blant de normalité sauvage. Certains animaux devant traverser les aires autoroutières se retrouvaient écraser et tapisser le sol. Ainsi les crapauds, hérissons, chenilles ou tortues pouvaient se lancer dans leurs balais incessants pour rejoindre les zones de reproduction ou leurs habitats naturels après leur éclosion ou naissance. L’environnement économique Tenter de faire des économies en négligeant la protection de l’environnement, la préparation aux situations d’urgence, les systèmes de santé, et les filets de protection sociale, s’est avéré une fausse économie, et la facture est d’autant plus lourde au Sénégal, car aujourd’hui, une enveloppe de 1000 milliards fut dégagée pour pallier à une situation d’urgence sur deux mois pour un budget de 4000 milliards annuel soit un engloutissement de 25 % de nos ressources financières en 16% de l’année budgétaire normale. Le monde était conscient qu’il ne pouvait plus se permettre de faire face à de nouveaux désastres de l’ampleur de la COVID-19, avec les mêmes politiques. Sachant qu’environ un quart des décès dans le monde est dû aux risques environnementaux et professionnels évitables donc les pouvoirs publics sont plus enclins à revoir leur concours à la protection environnementale. Parce que chaque dollar, investi dans le renforcement de la loi contre la pollution de l’air aux Etats-Unis d’Amérique, s’est traduit par 30 dollars gagnés par les citoyens américains, sous la forme d’une amélioration de la qualité de l’air et gains en santé. Imaginer la période : nous avions eu droit à un investissement gratuit sans frais, et un retour sur investissement 30 fois supérieur. Un changement de paradigme La déconnexion de notre traintrain quotidien, pourchassant le temps, s’est ralentie d’un coup, nous poussant, à notre expression introspective, inexorablement à nous questionner sur notre devenir avec la nature. Cette immersion 34-BIRAMAWA MAGAZINE a eu généralement comme conséquence la modification de notre attitude envers l’environnement, une corrélation positive, et développer une attitude pro-environnementale exacerbée. Au Sénégal cette prise de conscience s’est traduite par la fermeture des marchés d’au moins un jour par cycle hebdomadaire pour leur nettoiement et relooking d’une part. En outre, le respect des mesures dans la gestion des déchets biomédicaux a été salué par l’intervention civique de simples engagés et bénévoles dans le nettoiement et la collecte des déchets biomédicaux sur la plage du Cap-manuel, derrière l’hôpital Aristide Le Dantec de Dakar. Il y va aussi d’une diminution évidente du gaspillage à grande échelle (avec 140% de production annuelle, 40% de la nourriture que nous produisons est destinée donc à la poubelle), car toute réduction de la capacité d’approvisionnement des chaînes révèle une systémique capacité de résilience débouchant à une aversion au gaspillage, pour ne pas être en rupture de stock alimentaire. Encore que la réintégration des surplus alimentaires dans le circuit de l’aide alimentaire, réduit considérablement le taux de déchets alimentaires des grands distributeurs réveillant en un eux un certain sens d’altruisme. En somme, la COVID-19, dans son rapport avec l’environnement, a montré que notre connaissance technico-scientifique ne restera point qu’inductive, prédictive ou descriptive, et à jamais elle ne sera créatrice d’un monde imaginaire ou utopique. Seule notre conscience collective doublée de politique responsable nous permettra de vivre en phase avec la nature et d’en retarder ou de rendre réversible sa dégradation qui sera certainement notre perte à tous. Mariane Seck Docteur en Droit de l’Environnement et de la Santé
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