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15 DÉVELOPPEMENT DE LA MOTRICITÉ AU PREMIER âGE SELON EMMI PIKLER Agnès SZANTO-FEDER Psychogénéticienne • France Parler d’emmi Pikler, c’est d’abord parler d’une découverte faite il y a 60 ans, puis développée dans des lieux variés. elle a découvert que l’enfant arrive de lui-même à s’asseoir, à se mettre debout et à marcher - même si l’on ne le lui apprend pas - par ses propres moyens et à sa manière. Même si aujourd’hui cela ne nous semble plus très « surprenant », que ce soit prouvé statistiquement et dans des conditions vérifiables a son importance. Cependant, Pikler va plus loin, en proposant de permettre à l’enfant de parcourir effectivement ce chemin. sécurité, combien il est sûr de son équilibre, combien il est détendu même en exécutant un mouvement compliqué. Ce sont des éléments propres à ce développement, faisant donc partie de la découverte de Pikler. Ces propriétés, ainsi que l’apparition de chaque mouvement chez chaque enfant permet de supposer qu’il existe un programme génétiquement déterminé qui, cependant, ne peut apparaître que dans les conditions de « liberté » que Pikler propose. Il existe deux conditions à la « liberté motrice », à l’activité autonome : 1. la sécurité : préserver l’enfant de dangers que son niveau de motricité et de perception ne lui permet pas encore de maîtriser, les deux aspects étant fonction de son âge mental. 2. À l’intérieur de ces limites : mettre en place les conditions les moins restreignantes pour ses gestes et mouvements. lorsqu’elle explique les conditions d’environnement adéLiberté motrice signifie : permettre à l’enfant, à tout âge, de découvrir, d’essayer, d’expérimenter, d’exercer puis de garder ou d’abandonner au fil du temps toutes les formes de mouvement dont il a l’idée au cours de son activité autonome. L’adulte ne met jamais l’enfant dans une position ni ne l’incite à exécuter un mouvement qu’il ne saurait faire de lui-même avec aisance, un mouvement qu’il aura préalablement appris, par son initiative propre au cours de son activité autonome. l’autonomie, l’activité soutenue : un premier sentiment de compétence est inhérent à cette liberté ainsi définie. Ils ont une influence certaine sur le développement de la personnalité de l’enfant. Cependant, d’autres éléments, plus directement liés à la qualité de la vie quotidienne doivent être considérés. Il est en effet frappant, en regardant l’enfant rouler ou se tenir appuyé sur un coude par exemple, de constater combien l’aisance, l’harmonie de ses gestes et de ses mouvements sont remarquables. Il est frappant de réaliser combien il se sent en L’ENFANT un monde à RE-CONNAÎTRE quates pour cette motricité et leurs raisons, on pourrait les résumer par une volonté de limiter les limitations des mouvements que l’enfant veut exécuter à chaque niveau de son développement. Ainsi, la qualité des mouvements et le besoin de mouvements du très jeune enfant se confondent dans cette même liberté. Dans ces conditions, à tous les stades, tous les mouvements déjà acquis sont utilisés dans une grande mobilité : cela constitue la manière d’être du moment de l’enfant. Également, dans ces conditions, les mouvements et les postures des enfants évoluent, leurs formes se suivent de manière très régulière d’un enfant à l’autre. Par contre, et cela semble être la règle, les âges d’acquisition sont très variés, et le rythme de progrès d’un même enfant n’est pas constant au cours des acquisitions. si ces valeurs nous semblent importantes pour le jeune enfant, nous agirons de sorte qu’il puisse en bénéficier.... De l’empathie ? C’est là où, en plus de nos connaissances, nous pouvons aussi faire preuve « d’empathie » envers l’enfant. Dans cette optique, en effet, voici quelques remarques qui nous concernent, nous, les adultes : 1. Il est bon de se mouvoir (du moins, pour la majorité d’entre nous...) ; 2. Nous n’avons pas beaucoup de plaisir à être maladroits ; 3. Avant d’agir, nous préférons nous assurer qu’au bout du geste rien de dangereux ne nous attend ; 51

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