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COLLOQUE | CONFÉRENCE D’OUVERTURE 03 L’ENFANT, UN MONDE À RE-CONNAÎTRE Charles e. CAoUeTTe Professeur honoraire • Québec Re-CoNNAÎTRe l’enfant, c’est aussi éprouver de la reconnaissance à son endroit. C’est dire à chaque enfant dans vos CPe, ici au Québec et à travers le monde : « Merci d’être là ! Aidenous à être dignes de toi, à la hauteur de ton potentiel, à la hauteur de ton goût de vivre, de ton goût de te développer et de devenir l’Être humain unique et irremplaçable que tu es. » la garderie à l’université), on ne peut agir à l’encontre de ses principes et de ses valeurs, on ne peut le faire sans porter atteinte à sa propre joie de vivre et à sa propre santé mentale. Il y a toujours un prix énorme à payer lorsqu’on essaie de se mentir à soi-même. Vous le savez, les enfants ne s’y trompent pas ; ils savent aussi nous Re-CoNNAÎTRe. Le monde de l’enfant à re-connaître C’est en 1959, il y a donc plus de 50 ans, que l’oNU a adopté la Déclaration des droits de l’enfant où il est clairement écrit que « l’Humanité se doit de donner à l’enfant le meilleur d’elle-même ». où en sommes-nous aujourd’hui ? Avons-nous progressé ou régressé ? sommes-nous en train de tromper l’enfant, de dénier ses droits, alors que nous sommes en train de le « sculpter », de le « formater », de l’organiser à notre goût, selon les attentes des parents et des exigences (aléatoires) des administrations scolaires et sociales ? les besoins fondamentaux de l’enfant n’ont pas tellement changé, mais il est devenu plus difficile et plus urgent de répondre à ces besoins, d’assurer une plus grande concertation et une meilleure collaboration entre les éducatrices et les parents. Ce que j’ai pu observer au cours des dernières années, c’est que ceux et celles qui avaient fait de vrais changements dans leurs interventions auprès des enfants et dans la qualité de leur présence sont précisément ceux et celles qui avaient fait des changements dans leur propre vie, ceux et celles qui avaient appris à mieux respecter leurs propres besoins, ceux et celles qui avaient appris à mieux se ressourcer au plan personnel et professionnel et, enfin, à s’accorder le temps nécessaire de silence, de repos, de méditation et de cheminement vers une plus grande cohérence et vers la transcendance. Je crois qu’il est déjà clair pour chacune d’entre vous que, dans quelque domaine ou quelque institution que ce soit (de 28 les besoins de l’enfant demeurent fondamentalement les mêmes, soit : - être aimé et le ressentir ; - être respecté et le ressentir. l’enfant ressent souvent diverses peurs, notamment celles d’être bousculé, de devoir toujours progresser, d’être suralimenté et « surstimulé »… Comment garderai-je ma soif d’apprendre à mon rythme et à ma manière ? C’est à travers son ressenti que l’enfant perçoit émotivement s’il est réellement aimé et respecté, s’il est aidé à vivre sa propre enfance et aidé à se développer comme enfant. Mais l’enfant ne s’y trompe pas : à travers nos discours emberlificotés et l’incohérence de nos interventions, l’enfant sait, lui aussi, nous re-connaître… Vous n’aurez point pour moi de langage secret J’entendrai des regards que vous croirez muets. Jean Racine ACTES DU SYMPOSIUM ET COLLOQUE INTERNATIONAL 2012

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