL 1 er Sécretaire de l’Ambassade du Sénégal en RDC BIRAMAWA MAGAZINE 23
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AGRICULTURE Chers Citadins, Investissez dans l’agriculture 26 BIRAMAWA MAGAZINE "...en réalité l'agriculture offre un vaste champ d'opportunités et des perspectives d'avenir solides. Je suis convaincu que les jeunes peuvent, et doivent, choisir l'agriculture." Que faites-vous actuellement dans la vie ? Souhaiteriez-vous exercer un métier en aviation, devenir médecin, avoir des responsabilités publiques, ou attendre qu’on vous embauche ? Et l’agriculture, vous y avez déjà pensé ? Vous ne me surprendrez pas si vous répondez non… Lorsqu’on envisage l’avenir, beaucoup de gens ont généralement tendance à exclure ce secteur. Je dois avouer que les petits villages isolés et les rizières ne me faisaient pas rêver non plus et que l’agriculture est synonyme d’un mode de vie archaïque et de débouchés limités. J’ai compris plus tard que j’avais tort. Car en réalité l’agriculture offre un vaste champ d'opportunités et des perspectives d’avenir solides. Je suis convaincu que les jeunes peuvent, et doivent, choisir l’agriculture. Chaque année au Sénégal, environ 300 000 nouveaux actifs arrivent sur le marché du travail alors que les structures économiques peinent à créer des opportunités d’emplois pouvant absorber ces flux. La population sénégalaise (15 millions d’habitants) est caractérisée par sa jeunesse, la moitié de la population étant âgée de moins de 18 ans, et un taux d’accroissement annuel moyen de 2,7 %, encore élevé. L'agriculture est aujourd'hui considérée comme la solution pour diminuer ce taux élevé de chômage et améliorer la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance. Le Sénégal dispose de 3,8 millions d’ha de terres cultivables, avec des ressources en eau de surface (Fleuves Sénégal, Gambie, Casamance, le kayanga et le lac de Guiers) et des ressources en eau souterraine abondantes. D’une saison pluvieuse de 3 à 4 mois dans l’ensemble du pays. La vallée du fleuve Sénégal au Nord et l’Anambé au Sud disposent de fortes potentialités en terres aménageables pour l’agriculture irriguée (Riz, Tomate, Patate douce, oignon…Etc.) Le climat dans la zone des Niayes favorise l’horticulture où il est pratiqué toute l’année et surtout en contre saison avec une forte progression des exportations de produits horticoles. Cette progression s’est accompagnée aussi d’une diversification des exportations qui sont sorties du mono produit (haricot vert) pour embrasser une gamme élargie (haricot vert, tomate, melon, maïs doux, radis, pastèque...). Les instituts de recherches tel que l’ISRA, Africa Rice, Tropicasem….etc. fournissent de nouvelles variétés de semences certifiés adaptés à notre environnement avec de haut rendement. Les instituts de développement comme la SAED, la SODAGRI, l’ANCAR, SODEFITEX…etc. continuent de créer des opportunités dans les endroits les plus reculés du Pays. L’accès au crédit devient de plus en plus facile avec la banque agricole de Sénégal, le CMS et la BNDE. Actuellement, Le secteur agricole bénéficie d’un appui croissant de l’Etat, d’importants moyens financiers ont été déployés dans le cadre des projets de l’Agence nationale d’insertion et de développement agricole (ANIDA), du Programme des domaines agricoles communautaires (PRODAC), du Programme National d’autosuffisance en Riz (PNAR), du FONGIP, FONCIS, PDIDAS, PAFA louMaKaf, FNDASP, PRODAC…etc. Le Gouvernement s’est engagé aussi à la baisse des charges fiscales sur le matériel agricole et travaille à une exonération de la TVA, en rapport avec l’UEMOA. Les innovations qui s’œuvrent sur le terrain sont en train de changer l'image de l'agriculture du statut de créateur de problèmes à celui de fournisseur de solutions et cette tendance ne cesse de progresser. Les opportunités d’investissement existent dans toute la chaîne de valeur agricole. Il faut que les acteurs réfléchissent d’avantage sur les méthodes et moyens de la démocratisation de l’information agricole. Thierno NGAMB Agronome, Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience BIRAMAWA MAGAZINE 27
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Histoire économique du Sénégal 28 BIRAMAWA MAGAZINE Le Rôle du Sel dans l’histoire du Saloum Introduction Aliment indispensable à la vie et à la santé de l’homme et des animaux, le sel était un produit stratégique. Dans sa thèse intitulée « Un exemple d’économie coloniale. Le Sine-Saloum (Sénégal), de 1887 à 1940 : cultures arachidières et mutations sociales », Paris, université Paris VII, 1978. Mouhamed. Mbodj a montré que, grâce à l’économie arachidière, le Sine-Saloum était la première région économique de l’A.O.F dans les années 30. La puissance du Saloum à l’époque coloniale était fondée sur un produit de rente. Certes, la période coloniale est une période charnière mais, il existe au Saloum, un processus historique important antérieur à la période coloniale. De ce fait, la question qu’on se pose est de savoir sur quels produits la puissance du Saloum était fondée ? Cette curiosité nous pousse à mener des recherches sur le sel qui est une donnée naturelle pour la région. Le Saloum était un espace situé dans une région qu’on a appelé la Sénégambie. On voit là qu’« il s’agit de toute la façade atlantique correspondant au secteur du littoral africain franchement tourné vers l’Ouest ». En effet, sa vaste étendue de côte exposée à des vents dominants forts et chauds durant toute la saison sèche, combinés à l’existence de marais salants, la côte sénégambienne était de tout temps destinée par la géographie et le climat à être un pays producteur de sel à l’image de la côte Atlantique de l’Europe. Le terroir qui allait devenir le royaume du Saloum au XVIe siècle était une zone productrice en grande quantité. Sa particularité résidait dans le fait qu’à 140 km environ de la côte à l’intérieur des terres, on peut produire le sel marin grâce à l’existence « (…) "[d’] un bras de mer qui s’enfonce profondément dans les terres et s’irradie en un nombre infini de marigots (…) ». Ainsi, l’eau salée de la rivière constitue la matière première pour la production de sel. Notre travail consiste à mettre en relief l’une des données qui a servi à construire progressivement les contours de l’espace Saloum. Il s’agit donc de montrer le rôle du sel dans le processus de la configuration de l’espace Saloum. La lutte pour le contrôle des salines Les sources orales que nous avons consultées mentionnent que c’est Mbegaane Ndour qui fut le premier roi du Saloum après sa victoire sur Ali Eli bana. Le conflit qui l’opposait avec ce dernier est souvent présenté sous la forme anecdotique d’un conflit au dénouement mystique entre un patriarche sérère et un marabout toucouleur. La tradition avait mis en avant l’aspect mystico-légendaire en évoquant la métamorphose de Mbégaane et sa sœur. « Un jour Mbégaane fit part à sa sœur ses angoisses de ne pouvoir conquérir la couronne au détriment d’Ali Eli bana qui s’était entouré d’une troupe aguerrie et convaincue. Sa sœur le suggéra le stratagème suivant : Mbégaane devait se transformer en serpent et cacher dans la babouche du chef toucouleur pendant qu’il priait dans la mosquée ; à la sortie d’Ali Eli bana ; Mbégaane allait mordre celui-ci au pied et sa sœur alors changée en chatte, viendrait attraper « le serpent » pour disparaître avec lui ». Au-delà de son interprétation mythique et religieuse, le conflit semble avoir un soubassement politico-économique. En effet, l’environnement du Saloum offrirait d’énormes richesses naturelles dont la mainmise peut être la source du conflit. La rivière du même nom qui constitue la colonne vertébrale de la géographie du Saloum était à la fois un axe commercial et source d’exploitation de sel et des produits halieutiques. La richesse entre les richesses donc, c’est la rivière. Elle représentait pour le Saloum, ce que « le Nil » signifiait pour l’Égypte. L’analyse des lieux de conflit révèle que la zone convoitée se situait à la lisière de la rive gauche plus précisément dans le pays qu’on appelait le « Mbey ». Au-delà de sa vocation agricole, la localité abritait les plus importantes salines naturelles. Dès lors, elle devint un enjeu pour tous ceux qui avaient des visées sur le Saloum. Et on comprend alors pourquoi, Mbégaan le premier Roi de Saloum n’avait pas érigé sa capitale à Mboudaye (village de son père). Sa capitale était Kahone située à la rive gauche non loin des salines de Ngathie ; contrairement à Mboudaye situé à l’ouest de Laguème. Un autre fait suscite aussi notre attention : l’élimination de Diattara tembedou à Ngathie. Selon Abdou Boury Ba « après avoir réussi à s’emparer du pouvoir par ruse, (…) Mbégane eut à combattre Diattara Tembedou, un chef musulman d’origine Sarakholé. Diattara avait remplacé Ali Eli bana pendant quelques jours, mais aurait été tué par les sérères, partisans de Mbégane, tout près du Village de Ngathie où se trouve son tombeau appelé « khatoubDiatara ». La tradition prend ce dernier comme le successeur d’Ali Eli Bana. Mais d’après une autre source, « Diattara au début était un allié de Mbegaan. Il était l’époux de sa sœur. Il est le père de sa nièce Mingué Diattara, la mère du troisième Roi de Saloum : Lat mingué BIRAMAWA MAGAZINE 29
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guelén Ndiaye. Par la suite, les deux hommes se sont séparés. La rupture était soldée par la mort de Diattara. Il était abattu par les hommes de Mbégaan ». Il semble que la rupture était causée par un conflit d’intérêt économique. Ce dernier était identifié par la tradition comme un musulman soninké. L’islam à l’époque était une religion marchande. Diattara aurait été un commerçant. Sous ce rapport, la politique économique au profit du pouvoir central pouvait être en contradiction avec les intérêts économiques de ce dernier c’est-àdire la recherche du profit. De plus, l’alliance entre Mbegaan et le marabout Saloum Souaré dont le patronyme était connu pour l’activité marchande était une alliance contre nature du point de vue de la religion. Ce dernier aurait été un marchand favorable à la cause de Mbegaan. C’est ce qui explique peut-être le fait qu’il n’avait pas soutenu son frère musulman Ali Eli bana. En outre, voici une source qui permet d’entrer de plain-pied dans le but du sujet. Selon Manga Ndour, Mbegaane, après sa circoncision au Sine, était venu séjourner au Saloum. Lors de son séjour, il avait visité une bonne partie de l’espace qui allait devenir le Saloum. Il était allé en Gambie, dit-il. Ces déplacements l’avaient permis d’explorer les potentielles économiques de l’espace et l’importance de la Gambie surtout sur le plan commercial. Mais aussi de constater que l’agriculture et l’élevage étaient les activités dominantes dans les régions qu’il avait visitées. Après sa victoire sur Ali Eli Bana ; il était allé voir le génie Sanghomare afin de négocier la rivière dénommée rivière du Saloum. À son retour, Mbegaan monta sur son cheval et planta son sabre et l’eau le suivit dans le sillon tracé par son sabre sur le chemin du retour. Le sillon 30 BIRAMAWA MAGAZINE était divisé en deux branches : D’où la rivière du Saloum et du Sine. Il semble que la légende est largement partagée. À Ngathie, l’un de nos informateurs Aliou Ndiomé dit à peu près la même chose. « Au moment de l’arrivée de Mbegaan sur le trône du Saloum, il y’avait une famine et les populations avaient demandé à Mbegaan de la nourriture. Ce dernier était allé voir le génie Sanghomar pour obtenir un cours d’eau. Lorsqu’il a eu gain de cause, il dit à son peuple voilà une nourriture inépuisable pendant la saison des pluies, vous aurez des poissons ; et pendant la saison sèche vous obtenez de sel ». Pour nous, le récit relaté par nos informateurs véhicule des substances extraordinaires pour expliquer l’origine du pouvoir de Mbegaan. À travers ce récit, Mbegaan est présenté comme le créateur de la rivière. Or, la rivière existait bien avant l’avènement de Mbegaan. Le sel était exploité et la pêche était pratiquée par les populations depuis leur installation. Ce qui est nouveau, c’est le contrôle du cours d’eau par un pouvoir politique incarné par Mbegaan. Ce dernier avait très tôt compris que la richesse du Saloum, c’est la rivière du même nom ; parce qu’elle était à la fois un axe commercial, source de production de sel et des produits halieutiques. Qui contrôle la rivière devient donc maître des richesses et par conséquent contrôle le pouvoir politique. Il semble que des mythes ont été même inventés pour le contrôle de la rivière. Nous pensons que la surveillance du bras de mer par les génies dénommés : « Mama youngoumél, Laga et M’bossé » était une stratégie pour contrôler la rivière car le pouvoir politique n’avait ni la logistique ni les hommes pour la surveillance. La mainmise sur le cours d’eau avait eu un écho chez les auteurs portugais à l’époque. Valentin Fernandes (1506-1510) avait utilisé le terme « Bour Saloum » pour nommer la rivière. « Du cap dos Mastos jusqu’à la rivière de Gambie, il y a 25 lieues. Et dans l’intervalle, se jettent trois rivières. L’un s’appelle Jaala dans leur langue et dans le nôtre (…). La seconde s’appelle la rivière de barbacijs qui s’élargit à l’intérieur et forme deux bras. Le bras qui va vers le nord s’appelle le « Broçalo » [Roi-Saloum] ». Il est permis donc de dire que le conflit entre Mbegaan et Ali Eli bana était causé en grande partie par le contrôle des salines et des voies de communication. Le rôle du sel dans la construction de l’espace Saloum Autant que la gabelle qui avait joué un rôle important à la construction de la France moderne, le sel avait joué un rôle prépondérant dans le processus de la structuration de l’espace Saloum. Les structures du pouvoir central étaient modelées au tour « des affaires du sel ». En effet, l’emplacement de la capitale (Kahone) était dicté en partie par le contrôle des salines et le commerce du sel. Ce commerce était l’une des causes du rayonnement économique de Kahone. D’après les témoignages de BOILAT, Kahone était prospère. « Au Sud du royaume de Sine est placé le royaume du Saloum, le plus commerçant de toutes les contrées habitées par les sérères. Le principal commerce se fait à Kawour la capitale du royaume. Là se réunissent les marchands mandings qui y apportent de l’or, de l’ivoire et des esclaves. (…) ». En analysant l’échec de la création d’un comptoir commercial au Saloum, A, Dessertine pense que « l’importance (…) des quantités de marchandises qui devaient transiter par Kahone était l’une des raisons de cet échec ». De plus, l’élargissement de l’espace politique vers le Sud était dicté en partie par le commerce du sel. La Gambie était une plaque tournante des échanges commerciaux. Le fleuve était un important axe commercial vers les marchés de consommation. Son agencement avec la rivière du même nom permettait le trafic du sel par la voie fluviale. De ce fait, les ports d’exportations de Saloum (Kawourn,Cassang, etc.) se situaient sur la rive gauche du fleuve Gambie. Il constitue l’une des raisons qui explique le contrôle de ses terroirs par les rois de Saloum. Un informateur qui avait visité ces lieux nous renseigne sur l’existence d’un marigot à kawourn nommé jusqu’à présent marigot des rois de Saloum. Cela prouve dans le passé, le contrôle politique de cet espace par ces derniers. Conclusion Le sel était donc l’une des forces et la puissance de Saloum. De nos jours, le Sénégal est le premier pays producteur de sel en Afrique de l’Ouest. Le sel est exporté jusqu’en Afrique centrale. La filière peut devenir une source de fiscalité locale et d’activités génératrices de revenus. Sa modernisation dans une perspective industrielle peut servir d’impulsion aux politiques de décentralisation pour un développement socio-économique des terroirs salicoles. Le Sine-Saloum n’est pas seulement un « bassin arachidier » ; c’est aussi un « bassin de sel ». Omar Mallé SAKHO Chercheur UCAD, Laboratoire LARHISA BIRAMAWA MAGAZINE 31
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D E C O U V E R T E Qui est Racky ? Je suis Racky Daffé épouse Diop. Je suis maman de deux enfants et je me suis réinstallée à Dakar depuis environ 2 ans après de longs séjours en France et aux ÉtatsUnis. Je suis une femme noire, fière de ses origines et passionnée de l’Afrique et de sa culture Sur le plan professionnel, je suis Economètre / Biostatisticienne de formation. Cinq années en arrière, j’ai créé une marque de jouets ALYFA, afin de répondre à un besoin pressant de matériel d’éveil afro-centrés. Pouvez-vous retracer votre parcours ? Je suis née et j’ai grandi à Dakar jusqu’à mes 17 ans. J’ai ensuite volé vers d’autres horizons pour poursuivre mes études universitaires en France. Après un Master en Économétrie Financière, j’ai décidé de rentrer dans mon pays natal pour y travailler pendant environ 3 ans avant de m’envoler pour la côte Ouest des États-Unis où j’ai obtenu un Master en Biostatistiques. ALYFA est sur pieds aujourd’hui grâce à mes enfants dont les naissances ont motivé un besoin de représentation et d’affirmation qui, durant mon enfance, était malheureusement sous-évalué et presque inexistant. Mon retour au Sénégal a été stimulé par deux choses principales : 1) un besoin de retour aux sources inévitables pour la famille, et 2) une meilleure prise en charge de l’entreprise qui naviguait sur deux mondes enregistrant un succès particulier au Sénégal. Pourquoi avez-vous décidé d’entreprendre ? J’avais une forte passion qui m’a poussé à en faire mon nouveau métier. En effet, après de longues années d’études et une carrière dans différents secteurs d’activités, j’ai décidé de suivre ma passion pour les enfants et l’Afrique. La passion étant un moteur fort de créativité, j’ai pu réaliser les différents éléments constituant ALYFA. Avant de créer la société, j’avais une vision très claire d’offrir à mes enfants la possibilité de grandir dans un environnement qui leur ressemble dans le but de développer en eux une identité forte pour un avenir décomplexé et entreprenant. De plus, même si l'entrepreneuriat n’est pas une activité qui est de tout repos, il a toujours été une source d’intérêt pour moi du fait de la flexibilité qu’il peut apporter particulièrement pour une maman qui est à 100% investie dans toutes les activités de ses enfants. Présentez-nous maintenant votre société Alyfa ALYFA est une entreprise qui conçoit et distribue des jouets reflétant uniquement la culture africaine. Nous concevons du matériel ludique et éducatif cultivant la connaissance, la découverte, l’identité et l’amour de soi. Notre objectif est de diversifier l’offre en matière de jouets en priorité au niveau du continent Africain, mais aussi dans le monde. Nous sommes dans une optique de redéfinir l’idée de jouer en introduisant de nouveaux concepts de jeux pour ainsi valoriser cette culture Africaine longtemps sous-estimée et pourtant si riche et variée. Il est important à nos yeux que les enfants africains se reconnaissent dans nos jouets car représentatifs de leur environnement. Par ailleurs, nous souhaitons que les enfants du monde entier puissent apprendre d’innombrables aspects d’une autre société à travers nos produits. ALYFA a pour vision d’aller au-delà de la conception de poupées noires. Nous créons effectivement des jouets éducatifs et possédons à notre actif un assortiment d’une vingtaine d’outils d’apprentissage et de jeux. Pouvez-vous revenir sur l’histoire de votre société Alyfa ? D’où vient d’ailleurs le nom « Alyfa » ? L’histoire de ALYFA est personnelle et engagée. Comme je l’ai dit plus haut, l’entreprise est née suite à un fort constat de manque de matériel représentant la culture Afro. Ceci a d’abord été constaté en regardant mes enfants évoluer dans une société dépourvue de matériel authentique à notre culture . Il fallait, dès lors, s’atteler à leur donner toutes les opportunités nécessaires pour favoriser leur développement en tant que citoyens du monde. Cependant, le meilleur des « global citizen », à mon avis, est celui qui s'apprécie et se BIRAMAWA MAGAZINE 33
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valorise pour une intégration sociale simplifiée. La sensibilisation dès la petite enfance aux activités et habitudes culturelles favorise la construction et l’épanouissement des enfants. La culture permet une connaissance de soi et du monde. Elle devient ensuite une manière de nous exprimer et un vecteur de lien social. J’ose espérer que nos articles seront à la hauteur de ce combat si important pour le futur de notre progéniture. Nous espérons que cette dernière bénéficie pleinement de cet apport d’apprentissage culturel contrairement aux générations précédentes. Pour revenir à votre question d’où le nom ALYFA vient, je vous répondrai tout simplement : c’est une histoire de fratrie. En effet, ALYFA est la combinaison des prénoms du clan familial. A qui s’adresse votre société ? Notre ambition est de pouvoir servir tous les enfants de 0 à 77 ans (Rires). Pour l’instant nous proposons des produits pour les enfants de 0 à 12 ans. Nous avons des jouets catégorisés et sélectionnés en fonction des âges. Nous faisons appel à tous les parents qui souhaitent adopter les articles d’éveil et d’apprentissage contenant un message culturel fort pour leur enfants. Quels sont vos projets futurs pour Alyfa ? ALYFA est en pleine expansion et nous sommes heureux de pouvoir compter nos produits dans différentes grandes surfaces au Sénégal. Nous souhaitons à court terme nous introduire dans différents pays d’Afrique mais aussi satisfaire une demande internationale. Une des plus grandes ambitions de Alyfa est l’implantation d’une usine de fabrication de ses produits quelque part en Afrique. La société est entrain de chercher des partenaires à cet effet. Les idées foisonnent quant aux jeux qui doivent absolument être présents sur le marché. Nous aurons beaucoup de bonnes surprises pour cette année 2020. Comment assurez-vous la distribution de vos commandes au Sénégal et à l’étranger ? Notre système de distribution s’appuie sur le marketing digital principalement. Nous utilisons constamment les réseaux sociaux pour la promotion de nos produits. Nous nous appuyons également sur la vente en ligne à travers notre site web mais aussi avec les sites e-commerce qui valorisent les produits Africains. Nous pouvons ainsi expédier nos produits partout dans le monde. L’essor actuel des systèmes de livraisons permet de procéder à une large et efficace distribution au Sénégal et à l’international. Racky DAFFE CEO ALYFA 34 BIRAMAWA MAGAZINE Comment vous contacter ? Par mail : contact@alyfa.co Téléphone : +221 77 296 47 96 / +221 77 410 65 76 Facebook : www.facebook.com/alyfa.co Instagram : @alyfatoys Twitter : alyfatoy Linked in : ALYFA www.alyfa.co
Biramawa mag N°1

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SOMMAIRE EDITO L’ÉQUIPE BIRAMAWA Serigne Amar Mbacké SARR Chercheur en Droit privé/Expert maritime en formation Ayoba FAYE Journaliste d’investigation – Rédacteur en chef Pressafrik Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB Omar Mallé SAKHO Doctorant à l’Université Cheikh Anta Diop, Laboratoire LARHISA. Thierno NGAMB Agronome, Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience Guilaye TINE CEO IN'FINITY Designer-Digital Marketer-Telemarketer Djiby SADIO Photographie P.7 Madame Soukeyna SAGNA Responsable du recrutement et de la formation Terrou-Bi Resort “Ce que je peux dire est que la formation Ressources Humaines …” VEILLE ET INTELLIGENCE DES AFFAIRES Waly NDIAYE Fondateur &CEO BIRAMAWA P.6 “Vous découvrez Biramawa, le ENTRETIEN PORTRAIT 1 premier quinzomadaire sénégalais” contactez nous: contact@biramawa.com Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique - UGB P.12 4 BIRAMAWA MAGAZINE Covid-19 au Sénégal, des stratégies pour sortir le secteur touristique et hôtelier de l’ornière LE COIN D’AUTRUI AGRICULTURE Thierno NGAMB Ayoba FAYE Rédacteur en chef Pressafrik P.16 “Votre parcours scolaire et universitaire n’est pas forcémment gage de réussite ...” AVIS D’EXPERT Agronome, Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience P.28 “Chers Citadins, Investissez dans l’agriculture” HISTOIRE ÉCONOMIQUE DU SÉNÉGAL Alioune FALL Omar Mallé SAKHO Juriste d’Affaires Inspecteur du travail. P.18 Ordonnance sur le droit du travail, cette parenthèse normative ...commentée ENTRETIEN PORTRAIT 2 Chercheur UCAD, Laboratoire LARHISA P.30 Le Rôle du Sel dans l’histoire du Saloum DÉCOUVERTE Cheikh Matar FALL 1 er Sécretaire de l’Ambassade du Sénégal en RDC P.22 “C’est un honneur de représenter et de servir son pays ...” P.34 Racky DAFFE CEO Alyfa "Alyfa est une entreprise qui conçoit et distribue des jouets reflétant uniquement la culture africaine." BIRAMAWA MAGAZINE 5
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ÉDITORIAL Chères lectrices, chers lecteurs Vous découvrez Biramawa, le premier quinzomadaire sénégalais. Il est gratuit et facilement accessible en ligne. Le magazine se veut créer un lien étroit avec ses lecteurs et contributeurs en abordant des sujets qui leur seront certainement très utiles. Il sera une tribune pour ces professionnels, Hommes et Femmes, de tout secteur confondu, qui souhaitent partager leurs expériences, leurs parcours, des conseils… Biramawa se veut également une « lanterne » pour les jeunes générations en quête de vocation. Il peut être difficile, pour un jeune, d’avoir une idée précise de ce qu’il fera dans l’avenir. La connaissance des métiers étant très importante à la constitution d’un projet professionnel, Biramawa vous fera, chers jeunes, une visite guidée des différents métiers. Le magazine sortira des frontières et ira à la rencontre des sénégalais de la diaspora sénégalaise et nous aspirons à ce que ce magazine serve également aux jeunes vivant à l’étranger. Biramawa valorisera les initiatives. Celles émanant d’associations, d’entreprises, de porteurs de projets, de jeunes qui s’investissent, inventent, créent, se dépassent, innovent et font rayonner le Sénégal, leur localité... Le magazine entend enfin vulgariser la vie sociale Sénégalaise. Nous nous donnons comme objectif, à travers une grande diversité de thématiques, de développer des sujets sur le Sénégal dans toutes ses dimensions politiques, économiques, sociales et culturelles. Avant de conclure je tenais à remercier chaleureusement Madame Soukeyna SAGNA, Madame Racky DAFFE, Monsieur Cheikh Matar FALL et Monsieur Alioune FALL d’avoir bien voulu accompagner le lancement du magazine. Je remercie également d’avance tous ces professionnels qui ont déjà accepté ou qui accepteront de faire partie de l’aventure Biramawa. Et enfin Diokondial à ma Femme, la Famille, nos Partenaires et à toute l’équipe BIRAMAWA qui ne ménage aucun effort pour assurer la qualité du magazine. Waly NDIAYE Fondateur et CEO Biramawa 6 BIRAMAWA MAGAZINE ENTRETIEN PORTRAIT 1
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« Ce que je peux dire est que la formation Ressources Humaines ouvre une grande diversité de métiers, et cela, dans tous secteurs d’activité économique… » Pouvez-vous vous présentez ? Je m’appelle Soukeyna Sagna. Je suis actuellement le responsable du recrutement et de la formation pour le Terrou-Bi Resort, un établissement hôtelier 5 étoiles se situant sur la corniche Ouest de Dakar. Pouvez-vous revenir sur votre parcours de formation ? Après un Bac au Sénégal, j’ai poursuivi mes études en France. Je suis diplômée d’un Master 2 en Ressources humaines spécialisé en formation professionnelle. Parlez-nous de vos expériences professionnelles Mon expérience professionnelle a démarré au sein du Groupe Vedior France en 2006 (Actuel Randstad) en tant qu’assistante formation. Animée par le désir de rentrer au Sénégal, je suis revenue en 2009. J’ai occupé le poste de Responsable éducative et insertion professionnelle à la Maison du Rugby, association à but non lucratif qui œuvre pour l’éducation des jeunes issus de milieux défavorisés en passant par les valeurs du Rugby. J’ai intégré, par la suite, le Terrou-Bi Resort. Que diriez-vous aux sénégalais de la diaspora qui, comme vous, sont animés par le désir de rentrer au bercail ? D’aucuns considèrent que c’est un pari risqué. Partagez-vous ce point de vue ? Conseil : Une personne qui a l’opportunité de renter au pays doit le faire 8 BIRAMAWA MAGAZINE sans hésiter parce qu’après tout on est toujours mieux chez soi. Rentrer au Sénégal après avoir entamé une carrière à l’étranger est un pari risqué. Il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte. L’environnement professionnel n’est pas le même. Cela nécessite une réelle capacité d’adaptation. Mais on le fait par conviction et souvent aussi pour des raisons personnelles liées à la famille. Ce sont deux bonnes raisons. Contribuer à son niveau au développement de son pays en étant près de sa famille, que peut-on demander de mieux ☺. Vous êtes actuellement Responsable du recrutement et de la formation au sein de Le Terrou-Bi Resort. Pourquoi avoir choisi les ressources humaines ? J’ai choisi d’être formée et de travailler dans les ressources humaines par pure conviction personnelle. Ce sont des métiers tournés vers l’humain et je suis convaincue que la première force d’une entreprise, ce sont ces femmes et ces hommes. La passion de mon métier est de recruter et de développer les talents qui font la force d’une entreprise. C’est pour cette raison que j’ai choisi cette filière. Comment définiriez-vous votre rôle au sein de Terrou-Bi Resort ? Je suis en charge de mettre en œuvre la politique de recrutement et de formation définie par la direction. Je m’occupe aussi de tout l’aspect intégration du nouvel employé, qui est une phase très importante du recrutement. Pour finir je travaille sur les projets annexes liés aux Ressources humaines. C’est une position à la fois stratégique et opérationnelle. Les stratégies RH doivent, certes, être en accord avec la vision de l’entreprise mais il est aussi très important d’écouter et de comprendre les besoins du collaborateur. Pour cela il faut être sur le terrain. C’est ce qui fait du Responsable RH d’aujourd’hui un business partner. Que préférez-vous dans votre métier ? Participer au développement des compétences du collaborateur. Le suivre depuis son arrivée jusqu’à son départ tout en l’accompagnant dans son évolution de carrière. Quelles sont les qualités indispensables pour exercer cette profession ? Il est fondamental d’avoir le sens de l’écoute, d’avoir de l’empathie et aimer être aux services des autres. Il faut aussi une grande aptitude professionnelle puisque notre métier est soumis à une forte contrainte adminis-trative. Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui sou-haite exercer le même métier que vous ? Ce que je peux dire est que la formation Ressources Humaines ouvre une grande diversité de métiers, et cela, dans tous secteurs d’activité éco-nomique : Gestion des carrières, administratif et paie etc…Les RH interviennent au cœur de l’entreprise. Ce qui en fait des postes incontournables et passionnants. Sauf erreur de ma part les postes RH sont de plus en plus occupés par des femmes. Est-ce un hasard ? En effet c’est un constat, cette présence massive est peutêtre due aux qualités humaines prêtées aux femmes et qui sont indispensables à nos métiers. (Je dis bien peut être ☺) « Il est avéré qu’au Sénégal il y a un réel besoin de former les jeunes qui sont sortis très tôt du système scolaire ou qui ne s’y sentent pas à l’aise... Le Terrou-Bi a expérimenté …avec l’appui de l’Etat du Sénégal, un projet d’apprentissage par alternance qui a permis à près de 85 jeunes d’avoir accès à une formation diplômante gratuite. Ils sortent opérationnels de cette formation.» Responsable au sein d’une société et mère de famille : C’est n’est-ce pas beaucoup de responsabilités ? Beaucoup de responsabilité, je dirais NON. Avez-vous une méthode particulière pour concilier les deux ? Il y a des responsabilités, des défis et des challenges au quotidien. En tant que femme et professionnelle, nous sommes tenues de mener de front plusieurs activités : le ménage, les enfants, le travail. Cela demande un sens de l’organisation aigue. jeunes d’avoir accès à une formation diplômante gratuite. Ils sortent opérationnels de cette formation. 24 d’entre eux ont eu accès à un contrat de travail. Le Sénégal fait face à une situation sans précédent à cause de la pandémie. Qu’est-ce que cela vous inspire ? D’après vous quelles leçons pouvons-nous Votre mot de la fin? Mon mot va à l’endroit des femmes. Je les encourage à continuer sur le chemin de l’autonomisation. Elles sont capables de réaliser de grandes choses. On le voit de plus en plus dans notre société. « Le message pour la femme sénégalaise est de continuer à œuvrer pour son autonomisation. » BIRAMAWA MAGAZINE 9 Au-delà de vos activités professionnelles, est ce qu’il y a des projets ou des causes qui vous tiennent à cœur ? Si oui lesquels ? Le projet qui me tient à cœur est lié à mon activité professionnelle. C’est la formation professionnelle. Il est avéré qu’au Sénégal il y a un réel besoin de former les jeunes qui sont sortis très tôt du système scolaire ou qui ne s’y sentent pas à l’aise. Il y a beaucoup de métiers pour lesquels nous pouvons mettre en place un système de formation professionnelle en alternance parce qu’étant des métiers manuels. Le jeune ne sera pas obligé de passer beaucoup de temps dans une salle de classe vu qu’il n’y est pas à l’aise. Il peut apprendre le métier qui lui plait par le biais de cette alternance en entreprise. Le Terrou-Bi a expérimenté ce projet avec l’appui de l’Etat du Sénégal, un projet d’apprentissage par alternance qui a permis à près de 85 en tirer ? Le Sénégal fait face à une crise sanitaire mondiale qui va avoir un fort impact sur notre économie. Beaucoup d’entreprises formelles comme informelles ont été obligées d’arrêter leurs activités. Il sera difficile d’éviter les conséquences en termes d’emploi dans certains secteurs. Il est donc important de préparer l’après Covid-19 en réfléchissant sur une restructuration économique. Quel message souhaitez-vous adresser aux femmes sénégalaises qui nous lisent ? Le message pour la femme sénégalaise est de continuer à œuvrer pour son autonomisation. Elle doit toujours aller dans le sens de son indépendance pour ne pas se retrouver un jour « contrainte ». La femme sénégalaise sort progressivement des stéréotypes qui l’ont longtemps caractérisée. Il est important de continuer dans ce sens.
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VEILLE ET INTELLIGENCE DES AFFAIRES Covid-19 au Sénégal, des stratégies pour sortir le secteur touristique et hôtelier de l’ornière « Il faut…opter pour une promotion du tourisme domestique en cette période où l’ouverture proche des frontières est encore incertaine. » L a pandémie du coronavirus n’a pas encore révélé tous ses secrets. Chaque période qui passe avec son lot de conséquences. L’industrie touristique et hôtelière n’est pas en reste. Suite à la déclaration du Président de la république, Monsieur Macky Sall, le 19 mars 2020, une nouvelle danse s’est installée sur le terrain des entreprises touristiques et hôtelières. Dans son discours, on peut retenir « la suppression de l’accueil des bateaux de croisière ainsi que le renforcement systématique des contrôles sanitaires au niveau des frontières terrestres, aériennes et maritimes. » Cette mesure est marquée, comme l’indique le Ministre des transports aériens et du tourisme Alioune Sarr, par une « suspension des vols en provenance et à destination du Sénégal. ». Depuis cette date, plusieurs mesures se sont succédé allant de l’état d’urgence qui comprend certaines restrictions telles que le respect d’un couvrefeu, les rassemblements dans les sites comme les restaurants, les bars, les plages et hôtels, suspension des navires à passagers ainsi que l’interdiction des manifestations publiques sur tout l’étendue du territoire. Par ricochet, cet effet domino n’a pas passé de la pommade aux entreprises du secteur touristique (hôtels, agences de voyage, restaurants etc.). Le Sénégal, cette destination allégorique, a longtemps offert à ses visiteurs sa singularité gastronomique délectable, son hospitalité baptisée sous la « téranga sénégalaise », ses beaux paysages et la splendeur de ses zones de détente. Ce décor emblématique ne manquera pas de respirer à plein nez les effets du coronavirus qui viennent inonder les alvéoles pulmonaires de l’industrie touristique sénégalaise. Plages désertes, hôtels vidés de sa clientèle, voyages découvertes en suspens, l’agonie du secteur, gage de la stabilité, risque de redresser sa place prépondérante dans l’économie du pays. Pourtant, en 2017, le Sénégal avait déjà mis en place son riche projet de développement du tourisme et des entreprises (PDTE) pour une durée de cinq ans (2017-2022). 12 BIRAMAWA MAGAZINE En plus de sa mission d’aide aux entreprises exportatrices et l’amélioration de l’environnement des affaires, ce projet contribuerait au renforcement de l’attractivité du secteur touristique. Son objectif principal étant de « créer les conditions nécessaires à l’augmentation des investissements privés dans le secteur du tourisme dans la zone de Saly et à renforcer le développement des entreprises privées au Sénégal » avec un coût global estimé à 74 millions de dollars financé par un crédit de l’association internationale de développement (IDA). Avec 700 kilomètres de côtes et 530 kilomètres de plages, le climat des affaires était favorable à l’activité touristique au Sénégal avant l’arrivée de la pandémie. En effet, le Sénégal dispose de six pôles touristiques. La presqu’île du Cap-Vert qui se vante de son parfum séduisant avec le beau paysage de la capitale sénégalaise, la ville historique de Gorée, riche en émotion ; le monument de la renaissance africaine. D’une statue longue de 52 mètres, le monument de la renaissance est classé parmi les plus longs au monde. En sus, la presqu’île compose le Lac-Rose, une destination favorable aux excursions, l’aéroport de Diass d’une capacité de 3 millions de passagers et le centre de conférence de Diamniadio. Le pôle centre arboré de Thiès et Diourbel doit son emblème à la station balnéaire de Saly Portudal située sur la petite Côte, la réserve de Bandia et le port de pêche artisanal de Joal Fadiouth. Le pôle du Sine-Saloum fasciné par la double classification en tant que réserve mondiale de la biosphère et au patrimoine mondial de l’Unesco par le biais de ses vastes et captivant îles et la richesse des sites mégalithiques de Kaolack. Le pôle du Sénégal Oriental est formé par le site sauvage et montagneux du Fouta Djallon abritant les peuples Bassari et Bédik mais aussi des Chutes de Dindéfélo. Il s’y ajoute le pôle de la région naturelle de la Casamance qui affriole par la fameuse île de Carabane située à l’embouchure du fleuve, la richesse culturelle d’Oussouye et la splendeur des plages de Kafountine. Enfin, le Sénégal attire par l’île historique de BIRAMAWA MAGAZINE 13
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Saint-Louis qui doit son décor à la vallée du Fleuve Sénégal, le Fort de Podor, le Parc des oiseaux de Djoudj et le magnifique désert de Lompoul. L’industrie touristique sénégalaise continuera-t-elle d’attirer des investissements le lendemain de cette crise ? Les entreprises de ce secteur résisteront-elles face au poids de cette pandémie ? Les institutions financières continueront-elles d’accorder du crédit aux entreprises touristique et hôtelière ? Et à quel taux ? Ces différentes questions valent leur pesant d’or dans ce contexte actuel, car lorsque l’économie agonise, le capitaliste réoriente son regard. Les organismes internationaux ainsi que les experts ont commencé à s’inquiéter de l’avenir de ce secteur en léthargie car déjà frappé par l’érosion côtière à Mbour, l’avancée de la mer du côté de Guet-Ndar à Saint-Louis entre autres. L’organisation mondiale du tourisme (OMT) estime que les arrivées de touristes internationaux pourraient connaître une baisse de 20 à 30% en 2020 par rapport à 2019. Dans le particulier du Sénégal, le Président du Conseil sénégalais du tourisme (CST) a évoqué le cas « de nombreux touristes qui ont déjà annulé leur déplacement » selon le communiqué de l’agence de presse sénégalaise du 7 mars 2020. Il requiert alors une adaptation stratégique pour éviter la noyade à ce secteur qui a accueilli 1006600 touristes en 2017 soit une contribution 423 millions de dollars (World economic forum, World Travel and Tourism Report 2017). La contribution des touristes internationaux dans le PIB du Sénégal est estimée à 63,8% contre 36,2% pour les nationaux (Diémé M, 2017). Il faut donc opter pour une promotion du tourisme domestique en cette période où l’ouverture proche des frontières est encore incertaine. En l’espèce, nombreux sont les sénégalais qui n’ont jamais contemplé le coucher du soleil dans les luxueuses îles du Saloum ou encore dé"Il requiert alors une adaptation stratégique pour éviter la noyade à ce secteur qui a accueilli 1006600 touristes en 2017 soit une contribution de 423 millions de dollars..." couvrir les somptueuses plages de la station balnéaire de Saly Portudal. Inciter à la fréquentation des sites touristiques par les nationaux reste aujourd’hui une stratégie que les entreprises peuvent développer afin de stimuler les besoins des consommateurs sénégalais, déjà modifiés par la pandémie. Car, l’adaptation à cette nouvelle tournure économique est devenue un impératif. Si la contribution des touristes locaux (63,7%) est supérieure à celle des touristes internationaux (36,3%) en 2016, c’est grâce aux pays comme l’Afrique du Sud, l’Ile Maurice, le Maroc et l’Egypte qui ont jeté leur dévolu sur le tourisme local. L’appui de l’Etat pour canaliser cette formule sera alors un « déconfinement », un renforcement des mesures d’hygiène et des gestes barrières ainsi qu’une limitation du nombre de visiteurs dans les sites d’hébergement, les restaurants et autres espaces de loisirs. Pour soutenir l’investissement dans ce secteur, une diminution périodique des charges fiscales est nécessaire. Il convient de saluer les efforts du gouvernement sénégalais annoncés dans cette perspective avec un appui au secteur à hauteur de 77 millions dans son plan de résilience. En sus, une enveloppe de 12 millions déclarée pour rétribuer les hôteliers ayant accepté de recevoir des malades du coronavirus, 15 millions pour le crédit hôtelier et touristique et 200 millions comme fonds de garantie afin de permettre aux entreprises de tirer profit des prêts des institutions financières. Pour attirer la clientèle locale, une stratégie « low-price », aussi bien au sein des sites d’hébergement que les agences de voyage, pourrait aguicher les touristes nationaux, longtemps confinés, à la découverte de ces espaces splendides. En adéquation avec les gestes barrières, le netmarketing reste le mieux adapté pour faciliter la communication et toucher plus de clients nationaux. "Pour soutenir l'investissement dans ce secteur ,une diminution périodique des charges fiscales est nécessaire." Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB 14 BIRAMAWA MAGAZINE BIRAMAWA TRIP VENEZ VISITER LE SENEGAL Découvrez les sites d'exceptions du Sénégal ainsi que nos hebergements voitures de Location et www.web-biramawa.com contact@biramawa.com
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LE COIN D'AUTRUI pez-vous, je suis apte pour la « fameuse » crise de la quarantaine. Bonzzzouuurrr Warahmatullah et bienvenu dans le « Coin d’Autrui » C’est désormais avec vous, lecteurs du magazine en ligne Biramawa, que je vais partager mes humeurs, mes pensées les plus libres, le peu d’expérience qui dort dans un coin de mon crâne… Et bien sûr mes folies (trop de sérieux m’étouffe). Un échange que je voudrais… décontracté, digeste et sans tabous. Tout en respectant les convictions les plus sensibles des uns et des autres. Ce sera le coin de chacun d’entre vous, le coin de l’autre quoi. Pour commencer, faisons une petite prise de contact. Comme le font nos Profs, la première fois qu’on les rencontre dans le cadre scolaire. Mon nom est Ayoba Faye. Je pèse moins de 70 kilos et fait flirte avec le mètre 90. Sérère de père et de mère, de grand-père et de grandmère, d’arrière-grand-père et d’arrière-grand-mère… A première vue, ma corpulence malhonnête vous poussera à me mettre dans le rang des trentenaires. Détrom16 BIRAMAWA MAGAZINE Bon, vous connaissez mon nom, mes origines, mon poids, mon âge… Ah oui, il vous reste peut-être à savoir ce que je fais de mes journées. Je suis journaliste, rédacteur en chef d’un célèbre journal en ligne panafricain basé à Dakar. Mais ça, c’est une étape d’un long chemin dont j’espère que la narration aidera les plus jeunes à s’accomplir. Je ne voulais pas devenir journaliste. Dans ma tête d’adolescent et de jeune, je n’avais qu’un seul rêve : devenir footballeur professionnel. À l’école, j’étais un élève très moyen. J’ai doublé deux fois des classes de la 6e à la Terminale. Et même si je n’ai jamais passé un examen deux fois, je les ai tous passés au second tour. Ce n’est pas que j’étais nul en classe. Mais j’étais trop distrait par mes ambitions footballistiques. De la 3e à la Terminale, il ne m’arrivait presque jamais d’ouvrir mes cahiers pour revoir mes cours. Un de mes anciens Profs m’en a fait la remarque un jour en me rendant un devoir d’Histoire. « Ayoba, tu n’as pas appris la leçon. Tu t’en sors uniquement parce que tu as une bonne culture générale », me dit-il avant me rendre ma copie avec la note 12/20. « Votre parcours scolaire et universitaire n’est pas forcément gage de réussite ou symptôme d’un échec professionnel et social » À l’université Cheikh Anta Diop où je me suis inscrit à et de Communication (ISC). N’allez pas chercher l’école, elle n’existe plus. Les gérants ont mis la clé sous le paillasson depuis maintenant plus d’un lustre. Jean Meissa Diop, Yves Jacques Sow, Djib Diédhiou, Mansour Kandji, ont été de bons profs pour moi. C’est d’ailleurs le premier nommé qui m’a pris en stage au quotidien Walf Grand’ Place dont il était le Directeur de publication d’alors. Et c’est véritablement dans cette rédaction que je suis devenu un journaliste. Eh oui, vous pouvez prendre tous les cours du monde en journalisme, apprendre les B.a.Ba du métier. Si vous n’avez pas eu la chance de passer par Walfadjiri, se frotter à la rigueur de feu Kamou, de Hanne, se ridiculiser face à la plume du doyen Tidiane Kassé, se casser les dents sur la méthodologie et l’orthographe et la grammaire de Jean Meissa Diop… Croyezmoi, cela peut avoir des conséquences sur votre qualité de rédacteur. la Faculté des Lettres et Sciences humaines en 2001, j’étais un piètre étudiant. J’ai d’ailleurs « cartouché » en Deuxième Année de Lettres Modernes. Entre 2004 et 2007, vous trouverez un assez grand trou sur mon Curriculum Vitae. J’étais de retour dans les Niayes et m’accrochais encore à mon vieux rêve que les années qui passent consumaient. C’est en 2008 que je me suis finalement résigné, après avoir quand même, entre 1999 et 2001 accédé à l’équipe première de l’Etics de Mboro (Deuxième puis Première Division). « Tourner une page, quel choix éprouvant » C’est en 2007 que j’ai débuté mes études en Journalisme et Communication à l’Institut supérieur de Commerce C’est à Walf Grand’Place que les Moustapha Diop et Faydi Dramé m’ont appris comment écrire en journalisme et surtout comment se distinguer du lot et sortir des sentiers battus. Les trois années passées dans cette maison ont beaucoup contribué à canaliser ma plume, à l’affiner, à la polir et surtout à la rendre objective et simple. Les inepties et prises de parti qui découlent souvent de mes posts sur les Réseaux sociaux n’étant que les vestiges ténus de ma nature humaine… C’était une première prise de contact. L’histoire continue, bien sûr, dans le prochain numéro de votre magazine. D’ici là, portez-vous bien et veillez à ce que les personnes âgées et immunodéficientes autour de vous ne soient pas exposées à ce nouveau virus qui circule toujours. COIN D'AUTRUI Ayoba FAYE Rédacteur en chef Pressafrik BIRAMAWA MAGAZINE 17
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AVIS D'EXPERT Ordonnance sur le droit du travail, cette parenthèse normative… commentée Dans ce contexte exceptionnel et inédit où toutes les pendules se sont mises à l’heure de la survie, les mesures palliatives et autres thérapies sont aussi atypiques que dictées par l’urgence. Pourquoi le Pr RAOULT devrait suivre les protocoles habituels pour administrer un médicament qui, s’il n’est pas le plus efficace est une aubaine dans une situation de rareté d’espoir ? Pourquoi, l’activité économique devrait continuer à rouler sur les mêmes paradigmes et selon les mêmes lois ? L’humain est par nature résilient ; face aux difficultés, il s’adapte ; chacun s’adapte à la mesure de ses possibilités et de ses moyens. L’état d’urgence et la prise d’ordonnance s’inscrivent dans cette dynamique et pour une fois, le Chef de l’Etat a compris la nécessité de jouer prioritairement sur le levier qu’est le travail. Aménageant des dérogations à certaines dispositions du Code du travail, l’ordonnance No 012020 du 8 avril 2020 est une parenthèse normative qui poursuit trois objectifs : la sauvegarde de l’emploi, le maintien des moyens de subsistance et la survie du dialogue social au sein de l’entreprise. Et pour y parvenir, la posture de l’Etat est, pour le moins, courageuse. Cette parenthèse normative… D’abord sur la parenthèse, il faut comprendre, comme le précise l’article 5 de l’ordonnance, que les mesures prises dans le contexte de la pandémie n’iront pas au-delà ; comme quand on prescrit une ordonnance médicale à un patient qui devra, après la maladie, reprendre une vie normale sans prise de gélules. Ainsi, on peut s’assurer que le droit du travail reprendra une vie normale à la fin de la pandémie ou du moins de la période couverte par l’habilitation. Mais compter ses effets à partir de la date de la prise d’ordonnance (8 avril 2020) ne ferait qu’acter une inégalité des chances entre ce travailleur qui, bien avant, a perdu son emploi et celui qui, suivant le plus grand hasard l’a perdu que très récemment. Notons que les premières mesures d’arrêt de certaines activités économique remontent au 15 mars 2020. Et pour faire justice, les dispositions de l’ordonnance rétroagiront jusqu’au 14 mars 2020. ͩ .La sauvegarde de l’emploi Désormais et pour la période de l’habilitation, en dehors de la faute lourde, aucun autre motif ne peut être avancé pour licencier un travailleur ; quand bien même ce motif l’aurait justifié en temps normal. Cette mesure a pour conséquence : la suspension totale de l’application l’article L60 qui permettait d’invoquer le motif économique pour licencier des travailleurs. Bien évidemment, cette procédure serait la plus prisée et, peut-être, enregistrerait une plus grande saignée. Qui, encore, peut douter du sacré pétrin dans lequel cette pandémie va plonger l’économie – certains secteurs plus que d’autres – dans son ensemble. La suspension, en partie, de l’article L49 alinéa 2 qui, dans un contrat à durée indéterminée, donne à toutes les parties la possibilité de rompre le lien contractuel. Cette disposition bien qu’elle s’adresse aux deux parties ne semble pas opérer pour le travailleur au sens de l’ordonnance car c’est le licenciement qui est visé. La suspension partielle de l’article L.214 qui oblige l’employeur à requérir l’autorisation préalable de l’Inspecteur du Travail et de la Sécurité sociale avant tout licenciement de délégué du personnel. Toutefois, l’employeur doit demander l’autorisation de l’Inspecteur pour licencier un délégué du personnel qui commet une faute lourde. ͩ .Le maintien des moyens de subsistance L’exclusion du licenciement orientera vers les autres mesures thérapeutiques qui ont toujours existé. Les entreprises, en dehors de la pandémie, connaissent des difficultés parfois conjoncturelles. Ainsi, le chômage technique peut être décidé par un employeur dont l’activité de l’entreprise traverse « une mauvaise passe »1 Cette disposition de l’article L65 qu’on juge laconique – à raison – dans son application pose surtout le problème d’une œuvre réglementaire inachevée car le droit négocié devait prendre le relai. Mais le constat est que les partenaires sociaux n’ont pas joué le jeu. De ce fait, sa procédure était simplement consultative : information de l’Inspecteur du Travail, consultation des délégués du personnel, absence d’obligation de maintenir une partie du salaire. BIRAMAWA MAGAZINE 19
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Dans la parenthèse, l’employeur qui en fait recours doit maintenir une rémunération qui ne peut être inférieure à 70% du salaire net moyen des trois derniers mois d’activité sans que le montant soit inférieur au SMIG. Sa durée ne doit pas excéder la parenthèse. ͫ .La survie du dialogue social On assiste à un cocktail composé des dispositions de l’article L61 et L65 du code du travail. Le chômage technique emprunté au licenciement pour motif économique sa procédure. Désormais, l’employeur qui entend recourir au chômage technique a l’obligation de consulter les représentants du personnel aux fins de rechercher avec ces derniers des solutions alternatives. Mais, des solutions « mixées » car, à côté, de la réduction des heures de travail, du travail par roulement, du chômage partiel ou du redéploiement du personnel figure en bonne place l’anticipation des congés. Les solutions alternatives ne sont pas exhaustives, le télétravail qui n’est pas en déphasage avec le droit du travail sénégalais est en train de faire ses premières expériences. Un outil qui sera, à coup sûr, utilisé dans le grand chantier de la prochaine réforme de la législation du travail sénégalaise. Rester chez soi à travailler empêche de faire un usage hasardeux du très précautionneux droit de retrait prévu dans le décret n° 20061261 du 15 novembre 2006 fixant les mesures générales d’hygiène et de sécurité dans les établissements de toute nature. C’est en toute conscience de la délicatesse de la situation de l’économie que cette ordonnance a été prescrite. Alors, autant ne pas le dire parce qu’on le sait, 20 BIRAMAWA MAGAZINE le sacrifice qui est demandé aux chefs d’entreprise est énorme. Mais on en attend pas moins. Mieux, on devrait s’attendre à ce que dans le grand sacrifice national chacun, aussi stoïque que digne, en supporte la part qui lui revient. Quand les mesures d’accompagnement arrêtées par l’Etat devront suivre, la nation se rappellera de ceux qui ont essayé de tenir. Parmi ceux-là, il y en a qui étaient déjà à la rue avant la pandémie qui devront se montrer assez imaginatifs au risque de périr, d’autres en profiteront pour se défiler mais aucune thérapie n’est facile. Il faut parfois se faire aider - par la contrainte - pour que la pilule qui fait du bien soit ingurgitée. Et devant l’urgence, l’Inspection du Travail et le Tribunal du travail doivent s’organiser et donner à leurs actions plus d’envergure et de rythme pour ne laisser aucune place au dilatoire et à l’abus de droit. Finalement, le droit du travail ne peut recouvrer sa vertu que quand il se met au service de l’économie, dans un élan de redistribution entre acteurs. Le droit en soi est un outil dont il faut savoir faire usage pour calibrer les comportements sociaux et les rendre compatibles au bien-être collectif. 1Voir les causes du chômage technique (article L65) Alioune FALL Juriste, Inspecteur du Travail et de la Sécurité sociale Wax Panther est une marque de mode éthique et solidaire. Nous proposons des vêtements et accessoires en pagnes recyclés, confectionnés par des personnes en réinsertion professionnelle. https://wax-panther.com BIRAMAWA MAGAZINE 21
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ENTRETIEN PORTRAIT 2 Pouvez-vous vous présenter ? Je suis Cheikh Matar FALL, j’ai 28 ans , je suis diplomate de carrière, Chancelier des Affaires étrangères et actuellement, Premier Secrétaire de l’Ambassade du Sénégal en RDC. « C’est un honneur de représenter et de servir son pays loin de ses terres, il y a un sentiment de fierté qui t’anime après chaque mission accomplie.C’est un métier véritablement passionnant. » Pouvez-vous revenir sur votre parcours de formation ? Après mon Bac littéraire, j’ai été orienté à la faculté des sciences juridiques et politique de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et c’est à partir de la troisième année de droit des affaires que j’ai réussi au concours de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA). J’ai alors rejoint cette prestigieuse école pour faire deux années de formation en diplomatie, précisément avec la promotion 2013-2015. J’ai également suivi une Formation militaire dite Formation initiale du Combattant (FIC) à l’Ecole Nationale des Sous-Officiers d’Active (ENSOA) dans le cadre de la formation à l’ENA. Par ailleurs, je suis alumni du programme Young African Leadership Initiave (YALI) en Public Management de la session 9 au CESAG à Dakar. Parlez-nous de vos expériences professionnelles Après la formation à l’ENA, j’ai été naturellement affecté au Ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur. Durant mes deux ans, J’ai eu à servir à la Direction des Affaires juridiques et consulaires (DAJC), d’abord, à la division des droits humains, du contentieux et de la consultation ; division qui traite des questions relatives aux droits humains, de la gestion des dossiers des consuls honoraires, des contentieux de l’Etat du Sénégal et des consultations sur des questions d’ordre juridique. Je suis également passé à la division de la chancellerie qui s’occupe quant à elle, des affaires consulaires, des dossiers relatifs aux demandes de visa ainsi qu’au survol du territoire sénégalais. Aussi, j’ai participé à un séminaire sur le partage des expériences du développement économique sino-africain à Beijing (Chine). Par ailleurs, j’ai eu à effectuer des missions à l’intérieur du Sénégal et à l’étranger : D’abord à Kidira, dans la région de Tambacounda, à la frontière avec la République du Mali, avec L’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) au Sénégal. Ensuite, j’ai été membre de la délégation sénégalaise ayant pris part à la 29me session du Comité Africain d’Experts sur les Droits et le Bienêtre de l’Enfant (CAEDBE), à Maseru au Lesotho. Enfin, j’ai eu à effectuer une mission à Munich en Allemagne. Depuis octobre 2018, j’ai été affecté à notre re-présentation diplomatique en République Démocratique du Congo, en qualité de Premier Secrétaire. Vous êtes actuellement 1er Secrétaire de l’ambassade du Sénégal en RDC. Quelles sont vos missions ? Je suis le chef du bureau des Affaires consulaires qui s’occupe principa-lement de la gestion administrative de nos compatriotes, de l’assistance consulaire ainsi que de la délivrance de visa aux étrangers désirant se rendre au Sénégal. Il m’arrive également de faire le suivi de la coopération bilatérale entre le Sénégal et la RDC, sans parler des taches que Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur veut bien me confier. Quelles sont les difficultés ? Des difficultés mineures je dirais, qui sont la plupart du temps liées à l’incompréhension qui peut naitre entre l’usager et l’administration. Quelles sont les choses qui vous plaisent le plus dans vos missions ? C’est un honneur de représenter et de servir son pays loin de ses terres, il y a un sentiment de fierté qui t’anime après chaque mission accomplie. C’est un métier vérita-blement passionnant. « Honneur et Excellence » est notre credo. « En ce qui concerne les prérequis, je vais partager les propos de Mankeur NDIAYE, Diplomate et Ancien Ministre des Affaires étrangers, qui dans son livre, Diplomatie, 20 ans à la place, à la page 29, définit le métier de diplomate comme étant « une somme de valeurs, de principes éthiques et moraux, de savoir-faire et de savoir être, un sens aigu du regard et une grande capacité d’esprit d’anticipation et de prévision. » En tant que Diplomate, vous êtes appelés à beaucoup voyager. Cela ne vous fait-il pas douter ? Si j’étais aérophobe cer-tainement oui mais ce n’est pas mon cas. BIRAMAWA MAGAZINE 23
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On est diplomate ou on le devient ? D’après-vous quels sont les prérequis ? On le devient car un diplomate est en constante formation, il évolue avec le monde. En ce qui concerne les prérequis, je vais partager les propos de Mankeur NDIAYE, Diplomate et Ancien Ministre des Affaires étrangères, qui dans son livre, Diplomatie, 20 ans à la place, à la page 29, définit le métier de diplomate comme étant « une somme de valeurs, de principes éthiques et moraux, de savoir-faire et de savoir être, un sens aigu du regard et une grande capacité d’esprit d’anticipation et de prévision. Elle est, en vérité au carDiplomatie et Vie personnelle épanouie: Sont-elles conciliables ? Une question qui revient toujours, On parle même de célibataire géographique pour désigner les diplomates mariés qui sont séparés de leurs familles, ce qui montre que c’est parfois délicat de concilier les deux même si ce n’est pas impossible. D’ailleurs Albert CHAM-BON, dans son livre intitulé Mais que font les diplomates entre deux cocktails ? pense que : « un métier de diplo-mate est un métier ou il faudrait être orphelin et célibataire. La solitude du diplomate est, par ailleurs, encore plus mo-rale que physique. Certes il est un homme sollicité, entouré, invité, mais ces attentions se rapportent essentielle-ment à sa fonction, et il ne tarde pas à éprouver comme un constant sen-timent d’isolement qui l’amène, au fil des années, à se replier sur lui-même… » En ce qui me concerne, je trouve que c’est juste une question de compréhension et d’organisation, pour preuve, il y a des femmes diplomates qui arrivent à très bien concilier leur travail et leur ménage. 24 BIRAMAWA MAGAZINE refour de l’habileté et non de l’espièglerie, de la finesse dans le paraître et le comportement, de la prudence et de la sûreté dans le jugement et dans la lecture des faits et gestes, de l’objectivité dans l’interprétation des événements historiques ». J’y ajouterais juste que comme le soldat, le diplomate doit toujours être animé par le devoir de sacrifice pour défendre les intérêts de son pays. Il est en mission pour sa patrie. Quels conseils donneriez-vous aux plus jeunes qui souhaitent faire la même chose que vous ? Se former, bien se former, croire en eux et se donner tous les moyens pour accomplir leur légende personnelle. « Je pense qu’on a trop rêvé et le monde ne nous attend pas, nous sommes dans le temps de l’accomplissement, donc réveillons-nous et soyons des personnes qui sont dans l’accomplissement permanent d’actions qui permettront au Sénégal d’aller de l’avant. » Pour changer de registre qu’estce que la situation actuelle (COVID 19) vous inspire ? Nous ne sommes que peu de chose, ainsi commençait la chronique un journaliste belge pour faire le tableau du monde face à cette pandémie de covid-19. Et je partage entièrement ce point de vue ; pour la première fois, nous sommes tous égaux face au covid-19, riche comme pauvre, footballeur comme supporteurs, homme politique comme citoyen lambda, star planétaire comme inconnu, pays développé comme pays sous-développé. Ce qui montre si besoin en était, qu’il faut toujours faire preuve d’humilité et savoir que rien n’est acquis à l’avance. Soyons humbles ! J’imagine que vous-aussi vous êtes impacté (COVID-19) ? Oui, j’habite dans une zone confinée. Quelles leçons peut-on en tirer (COvid-19) D’abord, je reste convaincu que cette malheureuse situation est le résultat d’un manque de leadership international. En effet, aucune personnalité publique n’est capable aujourd’hui d’incarner le leadership international pour réunir les chefs d’Etats afin de discuter des défis internationaux. Un leader avec une vision aurait dès le départ de l’épidémie à Wuhan convoqué un sommet international sur la question sanitaire afin de maîtriser, limiter et endiguer le virus en chine. Cependant « Quand le malheur ne serait bon qu’à mettre un sot à la raison, toujours serait-ce à juste cause, A quelque chose malheur est bon ! », disait Jean de la Fontaine. Sur ce, je pense qu’il faudrait profiter du coronavirus pour repartir sur de nouvelles bases, un ordre international nouveau pour reprendre le Président de la République, Son Excellence, Monsieur Macky SALL, un ordre basé sur l’humanisme et l’éthique dans la coopération internationale. A ce propos, le diplomate et non moins ancien Secrétaire d’Etat américain, Henry Kissinger se posait la question suivante : le nouvel ordre mondial se fera par le chaos ou par notre propre intelligence. En effet, Il a fallu la guerre des 30 ans pour que les Etats se mettent autour d’une table afin de signer le traité de paix de Westphalie en 1648, traité qui permettait au monde de repartir sur une nouvelle base à savoir, le respect de la souveraineté entre les Etats. Ainsi, partant sur ce principe, peuton considérer le chaos sanitaire du coronavirus comme la base du nouvel ordre mondial ? A cette question, mon côté pessimiste répondra par la négative car depuis longtemps chaque crise a nourri de l’espérance d’une prise de conscience collective mais il suffit de la résoudre pour qu’au lendemain, on recommence nos habitudes. Mon côté optimiste pense inéluctablement qu’on basculera vers un nouvel ordre mondial. En effet, cette crise a bouleversé la normalité. En l’espace de quelques semaines, on a assisté, à la remise en cause de la solidarité au sein de l’Union Européenne, à une interrogation sur l’efficacité des Organisations internationales, l’OMS en particulier, à la récession économique, au duel à distance entre les USA et la Chine, sans évoquer la limitation des libertés individuelle dans des pays dits démocratiques. Tous ces évènements montrent qu’il y’aura forcément un après covid-19. Et j’espère que mon côté optimiste aura raison de nous. Quelle est la cause ou les causes qui vous tiennent-elles à cœur ? La lutte contre le réchauffement climatique, la lutte contre le chômage, la bonne gouvernance dans la gestion des choses publiques, la lutte contre la pauvreté dans le monde entre autres. Quel est votre message à l’endroit de la jeunesse sénégalaise ? Selon René Char, “ Il n’y a que deux conduites avec la vie : ou on la rêve ou on l’accomplit”, je pense qu’on a trop rêvé et le monde ne nous attend pas, nous sommes dans le temps de l’accomplissement, donc réveillons-nous et soyons des personnes qui sont dans l’accomplissement permanent d’actions qui permettront au Sénégal d’aller de l’avant. Votre mot de la fin Se laver les mains, Porter des masques et appliquer la distanciation sociale afin de combattre définitivement cette pandémie du covid19. « …je pense qu’il faudrait profiter du coronavirus pour repartir sur de nouvelles bases, un ordre international nouveau pour reprendre le Président de la République, Son Excellence, Monsieur Macky SALL, un ordre basé sur l’humanisme et l’éthique dans la coopération internationale. » Cheikh Matar FALL 1 er Sécretaire de l’Ambassade du Sénégal en RDC BIRAMAWA MAGAZINE 25
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AGRICULTURE Chers Citadins, Investissez dans l’agriculture 28 BIRAMAWA MAGAZINE "...en réalité l'agriculture offre un vaste champ d'opportunités et des perspectives d'avenir solides. Je suis convaincu que les jeunes peuvent, et doivent, choisir l'agriculture." Que faites-vous actuellement dans la vie ? Souhaiteriez-vous exercer un métier en aviation, devenir médecin, avoir des responsabilités publiques, ou attendre qu’on vous embauche ? Et l’agriculture, vous y avez déjà pensé ? Vous ne me surprendrez pas si vous répondez non… Lorsqu’on envisage l’avenir, beaucoup de gens ont généralement tendance à exclure ce secteur. Je dois avouer que les petits villages isolés et les rizières ne me faisaient pas rêver non plus et que l’agriculture est synonyme d’un mode de vie archaïque et de débouchés limités. J’ai compris plus tard que j’avais tort. Car en réalité l’agriculture offre un vaste champ d'opportunités et des perspectives d’avenir solides. Je suis convaincu que les jeunes peuvent, et doivent, choisir l’agriculture. Chaque année au Sénégal, environ 300 000 nouveaux actifs arrivent sur le marché du travail alors que les structures économiques peinent à créer des opportunités d’emplois pouvant absorber ces flux. La population sénégalaise (15 millions d’habitants) est caractérisée par sa jeunesse, la moitié de la population étant âgée de moins de 18 ans, et un taux d’accroissement annuel moyen de 2,7 %, encore élevé. L'agriculture est aujourd'hui considérée comme la solution pour diminuer ce taux élevé de chômage et améliorer la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance. Le Sénégal dispose de 3,8 millions d’ha de terres cultivables, avec des ressources en eau de surface (Fleuves Sénégal, Gambie, Casamance, le kayanga et le lac de Guiers) et des ressources en eau souterraine abondantes. D’une saison pluvieuse de 3 à 4 mois dans l’ensemble du pays. La vallée du fleuve Sénégal au Nord et l’Anambé au Sud disposent de fortes potentialités en terres aménageables pour l’agriculture irriguée (Riz, Tomate, Patate douce, oignon…Etc.) Le climat dans la zone des Niayes favorise l’horticulture où il est pratiqué toute l’année et surtout en contre saison avec une forte progression des exportations de produits horticoles. Cette progression s’est accompagnée aussi d’une diversification des exportations qui sont sorties du mono produit (haricot vert) pour embrasser une gamme élargie (haricot vert, tomate, melon, maïs doux, radis, pastèque...). Les instituts de recherches tel que l’ISRA, Africa Rice, Tropicasem….etc. fournissent de nouvelles variétés de semences certifiés adaptés à notre environnement avec de haut rendement. Les instituts de développement comme la SAED, la SODAGRI, l’ANCAR, SODEFITEX…etc. continuent de créer des opportunités dans les endroits les plus reculés du Pays. L’accès au crédit devient de plus en plus facile avec la banque agricole de Sénégal, le CMS et la BNDE. Actuellement, Le secteur agricole bénéficie d’un appui croissant de l’Etat, d’importants moyens financiers ont été déployés dans le cadre des projets de l’Agence nationale d’insertion et de développement agricole (ANIDA), du Programme des domaines agricoles communautaires (PRODAC), du Programme National d’autosuffisance en Riz (PNAR), du FONGIP, FONCIS, PDIDAS, PAFA louMaKaf, FNDASP, PRODAC…etc. Le Gouvernement s’est engagé aussi à la baisse des charges fiscales sur le matériel agricole et travaille à une exonération de la TVA, en rapport avec l’UEMOA. Les innovations qui s’œuvrent sur le terrain sont en train de changer l'image de l'agriculture du statut de créateur de problèmes à celui de fournisseur de solutions et cette tendance ne cesse de progresser. Les opportunités d’investissement existent dans toute la chaîne de valeur agricole. Il faut que les acteurs réfléchissent d’avantage sur les méthodes et moyens de la démocratisation de l’information agricole. Thierno NGAMB Agronome, Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience BIRAMAWA MAGAZINE 29
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Histoire économique du Sénégal 30 BIRAMAWA MAGAZINE Le Rôle du Sel dans l’histoire du Saloum Introduction Aliment indispensable à la vie et à la santé de l’homme et des animaux, le sel était un produit stratégique. Dans sa thèse intitulée « Un exemple d’économie coloniale. Le Sine-Saloum (Sénégal), de 1887 à 1940 : cultures arachidières et mutations sociales », Paris, université Paris VII, 1978. Mouhamed. Mbodj a montré que, grâce à l’économie arachidière, le Sine-Saloum était la première région économique de l’A.O.F dans les années 30. La puissance du Saloum à l’époque coloniale était fondée sur un produit de rente. Certes, la période coloniale est une période charnière mais, il existe au Saloum, un processus historique important antérieur à la période coloniale. De ce fait, la question qu’on se pose est de savoir sur quels produits la puissance du Saloum était fondée ? Cette curiosité nous pousse à mener des recherches sur le sel qui est une donnée naturelle pour la région. Le Saloum était un espace situé dans une région qu’on a appelé la Sénégambie. On voit là qu’« il s’agit de toute la façade atlantique correspondant au secteur du littoral africain franchement tourné vers l’Ouest ». En effet, sa vaste étendue de côte exposée à des vents dominants forts et chauds durant toute la saison sèche, combinés à l’existence de marais salants, la côte sénégambienne était de tout temps destinée par la géographie et le climat à être un pays producteur de sel à l’image de la côte Atlantique de l’Europe. Le terroir qui allait devenir le royaume du Saloum au XVIe siècle était une zone productrice en grande quantité. Sa particularité résidait dans le fait qu’à 140 km environ de la côte à l’intérieur des terres, on peut produire le sel marin grâce à l’existence « (…) "[d’] un bras de mer qui s’enfonce profondément dans les terres et s’irradie en un nombre infini de marigots (…) ». Ainsi, l’eau salée de la rivière constitue la matière première pour la production de sel. Notre travail consiste à mettre en relief l’une des données qui a servi à construire progressivement les contours de l’espace Saloum. Il s’agit donc de montrer le rôle du sel dans le processus de la configuration de l’espace Saloum. La lutte pour le contrôle des salines Les sources orales que nous avons consultées mentionnent que c’est Mbegaane Ndour qui fut le premier roi du Saloum après sa victoire sur Ali Eli bana. Le conflit qui l’opposait avec ce dernier est souvent présenté sous la forme anecdotique d’un conflit au dénouement mystique entre un patriarche sérère et un marabout toucouleur. La tradition avait mis en avant l’aspect mystico-légendaire en évoquant la métamorphose de Mbégaane et sa sœur. « Un jour Mbégaane fit part à sa sœur ses angoisses de ne pouvoir conquérir la couronne au détriment d’Ali Eli bana qui s’était entouré d’une troupe aguerrie et convaincue. Sa sœur le suggéra le stratagème suivant : Mbégaane devait se transformer en serpent et cacher dans la babouche du chef toucouleur pendant qu’il priait dans la mosquée ; à la sortie d’Ali Eli bana ; Mbégaane allait mordre celui-ci au pied et sa sœur alors changée en chatte, viendrait attraper « le serpent » pour disparaître avec lui ». Au-delà de son interprétation mythique et religieuse, le conflit semble avoir un soubassement politico-économique. En effet, l’environnement du Saloum offrirait d’énormes richesses naturelles dont la mainmise peut être la source du conflit. La rivière du même nom qui constitue la colonne vertébrale de la géographie du Saloum était à la fois un axe commercial et source d’exploitation de sel et des produits halieutiques. La richesse entre les richesses donc, c’est la rivière. Elle représentait pour le Saloum, ce que « le Nil » signifiait pour l’Égypte. L’analyse des lieux de conflit révèle que la zone convoitée se situait à la lisière de la rive gauche plus précisément dans le pays qu’on appelait le « Mbey ». Au-delà de sa vocation agricole, la localité abritait les plus importantes salines naturelles. Dès lors, elle devint un enjeu pour tous ceux qui avaient des visées sur le Saloum. Et on comprend alors pourquoi, Mbégaan le premier Roi de Saloum n’avait pas érigé sa capitale à Mboudaye (village de son père). Sa capitale était Kahone située à la rive gauche non loin des salines de Ngathie ; contrairement à Mboudaye situé à l’ouest de Laguème. Un autre fait suscite aussi notre attention : l’élimination de Diattara tembedou à Ngathie. Selon Abdou Boury Ba « après avoir réussi à s’emparer du pouvoir par ruse, (…) Mbégane eut à combattre Diattara Tembedou, un chef musulman d’origine Sarakholé. Diattara avait remplacé Ali Eli bana pendant quelques jours, mais aurait été tué par les sérères, partisans de Mbégane, tout près du Village de Ngathie où se trouve son tombeau appelé « khatoubDiatara ». La tradition prend ce dernier comme le successeur d’Ali Eli Bana. Mais d’après une autre source, « Diattara au début était un allié de Mbegaan. Il était l’époux de sa sœur. Il est le père de sa nièce Mingué Diattara, la mère du troisième Roi de Saloum : Lat mingué BIRAMAWA MAGAZINE 31
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guelén Ndiaye. Par la suite, les deux hommes se sont séparés. La rupture était soldée par la mort de Diattara. Il était abattu par les hommes de Mbégaan ». Il semble que la rupture était causée par un conflit d’intérêt économique. Ce dernier était identifié par la tradition comme un musulman soninké. L’islam à l’époque était une religion marchande. Diattara aurait été un commerçant. Sous ce rapport, la politique économique au profit du pouvoir central pouvait être en contradiction avec les intérêts économiques de ce dernier c’est-àdire la recherche du profit. De plus, l’alliance entre Mbegaan et le marabout Saloum Souaré dont le patronyme était connu pour l’activité marchande était une alliance contre nature du point de vue de la religion. Ce dernier aurait été un marchand favorable à la cause de Mbegaan. C’est ce qui explique peut-être le fait qu’il n’avait pas soutenu son frère musulman Ali Eli bana. En outre, voici une source qui permet d’entrer de plain-pied dans le but du sujet. Selon Manga Ndour, Mbegaane, après sa circoncision au Sine, était venu séjourner au Saloum. Lors de son séjour, il avait visité une bonne partie de l’espace qui allait devenir le Saloum. Il était allé en Gambie, dit-il. Ces déplacements l’avaient permis d’explorer les potentielles économiques de l’espace et l’importance de la Gambie surtout sur le plan commercial. Mais aussi de constater que l’agriculture et l’élevage étaient les activités dominantes dans les régions qu’il avait visitées. Après sa victoire sur Ali Eli Bana ; il était allé voir le génie Sanghomare afin de négocier la rivière dénommée rivière du Saloum. À son retour, Mbegaan monta sur son cheval et planta son sabre et l’eau le suivit dans le sillon tracé par son sabre sur le chemin du retour. Le sillon 32 BIRAMAWA MAGAZINE était divisé en deux branches : D’où la rivière du Saloum et du Sine. Il semble que la légende est largement partagée. À Ngathie, l’un de nos informateurs Aliou Ndiomé dit à peu près la même chose. « Au moment de l’arrivée de Mbegaan sur le trône du Saloum, il y’avait une famine et les populations avaient demandé à Mbegaan de la nourriture. Ce dernier était allé voir le génie Sanghomar pour obtenir un cours d’eau. Lorsqu’il a eu gain de cause, il dit à son peuple voilà une nourriture inépuisable pendant la saison des pluies, vous aurez des poissons ; et pendant la saison sèche vous obtenez de sel ». Pour nous, le récit relaté par nos informateurs véhicule des substances extraordinaires pour expliquer l’origine du pouvoir de Mbegaan. À travers ce récit, Mbegaan est présenté comme le créateur de la rivière. Or, la rivière existait bien avant l’avènement de Mbegaan. Le sel était exploité et la pêche était pratiquée par les populations depuis leur installation. Ce qui est nouveau, c’est le contrôle du cours d’eau par un pouvoir politique incarné par Mbegaan. Ce dernier avait très tôt compris que la richesse du Saloum, c’est la rivière du même nom ; parce qu’elle était à la fois un axe commercial, source de production de sel et des produits halieutiques. Qui contrôle la rivière devient donc maître des richesses et par conséquent contrôle le pouvoir politique. Il semble que des mythes ont été même inventés pour le contrôle de la rivière. Nous pensons que la surveillance du bras de mer par les génies dénommés : « Mama youngoumél, Laga et M’bossé » était une stratégie pour contrôler la rivière car le pouvoir politique n’avait ni la logistique ni les hommes pour la surveillance. La mainmise sur le cours d’eau avait eu un écho chez les auteurs portugais à l’époque. Valentin Fernandes (1506-1510) avait utilisé le terme « Bour Saloum » pour nommer la rivière. « Du cap dos Mastos jusqu’à la rivière de Gambie, il y a 25 lieues. Et dans l’intervalle, se jettent trois rivières. L’un s’appelle Jaala dans leur langue et dans le nôtre (…). La seconde s’appelle la rivière de barbacijs qui s’élargit à l’intérieur et forme deux bras. Le bras qui va vers le nord s’appelle le « Broçalo » [Roi-Saloum] ». Il est permis donc de dire que le conflit entre Mbegaan et Ali Eli bana était causé en grande partie par le contrôle des salines et des voies de communication. Le rôle du sel dans la construction de l’espace Saloum Autant que la gabelle qui avait joué un rôle important à la construction de la France moderne, le sel avait joué un rôle prépondérant dans le processus de la structuration de l’espace Saloum. Les structures du pouvoir central étaient modelées au tour « des affaires du sel ». En effet, l’emplacement de la capitale (Kahone) était dicté en partie par le contrôle des salines et le commerce du sel. Ce commerce était l’une des causes du rayonnement économique de Kahone. D’après les témoignages de BOILAT, Kahone était prospère. « Au Sud du royaume de Sine est placé le royaume du Saloum, le plus commerçant de toutes les contrées habitées par les sérères. Le principal commerce se fait à Kawour la capitale du royaume. Là se réunissent les marchands mandings qui y apportent de l’or, de l’ivoire et des esclaves. (…) ». En analysant l’échec de la création d’un comptoir commercial au Saloum, A, Dessertine pense que « l’importance (…) des quantités de marchandises qui devaient transiter par Kahone était l’une des raisons de cet échec ». De plus, l’élargissement de l’espace politique vers le Sud était dicté en partie par le commerce du sel. La Gambie était une plaque tournante des échanges commerciaux. Le fleuve était un important axe commercial vers les marchés de consommation. Son agencement avec la rivière du même nom permettait le trafic du sel par la voie fluviale. De ce fait, les ports d’exportations de Saloum (Kawourn,Cassang, etc.) se situaient sur la rive gauche du fleuve Gambie. Il constitue l’une des raisons qui explique le contrôle de ses terroirs par les rois de Saloum. Un informateur qui avait visité ces lieux nous renseigne sur l’existence d’un marigot à kawourn nommé jusqu’à présent marigot des rois de Saloum. Cela prouve dans le passé, le contrôle politique de cet espace par ces derniers. Conclusion Le sel était donc l’une des forces et la puissance de Saloum. De nos jours, le Sénégal est le premier pays producteur de sel en Afrique de l’Ouest. Le sel est exporté jusqu’en Afrique centrale. La filière peut devenir une source de fiscalité locale et d’activités génératrices de revenus. Sa modernisation dans une perspective industrielle peut servir d’impulsion aux politiques de décentralisation pour un développement socio-économique des terroirs salicoles. Le Sine-Saloum n’est pas seulement un « bassin arachidier » ; c’est aussi un « bassin de sel ». Omar Mallé SAKHO Chercheur UCAD, Laboratoire LARHISA BIRAMAWA MAGAZINE 33
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D E C O U V E R T E Qui est Racky ? Je suis Racky Daffé épouse Diop. Je suis maman de deux enfants et je me suis réinstallée à Dakar depuis environ 2 ans après de longs séjours en France et aux ÉtatsUnis. Je suis une femme noire, fière de ses origines et passionnée de l’Afrique et de sa culture Sur le plan professionnel, je suis Economètre / Biostatisticienne de formation. Cinq années en arrière, j’ai créé une marque de jouets ALYFA, afin de répondre à un besoin pressant de matériel d’éveil afro-centrés. Pouvez-vous retracer votre parcours ? Je suis née et j’ai grandi à Dakar jusqu’à mes 17 ans. J’ai ensuite volé vers d’autres horizons pour poursuivre mes études universitaires en France. Après un Master en Économétrie Financière, j’ai décidé de rentrer dans mon pays natal pour y travailler pendant environ 3 ans avant de m’envoler pour la côte Ouest des États-Unis où j’ai obtenu un Master en Biostatistiques. ALYFA est sur pieds aujourd’hui grâce à mes enfants dont les naissances ont motivé un besoin de représentation et d’affirmation qui, durant mon enfance, était malheureusement sous-évalué et presque inexistant. Mon retour au Sénégal a été stimulé par deux choses principales : 1) un besoin de retour aux sources inévitables pour la famille, et 2) une meilleure prise en charge de l’entreprise qui naviguait sur deux mondes enregistrant un succès particulier au Sénégal. Pourquoi avez-vous décidé d’entreprendre ? J’avais une forte passion qui m’a poussé à en faire mon nouveau métier. En effet, après de longues années d’études et une carrière dans différents secteurs d’activités, j’ai décidé de suivre ma passion pour les enfants et l’Afrique. La passion étant un moteur fort de créativité, j’ai pu réaliser les différents éléments constituant ALYFA. Avant de créer la société, j’avais une vision très claire d’offrir à mes enfants la possibilité de grandir dans un environnement qui leur ressemble dans le but de développer en eux une identité forte pour un avenir décomplexé et entreprenant. De plus, même si l'entrepreneuriat n’est pas une activité qui est de tout repos, il a toujours été une source d’intérêt pour moi du fait de la flexibilité qu’il peut apporter particulièrement pour une maman qui est à 100% investie dans toutes les activités de ses enfants. Présentez-nous maintenant votre société Alyfa ALYFA est une entreprise qui conçoit et distribue des jouets reflétant uniquement la culture africaine. Nous concevons du matériel ludique et éducatif cultivant la connaissance, la découverte, l’identité et l’amour de soi. Notre objectif est de diversifier l’offre en matière de jouets en priorité au niveau du continent Africain, mais aussi dans le monde. Nous sommes dans une optique de redéfinir l’idée de jouer en introduisant de nouveaux concepts de jeux pour ainsi valoriser cette culture Africaine longtemps sous-estimée et pourtant si riche et variée. Il est important à nos yeux que les enfants africains se reconnaissent dans nos jouets car représentatifs de leur environnement. Par ailleurs, nous souhaitons que les enfants du monde entier puissent apprendre d’innombrables aspects d’une autre société à travers nos produits. ALYFA a pour vision d’aller au-delà de la conception de poupées noires. Nous créons effectivement des jouets éducatifs et possédons à notre actif un assortiment d’une vingtaine d’outils d’apprentissage et de jeux. Pouvez-vous revenir sur l’histoire de votre société Alyfa ? D’où vient d’ailleurs le nom « Alyfa » ? L’histoire de ALYFA est personnelle et engagée. Comme je l’ai dit plus haut, l’entreprise est née suite à un fort constat de manque de matériel représentant la culture Afro. Ceci a d’abord été constaté en regardant mes enfants évoluer dans une société dépourvue de matériel authentique à notre culture . Il fallait, dès lors, s’atteler à leur donner toutes les opportunités nécessaires pour favoriser leur développement en tant que citoyens du monde. Cependant, le meilleur des « global citizen », à mon avis, est celui qui s'apprécie et se BIRAMAWA MAGAZINE 35
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valorise pour une intégration sociale simplifiée. La sensibilisation dès la petite enfance aux activités et habitudes culturelles favorise la construction et l’épanouissement des enfants. La culture permet une connaissance de soi et du monde. Elle devient ensuite une manière de nous exprimer et un vecteur de lien social. J’ose espérer que nos articles seront à la hauteur de ce combat si important pour le futur de notre progéniture. Nous espérons que cette dernière bénéficie pleinement de cet apport d’apprentissage culturel contrairement aux générations précédentes. Pour revenir à votre question d’où le nom ALYFA vient, je vous répondrai tout simplement : c’est une histoire de fratrie. En effet, ALYFA est la combinaison des prénoms du clan familial. A qui s’adresse votre société ? Notre ambition est de pouvoir servir tous les enfants de 0 à 77 ans (Rires). Pour l’instant nous proposons des produits pour les enfants de 0 à 12 ans. Nous avons des jouets catégorisés et sélectionnés en fonction des âges. Nous faisons appel à tous les parents qui souhaitent adopter les articles d’éveil et d’apprentissage contenant un message culturel fort pour leur enfants. Quels sont vos projets futurs pour Alyfa ? ALYFA est en pleine expansion et nous sommes heureux de pouvoir compter nos produits dans différentes grandes surfaces au Sénégal. Nous souhaitons à court terme nous introduire dans différents pays d’Afrique mais aussi satisfaire une demande internationale. Une des plus grandes ambitions de Alyfa est l’implantation d’une usine de fabrication de ses produits quelque part en Afrique. La société est entrain de chercher des partenaires à cet effet. Les idées foisonnent quant aux jeux qui doivent absolument être présents sur le marché. Nous aurons beaucoup de bonnes surprises pour cette année 2020. Comment assurez-vous la distribution de vos commandes au Sénégal et à l’étranger ? Notre système de distribution s’appuie sur le marketing digital principalement. Nous utilisons constamment les réseaux sociaux pour la promotion de nos produits. Nous nous appuyons également sur la vente en ligne à travers notre site web mais aussi avec les sites e-commerce qui valorisent les produits Africains. Nous pouvons ainsi expédier nos produits partout dans le monde. L’essor actuel des systèmes de livraisons permet de procéder à une large et efficace distribution au Sénégal et à l’international. Racky DAFFE CEO ALYFA 36 BIRAMAWA MAGAZINE Comment vous contacter ? Par mail : contact@alyfa.co Téléphone : +221 77 296 47 96 / +221 77 410 65 76 Facebook : www.facebook.com/alyfa.co Instagram : @alyfatoys Twitter : alyfatoy Linked in : ALYFA www.alyfa.co BIRAMAWA MAGAZINE 37