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Pouvez-vous vous présentez ? Mon nom est Médoune SARR, et je suis titulaire d’un Master II en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. J’ai produit un Mémoire sur le placement de produits dans les séries télévisées sénégalaises, en m’intéressant spécifiquement à la réception qu’en ont les téléspectateurs. Aujourd’hui je suis très intéressé dans mes recherches, par les industries cinématographiques et audiovisuelles, plus spécifiquement, leurs enjeux économiques et culturels. Qu’appelle-t-on production audiovisuelle ? cinématographique ? L’association originelle des qualificatifs « cinématographique » et « audiovisuelle », témoigne d’emblée la porosité des frontières entre ces deux notions. Mais leur différence réside dans le fait que, la production cinématographique est une production d’œuvres destinées en priorité à une exploitation en salles de cinéma, et par ricochet, sur DVD, alors que la production audiovisuelle est destinée, dans son essence, directement aux petits écrans (télévisions et ordinateurs). Cependant, les produits en question peuvent subir des extensions, réajustements et réadaptations, pour nous amener à voir, des films (produit cinématographique) à la télévision, et des séries (produits audiovisuelles) au cinéma. Mais, fondamentalement, leur différence réside dans ce que l’on appelle dans le jargon des cinéastes, les réseaux de distribution. Pouvez-vous nous parler de la production audiovisuelle et cinématographique au Sénégal ? Au Sénégal, comme dans le monde, la production cinématographique précède, chronologiquement, la production audiovisuelle. L’histoire sénégalaise de ces industries, nous raconte que, bien avant les indépendances et l’avènement de la télévision, le cinéma existait déjà, avec des productions essentiellement étrangères. Et au lendemain des indépendances l’Etat du Sénégal a créé ce que l’on appelait les « actualités sénégalaises » qui produisaient des films de quelques minutes, montrant les nouvelles du pays et d’ailleurs, et servant par la même occasion, la communication publique. Et donc c’est ce matériel de production, propre aux actualités sénégalaises, qui sera utilisé, en dehors des missions officielles assignées par l’Etat, pour produire des films et laisser apparaître la première génération de cinéastes du Sénégal. Là, nous sommes toujours loin de l’explosion de la production audiovisuelle, telle que nous la vivons de nos jours. Mais maintenant, au Sénégal, il suffit d’allumer le petit écran pour s’en convaincre, les séries télévisées monopolisent les chaînes de télé et peignent le secteur audiovisuel sénégalais aux couleurs de cette nouvelle industrie. Presque toutes les chaînes ont, une voire plusieurs séries télévisées sénégalaises qu’elles diffusent pour le plus grand bonheur des téléspectateurs sénégalais. Ce, au détriment des télénovelas qui sont reléguées au plan ou envoyées aux oubliettes. Pod et Marichou, Idoles, Golden, Maîtresse d’un homme marié, pour n’en citer que celles-là, sont toutes des séries télévisées sénégalaises qui animent le paysage audiovisuel. Ce faisant, les séries sénégalaises font beaucoup gagner aux acteurs, médias et producteurs sénégalais, mais aussi, et à juste titre, à l’Etat et à la nation sénégalaise, avec les enjeux culturels y afférents. Quels sont, aujourd’hui, à votre avis, les enjeux internationaux des productions cinématographiques et audiovisuelles ? En dépit du fait que les productions cinématographiques et audiovisuelles sont littéralement taillées sur mesure pour répondre aux désirs, attentes et exigences du public de leurs pays d’origine, elles sont ensuite exportées dans de nombreux pays à travers le monde notamment en Europe de l’Est, en Chine et surtout en Afrique de l’Ouest et du Sud, à travers une diffusion extra nationale. Cette dernière est loin d’être fortuite car en effet, cette diffusion extra nationale des séries télévisées intègre les cultures et les territoires dans un système planétaire qui crée une culture mondiale et qui dans une certaine mesure uniformise le monde. Cette uniformisation découle sans nul doute de la diffusion des modèles culturels dominants, qu’ils soient américains ou latino-américains, sur plusieurs points du globe et essentiellement sur l’Afrique. Au Sénégal, nous constatons que la diffusion des séries télévisées sur nos écrans n’aura pas juste impacté les noms des consommateurs, mais va plutôt jusqu’à BIRAMAWA MAGAZINE - 31

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