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Cinq mots clés doivent alors être gardés en mémoire : la compétence, la confiance, la cohérence, l’interdit et la valorisation. la question de l’interdit est liée la à notion de sanction, qui a pour but de faire comprendre que l’adulte n’est pas d’accord avec le comportement adopté par l’enfant. Ainsi, quelques règles sont toutefois nécessaires : la sanction doit être véhiculée par la personne à qui s’adresse ce comportement un peu excessif. la sanction doit être immédiate. l’enfant ne comprendra pas si on le sanctionne aujourd’hui pour une bêtise qu’il a faite la veille. la sanction doit être juste et ne pas se tromper de « coupable ». la sanction doit être proportionnée, en ce sens que l’on ne peut pas punir de façon très excessive pour une toute petite bêtise. la sanction doit être expliquée. Pour que l’enfant puisse accepter ce cadre, il faut lui expliquer cette limite, il faut qu’il comprenne le lien qu’il y a entre la sanction et ce qu’il vient de faire. elle doit également être réaliste. Cette notion de sanction est essentielle, mais à la condition qu’elle fasse sens par rapport à l’enfant. on ne doit pas avoir peur que notre enfant ne nous aime pas si on le sanctionne. De nombreux parents n’osent pas sanctionner par peur de ne pas être aimé ; c’est le contraire qui arrive, en autant que les critères précédemment mentionnés soient respectés. le moment où les parents récupèrent leurs enfants au service de garde est très significatif à ce égard : si les adultes n’ont pas défini entre eux qui du parent ou de l’éducatrice établit les règles le soir au service de garde, l’enfant fera toutes les bêtises possibles, faisant avec son éducatrice toutes les bêtises interdites à la maison, et avec ses parents, ce qu’il n’a pas le droit de faire au service de garde. en fait, le mot « autorité » partage ses racines avec le mot « hauteur » : prendre de la hauteur, élever. Respecter l’enfant, donc : aujourd’hui, maintenant, tel qu’il est. C’est ça, le Re-connaître. 03 L’APPROCHE PIKLER-LóCzY, GRANDIR AUTREMENT Bernard MARTINo Cinéaste documentariste • France Après 65 ans de fonctionnement en tant que « pouponnière », telle que nous nommons ce type d’institution en europe, c’està-dire un internat où sont accueillis des bébés et de très jeunes enfants orphelins, abandonnés ou placés, l’Institut Pikler communément appelé « lóczy » vient de se convertir en une « crèche » accueillant en semaine et pour la journée des enfants d’âge préscolaire qui vivent en famille. l’équivalent donc pour le Québec d’un centre de la petite enfance. Rendue quelque part obligatoire par l’évolution des mentalités qui conduit à privilégier systématiquement l’accueil dans une famille de substitution à l’accueil en institution, cette mutation récente de l’Institut Pikler est intéressante à observer scrupuleusement pour plusieurs raisons. Tout d’abord cette approche innovante de la relation adulte / enfant (avec la mise en lumière des besoins essentiels des enfants et leur satisfaction pointilleuse par un adulte attentif, le concept de soin global qui en découle et qu’elle fait émerger, l’atmosphère ainsi créée qui se dégage du lieu, très justement qualifiée de « thérapeutique » par Bernard Golse) concerne désormais ipso facto la petite enfance en général et non plus la seule enfance défavorisée, comme on l’a cru trop longtemps. Ce qui valait pour la pouponnière vaut toujours pour la crèche, même si – les professionnels de nombreux pays qui réfléchissent depuis des années et s’essaient à une transposition des savoirs en ont fait l’expérience – l’expertise de la pouponnière n’est pas automatiquement convertible dans l’organisation L’ENFANT un monde à RE-CONNAÎTRE 65

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