6

MOT DU PRÉSIDENT D’HONNEUR C est avec une grande joie que j’introduis ce colloque. La petite enfance a été longtemps boudée par maints intervenants qui commençaient à porter intérêt à l’enfant lorsqu’il devenait capable de s’exprimer par la parole. Il y eut même un temps où le bébé était considéré durant ses premiers mois comme une sorte de tube digestif dont la tête ne pouvait se remplir de désirs et d’images qu’après une phase de limbes où il n’était pas encore né psychiquement. Il fallut bien des efforts de parents et de cliniciens pour faire comprendre que la vie psychique débute dès la naissance et même dès les derniers mois de la vie fœtale. On sait à présent que ce petit être humain passe de sensations et de vibrations toniques à des impressions figurales dès les premiers jours afin de se construire progressivement un univers intérieur. Simultanément, il s’attache aux personnes gravitant autour de lui et sachant l’accompagner. Il absorbe ainsi les ingrédients affectifs, émotifs, sensoriels fournis par un milieu d’accueil. Il met toute son énergie pour entrer dans un véritable partenariat où lui et l’autre d’abord en partie confondus deviennent des duos, des trios, des quatuors apprenant à se situer et à exister comme des individualités. On ne crée donc pas un enfant. On lui permet de se créer et c’est ce processus d’élaboration mutuelle sur lequel nous allons réfléchir. Ce monde de la première enfance, il nous rejoint à la fois parce qu’il est celui de nos origines et à la fois parce qu’il nous interpelle profondément dans nos responsabilités avec cette fameuse question qui nous hante : Comment aider l’enfant à se bâtir en lui donnant ce dont il a vraiment besoin, mais en sachant respecter ses propres mouvements afin qu’il fasse éclore ses incroyables potentialités ? Merci à tous les organisateurs de nous convier à un tel projet. Merci à vous tous d’être venus si nombreux. Par nos observations, nos expériences partagées, nous avons tenté de soulever un peu le voile sur ce monde qui a été le nôtre et qui est devenu notre champ professionnel. Cet univers de l’enfance, il nous déroute, nous angoisse parfois, nous plonge en partie dans l’inconnu, mais il nous enchante et nous enrichit car le meilleur professeur de l’enfance, ce ne sont pas nos livres et nos conférences, c’est ce que le petit enfant nous dit et nous révèle si nous savons le regarder et l’écouter.

7 Publizr Home


You need flash player to view this online publication