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L ’agriculture Sénégalaise emploie 60% de la population rurale et compte 752 352 exploitations agricoles familiales (ANSD, 2014). Pourtant elle peine toujours à avoir un impact efficace dans la réduction de la pauvreté. Elle est toujours incapable d’épouser le dynamisme qui lui permettra d’imprimer une croissance économique respectable et soutenue. Curieusement, les risques liés à l’anxiété des agriculteurs y sont peu évoqués bien qu’ils jouent un rôle significative pour l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire. Actuellement de nombreux agronomes n’ont plus pour objectif d’inventer ou d’adapter de nouvelles techniques, mais ils cherchent à comprendre quels sont les freins humains, sociologiques et économiques à la production et à l’adoption de techniques qui pourtant sont disponibles. Les multiples causes d’anxiété chez les agriculteurs sénégalaises Les agriculteurs sénégalais distraits, inquiets, moins vigilants ou préoccupés par leur subsistance restent vulnérables tout au long de leurs activités de production : Allant de la préparation du sol, de la récolte, à la commercialisation. Cette anxiété découle de plusieurs facteurs : • des coûts élevés de facteurs de production, • des bénéfices faibles, des marchés incertains, • de la rareté des pluies, • du développement insuffisant des infrastructures de transport, de stockage et de commercialisation, • les effets des politiques commerciales. Ces facteurs nuisibles à l’activité agricole et aux emplois agricoles poussent les agriculteurs à l’abandon des terres et à recourir à l’exode rural. Certes, d’autres facteurs peuvent occasionner l’abandon des terres, tels que : la politique, l’accaparement des terres, les contraintes socio-culturelles etc..., mais les causes les plus probantes demeurent l’anxiété des agriculteurs. Car, assez généralement, c’est sous l’aiguillon du stress et de la misère que se produisent les migrations des populations. À l’heure actuelle, les programmes axés sur la dimension humaine de l’agriculture constituent le chaînon manquant… Pourquoi, ce groupe professionnel qui, pourtant pèse par son nombre, n’occupe-t-il pas une plus large place dans les réflexions en cours sur l’impact psychologique du travail ? Pourquoi le taux élevé d’abandon des terres ? Pourquoi l’urbanisation galopante des terres agricoles ? Ces questions méritent d’être posées. L’heure est à la réflexion contre le phénomène plutôt qu’à l’exploration des rendements. La personne humaine est la pierre angulaire de tout développement durable et il importe par conséquent de le préserver. Pour réaliser une agriculture réellement durable, il ne suffit pas d’une prise des questions relatives à une meilleure des terres, il faut également que la dimension humaine soit réellement prise en compte. La Loi d’Orientation Agro-Sylvo-Pastorale : début de solutions…. De la reconnaissance formelle des métiers de l’agriculture à la réforme foncière, la loi agro sylvo-pastorale a donné des orientations pour la prise en compte de la protection sociale des exploitants et des travailleurs du secteur. L’urgence aujourd’hui c’est de se préoccuper plus de l’état psychologique des agriculteurs qui devrait aussi se traduire par une stratégie nationale de prévention et gestion du taux de stress et d’abandon des terres agricoles. Thierno NGAMB Agronome Spécialiste en sécurité alimentaire et résilience BIRAMAWA MAGAZINE - 35

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