BIRAMAWA MAGAZINE Ndèye Massata NDIAYE Enseignante chercheure en informatique et ingénieure techno-pédagoque Le numérique permet de mettre en place des modèles pédagogiques innovants, toujours dans l'objectif d'améliorer les enseignements et apprentissages. " Ibrahima Sissoko Fondatrice de Adaa Ada Ramatoulaye Bocoum L' entrepreneuriat était une suite logique dans mon parcours." N°10 Du 30 Octobre 2020 " "
SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE - ENTRETIEN EXCLUSIF Ibrahima SISSOKO "L'entrepreneuriat était une suite logique dans mon parcours." P.26 P.12 P.46 ENTRETIEN PORTRAIT Ndèye Massata NDIAYE " Le numérique permet de mettre en place des modèles pédagogiques innovants, toujours dans l'objectif d'améliorer les enseignements et apprentissages." 2-BIRAMAWA MAGAZINE SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE - DÉCOUVERTE Ramatoulaye BOCOUM
- - - SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE EDITO Waly NDIAYE Fondateur de Biramawa Le numérique est partout ! P.7 EDITION SPÉCIALE Michèle BURON-MILLET Appel aux dons P.10 AVIS D'EXPERT Abdou DIAW Journaliste économique Faire du numérique un catalyseur de la relance économique au Sénégal P.14 LE COIN D'AUTRUI Ayoba FAYE Journaliste d’investigation-Rédacteur en chef Pressafrik "Le sacrifice est toujours guidé par un amour inconditionnel." P.22 ENVIRONNEMENT Mariane SECK Docteur en Droit de l’Environnement et de la Santé L’environnement pour juguler : « la malédiction du Pétrole » au Sénégal P.32 - SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour BIRAMAWA MAGAZINE - 3
SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE VEILLE ET INTELLIGENCE DES AFFAIRES Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB P.38 SANTÉ Dr Benjamin NDOUR Médecin Généraliste Cancer du sein de la femme : « le cancer d’octobre rose » P.42 LA CVTHÈQUE Thérèse Adam DIOUF P.52 contactez-nous: contact@biramawa.com Adresse postale : Île-de-France, France Éditeur : Waly NDIAYE 4-BIRAMAWA MAGAZINE SOMMAIRE - SOMMAIRE - SOMMAIRE -SOMMAIRE
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Serigne Amar Mbacké SARR Chercheur en Droit privé Expert maritime en formation Ayoba FAYE Journaliste d’investigation Rédacteur en chef Pressafrik Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB Omar Mallé SAKHO Doctorant à l’Université Cheikh Anta Diop Laboratoire LARHISA. Thierno NGAMB Agronome Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Résilience Guilaye TINE Designer-Digital Marketer-Telemarketer CEO IN'FINITY Djiby SADIO Photographie CEO Studio 13 Alioune FALL Juriste d’Affaires Inspecteur du travail et de la sécurité Sociale Abdoulaye NDIAYE Chancelier des Affaires Étrangères Docteur Benjamin NDOUR Médecin généraliste Khadime SENE Educateur Spécialisé au Ministère de la Justice Marianne SECK Docteur en droit de l’environnement et de la santé Ousseynou GUEYE Responsable communication chez Afric’innov et fondateur de Polaris asso Nafissatou NDAO Responsable des Ressources Humaines-FAMY SENEGAL Dr Jean Sibadioumeg DIATTA Spécialiste en communication Aïcha KASSE LAWSON Présidente & Fondatrice de l'association Dunya-Ethic contactez-nous: contact@biramawa.com Adresse postale : Île-de-France, France Éditeur : Waly NDIAYE 6-BIRAMAWA MAGAZINE L’ÉQUIPE BIRAMAWA
EDITO Le numérique est partout ! Le numérique a fini de poser son empreinte sur notre société. En effet les technologies numériques investissent progressivement tous les domaines. Du traitement de l’information à la formation, en passant par l’industrie, la sécurité, la santé, la communication, la mobilité…, aucun secteur n’est en reste. Cette omniprésence du numérique n’est pas sans conséquences. Elle a, notamment, engendré de profonds changements dans notre vie quotidienne, nos rapports humains. Sur le plan économique, le secteur du numérique est un levier important de la croissance et de la compétitivité des pays. En France par exemple, il est devenu l’un des principaux secteurs pourvoyeurs d’emplois. En sus, force est de constater que toutes les organisations publiques et privées ont besoin du numérique pour se développer, améliorer leurs processus internes ou offrir de nouveaux produits ou services. Ramatoulaye BOCOUM, fondatrice de la société Adaa Ada, ne nous dira pas le contraire. Bien que basée à Dakar elle assure, grâce à son site e-commerce, la vente de ses produits au niveau régional et international. Chers abonnés, comme vous pourrez le constater, nous avons décidé de consacrer une partie de ce numéro à ce secteur clé. C’est pourquoi nous sommes allés à la rencontre de Ibrahima Sissoko, à la tête de plusieurs entreprises dans le domaine du numérique et du digital. Ibrahima, que nous félicitons au passage, fait partie des entrepreneurs qui représenteront la France au G20. Également Ndèye Massata NDIAYE, enseignante-chercheure en informatique à l’Université Virtuelle du Sénégal a bien voulu répondre à nos questions notamment sur le numérique éducatif. Pour finir Abdou DIAW, Journaliste spécialiste des questions économiques et financières au quotidien national sénégalais Le Soleil, est revenu sur le rôle que pourrait jouer le numérique pour assurer une relance économique au Sénégal et faire face à la crise sanitaire (Covid 19). Bonne lecture ! Fondateur Biramawa Waly NDIAYE BIRAMAWA MAGAZINE - 7
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EDITION SPECIALE Michèle BURON-MILLET Créatrice de la pouponnière “Vivre Ensemble” de Mbour Le magazine Biramawa à travers sa rubrique " Edition spéciale "a souhaité donner la voix à la Pouponnière "Vivre Ensemble "de Mbour. Créée en 2002 la pouponnière est un "lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman ". Confrontée à des difficultés à cause de la crise sanitaire, la pouponnière fait appel à toutes les bonnes volontés. Vivre Ensemble – La Pouponnière de Mbour La Pouponnière de Mbour a vu le jour en Janvier 2002, Michèle BURON-MILLET en est la créatrice. C’est un lieu d’accueil temporaire du tout petit enfant privé de sa maman. Elle permet aux orphelins de mère ou aux enfants dont la maman ne peut pas s’occuper (pour des raisons gravissimes), de vivre protégés, leurs premières années de vie si fragile, avant de regagner leur famille au bout d’un à deux ans. Très rapidement, l’association se développe et il apparaît que tous les enfants ne peuvent rentrer chez eux (rejet de la famille ou mauvaises conditions d’accueil). En 2003, les Unités Familiales sont créées pour prendre le relais et s’occuper de ces enfants qui sortent de la Pouponnière, mais ne peuvent pas rentrer en famille. Avec le temps la Pouponnière a acquis une certaine notoriété au vu du sérieux des professionnels. Aujourd’hui la Pouponnière compte 136 salariés et 148 enfants. Vivre Ensemble c’est aussi et avant tout un séjour de rupture, crée en 2001 pour des jeunes français en dif10-BIRAMAWA MAGAZINE ficultés. Ils restent durant 9 mois et participent à des chantiers humanitaires (reconstruction, réhabilitation dans les villages ), ils sont aussi amenés à faire un stage dans la pouponnière. L’objectif étant de les remobiliser et de les valoriser à travers l’aide apporté à la population locale défavorisée. Le projet est double et complémentaire, en effet une grande partie du financement des frais de fonctionnement de la Pouponnière provient du séjour de rupture lui même. En raison de la situation sanitaire mondiale l’équipe de direction de Vivre Ensemble a dû prendre des mesures rapidement. Début mars l’association s’est vue fermer ses portes aux visiteurs, nombreux chaque jour et en provenance d’Europe. Il a fallu ensuite faire de même pour l’accueil des bénévoles, une quarantaine par mois à nous apporter leur soutien. Enfin depuis maintenant le mois de mars le confinement des enfants et du personnel c’est organisé. Notre souhait comme toujours est de préserver nos enfants, mais aussi le personnel
qui s’en occupe. Nous avons réussi à composer une équipe de volontaires pour rester confinés. Aujourd’hui 250 personnes sont au centre, dont 148 enfants. L’ensemble du personnel est mutuellement très solidaire, ils sont comme une grande famille. Et ce malgré l’inquiétude pour leur famille respective à l’extérieur. Nous nous devons maintenir les salaires. Pour les salariés sur place mais aussi tout ceux, qui de chez eux, sont au chômage technique et pour qui nous souhaiterions maintenir le salaire initial. Nous devons aussi assurer l’approvisionnement de l’association en denrées alimentaires, produits d’entretien, d’hygiène, médicaments. Cette situation engendre une augmentation considérable nos dépenses quotidiennes, pour lesquelles nous avions déjà des difficultés de prise en charge tout au long de l’année. Du fait de l’absence de visiteurs et de bénévoles, nous constatons une baisse des dons au quotidien. Nous gardons aussi en tête que les jeunes accueillis en séjour de rupture peuvent à tout moment être rapatriés en France, en fonction de l’ évolution de la situation. L’avenir de la Pouponnière en deviendrait alors très incertain. Nous sommes en permanence à la recherche de soutien pour nous aider dans la prise en charge des frais de fonctionnement et le maintien des activités de l’association. Les sources de financements : (Budget total annuel 291 332 806 FCFA) ‒ Vivre Ensemble Madesahel, séjour de rupture : 44 % du budget total de la Pouponnière. ‒ L’état Sénégalais 10 000 000 CFA ‒ L’association Louly l’Ecole au Sénégal , tous les frais liés à la scolarité des enfants : 5 262 087 FCFA (année scolaire 2018-2019) ‒ La Banque Mondiale 4 520 000 CFA en 2019 ‒ 270 parrains pour environ 51 085 900 CFA par an ‒ Le reste des financements dépendent des dons de particuliers et entreprises. Nous contacter : ‒ Accueil : + 221 33 957 31 36 ‒ E-mai : contact@lapouponnieredembour.org ‒ Responsable communication : Arnoult Mathilde ‒ Tel : + 221 77 881 83 60 Nous aider : ‒ Orange Money : + 221 77 500 19 32 ‒ Faire un don en ligne :https://www.helloasso.com/ Voici quelques chiffres : Effectif de la Pouponnière : ‒ La Pouponnière : 91 bébés de 0 à 2 ans. ‒ Les Unités Familiales : 37 enfants de 2 à 6 ans. ‒ La Grande Enfance : 20 enfants de plus de 6 ans. ‒ Enfants accueillis en ce moment : 148 ‒ Enfants accueillis et sauvés depuis janvier 2002 : 1 260 ‒ Employés à la Pouponnière : 136 don/associations/vivre-ensemble-la-pouponniere ‒ Notre site internet: http://www.lapouponnieredembour.org ‒ Notre page facebook: https://www.facebook.com/ pouponnieredembour ‒ Devenir parrain ‒ Faire un don par virement bancaire : IBAN : FR76 4255 9100 0008 0040 4472 464 BIC : CCOPFRPPXXX Intitulé du compte : Vivre Ensemble, la Pouponnière BIRAMAWA MAGAZINE - 11
ENTRETIEN PORTRAIT Ndèye Massata NDIAYE Enseignante chercheure en informatique et ingénieure techno-pédagoque
Pour ce numéro 10 de votre magazine nous sommes allés à la rencontre de Ndèye Massata NDIAYE enseignante chercheure en informatique et ingénieure techno-pédagoque. Ndéye Massata est également directrice de l’assurance qualité de l’Université Virtuelle du Sénégal. Dans cette interview accordée au magazine, elle dresse son parcours de formation de l’école polytechnique de Dakar à l’UCAD en passant par l’UGB de Saint-Louis. Egalement Ndèye Massata a bien voulu nous présenter son métier d’enseignante chercheure et aborder l’importante question du numérique éducatif au Sénégal. Qui est Ndèye Massata NDIAYE ? Je suis enseignante chercheure en informatique et ingénieure techno-pédagogue. Je suis l'actuelle directrice de l'assurance qualité de l'Université Virtuelle du Sénégal. Le temps s'est arrêté à 25 ans (lol) grâce au sport. J'ai un projet de film documentaire et un projet de photos dans mes tiroirs. Je suis passionnée de cuisine. Revisiter les plats sénégalais est un défi pour moi. Également la pâtisserie dont la technicité et la précision m'ont beaucoup attirées. Pourriez-vous nous parler de votre parcours de formation ? Après le BAC, j'ai réussi le concours de l'Ecole Supérieure Polytechnique de Dakar où j'ai fait un DUT en génie informatique. Ensuite, j'ai rejoint l'UGB pour faire la Licence et la Maitrise d'informatique. C'est à ce moment que débute ma carrière de chercheure. J'ai été sélectionnée au DEA d'Informatique de la faculté des sciences de l'UCAD qui m'a permis d'obtenir par la suite un financement de thèse en informatique à l'Université Pierre et Marie Curie de Paris 6. Après la thèse, je me suis spécialisée en Numérique éducatif. Pour valider mes acquis j'ai suivi le précieux sésame des spécialistes du domaine, il s'agit du master ACREDITE (Analyse Conception et Recherche dans le domaine de l'Ingénierie des Technologies en Education) de l'Université de Cergy Pontoise. Des certificats, je ne peux les citer tous (rires). Le dernier que j'ai obtenu est celui en Assurance Qualité de l'enseignement et de la gestion de l'éducation. a une vision sur le numé“Le Sénégal - rique éducatif à travers ses principaux documents de stratégie comme « Sénégal Numérique 2025 », le rapport de la « Concertation Nationale sur l'avenir de l'enseignement supérieur » qui a permis la création de l'Université Virtuelle du Sénégal. BIRAMAWA MAGAZINE - 13
Quelles sont rapidement les grandes lignes de votre parcours professionnel ? J'ai fait mes premiers pas dans le monde professionnel dans une société de prestation de service informatique en tant responsable informatique. Trois ans, après j'ai été recrutée à l'université. Je suis également consultante au sein d'organisations internationales dans le domaine de l'éducation, de la formation et des technologies éducatives. J'ai élaboré des stratégies de numérique éducatif. La dernière en date est la stratégie de développement du numérique dans la formation professionnelle au Sénégal. J'ai également conçu l'architecture logicielle des dispositifs de formation en ligne. Je compte dans mes références une quinzaine de plateformes eLearning. “Il faut saVous êtes actuellement Enseignante–Chercheure. Pourquoi avoir porté votre choix sur ce métier ? voir que le numérique est un outil qui permet d'améliorer la qualité des enseignements et apprentissages et également de démocratiser l'éducation.» J'ai été attirée par la recherche dans un premier temps car c'était devenu monotone en entreprise. Du coup, je me suis inscrite en DEA d'informatique. Au fur et à mesure, l'enseignement est devenu mon quotidien et ensuite une passion. Transmettre de la connaissance, former, aider, soutenir, encadrer, c'est réconfortant. Comment décririez-vous votre métier d’Enseignante-Chercheure ? Je suis formatrice de formateurs en TICE (TIC pour l'éducation) au niveau de l'éducation de base, l'enseignement supérieur et la formation professionnelle. J'ai formé des enseignants au Sénégal, au Bénin et en Côte d'Ivoire. J'ai fait 8 ans à l'Université Alioune Diop de Bambey avant de rejoindre l'Université Virtuelle du Sénégal. C'est une université numérique où les enseignements se déroulent à travers des plateformes de formation en ligne. J'enseigne des cours d'algorithme et de programmation, de développement web, de base de données et de modélisation de système d'information. Mon principal défi est de montrer qu'il est possible de délivrer des enseignements de qualité en utilisant le numérique. Enseigner en ligne demande beaucoup de préparation : la conception des supports de cours et des activités d'apprentissage, le tout aligné aux objectifs pédagogiques du cours. C'est un travail de fond, d'ingénierie de formation associée à la techno-pédagogie qui se fait en amont de l'organisation de la classe virtuelle, le cours en live si je peux l'exprimer ainsi. Grâce à la COVID19, les acteurs de l'éducation ont découvert les classes virtuelles avec l'utilisation des outils de visio-conférence comme Zoom, Google Meet, teams, etc. Une classe virtuelle réussie nécessite une préparation, la conception d'un scénario pédagogique. Si la séance dure 2h, il faut bien calibrer le temps consacré à l'explication des notions clés de la leçon, les exemples ou démonstrations et les questions/réponses des étudiants. Le numérique permet de mettre en place des modèles pédagogiques innovants, toujours dans l'objectif d'améliorer les enseignements et apprentis14-BIRAMAWA MAGAZINE
sages. Le monde de la EdTech est en constante évolution. Du coup, chaque année j'essaye d'améliorer mes cours et mes classes virtuelles avec de nouveaux outils. C'est dans ce contexte que j'ai orienté mes recherches vers les outils « offline » pour l'enseignement à distance en Afrique subsaharienne. Dans nos régions, la connexion internet demeure inaccessible pour le citoyen à revenu moyen. Pour « bien » apprendre dans un dispositif de formation en ligne, l'étudiant ne doit pas se soucier d'un forfait internet qui pourrait s'épuiser. Raison pour laquelle, notre équipe de recherche développe et teste plusieurs outils offline. En attendant de régler les problèmes (par nos gouvernements), nous cherchons des solutions offline pour soutenir les apprenants. Soucieuse de la qualité de la formation en ligne, j'ai orienté mes recherches dans le domaine du Learning Analytics. Les plateformes de formation en ligne génèrent énormément de données, donc pourquoi pas analyser ces Big data pour améliorer la qualité des enseignements et apprentissages par exemple adapter les contenus, lutter contre le décrochage des apprenants en analysant le temps de présence de l'apprenant et son e-parcours pédagogique. Avez-vous un message pour les jeunes élèves et étudiants qui souhaitent exercer le même métier que vous ? Soyez endurant, parce que c'est long. Soyez créatif et curieux, pour sortir du cadre et innover. D’après-vous est ce que le milieu éducatif sénégalais est assez tourné vers le numérique ? Le Sénégal a une vision sur le numérique éducatif à travers ses principaux documents de stratéBIRAMAWA MAGAZINE - 15 “On ne peut pas parler de numérique si l'électricité n'est pas accessible de partout. Après, l’accès et la cherté du coût d’accès à Internet sont des freins pour le développement du numérique éducatif.» gie comme « Sénégal Numérique 2025 », le rapport de la « Concertation Nationale sur l'avenir de l'enseignement supérieur » qui a permis la création de l'Université Virtuelle du Sénégal. Cependant il reste beaucoup à faire comparé aux autres pays. C'est clair que les contextes ne sont pas les mêmes, et c'est là qu'il faut se démarquer. La COVID19 nous a montré les avantages du numérique dans la continuité pédagogique. Du primaire au supérieur, il y a eu beaucoup d'initiatives très louables : Canal Education sur la TNT, le dispositif en ligne Apprendre à la maison, e-Jang pour la formation professionnelle, etc. Et l'après COVID19, quelle sera l'avenir de l'éducation et de la formation ? Allons-nous vers une digitalisation complète de l'éducation et de la formation : dans ce cas un élève, un étudiant, un apprenant pourrait choisir les modalités pédagogiques adaptées à son contexte personnel (je ne rêve pas dé).
Et la formation des enseignants et des formateurs, les outils de travail (ordinateurs, tablettes, connexion à internet), les ministères en charge de l'éducation et de la formateur et leurs partenaires techniques et financiers sont très attendus. Je m'en arrête là, sinon je risque d'écrire un livre (rires). Quels sont les blocages ? Deux éléments fondamentaux : l'énergie et l'internet L'énergie d'abord, afin de garantir l'équité. On ne peut pas parler de numérique si l'électricité n'est pas accessible de partout. Après, l’accès et la cherté du coût d’accès à Internet sont des freins pour le développement du numérique éducatif. Et surtout, ne pas oublier la souveraineté numérique qui encadre la stratégie de développement du numérique au Sénégal. Qu’est-ce que le Sénégal gagnerait à miser sur le numérique dans le milieu éducatif ? Il faut savoir que le numérique est un outil qui permet d'améliorer la qualité des enseignements et apprentissages et également de démocratiser l'éducation. Nous savons que l'éducation et la formation sont des déterminants du développement d'une nation. Biramawa vous remercie. Votre message de fin ? Je vous remercie de l'opportunité de partager mon parcours et mon expérience qui je l'espère pourront inspirer les jeunes femmes et hommes. 16-BIRAMAWA MAGAZINE
AVIS D’EXPERT Abdou DIAW Journaliste économique Faire du numérique un catalyseur de la relance économique au Sénégal La crise sanitaire a mis à genou presque toutes les activités économiques dans le monde. Entre fermeture d’usine, réduction de personnel, perturbation des chaines de production et d’approvisionnements, cette situation inédite 18-BIRAMAWA MAGAZINE
a été durement vécue dans beaucoup de pays, notamment en Afrique. Même si certaines localités connaissent une tendance baissière, le virus persiste et continue à circuler au sein des populations. Les rares secteurs qui ont pu résister à ce violent choc doivent leur salut à la magie du numérique qui a sauvé la mise. Cela montre tout le poids inestimable des services du numérique dans les stratégies de développement de nos Etats. Dans un contexte où les gouvernants réfléchissent à la mise en place de plans de relance économique, l’économie numérique devrait être considérée comme un levier devant jouer un rôle de catalyseur afin de permettre aux pays d’assurer une reprise réussie post-Covid. L e Sénégal semble décrypter le message en décidant de faire du numérique une des priorités pour un succès de son plan de relance. Pour atteindre l’objectif de croissance fixé sur la période 2019-2023, le modèle de développement du PSE repose notamment sur des secteurs à fort potentiel de croissance et/ou d’emplois dont l’économie numérique. A ce titre, la digitalisation de l’économie s’avère indispensable. L’objectif que s’est fixé le Gouvernement de faire du Sénégal la plus « grande plateforme numérique régionale » via la stratégie Sénégal Numérique (SN 2025) est, certes ambitieux, mais pas irréaliste au regard du potentiel que regorge notre pays. Dans cette perspective, la mise en œuvre des projets déclinés dans le Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré (PAP2A) pour la relance de l’économie est plus qu’impérative. Il s’agit de la promotion de l’innovation et du développement des services numériques, de la mise en place de l’adressage postal et numérique, du développement des usages numériques et de la promotion de l’intelligence artificielle. Pour faire de l’économie numérique un catalyseur de la relance de l’économie post-Covid, l’Etat devra s’atteler à accélérer la mise en œuvre de la stratégie Sénégal Numérique (SN 2025) et valoriser les surcapacités de l’Agence de l’informatique de l’Etat (ADIE), notamment par l’ouverture au Secteur Privé pour une meilleure valorisation des actifs de la fibre optique. Il convient également de passer à l’échelle pour ce qui concerne la digitalisation des diverses prestations offertes aux usagers et les moyens de paiement électronique. Comme indiqué dans le PAP2A, le Gouvernement entend mettre en place un système unifié d’adressage postal et numérique au niveau de toutes les capitales départementales afin de soutenir notamment le développement du commerce électronique. Il veillera également à une meilleure prise en compte de l’intelligence artificielle dans les politiques publiques. Au regard du rôle capital qu’ont joué les technologies de l’information (le télétravail, les webinar…) dans la continuité de certaines activités, le numérique ne doit plus être considéré comme BIRAMAWA MAGAZINE - 19
ter un appui substantiel aux pays africains individuellement et collectivement afin de renforcer l'infrastructure numérique nationale et régionale pour une connectivité plus grande. Au Sénégal, à travers le Plan Sénégal Emergent (PSE), notre pays a fixé un nouveau cap en misant sur la transformation structurelle de son économie pour atteindre une croissance forte, soutenue et durable. un accessoire mais comme la lame de fonds dans la définition des politiques publiques de développement. La promotion de l’économie numérique dans les plans de relance est d’autant plus importante que la Banque africaine de développement en fait un sacerdoce. En marge de l’ouverture des Assemblées Annuelles 2020 de la BAD, le 26 Août 2020, Madame Nialé KABA Ministre du Plan et du Développement Présidente du Conseil des Gouverneurs de la BAD, notait qu’au-delà de ses effets néfastes, la pandémie nous oblige à relever le défi de la digitalisation de nos économies. A cet égard, il faut, selon elle, pouvoir tirer le meilleur profit de cette digitalisation. Eu égard, à l'intérêt que suscite le recours à cette technologie, elle encourageait la Direction de la Banque à appor20-BIRAMAWA MAGAZINE C’est pourquoi, le Gouvernement s’est engagé dans l’élaboration d’une stratégie nationale de développement de l’économie numérique, en relation avec les parties prenantes publiques, privées et la société civile, afin de maintenir sa position de pays leader innovant, par une utilisation généralisée du numérique à tous les niveaux de la société : administration, citoyens et entreprises. Dans la Stratégie Sénégal numérique 2016-2025, l’Etat réitère son engagement de faire du numérique un secteur déterminant dans le développement économique et social du Sénégal. C’est un levier essentiel de démultiplication des gains de productivité et d’accroissement de la compétitivité de tous les secteurs de l’économie, à travers l’offre des biens et des services numériques. Toutefois, le sous-secteur est confronté à plusieurs défis dont celui de l’accès universel à l’internet, même si la crise de la Covid-19 a montré toute l’importance de ce secteur.
’ COMMENCEZ AVEC LE VOUS VOULEZ VISITER VOUS VOULEZ VISITER L’AFRIQUE? COMMENCEZ AVEC LE SENEGAL
LE COIN D’AUTRUI Bonzzzooouuurrr Warahmatullah "Le sacrifice est toujours guidé par un amour inconditionnel." chers lecteurs et lectrices de Biramawa. Pour ce nouveau numéro de votre Quinzomadaire, je vais encore vous plonger dans « Les Drames d’Autrui ». C’est l’histoire d’un sacrifice qui doit tous nous inspirer dans les relations que nous entretenons avec ceux et celles que nous aimons. 22-BIRAMAWA MAGAZINE
« Je me suis levé ce matin bloqué devant le miroir qui domine le décor de ma chambre. Un étrange reflet me parvenait de cette glace. Ce visage n’est pas le mien. Je ne me reconnais point dans ces tristes traits d’un homme qui a déjà accepté la fatalité. Dois-je me résoudre à tout abandonner après tant d’années de lutte et après tout ce que j’ai sacrifié ? Ne me reste-t-il que mes yeux pour pleurer ? Est-ce vraiment moi, là devant ce miroir, les larmes coulant à flot sur ce visage ridé par la fatigue et les échecs successifs ? Je cherche désespérément une once d’énergie, un semblant de volonté, pour armer une dernière, vraiment une toute dernière tentative de sauver Sarani. Moments de bonheur passés à ses côtés et douloureux épisodes des vaines tentatives pour sa reconquête se disputent ma décision finale. Je me dis une première fois qu’il faut peut-être chercher à aller de l’avant. A fermer cette parenthèse, cette porte, ce chapitre de ma vie pour en ouvrir d’autres, de parenthèses, de portes ou de chapitres, avant qu’il ne soit trop tard… Mais une seconde idée émerge et m’attaque. Une voix inaudible ne veut décidément pas que je passe à autre chose. J’assiste impuissant à cette chamaillerie interne de mon être coupé entre l’envie de tout recommencer à zéro et celle d’engager la bataille finale. Une bataille dont je sais déjà que je n’en sortirai jamais indemne, vainqueur ou pas. Mon histoire avec Sarani remonte à notre enfance dans notre village quelque part dans le Sud du Sénégal. Nos deux demeures familiales étaient voisines et nos parents avaient gardé des rapports fraternels depuis des générations. Le cousinage à plaisanterie entre Sérères et Peuls est venu raffermir les liens de nos deux familles. Ensemble, main dans la main, nous allions à l’école. Ensemble, main dans la main, nous revenions chaque jour de ce lieu de notre beau passé. Classe après classe, année après année, le lien qui nous réunissait, devenait de plus en plus fort. Aucun de nous deux ne pouvait rester une journée sans voir l’autre, même pendant les périodes de grandes vacances. Quand il s’agissait de partir chez un oncle ou une tante en ville pour y passer des jours voire un mois, on trouvait toujours une excuse pour rester l’un près de l’autre. Il est malheureusement arrivé un de ces matins d’hivernage et de pluie où le soleil s’était exilé, des jours durant, dans les profondeurs du ciel nuageux. La maman de Sarani est venu annoncer à mes parents que sa fille, qui n’était âgée que de 15 ans, allait être donnée en mariage à l’un de ses cousins qui habite dans un autre village se situant à une centaine de kilomètres du nôtre. Tout de suite, j’ai pas réalisé ce qui venait de se passer. Mais quand ma mère, sous un ton assez plaisantin, m’a dit : « Dommage mon enfant, ta chérie va te quitter pour un plus sérieux djamalé (rival) », j’ai eu un gros pincement au cœur. J’avais 15 ans et je pouvais rien faire d’autre. A part passer des journées entière, isolée dans mon coin à pleurer le départ certain de celle avec qui je prévoyais de passer le reste de mes jours. A deux jours de la célébration des noces de Sarani, je suis allé la voir pour lui proposer de s’enfuir avec moi. Elle m’a déconseillé, les larmes aux yeux de tenter quoi que ce soit qui pourrait nuire à la relation entre nos deux familles. Nous sommes restés là, pleurant à chaudes larmes sur le sort incertain que lui réservait ce destin qu’elle ne pouvait repousser. Je me suis levé pour partir et la laisser à jamais. Mais je ne pouvais m’en aller sans contempler à nouveau cette magnifique et innocente figure, cette beauté rarissime, ces traits uniques d’un visage sans doute dépêché du paradis, ces yeux qui pétillaient en toute circonstance. Ce n’est pas seulement à Sarani que je tournais le dos. Ce jour-là, j’ai abandonné une grande partie de moi. Un mois après le départ de Sarani, je suis tombé malade. Je souffrais énormément et étais parfois sujet à de vives halluciBIRAMAWA MAGAZINE - 23
nations. Je divaguais, prononçais son nom à tu-tête, se réveillais et criais la nuit quand tout le monde, mise à part ma mère, était capturé par Morphée. Mais quelques semaines après, j’étais à nouveau sur pied, après avoir pris quelques bains mystiques. Cependant, je n’étais plus ce garçon plein de vie et qui rêvait de devenir avocat. Je me suis néanmoins accroché à la vie et à mon rêve. J’ai eu mon bac et suis parti à la capitale étudier le droit. Et c’est au courant de ma troisième année à l’Université que Sarani a resurgi dans ma vie. Une lettre m’est parvenue alors que j’étais venu rendre visite à ma famille pendant les vacances de Noel. Elle disait ceci : « Mon cher ami, je souffre depuis qu’on s’est quitté. Il n’y a pas un seul moment passé dans ce lieu qui me donne envie d’y rester. J’ai enduré et je continue d’endurer l’abandon, le délaissement de l’homme qui me sert de mari et que je ne vois que très rarement. S’il n’est pas avec son troupeau de vaches, il est avec d’autres femmes. Mon seul tort est de n’avoir jamais pu enfanter après des années de mariage. Si je t’écris, ce n’est certes pas pour alarmer mes parents ou le village entier. Mais tu dois savoir que dans le gouffre où je me trouve, tu es le seul à pouvoir m’y tirer. Aux bons souvenirs de notre enfance, je garde une foi iné24-BIRAMAWA MAGAZINE branlable en toi. Au revoir » J’ai tout essayé pour la tirer du précipice. Je suis même allé jusqu’à son village pour convaincre son mari de la libérer puisqu’il n’en prenait plus soin. J’ai récolté un coup de machette qui aurait pu m’être fatal, si je n’avais pas été évacué de justesse de ce village, par un vieil homme. Après mon rétablissement, j’ai voulu ester en justice contre l’homme qui m’avait agressé. Mes parents m’ont dissuadé de le faire. Je n’ai récolté que le courroux de mon père qui ne pouvait pas comprendre comment j’ai pu oser entreprendre une telle démarche sans lui en parler. Mais à chaque fois que je décidais d’abandonner, l’image de Sarani épuisée et rongée par la détresse et la fatigue me revenait à l’esprit. Je ne pouvais pas. Non, je ne pouvais pas l’abandonner à son propre sort dans ce trou perdu. Pendant les grandes vacances, alors que je revenais des champs, j’ai croisé le même vieux qui m’avait évacué de justesse après mon agression par le mari de Sarani. C’est lui qui est venu à moi pour me rafraîchir la mémoire. Je lui ai adressé de vifs remerciements avant de lui demander s’il a des nouvelles de mon amie. Et là, il m’a demandé de le retrouver après la prière du crépuscule derrière l’école du village avant de me dire qu’il avait peut-être une solution pour notre problème. Je l’ai trouvé devant une case située dans une maison délabrée. Il était assis sur une natte de prière, le chapelet à la main, en train de dire des invocations. Il m’a fait un signe de la main pour que je prenne place en attendant qu’il termine. J’étais très impatient d’écouter ce qu’il avait à me proposer pour enfin sauver Sarani de son enfer. Mais j’étais loin de m’imaginer que le choix serait aussi difficile à faire. « Mon garçon », a dit le vieil homme brusquement, alors que j’étais plongé dans mes pensées. J’ai presque sursauté avant de lui prêter toute mon attention : « Le mariage est un lien sacré. Et l’amour est un lien divin. Ta bien-aimée est dans un lien sacré. Et pour la sauver, il te faut sacrifier quelque chose en retour. Chaque chose a un prix ici-bas et dans l’au-delà. Sarani ne tiendra pas encore une année dans son foyer conjugal. Elle va mourir de chagrin, de honte et de peine. Son cœur a tenu plus qu’il ne le pouvait. Mais le hic, c’est qu’elle est dans un lien sacré et protégé par la loi divine. Voilà ce que tu peux faire pour la sauver. Soit tu rassembles cinquante vaches et cinquante chamelles que tu vas sacrifier dans une semaine. Et il faudra les acquérir honnêtement ces bêtes. Si tu en es vraiment incapable au
bout d’une semaine, il te restera l’ultime solution, celle de transposer sa stérilité sur toi. Ainsi tu seras impuissant pour le restant de tes jours sans possibilité aucune d’y remédier. Mais attention, si t’es pas sûr de pouvoir réussir, il ne faut pas entamer le défi. Le sacrifice est si énorme et cela implique non seulement ton futur, mais aussi l’espoir que tes parents ont fondé en toi. Mon garçon, tu as une nuit entière devant toi pour réfléchir. Alors vas-y et je prie Dieu pour que tu puisses faire le bon choix.» Sur le chemin du retour, je ne pensais à rien d’autre qu’au moyen de trouver des fonds pour rassembler un tel troupeau. J’y ai pensé toute la nuit sans pouvoir une seule minute fermer l’œil. Je n’étais qu’en troisième année et mes parents n’avaient même pas les ressources nécessaires pour s’offrir, ne serait-ce que, trois vaches. Mais l’heure du rendez-vous s’approchait et je devais me décider, sinon Sarani allait mourir. Non, la mort de Sarani était inconcevable. Je n’ai même pas cherché à peser le pour et le contre. Mon choix était fait. Je devais relever l’énorme challenge qui s’annonçait comme une mission impossible. Quand je me suis présenté devant le vieux sage ce soir-là, il n’y avait pas besoin que je lui dise quoi que ce soit. Nos yeux se sont croisés et il m’a dit : « Tu es très courageux mon garçon. Puisse Dieu t’assister dans ta démarche. Maintenant va et garde toujours la foi ». J’ai parcouru tous les villages environnants à la recherche de bergers créditeurs. En vain. Sans argent liquide, je ne pouvais rien obtenir. Je suis retourné dans la capitale pour voir avec mes contacts s’il y avait moyen de trouver une somme d’argent conséquente. Mais en tout et pour tout, je n’ai pu réunir que 9 millions avec l’aide d’un ami qui avait des parents aisés. Mais c’était trop peu. Pour rassembler un tel troupeau, il me fallait des dizaines de millions. J’étais abattu et consterné. Il ne me restait qu’un jour et je suis retourné au village attendre que l’inévitable se produise. Vous comprenez donc bien toute ma peine devant ce miroir qui domine le décor de ma chambre. Vous comprenez bien mon penchant à tout abandonner et à me résigner face à un destin trop fort pour moi. J’ai choisi de ne rien dire à mes parents. De peur qu’ils ne me dissuadent de prendre ma propre décision. Après le crépuscule, je suis retourné à l’endroit où le vieux sage m’attendait une toute dernière fois. Nos yeux se sont encore chargés de communiquer à la place des mots. Une minute, puis deux et un froid glacial s’emparait de mon corps. Je ne sentais plus aucun de mes membres. Paralysé pendant un bon moment, j’ai retrouvé l’usage de mes jambes et de mes mains après avoir été aspergé d’un liquide mystique par le vieux sage. L’heure de la libération était venue pour Sarani sonnant par la même occasion ma condamnation à ne plus jamais connaître le plus petit plaisir charnel. « Mon garçon, c’est certes très dur. Mais plus longtemps tu vivras, plus tu sauras qu’aucun sacrifice ne reste vain. Ici se séparent nos chemins. Tu ne me verras plus jamais. Mais tant que tu garderas la foi, tu auras le meilleur des compagnons. Adieu mon garçon ! » Et il est parti… deux ans après, Sarani avait mis au monde des jumeaux. L’un portait mon nom. Ai-je fait le bon choix ? J’en suis convaincu et la lecture de cette phrase d’un grand philosophe sénégalais me réconforte : « La plus mauvaise femme sur terre vaut de l’or. Quant à la vertueuse, elle n’a pas de prix ». Le Sacrifice est toujours guidé par un amour inconditionnel. Sur ce, portez-vous bien en respectant les mesures barrières édictées par les autorités sanitaires pour se protéger du virus et protéger également vos proches. Paix sur vous ! Ayoba FAYE Journaliste d'investigation Rédacteur en Chef PressAfrik BIRAMAWA MAGAZINE - 25
ENTRETIEN EXCLUSIF Ibrahima SISSOKO "L'entrepreneuriat était une suite logique dans mon parcours."
Ibrahima, franco-malien, est à la tête d’une vingtaine de sociétés dans le domaine du digital et du numérique en France et à l’étranger. Se considérant comme un serial entrepreneur, en perpétuelle quête de nouveaux défis, Ibrahima, à travers sa structure Growth Ground Investment, accompagne les jeunes entrepreneurs africains. Il fait d’ailleurs partie des 35 entrepreneurs qui représentent la France au sommet du G20. L’évènement se tient du 27 au 30 Octobre 2020 à Paris intra-muros sous la présidence de l’Arabie saoudite. La Une du numéro 10 de votre magazine lui est consacrée. Occasion saisie pour revenir sur ce sommet du G20, son « chemin initiatique », son intérêt pour l’entrepreneuriat et le numérique. Ibrahima a également donné son point de vue sur la place qu’occupe l’entrepreneuriat en Afrique. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Ibrahima SISSOKO franco-malien petits fils d’agriculteurs et fils d’ouvrier, originaire de Chanteloup-les-vignes une petite ville de 12000 habitants en Ile-de-France dans le département des Yvelines. Aujourd’hui je suis à la tête d’une vingtaine de sociétés dans le secteur du digital et du numérique en France et à l’étranger. Quelles sont les grandes lignes de votre parcours ? Plutôt que parcours j’utiliserai plutôt chemin initiatique car tout ce que j’ai vécu m’a amené à devenir la personne que je suis. Ma vie n’est faite que de rencontres donc pour simplifier je vais vous en décrire cinq : • Rencontre avec mes oncles maternels où je découvre comment ils ont monté un empire financier dans le textile, sans savoir ni lire ni écrire développent leurs activités d’import-export entre Asie et Afrique. • Rencontre avec les NTIC j’atterris chez Free comme conseiller multimédia pour y finir en tant que technicien itinérant. Au cœur de ses entrailles, j’y découvre une nouvelle forme de gouvernance et de management. d’un pr“Le secret réside dans sa préparation, c’est un aspect essentiel et qui ne dépend que du ou des jeunes pousses.. » • Rencontre avec le développement : Concepteur développeur informatique. J’y découvre code, base de données et interface. Toutes ces notions aujourd’hui dont je ne pourrais me passer et qui ont occupé tant de nuit et de mes journées. De cette expérience me viendra le goût pour la veille, la montée en compétences et la formation continue. • Rencontre avec les données : En mission en tant que consultant indépendant, je m’éprends de la donnée et du respect qu’elle impose. • Rencontre avec lui : lui c’est moi ou son alter égo BIRAMAWA MAGAZINE - 27 ojet réussi
• Je crée des entreprises, en mobilisant des équipes afin d’étudier des opportunités, développer une stratégie qui permettront de passer de l’idée au projet, du projet à jeune pousse, puis PME, ETI... • J’aime créer, développer et ensuite je laisse la main une fois l’entreprise mise sur les rails (stabilisation des marges et de la rentabilité) pour me consacrer au développement d’un nouveau projet. • Ce n’est pas l’argent qui m’anime mais bien le défi de la réussite, le rythme effréné de la création, l’excitation de fédérer une équipe et j’évolue principalement Vous vous décrivez comme un « serial entrepreneur ». Quelles ont été́ vos principales motivations pour vous lancer dans l’entrepreneuriat ? L'entrepreneuriat était une suite logique dans mon parcours, j’y ai été amené de par mon cheminement et la personne que je suis. J’ai commencé par mon introspection - qui suis-je ? Et qu’est-ce que j’aime faire ? Les réponses ont été évidentes : la stratégie, parfaire mon réseau, mobiliser des équipes en trouvant les talents et en coordonnant leurs actions. À l’inverse, je suis beaucoup moins doué pour la gestion quotidienne, et je ne suis pas un chef d’entreprise. Je suis exalté par l’idée d’avoir bâti quelque chose de par mes/nos propres compétences que par l’argent, et surtout le fait de créer de la valeur en architecturant. • Dans les nouvelles technologies car ces secteurs porteurs en hyper croissances. Vous avez créé́ des entreprises en Ile de France dans le domaine du Numérique. Pourquoi ce choix porté sur le domaine du digitale et numérique ? pagne de“J’accompousses africaines à travers la structure Growth Ground pour l’instant en côte d’ivoire et au Sénégal.. » Me reposer sur mes lauriers ne m’intéresse pas, j’ai toujours un projet en tête ou à la recherche du porteur de projets et j’aime me renseigner sur les nouvelles tendances, voilà pour mes motivations en tant qu'entrepreneur et pour rentrer dans le détail de ma gestion de serial entrepreneur : 28-BIRAMAWA MAGAZINE Le choix s’est tout simplement imposé de luimême, il y avait un besoin auquel il fallait répondre à un instant T, par contre par la suite on a privilégié la croissance endogène mais également horizontale en construisant un écosystème de service basé sur l’expérience utilisateurs tout en restant à la pointe des technologies existantes. s jeunes Vous ne vous contentez pas de créer des entreprises. Vous accompagnez aussi les Entrepreneurs, Startup...Que pouvez-vous nous dire sur votre société́ Growth Ground Investment ? Il y a effectivement plusieurs volets, dans un premier temps le fait que l’on favorise l'entrepreneuriat autour de notre histoire et du socle commun.
Et oui dans un second temps j’accompagne des jeunes pousses africaines à travers la structure growth ground pour l’instant en côte d’ivoire et au Sénégal. Nous avons pour projet d’élargir cet accompagnement via un accélérateur qui réunit des compétences ciblées, spécifiques et hyper pointues celui-ci devrait voir le jour avant la fin de l’année. Vous portez une attention particulière aux jeunes entrepreneurs. Quels sont vos conseils pour ces entrepreneurs en herbe ? Le secret d’un projet réussi réside dans sa préparation, c’est un aspect essentiel et qui ne dépend que du ou des jeunes pousses. Il est essentiel aujourd’hui de donner le temps au temps. Concrètement la phase d’étude d’opportunité (étude de marché, analyse concurrentielle et benchmark) et de faisabilité (A/B testing de la proposition de valeur) sont des étapes trop négligées qui sont pourtant essentielles à tout démarrage de projet. En tant qu’acteur, est-ce que, d’après vous, le cadre est-il favorable à l’entrepreneuriat en France ? Le cadre qu’offre la France au porteur de projet est idyllique car même sans parler des aspects financiers, vous avez des structures d’accompagnement à la création selon la forme juridique, le modèle économique, les enjeux du marché. Des réseaux identifiés d’entrepreneurs qui vous permettent de resauter et de vous appuyer sur des retours d’expériences d’entrepreneurs à succès, sans compter l’accès à des formations via des financements publics ou privés. Qu’en est-il de l’Afrique ? L’Afrique est un vaste sujet où l’entreprenariat formel ou informel est une norme de survie, une norme d’existence. L’augmentation de l’employabilité en Afrique ne peut se faire que via l'entrepreneuriat. La différence réside dans le modèle qui devra s’inscrire dans ce que j’appelle l’économie réelle : le point mort, date à laquelle le seuil de rentabilité doit être atteint est beaucoup plus court que les modèles occidentaux. La résilience est le mot adapté au cadre africain car les pivots sont drivés par le contexte et l’environnement autant que par les données recueillies. “L’Afrique est un vaste sujet où l’entreprenariat formel ou informel est une norme de survie, une norme d’exisQuelles sont vos préconisations pour une meilleure promotion de l’entrepreneuriat ? • tence. L’augmentation de l’employabilité en Afrique ne peut se faire que via l'entrepreneuriat. » Centraliser et gérer l’information en faveur de l’entreprenariat à travers des structures dédiées avec une présence web impérative • Mettre en place des organisations favorisant la croissance externe (export de ses produits et services) qui s’appuierait sur les diasporas • Identifier les compétences manquantes sur les territoires et favoriser leur émergence via des cursus spécialisés (diplômant ou certifiant) • Contracter des collaborations avec des organes étrangers dans le cadre de transfert de compétences technologiques De simples mesures mais d’une efficacité qui permettrait d’accélérer par 2 la croissance de l’Afrique a horizons 2022 Vous faite partie des 35 entrepreneurs qui représentere la France au sommet Du G20. Nos sincères félicitations ! Pouvez-vous nous en dire plus ? Tout d’abord je vous remercie infiniment, l'événement se tient du 27 au 30 Octobre 2020 à paris intra-muros sous la présidence de l’Arabie saoudite et nous aurons la charge d’élaborer des recommandations en faveur de la croissance, de l’emploi et de BIRAMAWA MAGAZINE - 29
l’innovation face à cette période inédite de crises sanitaires et économiques mondiales. Je suis honoré d’avoir été sélectionné et de participer à cette édition si spéciale vu le contexte, je pense pouvoir apporter un regard différent. Pour changer de registre, le monde fait face à̀ une crise sanitaire (COVID 19). Qu’est-ce que la situation vous inspire ? Il est souvent plus simple de partir d’une feuille blanche que de partir d’un existant avec toutes les complexités que ce dernier englobe. Il est primordial pour moi de s’inventer et non pas de se réinventer. Les analyses et les constats sont là. A nous désormais de savoir ce que l’on laissera à nos générations futures. Quelles sont les alternatives aux énergies fossiles et comment les industrialisés dans le respect de l’environnement ? Avons-nous besoins de protéines (viandes/ poissons) à tous nos repas ? Sommes-nous prêts à accorder « la confiance » à un algorithme plutôt qu’à un être humain et quelles en seront les répercussions ? La situation m’inspire des questions auxquelles nous devront tôt ou tard répondre. D’après vous quelles leçons peut-on tirer de cette crise sanitaire ? Des leçons il y’en a un certain nombre je ne m’attarderais que sur celle-ci. Les priorités et les prioritaires : nous avons dû redéfinir nos priorités en privilégiant les besoins primaires et les industries capables de les satisfaire, et donc par la même occasion ces fameux prioritaires qui pour l’essentiels sont représentatifs du petit cocon familial. Parlez-nous de vous. Au-delà de vos activités entrepreneuriales, quelles sont les causes qui vous tiennent à̀ cœur ? rité et d’entraide qu’on retrouve dans ses milieux où le partage est un mode de vie et un fondement de base. Il est donc important pour ma part de mettre en place les écoles de pêches plutôt que la distribution de poisson, tout ne se faisant que par étapes il faut bien sûre y aller crescendo. J’œuvre donc à ma hauteur à la mise en place de ce dogme. Quels sont les Hobbies de Monsieur SISSOKO ? Mr SISSOKO aime lire, se cultiver apprendre de nouvelles choses et surtout prendre soins des siens. Je suis conscient d’être aujourd’hui un privilégié et j’en suis reconnaissant très reconnaissant via toutes les personnes qui contribuent au quotidien à cette aventure. “A nous de savoir ce que l'on laissera aux générations futures." Tout naturellement ayant grandi dans un quartier populaire et de par mon éducation j’ai bénéficié d’action sociale, de solida30-BIRAMAWA MAGAZINE Biramawa vous remercie Monsieur SISSOKO. Votre mot de la Fin ? Le mot de la fin n’est que le dernier mot d’une aventure contée, un retour d’expérience une opinion partager et surtout le début ou la continuité de sa propre histoire. Merci pour ce moment de partage
ENVIRONNEMENT L’environnement pour juguler « la malédiction du Pétrole » au Sénégal Au moment où des gisements de gaz et de pétrole sont découverts à outrance en offshore comme en onshore au Sénégal, faisant miroiter des lendemains meilleurs à l’image des pays du Golf arabique, une alarme sournoise se déclenchait pour nous rappeler non loin de nous. Le peuple de Venezuela est en train de faire les frais d’une économie basée sur le pétrole. La question à mille balles est quel destin nous attend, nous sénégalais ayant regardé dans la boule de cristal du passé des autres pays producteurs de pétrole ? 32-BIRAMAWA MAGAZINE
La mort programmée du pétrole Depuis la fin du 20é siècle, le pic du pétrole fut annoncé sur la base de notre vorace société de consommation globalisée. Dans ce sillage, le géant pétrogazier British Petroleum (BP) table sur une diminution légère (-5 %) à très forte (-75 %) de la consommation de pétrole d'ici 2050. En cause : la transition énergétique du secteur des transports routiers et le dynamisme des énergies renouvelables. La décadence des entreprises énergétiques est amorcée par la décision concertée de plus de 50 institutions financières de renom (HSBC, Banco Santander, Deutsch Bank, Goldman Sachs, JP Morgan Chase, Citigroup, Wells Fargo et Morgan Stanley) qui ont introduit des politiques limitant le forage des sables bitumeux et/ou du pétrole et du gaz en Arctique, selon un tracker développé par l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA). cours. Exxon n'est pas le seul géant à prendre la porte. Il est accompagné du laboratoire pharmaceutique Pfizer et de compagnie d'aéronautique et de défense Raytheon Technologies. Ces trois titres seront remplacés par l'éditeur de logiciels Salesforce, la biotech Amgen et le groupe industriel Honeywell. La valeur boursière de la compagnie saoudienne Aramco a été annoncée à grande pompe comme la future levée de fonds jamais égalée de 2000 milliards de dollars. Toutefois les sociétés à la plus grosse capitalisation boursière restent les entreprises de la Hightech. Pour compléter ces chiffres sur les entreprises les plus riches, il existe aussi l'étude 2018 de PricewaterhouseCoopers (PwC). Ceux sont les Gafam (Google Apple Facebook Amazone Microsoft) qui prennent les premières places. Pour la 7ème année consécutive, Apple domine le palmarès. La valorisation boursière de la marque à la pomme atteint 851 milliards de dollars en 2018 contre 754 milliards de dollars en 2017. Alphabet (ex-Google) et Microsoft complètent le podium avec une capitalisation boursière de 719 et 703 milliards de dollars contre respectivement 579 et 509 milliards de dollars en 2017. Notons la très forte poussée des entreprises chinoises Tencent et Alibaba qui passent respectivement de la 11ème et la 5ème place et de la 12ème à la 7ème place. Amorcer par anticipation la transition énergétique La prépondérance des services sur les matières premières tel le pétrole Tout un symbole Exxon est éjecté du Dow Jones. Le S&P Dow Jones a annoncé la sortie d'Exxon Mobil (-2,9% à 41 dollars) du Dow Jones le 31 août 2020. La compagnie pétrolière américaine affichait le record de longévité au sein de l'emblématique indice new yorkais. Un état de fait qui illustre la transformation énergétique en Si ce sont les majors pétroliers (shell total Exxon afi Mobil BP petrobras...), qui se reconvertissent dans les énergies supposées vertes, en anticipant le virage énergétique, quand devrait-il être de notre société étatique sénégalaise où il ne s’agira pas seulement de perdre des dividendes, mais le devenir de toute une nation qui sera engagée ? Donc, une attente exclusive du développement basé sur les hydrocarbures sera vouée à l'échec. Le pétrole peut être la source de développement des énergies renouvelables qui nous sourient sans contingences étrangères. Le soleil est un potentiel infini à mesure de la durée de la vie notre BIRAMAWA MAGAZINE - 33
système stellaire, donc il suffit seulement de déployer des panneaux et la conversion de l’énergie solaire en électricité et nous voilà assurer une self efficience. Quant au biocarburant une aubaine pour un pays en voie de désertification et qui serait très profitable à toute la parallélépipède allant de Mpal, passant à Podor, descendant à Bakel pour se fermer à Mékhé, qui retrouvait une opportunité viable et digne de la caverne d'Ali baba en termes économique, agricole, industriel, de développement local, la revivification des contrées à réputation sujette à la victimisation, facilitant la reconsidération sylvopastorale, favorisant l'exode urbain qui de facto desserrera l'étreinte démographique plombant un centre urbain comme Dakar. Subséquemment des milliers de jeunes seront utilisés en opérateurs indépendants sur le modèle de Gora Ndiaye, pour repousser le désert, en implantant des oasis viables et bio. Il nous suffit de rediriger une partie des dividendes issues du pétrole afin de préparer l’après pétrole, dès la première goutte. Gora N’Diaye du village de Samba Dia un self made man dans la partie aride voir désertique de notre Sénégal, qui s’est donné l’idée de repousser les limites du désert sans attendre rien des gouvernants, il contribua à l’émergence d’une lueur d’espoir réaliste. Ce digne fils du terroir favorise l’éclosion d’Oasis viables, loin d’être égoïste de sa découverte, il forme et autonomise chaque année une ving34-BIRAMAWA MAGAZINE taine de jeunes qui se voient octroyer un hectare à mettre en pratique. Un tournant efficient vers le développement assuré pour les générations futures Le souci de la protection de l'environnement est une garantie pour le présent autant pour le futur, si nous amorçons la transition énergétique écologique. Nous n'aurons plus besoin d'aller à des bornes sous terre ou en mer pour trouver du pétrole, la peur de catastrophes écologiques comme les marées noires ou d'explosion de plates-formes, et le transport des matières premières sera plus assouplies donc moins de production de gaz d'effet de serre. Le bilan carbone négatif pourra nous permettre de capitaliser sur la vente de bons de crédits carbone vers les pays pollueurs et on diminuera au passage notre déficitaire balance commerciale, pour laisser place à un tableau idyllique plus rose garanti. Dans une large mesure, la base de l’Indice de Développement Humain c’est l’éducation, le gap scientifique avec les pays développés ne sera qu’un lointain souvenir une fois qu’une incidence conséquente sur la résorption du retard scientifique est consentie en investissement sur le système éducatif. Surtout si cette mutation est une réorientation de l'éducation
à une forte dominance technoscientifique, sans oublier les sciences sociales pour la régulation humaine. Le développement par l’expertise locale La promotion locale est dans la préférence de l’entreprise sénégalaise sur toute autre, le Sénégal first sinon c'est du vent que l'on se vend à soi-même. Il fallait promouvoir Sustainable power electric company (SPEC) pilotée entièrement par des Sénégalais, et qui avait pour ambition d’encourager l’essor d’une industrie photovoltaïque en Afrique. C’était le moment de s’autonomiser en matière de panneaux locaux et enclencher le virage énergétique. Mais nous préférons laisser SPEC faire face à d’innombrables difficultés parce que nous ne savons pas défendre nos entreprises naissantes ou juvéniles, par déficit de vision ou par complexes d’infériorité populaire. Pour pouvoir bénéficier d’au maximum des hydrocarbures, il faut une prise effective d’un ensemble de mesures, telle que la réadaptation du code pétrolier qui devra réserver plus de pourcentage dédié au Sénégal, comparé au maigre 10% actuel. Un mauvais départ malencontreux peut être rectifié si l’on prend en considération les attentes des générations futures délaissées. Ainsi, la sécurisation des secteurs de la pêche du tourisme de la biodiversité pourra être un point d'inflexion à entrevoir pour ne plus avoir le besoin de continuer avec des slogans. Sinon nous subirons avec la démocratisation des véhicules électriques ou hybrides et à hydrogène, un réveil difficile malgré des flots d’hydrocarbure. Or pour respecter les intérêts des générations futures, au lieu de se focaliser sur le tout pétrole, une alternative s’offre à nous c’est le gaz qui est d'une exploitation facile et maîtrisée par la pétroindustrie sénégalaise, avec des hommes qualifiés, suivant une ressource BIRAMAWA MAGAZINE - 35
abondante, une demande disponible, un atout considérable pour développer les autres secteurs. Ainsi il serait plus judicieux de surseoir à l’attribution des blocs pétroliers jusque dans un futur proche. Ainsi, nous aurons le temps de l’exploitation du gaz avec la maitrise de l’expertise et l’industrie nationale. L’exploitation du pétrole pourra à son tour être nationalisée à l’avenir, grâce aux revenues issues du gaz, et l'émergence d'un ensemble de compétences, la favorisation de l'industrie locale, le transfert de technologie, la coopération Sud-Sud en misant sur des entreprises n’espérant aucune ouverture vers l'extérieur mais avec une expertise avérée (aramco, petrobras,..) l'érection d'universités technologiques adaptées et résilientes loin des pales copies du modèle étranger au design dicté par leur histoire et leur vision du futur. La réalité des statistiques En matière de chiffre d’affaires dans le monde des gros sous, Walmart arrive en tête, la 2ème place est occupée par le groupe énergétique chinois State Grid, puis en 3ème position le groupe pétrolier et chimique chinois Sinopec. Le chinois China National Petroleum pourra être une référence au Sénégal avec ses 1 470 193 employés (contre 1 512 048 en 2016) soit un ratio de 1 chinois sur 1000 travail pour une seule entreprise. La pétrochimie plutôt qu’assurer la redondance du passé (exporter du brut et acheter des produits raffinés au prix forts) sans compter les contingences néfastes et favorisant une économie déficitaire). Le pétrole et ses métiers sont très friands en main de d’ouvres. Sachant qu’au Sénégal une personne qui travaille impacte la vie d’au moins dix personnes Certes il n’y a pas d'énergie propre, toutes les énergies sont polluantes ou destructrices de l’environnement à un certain degré; autant dans l'éolienne onshore ou offshore (la plastique, les batteries, les oiseaux qui sont décimés), le solaire (les batteries, le plomb, l'électronique, la réflexion des panneaux perturbatrice de l'évolution et de l'orientation des insectes et 36-BIRAMAWA MAGAZINE Dès lors tâcher de moins impacter négativement notre devenir est une question primordiale, en s'imposant un virage serré instantané et à pleine vitesse. Sinon pas besoin de continuer à rêver de chimères. Nous serons condamnés à continuer d'adopter le fatalisme irrédentiste du passé qui nous a enlacé dans les chaînes de l'esclavage, qui nous a éviscéré les tripes par le colonialisme et qui est en train de nous sucer en vrai vampire néocolonialiste. Si nous ne nous réveillons pas tout de suite et nous ne nous résolvons pas à arpenter la voie du changement, nous nous condamnons à faire bégayer l'histoire qui est de pleurer pour une bouchée de pain (AIDE, DETTES, COLONISATION …), alors que nous sommes au sommet d’une montagne d'or, entourée de diamant se reflétant sur une nappe de pétrole. Mariane Seck Docteur en Droit de l’Environnement et de la Santé oiseaux), l'hydraulique (l'appauvrissement de l'aval des cours d'eau par la rétention du limon dans les bassins des barrages hydrauliques, la mutation ou la destruction des biosystèmes, l’augmentation de la température de la masse d’eau en sortie des turbines).
Mariane Seck LE DROIT DE L’ENVIRONNEMENT : DE L’INITIATION AU MÛRISSEMENT Contribution d’une juriste sénégalaise Préface du professeur Babacar Gu e y e LE DROIT DE L’ENVIRONNEMENT : DE L’INITIATION AU MÛRISSEMENT Mariane Seck
Veille et Intelligence des Affaires Votre rubrique Veille et Intelligence des Affaires pour ce numéro 10 de votre magazine s’intéresse à la décentralisation et à la territorialisation des politiques publiques. Deux notions que Monsieur Khadim Mbacké SENE, expert consultant en gouvernance territorial et développement local, a bien voulu décortiquer. Monsieur SENE a également donné son point de vue sur les enjeux liés à l’acte III de la décentralisation et de la territorialisation des politiques publiques. 38-BIRAMAWA MAGAZINE
Pouvez-vous vous présenter svp à nos abonnés ? Bonjour, je me nomme Khadim Mbacké SENE. Je suis ingénieur en développement territorial, expert consultant en gouvernance territorial et développement local. Je suis par ailleurs PDG/CEO du cabinet KMS CONSULTING, un cabinet d’étude et d’orientation en développement territorial. Qu’entendez-vous par décentralisation et territorialisation des politiques publiques ? La décentralisation est une politique initiée par l’Etat et basée sur des principes qui régissent son fonctionnement et son application. Elle résulte d’un transfert de compétences et de prérogatives de l’Etat vers des collectivités territoriales dotées d’une personnalité morale et juridique, d’une autonomie financière, d’un contrôle de légalité à postériori et dirigées par des élus locaux. La décentralisation se résume en deux mots : proximité et liberté. Quant à la territorialisation des politiques publiques, elle consacre l’essoufflement du modèle de l’Etat post colonial pour reconnaître que le développement des territoires ainsi que la place stratégique conférée à ces derniers dans le mode de régulation constituent désormais une priorité publique. Qu’elle concerne les politiques ou les services, la territorialisation peut être analysée comme levier d’une décentralisation plus effective et ou comme risque de fragmentation et de complexification de l’action publique, toutes choses par ailleurs exigeant la prise en compte des ses préalables, modalités et défis. La distinction que nous pouvons faire entre les politiques territorialisées et les politiques territoriales est que les politiques territorialisées sont des politiques centralistes et dirigistes avec un centre unique agissant selon une logique descendante, unilatérale et standardisée débouchant sur un maillage des territoires par les services de l’Etat. Dans ce cas, les territoires ne participent pas à la construction des politiques publiques et leurs spécificités restent inhibées par la logique de standardisation et d’uniformisation du pouvoir central. Il s’agit donc d’une logique verticale d’encadrement soumise aux critères administratifs, institutionnels ou technicistes qui se justifie amplement par le souci d’homogénéité de construction d’une nation, de mise en cohérence des différentes parties du territoire, d’affirmation de la toute puissance de l’Etat en vue d’éviter les risques de fragmentation tant du territoire national que des échelons du pouvoir. Quant aux politiques territoriales, elles renseignent sur une vision de l’Etat comme espace d’arrimage de pratiques, de politiques et d’initiatives construites de l’intérieur des communautés territoriales. Soumises à une logique de développement territorial la territorialisation appelle à la fois un dépérissement des formes traditionnelles d’action publique et une reconfiguration de l’architecture institutionnelle voire une redéfinition/ refondation du mode de régulation. Elle interroge d’abord la nature et le statut de l’Etat en expulsant toute forme d’organisation politique, totalitaire, centraliste et omniprésente pour valoriser un Etat stratège qui se positionne dans les fonctions de régulation, d’impulsion, d’animation, de coordination, de suivi-évaluation et de renforcement des capacités d’action des autres acteurs. Décentralisation et territorialisation des politiques publiques, peut-on parler d’un nouveau management public et une reconfiguration de l’État ? Effectivement il s’agit d’un nouveau management public et une reconfiguration de l’Etat dans la mesure où la territorialisation donne plus d’autonomie aux territoires, avec une reconfiguration de l’architecture institutionnelle. Elle fait appel à une autre vision des territoires différente de la notion d’espace. Les territoires rendent compte d’une construction historique, socioculturelle et institutionnelle non transférable et non reproductible. Elle convoque la nécessité de dépasser les cloisonnements relatifs aux découpages administratifs pour mettre en relief une approche pragmatique qui valorise la mobilisation socio-territoriale autour de problématique commune. Quelle est votre impression sur l’acte III de la décentraliBIRAMAWA MAGAZINE - 39
sation et sur la territorialisation des politiques publiques au Sénégal ? L’objectif de l’acte III de la décentralisation est d’organiser le Sénégal en territoires viables, compétitifs et porteurs de développement durable. A notre niveau, nous pensons que l’acte III de la décentralisation à apporté des innovations majeures en matière de décentralisation et de développement local. En effet, de la communalisation intégrale, à la création de pôles territoires en passant par l’érection du département en collectivité locale, l’on assiste à une refondation majeure de la politique sénégalaise de décentralisation dont l’aboutissement est la territorialisation des politiques publiques. Ce nouveau tournant roule également à ses flancs un dispositif important de capacitation des collectivités territoriales, ayant comme maître mot le transfert de compétence dans de nouveaux domaines (agriculture, pêche, élevage, tourisme et hydraulique) et la mise en œuvre du développement territorial sur orbite, projet dont le principal levier sera le développement économique local. Toutefois, il convient de noter que la portée significative de la nouvelle politique ne l’exempte pas de limites. A cet effet, la suppression des régions risque d'entraîner des disfonctionnements au niveau de l’administration territoriale. Ainsi la fonction de gouverneur existant jusqu’à présent pose un réel problème dans un contexte de dissolution de son champ d’exercice. De plus, la création des pôles territoires constitue une véritable pomme de discorde dans la mesure où non seulement les critères devant sous-tendre leur constitution restent indéterminés, mais aussi les régions montrent une faible volonté de partager les mêmes pôles. Enfin, du point de vue du développement le statut des ARD demeure une question en suspens d’autant plus que la région en tant que collectivité locale n’existe plus. Pouvez-vous nous édifier sur les enjeux liés à l’acte III de la décentralisation et de la territorialisation des politiques publiques ? Pour les enjeux liés à l’acte III de la décentralisa40-BIRAMAWA MAGAZINE tion, il s’agit des innovations apportées en matière de décentralisation avec la communalisation intégrale, la création de pôles territoire, l’érection du département en collectivité locale et le transfert de nouveaux domaines de compétences, mais aussi de développement local à travers la territorialisation des politiques publique et la promotion du développement économique local. Cette territorialisation des politiques publiques a comme enjeux la promotion du développement territorial qui s’appuie sur trois leviers majeurs, l’aménagement du territoire, une décentralisation véritable et le développement économique local. Enfin l’autre enjeu est qu’elle consacre les territoires comme lieu de lecture et acteur partie prenante de la reconfiguration du mode de régulation sénégalais. Elle ouvre la voie à une action publique à la carte cherchant à combiner subsidiarité, performance, équité et cohérence. Quelles suggestions faitesvous à l’endroit de l’État du Sénégal et des collectivités territoriales ? A l’endroit de l’Etat du Sénégal, nous lui suggérons d’inscrire davantage la dimension économique des territoires dans les politiques de développement. De plus, l’Etat du Sénégal doit donner plus d’autonomie et de viabilité aux territoires afin que ces derniers puissent bâtir de grands projets structurants qui seront articulés avec les politiques de l’Etat au niveau macro. Concernant les collectivités territoriales, nous proposons un renforcement de capacités des élus et acteurs locaux. De même, elles doivent sortir de leur logique d’acteur et promouvoir la logique de territoire, afin que les pôles territoires soient une réalité et qu’ils permettent d’asseoir un développement efficace et durable. Enfin, les collectivités territoriales doivent également promouvoir le DEL (Développement Économique Local) pour booster le développement des territoires, voire contribuer à la revitalisation socio territoriale. Interview réalisée par Moustapha FAYE, Chercheur en Marketing Stratégique - UGB
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SANTE Cancer du sein de la femme : « le cancer d’octobre rose »
recommandé que dans les pays disposant d’une bonne infrastructure médicale qui ont les moyens de mettre en place un programme à long terme (OMS). L e cancer du sein est le premier cancer chez la femme à la fois dans les pays développés et dans les pays en développement. L’incidence du cancer du sein progresse dans le monde en développement du fait d’une plus longue espérance de vie, de l’augmentation de l’urbanisation et de l’adoption des modes de vie occidentaux. Bien qu’une certaine réduction des risques puisse être obtenue par la prévention, les stratégies de ce type ne permettent pas d’éliminer la majorité des cancers du sein qui apparaissent dans les pays à revenu faible (comme le Sénégal) ou intermédiaire où la maladie est diagnostiquée à des stades très avancés. Par conséquent, le dépistage précoce afin d’améliorer l’issue de la maladie et les chances de survie reste le principal moyen de lutter contre le cancer du sein. Les stratégies recommandées pour un dépistage précoce dans les pays à revenu faible ou intermédiaire sont la reconnaissance des premiers signes et symptômes et le dépistage par un examen clinique du sein. Le dépistage par mammographie est très coûteux et n’est Le cancer du sein est le 1er cancer chez les femmes dans le monde. Il est en particulier de plus en plus fréquent dans les pays en développement où la majorité des cas sont diagnostiqués à des stades La Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes dans le monde et représente 16% de l’ensemble des cancers féminins. Rappel : Anatomie du sein de la femme Le sein se compose de graisse, de glandes et de canaux (voir le schéma ci-contre). Les glandes, agencées en lobules, produisent le lait et les canaux (canaux de lactation ou galactophores) servent à transporter le lait jusqu’au mamelon. Les tismammographie reste un moyen sus mammaires sont influencés par des hormones produites par les femmes en quantité variable tout au long de leur vie (puberté, grossesse, allaitement...). Ces hormones sont l’œstrogène et la progestérone. très efficace et important de prévention de cette maladie, mais combien de machine en avons-nous par pays en Afrique ? Quels sont les facteurs de risque ? Plusieurs facteurs de risque du cancer du sein ont été clairement mis en évidence. TouteBIRAMAWA MAGAZINE - 43
fois, pour la majorité des femmes présentant un cancer du sein, il n’est pas possible d’identifier des facteurs de risque particuliers. Ainsi nous pouvons citer : • Des antécédents de cancer du sein dans la famille accroissent le risque par un facteur de deux ou trois. Certaines mutations, en particulier celles des gènes BRCA1, BRCA2 et p53, entraînent un risque très élevé de cancer du sein. Toutefois, ces mutations sont rares. Plusieurs facteurs de risques peuvent influer vers la survenue de cancer du sein entre autres nous avons la puberté précoce, gros• Les facteurs génésiques associés à une exposition prolongée à des œstrogènes endogènes, tels qu’une : puberté précoce, une ménopause tardive ou une première grossesse tardive, figurent parmi les facteurs de risque les plus importants du cancer du sein. Les femmes utilisant des contraceptifs oraux ou un traitement hormonal substitutif courent ainsi un risque plus élevé par rapport aux femmes qui ne les utilisent pas. sesses tardives, les contraceptifs hormonaux … ; mais l’allaitement a un effet protecteur ment meurtriers chez les femmes de plus de 30 ans. Ces pays doivent mettre en œuvre des stratégies combinées qui répondent à ces deux problèmes de santé publique de manière efficace et économique. Prévention : La lutte contre certains facteurs de risque du cancer du sein sur lesquels il est possible d’agir et une prévention intégrée efficace des maladies non transmissibles favorisant une alimentation saine, l’exercice physique et la lutte contre la consommation d’alcool, le surpoids et l’obésité pourraient avoir un impact et réduire l’incidence du cancer du sein à long terme. Dépistage précoce : L’allaitement a un effet protecteur. Les auteurs concluent que 21% de l’ensemble des décès par cancer du sein dans le monde peuvent être attribués à la consommation d’alcool, au surpoids et à l’obésité, et à l’absence d’exercice physique. (IARC, 2008, Lacey et al., 2009) Diagnostic, traitement et prévention : les femmes sur les Bien qu’une certaine réduction des risques puisse être obtenue grâce à la prévention, le dépistage précoce reste le moyen le plus efficace pour améliorer l’issue de la maladie et les chances de survie (Anderson et al., 2008). Il existe deux méthodes Sensibilisons Pour être complets, les moyens de lutte contre le cancer doivent comprendre la prévention, le dépistage précoce, le diagnostic et le traitement, la réadaptation et les soins palliatifs. Sensibiliser davantage le grand public au problème du cancer du sein et aux mécanismes qui permettent de lutter contre celui-ci tout en préconisant des politiques et des programmes appropriés : telle est la principale stratégie de lutte contre le cancer s’appuyant sur la population. De nombreux pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire se trouvent désormais confrontés au double fardeau du cancer du sein et du cancer de l’utérus qui sont extrême44-BIRAMAWA MAGAZINE facteurs de risque pour réduire le risque de survenu du cancer du sein de dépistage précoce : ‒ la reconnaissance des premiers signes et symptômes dans les populations présentant certains symptômes, afin de faciliter le diagnostic et un traitement à un stade précoce, et ‒ le dépistage qui est l’exécution systématique d’un test de dépistage dans une population normalement asymptomatique. Il vise à trouver les individus porteurs d’une anomalie évocatrice d’un cancer. Quelle que soit la méthode de dépistage précoce utilisée, le succès d’un dépistage précoce dans la population repose essentiellement sur une planifi
cation rigoureuse et un programme bien organisé et durable qui vise le bon groupe de population et veille à la coordination, à la continuité et à la qualité des interventions pendant toute la durée des soins. Diagnostic précoce : Le diagnostic précoce reste une importante stratégie pour dépister la maladie aux premiers stades, en particulier dans les pays à revenu faible où les maladies sont généralement diagnostiquées à des stades avancés et où les ressources sont très limitées. Mammographie La mammographie est la seule méthode de dépistage aux résultats tangibles. Elle permet de réduire la mortalité par cancer du sein de 20 à 30% chez les femmes de plus de 50 ans. Auto-examen des seins (AES) Il n’existe pas de preuve de l’effet du dépistage moyennant l’auto-examen des seins (AES). Toutefois, on a pu constater que la pratique de l’auto-examen, ou palpation, des seins permet aux femmes de se responsabiliser et de prendre en charge leur propre santé. Par conséquent, l’auto-examen est recommandé pour sensibiliser les femmes à risque plutôt que comme une méthode de dépistage. Conseils d’expert : Ainsi, face à cette augmentation de la mortalité dûe au cancer du sein dans nos pays pauvres ; il doit y avoir une volonté politique nationale afin de tout mettre en œuvre pour équiper nos structures sanitaires en appareil de mammographie. En effet, ceci permettrait d’aider nos braves femmes à avoir accès facilement à ce moyen de diagnostic précoce pour lutter contre le cancer du sein à tout moment. La politique populaire de « Octobre rose » reste très importante pour un dépistage de masse des femmes sur les cancers du sein et du col de l’utérus mais la lutte contre le cancer c’est tous les jours. Et nous demandons aux femmes de maintenir une vie saine et de ne pas hésiter à se rapprocher des structures sanitaires pour un dépistage et diagnostic précoce. Dr Benjamin NDOUR Médecin généraliste BIRAMAWA MAGAZINE - 45
Ramatoulaye BOCOUM Fondatrice de Adaa Ada “ Adaa Ada est une histoire familiale. 46-BIRAMAWA MAGAZINE DÉCOUVERTE “
La rubrique Découverte du numéro 10 de votre magazine sera consacrée à Ramatoulaye BOCOUM, fondatrice de Adaa Ada. Adaa Ada qui veut dire « Le retour de la tradition » est une entreprise sénégalaise qui évolue dans la transformation de fruits et légumes locaux en produits cosmétiques capillaires. Dans cet entretien accordé au magazine Ramatoulaye est revenue sur son parcours, ses débuts dans l’entrepreneuriat. Elle a, également, bien voulu nous présenter son entreprise Adaa Ada. Qui est Ramatoulaye Bocoum ? Je suis une sénégalaise de 30 ans, mariée avec un enfant. Passionnée par tout ce qui touche à la nature et des enquêtes criminelles. Je suis curieuse, un brin maniaque et très casanière et timide. Quelles sont les grandes lignes de votre parcours de formation et professionnel ? 2 en Management des Ressources Humaines prêt à en découdre avec le monde du travail. J’ai été chargée des Ressources Humaines de 2014 à 2019. Pourquoi avez-vous porté choix sur l’entrepreneuriat ? votre Pour dire vrai, je n’aurai jamais pensé me lancer dans l’entrepreneuriat. Je pensais ne pas avoir la fibre commerciale et le sens du contact. “M'épanouissant plus dans la recherche, les tests, les enAprès des études universitaires en France en Classe Préparatoires aux Grandes Écoles à Evreux, Sciences Po Rennes et Institut d’Administration des Entreprises à Amiens, je suis rentrée au Sénégal en 2014 avec mon Master tretiens avec les biologistes et chimistes, le contact avec les clients et avec le soutien de mes proches, j’ai démissionné de mon poste en octobre 2019 et je suis lancée pleinement dans l’entrepreneuriat. » Après mes études, j’ai vécu six mois à Djibouti et durant cette période j’ai eu, avec mes parents, à écrire un projet sur les soins de beauté au naturel. Ces soins qui se transmettent de mères à filles au sein de ma famille. Arrivée au Sénégal en Juin 2014, je me suis lancée corps et âme durant 6 mois dans mon emploi salarial laissant de côté ce projet. BIRAMAWA MAGAZINE - 47
Mais je sentais qu’il me manquait quelque chose pour être pleinement épanouie. J’ai alors ressorti le projet et commencé à faire les foires afin de m’approvisionner en matières premières pour réaliser le premier produit qui était une crème capillaire. De 2015 à 2019, j’ai jonglé avec ces différentes vies, salariale et entrepreneuriale. Mariée en mi 2015, il devenait de plus en plus difficile de trouver l'équilibre. J’ai su développer la gamme de produits de la marque qui est passée d’un à huit produits durant ces quatre années. Présentez-nous maintenant votre entreprise Adaa Ada Adaa Ada est une entreprise sénégalaise qui évolue dans la transformation de fruits et légumes locaux tels que les feuilles de citronnelle, d’hibiscus, de baobab, la mangue, ..., en produits cosmétiques capillaires. “Nous avons été lauréat du prix Sisley-Orange en 2018 et cité parmi les 35 jeunes qui font bouger l’Afrique en 2017. » M'épanouissant plus dans la recherche, les tests, les entretiens avec les biologistes et chimistes, le contact avec les clients et avec le soutien de mes proches, j’ai démissionné de mon poste en octobre 2019 et je suis lancée pleinement dans l’entrepreneuriat. N’ayant aucune formation en biologie ou chimie, je me suis entourée dès le début de professionnels pour la conception, les tests et la production des produits. Nous avons eu à fonctionner sur fonds propres. Grâce à l'activité nous avons su élargir l'équipe, nous sommes actuellement une équipe de cinq personnes de la conception à l'expédition des commandes, proposer une gamme de huit produits allant de la crème à l’hibiscus au démêlant au gombo en passant par le lait aux feuilles de baobab. Nous avons été lauréat du prix Sisley-Orange en 2018 et cité parmi les 35 jeunes qui font bouger l’Afrique en 2017. Pouvez-vous revenir sur l’histoire de votre société Adaa Ada ? D’où vient d’ailleurs le nom « Adaa Ada» ? Adaa Ada est une histoire familiale. Le projet de départ a été pensé et écrit avec mes parents. J’ai eu à le modifier suite aux différentes études de marché afin de mieux nous adapter aux besoins de la clientèle. Le projet a voulu dès le début mettre l’accent sur nos pratiques ancestrales de beauté et spécifiquement dans le domaine capillaire. Nos grand-mères ne disposaient pas d’autant de produits que nous actuellement et elles arrivaient à prendre soin d’elles avec des produits issus de la nature pour nettoyer, assainir, adoucir, favoriser la pousse de leurs cheveux. Ces pratiques se transmettaient de mères en fille et qui malheureusement avec l'arrivée du défrisage, des produits chimiques ont perdu aura. 48-BIRAMAWA MAGAZINE
Nos produits sont destinés aux enfants à partir de 6 ans, aux femmes et aux hommes qu’importe leurs origines ou leurs types de cheveux. Quels sont les perspectives d’avenir de Adaa Ada ? La production se fait mensuellement dans ma cuisine. Nous souhaitons déménager dans un local avec des équipements adaptés afin d'accroître notre production et répondre à la demande de plus en plus croissante. Comment assurez-vous la distribution de vos commandes au Sénégal et à l’étranger ? En plus des réseaux sociaux, nous avons su développer une communauté de distributeurs sur Dakar et dans les régions qui s'accroît au fur et à mesure des partenariats. Nous avons récemment lancé également notre site de vente pour la vente au niveau régional et international. Comment vous contacter ? Nous sommes disponibles sur les différents réseaux sociaux : Facebook, Instagram, Whatsapp et c’est un plaisir de discuter avec notre clientèle afin de les aider à définir une routine capillaire adaptée. Adaa Ada qui signifie `` le retour de la tradition`` souhaite à travers son identité, ses produits revenir à ces belles, simples et naturels pratiques tout en modernisant notre offre. A qui s’adresse votre société (Vos cibles) ? “Le projet Biramawa vous remercie. Votre Mot de la fin ? a voulu dès le début mettre l’accent sur nos Vu que ce sont des produits capillaires naturels que nous proposons, notre cible est large. pratiques ancestrales de beauté et spécifiquement dans le domaine capillaire.» Je vous remercie infiniment pour cette interview et j'espère qu’il plaira à vos lecteurs qui découvriront ou en apprendront davantage sur notre marque qui prône le naturel et dont nous espérons compter parmi nos fidèles clients. Merci BIRAMAWA MAGAZINE - 49
CV N° 8 Thérèse Adam DIOUF Tu es à la recherche d’un emploi? Biramawa magazine met cet espace à ta disposition pour te permettre de proposer ton CV aux entreprises qui recrutent. Tu peux donc envoyer ton CV par e-mail : contact@biramawa.com 52-BIRAMAWA MAGAZINE
Thérèse Adam DIOUF CURRICULUM VITÆ Expériences professionnelles Née le 20/05/1991 29 ans Adresse: Parcelles Assainies Unité 26 14000 Dakar Tél: 77 773 21 57 Mail: theresadiouf91@gmail.com Qualités: Joviale, honnête, assidue, ordonnée Décembre 2019 - Février 2020 Dakar Actu, Rusfisque Stagiaire (2 mois) ▸Rédaction d'articles de presse et réalisation de reportage Juillet 2018 Allaoui Graphic Machinery, Dakar Stagiaire (1 mois) ▸ Stage de commerciale, publicité et prospection Novembre 2017 - Décembre 2017 Maxifood, Dakar Serveuse (2 mois) ▸ Service en salle et en terrasse, nettoyage Avril 2017 - Avril 2018 Association des Jeunes Ressortissants Catholiques de Sokone (AJRCS), Sokone Trésorière bénévole (1 an) ▸ Tenue et administration de la trésorerie Formation 2019 Licence Marketing et Communication AFI – L'Université de l'Entreprise, Dakar 2015 Baccalauréat Littéraire, mention passable Lycée El Hadji Amadou Dème, Sokone Compétences Langues Français, langue maternelle Wolof, langue maternelle Sérère, bilingue Espagnol, intermédiaire Anglais, débutante Informatique Maîtrise des logiciels de traitement de texte (Word, Open Office Writer) Centres d'intérêts Lecture, sport (handball, course à pieds), documentaires télévisés BIRAMAWA MAGAZINE - 53
RETROUVEZ-NOUS TOUS LES QUINZE JOURS SUR Biramawa Magazine biramawa biramawamag biramawamagazine biramawa-magazine contactez-nous: contact@biramawa.com Adresse postale : Île-de-France, France Éditeur : Waly NDIAYE 54-BIRAMAWA MAGAZINE
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