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l’environnement pour que la motricité de l’enfant devienne réellement efficace. Il s’agira donc dans les premières années, jusqu’à six ou sept ans, non pas de faire acquérir des postures ou des mouvements déterminés, mais de proposer des situations d’explorations les plus variées possible pour permettre aux enfants de développer une maîtrise croissante de leur corps. le plus difficile étant d’offrir un environnement qui sollicitera l’action spontanée de l’enfant en stimulant son activité sans l’exciter ou entraver ses explorations. C’est dans un univers adapté à ses besoins que l’enfant saura s’engager dans des activités défiant ses capacités, développant de nouvelles habiletés, exerçant de nouvelles compétences et ultimement, atteignant de façon optimale son plein développement. Dans des espaces où il pourra, à son rythme, y découvrir sa sensorialité, organiser ses coordinations sensorimotrices et ses habiletés motrices, explorer, découvrir et conquérir toutes les dimensions de l’espace et de son espace, libérer ses émotions et ses tensions. Mais c’est à partir de son activité spontanée et en fonction des transformations de l’environnement que provoque cette activité qu’un enfant cherchera à reproduire l’action par répétitions successives vers la construction d’une action motrice de plus en plus volontaire, organisée et efficace. De tels objectifs ne peuvent être atteints que si les équipements et les aménagements des aires de jeu où l’enfant est accueilli au quotidien permettent une liberté de mouvement, sans contraintes et limites inutiles tout en offrant des défis appropriés au développement des jeunes enfants. Ceux-ci pourront alors prendre les risques nécessaires pour grandir sans dangers. Plus un équipement de jeu ou une zone de jeu offre de possibilités, plus il est complexe, plus il est donc naturellement valable. Un environnement qui pose un cadre de conduite clair et qui apporte la sécurité, mais autorise la liberté motrice, c’est à cela que doit répondre une aire de jeu pensée, réfléchie, sécurisée. Au-delà des limites de l’espace, il y aura aussi l’attitude de l’adulte qui accompagne. Alors puisque l’être humain possède dès sa naissance un potentiel inné à se développer au contact de son environnement, au lieu de stimuler constamment, si les adultes passaient plus de temps à observer les enfants qui jouent, ils pourraient sûrement mieux satisfaire leurs besoins et leur offrir ce qui leur convient pour grandir. L’ENFANT un monde à RE-CONNAÎTRE 67 Toutefois, il est primordial d’offrir des endroits où les adultes pourront également jouer leur rôle, sans vivre dans la peur, l’anxiété ou l’angoisse des accidents. Pour y arriver, la mise en place d’un cadre de conduite est nécessaire, d’abord dans le « contenant environnemental », mais aussi dans le contenu du discours de l’adulte, qui doit être bienveillant, qui expliquera clairement et simplement les exigences. Dans l’aire de jeu, tout est balisé : « Vous pouvez sauter en bas, vous suspendre, glisser à plat ventre et c’est à cet endroit, seulement là, que ça se passe. » Dans cet encadrement, l’enfant pourra alors exprimer sa liberté, une liberté accompagnée par des adultes qui se seront éloignés de la peur, ce sentiment qui freine et handicape les enfants dans leur propre démarche d’apprentissage. Parce qu’elle exige de lui une trop grande énergie, cette envahissante angoisse de la sécurité excessive empêche l’adulte de faire et de laisser-faire, ce qui devient un obstacle important à l’épanouissement même des enfants. l’environnement physique, tout comme l’environnement social et les relations interpersonnelles, a une influence directe sur le développement de l’enfant et l’attitude de l’adulte. Il est nécessaire pour toute collectivité de penser ses environnements de jeu en regard d’une réponse aux besoins, aux potentialités et aux compétences des jeunes enfants. Pour ce faire, ces environnements doivent tenir compte des particularités de ceux-ci dans leur façon d’aborder le monde, de se connaître et se reconnaître à travers les expériences sensorimotrices qu’ils vivent. Ainsi, on pourra donner sens à la place des tout-petits dans la société et les outils d’accompagnement nécessaires pour les adultes qui cheminent jour après jour à leurs côtés.

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