50

COLLOQUE une période sensible, il serait terrible de dire ou de croire que l’enfant puisse rester marqué pour la vie. lorsqu’un enfant a longtemps manqué de nourriture affective, d’une relation sécurisante et confiante, il demeure avec des séquelles, mais tout n’est pas perdu ; il s’agira d’un enfant fragile et il lui faudra organiser un milieu d’aide. Cela amène la question de la transmission de l’attachement. Y a-t-il des attitudes fondamentales dans l’attachement? Trois attitudes sont possibles : l’empathie, la fonction de contenance, l’anticipation positive. L’empathie l’empathie est cette capacité que l’on a intuitivement de pouvoir ne pas confondre les besoins et les désirs de l’autre avec nos propres besoins et désirs. Plus on est capable de vibrer aux besoins de l’enfant, mais de ne pas se laisser submerger et confondre avec celles de l’enfant, plus il peut s’établir un partenariat partagé. La fonction de contenance Quand le petit enfant est dans l’angoisse, la rage, la désorganisation, c’est la capacité de l’adulte de pouvoir le contenir, le rassurer, de mettre en mot ce que l’enfant vit et ressent. Grâce à cette « boucle » que nous mettons autour de l’enfant, l’enfant se calme. si l’adulte entre dans la même angoisse que l’enfant, une désorganisation se crée et s’installe autour de l’enfant. L’anticipation positive Il s’agit de cette capacité que nous avons ou non de voir l’enfant non pas tel qu’il est mais tel qu’il va devenir. Nous anticipons toujours les capacités de l’enfant. on interprète qu’il est un sujet désirant, capable de montrer. Il lève le bras ? C’est nécessairement qu’il nous montre quelque chose… Alors qu’il a peut-être simplement mal au bras ! l’enfant est pour le parent un enfant parlant, et face à cela, l’adulte lui parlera. Il l’entre dans un quotidien partagé, dans le quotidien des soins, de attitudes fondamentales et fondatrices qui permettent au sujet de se construire. Sécurité, insécurité, instabilité Alors que l’attachement peut se construire positivement dans un mode de sécurité, d’autres types d’attachement existent, des attachements pathologiques. Toute cette nomenclature de types d’attachement comporte toutefois des risques d’étiquetage, des risques amenant à vouloir « psychiatriser » l’enfant. les professionnels doivent donc agir avec une grande prudence. D’ailleurs, l’enfant qui vit un attachement sécurisant n’est pas nécessairement en meilleur état que l’enfant qui n’en vit pas, car à un moment donné, il faudra que l’enfant 48 se désillusionne, il faudra qu’il comprenne qu’il n’est pas toutpuissant et qu’il peut manquer de confiance. Dans la mesure où le climat est suffisamment contenant et où il y a un groupe de parents qui peut rattraper les choses, le sentiment de manque entraîne aussi un certain dynamisme, des images peuvent se construire et rendre possible l’impossible. Dans le fait de catégoriser et de dire qu’il existe des types d’attachements négatifs, on fait fi de la plasticité, de la capacité de développement de l’enfant. l’attachement est quelque chose de dynamique qu’il est dangereux de fixer avec un objectif. L’attachement fusionnel surtout quand il y a une fratrie sans problème, la pathologie d’un nouveau-né peut déstabiliser la famille. C’est alors qu’il faut mettre en garde contre l’attachement fusionnel. Cet attachement relève de la mère qui risque de faire une fixation profonde et constante pour cet enfant qui se développe difficilement, au détriment des autres enfants qui se développent normalement. Ces familles vivent un grand risque de désunion à cause de la mère qui ne va pas bien. l’attachement fusionnel nie la possibilité de développement de l’enfant en difficulté : la mère considère qu’il a toujours besoin d’elle et elle vit pour lui. Cela démolit aussi la mère; non seulement est-ce astreignant, mais ce n’est certes pas un service à lui rendre. Un attachement positif, mais pas toujours l’attachement est un mouvement de réciprocité entre les parents et l’enfant, un mouvement qui va aboutir au fait que l’enfant se sentira tellement en sécurité et confiant qu’il se permettra de se détacher et d’explorer. Mais dans l’attachement, il y a aussi le mot « attacher » qui comprend le mot « lien », comme « être en laisse », tellement en fusion avec l’autre que précisément il reste soit une sorte de confusion avec l’autre, soit la persistance d’un fantasme de toute-puissance. Tout est permis : l’enfant devient l’enfant-roi. Un jour, il rencontrera les frustrations de la vie quotidienne, et il réagira soit d’une manière opposante soit d’une manière déprimée. Ce qui est paradoxal, c’est le jeu un peu contradictoire entre le fait qu’il faut que l’enfant reçoive beaucoup, se sente en sécurité et en synchronie par rapport au monde qui l’entoure, qu’il sente qu’il est respecté et considéré comme un sujet et non pas qu’un objet de possession. en même temps, il faut aider l’enfant à pouvoir se séparer par moment, avoir des activités libres, des expériences exploratrices, pour pouvoir se développer en lui-même et devenir un enfant individué et non pas un enfant confondu, fondu avec le monde qui l’entoure. ACTES DU SYMPOSIUM ET COLLOQUE INTERNATIONAL 2012

51 Publizr Home


You need flash player to view this online publication