Mais cela n’est pas complètement fait et suppose que ceux qui ont en charge la mise en place des formations (et leur conduite), ainsi que ceux qui bénéficient de cette formation (les étudiants en particulier) comprennent les actions à mettre en place et les relations à construire entre les composantes de la professionnalisation : les formateurs, les apprenants, les employeurs et les compétences elles-mêmes (savoirs, savoir-faire, savoir être, savoir-faire faire, savoir devenir). Professionnalisation des formations rime avec immersion en Entreprise. N’est-ce pas que les entreprises et l’Etat ont également un grand rôle à jouer ? Trouver un stage ou un emploi relève du parcours du combattant. Travailler le lien entre l’université et les entreprises n’est pas une action évidente à réaliser. Il faut d’abord construire ou rétablir la confiance dans ce que chaque secteur peut apporter à l’autre. Ensuite, il faut, comme nous l’avons déjà dit, travailler l’implication des entreprises dans tout le processus de formation (conception des curricula, déroulement des enseignements, évaluation, certification). C’est autour de ce dernier aspect qu’il faut mettre les stages. Si effectivement, les entreprises sénégalaises se sentent concernées par ce qui se fait dans nos universités, elles peuvent plus facilement comprendre la nécessité de prendre les étudiants en stages. Ce faisant, elles peuvent, non seulement participer à les « modeler » à la réalité du monde du travail, mais également contribuer à les doter de compétences spécifiques. De plus, l’étudiant stagiaire peut faire advenir un regard nouveau posé sur l’univers de travail. Son regard de débutant pousse le travailleur (ou l’entreprise) à verbaliser les différentes aptitudes du poste de travail ; ce faisant, à réfléchir sur ses pratiques. Prendre un étudiant en position de stage devrait être une évidence pour les entreprises. Si elles ne le font pas, qu’elle ne s’étonne pas non plus que l’étudiant diplômé ne soit pas suffisamment qualifié sur certains postes de travail. L’université ne peut pas tout faire. Elle n’a d’ailleurs pas vocation à tout faire. Il faut donc que l’Université arrive à expliquer cela aux entreprises et qu’elle accepte de leur faire une place. Il faut que les entreprises prennent valablement cette place dans une dynamique partenariale. L’État doit veiller à ce que tout cela soit possible. Que pensez-vous de ces deux assertions qui se rejoignent ? Soukeyna SAGNA, Responsable du recrutement et de la formation au Terrou-Bi Resort : « Il est avéré qu’au Sénégal il y a un réel besoin de former les jeunes qui sont sortis très tôt du système scolaire ou qui ne s’y sentent pas à l’aise. Il y a beaucoup de métiers pour lesquels nous pouvons mettre en place un système de formation professionnelle en alternance parce qu’étant des métiers manuels. » Elzo Jamdong, Auteur – Compositeur – Interprète : « Je trouve que l’enseignement classique est trop généraliste et on ne se préoccupe pas assez des envies des enfants, c’est pour cela que beaucoup d’élèves ne sont pas à l’aise avec certaines matières car ils ne voient pas l’utilité de ces dernières dans la vie de tous les jours. » Je vois dans ces affirmations plusieurs choses. D’abord, la nécessité de former à des métiers manuels et pratiques. Il est vrai que nos universités n’ont pas suffisamment pris en charge ces besoins spécifiques. Pour cela, le point de départ est de faire un travail allant dans le sens de valoriser les parcours courts et professionnalisants. Ensuite, la formation professionnelle ne s’improvise pas. Elle a un coût économique et cognitif. On ne peut pas y envoyer des jeunes sans préparation et accompagnement. La formation en alternance est une des solutions, mais faudrait-il encore que cela soit pensé de la conception de la formation à la certification. C’est l’idée même qui a poussé la mise en place des Instituts Supérieurs d’Enseignement Professionnel (ISEP). La création des ISEP vise à relever principalement le défi de la pertinence de l’offre de formation, dans cet espace en mutation de l’enseignement supérieur africain, à travers la formation des techniciens supérieurs de niveau Bac + 2. La diversification de l’offre d’enseignement vient ainsi renforcer le maillage territorial et apporter une réponse spécifique aux transformations structurantes des formations du supérieur. Le modèle actuel des ISEP ne s’inscrit pas dans le mythe du rêve adéquationniste entre formation-emploi, mais davantage dans un processus d’adaptation continue aux besoins identifiés des territoires d’implantation. En fin, la centralité de l’étudiant doit être plus qu’un principe mais une réalité. Cela suppose que ceux BIRAMAWA MAGAZINE - 17
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