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10 L’IMPORTANCE DU LIEN QUE L’ON CRÉE AVEC L’ENFANT Anna TARDos Psychologue et pédagogue • Hongrie Vous êtes des professionnels auprès des enfants, vous avez des contacts avec les enfants. Vous aimez les enfants, c’est pourquoi vous faites ce travail. Mais qu’est-ce que c’est « aimer » ? Aimer est un mot très riche, mais aussi très général : aimer l’humanité, la nature, votre mère, votre père, vos grandsparents, chaque amour est tout à fait différent. si vous avez un conjoint, vous l’aimez, mais cet amour est tout à fait spécial. et si vous avez des enfants, vous aimez les enfants en général, mais vous aimez votre enfant d’une façon très différente. Mais qu’est-ce que cette façon spéciale d’aimer ? est un peu supérieure. C’est une attitude pro-sociale, une attitude constructive. De plus, dans ce groupe, huit femmes ont eu des enfants et aucune n’a abandonné son enfant ou placé son enfant en pouponnière. Donc, la spirale bien connue, que les enfants abandonnés deviennent des adultes qui abandonnent à leur tour leur enfant, a été interrompue. Pikler a réussi à réaliser ce maternage insolite dont on parle depuis, c’est-à-dire l’attachement réel entre la nurse-éducatrice et le bébé, ou le petit enfant, privé de sa mère. la réalisation d’une relation sécurisante, attentive et personnelle entre l’enfant et l’éducatrice a fait partie des conditions prioritaires de l’institution ; il fallait alors créer le cadre institutionnel et les conditions pour permettre la relation personnelle entre la nurse-éducatrice et l’enfant. emmi Pikler était pédiatre et à ce titre, elle avait d’abord travaillé avec les familles. elle avait avant tout fixé son regard sur le développement physique et psychique sain du bébé et l’a promu. l’image qu’elle avait du bébé était celle d’un bébé en bonne santé, qui est paisible, qui a confiance en lui et en son entourage, qui est actif, intéressé et compétent. les enfants ont besoin d’un contact personnel ; comment, dans un groupe de 8, 10 enfants, réussir à avoir un contact que l’enfant sait être un contact personnel, un contact particulier, avec lui ? Avoir une relation, c’est vraiment individuel. Pour arriver à cela, je ferai un peu d’histoire. Depuis 1946, après la seconde Guerre mondiale, emmi Pikler, pédiatre hongroise qui avait fait ses études à Vienne, le berceau des idées progressistes à cette époque, a fondé une pouponnière, rue lóczy à Budapest. Cette pouponnière a été connue dans le monde parce que les enfants de lóczy n’ont pas souffert du syndrome de l’hospitalisme, mais, au contraire, une étude (examens psychologiques et entrevues) auprès de 100 adultes de 18 à 22 ans qui ont fréquenté lóczy dans leur petite enfance a démontré que ces adultes n’ont pas une intelligence supérieure à la population en général, mais que leur scolarité L’ENFANT un monde à RE-CONNAÎTRE - Pour emmi Pikler, dans les familles comme dans la pouponnière, le vécu constructif du bébé et du petit enfant est promu par le soin. Il fallait laisser l’enfant se mouvoir en liberté. C’était très novateur que de ne pas mettre l’enfant dans une position qu’il ne peut prendre de lui-même. l’enfant a envie de se développer, mais il faut lui donner le temps, respecter son rythme, faire confiance aux compétences de l’enfant. À lóczy, il y a des règles qu’il faut respecter : - - s’occuper de chacun des enfants avec intérêt, avec attention. C’est-à-dire donner le temps, ne pas être pressé ; Profiter du temps ensemble avec l’enfant pendant le soin. Toujours toucher le bébé et l’enfant avec des gestes très délicats. on ne doit jamais être pressé avec lui, se presser n’est pas vraiment être constructif pour le bébé, pour l’enfant ; Parler à l’enfant, lui permettre de coopérer en lui disant ce qu’on fait, ce qui va arriver par la suite, prévenir l’enfant de ce qui va se passer par la suite, lui permettre de se préparer. l’enfant pourra devenir partenaire dans le soin ; 39

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