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calcul retenue. Près de 650 000 enfants au Canada et près de 150 000 enfants au Québec (parfois plus) vivent dans la pauvreté, au sein de familles mono ou biparentales. Au Québec, 37 % des enfants vivant dans des familles bénéficiaires de l’aide de dernier recours ont moins de 6 ans (2005-2006). et malheureusement, l’écart entre les riches et les pauvres ne cesse de se creuser. la prématurité (nouveau-nés de moins de 37 semaines) continue d’augmenter (7,3 % en 2009) et le retard de croissance intra-utérine (nouveau-né trop petit pour son âge gestationnel) reste élevé (8,6 % en 2009). Ces deux pathologies rendent les enfants plus à risque de poids insuffisant à la naissance (5,8 % en 2009), de maladies graves, de troubles de développement ou de mortalité. la mortalité infantile (de la naissance à 1 an) est maintenant de 4,3 pour mille naissances : 30 % de ces décès sont causés par la prématurité. l’asthme et les autres maladies de l’appareil respiratoire, les allergies, les traumatismes non intentionnels et les malformations congénitales sont les principales causes de maladies chez les enfants de moins de 5 ans. la dépression maternelle et ses effets sur la mère et l’enfant, les troubles de l’attachement, du développement et les troubles émotionnels chez l’enfant, la violence envers les enfants sont encore bien trop fréquents. le développement et la santé des jeunes enfants sont en fait fortement marqués par les « déterminants de la santé » qui sont multiples et liés à la biologie (condition physique, maladies génétiques, etc.), aux habitudes de vie (alimentation, tabagisme, etc.), à l’environnement physique (logement, pollution, etc.) et surtout à l’environnement social et économique (pauvreté, isolement, etc.). Plus largement, l’oMs définit les déterminants sociaux de la santé comme « les circonstances dans lesquelles les individus naissent, grandissent, vivent, travaillent, vieillissent ainsi que les systèmes mis en place pour faire face à la maladie »1 . le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec a adopté en 2010 un cadre conceptuel de la santé et de ses déterminants2 qui prend en compte le contexte global (notamment politique, économique et social), les caractéristiques des différents systèmes et milieux de vie et les caractéristiques individuelles qui influencent l’état de santé - globale, physique, mentale et psychosociale - de la population. Parmi les déterminants sociaux de la santé, la grande pauvreté et l’exclusion sociale sont particulièrement dommageables. REGARDS CROISÉS sur la petite enfance elles sont caractérisées par un cumul important de difficultés, leur persistance dans le temps, l’absence de savoir et de pouvoir reconnus. les enfants et les parents sont marqués par les effets physiques et psychologiques de la pauvreté, l’insécurité chronique, l’angoisse et la honte. Dans ce contexte, la naissance d’un enfant est d’autant plus un réel projet pour les mères, qui donne sens à leur vie et qui apporte l’espoir d’une vie meilleure3 . Même si elles ont constamment peur d’être jugées incompétentes et de se faire « retirer » leurs enfants et même si leurs compétences sont souvent niées, la majorité des familles défavorisées font preuve de trésors de courage et de résilience pour élever leurs enfants. Malgré tous les efforts de leurs parents, les enfants sont cependant marqués par les dures conditions de vie de leur famille qui compromettent leur santé et leur bien-être. l’impact de la pauvreté sur la santé et l’excès de morbidité et de mortalité qui en résulte sont maintenant bien connus, qu’il s’agisse de l’excès de prématurité ou de retard de croissance intra-utérine, des problèmes de santé physique ou de développement, de mortalité, de santé mentale et d’estime de soi. les effets de la pauvreté pendant la petite enfance sont très dommageables, car en plus des conséquences sur la santé, ils ont aussi des conséquences sur la performance et la réussite scolaires et sur la santé à l’âge adulte. Pourtant, les chaînes de conséquence ne sont pas un déterminants, les parents ont des compétences réelles, certes souvent masquées par les conditions de vie, mais qui ne demandent qu’à être révélées et soutenues. les programmes de prévention et les politiques peuvent avoir un réel impact pour améliorer la santé des enfants et modifier les trajectoires de vie. Il y a donc lieu de tout mettre en œuvre pour à la fois réduire l’impact de la pauvreté sur la santé et le bien-être et réduire les inégalités socioéconomiques, la pauvreté et l’exclusion sociale. Il existe de nombreux programmes de prévention en période périnatale et à la naissance : soutien alimentaire olo, promotion d’une saine alimentation et de l’activité physique pour les femmes enceintes, programme « Pour une maternité sans danger », promotion et soutien de l’allaitement, programmes d’intervention précoce, prévention du syndrome du bébé secoué, etc. Par ailleurs, d’autres programmes ciblent des domaines spécifiques pour la santé des enfants : nutrition, vaccination, prévention des traumatismes et de la violence, etc. Ces programmes, certes efficaces, sont cependant insuffisants s’ils restent isolés. le concept de Promotion de la santé a donc été développé, en se basant sur le constat de l’impact limité de ces programmes spécifiques et sur la persistance d’écarts 13

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