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SYMPOSIUM importants entre les groupes sociaux d’une part, sur l’étude des déterminants sociaux de la santé d’autre part et enfin sur le constat que la santé et le bien-être sont les résultats à la fois d’effets collectifs structurels et de caractéristiques individuelles. « La promotion de la santé est le processus qui confère aux populations les moyens d’assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé et d’améliorer celle-ci »4 . elle vise à intervenir le plus tôt possible sur les déterminants individuels et collectifs de la santé auprès des familles et des communautés en créant des environnements et des conditions favorables à la santé. elle cible le développement de politiques publiques et de milieux de vie favorables au développement et à la santé (au centre de la petite enfance, à l’école, au travail, dans la ville ou ailleurs), le développement des aptitudes personnelles à la santé et l’autonomisation (empowerment) ainsi que la participation des individus, des familles et des communautés. Au Québec, le programme Naître Égaux – Grandir en santé (NE-GS) mis sur pied en 1989 s’inspire de cette approche ainsi que des exemples des programmes globaux d’intervention américains. Par la suite, les services intégrés en périnatalité et pour la petite enfance (sIPPe) ont été développés avec la même approche. Ils proposent aux mères et aux enfants, de la grossesse jusqu’à 5 ans, une approche globale intégrant des suivis individuels personnalisés et une intervention intersectorielle et communautaire. Ils s’appuient sur un ensemble de facteurs de réussite bien identifiés : des changements d’attitudes des intervenants misant sur le non-jugement, le respect des valeurs et des compétences des mères et la création d’une vraie relation de confiance, la précocité, la continuité, l’intensité et la souplesse de l’intervention, l’approche globale et personnalisée, la présence d’une intervenante privilégiée (et engagée), le travail en équipe multidisciplinaire, la participation et la mobilisation du milieu (ressources communautaires), le partenariat et la concertation. l’évaluation rigoureuse du programme NE-GS (essai clinique randomisé avec 1 340 femmes de 1994 à 1998)5 a démontré son efficacité : les futures mères sont rejointes, l’attitude des intervenantes a changé, les mères et les intervenantes sont satisfaites. les femmes reçoivent beaucoup de soutien ajouté : informatif, alimentaire et psychosocial. elles se nourrissent mieux, ont moins d’anémie postpartum et moins de symptômes dépressifs après l’accouchement (deux fois moins chez les mères dépressives en prénatal). l’alimentation des nouveau-nés est meilleure : plus d’allaitement, moins de lait de vache. les mères consultent plus rapidement en période 14 postnatale et sont moins réticentes face aux milieux de garde auxquels elles confient plus facilement leur enfant. le projet a entraîné plus de développement communautaire et d’action intersectorielle. en somme, les gains substantiels du programme NE-GS sont significatifs, malgré la persistance du tabagisme chez les femmes et en conséquence, l’absence de diminution de la prématurité ou du retard de croissance intra-utérine. en suivi du programme NÉ-GS, les services intégrés en périnatalité et pour la petite enfance (sIPPe), offerts depuis 2004 de la 12e semaine de grossesse jusqu’à l’âge de 5 ans dans tous les centres de services sociaux et de santé (CSSS) du Québec, visent à maximiser le potentiel de santé et de bien-être des enfants et à inclure la naissance dans un projet de vie porteur de réussite tout en renforçant le pouvoir d’agir des personnes et des communautés. Ils accompagnent les familles (mères pauvres et peu scolarisées ou de moins de 20 ans) par des visites à domicile régulières, des activités de groupe pour les parents et des ateliers de stimulation parent-enfant, l’intégration de l’enfant en milieu de garde (incluant la possibilité d’obtenir la gratuité partielle ou complète des services de garde) et l’accompagnement vers les ressources du milieu. le programme vise aussi le soutien à la création d’environnements favorables au développement optimal des enfants et l’action intersectorielle concertée, locale, régionale et nationale. Au niveau international comme au Québec, les interventions de développement précoce visent l’amélioration de la santé des enfants et, dans la majorité des cas, la réduction des inégalités, en s’appuyant sur le rôle « pivot » de la mère, et en adoptant une approche globale, qu’il s’agisse de visites à domicile ou d’autres interventions pour soutenir la parentalité. les effets sont positifs sur la santé physique de la mère durant la grossesse et celle de l’enfant, le développement cognitif et socioaffectif des enfants, le lien parent-enfant, les pratiques parentales, la santé mentale du parent, le taux d’allaitement, la diminution des blessures non intentionnelles et du risque de maltraitance et de négligence. les effets sont plus marqués chez les populations les plus vulnérables. les programmes qui combinent les visites à domicile et une intervention directe auprès de l’enfant semblent plus efficaces (services intégrés et multiples). les programmes préscolaires obtiennent aussi des effets positifs en prévenant le retard de développement cognitif ACTES DU SYMPOSIUM ET COLLOQUE INTERNATIONAL 2012

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