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COLLOQUE - Être attentive non seulement au niveau de la parole, mais aussi dans les gestes faits par la nurse-éducatrice. Comment prendre le temps dans un groupe, comment tenir l’enfant pour éviter que cela devienne une routine. Prendre le temps... C’est une chorégraphie très précise... Comment prendre le bébé, comment le tenir pour qu’il soit toujours confortable, jamais en déséquilibre, prendre le temps d’un contact avec l’enfant, avoir une vraie intimité. C’est très important ; après quelque temps, les enfants maltraités profitent vraiment de cela. Il y a un vrai intérêt, une satisfaction, un plaisir mutuel. la responsabilité pour cet enfant, c’est une observation, ce n’est pas maternel. Il sait que je ne suis pas sa mère, ce n’est pas un amour qui enferme l’enfant. C’est une vraie attention : « Je te comprends, je te donne la place, je te connais, je te fais confiance ». l’éducatrice a du plaisir d’être avec l’enfant, de donner le temps à l’enfant. elle prend des notes chaque jour, elle les consigne dans un cahier individuel et elle complète également un cahier de développement tous les mois pour voir comment se développe l’enfant. Tout cela n’est possible qu’avec des petits groupes et si l’on ne change pas l’enfant de groupe. Il faut assurer la stabilité du personnel, afin de permettre l’établissement d’un contact réel, d’une relation privilégiée avec son éducatrice. l’enfant ne devrait pas changer d’éducatrice tous les ans : il faut préserver le lien personnel établi avec l’enfant. on ne demande pas aux parents de faire comme à la crèche, la mère (ou le père) ne doit pas être une bonne professionnelle, mais elle doit être une bonne mère. Dans la crèche, l’enfant vit des relations personnelles parallèles, complémentaires, qui donnent quelque chose de spécial et l’éducatrice peut enrichir le répertoire de relations sans être la mère ou sans la remplacer. Il faut donner quelque chose qui soit professionnel, chaleureux, éducatif et parfois même thérapeutique. Parfois on peut penser comme professionnelle que je suis mieux que la mère, mais je ne suis justement pas la mère pour les enfants de la crèche. leur relation, tout aussi fondamentale et significative, se construit avec la mère, avec les parents, dans la famille. Cette façon de faire, d’être ensemble avec l’enfant n’est pas encore acceptée dans les formations de professionnelles ; ce n’est pas spectaculaire, ce sont des attitudes, des gestes au jour le jour, mais je le répète, c’est magnifique. Ce n’est pas 40 simple, c’est un long chemin, mais je pense que c’est très riche pour l’enfant, pour l’éducatrice et aussi pour la famille, et je pense que c’est possible. La conférence a été ponctuée de séquences vidéos afin d’illustrer ses propos. PERDUS SANS LA NATURE 11 Pourquoi les jeunes ne jouent plus dehors et comment y remédier ? François CARDINAl Éditorialiste et chroniqueur • Québec « Viens souper ! » Ma mère crie sur le pas de la porte. D’un bond, je me lève. Je ramasse mon vélo et salue mes voisins : « À tantôt ! » Puis je quitte le sous-bois sur ma monture, empruntant le sentier qui me mène directement à la maison. Cette scène qui se déroulait presque quotidiennement sur la rue Pérodeau, à Québec, où j’ai grandi, vous est sûrement familière puisqu’elle faisait partie du quotidien de la plupart des enfants aujourd’hui adultes. Mais à mon fils de 6 ans, en revanche, cette scène ne dit rien du tout. Tout comme elle ne dit rien à ses amis et aux autres enfants nés au tournant du millénaire, dont les rares temps libres sont passés entre quatre murs, la plupart du temps devant un écran. si bien que le son des enfants qui s’amusent se fait de moins en moins entendre, en banlieue, en région, en ville et à la campagne, à sherbrooke, à outremont, dans le quartier saint-Roch et à Gatineau, ailleurs au Canada, aux États-Unis aussi bien qu’en europe. ACTES DU SYMPOSIUM ET COLLOQUE INTERNATIONAL 2012

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