37

La dette peut servir au développement. Seulement, il faut que l’argent emprunté soit utilisé à des fins productives. Le jeu à mener ici est basic : que les ressources durables financent les emplois de long terme. La dette publique est généralement paquetée dans les ressources durables, en conséquences elle doit servir à financer des emplois productifs de long terme. L’argent emprunté doit faire objet de contrôle durant tout son usage à des fins d’investissement solide. C’est toujours aussi risqué de devoir à quelqu’un de l’argent surtout si cet argent est destiné à l’investissement. L’économie de l’incertain se présente. Il s’agira là d’utiliser les outils et de mesurer les risques auxquels l’emprunteur pourrait faire face. Un exemple patent est la crise sanitaire actuelle. La Covid19 a amené aujourd’hui un débat sur l’annulation de la dette. Pourquoi ? parce que tout simplement les économies sous développées sont confrontées à une baisse de leur production. Mais doit-on s’appuyer sur cette crise pour demander une annulation de la dette ? je dis non, pour une raison simple : le monde est globalisé et il faut aller au rendez-vous toujours la tête haute. Le Sénégal avait mis en place la stratégie de gestion de la dette à moyen terme (SDMT 2018-2020), avec pour finalité une meilleure combinaison entre dette intérieure et extérieure, peut-on déjà affirmer que les objectifs de la SDMT ont été atteints ? Le Sénégal a fait des progrès en matière de levée de fonds sur le plan international, il faut bien le constater et si vous faites une lecture de la loi de finance des quatre dernières années vous verrez que la dette intérieure a pris une autre dynamique à tendance positive. L’objectif est atteint si on se limite juste à lire la capacité de l’Etat du Sénégal à lever des fonds internes en combinaison des fonds externe. Mais le débat à mon niveau n’est pas là. Où est ce que nous en sommes avec les prêteurs locaux en matière de remboursement, si on sait que l’Etat a plus la possibilité de négliger le remboursement de la dette intérieure au profit de la dette extérieure. Les investisseurs locaux ont toujours réclamé des remboursements, etc. Certains chefs d’Etat africains, en l’occurrence le Président Macky Sall, plaident pour l’annulation de la dette publique : pensez-vous que l’annulation soit une solution efficace ? Sincèrement non ! A sa place j’aurai demandé des rééchelonnements. Cette demande risque de nous empêcher encore de s’exprimer dans les instances internationales de décision, elle va aussi rabaisser la note de l’Etat sur le marché international. Elle révèle aussi l’incapacité de nos autorités à faire de la projection économique en tenant compte de risques éventuels. Je suggère la demande de rééchelonnement de la dette. On a constaté que ces dernières années, l’Etat sénégalais fait beaucoup recours aux pays occidentaux pour financer ses plans de développement. Ses investissements étrangers massifs ne mettent-ils pas en danger la souveraineté de l’Etat ? Les investissements directs étrangers sont sources de croissance économique. Ils favorisent l’innovation, la créativité et redéployent la main d’œuvre à travers la formation et la distribution de revenus. La stabilité politique du pays comparativement à nos voisins de la sous-région y est un facteur déterminant ainsi que l’environnement des affaires, par exemple en 24H tu peux avoir ton entreprise au Sénégal. Ces Investissements étrangers ne pourraient mettre en danger la souveraineté de l’Etat du Sénégal parce que la question de souveraineté dépasse les intérêts économiques et les contrats économiques sont signés généralement dans le respect des institutions du pays : ce qui favorise la souveraineté de l’Etat du Sénégal. L’intérêt premier d’un Etat, c’est de garder sa souveraineté. Moustapha FAYE Chercheur en Marketing Stratégique – UGB BIRAMAWA MAGAZINE - 37

38 Publizr Home


You need flash player to view this online publication