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et du reste de la famille). la Maison Bleue vise à recréer, par sa philosophie de proximité avec la clientèle, les activités et les services offerts par son personnel, un cadre porteur pour la mère et pour son bébé en constituant une « enveloppe », un « contenant » qui aideront la mère à mieux porter individuellement son bébé. Alors que dans son pays d’origine la mère est « portée » par sa culture, sa communauté, son village ou son quartier, la Maison Bleue vise à reformer en quelque sorte un « village » pour pallier ce qu’elle a perdu en quittant les siens et sa communauté, étant entendu qu’il ne s’agit aucunement de remplacer sa culture, c’est-à-dire les références, pratiques et savoirs issus de celle-ci, mais de la respecter. Une étude a été menée sur le portage culturel. elle visait à comprendre ce qui permet à la clientèle d’avoir une bonne expérience en périnatalité, de bien porter son bébé, et la manière dont la Maison Bleue peut faciliter cet objectif. Pour ce faire, ont d’abord eu lieu des focus groups avec des femmes fréquentant la Maison Bleue, tant francophones qu’anglophones, fin 2008 et début 2009, sur leur expérience d’immigrantes enceintes, accouchant au Québec et mères de jeunes enfants. Puis, à partir de ces propos, une pièce de théâtre a été écrite en 2009, et elle a été bonifiée par l’apport des participantes lors de la 2e réflexion et de créativité, et de bonnes relations dans l’équipe. Ils comprennent aussi la création de réseaux sociaux, et notamment l’entraide. l’étude souligne aussi l’impact que peut avoir un tel portage chez la clientèle : autonomisation (empowerment) et transformation - par exemple un accroissement de l’estime personnelle - la guérison de blessures psychologiques, la création d’un réseau social. 19 Pour une psychopathologie de l’hyperactivité L’ENFANT QUI BOUGE TROP Bernard Golse Pédopsychiatre et psychanalyste • France étape de l’étude : une trentaine d’ateliers de théâtre tenus de l’automne 2009 à mai 2010, ateliers auxquels ont succédé des lectures publiques de la pièce de théâtre par les participantes aux ateliers. les résultats de l’étude menée à la Maison Bleue ont permis de mieux définir ce qu’est le portage culturel, et d’y ajouter une dimension sociale qui n’avait pas jusqu’ici été mise au jour dans la littérature. elle révèle que les femmes enceintes venues d’ailleurs y bénéficient de ce qu’on pourrait appeler un « portage global » dans lequel la dimension culturelle occupe toujours une place importante et à laquelle il importe de rester attentif à tous les stades du processus périnatal. les obstacles à ce portage sont l’insécurité chez la clientèle, reliée à la précarité des conditions de vie, à l’éloignement de la famille et du pays d’origine, aux négociations avec les agences d’immigration, à la méconnaissance des mécanismes de fonctionnement de la société d’accueil. les ingrédients de ce portage sont faits de maternage, de rencontres sur une passerelle entre les intervenants de la Maison Bleue et la clientèle, de qualités humaines de l’équipe telles l’ouverture d’esprit, la souplesse, la capacité d’adaptation, de L’ENFANT un monde à RE-CONNAÎTRE l’hyperactivité, on le sait, fait couler beaucoup d’encre, depuis maintenant de longues années. elle est devenue quelque peu emblématique, car sur elle converge aujourd’hui toute une série de débats et de controverses qui renvoient à une longue histoire d’oppositions de différents vertex dans le champ de la pédopsychiatrie : organogenèse versus psychogenèse, pédagogie et rééducations versus psychothérapies, modèle médical versus modèle psychopathologique ou psychanalytique, traitements médicamenteux versus approches relationnelles, et finalement corps versus psyché ! Dans le monde anglo-saxon, elle est considérée comme l’un des troubles neuropsychiatriques les plus fréquents au cours de l’enfance. Toutefois, il est frappant de constater les grandes divergences épidémiologiques qui existent, en réalité, entre les données recueillies aux États-Unis et celles qui le sont en europe, divergences qui témoignent à l’évidence d’un manque de cohérence et de consensus entre les critères diagnostiques et les systèmes classificatoires. en dépit de l’idée qui considère l’hyperactivité comme une entité clinique stable, les révisions et les redéfinitions continuelles du syndrome plaident, en réalité, en faveur de l’hypothèse inverse. seule une analyse psychopathologique, au cas par cas, de chaque histoire d’enfant hyperactif, permet de véritables choix thérapeutiques, multidimensionnels et spécifiques de chaque enfant. Il s’avère aujourd’hui que l’hyperactivité véritable est finalement assez rare, et qu’elle répond à un modèle fondamentalement multifactoriel qui fait d’elle un trouble partiellement génétique et grandement environnement-dépendant. 55

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