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SYMPOSIUM emmi Pikler était pédiatre ; elle avait avant tout fixé son regard sur le développement physique et psychique sain du bébé et l’a promu. l’image qu’elle avait du bébé était celle d’un bébé en bonne santé, qui est paisible, a confiance en lui et en son entourage, qui est actif, intéressé et compétent. elle est toujours associée au mouvement libre du bébé. Grâce aux visites régulières qu’elle faisait dans les familles ayant des bébés, elle a contribué à la création d’un milieu plein de confiance. l’amour vécu de la famille vers l’enfant était lié à cette confiance. les difficultés de l’enfant y sont comprises, le petit enfant y est considéré comme un partenaire, ses efforts sont encouragés et valorisés. elle a donné des conseils très concrets comme comment être ensemble avec les bébés au cours des soins, un très important moment de rencontre avec le bébé. Il en est résulté un grand respect envers le bébé. lui parler avec raison à partir du début, même si les parents ont l’impression qu’il ne les comprend pas encore, le préparer aux gestes ou aux événements suivants, faire en sorte que le bébé puisse être un partenaire actif au cours des repas, des soins. Avec tous ces conseils, elle a aidé les familles à vivre ensemble en évitant les risques les plus fréquents qui peuvent compromettre leur relation. Dans la pouponnière qu’elle a fondée après la seconde Guerre, elle a réussi à réaliser ce maternage insolite dont on parle depuis, c’est-à-dire l’attachement réel entre la nurseéducatrice et le bébé ou le petit enfant privé de sa mère. la réalisation d’une relation sécurisante, attentive et personnelle entre l’enfant et l’éducatrice fait encore partie des conditions prioritaires de toute institution d’accueil ; il lui fallait alors d’une part créer les cadres institutionnels et ses conditions pour permettre la relation personnelle entre la nurse-éducatrice et l’enfant. D’autre part, il fallait aussi élaborer tous les détails du processus éducatif. C’est ainsi que sa conception de l’éducation et du soin est devenue plus détaillée, plus riche, plus fine. Dans les familles tout comme dans la pouponnière, le vécu constructif du bébé et du petit enfant est promu par le soin. emmi Pikler a toujours maintenu et répété que le bébé devait être touché par des mains fines, qu’il ne devait jamais être pressé, qu’il devait être considéré comme un partenaire en lui permettant de coopérer, que la parole lui étant adressée devait l’entourer pendant le temps passé avec lui. le bébé ou le jeune enfant séparé de sa mère cherche et a rapidement besoin d’une attention sécurisante, ce qui lui est assuré à lóczy. Naturellement, le temps que cela prendra et 16 l’harmonisation du processus dépendent de l’âge de l’enfant et de ses antécédents. Mais pour chaque enfant, après une période plus ou moins longue, on constatera que cette attention, ce lien sécurisant bâtis grâce au soin, se sont établis. le travail en crèche fut une tâche nouvelle par rapport à celle de la pouponnière : il a fallu prendre en compte le fait que l’enfant apporte, en les répétant, les habitudes qui viennent de son milieu familial. Même si ses parents ne sont pas physiquement présents, il les porte en lui, de même qu’il porte en lui ses habitudes qu’il retrouve chaque jour chez lui. Cela modifie la nature de la relation adulte-enfant : la qualité de cette relation sécurisante est tout aussi importante, mais revêt un tout autre caractère. en pouponnière, cette relation entre l’enfant et l’éducatrice est fondamentale. Pour les enfants de crèche, leur relation tout aussi fondamentale et significative se construit avec la mère, avec les parents, dans la famille. la professionnelle, qui n’a pas la tâche d’imiter la mère ni de faire comme elle, peut apporter à l’enfant une expérience différente de ce qu’il vit dans sa famille. elle apporte à l’enfant quelque chose de constructif pour lui, sans toutefois entrer en rivalité avec la mère. Comme a dit Myriam David « la mère soigne l’enfant parce qu’elle l’aime, l’éducatrice aime l’enfant parce qu’elle le soigne ». L’IMPORTANCE DE LA FAMILLE POUR L’ENFANT Michel MANCIAUX Pédiatre social • France la famille, importante pour l’enfant ? Cela semble une évidence, mais c’est oublier que de nombreux enfants sont élevés par un seul adulte – on parle quand même de « famille monoparentale » - que d’autres sont placés très tôt en institutions, et que s’il suffit de la rencontre furtive de deux adultes de sexes opposés pour faire un enfant au sens réducteur de cette expression, il faut aussi d’autres personnes et du temps pour élever cet enfant et en faire un être humain au sens fort de ce terme. le livre La naissance d’une famille de Thomas Berry Brazelton le souligne : tout comme l’enfant, la famille doit se faire. C’est l’enfant qui « parentalise » ses parents. la famille se vit, mais, comme beaucoup de réalités humaines, est difficile à définir tant sont nombreuses et variées ses ACTES DU SYMPOSIUM ET COLLOQUE INTERNATIONAL 2012

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