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SYMPOSIUM Pourtant, malgré notre « manque de temps » chronique, le temps passé devant un écran continue à augmenter. Devenu un véritable problème, cette situation est vivement et de plus en plus dénoncée : le temps passé devant un écran augmente en même temps que le taux d’obésité et que les coûts humains et sociaux. la santé publique évalue actuellement l’impact négatif du bombardement sensoriel provoqué par ce temps – écran, et surtout chez les tout-petits, et d’ici peu, une recommandation devrait être déposée selon laquelle un enfant de moins d’un an ne devrait être exposé à aucun écran. les données concernant les enfants entre un et deux ans ne sont pas encore connues, mais pour les enfants qui ont entre 2 et 5 ans la recommandation est de ne pas dépasser une heure par jour. Il a clairement été établi par la santé publique que les effets sont plus dommageables que ce qu’on pense. Du temps pour l’adulte, du temps pour l’équipe Temps qu’on laisse à l’enfant : pour donner ce temps, même si c’est plus difficile, ne faut-il pas donner du temps aux adultes éducateurs pour réfléchir aux manières de donner du temps aux enfants ? en milieu d’accueil, comme dans toutes les institutions, le temps d’élaboration est très important. sans être excessif, il reste crucial. Malheureusement, alors qu’ils sont essentiels, ce sont toujours ces temps qui sont retirés, en période de restrictions économiques. Il s’agit d’un temps non contrôlable ; personne ne peut dire « Il faut qu’on règle ça en 10 minutes », puisque les temps d’élaboration ne sont pas des temps de logique déductive ou des temps quantifiables. Mais encore faut-il qu’elles soient faites avec professionnalisme : il y a souvent lors des réunions d’équipe d’inutiles et stériles « monologues juxtaposés ». Parler des ressentis, avec empathie et émotion à partir d’un enfant précis, se sentir accueillie par un « contenant d’équipe », c’est là que la réunion peut avoir une très grande valeur. le « temps d’association de pensées » dans une équipe doit être revendiqué comme une mesure immuable, malgré sa difficulté de financement. Il appartient à la profession de réfléchir, mais aussi d’écrire. Il faut prendre le temps d’écrire pour pouvoir observer, pour pouvoir vraiment voir tous les enfants ; écrire tous les jours dans un cahier, plus que noter simplement ce qu’il a mangé et à quoi il a joué, mais écrire concrètement tout ce qui est observé, noter chaque élément qui traduit le développement de l’enfant. D’ailleurs, l’éducatrice qui observe est plus « présente » aux enfants. Ainsi, donner du temps relève d’une 26 ACTES DU SYMPOSIUM ET COLLOQUE INTERNATIONAL 2012 volonté administrative, puisque le travail avec les enfants n’est pas seulement du temps passé avec les enfants, mais inclut toute la préparation et la réflexion. l’utilisation du cahier de bord doit être naturelle et systématique ; il permet de poser des questions sur un moment de la journée, sur le développement, sur le contenu des jeux. Il doit être vu comme acte professionnel continuel, à maintenir, car les enfants changent. Certaines conditions doivent être respectées pour que la vie d’équipe se développe ; c’est le cas de l’accueil des collègues, que celles-ci exercent ou non la même profession. Ainsi, l’équipe réfléchira ensemble, accueillera les avis et se posera des questions, cherchant ensemble des solutions lorsqu’un problème se pose. Une des tendances générales et culturelles actuelles est d’accorder une priorité permanente à l’information ponctuelle, mais jamais à la parole comme récit. Pourtant, pour permettre au bébé de se construire comme bébé, on doit l’aider à construire son identité narrative. Un jour, il pourra raconter son histoire et se la raconter lui-même. l’identité narrative se construit uniquement si l’on rencontre des gens qui sont eux-mêmes dans la narrativité, comme c’est le cas à lóczy où le journal des enfants est lu avec plaisir, travaillé avec plaisir. C’est ça qui permet la construction de l’identité. Dans les métiers de la petite enfance, il est un besoin de développer et de sauvegarder l’ouverture à l’inattendu. les professionnels doivent rester ouverts face à ce qui n’était attendu ni de la part des familles, ni des patients, ni des interlocuteurs, ni de la clientèle, ni d’autres professionnels ! Il faut laisser une ouverture immense à ce qui combat les préjugés, il faut construire avec ce qui nous étonne.

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