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COLLOQUE PARENTS ET RSG EN MILIEU FAMILIAL une certaine connaissance, mais on se rend vite compte qu’il est si facile d’oublier… Par exemple, plus on étudie le rythme de développement des enfants, plus il semble que la question de la « normalité » est étendue. Ainsi, on dit que l’enfant devrait commencer à marcher entre 10 et 16 mois. Pourtant, il faut qu’il ait développé tout à la fois la force et l’équilibre, que sa calcification soit terminée, et il faut aussi qu’il en ait envie ! Tout cela est important et chaque enfant peut vivre des décalages en fonction de l’acquisition de l’une ou l’autre des conditions. on le sait bien, mais on continue à acheter des marchettes (des « youpala », en France) pour accélérer les apprentissages. on peut donc voir des parents qui consultent, parce que leur enfant a les « pieds qui tournent ». C’est simplement qu’il a été mis debout trop tôt, alors que son squelette n’est pas encore capable de suivre. Un peu de patience, et les pieds de cet enfant redeviendront comme ils devraient être ! Connaître l’enfant, certes, mais aussi le reconnaître. et le « re-connaître », c’est combler le fossé entre ce qu’on sait et ce qu’on en fait. Comme on se plaît à dire souvent en réaction au fameux livre de Brazelton, « tout se joue avant… ». C’est faux, car on sait bien que tout se joue avant la mort ! l’adolescent, par exemple, n’est ni bébé ni adulte, il est simultanément, et tour à tour, les deux. Il y a donc nécessité pour lui de faire des « sessions de rattrapage », parce que l’adolescent a encore souvent du travail de bébé à faire ou à compléter. les CPe et les familles sont des hauts lieux d’apprentissage. si le bébé y fait bien ses apprentissages, il aura beaucoup moins de travail de bébé à faire quand il sera adolescent. Cela constitue donc le cœur même de la prévention. Il y a plusieurs années, affiché dans le bureau d’une ministre québécoise, un parchemin reprenait la phrase suivante : « Il coûte moins cher d’aider un enfant et une famille à se construire que d’attendre qu’ils dysfonctionnent pour les soigner ». Cette phrase avait été tirée d’une étude commandée à des bailleurs de fonds, des gens qui parlent d’argent. C’était en 1995, et on tentait d’évaluer le coût des violences, des incivilités, des problèmes comportementaux des adolescents, des dysfonctionnements familiaux : il se sont rendus compte que d’attendre que ça casse avant de réagir provoquait inévitablement un gouffre, et que d’investir dans les CPe ne coûte rien à côté des frais de thérapie à venir… sérieusement, grâce au travail immense des parents administrateurs et de l’équipe du CPe, les tout-petits peuvent réussir leurs apprentissages de bébé ; ils peuvent faire leur travail 64 de bébé, et les adolescents qu’ils deviendront risquent peu d’avoir des problèmes. Ils auront de bonnes fondations, en terme de construction. en tant que parent et professionnel, il faut comprendre que l’adolescent se pose toujours la même question : est-ce que mes parents m’aiment tel que je suis ? la question est d’autant plus pertinente lorsqu’il y a plusieurs enfants dans la famille. Respecter le rythme d’un enfant, c’est lui donner toutes les chances. si on se met à comparer les enfants entre nous, c’est l’horreur. Tout comme si l’on demande à l’enfant d’occuper une place qui n’est pas la sienne. Il est important de savoir que l’enfant ne peut être que l’enfant de ses parents. Il ne peut pas être le confident, le conjoint ou le thérapeute ! la juste place de l’enfant est à revoir; en effet, il n’est pas rare que l’enfant ne soit pas à sa place au sein de sa famille. À preuve, on voit beaucoup d’enfants ou d’adolescents chefs de famille. Pour l’enfant, pour l’adolescent, il est essentiel que la place qu’il occupe soit la bonne, tout autant qu’il est important pour lui d’être dans une famille où il y a des règles. l’enfant a besoin d’interdits. Un enfant à qui on laisse tout faire se sentira profondément seul. « Nous sommes des parents formidables » en tant que parents, on sait et on doit savoir que c’est avec nous que nos enfants vont se construire : nous sommes donc les meilleurs parents ! François Dolto avait bien dit que les spécialistes allaient se bâtir un fonds de commerce sur le sentiment d’incompétence des parents. et c’était en 1988… on peut voir ce que c’est devenu aujourd’hui ! Méthodes, émissions, sites internet, tout est développé sur cette impression d’incompétence du parent. les enfants grandissent dans un triangle : l’enfant, le parent, la professionnelle. Ce triangle est d’une grande importance, pour qu’il fonctionne, il faut qu’il y ait une confiance mutuelle entre les parties. l’enfant doit avoir confiance en lui, les parents doivent avoir confiance en eux, chacun doit faire confiance aux autres pointes du triangle. Il faut que la professionnelle fasse confiance au parent, mais les règles du jeu doivent être bien claires ; iI est très important pour l’enfant et pour les adultes de respecter le monde de l’autre. « Quelle est ma place dans la famille? » se questionne l’enfant. Il pourra y répondre en fonction des trois lois qui sont portées et apportées par la famille : les lois sociales, les lois familiales et les lois individuelles. si les lois sont incohérentes, l’enfant trouvera rapidement comment profiter des failles et perdra sa contenance. ACTES DU SYMPOSIUM ET COLLOQUE INTERNATIONAL 2012 COLLOQUE

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