Pouvez-vous svp vous présenter et revenir sur les grandes lignes de votre parcours ? Je suis Jean Alain GOUDIABY, Enseignant-chercheur à l’Université Assane Seck de Ziguinchor. Sociologue de l’éducation et de la formation, mes travaux portent essentiellement sur les politiques universitaires au Sénégal. Je travaille également sur la gouvernance et la pédagogie universitaire, les mobilités académiques, les dynamiques de production de la recherche et sur les processus de réformes académiques. J’ai soutenu une thèse sur l’enseignement supérieur au Sénégal, thèse publiée sous le titre « L’université et la recherche au Sénégal. À la croisée des chemins entre héritages, marché et réforme LMD », aux éditions Academia-L'Harmattan en 2014. Je suis membre de plusieurs réseaux de recherche sur l’éducation : Réseau d'Étude sur l'Enseignement Supérieur (RESUP), l’Association pour la Recherche sur l’Éducation et les Savoirs (ARES), entre autres. Je suis aussi l’éditeur francophone de la Revue sur l’Enseignement Supérieur en Afrique du CODESRIA et j’ai été le Directeur de la Pédagogie et des Réformes Universitaires de l’Université Assane SECK de Ziguinchor. 9 ans après quel regard portez-vous sur le système LMD au Sénégal ? L’enseignement supérieur s’en porte-t-il mieux ? Sur certains aspects nous étions allés assez vite, parfois trop vite, sans pour autant prendre en compte tous les aspects et composantes qu’exige cette réforme (voir GOUDIABY, J.A., 2009, « Le Sénégal dans son appropriation de la réforme LMD : déclinaison locale d’une réforme « globale » in JHEA, vol.7, n°1&2, pp. 79-94). L’adoption du LMD était certes une occasion de revisiter notre système d’enseignement supérieur, toutefois sa mise en œuvre a rencontré de sérieuses difficultés. Plusieurs protagonistes sur lesquels reposait la réforme, n’avaient pas compris les principes ou saisis l’ensemble des enjeux. Par exemple, on s’est beaucoup focalisé sur la comparabilité des diplômes (basée sur l’harmonisation, voire l’uniformisation universelle des normes de transmission, d’évaluation des connaissances et de validation des acquis) ou encore sur la mobilité des étudiants. Mais combien sont-ils à pouvoir réellement être mobiles, comparativement à la masse La flexibilité et l’individualisation des parcours de formation ne sont toujours pas mises en œuvre ainsi que la mobilité entre nos universités. A ce niveau, il reste encore du travail à faire d’autant plus que nous assistons actuellement à une massification non contrôlée des universités publiques. En effet, la décision d’orienter tous les bacheliers dans les universités publiques à la rentrée dernière n’est pas de nature à arranger la situation. Le manque de vision et de prospective des autorités ministérielles actuelles vient annihiler la BIRAMAWA MAGAZINE - 15 des étudiants qui devra étudier, travailler et vivre au Sénégal ? Comme dirait l’autre, il y a la loi et l’esprit de la loi. Nous n’avons pas complètement mis en place l’esprit du LMD. Ce que la réforme LMD aurait dû produire c’est entre autres : la revitalisation de l’enseignement supérieur en vue de produire des diplômés qualifiés et opérationnels tout en offrant une formation de qualité. A ce sujet, on ne peut que se réjouir de la naissance de l’Autorité Nationale de l’Assurance qualité (ANAQ Sup), même si on peut se demander si elle respecte et fait respecter la qualité dans ces différentes composantes.
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